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Sources
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Quelle règle contraignante du code des marchés publics cite Jancovici ?
Au-delà d'un certain montant (20/30k), vous êtes obligé de faire une mise en concurrence formelle.
Quelle conséquence a cette règle sur les fournisseurs de la puissance publique ?
Ces fournisseurs deviennent en général un oligopole.
Quelle est la définition de la politique selon Jancovici ?
Toute intervention dans le débat public est de la politique.
#jancovici #écologie #shiftproject #carbon4 #bilancarbone #ademe #public #privé #association #solution #collectivité #militant #génèse #janco #JMJ #inpower #interview #extrait #ethiqueettac
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Quelle règle contraignante du code des marchés publics cite Jancovici ?
Au-delà d'un certain montant (20/30k), vous êtes obligé de faire une mise en concurrence formelle.
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Ces fournisseurs deviennent en général un oligopole.
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Catégorie
📚
ÉducationTranscription
00:00Ce qui m'interpelle dans votre parcours, c'est que vous êtes principalement concentré sur le privé,
00:15alors que je me dis, après peut-être parce que moi j'ai une formation plus publique,
00:18mais les entreprises dans l'absolu, surtout à cette époque,
00:22elles n'ont pas intérêt à commencer à se soucier de leurs violents carbone.
00:27Donc pour qu'elles puissent agir, il faut qu'elles y soient contraintes.
00:31Et qui est-ce qui peut contraindre ? C'est l'État, c'est le gouvernement.
00:34Est-ce qu'à un moment, vous vous êtes posé la question de vous dire,
00:38en fait, peut-être que pour agir, il faut passer par des politiques publiques ?
00:43À cette époque-là, pas du tout.
00:45À cette époque-là, je suis vieux pour vous, mais pour moi, jeune ingénieur.
00:50Je me dis, là, il y a quelque chose qui excite ma curiosité intellectuelle.
00:54Et si j'arrive à trouver en face de moi des gens qui partagent cette excitation,
00:58ça me va bien, je n'ai pas besoin de plus à ce stade.
01:01Il y avait, au moment où on a expérimenté les premières versions du bilan carbone,
01:05en fait, l'ADEME subventionnait la mise en œuvre.
01:08Donc j'ai trouvé en face de moi un certain nombre d'entreprises qui partageaient cette curiosité.
01:11Donc à l'époque, elles ne se posaient pas la question vraiment...
01:14Enfin, l'entreprise. De toute façon, l'entreprise n'est pas monolithique, c'est toujours des individus.
01:17Donc j'ai trouvé des individus dans des entreprises
01:20suffisamment curieux et disposant de quelques milliers d'euros,
01:23parce qu'à l'époque, c'était ça qu'il fallait qu'elles déboursent
01:25pour avoir droit à leur première investigation.
01:28Et qui ont dit, tiens, c'est rigolo ce truc-là, on va voir ce que ça donne chez nous.
01:32Voilà, donc c'est comme ça que ça a démarré.
01:34Et puis après, je me suis mis à mon compte comme consultant indépendant.
01:37Vous savez, comme consultant indépendant, vous avez besoin de quelques clients dans l'année pour vivre.
01:40Vous n'avez pas besoin d'en avoir 250.
01:42Et puis, avec la montée en puissance du sujet,
01:45le rintinfoin qui a commencé à être fait autour, etc.
01:49En fait, il y a eu une époque où il a commencé à y avoir suffisamment d'expressions d'intérêt
01:54pour que se pose la question de changer d'échelle.
01:57Et c'est à ce moment-là qu'a été créé Carbon4.
01:59D'accord, mais qui reste de l'ordre du privé.
02:02Alors, qui reste de l'ordre du privé pour une raison qui ne va pas vous faire plaisir,
02:06si vous aimez bien la chose publique,
02:07mais qui malheureusement est une réalité qui s'appelle le code des marchés publics.
