• l’année dernière
Avec Mohamed Sifaoui, écrivain, spécialiste des mouvements politiques ; Henda Ayari, lanceuse d'alerte ; Eugénie Bastié, journaliste au Figaro et auteure de “La dictature des ressentis” publié aux éditions Plon.

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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-11-13##

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News
Transcription
00:00:00 Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:00:04 Nous sommes en guerre.
00:00:06 Non Fabien, tu ne gagneras pas avec un steak.
00:00:09 Parce que le peuple c'est le boss et Macron c'est l'employé.
00:00:14 Nous sommes dans une guerre hybride.
00:00:15 Huit frères portant des ceintures d'explosifs et des fusils d'assaut ont pris pour cible
00:00:20 des endroits choisis minutieusement à l'avance au cœur de la capitale française.
00:00:24 Nous sommes en guerre.
00:00:32 Nous sommes en guerre disait Macron pour le Covid.
00:00:39 Nous sommes en guerre disons-nous pour bien d'autres choses aujourd'hui.
00:00:43 Et exactement il y a huit ans, jour pour jour, jour pour jour, le 13 novembre 2015, Stade
00:00:53 de France, première attaque.
00:00:55 Ensuite, le 11e et le 10e arrondissement, des cafés, des cafés et enfin, et enfin,
00:01:03 le Bataclan.
00:01:04 L'horreur du Bataclan.
00:01:06 Longue prise d'otage, 90 personnes tuées.
00:01:10 Le bilan officiel fera état de 130 morts et de 413 blessés hospitalisés dont 49 en
00:01:17 situation d'urgence absolue.
00:01:19 C'était il y a 15 ans, jour pour jour.
00:01:22 Et c'était le Bataclan.
00:01:24 Et vous venez d'entendre la voix de Fabien Klein qui disait effectivement que huit frères
00:01:30 ont combattu et ont pulvérisé le centre de la mécréance et de l'idolâtrie en plein
00:01:38 Paris.
00:01:39 Et puis hier, la marche contre l'antisémitisme qui a réuni, selon les chiffres officiels,
00:01:47 80 000 personnes en France, dont 105 000 à Paris.
00:01:50 Grand rassemblement, polémique, on les connaît, on en a parlé.
00:01:54 Polémique à propos de la participation de rassemblements nationaux, polémique à propos
00:02:00 du boycott de la France insoumise, etc.
00:02:02 Mais on va prendre le temps d'en parler avec trois personnes dont deux étaient hier à
00:02:08 la marche contre l'antisémitisme et elles vont nous donner leurs sentiments.
00:02:12 C'est Enda Ayari, lanceuse d'alerte, écrivain, et Mohamed Sifawi, essayiste, et qui connaît
00:02:19 très très bien les problèmes effectivement de l'extrémisme religieux.
00:02:25 Et puis nous allons recevoir, il est à Alger, le grand écrivain algérien Boualem Sansal,
00:02:33 qui lui va nous donner peut-être un point de vue un peu plus, non pas distant, mais
00:02:38 très très lucide sur l'enjeu, parce que l'enjeu ce n'est pas seulement l'antisémitisme,
00:02:44 ce n'est pas seulement une marche, ce n'est pas seulement tel ou tel attentat, ça va
00:02:48 au-delà.
00:02:49 Et de quoi tout cela est-il le nom ? On va en parler.
00:02:53 Et puis en seconde partie, après les perles, les huées, les bravos, et il y en a, nous
00:02:58 allons recevoir Eugénie Bastier, qui est journaliste au Figaro et qui a écrit un très
00:03:03 beau livre qui nous rappelle peut-être à l'essentiel la dictature du ressenti ou des
00:03:08 ressentis.
00:03:09 A tout de suite.
00:03:10 Ici Sud Radio, les Français parlent au français.
00:03:16 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:22 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:25 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:03:28 Vrai et fausse polémique, vraie marche, incroyable, vraiment des moments où tout le monde devrait
00:03:40 se recueillir, personne ne se recueille ou presque.
00:03:43 Qu'est-ce qui se passe entre, effectivement, nous allons parler et nous allons reparler
00:03:48 du Bataclan il y a exactement huit ans jour pour jour, et je vous en parlerai, moi j'étais
00:03:55 en Syrie à l'époque, avec SOS Chrétien d'Orient je crois.
00:04:01 Et puis, qu'est-ce qui se passe vraiment en dehors de toutes ces espèces de manifestations
00:04:08 d'extrémisme, on va essayer d'en parler avec nos invités.
00:04:14 A tout de suite.
00:04:15 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:04:18 On n'a pas envie de se les rappeler, on n'aime pas se les rappeler, mais notre chambre nationale
00:04:25 et le chant de la résistance, ce sont des chants guerriers.
00:04:30 Ah oui, ça fait pas plaisir de le dire, mais attention, marchons, marchons, quinze ans
00:04:36 impur, abreuve nos sillons, et puis, ohé les tueurs, à la bas les couteaux, tuez vite,
00:04:42 ohé saboteurs, attention à ton fardeau dynamique, et ben, vous allez me dire que c'était
00:04:48 un autre, une autre époque, oui, il n'empêche que la guerre est là, vous savez, c'était
00:04:55 Raymond Aron qui disait de Giscard d'Estaing, il a oublié que l'histoire est tragique,
00:04:59 et oui, l'histoire est tragique, on le voit aujourd'hui sous d'autres cieux, sous d'autres
00:05:04 latitudes, mais l'histoire elle est tragiquée.
00:05:07 Justement, on va en parler avec Mohamed Sifawi, bonjour Mohamed Sifawi.
00:05:11 - Bonjour André Bercov.
00:05:13 - Mohamed Sifawi, j'ai lu les tweets et les derniers textes que vous avez publiés, vous
00:05:18 étiez vous-même hier à la marche contre l'antisémitisme, et vous, vous prenez de
00:05:24 la distance et vous mettez les choses en perspective, et c'est pour ça que je suis content de vous
00:05:29 accueillir aujourd'hui.
00:05:30 Au fond, au-delà de ce qui s'est passé, est-ce que vous, par exemple, vous reliez
00:05:37 ou pas du tout ce qui s'est passé il y a huit ans, jour pour jour, au Bataclan et au Stade
00:05:42 de France et ailleurs, et ce qui se passe aujourd'hui ?
00:05:45 - Moi je vais beaucoup plus loin, je relis ce qui se passe depuis 40 ans, comme au fond,
00:05:54 l'offensive islamiste, à la fois en direction du monde arabo-musulman et par la suite sur
00:06:00 les grandes démocraties.
00:06:02 Je relis évidemment ce que j'ai pu voir et constater tout au long de ma carrière, d'abord
00:06:08 en Algérie, en Afghanistan, en Égypte, en Syrie, en Irak, et par la suite effectivement
00:06:16 sur les pays occidentaux, les États-Unis le 11 septembre, Israël, évidemment depuis
00:06:22 la création du Hamas, parce que le conflit a pris une autre tournure depuis la création
00:06:29 du Hamas à la fin des années 80, et tout ça s'inscrit en vérité dans une même logique
00:06:34 qu'on n'arrive pas à avoir, et je le regrette, parce que justement il faut faire preuve de
00:06:39 lucidité et observer que nous avons une idéologie politique, en l'espèce l'islam politique,
00:06:47 qui prend comme prétexte n'importe quel fait politique ou géopolitique pour frapper
00:06:55 d'abord les démocraties et pour frapper ensuite les pays arabo-musulmans laïcs, pour y instaurer
00:07:01 non pas des démocraties, mais pour y instaurer des régimes totalitaires islamistes.
00:07:06 La chose me paraît, je dirais, assez évidente, et je m'étonne qu'après tous les attentats
00:07:13 que vous avez fait rappeler au début de l'émission, votre inconscient vous a fait croire que le
00:07:20 13 novembre datait de 15 ans, en fait vous avez rectifié, il y a à peine 8 ans, mais
00:07:25 je comprends que beaucoup de personnes pensent que c'est très loin, et je pense que pour
00:07:30 se protéger les uns et les autres ont envie de croire que ce sont des choses qui sont
00:07:34 derrière nous.
00:07:35 Malheureusement, sans esprit alarmiste, je veux le dire, et comme je l'ai toujours dit,
00:07:41 en tout cas que je dénonce en France ce phénomène, nous avons un phénomène qui est effectivement
00:07:48 en partie derrière nous, mais qui est en grande partie devant nous, parce que l'islam
00:07:51 politique c'est un problème de présent et d'avenir, et c'est la raison pour laquelle
00:07:55 il faut agir de façon intelligente et lucide, oui lucide, pour arriver à contre-carrer
00:08:02 ses plans.
00:08:03 Alors je ne vais pas vous monopoliser la parole, lucide ça veut dire beaucoup de choses.
00:08:06 - Oui, Mohamed Sifawi, juste un mot, est-ce que quand vous parlez de l'islam politique,
00:08:11 est-ce que vous l'assimilez à la doctrine des frères musulmans, ou ça va plus loin?
00:08:16 - Alors c'est aujourd'hui incarné principalement par la doctrine des frères musulmans, parce
00:08:21 que c'est la doctrine qui a le vent en poupe depuis plusieurs années, mais il y a d'autres,
00:08:28 moi j'appelle, enfin je parle d'islam politique pour désigner l'ensemble de la mouvance islamiste,
00:08:34 qui est un hydre à plusieurs têtes, qui effectivement peut avoir, si vous voulez,
00:08:41 une dimension prosélite, parce qu'il y a des courants qui pensent qu'ils peuvent prendre
00:08:47 le pouvoir par la prédication, comme ils le disent, et il y a d'autres courants qui pensent
00:08:52 qu'il faudrait prendre le pouvoir, ou en tout cas dominer, ou comment dire, anéantir certains
00:09:00 systèmes, et notamment le système démocratique, par ce qu'ils appellent le combat, en l'occurrence
00:09:04 ce que nous appelons à juste titre le terrorisme.
00:09:06 - Alors justement, de ce point de vue là, vous étiez, vous l'avez écrit d'ailleurs,
00:09:12 vous étiez à la marche hier, qu'est-ce que vous avez pensé de cette espèce de polémique
00:09:20 qu'il y a eu, enfin on se disait il va y avoir une marche, bon, quelle qu'elle soit, et en
00:09:23 tout cas ça va réunir un certain nombre de gens, et tout de suite s'est posé "ah oui,
00:09:27 mais moi je ne marche pas avec le Rassemblement National, ah oui mais moi je ne marche pas
00:09:31 avec les antis aussi", alors il y avait la France Insoumise d'un côté, et le Rassemblement
00:09:37 National de l'autre, voués aux gémonies par les uns et par d'autres.
00:09:42 Est-ce que ça a donné, quelle image vous y étiez, quelle image vous retirez de ça,
00:09:48 vous-même, par rapport à ce qu'on a dit plus tôt ?
00:09:49 - D'abord je pense que, cher André, vous me connaissez un peu, moi je suis quelqu'un
00:09:54 qui récuse tous les extrémismes, quels qu'ils soient, je ne les mets pas tous sur un plan
00:09:58 d'égalité, mais je récuse et je combats et je dénonce toute forme d'extrémisme politique.
00:10:02 Alors je précise néanmoins, et ça je ne vous apprendrai rien, que la France est probablement
00:10:08 la championne du monde de la polémique, et surtout de la polémique stérile et inutile.
00:10:11 Quand les gens n'ont rien à proposer, quand les gens ne maîtrisent pas des sujets, quand
00:10:16 les gens n'ont pas, et je parle notamment là de la France Insoumise, quand les gens
00:10:21 ne sont pas capables d'avoir des positions claires et cohérentes, quand les gens ne
00:10:25 sont pas capables d'avoir des propositions tout aussi cohérentes et réalistes, ils
00:10:29 rentrent effectivement dans la polémique.
00:10:31 Et la France, ou en tout cas les responsables français et certains acteurs médiatiques,
00:10:35 sont champions de la polémique.
00:10:36 Je vais vous dire mon sentiment, et je l'ai écrit effectivement dans un tweet que vous
00:10:40 avez peut-être lu.
00:10:41 J'étais au cœur de la manifestation, c'est-à-dire j'étais avec les Français au sens large,
00:10:47 j'ai vu toutes les couches sociales, j'ai vu plusieurs des personnes que je connais,
00:10:51 d'autres que je ne connaissais pas, des conditions différentes, des milieux sociaux, économiques
00:10:56 différentes, probablement des croyances différentes, je ne me sens pas l'auteur.
00:11:00 En tout état de couche, moi je ne me suis pas rendu compte que la France Insoumise n'était
00:11:03 pas là, et je ne me suis pas rendu compte que le Rassemblement National était là.
00:11:07 Voilà, moi ce que j'ai vu...
00:11:08 - Vous avez vu des Français ?
00:11:09 - J'ai vu des Français dignes, il n'y a pas eu un mot de travers.
00:11:13 Je sais qu'il y avait des organisations antiracistes, c'est quand même un marqueur important, elles
00:11:19 ne sont pas soupçonnables d'avoir...
00:11:21 Les vieilles organisations antiracistes ne sont pas soupçonnables d'avoir une connivence
00:11:25 avec l'extrême droite, bien au contraire.
