Journée de ligue 1 contre l'homophobie : Sanctionner les joueurs qui refusent d'y participer ?

Touche pas à mon poste

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Transcript

00:00 Hier avait lieu la journée de lutte contre l'homophobie organisée par la Ligue de football professionnelle.

00:05 Deux joueurs ont boycotté cette journée en refusant de jouer ou en cachant le drapeau LGBT sur le maillot.

00:10 La ministre des Sports, Amélie Oudea Castera, a réclamé des sanctions fermes.

00:14 J'aimerais qu'on... d'abord que Gilles explique, Gilles Verdez. Et il y a Gilles Favard qui nous a rejoint.

00:20 Toujours un bonheur de voir Gilles. Bonsoir Gilles. Bonsoir, ça va et vous Gilles ?

00:24 - J'ai besoin de 300 000, je peux lui demander ? - Bien sûr, vous pouvez aller. Ne vous inquiétez pas.

00:27 300 000, vous pouvez demander à Bernard Montier. Juste, qu'est-ce qui s'est passé ?

00:30 Dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, les instances du foot français organisent chaque année

00:36 une journée contre l'homophobie qui s'était mal passée l'année dernière, avec notamment des drapeaux arc-en-ciel qui étaient floqués.

00:42 Certains joueurs avaient refusé de participer. Donc là, ils ont réduit la voilure. Ils ont mis un badge et un logo, voilà,

00:48 que les joueurs devaient avoir devant et/ou derrière. Et il y a deux joueurs qui ont refusé de s'associer à ça.

00:55 Un qui est un Nantais égyptien qui a dit carrément "moi, je ne joue pas", comme l'année dernière, il a refusé.

01:01 Et un joueur de Monaco, on voit derrière vous, Mohamed Kamara, un Malien.

01:06 - Il y a Mostafa Mohamed et... - Mostafa Mohamed, le Nantais égyptien.

01:09 Et Mohamed Kamara, le Malien de Monaco, qui lui, a refusé de porter le logo, refusé...

01:14 - Il a caché le logo avec du scotch. - Il a fait comme nous ici, quand on a des marques.

01:18 Voilà. Il a refusé de participer à la photo protocolaire. Bref, il s'est distingué d'une manière qui semble très délicate et particulière.

01:26 Voilà. Alors, il n'y en a que deux, cette année, si je puis dire. Voilà la petite amélioration.

01:30 - Est-ce que, pour vous, on doit les sanctionner ? - Oui. Pour moi, oui. Alors, j'avais dit l'inverse.

01:35 - Donc, David Didon... - Exactement. Pourquoi ? Parce que là, la voilure a été réduite.

01:39 Là, franchement, il n'y a plus de polémique, même pour les joueurs qui sont susceptibles d'être gênés,

01:44 même pour le joueur égyptien dont la famille peut être menacée, je ne le nis pas.

01:49 Mais là, franchement, un logo, un badge, refuser ça, c'est se foutre de la gueule du monde. Je vous le dis franchement.

01:55 - Raymond, tu dis non ? - Moi, je dis non parce qu'il fallait le mettre dans leur contrat.

01:58 Et là, la supercherie... Moi, ce que j'aime pas, c'est qu'ils l'ont fait là, dans les dernières... Pourquoi ils le font pas au début du championnat, la journée ?

02:03 - C'est toujours comme ça. - Non, il faut pas la faire à la fin.

02:05 - C'est toujours la dernière journée. - À la fin, le championnat, il est mort, c'est pipé.

02:07 On sait qui est champion. Les mecs, ils disent "je peux pas jouer, j'ai mal à la cuisse". Ils trouvent des excuses pour pas participer.

02:12 - Il y en a qu'un. - Il y en a qu'un. Ça se trouve, il y en a qui ont dit qu'ils étaient blessés.

02:15 Jacques, il va te le dire. Il y en a qui ont peut-être dit "je suis blessé".

02:18 - Il y a plein de gens qui... On a fait une petite erreur. C'est 80 millions par an.

02:20 - Oui, c'est ce que m'a dit monsieur derrière. - 80 millions.

02:22 - 80 millions, vous allez prendre par an. - C'est bien. Pour l'instant, je les prends pas.

