SMART BOURSE - Emission du vendredi 7 juin

  • il y a 3 mois
Vendredi 7 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Marc Effgen (Gérant, Clartan) , Wilfrid Galand (Directeur stratégiste, Montpensier Finance) , Anthony Morlet-Lavidalie (Économiste, pôle Macroéconomie-Conjoncture, Rexecode) et Cyriaque Dailland (Gérant diversifié, Sanso IS)

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00:00 *Générique*
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés
00:12 chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV,
00:16 émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast
00:20 sur l'ensemble de vos plateformes préférées. Au sommaire de cette édition ce soir,
00:24 c'était le dernier gros morceau de la semaine pour les investisseurs,
00:28 le rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis qui apporte peut-être encore un peu plus de confusion
00:34 sur l'idée que l'on peut se faire, de la dynamique d'activité aux Etats-Unis aujourd'hui.
00:38 Quand on regarde l'enquête réalisée auprès des entreprises, tout va bien.
00:42 L'économie américaine a créé plus de 250 000 emplois au cours du mois de mai.
00:47 On constate même une réaccélération du salaire horaire moyen sur la période.
00:52 En revanche, quand on regarde l'autre face du rapport, l'enquête qui est réalisée auprès des ménages,
00:58 on voit une vision assez différente. Le nombre de ménages qui se disent en emploi au mois de mai
01:04 a reculé de plus de 400 000. On a vu le taux de chômage tiquer un peu à la hausse,
01:09 passant de 3,9 à 4 %, et puis le taux de participation également qui a reculé de 2/10 à 62,5 %.
01:18 Vous aurez le détail de ces chiffres à nouveau dans un instant et les réactions de marché avec Pauline Grattel.
01:24 Le marché qui a quand même compris au global à travers ce rapport qu'il n'y avait pas d'urgence
01:29 ni de nécessité à ce stade pour la réserve fédérale américaine de baisser ses taux,
01:33 certainement pas la semaine prochaine, sans doute pas à l'occasion du meeting du mois de juillet.
01:38 Les spéculations restent donc plutôt focalisées sur la deuxième partie d'année, septembre, novembre, décembre.
01:44 Le calendrier de ce point de vue-là est encore mouvant. Nous en discuterons bien sûr avec nos invités de Planète Marché
01:49 et puis dans l'actualité Entreprise. Un jour important pour l'activité des marchés de capitaux à Paris
01:55 puisqu'on a eu une deuxième introduction en bourse réussie après celle de Planistware il y a quelques semaines.
02:01 C'est Exosense qui faisait ses premiers pas sur le marché parisien aujourd'hui avec une belle première séance
02:06 et un titre qui progresse de plus de 15 %. Là aussi Pauline Grattel vous redonnera tous les détails
02:11 de cette opération et de cette réussite en matière d'introduction en bourse à Paris aujourd'hui.
02:17 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, comme une fois par mois, nous retrouvons les analystes
02:22 et les gérants de Clartan Associé pour détailler un cas d'analyse fondamentale, un cas d'investissement
02:29 à travers le prisme de l'analyse fondamentale. Nous parlerons d'un produit du quotidien, s'il en est,
02:34 à travers la société suisse Geberit et c'est Marc Evgen, gérant chez Clartan, qui sera avec nous en plateau
02:40 à partir de 17h45.
02:42 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse avec vous, Pauline Grattel.
02:55 Bonsoir Pauline. Vous nous apportez les infos clés du jour sur les marchés. Je le disais, la fin de semaine
02:59 était chargée encore pour les investisseurs après la réunion de la BCE hier. Il fallait se pencher sur le dernier rapport
03:06 concernant le marché du travail américain. Un rapport mitigé qui indique que l'économie américaine a créé plus d'emplois
03:14 en mai, 272 000 après 165 000 en avril, un chiffre révisé de 10 000 en baisse de 10 000. Les salaires ont également
03:23 augmenté en mai de 0,4% sur un mois et de 4,1% sur un an. Là encore, c'est plus que prévu. Pour ce qui est du taux de chômage,
03:33 les analystes tablaient sur une stabilisation à 3,9%, mais il a progressé de 0,1 point à 4% en mai, un taux de chômage
03:42 au plus haut depuis plus d'un an. A noter également la baisse de la participation du marché du travail qui retombe à 62,5%.