00:11:27 Donc aujourd'hui, évidemment, la France Insoumise, parce qu'en vérité ce n'est qu'un prétexte
00:11:32 pour ne pas venir dénoncer clairement l'antisémitisme, parce qu'on sait quelle est la tangente qu'ils
00:11:38 sont en train de prendre, mais j'ai envie de leur dire, là où ils siègent justement
00:11:41 dans les assemblées, à l'Assemblée Nationale, il y a aussi le Front National, enfin le Rassemblement
00:11:46 National.
00:11:47 Ils siègent, ils sont bien députés et ils sont à leur côté.
00:11:52 Le Front National, il y a des militants du Front National qui prennent le métro aussi,
00:11:55 ils pourraient ne pas le prendre.
00:11:56 Donc si vous voulez voir ce qui m'intéresse dans une...
00:11:59 Ça fait des années que je suis engagé.
00:12:01 Ce qui m'intéresse dans une marche, c'est qui appelle à la marche.
00:12:04 Ceux qui ont appelé à la marche sont des républicains.
00:12:06 Et quels sont les slogans de la marche ? Le slogan de la marche, c'était "La République
00:12:10 dit non à l'antisémitisme".
00:12:11 Voilà pourquoi j'ai démarché et pourquoi je pense qu'effectivement, la France Insoumise,
00:12:19 qui a décidé de s'exclure de l'arc républicain, n'a trouvé que de faux prétextes pour participer,
00:12:26 pour ne pas participer ou pour participer à cette polémique, en tout cas pour l'engager,
00:12:32 pendant que l'un de ses députés était en train de tenir des propos hors du rien en
00:12:35 Tunisie.
00:12:36 - Oui, oui.
00:12:37 David Guiraud, pour ne pas le nommer.
00:12:39 Mohamed Sifawi, allons m'étant plus loin.
00:12:41 Donc au fond, ces polémiques vont continuer, mais au-delà de ça, cet état des choses,
00:12:47 cet islam politique ou cet islamisme politique caractérisé notamment par les frères musulmans
00:12:52 et autres, va continuer aussi à se répandre.
00:12:55 D'un autre côté, il va y avoir des réactions.
00:12:58 Est-ce qu'on est rentré ? Je la schématise, évidemment, c'est une, je ne dirais pas que
00:13:03 c'est une caricature, mais c'est une figure.
00:13:05 Est-ce qu'on est rentré dans une guerre de cent ans ?
00:13:08 Si on voit que ça a commencé déjà il y a quelques décennies.
00:13:11 - Je ne sais pas, je sais que quand cette guerre a commencé, en tout cas dans sa forme
00:13:17 contemporaine et récente, je ne sais pas quand est-ce qu'elle va finir, parce que je ne suis
00:13:21 pas devant, et fort heureusement.
00:13:22 Le plus important, c'est qu'il y a deux erreurs qui sont faites, je parle en France, c'est
00:13:29 qu'on lit, on lit, lecture, on lit l'islam politique à travers un prisme, je dirais,
00:13:35 un peu auto-centré, c'est-à-dire qu'on voit l'islamisme uniquement à travers les problèmes
00:13:40 auxquels nous faisons face en France.
00:13:43 Or, l'islam politique est un phénomène mondial, ça c'est une première chose.
00:13:46 La deuxième chose, c'est que l'islam politique, on est souvent là un peu en carabinier, c'est-à-dire
00:13:51 en réaction uniquement, lorsque le terrorisme s'impose à nous, lorsqu'il y a des polémiques,
00:13:56 comme ce n'est plus le cas, comme c'est le cas d'ailleurs à chaque rentrée scolaire
00:13:59 désormais, soit le port du voile, soit le port de la baïa, etc.
00:14:04 En vérité, nous avons des responsables politiques qui n'ont jamais véritablement investi cette
00:14:10 thématique, l'islam politique, parce qu'elle est complexe, parce que je pense qu'il y a
00:14:12 un peu de dédain aussi chez les Français, vous savez, c'est une affaire d'arabe, donc
00:14:16 ça n'a jamais concerné véritablement le...
00:14:19 - Et puis il y a l'électoralisme, la chaussif...
00:14:22 - Pardon !
00:14:23 - Et puis, pardon, Mohamed, il y a la chaussification de l'islam aussi, pour des raisons électoralistes,
00:14:29 vous le savez.
00:14:30 - Ah ben je le sais, je le dénonce, et vous savez aussi que je dénonce effectivement
00:14:34 les récupérations politiques, mais ce que je voulais vous dire, c'est que je m'étonne
00:14:38 encore aujourd'hui que dans le monde médiatique, dans le monde intellectuel, et je dirais un
00:14:43 mot sur le monde universitaire, on n'a pas véritablement investi cette thématique pour
00:14:48 comprendre d'abord ce que disent les islamistes, ce qu'ils prévoient, puisque vous parlez d'avenir.
00:14:53 Vous savez comment j'ai pu, moi, écrire, par exemple, il y a 20 ans, "La France malade
00:14:57 de l'islamisme", et alors qu'on me prenait pour un fou, quand il y a 20 ans je disais
00:15:01 "menace terroriste sur l'Hexagone", et pourquoi il y a plus de 20 ans je dénonçais déjà
00:15:05 la menace terroriste qui pendait sur nos têtes, parce que tout simplement je suis quelqu'un
00:15:09 qui travaille sur ces sujets-là, j'ai investi il y a très longtemps la littérature islamique.
00:15:14 - Et vous lisez les textes, vous lisez.
00:15:15 - On peut reprocher, pardon André, on peut reprocher beaucoup de choses aux islamistes,
00:15:19 sauf le fait de ne pas nous annoncer ce qu'ils comptent faire, or les islamistes nous disent
00:15:23 ce qu'ils comptent faire.
00:15:24 - Tout à fait.
00:15:25 - Et malheureusement, beaucoup n'arrivent pas à le comprendre.
00:15:28 - Merci, merci Mohamed Sifawi, merci pour les éclaircissements, et bien on va suivre
00:15:32 tout ça, et notamment avec vous.
00:15:34 - Merci à vous.
00:15:36 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, appelez maintenant pour réagir 0 826 300 300.
00:15:44 - Et bien nous continuons évidemment à parler de ce qui s'est passé hier, la marche contre
00:15:50 l'antisémitisme, les polémiques qu'elle a révélées, les polémiques aussi sur l'état
00:15:53 de la France, pas seulement sur ce sujet, loin de là il y a beaucoup de sujets, hélas,
00:16:01 de mécontentement, vous savez on disait il y a longtemps la France comptait à l'époque
00:16:05 50 millions de sujets, y compris les sujets de mécontentement, et bien ils sont là les
00:16:11 sujets de mécontentement, plus que jamais.
00:16:14 Enda Yari, bonjour, vous êtes écrivain, vous êtes lanceuse d'alerte, vous avez beaucoup
00:16:20 écrit justement sur votre enfance, votre adolescence, je rappelle, vous le dites,
00:16:26 vous l'assumez, vous étiez salafiste, vous étiez antisémite, on va parler, mais je
00:16:30 voudrais avant qu'on parle de cela, rappeler que justement vous étiez hier à la marche,
00:16:36 vous allez nous dire ce que vous avez ressenti, et puis on a vu des tweets de vous, où vous
00:16:43 preniez en photo avec un drapeau palestinien et un drapeau israélien, les deux mains,
00:16:48 et voilà. Pourquoi ce symbole, pourquoi vous avez voulu afficher cela ?
00:16:52 Alors bonjour, déjà merci pour votre invitation, André, si j'ai tenu à afficher cette photo
00:17:00 avec le drapeau palestinien et le drapeau israélien en même temps, c'est parce que
00:17:07 comme beaucoup de gens, moi j'ai été bouleversée par ce qu'il s'est passé le 7 octobre, et
00:17:12 à un moment donné je me suis dit, j'avais besoin de m'exprimer, et puis je me suis
00:17:16 dit qu'il fallait faire un geste pour montrer, et pas seulement avec des belles paroles,
00:17:22 pour montrer mon soutien à ces deux peuples, parce que je ne parviens pas à choisir entre
00:17:28 un camp ou un autre, puisque pour moi les grandes victimes ce sont les deux peuples,
00:17:33 autant israéliens que palestiniens, donc pour moi c'est surtout un geste symbolique
00:17:40 pour montrer mon soutien à ces deux peuples qui sont victimes l'un comme l'autre.
00:17:45 - Alors vous étiez à la marche hier, donc la marche contre l'antisémitisme lancée
00:17:50 par Yael Brounpivé et Gérard Larcher, les présidents de l'Assemblée Nationale et
00:17:55 Sénat, qu'est-ce que vous avez ressenti, qu'est-ce que vous avez vu, qu'est-ce que
00:17:57 vous avez ressenti vous ? - Pour moi c'était déjà important, c'était
00:18:00 très important d'être présente à cette marche contre l'antisémitisme, pourquoi ?
00:18:05 Parce que moi ça fait depuis 8 ans que je combats l'antisémitisme.
00:18:10 - Depuis le Bataclan ? Depuis les attentats ?
00:18:12 - Justement parce qu'en fait ce qui s'est passé il y a 8 ans, moi j'ai eu un électrochoc
00:18:16 après les attentats de Paris, moi j'étais salafiste, j'assume totalement mon passé,
00:18:21 je raconte mon histoire dans un livre, mais j'étais aussi antisémite.
00:18:25 - Pourquoi vous étiez antisémite ? - J'étais antisémite parce que malheureusement
00:18:32 j'ai été, c'est ce que j'ai écrit, j'étais un peu programmée à l'antisémitisme parce
00:18:37 que je suis tombée dans la radicalisation après un mariage avec un salafiste, à 20
00:18:45 ans, et puis j'ai subi un lavage de cerveau, et puis à ce moment-là, dans le salafisme,
00:18:50 pour être une bonne salafiste, il faut être antisémite.
00:18:53 Et donc à partir de là j'ai nourri une haine, vraiment un dégoût contre les juifs,
00:18:58 et puis ce qui s'est passé c'est que par la suite quand il y a eu les attentats de
00:19:01 Paris, moi j'ai eu un électrochoc et j'ai complètement divorcé avec le salafisme.
00:19:05 Et donc à ce moment-là j'ai retiré l'uniforme salafiste, qu'on appelle le djibbeh.
00:19:12 Donc moi j'ai vraiment quitté cette doctrine, et avec le temps, les expériences, les rencontres,
00:19:19 les belles rencontres avec des personnes de confession juive, qui m'ont tendu la main,
00:19:24 qui m'ont soutenue durant des moments difficiles, j'ai appris à les connaître, j'ai appris
00:19:27 à les respecter, j'ai appris à les aimer, et puis surtout je me suis rendue compte, j'ai
00:19:31 eu un vrai éveil de conscience, je me suis rendue compte de mes erreurs du passé, et
00:19:36 du fait que j'ai été complètement manipulée par les islamistes.
00:19:39 Et vos adversaires vous disent que vous êtes ménin manipulé par les juifs.
00:19:42 Voilà, donc en fait ce qui se passe c'est qu'aujourd'hui, moi je le dis, je soutiens
00:19:48 autant les palestiniens et je suis meurtrie par ce que je vois, les images, on est complètement
00:19:53 bombardé d'images violentes depuis des semaines, voilà c'est terrible, et le fait de soutenir
00:20:01 moi, j'ai été très marquée par les assassinats de personnes de confession juive en France,
00:20:09 je pense à Ilan Halimi, je pense à Sarah Halimi, je pense à Mireille Noll, je pense
00:20:12 aux victimes à l'hypercachère, je pense aux enfants de l'école Zahatora, donc c'est
00:20:19 vrai que ça se passe en France, et donc depuis 8 ans, moi je vais aux manifestations contre
00:20:26 l'antisémitisme pour soutenir ces victimes innocentes, et je pense aussi au peuple israélien,
00:20:31 à ces victimes en Israël, parce que pour moi c'est la même chose, elles sont victimes
00:20:36 du fait d'être juifs, et ça c'est pas normal, parce que dans l'islam, on nous apprend que
00:20:42 les juifs, les chrétiens, qu'on est tous frères, l'islam c'est une religion de paix
00:20:46 à la base, et ça a été complètement déformé par l'islamisme, et aujourd'hui moi ce que
00:20:51 j'aimerais c'est que les musulmans peut-être s'éveillent par rapport à cet antisémitisme
00:21:01 lié à l'islamisme.
00:21:02 - Cette espèce de haine, quelle qu'elle soit la haine, contre qui le culte la haine, l'enseignement
00:21:09 de la haine en fait, c'est ce que vous êtes en train de dire, mais Ena Yari, c'est quoi
00:21:14 votre avis qu'il faut faire, parce que hier certains dirigeants, je ne sais pas, juifs,
00:21:19 disaient oui, il n'y avait pas beaucoup de musulmans dans la manifestation, etc.
00:21:23 Mais au-delà de ça, vous avez senti quoi, c'était calme, c'était paisible, c'était
00:21:29 comment ? Qu'est-ce que vous avez senti en étant en marchant ?
