Avec Leslie Varenne, journaliste spécialiste de l'Afrique, auteure de "Emmanuel au Sahel. Itinéraire d'une défaite" publié aux éditions Max Milo.
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00:0013h07 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face-à-face aujourd'hui.
00:09André Bercoff reçoit Leslie Varen, auteur de ce livre « Emmanuel au Sahel itinéraire
00:14d'une défaite ». C'est aux éditions.
00:15Max Milot, bonjour Leslie Varen.
00:17Bonjour.
00:18Leslie Varen, alors Emmanuel au Sahel, c'est vraiment un livre que je recommande, c'est
00:23un livre à lire.
00:24C'est un livre qui raconte effectivement les rêveries d'un promeneur solitaire dans
00:30un continent qu'il ne connaît pas et vous dites vous-même, vous avez une phrase formidable,
00:35vous dites « le président qui ne savait pas ce qu'il ne savait pas ». Et c'est vraiment
00:41ça, quand on lit votre livre, je rappelle que vous êtes journaliste, que vous avez
00:45très longtemps, que vous êtes spécialiste de l'Afrique, vous y avez passé des années
00:49et des années, arpentant effectivement plusieurs pays et on découvre quand même ce qui s'est
00:56passé.
00:57Alors, il n'y a pas que Macron, bien avant Macron, ça avait commencé effectivement
01:00ce désamour, alors que la France, la francophonie d'un côté, les colonies de l'autre, enfin
01:09150 ans de présence plus ou moins assumées et puis ce qui se passe aujourd'hui.
01:16Alors ce qui est absolument, on apprend vraiment beaucoup de choses dans votre livre et ce
01:21qui est tout à fait sidérant, c'est la profondeur du gouffre et presque abyssal du désamour
01:28effectivement, je ne sais pas si on peut appeler ça d'un divorce, dites-moi, qu'est-ce
01:32qui s'est passé, qu'est-ce qui fait qu'on en est à ce point ?
01:34Alors, il y a plusieurs choses sur ce sujet-là.
01:40D'abord, on parle toujours de sentiment anti-français, de ressentiment anti-français, je m'inscris
01:45en faux, les Africains n'ont rien d'anti-français, ils rejettent la politique française, mais
01:51moi je suis française, je vis en Afrique, tout se passe bien, tous mes amis qui vivent
01:57en Afrique, tout se passe bien pour eux, donc il n'y a absolument aucun racisme anti-blanc,
02:02enfin toutes ces bêtises-là, ça c'est faux.
02:04Vous voulez dire qu'en Afrique, il n'y a pas ça ?
02:07Rien, non, rien du tout, franchement, les Africains d'Afrique francophone que je connais,
02:13l'Afrique c'est 55 pays, je ne connais pas tous les pays d'Afrique, mais en tout cas,
02:16ce où je me rends, il n'y a absolument pas ça.
02:20Alors, où est le problème ?
02:22Le problème, c'est des strates successives qui ont été posées, on peut revenir très
02:26longtemps en arrière, bon, la colonisation, etc., mais je crois que c'est au coup, moi
02:32je remonte à 2011 quand même, les plus grandes catastrophes, ça a été la guerre en Libye
02:37et la guerre en Côte d'Ivoire, donc là, il y a eu un véritable rejet de la politique
02:41française, avec, souvenez-vous, l'assassinat de Kadhafi, on oublie, on oublie qu'au Mali,
02:48en 2011, pendant la guerre en Libye, il y avait des manifs géantes pour contester cette
02:54guerre que l'OTAN menait dans ce pays, pour contester le rôle de la France, etc.
02:58Et puis, Côte d'Ivoire, 2011, c'est aussi l'arrestation par l'armée française de
03:03Laurent Gbagbo, d'Anson Mucker, qui a vraiment choqué l'Afrique, donc déjà, depuis 2011,
03:09ça a monté, ça a monté, ça a monté, il y a eu toutes les réflexions, l'Afrique
03:14n'est pas rentrée dans l'histoire, au même, Hollande, les deux poids, deux mesures, les
03:17doubles standards, etc., et puis il y a la France qui, devenue atlantiste avec son retour
03:25dans le commandement indépendant, depuis Sarkozy, qui maintenant fait partie d'un
03:33bloc occidental, et qui paye pour l'ensemble de l'œuvre de ce bloc occidental, donc
03:39c'est des strates qui se sont empilées, accumulées, et puis, Emmanuel Macron arrive
03:49en 2017 sur ce terreau-là, sur ce fond-là, et on lui dit, puisqu'à ce moment-là, toutes
03:57les ambassades de France en Afrique préviennent le rejet de la politique, ils appellent ça
04:04sentiment anti-français, mais le rejet de la politique française est très fort, faites
04:08attention, faites très attention, etc., et Emmanuel Macron ne prend pas la mesure de
04:15ce qu'il faudrait faire à l'époque pour changer tout ça, et il va finir par se comporter
04:20comme un président français, toujours président d'une nation indispensable, exceptionnelle,
04:29la grande France, qui n'est déjà plus là, et il ne réalise pas que le monde a changé,
04:35et que les pays africains maintenant ont le choix de leur partenaire, donc ça va monter.
04:39Alors, on va en parler, mais juste, je voudrais que vous rappeliez que quelques jours après
04:44sa nomination, son élection, il vient où, et dans quelle occasion ?