03:50 Comment le marché a-t-il réagi à cette publication de l'emploi américain, Pauline ?
03:54 Après cette publication, on a tout de suite vu les taux longs bondir avec un 10 ans américain repassant la barre des 4,40%.
04:03 Le 10 ans allemand remonte de son côté autour des 2,60%, des réactions immédiates qui reflètent l'inquiétude des investisseurs
04:11 sur la persistance de l'inflation américaine et sur la décision de la réserve fédérale concernant une potentielle baisse des taux
04:18 dans les prochains mois. Du côté des actions, la baisse l'emporte aujourd'hui au terme d'une semaine qui reste globalement positive pour les actions mondiales.
04:27 Du côté des entreprises, je le disais en introduction, c'était un jour d'introduction en bourse justement sur le marché parisien avec une belle réussite pour Exocense.
04:36 Oui, pour ses premiers pas en bourse, le titre Exocense, ex-Photonis, spécialiste de l'optique de défense, prend 17% aujourd'hui.
04:45 Une IPO réussie donc à un prix de 20 euros. Pour l'instant, les échanges se font sous la forme de promesses d'actions.
04:52 La livraison des actions est prévue pour mardi prochain.
04:55 En revanche, toujours compliqué pour le spin-off de Sanofi, Eurohappy, qui a plongé encore de plus de 18% au cours de cette séance,
05:03 signant l'une des plus fortes baisses, la plus forte baisse même peut-être pour les valeurs moyennes du SBF 120.
05:09 La société est sur-endettée et a annoncé la nomination d'un mandataire pour l'aider à restructurer sa dette.
05:16 Cette décision est prise de manière à accélérer les discussions afin de trouver une solution qui conviendra à toutes les parties prenantes.
05:23 Côté américain, quelles sont les entreprises et valeurs qui font l'actualité aujourd'hui Pauline ?
05:27 Il faut regarder GameStop aujourd'hui. Le groupe avait pris plus de 33% dans les échanges avant bourse,
05:33 avant de chuter de 15% après la publication de ses résultats du premier trimestre.
05:38 Le groupe fait état d'un recul plus important que prévu de son chiffre d'affaires et annonce vouloir émettre jusqu'à 75 millions d'actions.
05:46 Et puis on notera également du côté des métaux et des métaux précieux le net recul du cours de l'once d'or.
05:53 L'once d'or tourne autour de 2320 dollars et les sociétés orifères comme Newmont ou Barrick Gold sont en baisse dans le sillage de ce repli.
06:03 La banque centrale de Chine qui achetait beaucoup d'or depuis 18 mois a cessé d'en acheter en mai selon des données officielles.
06:10 Et puis un rapide coup d'oeil sur l'agenda de la semaine prochaine nous montre que l'actualité sera très américaine.
06:16 Oui, un début de semaine plutôt léger mais à partir de mercredi les investisseurs attendront des données clés et surtout aux Etats-Unis.
06:24 La réserve fédérale américaine doit rendre sa décision monétaire mercredi, le même jour que la publication de l'indice des prix américains pour le mois de mai.
06:32 Tendance mon ami, chaque soir c'est avec Pauline Grattel dans Smartbourse sur Bsmart.
06:37 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:50 Cyriak Daïan nous accompagne, gérant diversifié chez Sanso. Bonsoir Cyriak.
06:54 Bonsoir.
06:55 Merci d'être là. Wilfried Galland est à nos côtés également. Bonsoir Wilfried.
