Quand la biologie se met au service du féminisme

Éthique et tac

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Transcript

00:00 [Musique]

00:08 La coercition sexuelle, elle peut être sélectionnée.

00:12 Et quelque part, quand moi j'entends qu'on a 100 fois plus de dépôts de plainte pour viol de femmes que d'hommes,

00:21 que je sais que les femmes ne vont pas souvent déposer plainte quand il y a des problèmes,

00:26 je me dis bon, il y a peut-être un truc qu'il faut prendre en main.

00:30 Peut-être que nous aussi, comme toutes les espèces que je vous ai citées, et j'aurais pu en citer bien d'autres,

00:36 nous avons eu des traits génétiques qui favorisent le viol, des traits génétiques qui favorisent le fait de ne pas faire de tout ça.

00:43 On me dit "non, non, non, non, c'est culturel". Peut-être que notre culture n'a fait qu'en plier ça.

00:48 Après tout, moi je suis né à une époque où le crime passionnel était une circonstance atténuante.

00:53 Vous y êtes ? Oui, là ça c'est culturel.

00:56 Mais honnêtement, jusqu'à quel point notre culture n'a pas juste amplifié ou acquiescé avec quelque chose qui était au fond de nous ?

01:03 Moi je ne suis pas en train de justifier ça, je suis en train de dire que si on comprend cet élément de nature,

01:07 cette forme de nature, cette évolution biologique, ces héritages qu'on a en nous,

01:13 on peut peut-être prévenir en éduquant mieux, en sachant que quelque part, un passé obscur rôde autour de nous tous les jours.

01:22 Mais continuons, parce que vous verrez que les femmes ne s'en tirent pas forcément mieux.

01:26 Quel est le point commun entre ces deux espèces ?

01:30 Le cerf et les rondelles.

01:33 Des trucs bizarres sur les mâles.

01:38 Par rapport aux femelles, chez les cerfs, les mâles, ils se trimbalent 2 à 10 kilos de pierre sur la tête.

01:44 C'est une pierre découpée, on appelle ça des bois, mais ils se trimbalent 2 à 10 kilos de pierre sur la tête.

01:49 Honnêtement, ça ne leur sert jamais à se battre.

01:52 Ça peut leur servir à déterrer 3 ou 4 trucs, mais quand il faut courir devant un prédateur,

01:56 derrière une femelle d'ailleurs, dans les bois, c'est bizarre.

02:02 Les femelles survivent très bien avec des bois beaucoup plus courts.

02:05 Oui.

02:07 Et ces rondelles ? Les mâles ont des queues plus longues que les femelles.

02:10 Mâle, femelle.

02:11 Et assez souvent, quand on coupe la queue du mâle, il vole mieux.

02:16 Qu'est-ce qui se passe là ?

02:20 Je vous en refais d'autres ?

02:23 Avant de les faire, je vous explique la tendance de l'histoire.

02:26 Si les femelles choisissent un mâle qui porte des handicaps,

02:32 qui porte des traits qui ne sont pas bien adaptés,

02:36 mais qu'il survit quand même,

02:38 ça veut dire qu'il est génétiquement de très bonne qualité.

02:41 Vous y êtes ?

02:42 Donc le choix de mâles avec des traits handicapants

02:45 va donner des descendants de bonne qualité génétique.

02:51 Cette théorie du handicap s'incarne dans bien d'autres espèces.

02:54 On connaît la mouche scorpion,

02:58 pardon, la mouche à yeux pédonculés, les diopsies,

03:03 où les mâles ont des yeux sur des pédoncules énormes.

03:06 Ça, c'est un coup à perdre la vue.

03:09 Chez les lucanes, les mâles ont des mandibules

03:12 qui peuvent servir à se battre ou à saisir des choses,

03:15 mais qui ne sont pas très utiles,

03:17 qui sont grosses comme le reste de leur corps.

03:21 Il y a plein d'espèces où les mâles ont des...

03:24 Je vous passe les paons, qui ont des attributs

03:26 qui sont vraiment le genre de trucs,

03:28 pour courir devant un prédateur, ce n'est pas génial.

03:30 Et en plus, quand vous gueulez en dépliant tout ça,

03:32 ça fait un peu "mangez-moi, mangez-moi".

03:35 Mais ce ne sont jamais les femelles.

03:38 Alors, cette histoire de handicap,

03:41 on comprend qu'effectivement, tous les traits génétiques

03:44 qui font qu'une femelle préfère des mâles à un handicap

03:47 font que les descendants fonctionnent mieux,

03:51 mais ces descendants héritent de la préférence de la femelle

03:54 pour ces traits-là et du handicap du mâle.

03:57 S'ils sont femelles, ils auront la préférence pour le handicap,

03:59 et s'ils sont mâles, ils auront le handicap.

04:01 Et vous sélectionnez lentement ces différences sexuelles.

04:05 Vous allez me dire "oui, ça c'est des animaux, nous on n'est pas comme ça".

