Aurélien Barrau, astrophysicien et militant écologiste, est invité par la maison de la poésie. Il y fait une conférence devant des enfants et des ados, plusieurs questions lui sont posés : les ingénieurs font-ils un bon travail ? pourquoi la société est-elle une prison ? Et la dernière, que faire ? Découvrons si Aurélien Barrau peut être compris par des enfants.
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Sources
Barrau https://www.youtube.com/watch?v=QzBJoSGZ7_M
Musique https://www.youtube.com/watch?v=39PVEaSytpo
Réponses au quiz de fin :
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A quoi sert la 5g, 6g et 7g ?
ça ne sert à rien d'autre qu'à précipiter la machine de mort qu'est le productivisme économique.
Quel est le problème avec les ingénieurs ?
Ils ne font pas leur métier en poète, c'est à dire sortir du productivisme.
Pourquoi notre monde est une prison implicite ?
Car un certain nombre de nos libertés sont limitées par notre environnement.
#barrau #écologie #ingénieur #productivisme #poésie #extrait #conférence #ethiqueettac
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A quoi sert la 5g, 6g et 7g ?
ça ne sert à rien d'autre qu'à précipiter la machine de mort qu'est le productivisme économique.
Quel est le problème avec les ingénieurs ?
Ils ne font pas leur métier en poète, c'est à dire sortir du productivisme.
Pourquoi notre monde est une prison implicite ?
Car un certain nombre de nos libertés sont limitées par notre environnement.
#barrau #écologie #ingénieur #productivisme #poésie #extrait #conférence #ethiqueettac
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ÉducationTranscription
00:00...
00:08Quand vous parlez des ingénieurs,
00:10vous dites qu'ils sont pas très...
00:16Comment dire ?
00:17Qu'ils font des choses pas très bien,
00:19comme la fusion nucléaire.
00:22Vous dites que c'est pas bien,
00:24mais les ingénieurs...
00:27Du coup, est-ce que c'est bien ou c'est pas bien ?
00:29...
00:32Moi, je pense qu'il faut tous et toutes les décapiter.
00:36En vrai, je suis ingénieur moi-même de formation
00:38et mon fils veut devenir ingénieur.
00:41Donc c'est pas vrai, en fait.
00:42Je suis pas pour qu'on les décapite tous.
00:44Non, bien sûr que non.
00:45En fait, ce que je veux dire, c'est comme sur le prosaïque.
00:50Bien sûr que l'ingénierie est nécessaire.
00:52Y a aucun doute là-dessus.
00:54Bien sûr qu'il y a beaucoup de choses à faire encore.
00:56Il y a à découvrir.
00:58Et je suis bien content, comme tout le monde,
00:59quand je vais à l'hôpital,
01:00qu'il y a des machines très perfectionnées
01:02qui permettent de nous soigner.
01:03Donc il n'est pas question, si tu veux, de tuer l'ingénierie.
01:08Mais le problème, c'est pas que les ingénieurs existent.
01:12Le problème, c'est qu'ils ont pris toute la place.
01:14Le problème, c'est que dès qu'on fait face aujourd'hui
01:17à un problème, à une interrogation,
01:19à un non-sens, à quelque chose qui nous pose difficulté,
01:23on le rabat sur une question d'ingénieur.
01:27Alors qu'en fait, l'essentiel de nos problèmes,
01:28c'est des problèmes politiques
01:30ou des problèmes poétiques ou des problèmes esthétiques,
01:33c'est-à-dire liés à la beauté,
01:34et pas des questions d'ingénieurs.
01:36Tu vois, quand il y a un conflit, par exemple, et qu'il y a une guerre,
01:38c'est pas très intéressant de faire des bombes
01:40qui sont issues du commerce équitable
01:42ou qui sont en matériaux biologiques.
01:44Non, la question, c'est est-ce que oui ou non,
01:46on veut se taper sur la gueule et faire mourir des enfants ?
01:49C'est une question politique, c'est pas une question ingénérique.
01:52Et je trouve qu'aujourd'hui, si tu veux,
01:54c'est pas, bien sûr, la faute des ingénieurs.