02:10Pour les gens qui nous écoutent et qui ne sont pas familiers,
02:12le code des marchés publics dit que quand il y a une commande qui excède un certain montant,
02:16qui est en pratique de 25 ou 30 000 euros,
02:18ce qui n'est pas grand-chose dans le domaine des prestations intellectuelles,
02:21et évidemment pas grand-chose dans le domaine des objets matériels,
02:24vous êtes obligé de faire une mise en concurrence formelle.
02:26Alors la mise en concurrence formelle se déroule suivant un protocole bien précis.
02:32Le client, le futur client plus exactement,
02:34donc l'entité publique qui veut faire faire quelque chose,
02:39rédige ce qu'on appelle des termes de référence.
02:40Donc elle dit voilà de quoi j'ai besoin.
02:42Elle met ça dans l'espace public et elle dit faites-moi des offres.
02:45Alors ça, quand vous avez besoin d'acheter des tables ou des chaises,
02:48parce que vous avez déjà acheté 50 fois,
02:49vous savez parfaitement ce que c'est qu'une table,
02:51parfaitement ce que c'est qu'une chaise,
02:52vous avez acheté tous les modèles possibles,
02:54vous savez que cette fois-là vous aurez besoin d'un truc avec trois pieds et pas quatre pieds,
02:57qui puisse se déménager dans un escalier qui fait 80 centimètres de là, etc.
03:01Ça marche très bien parce que vous connaissez extrêmement bien votre besoin.
03:04Mais quand vous ne connaissez pas votre besoin parce que vous êtes dans un domaine tout à fait émergent,
03:08passer par la commande publique pour acheter des prestations intellectuelles
03:12en matière de comptabilité carbone,
03:14c'est à peu près aussi pertinent que si vous sélectionnez votre médecin par appel d'offre.
03:18Vous dites voilà, je ne me sens pas bien, faites-moi des offres,
03:20messieurs les médecins, mesdames les médecins.
03:23Ça n'a aucun sens.
03:24Donc la commande publique, c'est une machine à perdre du temps,
03:29où vous vous retrouvez à acheter un truc qui ne vous sert à rien,
03:31ou qui n'est pas ce qui vous sert vraiment, etc.
03:33Dès lors qu'il s'agit d'un sujet émergent, rapidement mouvant,
03:37où vous-même, vous ne connaissez pas bien ce qui va aller de travers.
03:41Vous ne le savez pas.
03:42Là, vous avez vraiment besoin d'un système dans lequel vous itérez
03:45avec la personne qui va pouvoir faire,
03:47et comme vous n'allez pas pouvoir itérer en parallèle avec 10 personnes,
03:50vous êtes obligé de commencer par choisir quelqu'un qui a une bonne tête,
03:53et d'itérer avec cette personne-là.
03:54Et c'est exactement comme ça que ça se passe dans le domaine privé.
03:57Dans le domaine privé, la mise en concurrence existe tout à fait.
04:00Donc nos clients, ils ne bossent pas avec nous
04:03sans avoir été regarder ailleurs ce qu'ils pourraient avoir.
04:05Et une fois qu'ils ont été regarder ailleurs,
04:07et qu'ils ont vu ce que les gens ont déjà fait,
04:09les références, la tête qu'ils ont, la façon qu'ils ont de raisonner, etc.
04:12S'ils comprennent vite ou pas vite, voilà.
04:15Eh bien, à ce moment, ils disent à un ou deux ou trois,
04:19faites-moi une proposition, d'accord ?
04:21Donc, ils ne vont pas s'amuser à comparer 30 propositions,
04:23ils vont en comparer trois ou deux, quelquefois une seule.
04:26Est-ce que les gens du privé sont moins près de leurs sous que les gens du public ?
04:29Rien du tout.
04:30Je peux vous dire qu'on a des secteurs de clientèle,
04:33il n'y a pas plus de grippe sous que les gens avec lesquels on bosse.
04:37Donc, s'ils font comme ça,
04:38ce n'est pas parce qu'ils se fichent de la manière dont ils dépensent leur argent,
04:40c'est bien parce que c'est le plus efficace
04:42en ce qui concerne le genre de choses qu'on vend.
04:44Et la puissance publique ne peut pas le faire.
