ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Marine Jacquemin, pour la sortie de son livre "Mes guerres".
Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Marine Jacquemin, pour la sortie de son livre "Mes guerres".
Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - Vous écoutez Culture Média sur Europe 1, de 2h30 à 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:05 - Oui je reçois ce matin Marine Jacquemin, grand reporter ATF1 qui a été pendant plus de 30 ans au plus proche des conflits au Liban, en Afghanistan,
00:13 Tchétchénie ou encore Rwanda. Et maintenant que vous avez renoncé au risque du terrain, vous racontez dans un livre absolument passionnant qui s'appelle "Mes guerres".
00:21 Un livre que vous dites avoir eu du mal à écrire Marine Jacquemin parce qu'il a fallu fouiller dans des souvenirs, des souvenirs qui sont souvent douloureux,
00:28 des choses que vous aviez envie d'oublier, même si j'imagine que c'était impossible à oublier.
00:32 - Oui bien sûr c'est impossible mais moi je suis très joyeuse et du reste votre émission commence bien pour parler des guerres.
00:40 Donc non, oui j'ai fait remonter... En fait c'est une prof de français qui voulait que je vienne voir ses élèves et qui m'a demandé de repartir,
00:49 elle avait exhumé pendant le Covid 2000 de mes reportages, je ne pouvais pas refuser. Donc Mélanie Freinet.
00:55 Et donc j'ai commencé oui à me retourner sur mon passé et j'avais du mal, j'avais des vertiges même c'était bon.
01:02 Et je voulais pas l'écrire et puis finalement elle m'a persuadé de le faire et je ne regrette pas, je me suis retournée.
01:09 Parce qu'il y avait en fait, quand on fait ce métier, il y a deux personnes quoi, il y a Marine et puis il y a Marine Jacquemin.
01:15 Et moi j'étais plus Marine que Marine Jacquemin. Donc à un moment donné j'ai regardé tous ces reportages qu'elle me montrait,
01:22 les 2000 bien sûr, et je me suis dit "ah oui, c'est pas mal quand même".
01:25 - C'est étonnant d'ailleurs quand on voit votre personnalité souriante, que vous soyez allée vers ça, vers les guerres.
01:31 Comment vous l'expliquez ça ?
01:33 - Je sais pas, je pense qu'au départ, comme j'ai eu l'endométrio, je ne pouvais pas avoir d'enfant,
01:38 donc évidemment je suis allée voir les femmes qui souffraient beaucoup plus que moi pour me soigner en fait,
01:42 c'était assez égoïste comme démarche. Et puis j'ai rencontré les mondes incroyables et je m'y suis beaucoup attachée.
01:50 Et puis dans ces mondes-là, il y a beaucoup de drôleries, parce que par exemple il y a un film actuellement qui tourne sur un petit truc en plus,
01:58 et bien il y a le même à Kaboul.
02:00 Il y a un de mes amis, on est arrivés ensemble à l'Afghanistan, qui a créé une structure comme ça pour handicapés,
02:07 et ce sont que des handicapés qui travaillent sur cette structure.
02:11 Donc voilà, je raconte un peu tout ça dans mon livre.
02:14 - Il n'y a pas que de la souffrance.
02:15 - Il n'y a pas que de la souffrance, et ce qu'on me dit, les retours déjà qui viennent, ça se lit comme un roman.
02:20 Et bien oui, c'est ça que j'ai voulu, sauf que c'est un roman vrai et très documenté.
02:24 C'est-à-dire que tout ce que je dis est vrai, et j'ai les documents, les enregistrements, etc.
02:29 - Et les images souvent.
02:30 - Et les images.
02:31 - Et un roman qui s'ouvre avec un premier choc, celui qui ouvre ce livre, c'est au Sud-Liban en 1985,
02:36 votre premier reportage en zone de conflit, Marine Jacquemin, un char vous tire dessus,
02:41 votre caméraman et votre premier preneur de son sont touchés mortellement,
02:46 vous vous en sortez physiquement, mais j'imagine que psychologiquement c'est terrible.
02:50 Comment on arrive à dépasser ça et à repartir ensuite sur le terrain ?
02:54 - C'est une histoire un peu cocasse, parce que moi j'étais venue pour rejoindre l'homme de ma vie,
02:58 mon amoureux, qui travaillait au Liban à ce moment-là,
03:01 et j'ai un copain de France Inter qui me dit, un homme énargue,
03:05 et qui me dit "écoute, tu vas descendre avec moi",
03:06 parce que j'avais interdiction de la part de mon Jules de sortir de la chambre d'hôtel.
03:10 Et alors je suis partie avec Alain, et c'était le retrait des forces israéliennes du Sud-Liban,
03:17 et bon, il y avait eu un attentat la veille, et donc il y avait évidemment une réplique,
03:22 et on est arrivé sur une route comme ça, et au bout de la route il y avait un char.