01:56C'est notre faute collective
01:58ou pour ne pas penser les choses importantes,
02:00c'est-à-dire où on veut aller, qu'est-ce qu'on veut faire,
02:03pourquoi on veut le faire,
02:04eh bien, on se dit, continuons à l'identique,
02:06change aucune interrogation et laissons faire les ingénieurs.
02:09Et ça, c'est dramatique,
02:11parce que les ingénieurs, ce qu'ils font,
02:12ils le font avec talent et avec brio.
02:14Et donc, ils optimisent tout ce qui existe.
02:16Alors ça, ça marche avec la 5G, que j'avais critiquée à l'époque,
02:19mais la 6G, elle est déjà prête et la 7G, elle est déjà conçue.
02:23Donc en fait, les ingénieurs, ils font des trucs, ils font des trucs,
02:25ils font des trucs, en fait, ça sert à rien.
02:27Si vous vous rappelez de la 4G,
02:29la génération d'avant de téléphonie mobile,
02:31on pouvait faire exactement la même chose.
02:33Vous pouviez regarder des films en streaming haute définition.
02:36Ca ne sert absolument à rien d'autre
02:38qu'à précipiter la machine de mort
02:41qu'est le productivisme économique.
02:42Donc en fait, on le fait,
02:44mais on se demande pas pourquoi on le fait.
02:46Donc ma réponse, si tu veux,
02:48c'est que bien sûr, les ingénieurs sont légitimes,
02:51mais qu'il faudrait qu'eux aussi réfléchissent à la finalité
02:55et il faudrait qu'eux aussi fassent leur métier en poète.
02:59Alors quand je dis il faudrait, c'est un peu prescriptif.
03:01Après tout, ils font ce qu'ils veulent.
03:02Mais moi, je crois qu'on peut tout faire en poète,
03:04parce que bien sûr qu'on peut faire de l'ingénierie en poète,
03:07c'est-à-dire avec ce que j'expliquais tout à l'heure,
03:10ce qui s'extrait de la production aveugle.
03:12On peut tout faire en poète et on peut tout faire, au contraire,
03:16en contre-poète, y compris l'astrophysique.
03:19Moi, mon métier, on pourrait se dire l'astrophysique,
03:21c'est magnifique, pas du tout, pas du tout.
03:23Les astrophysiciens, et moi le premier,
03:25on est prisonniers du productivisme,
03:27on fait des articles, on fait des conférences,
03:30on fait des formations, on est pris dans la machine.
03:35Très rares sont celles et ceux qui font leur métier en poète.
03:38Et donc, à mon avis, le vrai problème,
03:40c'est pas l'ingénierie, c'est la manière dont on la fait.
03:44D'accord.
03:46Pourquoi citez-vous la société comme une prison ?
03:51J'ai pas entendu, la quoi ?
03:53La société comme une prison.
03:55Ah, la société comme une prison.
03:57Or, je pense que c'est pas toujours vrai.
04:00La preuve, tout à l'heure, normalement, on va sortir
04:03et normalement, aucun d'entre nous ne va dormir entre les barreaux ce soir.
04:07Non, mais si tu veux, sérieusement,
04:09alors peut-être que j'ai dit ça, je m'en souviens plus,
04:11c'est sans doute une caricature ou une exagération.
04:13Tu as raison de rappeler que parfois,
04:15il faut faire attention au sens littéral des mots.
04:17Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a 2 types de prison.
04:20Il y a la prison explicite, qui est vraiment,
04:22tu as des barreaux, tu peux pas sortir,
04:24tu es interdit de liberté de déplacement.
04:28Ca, on sait ce que c'est et évidemment,
04:29heureusement, pour la plupart d'entre nous, ce n'est pas le cas.
04:32Et puis, il y a la prison implicite, c'est celle-là dont je parlais.
04:35Ce que j'appelle prison implicite, c'est en fait,
04:36tu ne t'en rends même pas compte.
04:38Tu ne t'en rends même pas compte, mais en fait,
04:40ta liberté est extrêmement diminuée
04:43de par l'environnement dans lequel tu es.
