• il y a 7 mois
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00:00 [Musique]
00:05 Plus de 20% de la population est touchée par l'hypertension artérielle en Côte d'Ivoire,
00:11 un véritable tueur silencieux qui ne présente pas systématiquement de symptômes,
00:16 mais qui pourtant altère véritablement la santé des patients sur le long terme.
00:21 Pour répondre à toutes les interrogations autour de cette pathologie,
00:25 je reçois dans ce nouveau numéro de C'est à dire, le docteur Véronique Loboué, cardiologue.
00:30 Docteur Loboué, bienvenue.
00:32 Merci.
00:33 Merci à vous d'avoir répondu à notre invitation.
00:35 A vous de le remercier.
00:36 Alors, 4 adultes sur 10 sont atteints d'hypertension en Côte d'Ivoire,
00:40 soit une hausse de 40% par rapport aux années 70.
00:44 Comment ça s'explique ?
00:46 Docteur, dans des termes simples, qu'est-ce que c'est l'hypertension ?
00:49 A quoi c'est dû ?
00:50 Sachant qu'on est en Afrique, est-ce que c'est le soleil ?
00:52 Est-ce que c'est l'alimentation ?
00:53 Qu'est-ce que c'est ?
00:54 C'est ça.
00:55 Merci.
00:56 Alors, par définition, selon l'OMS, l'hypertension artérielle se définit par l'augmentation des chiffres tensionnels au-delà de 140/90 mmHg.
01:09 Ok, ça c'est des chiffres.
01:11 Pour mieux expliquer, c'est lorsque le sang circule avec une grande force dans les vaisseaux, dans les artères.
01:18 Vous voyez comme un robinet, l'eau coule d'un robinet, l'eau peut couler à forte pression comme couler à basse pression.
01:26 Donc quand le sang circule dans les artères à très forte pression, on va parler d'hypertension artérielle.
01:32 Et cette hypertension, évidemment, elle est fréquente dans nos pays, dans les pays en voie de développement.
01:38 Pourquoi ? Parce que les populations sont ignorantes et négligentes.
01:42 Parce qu'elles sont exposées aux facteurs de risque. Les facteurs de risque qui sont la consommation excessive de sel, le tabagisme, l'alcoolisme, la sédentarité, l'obésité, le stress.
01:56 Tous ces facteurs qui sont modifiables sont capables de faire surgir l'hypertension artérielle chez une personne.
02:04 Mais au-delà de ces facteurs qui sont modifiables, il y a des facteurs qui ne sont pas modifiables, tels que l'âge.
02:11 On augmente en âge, les vaisseaux durcissent et la tension s'établit.
02:16 Un autre facteur qui n'est pas modifiable, c'est la prédisposition familiale.
02:20 Le fait de naître dans une famille où les parents sont déjà hypertendus, on est déjà exposé à l'hypertension artérielle.
02:28 Et puis je ne sais pas s'il faut parler de l'apnée du sommeil, on va en parler plus tard.
02:32 Ceux-là sont des facteurs qui sont à l'origine de l'hypertension artérielle.
02:37 Alors, si une personne est atteinte d'hypertension artérielle, est-ce qu'elle doit se dire automatiquement "je suis condamnée, c'est fini"?
02:44 Non, non. C'est une pathologie d'ailleurs qui est accessible à la prévention, mais en plus qui se soigne très bien.
02:51 C'est vrai, pour sa forme essentielle, l'hypertension artérielle ne guérit pas. Il faut le dire.
02:57 Il y en a qui disent "j'ai soigné ma tension, c'est guéri", non, c'est des histoires.
03:01 L'hypertension artérielle pour la forme essentielle ne guérit pas.
03:05 Et donc, elle se soigne très bien.
03:07 Quand on est hypertendu, on va voir le médecin, le médecin va prescrire une série d'actions.
03:12 Quand je dis actions, les mesures génodététiques, manger sainement, pratiquer du sport, et puis prendre les médicaments, faire le suivi.
03:19 L'hypertension va être stabilisée, la tension artérielle va être stabilisée, et puis on vit avec tout le temps, sans problème.
03:26 On peut faire ses 90 ans en soignant sa tension, sans complication.
03:31 Alors, les facteurs pour éviter et pour maintenir cette maladie, on en parlera un petit peu plus tard dans cet entretien.
