• il y a 3 mois
Jean-marc Jancovici, président du Shift project, expert climat et énergie, est invité par AgroParisTech pour une conférence et un échange avec les étudiants. Il y est questionné sur les sujets écologiques énergétiques et climatiques. Quand on lui demande s'il n'y a pas un sujet à traiter en priorité, il prend sans doute les étudiants un peu à revers, pas étonnant, c'est une de ces spécialités.

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Sources
Jancovici CERES https://www.youtube.com/watch?v=U4NJn0xBrFc
Musique https://www.youtube.com/watch?v=39PVEaSytpo

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Quels sont les deux facteurs qui ont permis la naissance de la civilisation actuelle ?
10 000 années de stabilité climatique et abondance énergétique.

Quelles sont les trois utilisations possibles du méthane dissous dans le pétrole ?
1- On le torche (on le récupère et on le brûle.) 2- On le récupère et on le réinjecte dans le sous-sol pour augmenter la pression dans le réservoir de pétrole 3- on le laisse s'échapper.

Quelle est la part de l'énergie dans le problème climatique ?
60%.

#jancovici #écologie #énergie #biodiversité #conférence #extrait #ethiqueettac #janco #JMJ
Transcription
00:00Selon vous, doit-on limiter la place centrale de l'énergie dans le débat climatique ? Si
00:13oui, comment ? Et par quel levier ? Et au profit de quel autre sujet ?
00:16L'énergie, quand on regarde sa part dans le débat climatique, c'est à peu près
00:25le dioxyde de carbone issu de l'utilisation de l'énergie, c'est à peu près 55% des
00:28émissions planétaires de gaz à effet de serre, et si on rajoute les émissions de
00:32méthane due à l'utilisation de l'énergie, on arrive à peu près à 60%.
00:35Alors pourquoi est-ce qu'il faut rajouter des émissions de méthane ? Parce que vous
00:38avez du méthane, vous normalement, à l'agro, vous savez à peu près comment se forment
00:42les combustibles fossiles normalement, si vous ne le savez pas, il faut réviser vos
00:47cours d'urgence, et donc au moment où le charbon se forme, il y a du méthane qui se
00:52forme également emprisonné à l'intérieur du charbon, absorbé dans le charbon, et donc
00:57l'exploitation du charbon désorbe, libère du méthane, donc c'est une source d'émissions
01:01de méthane et on ventile les mines pour éviter d'avoir des coups de grisou, qui est précisément
01:04le moment où ce méthane forme un mélange détonant avec l'air ambiant, et les mineurs
01:08n'aiment pas les coups de grisou, et on les comprend.
01:10Vous avez également du gaz, enfin du méthane qui est dissous dans le pétrole quand on
01:15extrait du pétrole, pareil c'est lié au processus de formation du pétrole, et une
01:20partie de ce méthane s'échappe dans l'atmosphère au moment où on extrait le pétrole, alors
01:24il y a des exploitations pétrolières où on le torche, c'est-à-dire qu'on le récupère,
01:27on le brûle, il y a des exploitations pétrolières où on le récupère et on le réinjecte dans
01:31le sous-sol pour augmenter la pression dans le réservoir de pétrole et faire sortir
01:33plus de pétrole, mais il y a des endroits où on le laisse s'échapper, et enfin vous
01:38avez des fuites de gaz qui sont liées à l'extraction du gaz lui-même, donc les gisements
01:41de gaz, vous avez des fuites de gaz, et dans la distribution du gaz vous avez également
01:46des fuites de temps en temps, c'est pour ça que de temps en temps vous avez un immeuble
01:48qui saute à Paris parce que le gaz a fuit.
01:50Alors, toutes les fuites de gaz, heureusement, il ne faut pas sauter les immeubles, mais
01:53vous avez des fuites de gaz dans le réseau de distribution, et ces fuites de gaz sont
01:56très très loin d'être négligeables, l'ensemble de ces fuites de méthane sont importantes.
02:01Donc si vous mettez tout ça bout à bout, l'énergie c'est 60% des émissions de gaz
02:05à effet de serre, mais cette école s'occupe de 30% restantes, par exemple, puisque l'agriculture
02:11au sens large c'est 30% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, vous
02:14avez 20% dans les émissions agricoles directes, la fermentation entérique des ruminants,
02:19les émissions de méthane des rizières, et les émissions de protoxyde d'azote liées
02:24à l'épandage des engrais azotés, et puis vous avez 10% que je considère comme étant
02:29associé à l'agriculture, qui est la déforestation, parce que la déforestation est aujourd'hui
02:33essentiellement un processus amont de l'activité agricole, on coupe des forêts pour faire
02:37place à des champs.