00:21:32 - Moi déjà hier, c'était important pour moi d'y être, mais j'ai été vraiment soulagée
00:21:37 parce que j'ai vu une vague immense de personnes de toutes les couleurs, de toutes les confessions
00:21:42 marcher ensemble, et ça, ça m'a fait chaud au cœur de voir qu'il y avait autant de
00:21:48 soutien, de fraternité à l'égard de la communauté juive française et aussi en Israël.
00:21:53 Et c'est vrai que je marchais et je regardais aussi autour de moi pour voir si je pouvais
00:22:00 trouver des personnes de confession musulmane, sauf qu'on ne peut pas les reconnaître,
00:22:04 je veux dire, les musulmans et les juifs sont très proches, ce sont des sémites, donc
00:22:09 ils se ressemblent aussi physiquement, et on ne peut pas deviner...
00:22:12 - C'est pour ça que vous avez dit qu'il n'y avait pas assez de musulmans, ou il y
00:22:14 avait assez, qu'est-ce que ça veut dire ? On ne va pas faire du faciès là !
00:22:18 - Exactement, exactement.
00:22:20 - Et en tout cas, pour vous, pour terminer, Justine Dahiary, je sais que vous allez écrire
00:22:27 un livre, vous m'avez dit là-dessus, enfin encore sur ce sujet, mais justement, comment
00:22:35 on peut effectivement arrêter ce culte, enfin cet enseignement du mépris dont parlait Isaac
00:22:42 Dutcher, à l'égard de qui que ce soit d'ailleurs ? C'est l'éducation, c'est quoi ?
00:22:47 - En fait, le problème, c'est qu'aujourd'hui, pour beaucoup de musulmans, si vous soutenez
00:22:55 des juifs, vous êtes quelque part, entre guillemets, un "traître".
00:22:58 C'est-à-dire qu'en fait, nous, je veux dire, le problème, il y a beaucoup de musulmans
00:23:02 qui ne connaissent pas vraiment l'histoire de leur religion, parce que si vraiment ils
00:23:06 apprenaient à connaître l'histoire de leur religion, ils comprendraient qu'on ne doit
00:23:10 pas avoir de la haine pour son prochain, et que les juifs sont, voilà, on est tous frères,
00:23:15 que ce soit des chrétiens, les juifs, on est frères en humanité.
00:23:17 Et le problème, c'est qu'aujourd'hui, les médias, les réseaux sociaux, etc., nous
00:23:24 bombardent, donc on nous manipule quelque part, et le fait d'être manipulé, parce
00:23:28 qu'il y a aussi des manipulations politiques, les manipulations complotistes et tout ça,
00:23:32 donc du coup, ce qui pour moi est important, c'est d'entendre justement des voix de personnes
00:23:37 justement qui combattent l'antisémitisme, notamment des personnes de confession musulmane,
00:23:42 et d'en parler, je veux dire, de témoigner, d'expliquer que non, l'antisémitisme, ce
00:23:48 n'est pas la solution pour être un bon musulman.
00:23:50 Aujourd'hui, ce qui est très important à dire, c'est que les musulmans ont une responsabilité
00:23:55 et qu'il serait important pour eux de dénoncer, de combattre l'islamisme, parce que le problème,
00:24:01 c'est que les islamistes utilisent cette religion à des fins politiques, pour la conquête,
00:24:07 pour le pouvoir, etc., et c'est aux musulmans de faire le ménage dans leur propre communauté.
00:24:11 - Merci Ndaïa Hari, je crois que nous avons un auditeur.
00:24:14 - Oui, c'est Jean-Paul qui nous appelle depuis Draguignon, qui a peut-être une question.
00:24:17 Bonjour Jean-Paul.
00:24:18 - Oui, bonjour Jean-Paul.
00:24:19 - Bonjour, et bien écoutez, moi je voulais quand même signaler ce fait-là des deux
00:24:28 premières lignes dont on nous a brevés de la manifestation à la télévision hier après-midi,
00:24:34 notamment Monsieur Larcher, Madame Bronte-Pivet, Nicolas Sarkozy, François II, le magnifique
00:24:41 Jean Passe, et les meilleurs.
00:24:44 Je voudrais dire que ces personnalités ont depuis 30 ans participé à ce que l'on vit
00:24:52 dans ce pays, parce qu'il n'y a pas que la détestation des juifs qui est dramatique,
00:24:57 et que je soutiens totalement, il y a aussi une détestation des français en général
00:25:02 dans notre pays maintenant.
00:25:03 Voilà, même par la gauche de ce pays, qui a une attitude des plus lamentables et des
00:25:10 plus méprisables envers ceux qui ne pensent pas comme eux, ils créent une violence abominable,
00:25:20 détestable, et on les voit toujours à la télé, notamment j'ai vu Stéphane Aurabier
00:25:25 se faire agresser hier.
00:25:26 - Le Marseille, oui.
00:25:28 - Voilà, et il n'a même pas été mis en garde à vue ce personnage, à croire qu'ils
00:25:33 sont en toute impunité maintenant.
00:25:35 Donc je voudrais dire que ces personnalités, notamment même ce cher monsieur Véran qui
00:25:42 est venu s'égauzier sur les plateaux télé en disant qu'il ne fallait pas que le R.A.
00:25:47 ne participe, on a envie de leur dire "mais pour qui vous prenez-vous à la fin ?"
00:25:51 Quand on a le bilan qu'ils ont, quand on a l'incompétence qu'ils ont, quand on a la
00:25:58 faiblesse de ces gens, ce ne sont pas des hommes d'Etat, ce sont des représentants
00:26:02 de commerce et qui viennent donner des leçons à tout le monde.
00:26:07 - Jean...
00:26:08 - Excusez-moi, il y a quelque chose qui ne va plus.
00:26:09 - Eh bien oui, en tout cas, il y a quelque chose de pourri, non pas dans l'oeil du Danemark,
00:26:15 mais peut-être dans ce cher royaume de France que nous aimons bien.
00:26:18 Merci Jean, et merci Hendaye Harry, merci pour vos témoignages, c'était important
00:26:23 que vous disiez ce que vous avez à dire.
00:26:26 Voilà, on est là, vous savez qu'on est là pour parler de tout, on met des mots M.O.T.S,
00:26:30 on essaie de mettre des mots M.O.T.S sur les mots M.A.U.X parce que...
00:26:35 Voilà, ne pas partir effectivement en hurlant avec les loups ou en bêlant avec les moutons,
00:26:43 ce qui est une facilité peut-être qu'il faut s'éviter tous.
00:26:46 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, les perles du jour.
00:26:52 L'opportuniste, l'opportuniste, est-ce que c'est de l'opportuniste ?
00:26:55 Vous savez, on vous a parlé du général Yakovlev, le grand général de plateau,
00:27:01 qui effectivement, regretté, était très déçu par les Ukrainiens en ce moment,
00:27:07 alors qu'il nous avait dit que les Ukrainiens avaient déjà démoli les Russes, etc.
00:27:14 Eh bien, les experts de plateau, heureusement ou malheureusement, croissent et se multiplient.
00:27:22 Notamment, toujours sur LCI, mais voilà, on n'est pas focalisé sur cette chaîne,
00:27:30 mais il est intéressant de voir qu'un autre aussi s'est exprimé récemment,
00:27:34 c'est Pierre Servan, Pierre Servan qu'on voit toujours très très souvent,
00:27:38 et Pierre Servan était effectivement vendredi dernier sur LCI,
00:27:44 et disait ceci par rapport à "apparemment la contre-offensive n'a pas donné les résultats escomptés,
00:27:52 on ne sait pas très bien, on n'en parle pas beaucoup, la guerre Russie-Ukraine en ce moment,
00:27:56 vous savez, une guerre hélas chasse l'autre, mais enfin, quand même, elle est hélas aussi très présente.
00:28:02 Alors voici ce que disait Pierre Servan sur LCI, vendredi dernier, écoutez.
00:28:08 - Mais je n'étais pas le seul à dire qu'il ne fallait pas sous-estimer les Russes,
00:28:11 nous avons été plusieurs, Samantha Bendern, Vincent Hugeux, moi-même,
00:28:15 on avait cité un rapport britannique dès le mois de mai, le RUSI,
00:28:21 qui disait "attention, les Russes ont modifié un certain nombre de choses,
00:28:25 ils travaillent plus en interarmes, un peu plus en interarmées,
00:28:28 ils se sont améliorés sur les brouilleurs, ils utilisent plus intelligemment la guerre électronique,
00:28:33 ils utilisent plus intelligemment les drones, honnêtement, c'est au crédit d'LCI,
00:28:38 on l'a dit avant l'offensive du 6-10 juin, on disait "attention, il y a vraiment un certain nombre de choses qui montrent qu'ils ont bougé".
00:28:45 - Ah, ils ont bougé, vous voyez, on l'avait dit, on l'avait dit,
00:28:48 pas seulement moi, mais Samantha l'a dit, d'autres l'ont dit, etc.
00:28:52 Oui, oui, ils ont appris le maniement des brouilleurs, ils ont devenu plus forts sur l'électronique,
00:28:57 ah oui, tiens, avant ils étaient nuls, ah bon, avant ils étaient nuls ?
00:29:01 Non, non, non, Berkhoff, arrêtez, moi je n'ai jamais dit qu'ils étaient nuls, non, non, non, non, non,
00:29:04 mais Pierre Servan, voici ce qu'il disait sur France Info en mars 2023,
00:29:10 c'est-à-dire il y a, allez, un peu plus de six mois,
00:29:14 voici ce que disait le même Pierre Servan qui vient de dire "on sait maintenant",
00:29:19 on avait dit avant ça, on avait dit que les Russes avaient changé,
00:29:22 mais en mars, c'est pas très exactement ce qu'il disait, écoutez.
00:29:26 - Est-ce qu'une défaite de la Russie est aujourd'hui envisageable ?
00:29:30 - Oui, il y a beaucoup de scénarios, évidemment, au bout d'un an,
00:29:33 donc le scénario, je dirais, dominant dans les chancelleries, sur les plateaux,
00:29:37 c'est "ça va durer très longtemps", ce qui est une possibilité,
00:29:40 il y a des arguments allant dans ce sens-là.
00:29:43 Le scénario, moi, que je privilégie, c'est plutôt un effondrement du corps expéditionnaire russe,
00:29:49 qui est un corps expéditionnaire en patchwork, avec des blocs de niveau extrêmement inégal,
00:29:54 et avec un commandement de type soviétique et énormément de dysfonctionnement.
00:29:59 - Et voilà, tout simplement, Pierre Servan prédisait l'effondrement du corps expéditionnaire russe.
00:30:07 Pas magnifique, ça ? Alors, l'aujourd'hui, oui, mais vous comprenez, il était effondré,
00:30:11 mais étonnamment, les Russes ont appris le brouillage électronique, c'est incroyable,
00:30:16 ils ont appris à manier électronique.
00:30:18 Mais écoutez, tous ces experts de plateau, tous ces spécialistes de plateau,
00:30:22 est-ce qu'ils pourraient, à un moment donné, se dire "ah oui, c'est embêtant, évidemment,
00:30:25 ils sont pas du matin au soir au micro, c'est vrai, c'est embêtant,
00:30:29 pour leur famille, pour leur reconnaissance, pour..."
00:30:32 Mais est-ce que vous pourriez pas, un tout petit peu,
00:30:35 écouter, prendre le temps de regarder, prendre le temps de regarder sans idéologie,
00:30:41 prendre le temps d'expérimenter, prendre le temps, peut-être, peut-être, d'aller un peu sur le terrain ?
00:30:46 C'est pas mal, d'aller sur le terrain au lieu de rester à 20 000 km, ou 6 000 km, ou 3 000 km,
00:30:52 en attendant, voilà, voilà.
00:30:54 Ce n'est pas le porte-liste de Dutronc, mais c'est le prévisionnel magnifique.
00:31:00 C'est, rappelez-vous, nous allons mettre à genoux l'économie russe,
00:31:04 dont notre excellent ministre, que le monde entier nous envie.
00:31:09 Eh oui, vendredi dernier, vendredi,
00:31:13 eh bien la préfecture du Rhône a organisé la cérémonie annuelle d'hommage aux policiers morts pour la France
00:31:18 ou victimes du devoir dans l'exercice de leur mission.
00:31:20 Vous pourriez vous dire, "eh bien écoutez, tout le monde va y participer",
00:31:26 eh bien non, non, non, non, c'est plus ça maintenant, c'est fini ça.
00:31:30 Écoutez.
00:31:31 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:31:33 Et même Renaud, même Renaud s'y est mis.
00:31:37 Mais les écologistes lyonnais, non, non, non, non, non.
00:31:40 Alors il y avait les côtés, les représentants de l'État, de la justice et de la police,
00:31:44 mais aucun membre de l'exécutif écologiste lyonnais
00:31:48 n'était présent au cimetière de Loayas dans le 5e arrondissement.
00:31:51 Aucun membre, et évidemment pas le maire, hein.
00:31:53 Grégory Doucet, qui est maire de Lyon, bien sûr.
00:31:57 Voilà, donc il y avait quelqu'un, oui il y avait la région Auvergne-Renalp,
00:32:03 il y avait le député, un député Renaissance,
00:32:06 mais la ville de Lyon, la métropole de Lyon, personne.
00:32:10 Donc il y avait une gerbe de fleurs qui était prévue par la mairie,
00:32:14 mais personne pour la déposer.