06:58 Bonsoir Gagouard.
06:59 Merci à vous également. Vous êtes directeur stratégiste de Mon Pensier Finance et Anthony Morley-Lavidaly nous accompagne enfin, économiste au pôle macro-conjoncture de Recsecode.
07:07 Bonsoir à vous Anthony.
07:08 Bonsoir Gagouard.
07:09 Ravis de vous retrouver. Parole à l'économiste pour quelques commentaires sur ce rapport mensuel sur l'emploi américain.
07:15 Je le disais, c'est vrai qu'on a l'habitude de regarder essentiellement l'enquête entreprise mais il y a aussi une autre phase dans ce rapport, l'enquête qui est réalisée auprès des ménages.
07:24 Et on a l'impression d'une histoire à deux faces, si je puis dire, concernant la dynamique de ce marché du travail américain.
07:32 D'un côté des créations d'entreprises très fortes encore au mois de mai, des salaires toujours qui évoluent à un rythme soutenu.
07:40 Et de l'autre, une vision partagée en tout cas par les ménages américains qui est un peu moins glorieuse, si je puis dire.
07:47 Il est clair que les créations d'emplois ont surpris très fortement à la hausse. Mais c'est toute la problématique du data dependence, si je puis dire, qui s'est installé dans les banques centrales.
07:55 C'est que désormais tout le monde regarde un peu indicateur par indicateur au lieu de regarder le panachage de ce qui se fait.
08:00 C'est comme ça qu'on apprécie une situation conjoncturelle.
08:03 Et ce que l'on voit aux Etats-Unis, mais c'est vrai en Europe aussi, aux Etats-Unis on voit vraiment une décélération progressive, très progressive même, de l'activité.
08:12 Parce qu'encore une fois on a des signaux divergents, on a tantôt le PMI manufacturé de Chicago qui lui baisse très fortement, mais l'ISM Service qui rebondit.
08:18 Donc on a plein d'indicateurs qui ne sont pas toujours convergents. Ça c'est assez standard, si je puis dire, dans la dynamique de l'économie.
08:25 C'est la vie du conjoncturiste quoi !
08:27 Mais conjoncturel, simplement, le data dependence, c'est que d'un coup on s'est mis à regarder les mouvements, moins par moins.
08:32 Chaque point, chaque...
08:33 Et ça n'a pas de sens, il faut regarder les tendances, même à court terme, mais les tendances, ce que l'on voit c'est que ça ralentit mais que très progressivement.
08:39 De la même manière qu'en Europe ça s'améliore mais que très modestement on y reviendra.
08:42 Donc ce qui fait qu'on a une fête qui va probablement quand même temporiser, parce que ce qu'elle redoute c'est de surtout pas baisser les taux trop vite.
08:48 Elle redoute de faire machine arrière.
08:49 Donc pour l'instant elle a le temps, on ne voit pas de signaux qui la forceraient à enclencher plus vite que prévu.
08:54 Mais il n'y a pas l'idée d'une réaccélération de l'économie américaine, au point qu'on n'envisage aucun atterrissage, aucune baisse de taux.
09:04 Quand on regarde justement l'ensemble des données, on a quand même toujours l'idée, même si c'est très lent, plus lent que ce qu'on imagine, d'une forme d'adoucissement quand même de l'activité américaine.
09:15 Ça dépend ce qu'on appelle l'atterrissage, mais un ralentissement de la croissance ça c'est sûr, ça c'est déjà un peu matérialisé clairement au T1.
09:20 Probablement que l'année en cours on va aussi avoir au trimestre/trimestre une dynamique de croissance un peu moins forte que ce qu'on a connu en 2023.
09:28 Mais il ne faut probablement pas s'attendre à une activité qui calme pour l'instant, les indicateurs, notamment la consommation des ménages,
09:34 elles restent extrêmement dynamiques et on a un consommateur américain qui a connu des effets de richesse extrêmement forts.
