Tous les samedis et dimanches à 18h15, Guillaume Lariche reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, David Cormand, Député européen Les Verts-Alliance libre européenne et candidat aux Européennes, N°2 sur la liste menée par Marie Toussaint.
Retrouvez "Les invités d'Europe Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end
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00:00 - Europe 1 soir Week-end, 18h-19h, Guillaume Lariche.
00:04 - Précisément 18h18, bonsoir à M. David Cormand, député européen à l'Ever Alliance Libre Européenne
00:11 et candidat aux européennes et numéro 2 sur les listes menées par Marie Toussaint.
00:14 Bonsoir M. Cormand. - Bonsoir.
00:16 - Alors on discutait avant en antenne tous les deux et je vous disais donc que votre liste était de 5%
00:21 crédité pour les prochaines élections européennes et vous m'avez dit non non, entre 5 et 7%.
00:26 Vous y tenez aux 7% ?
00:27 - Bah écoutez oui, puis même au-delà, vous savez c'est toujours ce qui est un peu frustrant avec l'affaire des sondages
00:31 et que je trouve qu'ils prennent beaucoup de place dans les commentaires de la vie politique.
00:35 Alors évidemment quand on a des bons sondages ça dérange moins quand on en a des moins bons
00:39 mais au-delà de ça, je me demande dans quelle mesure les gens, les citoyens, qu'entendent ces histoires de sondages
00:44 disent "bah c'est rien que j'aille voter, apparemment on sait déjà qui va gagner, qui va perdre"
00:48 et je trouve ça dommage parce qu'en fait il y a une élection, vous savez les élections c'est précieux,
00:52 là on parle de l'Union Européenne, c'est une fois tous les cinq ans, un seul tour, le 9 juin en France,
00:57 on peut donner son avis et contrairement aux autres élections, celle-ci elle est à la proportionnelle.
01:02 Donc on peut vraiment se faire plaisir et choisir ce qu'on préfère parmi toutes les listes.
01:06 - En un mot, vous seriez contre justement les sondages ? Vous préfériez qu'il n'y en ait même pas ?
01:09 - Je me pose la question parce que on va me dire oui mais quand même c'est quelque chose,
01:14 on a le droit d'avoir l'information mais je me pose vraiment la question si ce ne serait pas sain que
01:18 un mois avant le vrai vote on dise "bah écoutez on arrête avec les sondages"
01:22 et on parle vraiment du fond des différents projets ou quoi.
01:26 - Alors David Cormand, député Les Verts, tout le monde est d'accord pour plus d'écologie,
01:31 notamment de coller à l'ambition de l'Union Européenne, enfin dans l'esprit a priori,
01:36 d'être le premier continent neutre pour le climat, c'est l'idée si je ne me trompe du pacte vert.
01:40 Je rappelle que l'objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici 2030
01:45 par rapport au niveau de 90, votre parti craint au contraire de ce pacte vert un pacte brun,
01:50 est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
01:52 - Oui parce que vous me lanciez en disant "tout le monde est pour l'écologie",
01:55 je me permettais de réagir mais en vrai dans l'absolu,
01:59 tout le monde préfère un océan sans plastique avec des poissons,
02:02 tout le monde préfère des forêts qui ne brûlent pas, tout le monde préfère un environnement préservé, un air sain etc.
02:09 Mais quand vous voulez prendre des décisions politiques qui permettent d'accéder à cet objectif,
02:14 c'est là que ça ne devient plus du tout consensuel et on voit bien,
02:17 surtout au Parlement européen, au niveau européen,
02:19 qu'après cette idée de pacte vert, ou ce pacte vert c'est ce qu'on a lancé il y a 5 ans,
02:24 après les dernières élections européennes en 2019,
02:26 parce qu'il y avait eu un gros vote pour les verts d'ailleurs à l'époque,
02:29 et beaucoup de manifestations pour le climat, et donc on avait lancé
02:33 plein de règles européennes, de lois européennes pour faire avancer l'écologie.
02:36 Et au fur et à mesure, on a vu qu'il y a eu une volonté politique de beaucoup de groupes politiques,
02:40 notamment à l'extrême droite et à la droite de l'homistique pour dire
02:43 "écoutez l'écologie ça commence à bien faire, ça emmerde les gens,
02:46 et puis ça empêche notre économie etc."