00:32:16 Je sais pas, on se dépêche d'en rire de peur d'être obligé d'en ricaner.
00:32:20 Voilà, c'est quand même assez hallucinant.
00:32:24 Cette gerbe de fleurs est restée là, puis un policier l'a déposée.
00:32:29 Alors, on s'est dit "mais pourquoi ? Pourquoi la mairie n'est pas là ?
00:32:34 Pourquoi la métropole n'est pas là ?"
00:32:36 Alors ils disent ceci, ils disent,
00:32:38 on reconnaît une absence exceptionnelle à la ville de Lyon,
00:32:41 mais il faut pas créer de polémiques inutiles, voilà.
00:32:46 Ils disent "la ville de Lyon a toujours soutenu les policiers dans leur travail,
00:32:53 toute instrumentalisation serait indigne."
00:32:56 Et l'absence, elle est pas indigne dans ces cas-là, monsieur le maire,
00:33:00 messieurs les conseillers municipaux ?
00:33:03 On peut s'interroger.
00:33:06 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:33:09 Vous savez, c'est une voix masculine,
00:33:12 mais en fait, ça aurait pu être ce matin sur Europe 1,
00:33:16 la voix de Yael Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale.
00:33:20 Alors comme vous le savez, c'est très bien,
00:33:23 elle a convoqué la manifestation avec Gérard Larcher,
00:33:27 la manifestation "La marche contre l'antisémitisme".
00:33:30 Et ce matin, elle était invitée sur CNews Europe 1,
00:33:34 et Sonia Mabrouk lui a posé une question.
00:33:39 Écoutez.
00:33:40 - Quel est selon vous le carburant principal de cet antisémitisme aujourd'hui ?
00:33:45 - Je n'en sais rien.
00:33:45 Je n'en sais rien parce que pour tout vous dire,
00:33:47 moi, depuis que je suis rentrée en politique, je suis frappée.
00:33:50 Et je suis victime de l'antisémitisme.
00:33:53 - Vous avez entendu ce blanc ?
00:33:55 C'est beau ce blanc.
00:33:57 Quel est le carburant d'antisémitisme ?
00:34:00 - Petit blanc.
00:34:01 J'en sais rien.
00:34:02 Oui, j'ai été frappé par l'antisémitisme.
00:34:04 J'en sais rien.
00:34:06 Alors moi, je demande, puisqu'Yael Braun-Pivet ne sait rien, il faut l'aider.
00:34:09 Yael Braun-Pivet, elle est quand même la présidente de l'Assemblée nationale.
00:34:12 Donc je demande aux historiens du Sud-Orient d'essayer de nous dire,
00:34:16 à votre avis, quel est le carburant de l'antisémitisme d'aujourd'hui ?
00:34:21 Je ne sais pas, vous avez peut-être des idées.
00:34:23 Eh bien écoutez, téléphonez-nous, téléphonez à Manu, au Standard.
00:34:28 Essayons de savoir pour le transmettre.
00:34:30 Je vous dis tout de suite, on transmettra tout à Yael Braun-Pivet parce que c'est normal.
00:34:34 Elle cherche à savoir, elle ne sait pas.
00:34:36 Donc il faut l'aider.
00:34:37 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
00:34:44 13h53 sur Sud Radio, l'heure pour André Bercov de recevoir aujourd'hui
00:34:47 dans Face à Face exceptionnel avec Eugénie Bastille, la journaliste au Figaro
00:34:50 et auteur de ce nouveau livre, "La dictature des ressentis, sauver la liberté de penser".
00:34:55 C'est publié aux éditions Plon.
00:34:56 Bonjour Eugénie Bastille.
00:34:57 Bonjour.
00:34:58 Alors Eugénie Bastille, effectivement, et vous avez d'ailleurs fait une introduction
00:35:02 sur "Sauver la liberté de penser".
00:35:04 Effectivement, on peut se poser la question aujourd'hui, si c'est un SOS ou si on est
00:35:10 déjà dans le Titanic et l'iceberg est déjà dans le Titanic.
00:35:13 On ne sait pas, on va en parler.
00:35:15 Vous avez écrit un livre, vous avez rassemblé vos chroniques du Figaro et c'est très intéressant
00:35:20 parce que vous avez fait une espèce d'inventaire, "The whole picture" comme disent les Américains,
00:35:26 c'est vrai du tableau de ce qui se passe aujourd'hui et on voit très bien, et on va en parler,
00:35:33 le fil rouge.
00:35:34 Et quel est le fil rouge ? Parce qu'on va parler du fil rouge, parce que ce que vous
00:35:36 dites sur la déconstruction, sur le wokisme, sur effectivement du passé faisant table
00:35:42 rase, etc. etc.
00:35:44 On voit très bien que ça se relie et on va parler des armes de la parole parce qu'en
00:35:48 ce moment les armes de la parole cèdent beaucoup à la parole des armes.
00:35:51 Et donc, qu'est-ce qui se passe ? Et vous, vous citez beaucoup de gens.
00:35:55 D'abord, au fond, Eugénie Bastier, vous, votre, comment dirais-je, votre parti pris,
00:36:02 au bon sens, au sens littéral du terme, c'est quoi ?
00:36:04 - Parti pris, j'essaie de ne pas en avoir, même si évidemment...
00:36:09 - Parti, je parle, oui, pas de parti politique, hein, d'un parti général.
00:36:13 - D'où parles-tu camarade ? - Voilà.
00:36:16 - Moi je suis plutôt quelqu'un, je me définirais plutôt comme conservatrice, pas réactionnaire,
00:36:22 pas d'extrême droite, comme ce mot qui ne veut plus rien dire et qui a collé à tout
00:36:26 et n'importe qui.
00:36:27 Réactionnaire aussi, ça ne veut plus rien dire.
00:36:29 Moi je me définirais comme conservatrice, c'est pas un mot qui a beaucoup de popularité
00:36:33 en France, puisqu'on est le pays du progrès, de la révolution, de l'abstraction, on aime
00:36:39 la révolution, on aime les grands mots, on s'enivre un peu justement de ce progrès et
00:36:43 les conservateurs sont assez mal vus en France, tout simplement parce qu'ils ont été les
00:36:45 perdants de l'histoire.
00:36:46 Et donc c'est un mot qui est aujourd'hui un peu infamant dans notre pays, mais moi
00:36:50 je le reprends.
00:36:51 - Vous le revendiquez ? - Je le revendique.
00:36:53 Je me dis, ça me va, je ne trouve pas ça insultant, parce que pour moi être conservateur
00:36:57 c'est vouloir préserver ce qui a prouvé son efficacité dans le temps, ce qu'on appelle
00:37:02 pour moi la tradition, c'est ce qui a traversé le temps, parce que c'était une solution
00:37:07 trouvée qui a traversé le temps, et j'essaie de déconstruire les déconstructeurs qui ont
00:37:11 cet orgueil de dire voilà, tout ce qu'on a hérité, la tradition, ce qui est donné,
00:37:17 ce qu'on n'a pas construit soi-même, eh bien il faudrait forcément le balayer, le
00:37:22 critiquer, le déconstruire, le jeter à la poubelle, et donc je me bats contre ça, parce
00:37:28 que je pense qu'il est urgent de préserver ce qui peut encore être préservé, parce
00:37:33 que beaucoup de choses malheureusement ont été détruites.
00:37:34 - C'est vrai, et puis en ce moment on voit que ça a été un mot d'ordre, et c'est un
00:37:37 sacré mot d'ordre, du passé faisons table rase, on va reprendre tranquillement après
00:37:43 les informations, et effectivement faire l'inventaire de cette déconstruction, et comment effectivement
00:37:50 on peut s'y opposer.
00:37:51 - Et on prendra toutes vos réactions au 0826 300 300 et toutes vos interrogations pour
00:37:56 Eugénie Bastia tout de suite.
00:37:57 On continue ce face à face aujourd'hui avec Eugénie Bastia qui vient nous présenter
00:38:02 son nouveau livre "La dictature des ressentis, sauver la liberté de penser", c'est publié
00:38:06 chez Plon.
00:38:07 - Alors Eugénie Bastia vous parlez justement de la culture du relativisme, et ça me rappelle,
00:38:14 je ne sais pas si vous connaissez, mais c'est une phrase qui...
00:38:16 Léostros, non pas Claude Lévi-Strauss, mais Léostros qui disait "si toutes les cultures
00:38:20 se valent, alors le cannibalisme n'est plus qu'une question de goût".
00:38:24 - Exactement, et Léostros avec pour disciple Alain Blum, qui m'a beaucoup inspiré, notamment
00:38:30 son chef d'oeuvre "L'âme désarmée" qui est un magnifique livre qui a été publié
00:38:33 en 1987 et en fait il décrit les prémices de ce qui deviendra le wokeisme 20 ans plus
00:38:37 tard, c'est-à-dire la manière dont les universités américaines sont colonisées à la fois par
00:38:42 le relativisme, c'est-à-dire que tout se vaut la culpabilité, c'est-à-dire de la culture
00:38:46 occidentale.
00:38:47 - Déjà en 87.
00:38:48 - Oui bien sûr, déjà en 87, tout y est, tout y est, le féminisme militant, il décrit
00:38:51 tout ça et donc lui dit que le problème des universités c'est qu'au lieu d'apprendre
00:38:57 dans les universités la vérité, on leur apprend le relativisme, c'est-à-dire que
00:39:00 tout se vaut, que finalement l'Occident, les valeurs occidentales, les valeurs de même
00:39:05 de liberté que nous avons promues pendant des années, tout ça en fait est un produit
00:39:10 particulier d'une culture qui n'est pas si bien que ça, qui est la culture occidentale
00:39:13 qui a fait énormément de mal par ailleurs et donc on instille en fait le relativisme
00:39:18 dans les cerveaux de génération en génération et pour quelqu'un de ma génération par
00:39:23 exemple, le premier geste qu'on nous a appris à l'école c'est qu'il n'y avait pas de
00:39:26 valeur universelle, que la vérité n'existait pas.
00:39:29 - C'est ce qu'on vous a appris.
00:39:30 - C'est ce geste de la déconstruction, c'est-à-dire qu'il faut tout critiquer, que le savoir,
00:39:34 que tout ce qu'on a reçu, il faut lui apposer un regard critique et donc en fait ce qui
00:39:40 caractérise, c'est pour ça que j'ai parlé de dictature des ressentis, c'est à la fois
00:39:44 le relativisme, chacun a son ressenti, chacun a sa vérité, il n'y a pas de vérité universelle.
00:39:50 - Et sa vérité elle vaut celle des autres.
00:39:52 - Exactement, et dictature parce qu'on pourrait se dire que le relativisme ça conduit à
00:39:55 la tolérance, comme du type montaignien, s'il n'y a pas de vérité chacun peut se
00:39:59 tolérer, sauf que c'est un relativisme qui conduit à l'intolérance et c'est ça mon
00:40:02 avis de la caractéristique.
00:40:03 - Pourquoi ? Alors en quoi et comment ce relativisme conduit à l'intolérance ?
00:40:06 - Parce qu'en fait chacun dit "j'ai ma vérité et je ne supporte pas qu'on vienne la remettre
00:40:10 en question, qu'on revienne la remettre en cause et d'entendre une autre vérité dans
00:40:14 le débat public est en soi considéré comme une offense, comme une blessure et donc chacun
00:40:21 s'enferme dans son ressenti, dans son ressentiment, dans sa communauté identitaire, dans son
00:40:26 silo de savoir, de sens et donc c'est un relativisme tribal en fait.
00:40:32 - Et l'autre est considéré presque comme un ennemi, comme un adversaire c'est ça ?
00:40:36 - C'est le retour du tribalisme dans nos sociétés démocratiques, c'est-à-dire qu'on pensait
00:40:40 avec la démocratie en avant fini avec l'esprit du clan, de la tribu, en fait on voit qu'il
00:40:43 revient, il y a un retour de l'archaïque mais qui s'écrit non pas sur le langage
00:40:47 du conservatisme mais sur le langage du progressisme, c'est une sorte de tribalisme progressiste,
00:40:52 un mélange entre effectivement une mentalité de clan et extrêmement primitive, archaïque
00:40:57 et le langage du progressisme, le progrès, le féminisme, l'antiracisme, l'inclusivité
00:41:04 etc.
00:41:05 Et donc c'est ça qui me paraît très inquiétant parce que c'est très difficile de dire à
00:41:09 quelqu'un qui vous dit que ce que vous dites le blesse d'avoir un débat avec lui en fait.
00:41:15 Le sectarisme a toujours existé, quand Sartre dit "tout anticommuniste est un chien", on
00:41:20 ne peut pas dire qu'il soit très ouvert d'esprit.
00:41:22 Quand tu dis "en tuant l'européen vous faites deux libres, l'européen qui est mort mais
00:41:28 libre et l'une exploité qui est libre".
00:41:30 Exactement, il y avait une violence dans le débat à cette époque là très très forte.
00:41:34 Mais Sartre ne dit pas "tout anticommunisme blesse et il est communistophobe", il ne dit
00:41:40 pas ça.
00:41:41 Et donc il l'exclut mais au nom du logo, son nom de la raison, au nom de sa vision idéologique
00:41:46 des choses mais pas au nom de sa blessure, de son pathos et je crois que c'est ça qui
00:41:50 est difficile aujourd'hui.