02:25 - Restez chez vous. Elle est du béni, celle-là. Elle est belle. Oui.

02:29 - Non, je disais qu'il y en a plein qui ont dit qu'ils étaient blessés ou quoi ou qu'est-ce.

02:33 Alors que moi, cette journée-là, elle est si importante qu'elle soit, je l'aurais mis dans le début du championnat.

02:37 Je l'aurais pas mis à la fin du championnat. - Non mais c'est pas le sujet.

02:40 - Bah si, c'est pas le sujet parce qu'il y en a qui trichent. Maintenant, si le mec, il veut pas faire, et comme Gilles a dit, ça réduit la voilure,

02:46 après, ils sont bien contents quand on fait des journées pour le racisme, des journées pour plein d'autres choses.

02:49 Tout le monde est content de le faire. Et là, ils veulent pas le faire.

02:51 - Bah donc metz-vous. - Non, parce qu'il est pas obligé. Il est pas venu jouer au foot pour qu'on lui mette des trucs sur son maillot.

02:56 - Il vient signer un contrat avec un club. - Non mais tu m'as compris. Comment c'est pas...

02:59 - Dans ce contrat, il vient prendre son argent tous les mois. Il est bien content de prendre son argent.

03:04 Et donc, il suit les règles de son club. Donc quand son club lui dit "tu fais ça", il le fait.

03:08 - Non mais ce serait un truc polynopél. Il est contre. S'il veut pas mettre un truc de l'Ukraine, s'il veut pas mettre un truc...

03:12 - Non mais là, c'est Gilles. - Non, c'est pas tout à fait...

03:14 - On va demander à Gilles. Gilles, qu'est-ce que vous en pensez, vous ?

03:17 - Je pense un peu comme tout le monde. D'abord, je pense qu'il faut les sanctionner.

03:20 Il y a le gardien de Clermont aussi qui a refusé de prendre la photo, je voulais te dire.

03:23 - Ah oui ?

03:24 - Ça... Il y a beaucoup de joueurs qui se cachent maintenant. C'est plus facile pour les clubs.

03:30 Mais je pense qu'à Monaco, le premier responsable, c'est le club.

03:33 Parce que quand il sort des vestiaires, l'entraîneur, il sait très bien qu'il a mis un sticker pour planquer le truc.

03:37 - D'accord. - Donc la première chose à sanctionner, c'est le club.

03:42 Et tant qu'on rentrera pas dans un système où la Ligue Nationale mettra noir sur blanc sur les contrats,

03:47 leur dira "il y a une journée contre l'homophobie par an, si vous la respectez pas,

03:53 vous avez un mois de salaire d'amende qui ira directement à l'association qui protège ce genre d'association",

04:03 les joueurs ne comprendront pas. Alors ils diront qu'ils seront blessés, ils diront qu'ils ne peuvent pas jouer,

04:06 ils diront tout ce que vous voulez, et ils le feront pas.

04:09 Mais le principal sur l'affaire de Monaco, les responsables, c'est Monaco.

04:13 Et si Labrune ne leur met pas un million d'amendes pour qu'ils comprennent une bonne fois pour toutes,

04:17 ils vont continuer. Voilà, c'est tout.

04:19 - Oui, je voudrais les noms, moi, surtout.

04:23 - Moi, je pense que ce n'est pas la bonne façon de faire en sorte que tous adhèrent à la lutte contre l'homophobie.

04:31 Je m'explique. Je vais raconter une anecdote, puisque j'ai eu la chance d'être dirigeant dans le foot.

04:37 - Directeur de la communication de l'OM.

04:39 - Directeur de la com de l'OM pendant presque un an et demi.

04:41 - Oui, donc ?

04:42 - J'ai participé à un jury à Monaco sur des docs de sport.

04:49 Et il y en a un qui, d'ailleurs, est passé depuis sur Canal, qui était fabriqué par des athlètes

04:54 qui eux-mêmes étaient homosexuels et qui racontaient l'homophobie dont ils avaient été victimes

05:00 dans leurs disciplines sportives, le judo, le rugby, etc.

05:04 Et à la fin de ça, on a rencontré... D'abord, on avait mis ce doc en numéro un.

05:08 Je faisais partie du jury, donc pour nous, c'était évident.

