• il y a 7 mois
Lors de son discours d'investiture présidentielle, Vladimir Poutine a promis la victoire à son peuple. Moscou entre en confrontation avec l'Occident en organisant des sabotages sur le sol européen ainsi que par une série d'exercices nucléaires tactiques.
Reportage d'Anne Maquignon et Christophe Roqué.

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00:00Comme s'ils savaient que le monde entier le regardait.
00:05Mise en scène parfaitement orchestrée, décors prestigieux et drapeaux russes.
00:10Derrière le président nouvellement réinvesti.
00:13Ensemble, nous allons gagner.
00:16Hier, Vladimir Poutine a pris soin de faire passer un message aux Occidentaux.
00:21Nous ne refusons pas le dialogue avec les pays occidentaux.
00:26C'est à eux de choisir s'ils ont l'intention de continuer à essayer d'entraver le développement de la Russie,
00:31de poursuivre une politique d'agression ou de chercher la voie de la coopération et de la paix.
00:36Entrée en confrontation directe avec l'Occident.
00:40Selon ce quotidien britannique, la Russie prépare des sabotages dans toute l'Europe.
00:45Attentats à la bombe, incendies criminels, cyberattaques.
00:49Le chef des services de renseignement allemand aurait averti ses homologues français, britanniques et suédois.
00:55La Russie semble désormais prête à mener des opérations sur le sol européen avec un potentiel de dégâts élevés.
01:03Et des incidents récents laissent penser que la déstabilisation a déjà commencé.
01:07Incendie d'un entrepôt au Royaume-Uni contenant des cargaisons d'aide pour Kiev.
01:12Déraillement ferroviaire en Suède.
01:14Et il y a trois semaines, deux hommes arrêtés en Allemagne.
01:19Ils envisageaient de commettre des attentats à l'explosif ou des incendies volontaires.
01:24Un suspect avait déjà repéré quelques cibles potentielles avec l'aide de la deuxième personne arrêtée.
01:30Le premier détenu a ensuite transmis ces informations à une personne liée à un service de renseignement russe.
01:37Des sabotages et des menaces.
01:40Vladimir Poutine a ordonné des exercices nucléaires avec des troupes basées à la frontière ukrainienne.
01:45Mobilisation de l'aviation, de la marine.
01:48Un entraînement pour l'armée et un message directement adressé à certains dirigeants occidentaux.
01:57C'est une réponse aux déclarations de représentants occidentaux comme celle de M. Macron,
02:02auquel s'ajoute maintenant, si je ne me trompe pas, un représentant du Sénat américain.
02:07Ils ont parlé de la volonté, voire de l'intention d'envoyer des forces armées en Ukraine,
02:12c'est-à-dire de placer des soldats de l'OTAN face aux militaires russes.
02:16Il s'agit là d'un niveau d'escalade sans précédent
02:19et bien sûr cela nécessite une attention particulière et des mesures spéciales.
02:25Offensive extérieure et maintien de la pression sur le terrain de la guerre.
02:32Nouvelle attaque massive de missiles et de drones cette nuit contre des infrastructures énergétiques
02:37et tentative d'assassinat sur le président Zelensky.
02:40Deux hommes ont été arrêtés en Ukraine.
02:42L'un d'eux se serait procuré des drones et des explosifs.
02:47Les suspects arrêtés sont deux colonels du service d'État ukrainien.
02:52Leurs activités étaient supervisées par le FSB.
02:55Ils ont divulgué des informations secrètes à la Russie.
02:58Ainsi, l'ennemi élaborait activement des plans pour éliminer le président Volodymyr Zelensky.
03:03L'une des tâches les plus importantes du réseau d'agents du FSB
03:07était de trouver des exécutants parmi les militaires proches du président
03:11qui pourraient prendre le chef de l'État en otage et le tuer par la suite.
03:16Ce n'est pas la première fois que le président ukrainien échappe à une tentative d'assassinat.
03:21Groupe Wagner, Tchétchène, agents russes, tous ont tenté le coup.
03:26Mais Volodymyr Zelensky semble savoir se protéger.
03:30Alors nous allons revenir sur tout ce qui a été abordé dans ce reportage,
03:33à la fois les sabotages qui ont vraisemblablement commencé d'ores et déjà en Europe il y a plusieurs années,
03:38on va y revenir, sur les menaces nucléaires,
03:40mais avec vous Elsa Vidal quand même sur ce discours d'investiture.
03:44Est-ce qu'il fallait en retenir quelque chose ?
03:47Il y a des gens qui nous regardent ce soir qui sont assez choqués
03:50de la présence de l'ambassadeur français à Moscou, à ce discours d'investiture.
03:56C'est vrai que c'est délicat parce que, étant donné que la France a entamé une nouvelle séquence
04:00dans laquelle nous avons fait quand même un pas dans une conflictualité
04:03que moi je jugeais nécessaire dans la confrontation avec le régime de Moscou,
04:08aller vers cette présence qui peut sembler normale, protocolaire dans cette séquence-là
04:13rend le message illisible.
04:15En réalité je pense qu'il est subtil et équilibré de notre point de vue
04:19mais qu'il manque sa cible du point de vue du Kremlin
04:21et qui surtout, il permet quoi ? L'exploitation de cette polémique.