04:50Alors, c'est cinq jours, cinq jours après son investiture, il arrive à Gao,
04:58au Mali, et il arrive directement dans la plus grande base française de l'armée française au Mali,
05:08à Gao, et il arrive sans passer par la capitale, il ne va pas saluer Ibrahim Boubacar Keïta,
05:19ça c'est la première polémique en Afrique de son quinquennat, c'est cinq jours après
05:22son investiture, parce qu'en Afrique on respecte les ancêtres, donc il n'avait pas à arriver dans
05:28la base de l'armée française comme si c'était un département français, il fallait respecter la
05:34souveraineté de cet état, et puis il ne faut pas oublier que quand il arrive en 2017, l'armée
05:41française est sur place depuis 2013, et la situation n'a fait que se dégrader, donc les
05:47Maliens commencent à être tendus, et commencent à se dire, qu'est-ce que c'est que ces français
05:52qui sont là, et qui n'arrivent pas à ramener et à pacifier le pays, donc il arrive dans une
05:58situation qui n'est déjà pas facile, et il ne va pas saluer le président Ibrahim Boubacar Keïta,
06:04et il va avec Le Drian, et puis l'éphémère ministre des armées Sylvie Goulard, et il reste
06:11six heures, six heures chrono, et il repart après six heures, il fait un petit tour d'hélico au sud
06:18du Niger, il reste six heures chrono, et là il fait un discours extrêmement autoritaire,
06:25je vais tout arranger, je sais, j'ai les clés, je sais comment il faut faire, j'ai la feuille de
06:32route, je serai très exigeant avec mes partenaires, avec les partenaires Maliens, et d'ailleurs le
06:37plan Barkhane va rester jusqu'au bout, jusqu'à la pacification. Les soldats français ne partiront
06:43que lorsque le dernier djihadiste aura disparu du Mali, ce qui évidemment ne se passera pas,
06:50et les soldats français seront obligés de partir, je le rappelle quand même, seront obligés de
06:56partir du Mali, du Burkina Faso, et enfin du Niger en juillet 2023, dans les conditions terrifiantes.
07:04On va en parler justement, on va en parler avec vous, Leslie Varenne, après cette petite pause,
07:09effectivement, qu'est-ce qui s'est passé autour, vous racontez un peu toute cette histoire,
07:13je dirais l'histoire d'un désamour annoncé, même si on ne parle pas des sentiments,
07:20mais les sentiments existent, mais évidemment il y a la réelle politique d'abord qui existe,
07:24et la réelle économie, on va en parler.
07:39Sud Radio, les français parlent au français, je n'aime pas la blanquette de veau, je n'aime pas la blanquette de veau.
07:51Sud Radio Berkhoff dans tous ses états.
07:53Je ne suis pas le seul, dans tous mes états, Leslie Varenne visiblement était dans tous ses états
07:58quand elle a écrit ce livre, Emmanuel au Sahel, l'itinéraire d'une des fêtes qui est un, vous savez,
08:03qui est un miroir, c'est très intéressant parce que ça parle de l'Afrique, ça parle de beaucoup
08:07de choses qui se passent en Afrique et qu'on ne connaît pas, parce qu'on n'est pas assez renseignés là-dessus,
08:12et puis ça parle aussi, vous savez, comme disait Cocteau, il est temps que les miroirs réfléchissent,
08:18et bien c'est un miroir qui réfléchit justement sur la France et notamment les dirigeants.
08:24Et vous parlez, alors on va parler de ça, qu'est-ce qui s'est passé ?
08:27Donc il y a eu cela, ce qui s'est passé avec Barkhane, au Mali, et au fond quand même,
08:34il ne faut peut-être pas, je veux dire, jeter la pierre que sur la France, qu'est-ce qui s'est passé ?
08:39Pourquoi ? Vous en parlez beaucoup dans votre livre, et on a entendu ça partout,
08:43que Russes, Chinois, Allemands et même Italiens viennent se glisser dans les interstices de l'Afrique,
08:51où que la France, et vous dites, ce n'est pas les Africains qui ont quitté la France,
08:55ce sont la France qui est en train, enfin en partie, je caricature là,
09:00mais qui est en train de se désengager de l'Afrique.
09:03Est-ce qu'il y a de ça, ou pas ?
09:05En fait, la France a été obligée de se désengager de l'Afrique.
09:09Du point de vue colonial et compagnie ?
09:11Du point de vue militaire, c'est-à-dire que la façon dont la France a été obligée de se désengager,
09:19à cause de toutes les bêtises qui ont été faites, allez on va reprendre depuis 2013,
09:25pour ne pas faire porter tout le fardeau à une seule personne, mais même depuis 2011 si vous voulez.
09:31Et donc la façon dont on s'est désengagé, à nuit,
09:37et nos concurrents, qu'ils soient côté Chine, Russie, Iran, Turquie, ou nos alliés,
09:46ont vu un espace, et américains et autres, ont vu un espace dans lequel ils pouvaient rentrer.
09:52C'est-à-dire que la France a une telle mauvaise image que maintenant les pays africains font appel à d'autres.
09:59Parce que vous êtes un chef d'état africain, vous savez que si vous faites appel à la France,
10:04vous allez avoir une opinion publique qui ne va pas être très contente, etc.
10:10Et puis vous avez des partenaires qui vous proposent des choses qui sont plus intéressantes.
10:15Les Turcs arrivent avec de l'armement pas cher et très adapté, les Chinois ont de l'argent pour créer des infrastructures,
10:22les Russes ont aussi de l'armement, la diplomatie des céréales, etc.
10:28Et puis ils sont aussi membres du conseil de sécurité, c'est-à-dire qu'ils peuvent aussi intervenir au conseil de sécurité, ça compte.
10:34Donc la France a été totalement marginalisée.
10:40Alors justement, Léa Stéphane, est-ce qu'il n'y a pas...