09:39 On calculait encore récemment avec ses codes que quand on regarde la partie détention d'action ou immobilier des ménages, c'est +50% en nominal depuis la fin 2019,
09:48 alors que les prix n'ont augmenté que de 20%. En terme réel c'est +30% d'effet de richesse du côté des américains pour la partie action immobilier.
09:55 Quand vous avez de tels effets de richesse, vous vous sentez un peu surpuissant.
09:59 Même si la sur-épargne a disparu, ce sentiment d'avoir gagné en richesse de patrimoine entretient encore la confiance du consommateur.
10:08 Tout à fait, et qu'on n'a pas connu en Europe, parce qu'en Europe d'une part les prix d'immobilier n'ont pas du tout connu la même trajectoire qu'aux Etats-Unis
10:13 et on a une détention d'action de la part des ménages en Europe, notamment en France, qui est beaucoup plus faible.
10:17 Donc le patrimoine des ménages français en terme réel a même plutôt tant stagné, voire légèrement reculé par rapport à 2019,
10:24 puisque les américains ça progresse très fortement.
10:26 Regardons les tendances et arrêtons de nous focaliser sur des sous-jacents, des points mensuels.
10:32 Je crois que c'était Chris Waller, un des gouverneurs de la Fed l'autre jour, qui s'arrachait les cheveux, c'était sur le PCE, le dernier PCE.
10:38 Il a fallu aller chercher non pas un ni deux, mais trois chiffres après la virgule pour savoir si on était à 2,8 ou 2,7.
10:46 Finalement, même lui a dit "mais arrêtez les gars, ça n'a plus aucun sens".
10:51 Qu'est-ce qu'on peut dire de la situation américaine ?
10:54 Est-ce que le marché du travail tel qu'on le constate aujourd'hui, Wilfrid, est encore une entrave sérieuse à de futures baisses de taux du côté de la réserve fédérale américaine ?
11:06 Ou est-ce que cette barrière est en train d'être levée ?
11:10 Je pense que cette barrière est clairement en train d'être levée.
11:12 Quand on essaie d'appréhender la totalité du marché du travail, ce qui me frappe néanmoins, même si je suis totalement d'accord sur le fait qu'il faut interpréter les choses dans leur ensemble,
11:27 c'est la divergence extraordinairement forte, et probablement beaucoup plus forte que dans le passé, entre l'enquête des ménages d'un côté et l'enquête des entreprises de l'autre.
11:37 On a l'impression que les entreprises nous disent "en fait tout va bien", et que les ménages nous disent "mais pas du tout, pour moi je souffre".
11:43 Ce qui d'ailleurs donne un écho tout particulier à la politique américaine et au thème de campagne d'aujourd'hui.
11:52 Et ça a une importance économique assez forte, parce que lorsque Jérôme Powell nous dit que son prisme d'analyse sur la nécessité d'accélérer ses réflexions autour de baisses de taux tourne autour d'une possible dégradation rapide du marché de l'emploi,
12:10 il va nécessairement être interrogé sur les critères qui vont être les siens, et en particulier qu'est-ce qu'il va écouter ?
12:18 Est-ce qu'il écoute les entreprises ? Est-ce qu'il écoute les ménages ? Est-ce qu'il fait une espèce de code mal taillé ?
12:22 Mais s'il fait une espèce de code mal taillé dans ce climat extrêmement polarisé aux Etats-Unis, c'est le risque de ne pas prendre en compte ce qui est finalement le coeur de l'économie américaine,
12:33 c'est-à-dire le consommateur américain, qui commence à donner au travers des enquêtes d'emploi des signaux de fatigue.
12:39 Pas au travers de ce qu'il dépense, mais au travers de ce qu'il dit.
