• il y a 6 mois
À Strasbourg, un record de pluie vieux de 1922 a été battu. Record des années 80 également battu à Lyon, à Limoges ou Charleville Mézières, où on compte seulement 4 heures de soleil par jour en moyenne. Est-ce un symptôme de plus du dérèglement climatique ? Faut-il s'attendre à des printemps de plus en plus agités ? Pour en parler, François Gemenne, membre du GIEC, professeur à HEC et président du Conseil scientifique de la fondation pour la Nature et l'Homme.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 28 mai 2024

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Transcription
00:00RTL bonsoir, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
00:04Allez RTL bonsoir, on accueille maintenant notre invité comme promis face à l'événement.
00:08Alors l'événement, c'est cette météo, comment dire, un poil grise, un printemps
00:13très très pluvieux, si vous avez le moral dans les chaussettes, rassurez-vous, ça s'explique.
00:18Je vais vous donner quelques chiffres pour vous donner un ordre d'idée sur ce mois de
00:20mai qui s'achève.
00:21A Strasbourg, record de pluie vieux de 1922 battu, record des années 80 battu à Lyon.
00:28On a compté plus de 115 000 éclairs en France.
00:31A Limoges ou Charleville-Mézières, on compte seulement 4 heures de soleil par jour en moyenne.
00:36Alors est-ce un symptôme de plus du dérèglement climatique ? Faut-il s'attendre à des printemps
00:40de plus en plus agités ? Eh bien on va en discuter avec un expert maintenant, un des
00:45auteurs du fameux rapport du GIEC sur le climat.
00:47Bonsoir François Gemmene.
00:48Bonsoir, bonsoir à tous.
00:49Il y a quelques jours, la Moselle était encore en alerte rouge.
00:52Deux mois de pluie sont tombés en seulement cinq jours dans la région.
00:57Est-ce que de tels événements, on peut les relier au climat qui se dérègle ?
01:01C'est une possibilité, évidemment, c'est difficile de le dire par rapport à un événement
01:04qui se produit en ce moment, mais il est certain qu'une atmosphère plus chaude, c'est aussi
01:08une atmosphère qui va contenir plus d'humidité.
01:10Donc pour chaque degré de température qu'on gagne, on a 7% d'humidité en plus dans l'atmosphère.
01:16Et donc comme la température s'est réchauffée d'environ 2 degrés en France, ça veut dire
01:21qu'on a des précipitations supérieures d'environ 15%.
01:25Alors, bien sûr, ici, on discute de la météo.
01:27Attention de ne pas extrapoler et en faire quelque chose de climatique.
01:31Considérons par exemple au Pakistan, en ce moment, les températures atteignent 53 degrés.
01:36Et donc évidemment, la météo qu'on a à un moment donné, à un endroit donné, ne
01:40dit rien du climat ni du changement climatique.
01:44Mais par contre, il est certain qu'on va aller vers un régime de précipitation plus
01:49soutenu au fur et à mesure qu'on va gagner des degrés de température.
01:52Donc ça veut dire qu'il faut s'attendre, dans les années qui viennent, sans doute à
01:56des printemps de plus en plus pluvieux et perturbés ?
01:59C'est effectivement vraisemblable.
02:01Et il faut aussi s'attendre à une météo qui soit de plus en plus instable.
02:05C'est vraiment une des caractéristiques du changement climatique.
02:07C'est qu'on va aller vers un climat de plus en plus instable avec des événements
02:11extrêmes qui vont à la fois s'intensifier et se multiplier.
02:15Et est-ce qu'il y a des régions qui risquent d'être plus touchées que d'autres par ces
02:18hivers à rallonge ?
02:20Très clairement, la France va être un peu coupée en deux en termes de précipitation.
02:24On va avoir le nord de la France qui va enregistrer un excès de précipitation et à l'inverse,
02:29le sud va enregistrer un déficit de précipitation.
02:32Ça va poser aussi des questions pour les ressources en eau et pour les nappes phréatiques
02:35évidemment, avec la question de savoir s'il ne va pas falloir envisager des transferts
02:40du nord vers le sud.