04:46Donc, on ne travaille pas avec la puissance publique
04:48parce qu'en fait, quand vous constatez que les fournisseurs de la puissance publique,
04:53très souvent, ça devient des oligopoles.
04:54Regardez dans le BTP, par exemple.
04:56Le BTP, vous avez un oligopole, c'est-à-dire quelques gros groupes privés
04:59qui trustent une énorme partie des commandes
05:01parce que vous avez un effet de rente monstrueux
05:03lié au fait que vous allez gagner une affaire sur six.
05:05Donc, vous avez des coûts commerciaux absolument monstrueux.
05:07Et encore, rénover une route,
05:09alors bon, les gens qui sont dans la rénovation des routes vont tomber dessus en disant
05:12« Oui, enfin, chaque route est différente, ça monte, ça descend, c'est pas les mêmes enrobés. »
05:14OK.
05:15Mais enfin, une route, ça ressemble quand même beaucoup à une autre route.
05:18Nous, quand on passe d'un bilan carbone pour quelqu'un qui fabrique des parachutes
05:23à une analyse par scénario pour quelqu'un qui fabrique des bouteilles de vin,
05:27on n'est pas exactement dans des choses qui se ressemblent.
05:30Et donc, en ce qui concerne la puissance publique,
05:33le fait de passer par ce système des marchés formalisés,
05:36c'est un énorme frein à la possibilité de faire travailler des gens comme nous.
05:41Voilà, donc on le fait très peu.
05:42Et ça, ça reste dans le cas de figure où vous cherchez à vendre en effet une solution.
05:48Moi, je me demandais même, est-ce qu'à un moment de revalorisation...
05:51On ne vend pas une solution, on vend une compréhension du problème.
05:54Oui, un accompagnement...
05:56Ce qu'on vend, c'est qu'on va vous confronter au problème,
05:58on va vous faire comprendre ce que ça veut dire pour vous d'être confronté au problème.
06:02Et derrière, on va commencer, si ça vous intéresse, à réfléchir ensemble
06:05sur la façon dont vous pouvez vous prémunir mieux contre le problème.
06:08Alors, se prémunir mieux contre le problème,
06:10ça veut dire chercher à fonctionner avec moins d'émissions de gaz à effet de serre,
06:14parce qu'on peut espérer, personnellement, j'espère par ailleurs,
06:16que la puissance publique va être active sur le fait de faire baisser les émissions.
06:21Et donc, les entreprises qui s'organisent de telle sorte
06:24qu'elles puissent fonctionner avec moins d'émissions,
06:26ou en permettant à leurs clients de fonctionner avec moins d'émissions,
06:29ce qu'on appelle les émissions évitées, à ce moment, elles seront mieux placées.
06:32Donc, on aide les entreprises, quand elles le veulent bien,
06:35à réfléchir à ce que ça peut vouloir dire pour elles.
06:38C'est ça, on ne leur vend pas vraiment de solution.
06:41Oui, mais ce que je veux dire, c'est qu'en fait,
06:43vous avez choisi de vous adresser aux entreprises plutôt qu'à l'État.
06:47Moi, je me demandais, est-ce que vous vous êtes posé la question,
06:50à un moment, juste de faire partie, finalement, de la puissance publique,
06:53au-delà de proposer cet accompagnement ?
06:56Alors, je m'en suis rapproché quand on a créé le Chiffre Project.
07:00Et en fait, le Chiffre Project a précisément été créé
07:02parce que ce n'est pas possible, à Carbon 4,
07:04de travailler avec les collectivités et avec la puissance publique.
07:07Donc, en gros, si on veut l'approcher,
07:08il faut l'approcher avec un autre objet.
07:11Et cet objet, ça a été la création du Chiffre Project,
07:13qui est une association qui, elle, milite
07:15et qui dissocie le financement et la prestation.
07:19C'est-à-dire qu'en fait, les sujets sur lesquels on réfléchit
07:21n'ont pas besoin de trouver une source de financement individualisée
07:24qui s'appelle un client, qui vous autorise à réfléchir sur le sujet.