00:41:51 C'est quand on vous dit par exemple, quand vous exprimez des objections sur la PMA pour
00:41:55 toutes, par exemple quand on a la fessée de Vianna Gazinsky et qu'on vous traite immédiatement
00:41:58 d'homophobe ou de transphobe quand vous critiquez la transition de genre chez les enfants ou
00:42:04 d'islamophobe parce que vous critiquez l'islamisme ou etc. etc. ou de raciste parce que vous
00:42:11 voulez maîtriser les flux migratoires, et bien il n'y a pas d'argument à répondre
00:42:18 parce qu'on est immédiatement dans la passion, c'est-à-dire que vous êtes dans la haine,
00:42:22 vous êtes dans la peur et il est très difficile d'avoir un débat à argumenter, ce sont
00:42:26 des anathèmes qui excluent toute possibilité même de débat.
00:42:28 - Oui et c'est intéressant parce que ça me fait penser en Amérique, comme vous savez,
00:42:35 dans les universités américaines il y a les "save spaces" où justement vous avez
00:42:39 des espaces protégés où vous êtes sûr de ne rencontrer aucun contradicteur.
00:42:43 Ce qui est la mort de l'esprit critique, c'est la mort de la disputation.
00:42:46 - C'est la mort du frottis des idées quand vous perdrez les cerveaux.
00:42:50 - Il y a un avocat américain, enfin deux intellectuels américains, Jonathan Haidt
00:42:55 et Lou Kianoff, qui ont publié un livre il y a quelques années qui s'appelle "Coddling
00:42:59 the American Mind", qui voulait dire "Le chouchoutage de l'âme américaine" et qui
00:43:03 montrait à quel point il y avait une génération sur les campus américains qui n'avait connu
00:43:07 aucune souffrance, aucune tragédie historique, qui n'avait pas été dans la guerre etc.
00:43:12 et qui était surprotégée par leurs parents, effectivement des enfants un peu rois, la
00:43:17 génération enfant roi, et qui avait développé une hypersensibilité qui faisait qu'il prenait
00:43:23 vraiment même l'expression d'opinion dans l'espace public pour des agressions psychiques.
00:43:26 Et en fait, il y a le nombre de détresses psychiques sur ces campus avec des étudiants
00:43:32 qui sont véritablement dans un mal-être profond et qui par exemple ne supportent pas
00:43:38 même qu'on cite un auteur dans le débat public qui le considère comme raciste, islamophobe
00:43:43 etc. Pour eux, c'est en soi même l'énonciation d'un texte et d'une agression physique,
00:43:50 même pas mentale, c'est physique, c'est-à-dire qu'ils sont psychiquement atteints.
00:43:54 Et ça c'est effectivement gravissime parce que c'est la fin du débat.
00:43:57 Pour moi, le wokisme et ses avatars sont véritablement une pathologie d'enfants gâtés occidentaux.
00:44:04 Mais est-ce que ce n'est pas quand même en fait au-delà de ça un totalitarisme ?
00:44:08 C'est un totalitarisme.
00:44:09 Alors moi j'aime pas trop le mot totalitarisme parce que c'est comme le mot fascisme qu'on
00:44:12 emploie à tour à travers.
00:44:14 Oui je sais, mon valise mécanique.
00:44:15 Voilà, mon valise.
00:44:16 Il y a une tentation totalitaire.
00:44:17 Je veux dire par là que si vous dites que celui qui s'y dit il n'est pas d'accord
00:44:23 avec moi, il me violente, et bien quelque part je le violente aussi puisque je l'empêche
00:44:29 de parler.
00:44:30 Non, c'est...
00:44:31 Je préfère parler, c'est le règne de l'idéologie, c'est-à-dire qu'il y a une espèce de...
00:44:37 Karpopper définissait la différence entre une démarche scientifique et une démarche
00:44:42 idéologique, c'était que la démarche scientifique elle peut être réfutée par des arguments.
00:44:46 La démarche idéologique elle ne peut pas.
00:44:47 Par exemple si vous êtes contre le communiste, c'est parce que vous êtes un bourgeois.
00:44:49 Si vous êtes contre le post-colonialisme, c'est parce que vous êtes un colon.
00:44:53 Et il y a ça en fait, c'est-à-dire qu'on ne peut pas la réfuter.
00:44:55 C'est-à-dire que si vous critiquez le féminisme, c'est la preuve qu'on a besoin d'encore
00:44:58 plus de féminisme puisqu'on est critiqué.
00:44:59 Par exemple, c'est le concept de fragilité blanche, vous savez, d'une auteure américaine
00:45:07 qui explique qu'en fait les gens, les "blancs" des occidentaux qui critiquent cette forme
00:45:12 d'anti-racisme complètement folle, qui voit du racisme partout, c'est parce qu'ils sont
00:45:16 en fait animés par la fragilité blanche.
00:45:18 Comme ils ont peur de perdre leur privilège, ils vont se mettre à critiquer.
00:45:21 Donc là on est finalement dans une forme de tentation totalitaire dans le sens où on
00:45:25 ne peut même pas s'échapper du débat.
00:45:26 Donc tout ce qu'on dit est argumenté contre soi.
00:45:31 - Vous, Jenny Bastier, vous êtes une suprémaciste blanche.
00:45:33 - Pour eux, dans les têtes de ces gens-là, effectivement, critiquer leur position, c'est
00:45:40 la preuve qu'ils ont raison.
00:45:41 Donc à partir de là, on ne peut plus débattre.
00:45:44 C'est un raisonnement totalement circulaire.
00:45:48 - Et vous citez, alors moi j'aimerais, dans votre livre, vous avez écrit quelques mapis
00:45:52 assez virulents et assez drôles sur, par exemple, pour ne prendre que ça, Ouya Boutelja,
00:46:02 Geoffroy Laguerrie, Paul Preciado, le trans, mais il est...
00:46:06 - Oui c'est ça, c'est un homme trans, je ne sais pas comment on appelle ça.
00:46:11 - Oui, l'homme trans, etc.
00:46:13 Et les déclarations, là j'ai pas lu son livre, mais j'ai lu votre chronique, et je
00:46:20 dois dire que c'est assez hallucinant quand même, parce que ça arrive à des points,
00:46:23 je sais pas si vous pouvez nous donner des exemples.
00:46:25 - Oui, parce que, alors, Paul B.
00:46:27 Preciado, c'est une femme qui s'est transformée en homme.
00:46:33 - C'est une femme au départ.
00:46:34 - Voilà, c'est une femme au départ qui s'est transformée en homme, mais sauf qu'en fait,
00:46:37 moi je n'ai rien contre la transition de genre chez l'adulte, même si je pense qu'elle
00:46:40 est impossible.
00:46:41 C'est-à-dire qu'on ne passe jamais totalement d'un sexe à l'autre.
00:46:44 - L'homme ne peut pas tomber enceinte, mais si vous dites ça, vous êtes déjà un trans.
00:46:47 - Oui, mais c'est pas possible scientifiquement, on ne passe pas d'un sexe à l'autre, mais
00:46:50 bon, ces deux gens ont envie de se faire appeler différemment, s'ils se sentent pas bien,
00:46:54 et bon, très bien.
00:46:55 Sauf que Paul B.
00:46:56 Preciado va beaucoup plus loin, puisqu'il fait de son propre cas l'emblème d'un changement
00:47:02 civilisationnel, en disant "nous allons basculer dans la civilisation du trans", et en fait,
00:47:07 le trans est l'avant-garde du progrès en marche, et en fait il bouleverse les repères,
00:47:13 et il dit "nous vivons", il faut tout casser, il faut casser l'hétéronormativité, c'est-à-dire
00:47:18 l'idée même qu'il y aurait une hétérosexualité qui pour eux est une construction sociale.
00:47:24 Sauf qu'en fait, il y a un paradoxe, parce que pourquoi si l'hétérosexualité n'existe
00:47:28 pas, si la binarité des sexes n'existe pas, pourquoi quand on est une femme vouloir devenir
00:47:32 un homme, et donc vous mettez des attributs masculins, on va se dire, en fait, en changeant
00:47:37 même de sexe, il prouve bien qu'il y a une polarisation entre deux sexes.
00:47:42 Et en fait, oui, ça tourne en rond, parce qu'en réalité, si on change de sexe, c'est
00:47:47 bien qu'on croit qu'il y a un autre sexe.
00:47:49 Paul Pressedo met un paquet entre ses jambes, ce qu'on appelle un paquet, c'est-à-dire
00:47:54 une poche entre ses jambes, pour faire comme s'il avait un sexe, et bien c'est bien qu'il
00:47:59 considère que c'est un attribut qui appartient au sexe opposé, donc tout ça n'est pas forcément
00:48:04 qu'une construction sociale.
00:48:05 Et donc c'est le serpent qui se mord la queue, et on arrive effectivement à des absurdités.
00:48:11 - Mais alors, justement, Julie Bastier, est-ce que tout ça n'est pas, je dirais presque
00:48:16 des abolis biblos d'inanité sonore, comme disait un certain Valarmé, mais est-ce que
00:48:21 franchement, est-ce qu'il y a une véritable influence dans les universités, dans les
00:48:26 écoles, etc., où ça reste quand même une espèce de prurite minoritaire, enfin bon,
00:48:32 aujourd'hui, je parle aussi bien en France, en Europe, que l'Amérique ?
00:48:35 - Je pense que c'est minoritaire, mais vous savez aussi bien que moi que ce sont les minorités
00:48:39 qui changent les choses, et que souvent les minorités idéologiques arrivent à aboutir
00:48:45 à des vrais changements culturels, en 1968 c'était aussi une minorité, et je pense
00:48:49 que ça a des vrais effets, notamment sur la jeunesse.
00:48:51 Il y a un sondage qui est apparu dans Marianne, je crois, il y a quelques années, un ou deux
00:48:54 ans, qui montrait que par exemple, 20% des jeunes entre 18 et 24 ans se disaient n'appartenir
00:49:02 ni à un sexe ni à un autre, c'est quand même pas rien.
00:49:04 - Ouais, c'est un sondage, mais enfin quand même, oui.
00:49:07 - Oui, mais c'est une influence, je pense, c'est une partie de la jeunesse qui ne sait
00:49:10 plus d'ailleurs très bien où elle en est, c'est un moment d'ailleurs, dans sa sexualité,
00:49:14 où on est souvent bouleversé, et ses discours, moi je les trouve dangereux, parce qu'ils
00:49:20 font croire à des choses qui sont fausses, notamment l'idée qu'on pourrait changer
00:49:24 de sexe, enfin totalement, qu'on pourrait vraiment, qu'il y aurait une sorte de, qu'on
00:49:28 pourrait se choisir finalement son identité à la carte, et c'est ça que j'appelle aussi
00:49:33 la dictature des ressentis, c'est-à-dire, il n'y a plus de réel, il n'y a plus de fait,
00:49:37 il n'y a plus d'objectivité, c'est ce que je ressens dans mon intériorité qui dit
00:49:40 la vérité de mon être.
00:49:41 Et donc moi je pense que ces discours sont dangereux, parce qu'ils détruisent tous les
00:49:46 repères sociaux, et nous avons besoin de repères, en tout cas surtout quand on est
00:49:49 jeune, quitte à les critiquer d'ailleurs plus tard, mais on ne peut pas comme ça généraliser
00:49:56 la déconstruction sans que ce soit des effets néfastes dans la société.
00:49:58 Et au fond on va en reparler, parce qu'on va parler pas seulement des histoires de genre
00:50:03 et de sexe, mais des histoires aussi d'héritage, de bourdieuserie, on va parler de bourdieu,
00:50:11 c'est bourdiciple, à tout de suite.
00:50:13 Alors Eugénie Bastier, dans votre livre, vous parlez de quelqu'un, et vous avez retenu,
00:50:21 ça vous a frappé, c'est "Avancer en arrière", c'était effectivement, je crois, c'est tiré
00:50:27 de Kolakowski, un penseur polonais, un très bel écrivain, et qui était dans un tramway,
00:50:36 on lui disait ça, et quand vous dites "Avancer en arrière", ça veut dire effectivement
00:50:42 arrêtons du passé, faisons table rase, c'est ça un peu.
00:50:45 Oui, Leszdej Kolakowski écrit ça dans un article, il dit "J'étais frappée en étant
00:50:51 dans le train de bourdieu d'entendre cette phrase complètement paradoxale, avancez vers
00:50:54 l'arrière s'il vous plaît", et il dit ça devrait être le mot d'ordre de notre civilisation,
00:50:59 parce qu'effectivement, nous avons eu cette tentation de la table rase, on l'a eu plusieurs
00:51:04 fois dans notre histoire, on l'a eu je pense pendant la révolution française, on l'a
00:51:08 eu pendant mai 68, et on l'a aujourd'hui avec cette troisième vague woke, j'allais
00:51:16 dire, et je pense qu'il faut y résister parce que voilà, on trouve dans le passé
00:51:22 ce mépris qu'on a pour les institutions du passé, comme si elles étaient complètement
00:51:26 dépassées, comme si elles avaient été inventées, et que nous serions plus intelligents,
00:51:30 qu'il y aurait une sorte de progression linéaire de l'humanité vers toujours plus d'intelligence,
00:51:35 toujours plus de raffinement, toujours plus de clairvoyance, je la crois tout à fait
00:51:39 fausse, c'est évidemment qu'il y a eu des progrès indéniables, mais je ne crois pas
00:51:42 du tout...