10:43Moi je voudrais vous poser une question, en lisant votre livre j'ai eu ça,
10:46bon, écoutez, les chefs d'état africains ne sont pas tous, je ne dirais pas tous, bien loin de là,
10:53mais ils ne sont pas tous des angelots et des gens...
10:56Je veux dire, est-ce qu'il n'y a pas aussi le problème, c'est au plus offrant, quand on leur dit
11:01écoutez, on ne va pas s'occuper de vos affaires, que vous ayez un certain nombre de pays qui ont été quand même,
11:08je dirais, d'eux-mêmes, qui ont bien massacré, etc.
11:11Nous on va s'occuper de faire des affaires avec vous, de l'économie, de vendre des armes,
11:15et puis vos régimes, alors on dit c'est très bien.
11:17Certes, mais enfin quand même, je veux dire, est-ce qu'il n'y a pas de part et d'autre, là-dedans beaucoup de cynisme.
11:23Il y a beaucoup de cynisme, mais de la part de tout le monde.
11:26Parce que si vous voulez, la géométrie variable de la France, elle existe aussi.
11:33La France soutient par exemple la Guinée, qu'on a créée avec un putschiste qui s'appelle Mamadi Doumbouia.
11:42Ou bien, on vient de le voir, Olympe Nguema du Gabon, qui est lui aussi un putschiste,
11:48et il était à l'Élysée il y a deux jours.
11:50Donc, je veux dire, sur les valeurs par exemple qu'on défend, on ne peut rien dire.
11:59Parce que Mamadi Doumbouia a fermé toute la presse, toutes les radios sont fermées, etc.
12:06La France pour l'instant ne dit rien.
12:08Les manifestations sont réprimées, il y a des morts pendant les manifestations, la France ne dit rien.
12:15Donc, si vous voulez, c'est bien la preuve que les Russes ne disent rien.
12:20Personne ne peut dire qu'il y a des valeurs, et je soutiens ces valeurs-là, parce que c'est plus vrai.
12:27Sur l'Afrique de l'Ouest, c'est extrêmement lisible.
12:31Alors, Leslie Varenne, justement, vous avez dit qu'il y a eu une série de choses qui ont été faites,
12:36qui ont fait qu'il y a eu ce dessaisissement, je dirais.
12:41Quelles sont pour vous les erreurs ou les fautes les plus graves,
12:47ou en tout cas les plus patentes qu'ont fait les gouvernements français successifs ?
12:53On ne va peut-être pas reprendre, mais si on reprend à partir d'Emmanuel Macron,
13:01il y a eu une succession de bourdes qui n'auraient pas été si graves.
13:06Mais, si vous voulez, le fait qu'Emmanuel Macron ne fasse pas la bonne analyse quand il arrive,
13:12qu'il continue la même stratégie que François Hollande,
13:18donc que la situation sécuritaire ne s'améliore pas,
13:21ça ne permettait pas à la France de décider de manière autoritaire sur tout.
13:26Et donc, le point clé, le point du basculement qui vient après plusieurs étapes,
13:31c'est, à mon avis, la convocation de Pau.
13:37C'est-à-dire qu'on est en novembre 2019, c'est une année noire pour le Sahel,
13:43mais vraiment une année noire, il y a énormément de morts parmi les militaires sahéliens au Mali, au Burkina, au Niger.
13:50Les présidents sahéliens de l'époque, encore des présidents francophiles,
13:58Marc-Christian Caboret, Ibrahim Boubacar Keïta, il y avait Mamadou Issoufou aussi,
14:05sont dans une situation extrêmement difficile, ils n'arrivent pas à ramener la sécurité.
14:12L'opération militaire française Barkhane n'arrive pas à ramener la sécurité.
14:16Là-dessus, il y a le sommet de Sochi en Russie, où tous les présidents sahéliens se rendent,
14:25ils commencent à envoyer des messages en disant qu'on a peut-être besoin d'autres partenaires,
14:30où on peut diversifier nos partenaires, etc. Ils vont tous à Sochi.
14:34Et là, Emmanuel Macron voit qu'on est dans un moment un peu délicat,
14:41et comme il le fait souvent quand il est mis en difficulté, il répond de manière autoritaire.
14:46Donc il est au sommet de l'OTAN, et il convoque tous les présidents sahéliens au sommet de Pau.
14:53En 2019, ça ?
14:54Ça, c'est en novembre 2019. Il convoque tous les présidents sahéliens au sommet de Pau,
14:59et la façon dont il les convoque, on appelle ça la convocation de Pau,
15:03mais la façon dont on leur demande de venir, ça ne passe pas du tout, ça ne passe pas.
15:09Ni auprès des chefs d'État, ni auprès des populations.
15:13Parce qu'il les a convoqués de manière très autoritaire.
15:15Il faut clarifier, est-ce que vous voulez de la France, est-ce que vous ne voulez pas de la France, etc.
15:19Il les convoque de manière très autoritaire.
15:21Et là, je raconte dans le livre, parce que c'est une anecdote assez marrante,
15:26les chefs d'État vont se consulter entre eux, et vont décider de ne pas aller, ils les convoquent à Pau,
15:33et vont décider de ne pas aller à Pau.
15:36Tous ?
15:38Tous. Et de convoquer un sommet à Niamey pour le 15 décembre,
15:43c'était le sommet initialement prévu le 16 décembre,
15:46de tous se rencontrer à Niamey le 15 décembre,
15:50et de façon à ce qu'Emmanuel Macron aille tout seul à Pau.
15:55Et finalement, il y a un des présidents, c'est le président nigérien,
16:00qui balance à Emmanuel Macron ce qui était en train de se tramer,
16:05et immédiatement après, Emmanuel Macron va déplacer le sommet au 13 janvier 2020.