12:43 Et peut-être d'ailleurs au travers de ce que nous disent les compagnies de cartes de crédit, qui commencent à nous dire "bon, il commence à y avoir des signaux de retard de paiement quand même assez sévères,
12:53 non seulement sur les crédits à la consommation, mais aussi sur les crédits auto, mais aussi sur les crédits étudiants, donc il commence à y avoir un certain nombre de choses là-dessus."
13:00 Donc je pense qu'au contraire, non seulement ça ne va pas empêcher Jérôme Powell d'initier une réflexion, mais ça doit accélérer cette réflexion sur les fragilités, les failles conjoncturelles de l'économie américaine.
13:12 On sait que l'économie américaine, c'est une économie qui a des forces structurelles très importantes, en particulier une productivité bien supérieure à celle qu'on peut connaître en Europe,
13:19 mais aujourd'hui, elle commence à avoir des failles conjoncturelles sur, effectivement, un certain nombre de signes de faiblesse.
13:25 Probablement temporaires, mais quand même un certain nombre de signes de faiblesse.
13:28 Il ne faut pas laisser les choses s'envenimer.
13:31 Donc, pour moi, ce que je vois en particulier dans la dégradation des indicateurs d'emprunt, tout spécialement, c'est qu'on est probablement allé un peu trop loin dans la prudence.
13:44 Et dans le côté auto-centré des banques centrales, et je reviens sur ce qui vient d'être dit, c'est tout à fait vrai que les banques centrales disent "chaque banque centrale, surtout ne pas me tromper",
13:52 en fait, votre mission, ce n'est pas surtout ne pas vous tromper, c'est surtout faire la bonne action.
13:58 Autant reconnaître s'être trompé, mais ce n'est pas très grave, en fait.
14:01 Le pire, comme dans n'importe quel domaine, c'est quand on refuse de reconnaître qu'à un moment donné, on a fait quelque chose qui n'était pas adapté.
14:08 Ce n'est pas grave pour revenir en arrière.
14:10 - Le pire pour eux, c'est quand même de faire un mouvement dans un sens, et d'être obligé de se déjuger trois ou six mois plus tard.
14:15 Il y a eu trichet, évidemment, en 2008, en 2011, là, ils veulent éviter le reverse trichet, comme ils disent.
14:23 - C'est vrai, mais d'une certaine façon...
14:25 - C'est-à-dire baisser et être obligé de remonter derrière.
14:27 - Ce que nous a dit Christine Lagarde sur le fait qu'elle revient d'un cran en arrière, alors qu'elle remonte d'un cran ses anticipations d'inflation,
14:36 c'est le signal qu'elle est probablement allée un peu trop loin.
14:39 Et donc, autant le faire plus rapidement, plutôt qu'attendre que la situation se dégrade.
14:44 C'est ça un peu mon message.
14:45 - Où là, il faudra y aller franchement et sans hésiter.
14:48 - Et moi, c'est un peu la créaturgie, c'est qu'ils sont obligés d'aller beaucoup trop vite et beaucoup trop fort pour justement ne pas inquiéter tout le monde.
14:53 - C'est aussi, il y a que vous inspire ces réflexions, en partant du marché du travail américain, avec une réaction de marché qui a été quand même assez violente.
15:01 Pauline le disait, sur les taux, c'est plus de 10 points de base de hausse sur les taux longs.
15:06 Le dollar a fortement remonté également.
15:09 Il y a eu une vraie réaction de marché sur la publication de ce rapport.
15:12 - Alors, il faut mettre ça en perspective aussi sur les taux avec le début de la semaine, où les taux avaient quand même bien baissé.
15:18 Donc, il y a souvent aussi une réaction en rapport avec le mouvement passé.
15:22 - Je pense que le chiffre du chômage, il faut le prendre quand même avec des pincettes.
15:25 Je vais donner juste un chiffre.
15:26 Quand vous regardez les NFP, donc ce chiffre qui est vraiment les créations d'emplois,
15:30 historiquement, il y avait 70 à 80% des entreprises qui répondaient.
15:34 Aujourd'hui, on est entre 25 et 30%.