00:51:43 - En même temps, il y a eu des passés...
00:51:44 Enfin, pas à garder, il y a eu des passés...
00:51:47 - Bien sûr, évidemment, mais par exemple, moi c'est une question qui me passionne, c'est
00:51:50 la question du féminisme, l'idée vraiment que les femmes seraient passées de l'ombre
00:51:55 à la lumière dans les années 60 grâce à la pilule et à l'avortement, et qu'avant,
00:52:00 leur histoire aurait été jalonnée, que monstruosité, un supplice sans fin depuis
00:52:06 les cavernes, c'est absolument faux.
00:52:07 Il y a eu des périodes dans l'histoire où la femme était plus ou moins mise en avant,
00:52:10 par exemple au Moyen-Âge, elle avait une place considérable, elle en a perdu après
00:52:13 la Révolution française justement, qui était une révolution très masculine, qui a reproché
00:52:18 au salon aristocratique d'avoir donné trop de place aux femmes, donc il y a eu un retour
00:52:22 en arrière à ce moment-là.
00:52:23 Après, sous Napoléon, il y a aussi un retour en arrière concernant les femmes tout le
00:52:28 long du XIXe siècle, après il y a eu un retour du progrès, tout ça n'est pas linéaire.
00:52:32 Et souvent, les progressistes ont une idéologie derrière la tête qui les empêche de voir
00:52:41 le réel, parce qu'ils sont par exemple obsédés par les combats du passé, justement, paradoxalement,
00:52:46 ils croient par exemple que le patriarcat est toujours tout puissant en Occident, ils
00:52:50 combattent les fantômes du passé, ils ne voient pas ceux du présent, ils ne voient
00:52:53 pas les nouvelles menaces qui se posent aux femmes aujourd'hui, ils sont obsédés par
00:52:56 les vieilles menaces des années 50-60, et donc ils n'arrivent pas à voir le réel.
00:53:02 Sur l'antisémitisme, c'est la même chose, on est obsédé par le vieil antisémitisme
00:53:05 d'extrême droite, on ne voit pas l'antisémitisme musulman, en tout cas nous ne le nommons pas.
00:53:09 - Mais Yannick Brune-Pivet ne sait pas d'où il vient le carburant de l'antisémitisme.
00:53:13 - Oui, justement, c'était intéressant ce que vous avez passé tout à l'heure, parce
00:53:15 qu'on lui demande de nommer l'antisémitisme, et tout de suite justement, elle est dans
00:53:20 ce que j'appellerais la dictature des ressentis, puisqu'elle dit, plutôt que de nommer le
00:53:24 réel, elle dit "moi j'en étais victime".
00:53:26 Donc effectivement, comme si ça pouvait clouer le débat, que le ressenti soit...
00:53:30 - Elle est exemplaire, au lieu de dire "écoutez, oui, il y a des raisons"...
00:53:33 - Voilà, elle se cache derrière le fait, ce qui est vrai d'ailleurs, elle en a sans
00:53:37 doute été victime, et je ne le dis pas du tout, mais disons que c'est une manière
00:53:40 d'échapper à la question, en se réfugiant derrière la victimisation, comme le font
00:53:44 beaucoup de gens.
00:53:45 Elle est véritablement victime, ce n'est pas de la victimisation, mais de se réfugier
00:53:49 derrière l'idée "mon ressenti", plutôt que de nommer la réalité, qu'est-ce que
00:53:52 c'est que cet antisémitisme aujourd'hui en France, en quoi est-il différent de celui
00:53:55 qui a touché les juifs de France dans le passé ? Vous savez la phrase de Péguy, "il
00:54:00 faut toujours dire ce que l'on voit", et ce qui est encore plus difficile, c'est de
00:54:03 voir ce que l'on voit, et aujourd'hui, effectivement, il y a des gens qui ne veulent pas voir ce
00:54:08 qu'ils voient, et moi, cette polémique sur le RN et la manifestation, pour moi, est exemplaire
00:54:14 de ça, c'est-à-dire que ce sont des gens qui sont dans leur zeuière idéologique,
00:54:18 ils voudraient que Marine Le Pen reste antisémite, qu'elle reste d'extrême droite, ils en
00:54:21 ont besoin.
00:54:22 - Pour l'éternité.
00:54:23 - Voilà, et au contraire, plutôt que de se réjouir, comme l'a très bien dit d'ailleurs
00:54:27 Serge Kersfeid dans une interview au Figaro qu'il m'a donnée, il disait "moi je me réjouis
00:54:32 que le RN ne soit plus antisémite, c'est plutôt une bonne nouvelle".
00:54:36 - Ce serait plutôt une bonne nouvelle, oui.
00:54:40 - Après, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas le critiquer sur d'autres sujets, mais
00:54:43 là-dessus, effectivement...
00:54:44 - En fait, est-ce que ce n'est pas l'essentialisation dans tout ? C'est-à-dire, une fois que vous
00:54:50 avez une posture, vous avez une étiquette, j'ai dit "ben si, il faut la garder, c'est
00:54:54 fini, il faut la garder".
00:54:55 On vous la colle, le sceau de la famille pour certains, le sceau de la gloire pour d'autres,
00:55:00 et puis vous n'avez pas le droit d'en déroger.
00:55:01 - Bien sûr, et juste, moi, ce que je trouve paradoxal, c'est que la lutte contre l'antiracisme,
00:55:06 la lutte contre l'antisémitisme, c'est précisément le refus de l'essentialisme, le refus de l'assignation
00:55:11 aux origines, et les mêmes qui passent leur temps, effectivement, à défendre ces idées-là,
00:55:17 assignent les gens pour toujours aux origines de leurs parents, Marine Le Pen par exemple,
00:55:21 vous collent une étiquette, vous essentialisent pour la vie en disant "vous êtes d'extrême
00:55:25 droite et ce sera pour la vie".
00:55:28 Donc en fait, il y a un refus de l'essentialisation à deux vitesses, et qui me semble assez paradoxal.
00:55:35 - C'est vrai, on va continuer à en parler peut-être après une petite pause.
00:55:39 - Oui, on prendra tout, toutes vos questions 0826 300 300 Eugénie Bastier est là pour
00:55:45 vous répondre, à tout de suite sur Sud Radio.
00:55:47 - Et nous sommes toujours avec Eugénie Bastier, la dictature des ressentis, sauver la liberté
00:55:54 de penser, effectivement, liberté de penser, franchement, qui a besoin d'être non seulement
00:55:59 sauvée mais surtout encouragée, et c'est ce qu'on essaye de faire, on est un certain
00:56:04 nombre.
00:56:05 Au fond, vous parliez, on a parlé d'un certain nombre de chefs, et puis on voit toujours
00:56:12 cette espèce d'essentialisation, cette espèce d'étiquette qu'on cherche à mettre, et on
00:56:17 dit "voilà, vous êtes condamné, vous êtes assigné à résidence idéologique ou culturelle
00:56:22 ou autre, etc."
00:56:23 Et c'est vrai un peu aussi sur les polémiques sur l'immigration, je crois.
00:56:28 C'est un peu la même démarche, non ?
00:56:30 - Oui, pendant longtemps, je pense qu'on n'a pas voulu se saisir de ce sujet, de peur de
00:56:36 faire le jeu de l'extrême droite.
00:56:38 - Faire le jeu de, voilà, une chose très importante.
00:56:42 - Alors que ce qui est intéressant, c'est que je ne vois pas de fait qu'on aurait eu
00:56:47 pour ne pas faire le jeu de l'extrême gauche.
00:56:49 On teste surtout des choses pour ne pas faire le jeu de l'extrême droite, mais l'inverse
00:56:54 n'est pas vrai.
00:56:55 Et oui, effectivement, je pense que cette question a été diabolisée en France pendant
00:56:59 des années, parce que c'est aussi de la faute, je pense, de Jean-Marie Le Pen qui a, par ses
00:57:04 outrances, stérilisé une partie de...
00:57:06 - Mais pardon, regardez comment a été reçu Renaud Camus, qu'on aime ou qu'on aime pas.
00:57:10 Mais enfin, je veux dire, quand il a sorti "Le Grand Remplacement", c'était...
00:57:14 Mais voilà, on peut en discuter.
00:57:18 - Ah, moi je pense d'ailleurs que l'ostracisme que subit Renaud Camus est en grande partie
00:57:23 injuste parce qu'il a été complètement renvoyé de la vie publique.
00:57:27 Je suis pas du tout d'accord avec tout ce qu'il dit, je pense qu'il est tout renoncé
00:57:29 sur la manière dont il formule les choses, mais je trouve que la manière dont il est
00:57:33 banni de la cité devrait nous interroger.
00:57:36 Moi je suis pour une conception extrêmement large du débat public et de la liberté d'expression.
00:57:42 - Là-dessus, pardon, J. Bastille et S. Vintèges, puisque vous êtes au Figaro, vous vous occupez
00:57:46 de ces rubriques "idée" et "culturelle", etc.
00:57:48 Qu'est-ce que vous avez pensé d'un manifeste d'écrivain contre Richard Millet ?
00:57:54 On va rappeler qu'Annie Ernaud a lancé une pétition, on signait énormément d'écrivains,
00:58:00 pour l'éloignement ou l'exil de Richard Millet.
00:58:03 - Et d'ailleurs il y avait même eu dans le Canard Enchaîné, je crois, ils avaient publié
00:58:07 la liste des gens qui n'avaient pas signé.
00:58:08 - Ah oui d'accord.
00:58:09 - C'est-à-dire qu'il fallait non seulement signer, mais on avait rendu public les gens
00:58:14 qui n'avaient pas signé.
00:58:15 - Non mais c'est ça, comment vous faites ?
00:58:16 - Moi je suis absolument contre.
00:58:17 - Vous avez une pétition pour ostraciser Richard Millet ?
00:58:20 - Non mais je suis absolument contre.
00:58:21 En plus en littérature, on devrait encore plus avoir de la liberté de mettre en scène,
00:58:28 il faut pouvoir s'exposer à la critique.
00:58:30 Alors évidemment il y a des limites au débat public, la diffamation, l'injure, l'appel
00:58:34 à la haine, l'appel à la violence, mais aujourd'hui, moi je pense qu'on subit une
00:58:38 véritable restriction de la liberté d'expression et donc de la liberté de penser.
00:58:43 Parce que moi je défends la liberté d'expression pour la liberté d'expression, ça n'a pas
00:58:46 beaucoup d'intérêt de dire des choses pour dire des choses.
00:58:49 - On le fait au bistrot ça.
00:58:51 - Mais je pense que la liberté d'expression elle est utile pour pouvoir penser, parce
00:58:55 que quand on a toutes les données sur la table, quand on a tous les arguments sur la
00:58:58 table, et bien on peut petit à petit tâtonner par confrontation et arriver à la vérité.
00:59:02 Et je pense qu'il y a une tentation de radicalisation notamment de la gauche qui est en train de
00:59:08 perdre son monopole idéologique sur plein de sujets et qui, faute de pouvoir convaincre
00:59:13 les gens rationnellement par des arguments, et bien fausse le débat public en chassant
00:59:18 les idées qui gagnent du terrain parce qu'elles sont vraies et les chassent du débat public
00:59:24 pour pouvoir rester dans ce monopole de débat idéologique.
00:59:27 - D'ailleurs vous parlez de ce point de vue des, enfin non pas des transfuges, mais quand
00:59:31 vous parlez de Finickel-Crowthout ou de Michel Offray ou de Michel Houellebecq ou d'autres
00:59:36 les deux Michel dont vous parlez, vous parlez des gens qui se considèrent toujours à gauche
00:59:42 mais en fait que les autres, que leurs adversaires considèrent comme étant totalement passés
00:59:48 à droite et trahis leurs idéaux.
00:59:50 - Oui bien sûr, alors ça c'est pas nouveau puisque ça date déjà de 2002, le fameux
00:59:56 livre d'Anne-Liendenberg qui s'appelait "Le rappel à l'ordre" où il faisait la liste
00:59:59 des réactionnaires, des néo-réactionnaires que selon lui avaient déviés du débat public.
01:00:05 Il parlait de Finickel-Crowthout, il mettait aussi Pierre Manon dedans, il mettait Marcel
01:00:08 Gaucher, il mettait bien sûr Houellebecq dans cette liste.
01:00:13 Et ça commençait en fait cette logique d'une certaine gauche qui plutôt que de débattre
01:00:21 les sujets dont sont parés les intellectuels, notamment la question de l'islam, la question
01:00:24 de l'immigration, et bien ont voulu leur dire "vous avez dérivé, c'est vous qui avez dérivé"
01:00:29 plutôt que, alors que je pense qu'au contraire ce sont des intellectuels qui ont su voir
01:00:32 ce qu'il fallait voir et mettre à jour d'ailleurs leur logiciel intellectuel face à des nouvelles
01:00:38 menaces.