16:11Donc les présidents seront obligés d'aller à Canossa,
16:14mais ça, à ce moment-là, est terrible.
16:17Et même la convocation de Pau, où Emmanuel Macron se met encore en chef de guerre,
16:21alors que là, tout le monde est en difficulté,
16:24parce qu'on n'arrive pas à pacifier cette région.
16:26Les djihadistes sont de plus en plus nombreux,
16:28les populations vivent de plus en plus difficilement cette situation sécuritaire,
16:32et surtout, les populations.
16:34Et à raison, elles se demandent, mais enfin, on ne comprend pas,
16:37comment l'armée française, si puissante, avec tout son matériel,
16:41n'arrive pas à venir à bout.
16:44Donc après, il y a des théoriques emplotistes qui vont se faire,
16:47mais comment ils n'arrivent pas à venir à bout ?
16:49Donc c'est ça, et à ce moment-là, moi je pense,
16:55c'est mon avis, mais je pense qu'à partir de ce moment-là, c'est fini,
17:00Emmanuel Macron a perdu le Sahel,
17:03et la suite ne sera plus qu'un long chemin de croix pour lui.
17:06On va en parler de la suite, effectivement, et non pas de la fin,
17:10parce que c'est une suite sans fin, après cette petite pause.
17:13Et puis vous aurez la parole, évidemment, 0826 300 300,
17:17pour poser toutes vos questions à Leslie Varenne, qui est notre invité du jour.
17:19On parle du Sahel. A tout de suite sur Sud Radio.
17:43Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
17:48Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
17:50Je ne sais pas si les carottes africaines sont cuites,
17:52mais en attendant, la saga d'Emmanuel au Sahel,
17:56itinéraire d'une des fêtes dont vous parlez, Leslie Varenne,
17:59livre qui est paru aux éditions Max Milot,
18:02c'est quand même quelque chose d'assez attristant pour nous,
18:08quand on le lit, mais je voudrais continuer un peu sur cet inventaire,
18:11on ne peut pas tout voir, je le renvoie au livre,
18:13et vraiment je le recommande, qui est au Niger.
18:16Vous dites la chose la plus catastrophique, et ça a été le Niger, la plus dramatique.
18:21Oui, ça a été le Niger, parce qu'il faut voir,
18:25le Niger, ça arrive après déjà une accumulation d'erreurs.
18:30L'armée française a déjà été obligée de quitter le Mali,
18:36obligée de quitter le Burkina.
18:39Et là, il y a le coup d'État du 26 juillet 2023 au Niger,
18:43alors qu'il y avait eu 5 coups d'État auparavant,
18:49et que, quels que soient les coups d'État,
18:52personne n'avait demandé que le chef d'État déçu soit remis à son poste.
18:58On avait enterriné les coups d'État,
19:00tous les coups d'État étaient passés comme des lettres à la poste.
19:03Et là, le coup d'État de juillet 2023,
19:09la France se cabre et demande que le président Mohamed Bazoum du Niger
19:15soit remis à son poste.
19:17Et vraiment, on demande que le président démocratiquement élu soit remis en place, etc.
19:27Ce qui est déjà une bêtise pour une raison,
19:30c'est qu'une fois qu'un coup d'État a 48 heures,
19:33c'est extrêmement difficile de remettre un chef d'État sur son fauteuil.
19:37Ça on le sait.
19:39Ensuite, ce qui était très difficile,
19:41de cette demande qui était très difficile,
19:43c'est que ce coup d'État a très vite été populaire,
19:45a très vite été porté,
19:47parce que la France,
19:49mais pas que la France, les Européens, etc.
19:51Souvent, ils racontent des histoires, ils finissent par y croire.
19:55C'est la fameuse phrase, vous savez,
19:57nous sommes un empire maintenant,
19:59nous créons notre propre réalité.
20:01Ça s'appelle la prophétie autoréalisée.
20:03Les prophéties autoréalisatrices.
20:05Ils avaient déclaré que l'élection de 2021
20:07était une élection démocratique,
20:09que Mohamed Bazoum avait été élu démocratiquement, etc.
20:13Ce qui était faux,
20:15et tous les Nigériens le savaient.
20:17C'était une passation de pouvoir entre l'ancien président et le nouveau président.
20:19Je ne vous rentre pas dans tous les détails.
20:21Et donc,
20:23quand les Nigériens,
20:25quand la population nigérienne voit que
20:27on se cabre, que la CDA ou l'organisation sous-régionale
20:29met des sanctions,
20:31que la France soutient ces sanctions, etc.
20:33La population sort
20:35pour
20:37soutenir la jambe.
20:39Et là,
20:41tout le monde,
20:43la CDA et la France
20:45vont faire une erreur majeure,
20:47c'est de dire,
20:49si vous ne remettez pas en poste
20:51au pouvoir Bazoum,
20:53il y aura
20:55une intervention militaire.
20:57Ils l'ont dit officiellement.
20:59Ils l'ont dit officiellement.
21:01Et donc,
21:03il y a eu une levée de boucliers.
21:05Comment vous voulez imaginer une intervention militaire
21:07dans un pays qui, depuis 10 ans,
21:09est en guerre, où la CDAO
21:11n'avait jamais rien fait
21:13pour les décontrôler ?
21:15C'est l'organisation sous-régionale
21:17du chef d'État.
21:19Et donc,
21:21comment vous voulez que
21:23ce soit accepté dans un des pays
21:25qui est le plus pauvre du monde ?
21:27On leur met des sanctions
21:29terribles, contre-économiques,
21:31alors que c'est un pays enclavé.
21:33Enfin, c'est toute une succession.