04:08 Alors, regardez.

04:10 À la naissance, il y a 105 hommes pour 100 femmes.

04:15 Parmi les centenaires, il y a un homme pour 6 femmes.

04:20 Il n'y a qu'à aller dans les Ehpad pour s'apercevoir

04:22 que les hommes disparaissent plus vite.

04:25 Mais en fait, c'est tout au cours de leur vie

04:27 que les hommes ont une surmortalité.

04:30 Regardez cette surmortalité masculine,

04:32 dont on peut se poser la question de la cause.

04:35 Regardez deux chiffres.

04:37 Elle est de 10 %, la surmortalité masculine,

04:40 entre 5 et 9 ans.

04:42 Quand la puberté passe par là, on passe à 50 %.

04:46 Ce 10 %, il vient d'une chose que je ne vais pas détailler,

04:50 c'est que la testostérone n'est pas très bonne

04:53 pour le fonctionnement de l'organisme.

04:55 Les organismes masculins sont souvent plus fragiles

04:57 et sensibles à plus de maladies.

04:59 Oui, sur certains registres, le sexe faible, c'est le sexe masculin.

05:03 Et il y a toujours une surmortalité.

05:05 Mais quand vous regardez l'augmentation de cette surmortalité

05:08 qui s'opère à la puberté,

05:10 c'est de la surmortalité par accident de la route,

05:12 prise de drogue, des conduites à risque.

05:16 Et en fait, ce que je vous propose,

05:20 c'est que dans l'espèce humaine,

05:22 on ait eu une sélection de handicaps,

05:25 qui sont que les femmes ont tendance à préférer

05:28 des actes courageux, des actes de bravoure,

05:32 et que les hommes sont sélectionnés,

05:36 et ça, les expériences de psychologie le montrent bien,

05:38 pour faire des conneries, surtout quand les femmes les regardent.

05:41 Parce que si vous mettez comme observateur dans un test psychologique

05:45 un homme, les conduites à risque sont moins fréquentes.

05:49 Elles ne sont pas nulles, mais elles sont moins fréquentes.

05:52 Alors vous allez me dire, "Ouais, bon...

05:56 105 hommes pour 100 femmes,

05:59 ça veut dire que notre évolution a sélectionné

06:02 une compensation de la disparition des hommes.

06:05 Et ça demande quand même qu'on s'interroge.

06:07 Alors on se dit, "Ouais, mais c'est culturel,

06:09 parce qu'on apprend aux hommes à être courageux."

06:11 Mais oui, bien sûr que c'est culturel.

06:13 La question, c'est, est-ce que c'est pas culturel aussi ?

06:15 Et est-ce qu'à force d'ignorer ça,

06:17 on n'a pas juste construit des cultures dans lesquelles,

06:19 on fait culturellement ce qu'on a tendance à faire biologiquement ?

06:25 OK.

06:27 Donc, le choix et le handicap peuvent être sélectionnés

06:31 quand il y a des sexes qui ont des investissements différents

06:34 dans la reproduction.

06:35 Et il est bien possible que nous, on soit héritiers de ça.

06:37 C'est encore une obscurité dont on veut se tirer.

06:40 On ne stigmatise pas les gens en disant

06:42 qu'ils sont éventuellement héritiers de ça.

06:44 On veut juste qu'ils fassent des cultures

06:46 qui aillent au-devant de ce risque.

06:49 Et ça, c'est important.

06:51 L'idée, c'est que la culture doit pouvoir corriger

06:54 et que tant qu'on n'est pas conscient de ça,

06:56 on n'en corrige pas.

06:57 Alors, souvent, les gens me disent

06:59 "Marc-André, c'est quand même chapeau pour avoir fait l'apologie du viol."

07:02 Non !

07:03 Tout ce que je viens de vous dire n'est pas l'apologie

07:05 de ce que je vous décris.

07:06 Quand je vous décris la plaque dentaire,

07:08 quand je vous dis qu'un film bactérien se forme sur la dent,

07:12 qui s'épaissit, qu'au bout de quelques jours,

07:14 ça crée des conditions à l'intérieur

07:16 où il n'y a plus beaucoup d'oxygène

07:18 et que là, s'installent des bactéries

07:20 qui commencent à émettre de l'acide pour creuser les dents

07:22 et s'abriter de brossage éventuel par la suite,

07:25 je ne justifie pas la plaque dentaire.

07:28 Je vous explique comment ça marche

07:30 et je vous donne non seulement envie de ne pas en avoir,

07:33 mais en plus, je vous donne la solution pour ne pas en avoir,

07:35 brossez-vous les dents.

07:37 Eh bien, brossons-nous les relations sexuelles aussi.

07:41 L'égalité et la complémentarité des sexes, ça se construit.

07:46 Il y a des ombres biologiques qui pèsent sur nous

07:50 et la culture doit les affronter.

07:52 Elle ne le fera que si on les explicite.

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