07:27Alors, c'est qu'à moitié vrai, dans la mesure où une partie des projets
07:30au Chiffre Project sont financés par des entités bien précises
07:34qui se disent, tiens, c'est quand même intéressant que ce travail existe.
07:37Mais par contre, le travail est public.
07:38Donc, à Carbon 4, vous avez la confidentialité des données.
07:41En gros, si je travaille pour une entreprise,
07:45l'entreprise est propriétaire du résultat
07:46et on n'a pas du tout le droit de diffuser le résultat sur la place publique.
07:50Chiffre Project, c'est le Chiffre Project qui diffuse sur la place publique
07:53tout ce qu'il fait, parce qu'on est une association d'intérêt général.
07:55Et donc, quelqu'un qui va nous financer un travail,
07:57il sait d'entrée de jeu qu'il va nous financer une production qui sera publique.
08:00Donc, c'est un peu différent.
08:01Oui, oui, oui, totalement.
08:02Donc, au Chiffre Project, on a dissocié les deux.
08:05C'est-à-dire que là, encore une fois, le financement et la production
08:08ne sont pas directement subordonnés l'un à l'autre.
08:10Et c'est une manière de toucher la puissance publique,
08:12puisque là, on va aller parler directement à l'État, aux collectivités,
08:16avec des choses qu'on a pensées avec eux éventuellement.
08:20Par exemple, au Chiffre Project, on a un projet qu'on a initié il y a deux ans
08:22qui s'appelle Résilience des territoires
08:24et qui concerne la façon dont les collectivités doivent commencer à appréhender
08:28la question énergie-climat.
08:29En gros, il va y avoir moins d'énergie, moins de recettes économiques,
08:32moins de moyens et plus de bordel.
08:34Et comment est-ce qu'on gère tout ça ?
08:35Bon, d'accord. Donc, on a commencé à rentrer dans ce problème.
08:38Mais ça n'a pas été financé par la puissance publique, ce truc-là.
08:42Ça a été financé par d'autres entités,
08:43enfin, par les ressources propres du Chiffre et par d'autres entités.
08:46Donc, la question de l'impact sur la politique publique a été traitée,
08:51ce qui est une façon de faire de la politique pour moi,
08:53parce que pour moi, j'ai une conception assez large de la politique qui est
08:55on fait de la politique dès lors qu'on intervient dans le débat public.
08:58Donc, de fait, je fais de la politique exactement comme M. Laurent Berger fait de la politique,
09:02exactement comme le président de l'Institut Montaigne fait de la politique, etc.
09:05Je veux dire, tout ça, c'est en pratique de la politique.
09:09On alimente le débat public et les partis politiques étant des éponges,
09:13avec peu de force de conception interne
09:16et beaucoup de capacité d'absorption de ce qui se passe à l'extérieur,
09:19en fait, ce qu'on fait au Chiffre Project
09:22alimente par la force des choses le débat public.
09:24Je n'ai jamais eu de vocation à occuper un mandat d'élu.
09:27Voilà, donc de temps en temps, un journal en mal de buzz
09:30m'invente une ambition politique au sens électoral.
09:33Non, ça n'existe pas.
09:35Il n'y a pas très longtemps, il y a la Tribune
09:37qui a inventé le fait que les shifters allaient devenir un parti politique.
09:41Non, enfin voilà, s'ils ont envie de le raconter, qu'ils le racontent.
09:44Ça n'a absolument aucun fondement.
09:46Donc, à titre personnel, je le dis, je le répète,
09:49je n'ai aucune ambition et j'ai d'autant moins une ambition
09:52que, là aussi, la Tribune, je ne sais pas quoi, m'a prêté le fait
09:55que je croyais à l'individu providentiel, homme ou femme.
09:58Je n'y crois absolument pas.
10:00Je pense qu'en fait, une société, ce qui fait basculer une société,
10:03c'est les circonstances ou l'opinion majoritaire
10:06et que c'est ça qu'il est important de travailler.
10:29Sous-titrage ST' 501