21:35Et les populations ne supportent pas.
21:37Donc, elles vont soutenir la jante.
21:39Il va y avoir des grands mouvements populaires.
21:41Et à ce moment-là, comme la France,
21:43Emmanuel Macron reste droit dans ses bottes,
21:45il veut l'intervention,
21:47ça va durer deux mois.
21:49Et donc,
21:51la population sort
21:53et la jante au pouvoir
21:55va demander le départ des militaires français.
21:57Et là, il y aura ces scènes
21:59absolument dévastatrices pour la France
22:01où la population va compter
22:03devant la base militaire
22:05de la France à Niamey,
22:07exigeant le départ des forces
22:09militaires.
22:11Françaises à Paris.
22:13Le Niger
22:15va demander le départ
22:17de l'ambassadeur de France.
22:19La France va refuser. Donc, on va se retrouver
22:21dans une situation absolument inédite
22:23où on a nos forces
22:25militaires plus
22:27un ambassadeur qui sont cloîtrés
22:29chacun dans leur base.
22:31Et ça,
22:33franchement,
22:35c'est du jamais vu.
22:37Ça va durer, Emmanuel Macron ne va rien lâcher.
22:39Mais alors, rien lâcher pendant deux mois,
22:41les manifestations vont continuer
22:43et puis, fin septembre.
22:45Parce qu'Emmanuel Macron,
22:47comptez sur
22:49une intervention militaire
22:51de l'ACDAO et comptez
22:53sur l'aide
22:55des autres partenaires européens.
22:57Tout le monde
22:59va se dissocier
23:01de cette intervention militaire.
23:03L'Italie, l'Allemagne,
23:05les Américains qui refusent
23:07cette opération militaire.
23:09Tout le monde va se dissocier de cette posture.
23:11Il va rester dans cette posture
23:13malgré tout jusqu'à la fin septembre.
23:15Et puis, à la fin septembre,
23:17il va finir par jeter l'éponge
23:19comme si de rien n'était
23:21rien ne s'était passé.
23:23Mais là, la menace d'intervention militaire
23:25sur ce coup d'État
23:27a laissé des traces.
23:29Et ça laisse des traces encore aujourd'hui.
23:31Parce que
23:33l'agent Agnehame
23:35ne veut plus entendre parler de la France.
23:37Les Français n'ont plus de visa.
23:39Tout est bloqué.
23:41Je rappelle quand même que dans ces trois pays,
23:43on n'a plus d'ambassadeur de France.
23:45Actuellement, il n'y a aucun ambassadeur de France.
23:47Ni au Niger, ni au Burkina, ni au Mali.
23:50C'est quand même un résultat
23:52triste.
23:54Oui, c'est très triste.
23:56Au Niger, on aurait pu s'éviter ça.
23:58On avait vu comment ça s'était passé
24:00au Mali. On avait vu que
24:02les sanctions avaient
24:04soulevé les foules et avaient
24:06au contraire apporté une légitimité à l'agent
24:08malienne. Donc, on savait
24:10que les sanctions étaient contre-productives.
24:12On l'avait vu au Burkina.
24:14Donc, on aurait pu échapper à ça.
24:16Il suffisait juste de voir
24:18toutes les leçons de ce qui s'était passé
24:20avant. On aurait pu attirer.
24:22C'est pour ça que ça donne un portrait de nos dirigeants.
24:24Enfin bon, on peut en parler.
24:26Mais il y a quelque chose que je voudrais
24:28évoquer avec vous. Je vous en parlais
24:30dans le livre, Alice Livarenne,
24:32qui est quand même, je ne dirais pas le point d'orgue,
24:34mais qui nous a tous laissés pantois
24:36à l'époque déjà. Vous dites d'ailleurs,
24:38vous l'écrivez comme ça,
24:40à cette littanie s'ajoute également une perle,
24:42c'est ce que vous écriviez dans votre livre,
24:44un bijou, une merveille, celle d'avoir confié
24:46à l'organisation internationale de la francophonie.
24:48La francophonie, 350 millions
24:50de francophones dans le monde.
24:52À une anglophone,
24:54en 2018,
24:56la France a pesé de tout son poids
24:58pour que, dites-vous,
25:00pour que la direction de cette organisation revienne
25:02à Louise Mushiki-Wabo,
25:04ancienne ministre des Affaires étrangères
25:06du Rwanda, qui ne parlait pas
25:08un mot de français.
25:10Donc, l'organisation de la francophonie
25:12est donnée à quelqu'un, mais c'est quoi
25:14cette histoire ?
25:16Je ne sais pas si, pour être juste,
25:18je pense que
25:20comme le Rwanda était francophone
25:22avant de décider d'être anglophone,
25:24je pense que Louise Mushiki-Wabo
25:26parle français, mais
25:28elle est la représentante
25:30d'un état anglophone.
25:32Donner la francophonie
25:34à un état anglophone,
25:36je veux dire, c'est une chose
25:38qu'il fallait faire,
25:40on l'a fait.
25:42Alors qu'il y a combien
25:44d'Africains francophones,
25:46de pays d'Afrique francophone ?
25:48Vous l'avez dit, ça doit être,
25:50dans ce jeu-là, 300 millions,
25:52peut-être. Et donc, en plus,
25:54on donne à une Rwandaise
25:56et le plus grand
25:58pays francophone au monde,
26:00il ne faut pas oublier que c'est la République démocratique
26:02du Congo, avec
26:04110 millions d'habitants.
26:06Et comme le Rwanda
26:08et la République démocratique du Congo
26:10sont en conflit depuis...
26:12Et il y a des massacres encore aujourd'hui.