02:38Et puis après vous avez un petit 10% qui sont des trucs divers, les émissions des
02:43décharges, ce n'est pas de l'énergie, les fuites de fluides frigorigènes, ce n'est
02:46pas de l'énergie, la calcination du calcaire dans les cimenteries, ce n'est pas de l'énergie.
02:50Donc tout mouillé, l'énergie c'est 60%, alors est-ce qu'on peut ne s'occuper que
02:54de 60% d'un problème vu la taille du problème ? Non.
02:58Est-ce qu'on peut ne pas s'occuper de 60% ? A l'évidence non non plus.
03:02Est-ce que l'énergie c'est la totalité du débat climatique ? La réponse est doublement
03:07non.
03:08Donc non parce que ça n'est entre guillemets que 60%, même si c'est un gros paquet, et
03:12non pour une deuxième raison, c'est que de plus en plus maintenant dans le débat climatique
03:16il y a un sujet qui monte qu'on appelle l'adaptation, qui est un terme que je trouve un peu impropre
03:19parce qu'on ne va pas s'adapter à tout, je ne sais pas si on s'adapte à sa propre mort
03:24par exemple.
03:25Donc de temps en temps vous avez des transitions qui sont suffisamment brutales pour que derrière
03:29on ait une perte et pas la possibilité de remettre le système en l'état, donc je
03:32ne sais pas ce qu'on appelle exactement adaptation dans ce genre de cas de figure,
03:35mais il va y avoir un vrai sujet qui est comment est-ce qu'on maintient au mieux la stabilité
03:39des sociétés et une relative abondance dans un monde dans lequel le climat va beaucoup
03:43changer.
03:45Alors c'est lié à l'énergie, parce que l'énergie est la capacité de s'adapter
03:48à tout, c'est beaucoup plus facile de s'adapter aux conséquences du réchauffement climatique,
03:53plus facile de construire des digues si on a toujours des cimenteries et des tractopelles,
03:56c'est plus facile de nourrir les gens si on a toujours plein de camions pour faire
03:59venir la nourriture de là où ça pousse encore vers là où ça ne pousse plus, etc.
04:02Donc l'énergie permet de s'adapter à tout, enfin permet de s'adapter à beaucoup de choses,
04:08donc il y a un lien de ce point de vue, mais ce n'est plus un lien émission, c'est un
04:11lien dépendance, et puis il y a la partie agricole qui est une partie centrale dans
04:18les émissions et également une partie centrale dans la question de la vulnérabilité, parce
04:22que si on ne mange plus, s'occuper du reste devient un problème discutable.
04:26Et donc s'il devait y avoir un autre sujet à mettre sur le devant de la scène afin
04:34d'aborder ce problème de vulnérabilité et les enjeux de transition, d'adaptation,
04:41lequel devrait être choisi selon vous ?
04:47Tous, parce que quand on regarde la civilisation actuelle, elle est née de la conjonction de deux
04:54facteurs. Elle est née d'une part de dix mille ans de stabilité climatique qui a permis la
04:59sédentarisation de l'espèce humaine, le développement de l'agriculture et le
05:02développement des sociétés urbaines, sédentaires que nous connaissons aujourd'hui. C'est l'héritier
05:08lointain de la stabilisation du climat. Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers des
05:12grands cycles climatiques qu'on a connus à l'ère quaternaire, donc sur les trois derniers millions
05:16d'années, mais vous faites un peu de géologie dans cette école normalement aussi, vous devez
05:20vous rappeler qu'il y a vingt mille ans, nous avons quitté la dernière ère glaciaire, donc un moment
05:25où la température moyenne de la planète était beaucoup plus basse pour des raisons astronomiques,
05:28c'est pour ça qu'elle était beaucoup plus basse, et en l'espace de dix mille ans la moyenne
05:33planétaire s'est réchauffée d'à peu près quatre degrés, c'est ça la déglaciation, toujours pour
05:38des raisons astronomiques. Donc on a eu une transition climatique qui était pour les capacités
05:43d'adaptation des sociétés humaines nomades de l'époque rapide et on ne pouvait pas s'installer
05:49quelque part parce que quelques siècles après, 500 ans après, il aurait fallu totalement tout
05:52chambouler, les habitats, les espèces cultivées, etc. Donc à cette époque-là, les sociétés humaines
05:58sont restées nomades et il a fallu attendre la stabilisation du climat il y a dix mille ans,
06:02parce que sur les dix mille dernières années, avant le réchauffement actuel, la moyenne planétaire
06:06avait varié d'une fraction de degré seulement, très peu, il a fallu attendre cette stabilisation
06:11pour que s'installent les sociétés océanaires, avec plus ou moins de succès en fonction des
06:17espèces sauvages qui ont pu donner lieu à des espèces cultivées, il y a un excellent bouquin
06:22de Jared Diamond que je vous conseille là-dessus, de l'inégalité parmi les sociétés, qui explique
06:27très très bien comment les sociétés sont mises à prospérer en fonction des espèces végétales et
06:31animales disponibles pour la culture et la domestication, c'est passionnant ce bouquin,
