Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00 On en parlait tout à l'heure avec Jean Garrigue, il y avait deux discours assez intéressants.
00:05 Joe Biden qui lui évidemment vise la réélection face à Trump dans quelques mois.
00:10 Et puis Emmanuel Macron qui prononce un discours très européen, très européiste face au populisme
00:18 qui est en train de merger dans certains pays d'Europe. Il veut éviter ça.
00:23 Antoine André, c'était évidemment à quatre jours des européennes un discours attendu.
00:29 Oui, évidemment l'Europe, souvenez-vous l'élection d'Emmanuel Macron qui arrive sur l'hymne européen.
00:36 - Codageois. - Absolument.
00:38 - Devant la pyramide du Louvre. - Et il a voulu mettre ses pas dans les pas des grands bâtisseurs de l'Europe
00:44 qui étaient Delors, Mitterrand à leur façon, Schumann.
00:49 Mais je pense, il y a chez Emmanuel Macron, comment dirais-je, il mésestime je pense la culture
00:59 et les frictions affectives et les concurrences entre les peuples.
01:02 C'est-à-dire qu'il sous-estime l'importance de respecter d'une certaine façon les spécificités de chacun.
01:11 Ce que l'Europe, ce que l'Union Européenne, c'est Chine à gommer.
01:14 Parce qu'effectivement, en noyant dans une union économique et de libre-échange
01:17 qui a été principalement l'œuvre de l'Europe, la spécificité des peuples,
01:21 il y a une dimension politique, culturelle, affective qui n'existe pas.
01:25 Et je me mets à la place d'Emmanuel Macron, qui je trouve parfois surjoue un peu.
01:30 C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'il est sur une scène de théâtre
01:32 et qu'il a cette espèce de rôle de grandiloquence de parler de l'histoire.
01:36 Mais je me mets un peu à sa place. Quel échec ?
01:40 Je veux dire, 2017, l'hymne européen, vous n'aurez plus aucune raison de voter pour les extrêmes.
01:45 Et aujourd'hui, dimanche, sans doute, peut-être que les populistes seront majoritaires en Europe.
01:50 Quel échec ?
01:52 - Georges Fenech, sur cette analyse... - Vous remarquez, Pierre,
01:55 que nous parlons de construction européenne depuis 70 ans.
02:00 On construit depuis 70 ans. Il y a un moment, il faut que l'édifice tienne.
02:05 - La construction... - Après, on a élargi, il y a eu des extensions.
02:09 Sauf qu'entre-temps, il y a eu, ne l'oublions pas, un Brexit.
02:13 Et de taille. La Grande-Bretagne...
02:15 Un pays alors que combien en ont rejoint ? Il y a eu l'Europe A6, l'Europe A10...
02:19 - C'était un des pays fondateurs. - ...des 27.
02:21 - C'était un des 6 pays fondateurs. - Bien sûr.
02:23 Pour vous dire quoi ? Je ne me réjouis pas de cette situation.
02:26 Pour vous dire que l'Europe va mal.
02:28 L'Europe va très très mal, institutionnellement.
02:31 Il y a beaucoup de contestations de cette Europe qui fonctionne mal.
02:35 On rappellera au passage la crise agricole, entre autres.
02:38 Mais où est l'Europe de la défense ?
02:41 Où est l'Europe unie sur un plan de la diplomatie étrangère ?
02:46 Vous savez qui est le commissaire pour les affaires étrangères européennes ?
02:49 - Non. - Mais vous, vous le savez.
02:52 - Non, vous le savez... - Oui, c'est José Borrell.
02:55 Voilà, oui, c'est lui, Borrell, effectivement.
02:57 Et vous voyez l'hésitation. Où est cette Europe ?
03:00 Moi, je crois qu'aujourd'hui,
03:03 sans tomber dans le qualificatif de populiste,
03:06 il y a effectivement une volonté des peuples de réaffirmer, peut-être,
03:09 une Europe des nations, tout simplement.
03:13 Une Europe des nations avec un partage en commun de nos valeurs européennes,
03:17 de démocratie, de liberté, d'égalité, bien entendu.
03:20 Mais, telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, cette Europe est trop éloignée
03:24 des européens. Elle est trop...
03:26 - Pas assez démocratique. - Est-ce que c'est la faute à Madame von der Leyen ?
03:29 Puisque c'est une musique qu'on commence à entendre depuis quelques semaines,
03:32 maintenant, à droite comme à gauche.
03:34 C'est-à-dire qu'à la fois M. Bardella,
03:37 et à la fois Manon Aubry ou Léon Desfontaines, ou qui voulait,
03:40 disent cela aussi.
03:43 - Est-ce qu'il y a un establishment européen qui est critiqué
03:47 pour son manque d'avancée ou son manque d'audace ?
03:51 - Non, alors, moi je ne vois pas les choses de la même façon.
03:54 Par ailleurs, je me permets, cher Georges, d'apporter une correction,
03:57 la Grande-Bretagne n'est pas fondateur de l'Union Européenne.
03:59 Elle est arrivée en 1975,
04:01 c'est la France, l'Italie,
04:03 mais elle n'était pas dans les pays fondateurs.
04:05 Et d'ailleurs, la Reine d'Angleterre a fait beaucoup pour l'intégration de la Grande-Bretagne
04:08 dans l'Union Européenne.
04:10 Moi, je pense que... - Qu'ils n'ont jamais intégré la zone euro non plus.