26:14Il y a des centaines de milliers de morts.
26:16Hommes, femmes et enfants, ça aussi, on n'en parle pas.
26:18Donc, comme
26:20les Congolais
26:22de Kinshasa
26:24sont vent debout contre le Rwanda,
26:26on s'est mis,
26:28pour faire plaisir à un petit état,
26:30le Rwanda, avec qui on avait envie
26:32pour des raisons historiques de retrouver
26:34des bonnes relations, on s'est mis
26:36à dos 100 millions de francophones.
26:38Et après,
26:40et de toute façon,
26:42Louise Mushikewabo a fait
26:44ce qu'elle
26:46devait faire, c'est-à-dire à peu près
26:48rien sur la francophonie.
26:50L'organisation internationale de la francophonie
26:52est vraiment
26:54absente. A sa décharge,
26:56mais c'est vrai aussi pour Macron, c'est-à-dire que
26:58tous ces outils
27:00qui étaient des outils de soft power
27:02très importants pour la France, ont été
27:04au fil du temps dévitalisés.
27:06Donc là, ça a été dévitalisé
27:08sous Sarkozy, sous Hollande, et puis maintenant
27:10on arrive à la fin
27:12de la course.
27:14On peut peut-être justement, vous parlez toujours et c'est vrai
27:16que ça remonte, c'est pour ça qu'il ne s'agit pas de
27:18porter toutes les responsabilités sur une personne,
27:20qu'elle soit présidente de la République,
27:22c'est clair, mais
27:24on peut revitaliser,
27:26on peut changer de voix, on peut changer de direction,
27:28ça arrive, c'est ça le facteur
27:30humain, c'est aussi de regarder et de changer de direction.
27:32Et Stéphane, je crois que nous avons...
27:34C'est Jean-Paul qui nous appelle depuis Draguignon.
27:36Bonjour Jean-Paul.
27:38Bonjour Madame,
27:40bonjour André, merci de me donner la parole.
27:42J'aurais une question, madame,
27:44à vous poser. Ne pensez-vous
27:46pas qu'il y a un manque
27:48de connaissances
27:50de la part de notre cher Président et de ceux
27:52qui l'entourent, des us et
27:54coutumes que l'on doit avoir
27:56envers d'autres
27:58pays, qu'il y a une forme
28:00d'arrogance qu'entombe l'arrogance
28:02qu'il a envers le peuple français,
28:04il ne serait ceux
28:06que pour le citer.
28:08Et de plus,
28:10je vous dirais que tout ce que vous avez
28:12dit m'amène
28:14à une inquiétude supplémentaire
28:16vis-à-vis de la
28:18diplomatie que l'on a
28:20aussi envers
28:22la Russie.
28:24Je pense qu'on a
28:26à notre tête des gens qui ne sont que
28:28dans leur ego, qui ne sont que dans
28:30leur petite gloire
28:32et il n'y a plus de
28:34diplomatie française, il n'y a plus
28:36de discussion. Ils veulent
28:38imposer, avoir raison de tout
28:40sans s'occuper
28:42de ce que peuvent penser les
28:44interlocuteurs qui sont face à eux.
28:46Et je trouve que cela est très dangereux
28:48et au travers de ce que vous nous avez
28:50expliqué, notamment que l'on n'a plus d'ambassadeurs
28:52dans ces trois pays,
28:54je trouve que
28:56les Français, et notamment
28:58les parlementaires et autres sénateurs
29:00devraient quand même s'emparer un peu
29:02de ces affaires et d'essayer
29:04de mettre un terme
29:06à tout cela.
29:08C'est moi qui vous remercie.
29:10Je dois dire, c'est vrai,
29:12vous en parlez dans votre livre,
29:14il faut quand même le rappeler, même si
29:16on avait des copains qu'on mettait
29:18en poste d'ambassadeur,
29:20mais là le quai d'Orsay n'existe plus
29:22pratiquement, enfin le corps
29:24diplomatique en tant que tel.
29:26Quand Emmanuel Macron
29:28a décidé,
29:30quand il décide,
29:32vous savez, c'est lors du
29:34dernier remaniement,
29:36où il dit,
29:38il demande à ses ministres d'être des
29:40soldats de l'an 2, des soldats
29:42révolutionnaires, et que maintenant
29:44il faut lutter contre le
29:46grand effacement.
29:48Lutter contre le grand effacement
29:50de la France. C'est intéressant parce qu'Emmanuel
29:52Macron a des fulgurances, donc c'est lui-même
29:54qui parle du grand effacement de la France,
29:56c'est pas moi qui le dis,
29:58et il a bien conscience de ça.
30:00Mais il dit ça, mais il ne
30:02donne pas les outils pour,
30:04et au contraire, au lieu de donner les outils
30:06pour, il a
30:08dissous le corps diplomatique,
30:10ce qui fait que ce qui se faisait
30:12de manière marginale avant,
30:14est maintenant institutionnalisé,
30:16on pourra mettre un grand flic
30:18dans une ambassade ici,
30:20etc., et qui fait que
30:22la spécialisation, la passion,
30:24les connaissances,
30:26l'expérience,
30:28parce que la diplomatie,
30:30on le voit souvent, la diplomatie c'est
30:32des mots, on n'emploie pas un mot à la place d'un
30:34autre, vous avez vu ce que le mot
30:36troupeau-sol a fait,
30:38qui n'est pas un mot diplomatique.
30:40Troupeau-sol en Ukraine,
30:42etc.