03:28 Et pourtant on avait le drapeau blanc, c'était marqué "Presse",
03:31 mais bon, il a tiré, ça c'est la guerre des deux côtés, c'est comme ça que ça se passe,
03:36 et c'est vrai qu'à 4h de Paris, brusquement, d'être confrontée à ça,
03:40 parce que c'était pas mon équipe, c'était une équipe de CBS qui m'avait demandé de les aider à faire
03:45 des interviews sur le terrain.
03:47 Et brusquement, même quand je vous en parle, je suis encore complètement bouleversée par ça,
03:55 et la fille du caméraman m'a appelée suite à la sortie de mon livre.
03:59 - Ah oui ? - Et ça c'est une belle rencontre que je vais faire au Liban.
04:02 Et le soir, parce que ça se passe comme ça dans les guerres, le soir il y avait une fête.
04:07 Il y avait une fête où les gens dansaient avec des kalachnikovs,
04:11 en habit de... et dans un appartement absolument magnifique, haussmanien, magnifique,
04:17 avec cette particularité, c'est qu'il n'y avait plus de façade.
04:20 Et on était là dans les ruines, dans un appartement magnifique,
04:25 ils dormaient à l'extérieur, sur le palier,
04:29 et il y a une jeune femme ravissante qui vient vers moi et qui me dit
04:33 "écoute si tu fais cette gueule là pour deux morts pendant toute la soirée, ça va pas le faire quoi."
04:39 Je la regarde, elle dit "écoute ici, en sombre, on est dans la guerre,
04:43 depuis 12 ans, 10 ans, je ne sais plus combien d'années,
04:46 et elle dit "ici, on sombre en souriant, en dansant, en vivant."
04:50 Et c'est ça, c'est ma première leçon de guerre,
04:53 c'est-à-dire en fait j'en ai eu deux dans le même jour quoi.
04:56 À 4 heures de chez nous, il se passe des choses comme ça.
04:59 Et cette femme, et ces jeunes qui veulent continuer à vivre,
05:04 elle-même avait perdu son fiancé qui avait été décapité.
05:09 Donc vous voyez, le monde de la guerre c'est ça,
05:13 c'est le plus, le moins, le pire, le meilleur,
05:16 et c'est ça qui m'a aimantée depuis lors.
05:21 - Et alors en plus de 30 ans, vous avez vu toute l'évolution de ce métier,
05:24 d'abord l'évolution technique, bien sûr,
05:26 parce que tout est devenu forcément beaucoup plus léger,
05:29 aussi l'évolution de la place de l'international dans les journaux,
05:32 quel regard vous avez là-dessus ?
05:34 Est-ce que vous avez l'impression qu'il faut davantage se battre aujourd'hui
05:36 pour imposer des sujets internationaux dans l'IJT ?
05:39 - Oui et non, parce que les reportages tels que je les faisais,
05:43 c'est de prendre le petit boulet à l'orniette
05:45 pour aller faire le zoo de Kaboul ou des choses comme ça,
05:48 pour changer un peu dans la guerre,
05:50 on ne le fait plus parce que ce sont des plateaux permanents,
05:53 avec les chaînes info, tout a changé.
05:57 Malheureusement, c'est la guerre qui bégaye,
06:01 et on est obligé régulièrement de revenir.
06:04 Le conflit ukrainien, c'est la Tchétchénie,
06:06 le conflit israélo-palestinien, ça fait 76 ans.
06:10 Et moi, là-dedans, si vous voulez,
06:13 j'ai toujours essayé d'être très équilibrée,
06:16 c'est-à-dire qu'il ne faut pas confondre les leaders,
06:19 il ne faut pas confondre le Hamas ou Netanyahou
06:21 avec les populations, la population israélienne
06:24 comme la population palestinienne, qui nous ressemblent.
06:27 Ce sont des populations qui nous ressemblent.
06:29 Et nous, il faut se dire aussi que nous ne sommes pas à l'abri.
06:33 On est dans un monde au pied d'argile.
06:35 Donc, je ne veux pas plomber votre émission,
06:41 mais c'est vrai, soyons prudents.
06:44 On a par exemple la possibilité de se réunir,
06:47 de faire une belle Europe, faisons-la !
06:50 Ça suffit de laisser le monde nous diriger par les extrêmes.
06:55 Moi, ce que j'ai vu, c'est que les extrêmes,
06:57 qu'ils soient d'un côté comme de l'autre, sur le terrain,
06:59 ne sont pas de bons conseillers.
07:02 On ne peut pas répondre à des questions difficiles
07:04 par une réponse simple.
07:06 Donc, voilà, c'est tout ça que j'essaie de faire passer dans mon livre.
07:10 Dans ce livre, "Mégère", les confidences de Marine Jacquemin
07:13 et tous vos souvenirs, les confidences d'un grand reporter.
07:16 Restez encore un petit peu avec nous, Marine Jacquemin,
07:19 pour suivre l'actualité des médias dans un instant.
07:21 - Oui, le journal des médias de Julien Pichenay arrive dans un instant sur...