02:41Là, on parle de la France.
02:42Est-ce que c'est la météo européenne qui va se modifier aussi ?
02:44Parce que là, il fait froid ici en France, en tout cas un peu plus froid que d'habitude.
02:48Mais il fait 25-26 degrés en Suède ou en Norvège par exemple aujourd'hui ?
02:51Bien sûr, il fait 35 en Espagne.
02:53Donc on va avoir effectivement des manifestations qui vont être très très différenciées
02:59selon les endroits.
03:00C'est pour ça qu'on va parfois en parler de changement climatique au pluriel parce
03:05que précisément les manifestations vont être très très différentes selon les moments
03:09et selon les endroits.
03:10Ce qui effectivement peut induire une certaine forme de confusion.
03:14Je comprends les auditeurs qui se disent aujourd'hui « attendez, on nous dit que
03:17la température se réchauffe et pourtant je vois qu'il fait froid, qu'il n'arrête
03:21pas de pleuvoir, que le printemps n'arrive pas.
03:23Qu'est-ce qui se passe ? »
03:24Est-ce qu'on peut essayer de voir le verre à moitié plein s'il vous plaît ?
03:26Vous avez parlé de nos nappes, est-ce que là, à l'instant T, en France, nos nappes
03:30phréatiques sont cette fois-ci, contrairement aux autres années, suffisamment rechargées ?
03:33Oui.
03:34Alors la situation est satisfaisante pour le moment en ce qui concerne les nappes phréatiques
03:38et donc c'est vrai que plus on avance dans ce printemps pluvieux, plus le risque de
03:43sécheresse pour l'été s'éloigne, mais néanmoins, Météo France annonce qu'il
03:47est très possible qu'on ait cet été un été particulièrement chaud et donc ce n'est
03:51pas parce qu'il pleut beaucoup en ce moment que le risque de sécheresse est complètement
03:55éloigné pour cet été.
03:57Ça veut dire que si on a un été caniculaire par exemple, comment vont réagir les nappes ?
04:01Toute la pluie qui est tombée ces dernières semaines, ces derniers mois, ce ne sera pas
04:05suffisant pour tenir face à des semaines de soleil ?
04:08Pas forcément, d'autant plus qu'on sait que c'est surtout en hiver que les nappes
04:11phréatiques vont se remplir lorsque les sols vont absorber davantage d'eau et donc
04:16c'est plus intéressant d'avoir des précipitations abondantes en automne et en hiver qu'au printemps.
04:20Puisqu'on parle des effets du dérèglement climatique, François Gemmene, je voudrais
04:23aussi revenir avec vous sur un événement qui a fait beaucoup réagir dans l'actualité
04:27ces derniers jours, des turbulences monstres sur un vol Londres-Singapour, une trentaine
04:34de blessés, une personne décédée.
04:36Est-ce que les pilotes doivent s'attendre à davantage de turbulences ? Est-ce que c'est
04:39là aussi un effet du dérèglement ?
04:40Oui, alors c'est un petit effet effectivement du changement climatique qui est que les
04:45différences de température entre les différentes masses d'air vont être plus marquées et
04:49ce sont ces différences de température qui évidemment vont créer les turbulences, vont
04:54créer les courants atmosphériques qui vont générer des turbulences et donc effectivement
04:58on peut s'attendre à ce qu'il y ait davantage de turbulences aériennes alors c'est pas
05:05grave ni véritablement dangereux même si malheureusement il y a eu des passagers blessés
05:08et un qui est décédé d'un infarctus dans ce vol, c'est pas dangereux pour la circulation
05:14aérienne par contre il est certain que c'est moins confortable indéniablement.
05:17Quand on parle de climat, il y a rarement de bonnes nouvelles.
05:20On en a trouvé une ces dernières heures, l'an dernier les émissions de gaz à effet
05:24de serre de notre pays ont diminué de 5,8%, est-ce que selon vous c'est le début d'une
05:29prise de conscience ?