04:24Et un choix plus clair, pas de Russie représentée officiellement au débarquement,
04:29aux célébrations du débarquement, pas d'ambassadeur français,
04:32surtout quand il vient de se faire convoquer par le MIDE
04:34pour une petite séance de remontage de bretelles.
04:38C'eût été plus clair alors que là, voilà, on est exposé à toutes ces exploitations.
04:44Mais comment on justifie le fait d'y aller, diplomatiquement ?
04:48C'est une cérémonie, nous n'avons pas nié le résultat des élections.
04:54Nous nous sommes contentés, à la différence d'aucuns qui les ont rejetées, d'en prendre acte.
04:59Donc protocolairement, vous pouvez assister à ce moment.
05:02C'est un fonctionnement normal.
05:04Or, nous ne sommes plus dans un fonctionnement tout à fait normal
05:07et ça fait partie des petits signaux qui permettent de le signifier.
05:11Dans son discours, il n'y avait rien à retenir ?
05:13Si, le terme de sacré, l'union sacrée, le fait que le patriarche Kirill
05:18a fait semblant de trébucher dans son discours et a appelé Vladimir Poutine
05:23« Votre Majesté ».
05:25Qu'est-ce que ça veut dire ?
05:27Ça veut dire qu'on est en train, dans l'idée des spin-doctors russes, des communicants,
05:33de terminer cette fusion qui consistait à faire de Vladimir Poutine
05:37à la fois le leader maximo de l'Union soviétique et du tsarisme.
05:42Vous prenez l'Union soviétique et le tsarisme pour leur puissance
05:45et vous les incluez dans un seul homme
05:48qui incarne désormais la réunion du pouvoir militaire et de l'Église.
05:51Et ce n'est pas du tout une surprise, c'est lié au résultat d'un sondage
05:54qui date de 2020 où les russes disaient qu'ils avaient confiance dans deux institutions,
05:58l'armée et l'Église, plus que dans l'institution présidentielle.
06:01Alors revenons sur les menaces.
06:03Cette question qui nous est posée ce soir, c'est quoi le nucléaire tactique ?
06:07Pourquoi y a-t-il désormais des exercices de nucléaire tactique ?
06:11Je disais en débutant cette émission que c'était important de préciser le nucléaire tactique.
06:14Pourquoi, Général, d'ailleurs ?
06:16La différence, c'est que le nucléaire tactique, c'est le champ de bataille
06:19et le nucléaire stratégique, c'est anti-ville, pour faire simple.
06:22Et donc le nucléaire stratégique, c'est la dissuasion totale, c'est l'ultime,
06:27c'est le non-emploi, on l'espère tous évidemment,
06:30parce que les conséquences sont incalculables.
06:33Le nucléaire tactique, c'est une philosophie russe qui est de dire
06:37avec un obus bien calibré ou un missile bien calibré, je détruis une base aérienne.
06:43Le nucléaire tactique, c'est quand même un dixième d'Hiroshima,
06:46voire jusqu'à dix fois Hiroshima.
06:48Donc ce n'est pas neutre.
06:50Alors comment ça se concrétise sur le terrain ?
06:53C'est simplement des missiles sol-sol de type Iskander,
06:56dans lesquels plutôt que de mettre une charge classique,
06:58charge classique qui déjà arrive sur le théâtre ukrainien,
07:01vous mettez une ogive nucléaire.
07:03C'est la première chose.
07:04Et la seconde chose, c'est éventuellement, à part de vecteurs aériens,
07:08voire même d'obus, normalement il n'y en a plus trop qui sont en service.
07:12Patrick Dutartre, est-ce qu'on est dans l'agitation habituelle de la Russie
07:17sur la menace nucléaire ?
07:18Je ne veux pas dire qu'on s'y habitue, on ne s'y habitue pas.
07:20Mais là, le fait que ces exercices se passent avec du nucléaire tactique,
07:26est-ce qu'il y a quelque chose qui est plus inquiétant
07:27dans la manière de procéder, à vos yeux ?
07:29Un peu.
07:30Il ne faut pas, à mon avis, se préoccuper plus que ça.
07:32Mais c'est quand même de la manipulation.
07:34Pourquoi ? Parce que d'habitude, on n'en fait pas.
07:36Des nucléaires tactiques, on fait des nucléaires un peu stratégiques.
07:39Par exemple, en France, l'armée de l'air et l'espace conduit
07:41trois, quatre exercices qu'on appelle pokers,
07:44dans lesquels on fait décoller des avions,
07:45avec non pas des missiles réels, mais des maquettes, si vous voulez,
07:48pour simuler un tir de dissuasion.
07:52Là, comment ça se passe ? Il y a deux fronts.
07:55Il y a la Biélorussie et il y a le champ ukrainien à côté d'Ombas.
07:59Sur la Biélorussie, c'est vérifié que les escandeurs
08:04qui ont été déployés fonctionnent bien.
08:06En fait, c'est un peu de l'agitation, plus qu'autre chose.
08:09Mais le fait que le président Poutine ait dit
08:12« on fait un exercice nucléaire tactique »,
08:14ça demande une attention quand même particulière.

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