03:38 Mais, dans mes recherches, j'ai vu que le ronflement serait entre autres une cause d'hypertension artérielle. Pourquoi?
03:45 Oui, merci. Alors, ce n'est pas direct. Le ronflement va provoquer quelque chose.
03:51 Lorsqu'une personne dort et qu'elle ronfle, elle va interrompre la respiration fréquemment.
03:58 À force d'interrompre la respiration, le taux d'oxygène qui entre dans le corps diminue.
04:03 On va parler d'hypoxie tissulaire. Le corps n'a plus assez d'oxygène.
04:08 Alors, certains organes, comme le cœur, vont réagir à cette situation d'hypoxie.
04:13 Donc, le cœur va battre rapidement. Or, il y a une relation statistique, un lien entre la pression artérielle et la fréquence cardiaque.
04:23 Donc, quand la fréquence cardiaque augmente, la tension monte.
04:28 La personne est en train de dormir, elle lutte pour respirer, il y a une situation d'hypoxie.
04:34 Alors, le cœur bat vite et la tension monte sans qu'elle le sache.
04:39 Elle peut faire des AVC la nuit, elle peut faire des crises cardiaques la nuit.
04:43 C'est quand même assez impressionnant de voir comment le corps réagit.
04:48 Et cette maladie s'appelle apnée du sommeil. Le fait de mal respirer la nuit donne l'apnée du sommeil.
04:56 Et ça c'est diagnostique.
04:59 Une autre conséquence entre griffes de l'hypertension artérielle, c'est, vous l'avez dit, l'AVC, mais aussi l'insuffisance rénale.
05:07 C'est d'ailleurs le premier facteur de cette maladie en Caudivore.
05:13 Comment on explique ce lien?
05:18 Ça s'explique par le fait que, je vous ai dit tout à l'heure que l'hypertension artérielle c'est une maladie vasculaire.
05:24 C'est une hyper pression, c'est une force, une augmentation de la force de circulation du sang.
05:30 Le sang autant ça circule aux bras, aux membres, à tous les membres, le sang entre dans les reins.
05:36 Les deux reins sont chargés de filtrer le sang pour produire les urines et éliminer les déchets.
05:43 Et donc, le vent qu'on a aux bras, ce même vent entre dans les deux reins et ça finit petit à petit par bousiller les filtres du rein.
05:52 Et le rein se sclérose et ça devient dur et l'insuffisance rénale s'établit.
05:59 Une fois que l'insuffisance rénale est établie, les reins ne fonctionnent plus, le corps a toujours besoin qu'on filtre le sang.
06:06 Alors on va utiliser des machines pour filtrer désormais le sang et on parle de dialyse.
06:11 Donc c'est l'hypertension artérielle qui est à l'origine de nombreux cas d'insuffisance rénale.
06:18 Alors, est-ce qu'on peut éviter l'hypertension artérielle par le biais de l'alimentation ou un certain style de vie? Comment?
06:26 Bien sûr, mais c'est pour ça qu'on en parle justement.
06:29 On peut éviter l'hypertension artérielle, c'est une pathologie qui est accessible à la prévention. Dieu merci.
06:36 En menant une hygiène de vie, en mangeant sainement, en faisant des choix, des choix éclairés bien sûr, c'est pour ça qu'il faut consulter.
06:44 Dans la vie, il faut consulter un diététicien, un nutritionniste pour vous dire en fonction de votre poids, de votre situation de santé, comment manger.
06:53 Et si vous êtes jeune, que vous n'êtes pas encore hypertendu et que vous mangez sainement, vous évitez l'alcoolisme, le tabagisme, l'excès de sel, de graille, de sucre,
07:03 que vous ne prenez pas du poids et que vous faites du sport, vous n'êtes pas sédentaire, vous pouvez éviter l'hypertension artérielle.
07:09 Sinon alors, retarder sa survenue. C'est possible d'éviter l'hypertension artérielle, c'est pour ça qu'on en parle.
07:16 Alors, on parle de tueur silencieux, mais comment on reconnaît les premiers signes de l'hypertension artérielle?