05:30C'est, je dirais, plus que le début d'une prise de conscience, c'est une vraie bonne
05:34nouvelle, ça veut dire qu'il est possible de baisser nos émissions de gaz à effet
05:40de serre et que la hausse n'est pas inexorable parce que non seulement nous avons baissé
05:48nos émissions et c'est le fait de plusieurs facteurs, il y a à la fois des facteurs conjoncturels,
05:52l'inflation des prix de l'énergie, l'hiver particulièrement doux, mais aussi l'effet
05:56de certaines politiques publiques qui ont été engagées, l'effet de certains processus
05:59industriels qui ont été décarbonés, l'effet de changements dans nos comportements individuels
06:04et la bonne nouvelle c'est que la plupart des pays industrialisés ont entamé la même
06:09baisse que la nôtre, la Grande-Bretagne annonce des chiffres comparables, moins 5,7%, l'Allemagne
06:15moins 10,1% et même les Etats-Unis ont commencé à baisser puisque les Etats-Unis annoncent
06:20moins 2%.
06:21Et on note le rôle quand même des entreprises dans cette baisse des émissions, moins 9%
06:24dans l'industrie en France.
06:25Tout à fait et vraiment il faut saluer le travail de tous les gens, les ingénieurs,
06:30ceux qui conçoivent les processus industriels et je veux souligner notamment les efforts
06:34qui ont été faits dans les entreprises de l'acier, du ciment et de la chimie où là
06:38on a vraiment une baisse très substantielle des émissions et ça c'est vraiment l'effet
06:42de l'engagement des entreprises et donc maintenant il faut continuer, accélérer, mais peut-être
06:47pour la première fois en termes de réduction des émissions, nous allons dans la bonne
06:51direction et ça c'est quand même une bonne nouvelle.
06:53Reste quand même le mauvais élève, c'est le transport avec une baisse de 3% seulement
06:57des émissions alors que c'est le premier secteur justement d'émissions, tous les
07:00débats qu'on a sur l'avion, sur la voiture, là c'est pas terminé.
07:03C'est pas terminé et il est certain que si on veut voir le verre à moitié plein,
07:07on va se dire que ce secteur a quand même lui aussi commencé à baisser ses émissions
07:11alors que ces dernières années il était en hausse continue, par contre c'est le secteur
07:15qui baisse le moins avec moins 3,6% des émissions alors qu'il faut rappeler que c'est le
07:19principal secteur d'émissions en France, ça représente quasiment un tiers des émissions
07:24du pays, ça veut dire qu'il faut aller beaucoup plus loin, notamment sur la question
07:28du déploiement des véhicules électriques, on voit bien qu'il y a pour le moment un
07:31tassement des ventes, qu'il y a des hésitations, des intermoiements de la part du gouvernement,
07:36énormément de désinformations aussi sur les réseaux sociaux, notamment concernant
07:40les métaux rares et leur disponibilité, il faut se dire aussi, et je crois que c'est
07:44important de le dire, que la voiture électrique c'est un élément essentiel de la décarbonation
07:49du secteur des transports.
07:50Merci beaucoup François Gémin, spécialiste du climat, membre du GIEC, merci d'avoir
07:54été ce soir dans RTL Bonsoir, notre invité face à l'événement en cette fin de mois
07:58de mai, qui ressemble à s'y méprendre, une fin de mois de mai chez vous en Belgique.
08:01On peut le dire ! En Belgique c'est tout le temps comme ça ! On apprend nous aussi
08:07la météo belge en ce moment, merci beaucoup ! Toujours un plaisir ! RTL Bonsoir, l'émission
08:11continue, dans un instant, RTL Inside ! On déplie la carte de France des fumeurs et
08:16on vous emmène en Occitanie où presque un adulte sur trois est fumeur ! Et puis la visoconférence
08:21est maintenant imminente, le programme du soir Alex ? On va parler d'un astronaute
08:26belge ! Il n'y en a pas ! Et aussi d'Emmanuel Macron ! Je bluffe ! Non je vous jure c'est vrai !
08:31C'est vrai ? Ah ouais ? Dites donc, il va aller où ? Il va succéder à votre astrologue
08:35française ! Oh dites donc ! Et à tout de suite !

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