04:45Par exemple, aujourd'hui, du simple fait que là, tu habites à Paris,
04:48si tu veux aujourd'hui voir un autre être vivant
04:52qu'un homme, un pigeon, un chien ou un chat,
04:53ça va être dur.
04:55Alors, ce n'est pas une prison au sens où ce n'est pas
04:57parce que tu es entre des barreaux, parce que tu es libre,
04:59tu peux marcher dans la ville.
05:00Mais n'empêche que quelle que soit la manière
05:02dont tu marches dans la ville, tu ne vas pas rencontrer un guépard.
05:04C'est comme ça. Donc si tu as envie ce soir de voir un loup
05:07ou de voir un lion, c'est raté.
05:09Donc, c'est un peu ça la prison implicite, si tu veux.
05:11C'est celle qui fait qu'en réalité, notre mode...
05:15Alors là, je prends un exemple caricatural avec le lion et le loup.
05:17Mais au-delà de ça, au-delà de ça, tu vois,
05:20en fait, on a tellement normé notre manière d'exister
05:25qu'en fait, on a oublié qu'en fait,
05:29il y avait plein de manières différentes de marcher dans le monde.
05:32Alors marcher au sens métaphorique, pas seulement se déplacer,
05:36mais faire des rencontres, par exemple,
05:38qui ne sont plus tellement possibles dans notre monde.
05:41Tu vois, c'est la prison symbolique.
05:43Je ne connais pas ta famille, je ne connais pas tes parents,
05:45mais bien sûr, souvent, bien sûr, on ne se mélange pas trop
05:48parce que le monde est conçu comme ça.
05:50Et c'est vrai aussi pour mes enfants à moi.
05:52Ils rencontrent qui ? Les gens qui sont du même milieu que moi,
05:54du même environnement que moi.
05:56C'est inévitable que ça se passe comme ça.
05:58Et donc, en fait, les gens avec lesquels tu parles,
06:00c'est essentiellement des gens qui te ressemblent beaucoup.
06:03Et je ne jette la pierre à personne.
06:06On a structuré la société comme ça.
06:08Mais c'est quand même une prison,
06:10au sens où tu ne reçois que des idées
06:12qui sont extrêmement peu nombreuses
06:15par rapport à toutes celles qui sont véhiculées par l'esprit humain.
06:18Et donc, c'est peut-être en ce sens-là,
06:19je ne me souviens plus bien,
06:21mais j'ai utilisé ce mot de prison, de société comme une prison.
06:24C'est situé, c'est une sorte de prison douce.
06:26C'est-à-dire qu'on ne se rend pas compte de la violence
06:29parce qu'elle ne nous est pas imposée par les armes.
06:31Il n'y a pas un policier avec un pistolet
06:33qui vient nous obliger à le suivre et à mettre les menottes.
06:37Mais on a quand même, en réalité, des menottes
06:40parce qu'on est tellement endoctriné comme ça aux algorithmes.
06:44Ces petites vidéos TikTok, par exemple,
06:46on peut avoir l'impression que c'est une grande liberté.
06:49Mais en fait, elles ne disent tellement rien
06:50qu'à mon avis, ça relève vraiment, tu sais, d'un mécanisme de drogue.
06:54Alors là encore, c'est une image
06:57parce qu'il y a la drogue dure, la cocaïne, machin.
06:59Bon, ça, c'est encore pire, bien sûr.
07:00Donc, je ne parle pas de la drogue
07:01au sens où tu prends des choses horribles
07:03et il t'arrive des choses horribles.
07:04Bon, ça, il ne faut pas le faire, bien sûr.
07:06Mais les réseaux sociaux, c'est aussi une forme de drogue douce.
07:09C'est moins grave parce qu'on peut les fermer
07:11et on s'en sort plus facilement.
07:13Mais ça relève quand même, si tu veux, d'une addiction
07:16qui fait que quand tu attends le bus avec tes parents,
07:18au lieu de regarder le monde
07:20et de voir que l'arbre, il a des feuilles qui ont changé de couleur,
07:23de voir que ce matin, il n'y a pas que des pigeons,
07:25mais il y a un merle qu'on en voit un peu moins, etc.,
07:28en fait, tu es en train de regarder ton mur Facebook, tu vois,
07:30et tu es dans cette prison de verre
07:33que constitue le flux d'informations nulles,
07:37voilà, qui nous submerge en permanence.