07:23 Effectivement, alors, on a dit que l'hypertension artérielle, c'est vrai, c'est une maladie, il y a des symptômes, mais on l'appelle tueur silencieux parce qu'il y a des formes qui sont asymptomatiques.
07:32 Asymptomatiques, on dit pas de signes. On peut... les signes de l'hypertension artérielle, c'est parfois des maux de tête, simplement.
07:41 C'est parfois des palpitations, des essoufflements à l'effort, de la fatigue inexpliquée, des douleurs thoraciques, vous comprenez?
07:51 Ces signes ne sont pas spécifiques à l'hypertension artérielle.
07:54 C'est pour faire l'anémie notamment?
07:55 Bien sûr, une anémie peut donner des maux de tête, un paludisme peut donner des maux de tête, d'accord? C'est pas spécifique à l'hypertension.
08:02 Mais ce que nous voudrons que le public comprenne, c'est quand vous avez des symptômes, ayez le reflexe de mesurer la tension artérielle, c'est important.
08:11 Ça peut vous permettre de détecter, de dépister que votre tension n'est pas bonne et puis vous allez consulter le médecin.
08:18 Et donc, parfois, comme je disais, l'hypertension artérielle a des symptômes, donc quand ces symptômes se présentent, Dieu merci, on est alerté, on va voir le médecin.
08:28 Mais parfois, on peut avoir 18 de tension, 20 de tension et on ne sent rien du tout.
08:34 On est comme tout le monde, on se lève le matin, on se lave, on va au travail, mais le fait de ne rien sentir ne vous met pas à l'abri d'une complication.
08:44 Vous pouvez aller au travail et puis tout d'un coup vous tombez, vous faites un AVC ou vous faites une crise cardiaque.
08:50 Ça peut supporter, c'est d'ailleurs pour cela qu'on l'appelle tueur silencieux parce qu'il n'y a pas de symptômes.
08:56 Alors très rapidement, pour expliquer aux téléspectateurs et moi-même y compris, comment on lit la tension sur les appareils parce qu'il y a trois chiffres, il y en a derrière un point.
09:07 Comment, en des termes très simples, on peut comprendre ce chiffre, comment on le décrypte?
09:12 Oui, effectivement. Merci. Beaucoup de personnes ne savent pas lire les chiffres.
09:17 On a le tensiomètre électronique et on a trois lignes de chiffres. Il y a trois premiers chiffres en haut, deux au milieu et puis deux autres ou trois en bas, en dernier.
09:32 Les premiers chiffres qu'on a en haut, c'est la tension artérielle systolique et puis les deux chiffres en bas, c'est la tension artérielle diastolique et le dernier, c'est la fréquence cardiaque.
09:45 Alors, en général, dans les appareils électroniques, on met les valeurs en millimètres de mercure. C'est pour ça qu'on parle de 140 sur 90 millimètres de mercure.
09:57 D'accord? Mais si on veut lire en centimètres de mercure, on dira 14, 8 ou 14, 9. On enlève le zéro. Là, c'est en centimètres.
10:07 Mais en millimètres, on lira les trois chiffres de départ, 140 millimètres de mercure. Mais pourquoi il y a deux chiffres? Parce que le coeur fait deux mouvements.
10:17 Le coeur bat, il se contracte, il se relâche, il se contracte, il se relâche. Et quand le coeur se contracte, ça donne une première valeur, c'est la systolique.
10:28 C'est le premier chiffre. Quand le coeur se relâche pour se remplir à nouveau, c'est le deuxième chiffre, la diastolique, la tension artérielle diastolique.
10:36 Mais cette tension peut concerner l'un ou l'autre des chiffres. On peut faire une hypertension artérielle systolique seulement, parce qu'on a 15, 8 de tension, ça fait hypertension artérielle systolique.
10:47 On peut avoir 13, le 13 est bon, n'est-ce pas? 13, 10 de tension, ça fait une hypertension artérielle diastolique. Et puis maintenant, les deux chiffres peuvent être concernés, c'est-à-dire 16, 10, ça fait hypertension artérielle systolique.
11:02 Ça, c'est le dernier niveau. Voilà. Et donc la fréquence cardiaque, la norme de la fréquence cardiaque, c'est entre 60 et jusqu'à 100. Mais l'optimal, c'est autour de 70.