06:36et donc nous on est les lointains descendants de cette stabilité climatique, donc cette
06:44stabilité climatique si on la perd, ça va mettre cul par dessus tête énormément de choses qu'on
06:49considère comme étant stable aujourd'hui, et la deuxième chose dont notre civilisation actuelle
06:54est l'héritière, c'est l'abondance énergétique, et en fait on commence à sortir de cette période
06:58bénie où on a eu le bénéfice du service sans la facture du service quelque part, ça a été la
07:06fête du slip mais on n'a rien eu à payer, donc là on commence à rentrer dans la période difficile
07:12où on va devoir à la fois payer la facture de la fête passée et avoir un peu moins d'abondance,
07:19et de moins en moins d'abondance au niveau des ressources. Alors c'est systémique cette affaire
07:24là, parce que quand on regarde bien, c'est ce qu'on essaye d'expliquer dans cette excellente BD
07:27qui s'appelle Le monde sans fin, dont je vous rappelle que les excellents dessins ne sont pas
07:32de moi, parce qu'il faut être deux pour faire une BD, c'est quelqu'un qui sache dessiner, ce qui n'est
07:34pas mon cas, enfin dessiner à peu près correctement, c'est que en fait cette stabilité climatique doublée
07:41de cette abondance énergétique explique le système des retraites, les études longues, les 35 heures,
07:45la tertiarisation de l'activité, l'égalisation homme-femme, l'urbanisation, la mondialisation,
07:50alors tout y passe quand vous regardez bien. Donc est-ce qu'il y a un sujet à mettre plus
07:54particulièrement en avant ? Non, et c'est bien la difficulté, la difficulté c'est que nous on est en
07:59général habitués à raisonner avec des priorités toutes choses égales par ailleurs, par exemple
08:04vos priorités, enfin vos plans de vie s'inscrivent quand même globalement dans un monde dans lequel
08:10c'est toutes choses égales par ailleurs, on va rester en démocratie, votre diplôme vaudra quand même
08:14plus cher que celui de quelqu'un qui a fait un CAP de boulangerie, etc. Ce qui n'est pas un jugement
08:19de valeur, c'est juste une réalité économique. Donc vous vous raisonnez comme moi, or tout va changer
08:26en même temps, et donc dans un monde dans lequel c'est pas toutes choses égales par ailleurs, c'est
08:31toutes choses changeant par ailleurs, c'est très difficile de dire, ben là il y a telle priorité et
08:36telle priorité et puis il en reste dans un premier temps, c'est pas la peine de vous en occuper. C'est
08:39bien toute la difficulté du sujet. Et c'est bien l'une des raisons pour lesquelles il y a tant de gens
08:44qui se disent, bon demain il fera jour, je vais attendre après demain pour m'en occuper, parce que
08:48ça a un côté très désagréable de se dire qu'on va devoir s'occuper de tout en même temps.
08:52Et est-ce que certains sujets comme la biodiversité etc. qui resteraient en quelque
08:59sorte des constantes dans un équilibre planétaire ne seraient pas d'intérêt
09:04justement pour que nous, humains, nous puissions garder quelque chose d'un peu constant ou en tout
09:10cas qui restera après nous comme repère dans ces changements-ci. Alors intellectuellement si,
09:15et en pratique c'est là que ça devient beaucoup plus difficile. Le climat, il a la particularité
09:21d'offrir un dossier qui est désagréable pour la psychologie mais simple pour l'action pratique. Il
09:27est simple pour l'action pratique à cause de ses caractéristiques physiques. Et la caractéristique
09:32physique principale qui le rend simple c'est que les gaz à effet de serre sont des gaz à très longue
09:37durée de résidence dans l'atmosphère parce que c'est des espèces chimiquement stables. Et comme
09:41c'est des espèces chimiquement stables à très longue durée de résidence dans l'atmosphère,
09:44le lieu d'émission n'a pas d'importance. Et donc vous avez une monnaie fongible. C'est-à-dire
09:48vous pouvez additionner, c'est légitime d'additionner pour le vêtement que vous portez,
09:52les émissions d'extraction du pétrole, les émissions de la raffinerie qui a raffiné le pétrole,
09:57les émissions du vapeau-craqueur qui a commencé à faire des monomères, les émissions de l'usine
10:01plastique qui a fait les polymères, plus les émissions de l'endroit où on a tissé la fourrure
10:06polaire avec etc., plus les émissions du camion qui l'ont transporté jusqu'au magasin, plus les
10:12émissions de fabrication du carton parce qu'évidemment vous l'avez acheté sur Amazon
10:14mais ne le dites à personne, etc. Donc c'est légitime de faire tout ça parce que toutes ces
10:21émissions produisent le même effet in fine dans une atmosphère, dans le temps de brassage
10:27interhémisphérique et de l'ordre de l'année, alors que le temps de résidence des gaz à effet de
10:30serre dans l'atmosphère se compte en décennies, en siècles ou en millénaires. C'est légitime.