07:43Oui, j'ai beaucoup apprécié la partie convaincante
07:46au début de la conférence.
07:49Sauf qu'en tant qu'adolescent,
07:52on est arrivé dans un monde
07:54où la pollution et le réchauffement climatique
07:57sont déjà des gros problèmes.
07:59On est déjà en phase d'anéantissement final.
08:02Et donc, je ne pense pas en compétence
08:05de pouvoir empêcher la déforestation en Amazonie
08:08ou le rejet de molécules toxiques dans la Seine.
08:12Donc, en tant que militant
08:14qui tient une conférence, justement, sur que faire,
08:19qu'est-ce que vous répondriez à un adolescent
08:21qui vous demande que faire face au réchauffement climatique,
08:25à la pollution, à l'anéantissement de la biodiversité, etc.
08:30Oui, tu as raison, bien sûr, c'est une question très lourde.
08:33Et moi, j'essaie d'être vraiment très prudent là-dessus
08:34parce que je ne veux surtout pas m'enfermer
08:37dans le rôle de prophète, tu vois,
08:40qui dirait aux gens, faites ce que je vous dis.
08:43Je pense être prudent et modeste et humble
08:46en vous disant, commencez par réfléchir.
08:48Et c'est déjà énorme.
08:50Et peut-être, essayez d'habiter politiquement le monde,
08:52et c'est encore plus gigantesque.
08:54Ensuite, je crois que c'est très important de...
08:58Alors, j'avais appelé ça de façon un peu prétentieuse,
08:59là, pour le coup, fractaliser la lutte.
09:01Donc, tu sais, une fractale, c'est une structure mathématique
09:04qui est intéressante à toutes les échelles.
09:05Tu la regardes de loin, elle est intéressante.
09:07Tu la regardes de près, elle est intéressante.
09:08Tu la regardes de très, très, très près,
09:10elle est encore intéressante.
09:11Et donc, ce que je voulais dire par là,
09:13c'est que, moi, je pense qu'il ne faut pas marcher en rang.
09:16C'est-à-dire que, bon, personnellement,
09:17j'ai un peu réfléchi, j'ai une vision,
09:19je vous la livre ce soir, on est d'accord, on n'est pas d'accord.
09:22J'ai des amis qui sont parfois beaucoup plus encore
09:25impliqués que moi, qui ont une vision très différente,
09:26qui pensent, au contraire,
09:28qu'il faut absolument tout chiffrer,
09:29il faut faire des bilans en permanence,
09:31il faut essayer d'avoir des applications
09:33pour connaître l'impact en termes de pollution,
09:35d'émissions de gaz à effet de serre, etc.,
09:37de chacun de nos gestes.
09:38Moi, je crois qu'ils ont tort, mais c'est pas grave.
09:40Je pense qu'il faut absolument essayer.
09:42Le seul geste dont on est sûr aujourd'hui,
09:44me semble-t-il, qu'il n'a pas de sens,
09:46c'est de continuer à l'identique.
09:49Après, la bonne direction, sincèrement,
09:50moi, je la connais pas, en fait, et toi non plus, sans doute,
09:52mais on a des espèces de ressentis,
09:55et je pense que ce qui est très important,
09:57c'est qu'on utilise les armes qu'on maîtrise.
10:00Donc moi, je parle un peu,
10:01parce que je sais pas si je le fais bien,
10:03mais en tout cas, c'est ce que je sais un peu faire,
10:05et peut-être, il y a des gens qui sont plus à l'aise
10:08avec le militantisme du genre distribuer des tracts,
10:10faire des sites web ou simplement discuter avec les amis,
10:14mais dans l'intime plutôt que de le faire dans l'espace public.
10:16Moi, on m'a beaucoup reproché de pas m'engager
10:18en politique,
10:19mais en fait, si tu veux, c'est une raison très simple,
10:21c'est que, premièrement, je pense que c'est pas là
10:23qu'il se passent les choses importantes,
10:25et ensuite, quand tu fais de la politique,
10:26il faut tout le temps penser à plaire,
10:28et je trouve que c'est catastrophique,
10:29parce que si on s'en prend à Saint-Thomas,
10:31on ne plaît pas, mais moi, je m'en fiche,
10:33je cherche pas à être élu.