30:44Tout ça,
30:46c'est un métier, et c'est vraiment un métier
30:48d'orfèvre, et tout ça
30:50disparaît, ce qui fait que
30:52voilà, on est dans cette
30:54situation-là, mais je pense que votre
30:56auditeur a absolument
30:58raison, j'ai rien à redire
31:00de ce qu'il a dit, parce que c'était assez
31:02juste. C'est exactement.
31:04On va continuer de parler d'UCL
31:06dans un instant, après cette petite pause, et puis évidemment
31:080826 300 300
31:10pour réagir à tout de suite sur Sud Radio.
31:12Sud Radio Bercov
31:14dans tous ses états. Appelez maintenant
31:16pour réagir 0826
31:18300 300.
31:20Terre-de-France.fr, le premier
31:22site d'articles français et patriotes
31:24présente
31:26Ici Sud Radio
31:30Les Français parlent
31:32au français
31:34Je n'aime pas la blanquette
31:36de veau. Je n'aime pas
31:38la blanquette de veau.
31:40Sud Radio Bercov dans tous ses états.
31:42De retour sur Sud Radio, nous sommes ensemble
31:44jusqu'à 14h avec Leslie Varenne, qui vient
31:46nous voir pour son livre Emmanuel
31:48au Sahel, itinéraire d'une des fêtes
31:50des éditions Max Milot, et nous avons
31:52Antoine qui nous appelle depuis Mulhouse.
31:54Bonjour Antoine. Bonjour Antoine.
31:56Oui, bonjour
31:58Monsieur l'homme. Écoutez,
32:00voilà, je conçois
32:02tout à fait ce que révèle
32:04cette dame, mais je pense
32:06qu'il manque peut-être un élément
32:08qui est celui que la France
32:10ne pratique pas, ce que
32:12pratiquent les pays qui nous mettent dehors au
32:14Sahel. J'ai une petite expérience, 17
32:16ans au Sahel, quatre coups d'état,
32:18on retourne une population en
32:2024h, hein, c'est pas la population
32:22qui décide, c'est un petit
32:24état-major qui met les gens dans la rue
32:26et qui vous retourne et tout le monde manifeste
32:28contre la France. Donc
32:30il manque toujours ce petit élément
32:32de, dirais-je un petit peu,
32:34de dessous des pratiques que nous
32:36on ne fait pas. Alors qu'on ne l'est pas vu venir
32:38ou qu'on ne l'est pas géré, ça c'est
32:40peut-être autre chose. Mais vous pensez
32:42que c'est un petit élément, Antoine ?
32:44Vous pensez que, je veux dire, on peut
32:46retourner ça, que certes les populations
32:48peuvent être retournées, c'est vrai partout,
32:50pour l'Afrique comme pour l'Europe, mais vous pensez
32:52que tous les coups d'état qui a eu lieu,
32:54ce sont des coups d'état de population
32:56retournée, pour vous ?
32:58Non, c'est pas la population qui est retournée,
33:00c'est un petit état-major de 8-10
33:02bonhommes, que j'ai fréquenté,
33:04enfin fréquenté, je vais dire que j'ai
33:06pratiqué ou que j'ai connu,
33:08qui avant étaient, comment dirais-je,
33:10ils étaient toujours un adepte
33:12à la France, parce qu'on avait aussi
33:14ça, du coup, du temps
33:16quand les socialistes sont venus, après
33:18l'appel de la bombe, on a eu le RPR,
33:20on a eu la mairie de Paris, j'ai vécu tout ça, monsieur.
33:22Donc, on travaillait en France,
33:24mais on a interné de
33:26partie, et j'ai toujours,
33:28comme on dirait, j'ai milité avec les Nigériens
33:30que je connaissais, je disais toujours
33:32faites des relations d'état-état,
33:34et pas de partie à partie.
33:36Aujourd'hui, ce n'est plus
33:38la question de partie
33:40à partie avec la France
33:42et les états du Sahel,
33:44Mali, Burkina,
33:46Niger, quand on compare
33:48les coups d'état et de la façon
33:50dont ils se sont produits,
33:52c'est qu'on voit bien
33:54que derrière, il y a une manœuvre qui est différente,
33:56par rapport à la nôtre,
33:58mais qui est la même
34:00dans ces 3-4 pays du Sahel,
34:02et d'autres qui vont peut-être suivre.
34:04Qu'en pensez-vous,
34:06Leslie Barret ?
34:08Je pense que chaque coup d'état est différent.
34:10Dans le livre, d'ailleurs,
34:12j'ai tout un long chapitre
34:14coup d'état
34:16dans lequel je décris les coups d'état
34:18par le menu.
34:20Il n'y en a pas un qui s'est passé de la même manière.
34:22Moi, je vois deux
34:24coups d'état qui ont
34:26après
34:28un soutien populaire,
34:30c'est le Mali,
34:32le premier au Mali en août 2020,
34:34et celui de juillet 2023
34:36au Niger, parce que c'est deux
34:38coups d'état qui viennent débloquer
34:40des situations démocratiques
34:42bloquées.
34:44Au Burkina Faso, c'est
34:46autre chose, c'est l'armée entre elles.
34:48C'est encore un autre problème.
34:50Il n'y a pas eu de soutien populaire au Burkina Faso.
34:52En Guinée,
34:54c'est le plus spécifique,
34:56parce que, comme je raconte dans le livre,
34:58à mon avis, il y a eu au moins
35:00une ingérence extérieure,
35:02même si la population
35:04l'a accepté, parce qu'il y avait eu un troisième
35:06mandat. Et au
35:08Tchad, c'est encore autre chose, puisque c'est un
35:10coup d'état constitutionnel.
35:12Tous les coups d'état sont différents.
35:14On retourne
35:16la population. Alors, c'est vrai
35:18que les chefs d'État
35:20eux-mêmes ont payé les manifestants,
35:22qu'on peut
35:24instrumentaliser les manifestants.