01:00:39 Ils ont su voir effectivement la montée de l'islamisme dès 89 et l'affaire du voile
01:00:43 de Creil, ils ont su voir la question de l'immigration et des problèmes qu'elle posait assez tôt
01:00:48 et ils ont été frappés de ce racisme et de bannissement par une certaine gauche.
01:00:54 Et c'est vrai que c'est assez intéressant de voir ce que Jacques Julliard, feu Jacques
01:00:59 Julliard, qui est mort il y a un peu plus d'un mois maintenant, Jacques Julliard appelait
01:01:03 ça le "tiers parti intellectuel", il disait que ce sont ces gens de gauche qui ne se reconnaissent
01:01:08 plus dans la gauche telle qu'elle existe aujourd'hui.
01:01:11 Alors Eugénie Bastié, quand on lit votre livre on se dit bon elle est...
01:01:16 Est-ce que au fond vous êtes pessimiste ou optimiste avec ce combat, avec tout ce dont
01:01:21 a décrit l'assignation résidence et autres ? Est-ce que vous pensez qu'au fond ce parti
01:01:28 a déjà gagné la guerre ou aucune guerre n'est gagnée ?
01:01:31 Je pense qu'en Bernadotte être optimiste ou pessimiste c'est de ne pas voir le réel
01:01:42 et qu'un optimiste c'est un imbécile heureux et un pessimiste un imbécile malheureux.
01:01:45 Vous n'êtes ni imbécile, ni heureuse, ni malheureuse.
01:01:50 Moi je suis plutôt réaliste.
01:01:53 Après je pense qu'aujourd'hui il est en train de se passer quelque chose de très
01:01:58 important dans le domaine des idées, qu'effectivement on est passé d'un...
01:02:02 Il y a un retour de balancier évidemment, on est passé d'une espèce de progressisme
01:02:07 illimité qui envoyait balancer tous les héritages, toutes les limites à la condition humaine,
01:02:14 toute forme d'autorité et on allait trop loin dans ce sens là, grosso modo depuis
01:02:18 mai 68 et qu'aujourd'hui il y a une appétence en tout cas pour un retour des limites, un
01:02:22 retour de l'ordre, un retour de l'autorité, un retour d'une maîtrise...
01:02:27 De la transmission, de la tradition...
01:02:29 Effectivement oui, dans ce point de vue là, les choses sont en train de changer, on ne
01:02:32 peut pas nier quand même que par exemple, en tout cas dans les discours, dans les faits,
01:02:36 est-ce qu'il n'est pas trop tard, je ne sais pas, mais en tout cas sur les discours sur
01:02:38 l'école, on n'a plus le discours gnang-gnang des années 80, 90 sur le pédagogisme etc.
01:02:42 Aujourd'hui on veut re-apprendre aux enfants à lire, à lire, à écrire, compter, on
01:02:47 veut peut-être même remettre l'uniforme à l'école, c'est très populaire d'ailleurs
01:02:50 chez les Français.
01:02:51 On ne veut pas chier à apprendre par cœur.
01:02:53 Non mais c'est vrai qu'il y a un phénomène d'inertie des politiques publiques qui est
01:02:57 quand même assez hallucinant, notamment sur la question migratoire, parce qu'aujourd'hui
01:03:01 c'est vrai qu'il y a un consensus dans le débat public sur l'idée qu'il faut maîtriser
01:03:04 les frontières et que l'immigration, non, n'est pas une chance absolue pour les démocraties
01:03:09 occidentales.
01:03:10 Et puis jusqu'où ? Comment on contrôle ?
01:03:11 Mais la question, c'est l'inertie que ça prend dans le débat public, parce qu'on est
01:03:15 déjà très très très en retard, et de ce point de vue là, les démocraties du nord
01:03:20 de l'Europe sont beaucoup plus pragmatiques, et quand elles ont compris qu'un truc ne marchait
01:03:24 pas, hop, elles changent de politique publique à 180 degrés très rapidement.
01:03:28 Mais nous on n'est pas dans le pragmatisme, pas vraiment, pas vraiment.
01:03:32 En tout cas, ça fait réagir, on a Christophe au 0826 300 300 qui nous appelle depuis Angers.
01:03:38 Bonjour Christophe.
01:03:39 Bonjour Christophe.
01:03:40 Bonjour André, bonjour madame Bastié.
01:03:43 Rapidement, moi je suis assez d'accord avec ce que vous dites madame Bastié, sauf que
01:03:50 à une exception, il me semble-t-il, une contradiction majeure, presque insurmontable.
01:03:56 On ne peut pas être conservateur sans être anticapitaliste.
01:03:59 Le capitalisme c'est la révolution permanente, donc, et le progressisme et la déconstruction
01:04:06 et bien ce forme de capitalisme.
01:04:08 Or la droite, elle adhère au capitalisme, elle s'y plonge, elle s'y repet.
01:04:13 Donc pour moi, avec tout le respect que je vous dois, et à un conservatisme souvent
01:04:19 talentueux, il y a un effet de manche ou une tromperie.
01:04:21 Voilà.
01:04:22 Alors, espérance ou tromperie, oui.
01:04:24 Contradiction, contradiction.
01:04:25 Non mais écoutez, je suis assez d'accord avec vous, et moi d'ailleurs, quelqu'un
01:04:29 qui m'a beaucoup marqué, c'est Jean-Claude Michéa, qui l'explique très bien, qui
01:04:32 explique très bien qu'il rappelle sans cesse que Marx écrivait que le capitalisme
01:04:36 est révolutionnaire, et qu'effectivement le capitalisme, en détruisant les traditions,
01:04:41 fait avancer le marché.
01:04:42 Le marché et le droit sont des substituts aux communautés locales, aux traditions,
01:04:46 etc.
01:04:47 Donc, moins il y a de traditions, plus il y a de marchés.
01:04:50 Et d'ailleurs, la gauche aussi est prise dans cette contradiction, puisqu'elle veut
01:04:52 faire avancer le libéralisme culturel, tout en prétendant combattre le libéralisme économique.
01:04:59 Et moi, je suis assez d'accord avec ça, évidemment, même si je suis quand même
01:05:02 un peu moins sévère que Michéa, dans le sens où je crois quand même à la liberté
01:05:06 d'entreprendre.
01:05:07 Effectivement, je pense qu'aujourd'hui, le capitalisme doit être, comment dire,
01:05:13 devrait être rationalisé, devrait être limité dans beaucoup d'endroits, notamment
01:05:17 chez les grands GAFAM, les grandes entreprises du numérique, qui aujourd'hui sont plus
01:05:23 fortes que les États.
01:05:24 Donc, je pense effectivement, moi je ne suis pas du tout pour un capitalisme sans limite,
01:05:28 sans frontière.
01:05:29 Et j'ai totalement conscience de la contradiction que vous pointez.
01:05:32 Et donc, je ne me définirais pas comme une conservatrice capitaliste, bien au contraire.
01:05:38 Je pense, dans la lignée d'ailleurs de Peggy, de Bernanos, qu'on a besoin de critiquer
01:05:47 le marché sur beaucoup de sujets.
01:05:49 Alors, assidûment, Christophe voulait ajouter quelque chose ? Christophe ? Ah, il a coupé,
01:05:54 ok.
01:05:55 On a Safia qui nous appelle depuis la Courneuve.
01:05:58 Bonjour Safia.
01:05:59 Safia, bonjour.
01:06:00 Bonjour mon grand Tani.
01:06:03 Bonjour chère Safia.
01:06:05 Ah oui, on ne vous entendait plus ces temps-ci et je me disais, mais où est Safia ? Qu'est-elle
01:06:10 devenue ?
01:06:11 Non, tant que vous avez fait le clin d'œil par rapport à notre grande amie Yaël, vous
01:06:19 savez que moi je suis typiquement analyste et que dans les lectures de ce qui nous arrive
01:06:23 sur le plan sociétal et la grande marche qu'on nous a fait, enfin on va dire, on a revendiqué
01:06:31 comme un grand succès.
01:06:32 Moi je me positionne de manière assez, comment dire, dans les profondeurs du pays et sur
01:06:38 la réalité de la fracture du pays.
01:06:41 Pardon ?
01:06:42 Oui, je vous écoute, on vous écoute Safia.
01:06:45 Allez-y.
01:06:46 Voilà, et donc par rapport à tout ça, c'est vrai que quand vous avez mis l'espèce de,
01:06:52 enfin Yaël qui nous expliquait, et comme disait si bien Eugénie, qu'elle s'était réfugiée
01:06:58 derrière un...
01:06:59 Derrière son ressenti à elle, oui, bien sûr.
01:07:03 Ouais, son petit ressenti, etc.
01:07:05 Elle est typiquement très macronienne, elle est stratège, elle est politicienne, bon,
01:07:09 ça c'est un fait accompli.
01:07:11 Et après de l'autre côté, sur la situation d'explosion et de dysfonctionnement de la
01:07:25 société, il y a une réalité qui est très profonde.
01:07:29 Et donc le stade politicien en place, enfin moi hier j'ai eu l'impression que c'était
01:07:34 un peu une marche qui était du bloc élitaire, du bloc macroniste en place.
01:07:45 Vous avez l'impression d'être une marche macroniste élitaire, enfin élitaire, qui
01:07:48 représentait ce qu'elle représentait, voilà.
01:07:50 On va pas aller dessus, hein.
01:07:52 Après moi personnellement je suis quelqu'un de très structuré intellectuellement parlant,
01:07:58 je connais tous les ressorts et le foncèlement des stratégies de communication et tout ce
01:08:03 qui s'en suit, et j'apprécie aussi beaucoup, enfin après je suis toute la colonne vertébrale
01:08:09 de nos grands chroniqueurs de presse.
01:08:12 D'accord.
01:08:14 Mais Saphia, ça m'intéresse, juste un mot, d'avoir la réaction de Jenny Bastier en disant
01:08:21 cette marche, effectivement, au-delà de ce qu'on peut penser en bien ou en moins bien,
01:08:27 est-ce que c'était une marche, en fait, pour vous Jenny Bastier, plutôt, voilà, plutôt
01:08:33 macroniste élitaire, ça veut dire c'était "the power is at be", voilà.
01:08:37 Moi je pense qu'il ne faut pas avoir la lutte des classes ou la lutte politique partout,
01:08:42 il y a aussi des moments qui rassemblent au-delà de ça, mais effectivement, moi ce qui me
01:08:48 gênerait un peu c'est que cette marche ne soit pas suivie des faits, qu'elle soit simplement,
01:08:51 vous savez, les anglo-saxons ont une expression que j'aime beaucoup qui est le "virtueux
01:08:55 signalling", le signalement vertueux, c'est-à-dire on montre qu'on est contre l'antisémitisme,
01:08:59 on montre qu'on est contre le racisme, mais qu'est-ce qu'on fait ? Si c'est pour ne pas
01:09:02 nommer le réel ensuite, si c'est pour ne pas prendre des mesures spécifiques, si c'est
01:09:07 pour, notamment sur la question de l'antisémitisme, dire qu'on déteste l'antisémitisme aujourd'hui
01:09:12 mais qu'on continue d'accueillir par centaines de milliers par an des populations qui effectivement
01:09:17 viennent de pays où cet antisémitisme est dans la culture, eh bien on est complètement
01:09:20 dans la contradiction.
01:09:22 Donc à un moment il faut aussi prendre, enfin on ne peut pas tout simplement dénoncer un
01:09:26 antisémitisme éterné qui serait une sorte de menace éternelle qui reviendrait sans
01:09:32 concrètement agir.
01:09:33 Et ça c'est ce qui me désonne un peu dans le débat public, et c'est la même chose
01:09:35 d'ailleurs sur le féminisme, il ne faut pas dire "le patriarcat est méchant, le patriarcat
01:09:38 est méchant" sans agir concrètement sur les femmes, sur ce qui les menace aujourd'hui.
01:09:42 On le fait, mais on est aussi dans des grandes dénonciations globales, abstraites, plutôt
01:09:49 que dans des réponses concrètes et politiques.
01:09:53 On va remercier Safia et on va continuer à prendre vos appels dans un instant après
01:09:58 cette courte pause au 0826 300 300.
01:10:00 A tout de suite.
01:10:01 16h46 sur Sud Radio, dernière ligne droite avec Eugénie Bastie qui est aujourd'hui notre
01:10:06 invitée du jour pour ce face à face qui vient nous voir pour ce nouveau livre "La
01:10:09 dictature des ressentis, sauver la liberté de penser".
01:10:12 C'est aux éditions Plon et on a Stéphane qui nous appelle depuis le Lot-et-Garonne.
01:10:15 Bonjour Stéphane.
01:10:16 Bonjour Stéphane.
01:10:17 Bonjour André, bonjour madame Bastie.
01:10:18 Déjà un petit mot concernant ce qui a été dit avec l'auditrice précédente.
01:10:25 Je pense que c'est une manif élitaire, il suffit de voir qui tenait la banderole, d'ailleurs
01:10:30 heureusement que la banderole n'était pas plus haute sinon on ne voyait pas Sarkozy.
01:10:34 Vous êtes méchant Stéphane, vous êtes méchant.
01:10:38 Les faits sont cruels André.
01:10:42 Ma question André, enfin madame Bastie, on a vu qu'à l'occasion de l'organisation
01:10:49 de cette manifestation qui a eu beaucoup d'affirmoiements, de tergiversations, ça tournait beaucoup autour
01:10:55 du fait que est-ce qu'on doit accepter le R.N. ou pas.