05:11 Et à la fin, le pari pour nous, ça n'était réussi que si on pouvait faire en sorte que ce doc soit diffusé

05:17 dans toutes les écoles de formation auprès des jeunes pour que ce soit sensibilisé de la même façon

05:22 que les jeunes sont sensibilisés au racisme. Parce que pour ce qui est du racisme, il n'y a aucun problème.

05:26 Alors que c'est un délit de la même façon, l'homophobie et le racisme.

05:30 Mais sur l'homophobie, il y a un sujet tabou, en réalité, dans le foot.

05:33 Et le résultat, la fin de l'histoire, c'est que ça a été très compliqué.

05:37 Ensuite, moi, j'ai fait remonter cette idée à la Ligue.

05:40 Et la réalité, c'est que ça ne s'impose pas naturellement, aussi bien dans les clubs qu'auprès des joueurs.

05:45 C'est très compliqué. Donc il y a un problème.

05:47 Donc moi, je ne voudrais pas que lui soit le seul à être sanctionné.

05:50 Alors que tu l'as répété, il y en a un certain nombre qui, de toute façon, déclarent forfait.

05:54 Et donc n'osent pas dire qu'ils ne veulent pas participer à cette journée.

05:58 Et donc c'est pipoté, de toute façon.

05:59 - J'en ai huit, moi, en tête.

06:00 - Il y en a plein, en fait, qui participent.

06:02 - Non mais je vais répondre.

06:04 Le problème, puisque tu as travaillé dans un club, tu sais très bien comment ça se passe.

06:08 Quand tu fais signer quelqu'un en début de saison,

06:11 si tu lui dis, ben voilà, chez nous, il y a une journée contre l'homophobie, tu comptes faire quoi ?

06:16 Il dit, ah ben non, moi, je machin et truc.

06:18 Ben c'est simple. Tu lui dis, ben écoute, on met un coup de pompe dans un bec de gaz,

06:20 il en tombe 14 à la douzaine des joueurs de foot, ben tu vas aller jouer ailleurs.

06:23 Et si tous les présidents de clubs se mettaient d'accord,

06:25 se mettaient d'accord et n'étaient pas hypocrites comme ils sont,

06:28 à essayer de piquer le joueur de petit copain...

06:29 - Mais si il y a un club de foot, ça ne marche pas comme ça.

06:32 - Dis-moi, j'ai été un peu plus longtemps dans les clubs que toi.

06:36 Donc je peux te dire que c'est une question d'hypocrisie dans les clubs.

06:40 - Bravo Gilles, mais lui, il met lui dans la tête.

06:42 - Non mais attends, je vais répondre.

06:44 T'as peut-être été longtemps dans des clubs de foot,

06:46 mais quand t'as un mec que tu dois ressigner...

06:48 - Si tu dois déjà le ressigner, c'est que tu l'as eu avant.

06:52 - T'as pas envie d'avoir des problèmes avec ton joueur.

06:55 - C'est bien ce que tu dis.

06:57 - C'est l'hypocrisie complète.

06:59 - C'est pour ça que je dis qu'il ne faut pas sanctionner le joueur.

07:01 - Il ne faut pas sanctionner le joueur, il faut sanctionner les clubs.

07:03 - C'est bon, on s'en fout là.

07:05 - Je préfère voir ce qui est fait en interne par les sportifs,

07:09 qu'on ne met pas beaucoup en avant,

07:11 parce qu'il y en a plein qui sont discrets,

07:13 de voir ce qu'ils font vraiment dans la réalité des choses,

07:15 plutôt que voir des joueurs qui vont aussi le porter de manière hypocrite

07:18 et qui vont pas en penser une cacahuète.

07:21 Et au final, ils vont le faire pour faire bien.

07:23 Donc moi je préfère la vraie parole, les vraies pensées, les vrais sentiments,

07:28 plutôt que forcer des gens qui vont pas vouloir le faire en vérité, c'est tout.

07:31 - On va voir ce qu'en pensent les téléspectateurs.

07:33 Merci.

07:34 Oui, non, c'est plus le nom qui l'emporte, mais légèrement.

07:38 Gilles Favartien, restez avec nous.

07:40 [Musique]

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