11:16 Donc 65, on est plutôt bon. Oui, c'est bon, ça me rassure. Alors, vous qui êtes cardiologue, quels sont les obstacles auxquels vous faites face dans la lutte contre l'hypertension artérielle?
11:27 Obstacles, défis? Oui, les défis à nous, c'est la réaction de la population. On a l'impression qu'ils prennent tout à la légère. Oui, parfois aussi, c'est des problèmes financiers pour organiser les campagnes.
11:46 Mais je vous assure que, en fait, l'hypertension artérielle, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est une pathologie qui est accessible à la prévention. Et donc, quand nous faisons nos communications,
11:58 quand la population a l'information et que la population met en pratique ce que nous disons, le problème est réglé. C'est vrai. Voilà. Le problème est réglé.
12:07 Mais quand nous finissons de parler et puis les gens retombent dans leurs anciennes habitudes, le problème perdure. Et nous savons que beaucoup de personnes sont ignorantes en ce qui concerne l'hypertension artérielle.
12:19 Et donc, nous avons besoin de sillonner un peu partout pour en parler. Malheureusement, parfois, les finances font défaut. Voilà. On n'a pas toujours les finances pour bouger, aller partout, en parler.
12:30 Mais quand même, on se bat. On se bat. C'est tellement important que... Parce que les complications liées à l'hypertension artérielle sont irréversibles.
12:40 Quand vous faites une crise cardiaque, un infarctus du myocarde, c'est le... Le cœur est blessé pour de bon. Le cœur a une plaie et c'est difficile de revenir en arrière.
12:50 Ce cœur est malade pour de bon. Si vous faites une insuffisance rénale, il n'y a pas de retour en arrière. C'est fini. Les reins sont foutus. Il faut trouver du rein quelque part. Qui va te donner son rein? C'est compliqué.
13:02 Si vous faites un AVC, un accident vasculaire cérébral avec une paralysie de tout le corps, vous pouvez perdre votre emploi. C'est la pauvreté que vous invitez dans votre famille.
13:11 Donc les complications sont tellement graves que vraiment, nous voulons, nous invitons la population à adopter les mesures d'hygiène de vie et à s'investir dans la prévention.
13:23 Parce qu'on ne peut pas faire la prévention pour quelqu'un. Non. C'est chacun qui décide. Nous, médecins, nous finissons de parler, mais les gens se retrouvent dans leurs assiettes, dans leurs maisons.
13:32 On ne peut plus aller intervenir. Une fois qu'il a l'information, c'est à lui de prendre les mesures qu'il faut pour que son assiette change, l'aspect de l'assiette change.
13:40 Ou bien alors qu'il se dit, ok, dans la journée, je vais trouver un temps pour pratiquer un peu de sport. Donc si tout ça est mis en pratique, je pense qu'on va mieux se porter.
13:51 Et comment se présente pour vous la lutte, l'avenir plutôt, de la lutte contre l'hypertension en Côte d'Ivoire?
13:58 J'ai de l'espoir. Parce que grâce à vos émissions, avec toutes les communications que nous faisons, nous croyons, ça c'est la foi, nous croyons que les Ivoiriens, les Africains vont comprendre que la prévention dépend d'eux.
14:15 Les populations vont comprendre que la prévention dépend d'elles-mêmes et qu'elles doivent, à cause des complications, à cause de la chérité de la vie, parce que ça coûte cher de prendre en charge une complication.
14:30 Donc il faut que chacun accepte d'entrer, de s'investir dans la prévention pour qu'ensemble on soit en bonne santé.
14:39 On perd l'hypertension et puis vivre jusqu'à ses 100 ans sans problème. Pourvu qu'on prenne régulièrement les médicaments, pourvu qu'on fasse le suivi régulièrement, pourvu qu'on fasse le bilan de santé, pour vérifier l'état de santé des reins, du cholestérol, de la glycémie, l'anumération, ainsi de suite.
15:00 Merci docteur. Alors docteur Véronique Loboué, je rappelle que vous êtes cardiologue dans un cabinet privé si je ne me trompe pas.
15:09 Oui bien sûr.
15:10 Merci à vous chers téléspectateurs d'avoir suivi ce numéro de C'est à dire. L'actualité se poursuit sur cette info et sur cetteinfo.ci.
15:20 Musique.

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