04:13 - L'Europe est un très beau projet, et un projet qui est censé,
04:16 et qui était la promesse, à la fois de la paix et de l'enrichissement des peuples.
04:20 Le problème, c'est que les fondements du mur de Berlin,
04:23 la fin de la guerre froide, et l'intégration au pas de charge
04:26 de pays qui ont des normes sociales, des niveaux de vie très inférieurs,
04:30 n'ont pas été assez accompagnés
04:33 et assez traités d'une certaine façon.
04:35 On ne sait pas donner les moyens
04:37 de faire en sorte que ces pays avec lesquels on était en décalage,
04:40 surtout sur les normes sociales, sur les normes économiques,
04:43 sur la productivité, sur le droit,
04:45 on ne sait pas donner les moyens de prendre le temps
04:48 de les hisser à notre niveau pour pouvoir avoir des intérêts communs.
04:52 Et finalement, l'idée de dire "nous sommes des Européens,
04:55 il y a une identité européenne, donc mettons un peu sous le boisseau
04:58 nos spécificités culturelles, mais en échange,
05:01 on sera plus fort, on sera plus puissant, on sera plus émancipé,
05:04 on sera plus libre", cette promesse, c'est la faillite de l'Europe.
05:07 Et ça fait, moi je dirais que depuis Delors, en gros,
05:10 l'Europe s'est arrêtée et s'est embourbée
05:13 dans un élargissement sans fin, sans avoir de projet politique
05:16 et de vision commune.
05:17 - Mais est-ce que c'était une erreur de relier justement
05:20 le débarquement de 1944 à l'idée de la construction européenne ?
05:24 Est-ce que c'est un peu capilotracté comme on dit ?
05:28 - Bon, oui, c'est une construction européenne,
05:30 là j'espère que je ne ferai pas d'erreur historique,
05:33 vous avez bien fait de me reprendre.
05:35 La CEE...
05:36 - Vous avez confondu avec le Commonwealth.
05:38 - La CEE, la Communauté économique du charbon et de l'acier,
05:41 c'était bien ça, c'était pour éviter à l'avenir toute guerre
05:44 en mettant en commun les armes, enfin le charbon, l'acier,
05:48 c'était bien ça.
05:49 Donc il y a un lien direct entre les événements
05:54 de la Seconde Guerre mondiale et la décision
05:57 de grands responsables politiques, vous l'avez appelé,
05:59 des grandes personnalités comme Monet par exemple,
06:01 de créer cette Europe qui nous protège de conflits.
06:06 - Oui, enfin en attendant l'Europe de la Défense,
06:08 vous remarquerez qu'on piétine, qu'elle est dans la tête
06:12 des Français et qui d'autre ?
06:14 - Il y a eu des tentatives avec la Grande-Bretagne justement,
06:17 les accords de Saint-Malo...
06:18 - On devait avoir un porte-avions en commun.
06:20 - Nicolas Sarkozy a essayé de pousser et d'initier
06:24 cette Europe de la Défense en mettant en commun
06:26 les deux puissances nucléaires de l'Europe
06:28 pour arriver à bâtir autour d'elle une sorte d'armée commune.
06:32 Je ne suis pas sûr que cette idée d'une défense
06:35 européenne commune soit nécessaire en réalité.
06:37 On peut très bien organiser des opérations conjointes,
06:41 il y a la structure de l'OTAN, je ne suis pas sûr que
06:43 l'Europe de la Défense soit un sujet.
06:44 Pour revenir d'un mot quand même sur ce que vous disiez
06:47 sur l'Ukraine et sur la proximité des élections européennes,
06:49 moi je pense qu'Emmanuel Macron commet une erreur politique,
06:55 c'est-à-dire que dans cette journée de commémoration,
06:57 notamment il y a eu un moment où on évoquait
06:59 la construction européenne, avec à la fin
07:02 le Parlement européen en image subliminale.
07:04 - Pas tout mélangé.
07:07 - Quand on dit que les jeunes n'ont pas le sens de la patrie,
07:11 n'ont pas le sens de l'histoire, manque de référence,
07:13 et qu'on leur offre cette espèce de mélange,
07:16 c'est le débarquement, la libération,
07:18 et puis en même temps il y a Zelensky qui est là,
07:20 la Russie n'est pas là, et puis il y a les élections européennes,
07:22 donc on va mettre sur l'image du Parlement européen.
07:24 - Honnêtement, je trouve que politiquement c'est un peu erratique.
07:29 - Il y a un message subliminal, c'est évident que...
07:33 - Ça veut dire en gros que tous les coups sont permis,
07:35 et il ne devrait pas l'être.
07:37 - C'est pas ce que j'ai dit, il y a un message subliminal,
07:39 qui vaut ce qui vaut, mais ce qui me gêne le plus,
07:43 c'est sa prise de parole dans quelques minutes.
07:45 Là c'est à mon avis une prise de parole
07:49 qui d'ailleurs sera décomptée en partie par l'ARCOM,
07:53 pour montrer bien que là on s'investit directement dans la campagne,
07:57 et en fonction du scrutin qui sortira,
08:03 l'exécutif, le chef de l'État, ne pourra pas s'exonérer
08:07 d'une responsabilité politique dans le résultat.
08:09 Il y aura donc des conséquences majeures sur le plan intérieur,
08:12 compte tenu du niveau de l'implication du chef de l'État
08:15 et de son gouvernement dans cette campagne.