02:49 Et donc on a vu le pacte vert se transformer en "pacte brun",
02:53 et quand j'utilise le terme de pacte brun, je fais référence au brun du pétrole,
02:57 mais je fais aussi référence au brun des idées, parce qu'on voit aussi
03:00 qu'il y a de plus en plus en Europe des idéologies qui poussent au rejet de l'autre,
03:05 qui font référence à une nostalgie d'époque plutôt sombre,
03:08 et donc c'est ça un peu le moment politique de mon point de vue dans lequel on est.
03:11 C'est qu'est-ce qu'on choisit comme orientation ?
03:13 - Mais il y a quand même des mesures contraignantes pour les États
03:15 pour y arriver à cette fameuse neutralité ?
03:17 - Alors contraignantes, oui, vous avez raison,
03:20 quand on fait des règles, c'est entre guillemets pour contraindre,
03:24 mais j'ai envie de vous dire qu'un monde où il n'y a plus de possibilité
03:29 de vivre avec un air qui n'est pas pollué, une eau qui n'est pas polluée,
03:32 je ne sais pas si vous avez vu l'étude qui est sortie sur les 400 molécules chimiques
03:36 qui sont dans les eaux souterraines françaises, ça aussi c'est une contrainte.
03:40 Et donc j'ai envie de vous dire, quelles contraintes on choisit ?
03:43 Est-ce qu'on choisit la contrainte d'un monde inhabitable,
03:45 ou la contrainte de règles, surtout pour les plus puissants ?
03:48 Pour les entreprises qui font du profit sur la destruction de la nature,
03:52 pour continuer à vivre sur une planète habitable ?
03:53 Et ça sert à ça la loi.
03:55 La loi ça sert à protéger les citoyens contre des intérêts privés.
03:58 Donc c'est ce type de contrainte dont on parle, nous les écologistes.
04:01 Ce n'est pas une contrainte pour l'Equidam,
04:03 c'est une contrainte pour les multinationales
04:05 qui, encore une fois, spéculent sur l'utilisation de la nature.
04:08 - David Cormand, les écologistes ne parlent pas que d'écologie,
04:12 on va parler justement, plus largement, de l'Europe avec l'élargissement européen.
04:17 Emmanuel Macron va être en Allemagne de demain jusqu'à mardi.
04:19 Première visite d'État pour le chef d'État depuis au moins un quart de siècle,
04:23 c'était à l'époque de Jacques Chirac, la dernière fois où un chef d'État
04:26 est allé en Allemagne de façon officielle pour une visite d'État.
04:29 Arrêtons-nous donc sur l'élargissement potentiel de l'Europe.
04:32 Neuf pays sont officiellement candidats pour rejoindre les 27.
04:35 La Géorgie, la Macédoine du Nord, la Moldavie, la Turquie, l'Ukraine.
04:39 Est-ce que l'UE a les moyens de s'élargir ? Doit-elle le faire ?
04:43 - Ça c'est une belle question parce que quand on parle de l'Union Européenne,
04:47 de comment elle est née, de son ambition, vous savez l'Union Européenne d'abord,
04:49 il y a eu ce qu'on appelle le rêve du Rhin.
04:51 C'est réconcilier la France et l'Allemagne,
04:54 donc c'était de réconcilier autour de ce fleuve
04:57 des pays qui s'étaient fait la guerre pendant des siècles.
04:59 Et puis après la chute du mur au début des années 2000,
05:02 il y a eu le rêve du fleuve Oder pour s'élargir,
05:06 mais se réunir, j'ai plus envie de dire qu'élargir,
05:08 se réunir avec les pays de l'ancien bloc de l'Est.
05:11 Et là aujourd'hui, il y a le rêve du Dniepr,
05:13 le fleuve qui coule en Ukraine.
05:15 Donc moi, quand je regarde ces pays, ces habitants de ces pays
05:19 qui agitent le drapeau européen en disant "nous nous voulons vous rejoindre,
05:23 nous voulons nous unir avec vous pour avoir accès à la liberté,
05:26 à un certain nombre de valeurs", ça me touche.
05:29 Et puis il y a un autre aspect que j'appellerais l'intégration européenne.
05:32 C'est-à-dire qu'en fait, plus on agit... Aujourd'hui on est 27.
05:35 Plus on agit de pays avec la règle de l'unanimité au niveau du conseil
05:39 pour prendre des décisions, plus vous voyez bien que c'est compliqué.