10:34Mais néanmoins, il y a des gens bien qui font de la politique.
10:37Généralement, plus on monte dans le niveau,
10:39plus c'est des gens qui sont peu intéressants
10:42ou peu honnêtes,
10:43mais quand vous regardez à petite échelle
10:44au niveau des villages, etc.,
10:47il y a plein de gens qui deviennent maires
10:49parce que, vraiment, ils y croient, quoi.
10:50Ils sont pas là pour s'enrichir.
10:52Quand t'es maire de village, généralement, tu deviens pas riche.
10:54Donc il y a plein de gens qui font de la politique
10:56avec de bonnes intentions.
10:57Ils sont pas tous corrompus, c'est pas vrai.
11:00Et donc, tout ça pour dire que...
11:01Je suis désolé, c'est une réponse un peu vaseuse,
11:03mais ma réponse, c'est que je crois qu'il faut faire
11:06ce qu'on sait faire, voilà.
11:08J'ai des amis à Extinction Rébellion,
11:10des mouvements comme ça.
11:11Comme vous êtes jeunes, je vous le conseillerai pas,
11:13vous verrez quand vous serez majeurs.
11:14Bon, en vrai, c'est pas bien méchant,
11:16c'est pas des gens qui posent des bombes.
11:18Bon, ils font des actions de désobéissance civile soft,
11:20mais bon, je le conseillerai pas à des enfants, en tout cas.
11:24Mais bon, moi, j'y crois pas trop.
11:26Moi, j'ai jamais fait, j'ai jamais été avec eux,
11:28je suis pas sûr qu'ils soient utiles.
11:29Mais c'est pas grave, ils essayent des trucs.
11:31Et franchement, c'est pas bien méchant.
11:32C'est pas des éco-terroristes, comme on dit.
11:34Bon, si on empêche les gens de consommer
11:35pendant une heure et demie,
11:37ils vont s'en remettre, personne va mourir.
11:39Donc je crois vraiment qu'il faut essayer ce qu'on sait faire.
11:42Moi, je trouve que se demander où on veut aller,
11:44c'est vraiment le truc le plus radical.
11:46Et ça marche à tous les niveaux,
11:47tu vois, dans mon propre métier, par exemple.
11:50Moi, c'est dur de sortir du productivisme.
11:53Tu vois, moi, je publie des articles, je fais des conférences,
11:55j'ai des étudiants, des doctorants, des collègues.
11:58Et c'est valorisant.
12:00Tout autour de toi te dit, plus vous avez d'impact,
12:03plus vous avez réussi votre vie.
12:05Et donc c'est dur de se dire, mais en fait, c'est pas vrai, ça.
12:08Moi, quand j'ai voulu faire de la physique,
12:09c'était pour comprendre comment marchait le monde,
12:11c'était pour comprendre les rouages du monde,
12:13c'était pour comprendre le sens des théories.
12:15C'était pas pour multiplier des articles,
12:17des publications qui sont prestigieuses,
12:19mais dont je sais très bien qu'en fait,
12:20elles changent pas notre vision globale du réel.
12:23Et donc ça, je trouve que c'est intéressant.
12:26Bon, mes collègues au laboratoire, pour qui j'ai beaucoup d'estime,
12:29bon, ils font des bilans carbone.
12:30Ils essayent de classer, par exemple,
12:32j'ai vu cette semaine dans mon laboratoire,
12:34ils essayent de classer les fournisseurs
12:36en fonction de qui émet le plus de CO2
12:38pour le même service rendu, qui en émet le moins.
12:41Je trouve ça louable.
12:42Moi, ça m'intéresse pas.
12:43Je pense que c'est pas ça qui va nous sauver,
12:45mais je pense que je veux pas jeter la pierre à ceux qui le font,
12:47si tu veux.
12:49Et donc essayons, là où on sent qu'on est un peu capable de le faire,
12:54ça sera déjà pas mal.
13:12Sous-titrage ST' 501