01:10:58 Le R.N. s'est manifestement positionné très tôt d'après ce que j'ai pu constater
01:11:04 en disant "nous on viendra".
01:11:06 Ils ont fini de se normaliser donc je pense qu'il y a une certaine forme d'objectif
01:11:11 atteint pour Marine Le Pen.
01:11:13 Est-ce que Marine Le Pen aurait fini, achevé par là quelque part l'objectif de dédiabolisation
01:11:22 dont on parle si souvent ? Ça c'est la première question pour madame Bastie.
01:11:25 Et puis du coup cette caste dirigeante qui a besoin d'un épouvantail en permanence
01:11:32 qui est souvent l'antisémite, se retrouve contrainte à en chercher un autre parce qu'elle
01:11:36 ne sait pas fonctionner autrement.
01:11:37 Et du coup Mélenchon fait parfaitement le job.
01:11:41 Mélenchon a remplacé Marine Le Pen, c'est ça que vous voulez dire ?
01:11:44 C'est ça, c'est ça et du coup lui ça a quelque part dans ses calculs ne serait-ce
01:11:48 pas un moyen de se garantir une place au second tour des prochaines présidentielles.
01:11:53 C'est bien, ça c'est une question très politique mais c'est bien Stéphane.
01:11:58 Alors est-ce que c'est la phase ultime de la dédiabolisation de Marine Le Pen ?
01:12:02 Oui en tout cas je pense qu'il y a quand même quelque chose qui s'est passé d'important,
01:12:05 notamment le fait que Serge Klaesfeld dise que Marine Le Pen n'est plus antisémite,
01:12:10 qu'elle se présente à la manifestation en dépit évidemment de toutes les polémiques.
01:12:13 On voit bien que là c'est un théâtre qui est vidé de sa substance.
01:12:16 C'était déjà un théâtre en 2002 mais là c'est un théâtre vraiment, on est
01:12:21 même dans la virtualisation totale.
01:12:24 En revanche oui sur Jean-Louis Mélenchon, effectivement je pense qu'il ne peut pas
01:12:29 y avoir deux diables à la fois dans la République.
01:12:31 C'est-à-dire qu'il ne peut pas y avoir comme le voudraient les macronistes à la
01:12:35 fois le diable d'extrême droite et le diable d'extrême gauche et on voit bien
01:12:38 que Jean-Louis Mélenchon est en train, mais aussi parce qu'il aide lui-même à sa
01:12:41 propre diabolisation.
01:12:42 C'est-à-dire que Marine Le Pen est dans la dédiabolisation, lui il est dans l'autodiabolisation
01:12:46 puisqu'il fait tout pour effectivement être diabolisé.
01:12:50 Il multiplie les outrances, les provocations, les dérapages.
01:12:53 - Et Stéphane dit "et pour être second tour" comme ça.
01:12:55 - Mais je pense qu'il y a, et en effet, et moi d'ailleurs je mets en garde justement
01:12:58 le système médiatique contre la diabolisation y compris de Jean-Louis Mélenchon.
01:13:02 Je ne suis pas du tout pour qu'on traite Jean-Louis Mélenchon comme le diable de la
01:13:06 République.
01:13:07 Il faut le critiquer pas à pas sur ses propositions.
01:13:08 D'ailleurs je ne pense pas qu'il soit antisémite, il a certainement tenu des propos très ambigus
01:13:14 et par calcul il attise effectivement peut-être une forme d'antisémitisme.
01:13:19 Mais est-ce qu'il l'est lui-même ? Je ne le crois pas en tout cas.
01:13:21 - Il y a une très bonne dose d'électoralisme là-dedans.
01:13:24 - Voilà.
01:13:25 Mais en tout cas je pense que la diabolisation n'est pas bonne en politique en réalité.
01:13:30 C'est vraiment le signe d'une infantilisation de notre vie publique, tant c'est besoin d'avoir
01:13:35 effectivement un grand épouvantail.
01:13:36 Moi je support la critique, le débat rationnel, sans cette espèce de vision de la politique
01:13:42 comme exorcisme.
01:13:43 C'est-à-dire on va faire le front républicain contre les extrêmes avec des gousses d'ail
01:13:49 pour éloigner le mal.
01:13:50 Non je crois qu'on ne fait pas de la politique avec des gousses d'ail et qu'on doit pouvoir
01:13:53 parler avec tout le monde, y compris même si c'est très clivant.
01:13:56 - C'est intéressant qu'il y a même, juste un mot, Génie Bastier, même Elisabeth Borne,
01:14:01 la première ministre, a dit "oui, oui, nous les postures c'est le RN d'un côté et Mélenchon
01:14:06 de l'autre, nous on n'est pas ça".
01:14:07 C'est-à-dire que même les organisateurs disaient "attention, oui, on fait la manifestation,
01:14:11 on ne peut pas leur interdire, mais c'est pas nous, hein, attention, pas des rétro-satanas".
01:14:16 - Non mais de toute façon, l'extrémicide est nécessaire à la bonne conduite démocratique.
01:14:22 Voilà, on a besoin d'être au milieu, le cercle de la raison, etc.
01:14:27 Après, c'est de la politique quoi, c'est une stratégie politique comme une autre.
01:14:32 Cependant, je constate, à mon avis, que Jean-Luc Mélenchon, dans cette stratégie d'auto-diabolisation,
01:14:40 de conflictualisation permanente, il se marginalise lui-même de la vie publique.
01:14:43 Alors est-ce que c'est un calcul, parce qu'il veut s'asseoir comme ça, un matelas, en devenir
01:14:48 le vote anti-système en réalité, parce que tout le système est à la manifestation,
01:14:53 donc il est le vote anti-système.
01:14:54 Je ne pense pas que ce soit un bon calcul, parce que même s'il arrive un jour au second
01:14:58 tour de la présidentielle, il sera écrasé.
01:14:59 - C'est probable en tout cas, oui.
01:15:04 - On va remercier Stéphane et on accueille Philippe depuis Caen.
01:15:07 Bonjour Philippe.
01:15:08 - Bonjour Philippe.
01:15:09 - Oui, bonjour André, bonjour Mme Bastier.
01:15:12 Alors là, je vais mettre les pieds dans le plat.
01:15:15 Madame Broglievès, objection ou objection, je vais liser, d'accord ? Pour moi, tous les
01:15:21 partis de gauche confondus sont à la fois co-bol, co-larvationnistes et autres.
01:15:27 La France parle au français.
01:15:29 Par contre, si vous avez de quoi noter, André, Mme Bastier, je vous recommande de vous...
01:15:39 connecter la Ligue de l'enseignement, la Liche, 122, où vous voyez que Tariq Ramadan a prophétisé
01:15:49 de 1997 à 2000 qu'il a été reçu par de nombreux journalistes, Laurent Ruquier, Georges
01:15:55 Moiti, France, Olivier Gelsberg, Thierry Rondelisson, et compagnie.
01:16:01 Donc, tout ça, je pense que Mme Pivet, si elle a quelques petits soucis, s'en rappeler.
01:16:12 C'est un scandale, mais flagrant, parce que la Ligue de l'enseignement, je vous rappelle,
01:16:18 André, c'est ce qui est dilué, c'est ce qui est instillé par sa structure, par nos enseignants.
01:16:28 Donc, là, il y a un vrai problème.
01:16:31 - Oui, enfin le problème est...
01:16:33 Non mais, Philippe, le problème est général et il est posé, effectivement.
01:16:36 - Par contre, je compte sur vous, André, parce que je sais que vous êtes quelqu'un,
01:16:39 c'est d'aller voir la fiche numéro 122.
01:16:42 - La fiche de ?
01:16:44 - La fiche numéro 122 de la Ligue de l'enseignement.
01:16:47 - Ah, la fiche numéro 122.
01:16:49 Eh bien, écoutez, on la regardera et même on la montrera.
01:16:53 Merci.
01:16:54 Merci.
01:16:55 Eugénie Bastier, je voudrais peut-être conclure cette émission.
01:17:01 Au fond, on pourrait se demander, et c'est très important, je crois, la discussion,
01:17:06 enfin, c'est pas moi qui allais vous dire que la discussion intellectuelle
01:17:09 et que les débats intellectuels ne sont pas fondamentaux.
01:17:12 Mais on a l'impression aujourd'hui, alors là, encore une fois,
01:17:15 je parle d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître,
01:17:18 on a l'impression quand même que, même ces polémiques,
01:17:22 vous voyez, vous parliez de polémiques sur les réactionnaires,
01:17:26 les nouveaux réactionnaires, c'était il y a 20 ans,
01:17:28 on a l'impression quand même que ça a perdu énormément d'intensité.
01:17:31 On a l'impression que, quelque part,
01:17:34 non pas que ça intéresse peut-être, ça intéresse sûrement beaucoup de gens,
01:17:37 mais que ce n'est plus au cœur de ce qui était,
01:17:43 je dirais le Motor France, enfin le Motor France intellectuel,
01:17:46 c'était vraiment, c'est-à-dire, sans jamais déprimer,
01:17:48 si on regarde Sartre, Camus, Malraux et compagnie et compagnie,
01:17:52 on a l'impression aujourd'hui,
01:17:53 je ne dis pas qu'il n'y a que des nains, ce serait idiot et caricatural,
01:17:57 mais qu'est-ce qui fait que cette perte d'intérêt ?
01:18:00 - Ça c'est évident, bien sûr,
01:18:04 la France a toujours été la patrie des intellectuels,
01:18:06 Tocqueville l'écrivait déjà en disant
01:18:09 "la Révolution française a été faite par des intellectuels",
01:18:11 c'est un pays où, effectivement, par des écrivains,
01:18:13 il disait "les écrivains ont fait la Révolution française",
01:18:15 en réalité par leurs écrits,
01:18:16 la puissance du verbe, de l'idée, du mot en France
01:18:19 est plus que dans n'importe quel autre pays.
01:18:21 - Et le mot intellectuel est né chez Dreyfus, par la France olympique.
01:18:23 - Bien sûr, évidemment, après il y a l'affaire Dreyfus, etc.
01:18:25 On a toujours eu ce rôle du débat d'idées
01:18:28 qui fait changer les choses, changer l'histoire.
01:18:30 Aujourd'hui c'est vrai, c'est moins le cas,
01:18:31 moi j'y vois plusieurs raisons,
01:18:33 d'abord comme l'a très bien montré Régis Debré,
01:18:35 c'est le passage de la graphosphère à la vidéosphère,
01:18:38 c'est-à-dire du livre à l'image,
01:18:39 aujourd'hui effectivement le règne de l'image
01:18:41 fait que la parole, l'écrit, le livre,
01:18:44 qui était quand même l'outil de l'intellectuel
01:18:46 pour exprimer les idées dans la nuance,
01:18:48 dans la longueur, dans la raison,
01:18:50 dans l'abstraction, tout ça a disparu
01:18:52 au profit de l'image, de l'émotion,
01:18:54 de l'immédiateté.
01:18:56 - Du tweet et du TikTok.
01:18:58 - TikTok, effectivement, c'est une succession
01:19:00 d'images et d'émotions.
01:19:02 Et effectivement c'est très difficile d'avoir un débat là-dessus.
01:19:04 Et on le voit très bien à l'occasion
01:19:06 du conflit israélo-palestinien, où tout disparaît
01:19:08 sous les images. Toute volonté d'argumenter,
01:19:10 d'avoir un débat d'idées,
01:19:12 sur le conflit,
01:19:14 disparaît à travers des tombereaux d'images,
01:19:16 qui sont d'ailleurs des images abominables,
01:19:18 il faut le dire, mais qui
01:19:20 effectivement remplacent le débat.
01:19:22 Et donc il y a aussi un écosystème
01:19:24 technologique, j'allais dire,
01:19:26 qui est là et qui nous empêche
01:19:28 de réfléchir, parce que
01:19:30 l'économie de l'attention
01:19:32 nous aspire
01:19:34 toute notre attention
01:19:36 sur les réseaux sociaux,
01:19:38 sur le défilé des vidéos, etc.
01:19:40 Et moi je suis très inquiète,
01:19:42 parce qu'effectivement je pense qu'un monde où ne règnent que
01:19:44 l'émotion et les images,
01:19:46 est un monde moins intelligent, forcément,
01:19:48 et d'ailleurs plus propice à la manipulation
01:19:50 des foules, des masses, des instincts,
01:19:52 par des forces organisées.
01:19:56 Et donc je suis très inquiète,
01:19:58 je pense qu'il faut justement
01:20:00 se battre pour réintroduire du débat,
01:20:02 de l'argumentation,
01:20:04 de la raison,
01:20:06 dans un monde où il y en a de moins en moins.
01:20:08 - Et c'est pour ça que votre livre y contribue,
01:20:10 et que je le recommande,
01:20:12 "La dictature des ressentis". Merci.
01:20:14 - Merci André Berger.
01:20:16 - C'est aux éditions Plon et c'est disponible en librairie.
01:20:18 Eugénie Bastiaud, on vous lit aussi dans le Figaro
01:20:20 et on vous regarde sur le Figaro Live tout de suite.
01:20:22 C'est Brigitte.

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