05:42 Et donc je pense qu'on a une double exigence de renforcer la démocratie européenne,
05:46 peut-être en sortant de la règle de l'unanimité
05:49 pour pouvoir avancer sur des règles et des règles bénéfiques qui soient ambitieuses,
05:54 et aussi de ne pas tourner le dos aux pays qui veulent rejoindre
05:58 cette grande aventure européenne. Donc il faut concilier les deux.
06:01 - Alors on parlait des États qui pourraient venir rejoindre l'Europe.
06:04 Parlons d'un autre État, en tout cas qui a été reconnu par la Norvège, l'Espagne et l'Irlande cette semaine,
06:08 qui en voit d'être reconnu, c'est l'État de la Palestine.
06:11 Les Verts ont quel avis sur la Palestine par rapport justement à ce qui se passe
06:16 actuellement entre Israël et la bande de Gaza ?
06:18 - Sur la question précise que vous me posez, les Verts ont historiquement une position qui est la même.
06:24 C'est la reconnaissance d'un État palestinien et le droit pour cet État, la Palestine, et pour Israël,
06:31 à l'autodétermination et à la sécurité.
06:33 A l'autodétermination et à la sécurité.
06:36 - Donc deux États.
06:37 - Et donc deux États avec la même capacité et une autorité internationale qui garantissent pour ces deux États,
06:44 la Palestine bien sûr, mais aussi Israël, à l'autodétermination et à la sécurité.
06:49 Tous les États ont le droit à la sécurité.
06:52 C'est ça notre position historique et je pense qu'il faut s'appuyer sur ce socle
06:56 pour sortir de la situation qui aujourd'hui est atroce et ce que vit le peuple palestinien.
07:01 - Justement j'aimerais vous faire réagir là-dessus.
07:03 Les troupes israéliennes qui ont pénétré dans la ville de Rafah, ça remonte au 7 mai dernier.
07:07 Depuis de nombreuses ONG comme Amnesty International s'inquiètent du sort des 1 500 000 personnes
07:12 présentes sur place dans le sud de la bande de Gaza.
07:15 Ça représente plusieurs villes comme Lyon, Toulouse et Nantes réunies, c'est immense.
07:19 Actuellement la Cour internationale de justice, David Cormand, ordonne à Israël
07:22 de stopper immédiatement son offensive à Rafah et exige du Hamas la libération immédiate et inconditionnelle des otages.
07:29 Est-ce que la communauté internationale est d'accord avec ça ?
07:32 Mais a-t-elle encore une latéralité pour intervenir ?
07:35 - Elle devrait l'être et là, de ce point de vue, je trouve qu'un certain nombre d'États européens
07:39 et l'Union européenne elle-même d'ailleurs, a manqué de discernement en ne réclamant pas,
07:44 de façon plus claire, un cessez-le-feu.
07:46 Bien sûr, Israël avait le droit de se défendre mais aujourd'hui je crois plus qu'on puisse parler de défense.
07:52 On parle de frappe sur des civils innocents par un véritable massacre.
07:57 La Cour de justice internationale soupçonne même le risque d'un génocide.
08:01 C'est la Cour de justice internationale qui utilise ce terme.
08:04 Moi je me contente de le reprendre, même si en soi il ne me choque pas.
08:07 Mais là, ce n'est pas un avis politique si vous voulez.
08:10 C'est la Cour de justice internationale qui utilise ce terme et donc il faut que ça cesse.
08:14 Et il faut pour cela que la communauté internationale, l'Union européenne, les États-Unis
08:18 se mettent au diapason du droit international.
08:20 Et se mettre au diapason du droit international,
08:22 c'est d'envoyer des signaux extrêmement clairs à M. Netanyahou et à l'État israélien
08:26 pour qu'ils cessent le massacre maintenant.
08:28 - Et c'est pour ça que vous êtes donc candidat pour... - Entre autres, oui.
08:32 - Pour les européennes. Merci David Cormand, député européen, les Verts, Alliance libre européenne.
08:36 Vous êtes numéro 2 sur la liste écologiste de Marie Toussaint aux européennes.
08:40 Je rappelle le titre de votre dernier livre.
08:42 Temps de cerveau libéré, on finit avec la publicité.
08:44 Eh bien nous ce n'est pas de la pub qu'on va avoir tout de suite, ça va être de la musique,
08:47 Le week-end se poursuit avec Slimane, mon amour !