35:26On peut le faire,
35:28ça s'est fait d'ailleurs.
35:30Avant les coups d'État, les chefs d'État
35:32l'ont fait. Après, les coups d'État,
35:34ils l'ont encore fait.
35:36On paye mille francs par-ci, mille francs
35:38par-là, on peut avoir une manif.
35:40Des manifs gigantesques, comme il y a eu
35:42au Mali et au Niger,
35:44lorsque
35:46des sanctions ont été imposées,
35:48c'est impossible. Il y a un vrai
35:50soutien populaire. Donc, on fait
35:52quand même la différence entre
35:54les instrumentalisations et le
35:56soutien populaire. Une jante ne peut pas tenir
35:58sans soutien populaire.
36:00Sauf si elle est dans la répression
36:02comme au Burkina Faso actuellement.
36:04Comme dans d'autres pays. Mais c'est vrai
36:06en tout cas que c'est toujours
36:08très compliqué. Il y a toujours un côté
36:10effectivement de corruption et autre qui
36:12existe, mais ça ne suffit pas à expliquer
36:14le tableau.
36:16Ça ne suffit pas à expliquer,
36:18on ne peut pas essentialiser,
36:20on ne peut pas...
36:22Il n'y a jamais un seul
36:24critère, il y a beaucoup de critères.
36:26On peut dire une chose et son contraire.
36:28En tout cas, moi,
36:30je renvoie à votre livre,
36:32que vous soyez ensuite d'accord ou pas d'accord,
36:34mais lisez-le. Il y a
36:36encore une fois énormément d'éclaircissements.
36:38Juste
36:40pour finir
36:42cette émission d'Esti Varane,
36:44est-ce qu'aujourd'hui, très franchement et très froidement,
36:46est-ce qu'aujourd'hui, la France
36:48en Afrique est toujours la France
36:50qu'elle a été pendant
36:52des décennies,
36:54des décennies,
36:56voire plus d'un siècle,
36:58où effectivement, c'est devenu, disons
37:00le mot, un pays européen comme un autre,
37:02c'est-à-dire, est-ce que c'est devenu
37:04qui n'est pas rien,
37:06l'Allemagne, l'Italie, je parle toujours vis-à-vis de l'Afrique,
37:08l'Allemagne, l'Italie
37:10ou autres, ou le Portugal ou l'Espagne,
37:12et les Etats-Unis qui sont très très présents.
37:14Et les Etats-Unis, bien sûr.
37:16Non, je parlais de pays européen.
37:18Là, justement, je disais un pays européen
37:20comme un autre.
37:22Donc, effectivement,
37:24où est-ce que
37:26il y a encore une possibilité,
37:28en tout cas, de bouger,
37:30peut-être pas de retrouver ce qui s'était passé,
37:32le monde change,
37:34et on le sait ô combien,
37:36mais voilà, qu'est-ce qui peut
37:38se faire, ou surtout,
37:40est-ce qu'on est aujourd'hui un pays
37:42entre guillemets, tristement normalisé ?
37:44Alors,
37:46d'abord, ça dépend des pays,
37:48ça dépend des endroits, mais quand même,
37:50même dans les pays où la France,
37:52on peut considérer
37:54que la France a encore une
37:56certaine influence,
37:58la France est quand même très marginalisée.
38:00Donc, ça,
38:02même comme la Côte d'Ivoire,
38:04ou même comme
38:06le Cameroun,
38:08le Sénégal,
38:10ils viennent de changer,
38:12et donc la France
38:14aura un rôle à jouer,
38:16alors là, comme un autre pays européen,
38:18mais même dans des pays
38:20où la France a
38:22encore des liens étroits,
38:24Savoie
38:26portera
38:28beaucoup moins. Dans d'autres pays,
38:30là, il y a eu des confrontations,
38:32donc c'est tous les pays du Sahel,
38:36je pense que...
38:38C'est terminé,
38:40comme c'était avant, quoi.
38:42C'est terminé, de toute façon,
38:44c'est terminé comme c'était avant partout.
38:46C'est partout.
38:48Après, on aura un rôle, plus ou moins,
38:50la France a encore
38:52une image, un rôle symbolique,
38:54mais pas déterminant.
38:56Donc...
38:58Il restera la francophonie, un peu.
39:00Il restera la...
39:02Dans les pays du Sahel, en tout cas,
39:04tant que les mêmes
39:06chefs d'État restent en place, de part et d'autre,
39:08je pense qu'on ne pourra pas bouger.
39:10Là, il faudra des changements pour que ça bouge,
39:12parce qu'on a été trop loin dans les invectives,
39:14dans les menaces,
39:16etc.
39:18Après, la France a encore
39:20des atouts,
39:22mais
39:24ça ne pourra plus
39:26se faire comme avant, et j'aime
39:28dire que ça ne pourra se faire
39:30que dans un rapport
39:32respectueux.
39:34Avec des présidents qui savent ce qu'ils sachent.
39:36Avec des présidents qui savent
39:38ce qu'ils ne savent pas.
39:41Avec des présidents
39:43qui sont conscients
39:45de ne pas tout savoir.
39:47Merci Leslie Varen d'avoir été avec nous.
39:49Merci André Bercoff d'avoir animé cette émission.
39:51On rappelle votre livre, Leslie Varen.
39:53Emmanuel au Sahel, l'itinéraire
39:55d'une défaite, c'est aux éditions.
39:57Max Millot, on va se retrouver demain, entre midi et 14h.
39:59Tout de suite, c'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio. A demain.
40:10Premier site d'articles français et patriote.