10:35Mais pour la perte de biodiversité, comment est-ce que je peux additionner les trois dauphins
10:40qui ont été zigouillés au moment où on a posé la plateforme pétrolière, plus les espèces d'orchidées
10:46qu'on a supprimées au moment où on a construit la raffinerie, plus les espèces de je ne sais pas
10:50quoi qu'on a détruites au moment où on a construit le vapeau-craqueur, plus... Voilà,
10:55la tonne équivalent grenouille jaune, aujourd'hui, elle n'existe pas vraiment et c'est un des sujets
11:02qu'on a à Carbone 4 quand on veut s'occuper de ce truc-là avec nos clients. Et par ailleurs,
11:06il n'y a pas de seuil de danger clairement identifié, alors que dans le domaine climatique,
11:11il y en a. C'est-à-dire qu'on est capable de vous dire par exemple, le pourtour du bassin
11:14méditerranéen s'assèchera de 10% par degré supplémentaire de réchauffement. Donc, vos
11:19anciens sont capables de faire tourner les très beaux modèles agronomiques en disant,
11:22à partir de telle élévation globale de température, on court le risque d'avoir en moyenne x% de blé
11:28en moins, x% de maïs en moins, etc. Peut-être qu'on devrait éviter d'aller s'aventurer dans
11:32le tel truc qu'on voit comme étant une zone rouge. Surtout que quand on voit le temps passé,
11:36on se rend compte que toutes ces estimations sont toujours globalement minimalistes et
11:39minimisent le risque. Pardon pour la répétition. Donc, vous avez un dossier scientifique très bien
11:46documenté avec des seuils de danger raisonnablement identifiés et on en a déduit un objectif politique
11:51parce que les deux degrés de réchauffement auxquels il faut se limiter, c'est un objectif
11:54politique. La science ne vous dit pas à 1,9 c'est tranquillou et à 2,1 c'est ça barde. Non,
11:59ce n'est pas comme ça que ça se présente, mais on a quand même un objectif politique. On sait
12:04qu'à deux degrés, il faut baisser les émissions de 5% par an. On sait tout un tas de trucs quantifiés.
12:08Donc, on peut passer à l'action ou plus exactement, on peut imaginer passer à l'action. On peut
12:12commencer à faire des plantes, etc. Alors, c'est difficile pour plein de raisons, mais sur la
12:16biodiversité, on ne sait pas si c'est ennuyeux sur le plan du bien-être de l'espèce humaine de
12:22perdre 5%, 10%, 20%, 30%. Est-ce que c'est très emmerdant si on perd 30% des moustiques et 0% des
12:28ours ou plus emmerdant si on perd 30% des ours et 0% des moustiques ? Il faut additionner les ours
12:34et les moustiques en ton équivalent grenouille jaune comme je le disais tout à l'heure. C'est
12:38un truc. Donc, c'est très difficile pour la biodiversité déjà de s'extraire d'une vision
12:43anthropocentrée parce qu'à titre personnel, enfin je ne sais pas si je préfère les ours ou les
12:46moustiques. Du reste, parce que l'ours blanc croque autant que le moustique. Mais donc, c'est
12:51très difficile de s'éloigner d'une vision anthropocentrée, la préservation de la biodiversité
12:55des moustiques. En général, les gens ont moins envie. Et puis, c'est très difficile de définir
13:01des seuils et c'est très difficile d'en faire autre chose qu'une juxtaposition de problèmes
13:05locaux. D'accord ? Parce que l'érosion de la biodiversité dans l'Amazonie, moi je ne sais pas
13:10si ça changerait grand-chose au fond à la manière dont les Français vivent. Je ne sais pas. Je ne
13:15dis pas que ce n'est pas grave. Je le dis juste, je ne sais pas. Donc, c'est un dossier qui est
13:19beaucoup plus difficile à appréhender tout simplement parce que la base scientifique de
13:26l'affaire et la base méthodologique qui permettrait aux acteurs de passer à l'action, les particuliers,
13:31les entreprises, les Etats, etc. Elle est aujourd'hui plus embryonnaire, plus émergente.
13:35Voilà, c'est un dossier qui est donc plus difficile.
14:10Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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