15:36 Donc voilà, tout est dit.
15:38 Deuxième élément, entre ce qu'on nous annonce et les révisés, quand vous regardez un an plus tard en cumulé, on est quasiment à un million d'emplois de différence.
15:46 Alors, je ne suis pas économiste ni stratégie, je suis gérant.
15:50 Donc, moi, ce qui m'intéresse, c'est la réaction au marché.
15:52 Néanmoins, d'un point de vue long terme, dans l'analyse, ça va clairement dans le sens de ce qu'on vient de dire.
15:57 Regardez, même 100 000 emplois, j'ai envie de dire, à mon sens, c'est vraiment une tendance qu'il faut suivre parce qu'on sait que ça peut être révisé, etc.
16:06 Donc, je pense qu'il faut regarder tout ça avec des pincettes.
16:08 Maintenant, le marché réagit forcément sur cette donnée-là.
16:11 Il a été un peu étonné quand même parce que c'est vrai que l'ambiance était un peu plus morose aux États-Unis.
16:16 - Plus soft, quoi.
16:18 - Voilà, sur l'activité, on avait quand même eu des chiffres sur l'aspect emploi en début de semaine qui nous disaient qu'entre l'offre d'emploi et le nombre de personnes qui demandaient, c'était plutôt en train de se normaliser.
16:30 On était revenu à un ratio de 1,2 quand on était quasiment à 2 post-COVID.
16:34 Donc, tout ça allait plutôt dans le bon sens.
16:36 Donc, le marché achète cette histoire, les taux américains baissent.
16:39 Et puis, finalement, il y a ce NFP qui sort et qui dit complètement l'inverse.
16:42 Donc, une réaction.
16:43 Je pense qu'il ne faut pas se réinterpréter.
16:45 Ça va globalement dans l'analyse qui a été faite ici.
16:48 C'est de se dire que la Fed ne va pas baisser les taux en juin et que ça repousse un peu la probabilité d'avoir une baisse en juillet.
16:54 Après, de mon point de vue, le juge de paix, il n'est pas là.
16:57 Il est sur le CPI qui va être publié dans quelques jours.
17:00 - En plein meeting de la Fed.
17:01 - Exactement.
17:02 Ça va vraiment être ça, le sujet, parce que la Fed, elle est focalisée sur ce point-là qui est de savoir si les mauvaises nouvelles qu'on a eues sur l'inflation durant le premier trimestre,
17:11 qui ont été contredites sur le dernier chiffre, vont finalement, cette tendance qui avait été annulée, reprendre le bon sens, c'est-à-dire une normalisation en particulier de l'inflation de corps.
17:23 Donc, je pense que ça va être ça, le sujet de la Fed.
17:25 L'activité américaine, on peut en débattre s'il y en a trois, quatre, deux, mais globalement, on est tous d'accord pour dire que l'activité américaine...
17:31 - Qui ne sont pas en récession.
17:32 - Qui ne sont pas en récession aujourd'hui.
17:34 Je mettrai un bémol dans cette analyse.
17:36 Ils ne sont pas en récession aujourd'hui, ça c'est certain.
17:38 Maintenant, quand vous regardez historiquement, il n'y avait pas de récession en... alors 2020 est un peu une exception, mais en un trimestre, l'économie américaine a cette capacité à basculer.
17:47 Donc, ce n'est pas parce qu'on n'est pas en récession ce trimestre-là qu'on ne le sera pas le trimestre prochain.
17:52 Je ne suis pas dans cette dynamique-là, mais en général, la récession, il n'y a personne qui vous annonce quand elle va arriver du jour au lendemain.
17:59 - Oui, oui, j'entends, mais du coup, je reboucle avec la situation du marché du travail. En imaginant que l'inflation n'offre pas de surprise énorme la semaine prochaine,
18:11 est-ce qu'on peut imaginer un discours quand même de Jérôme Poel qui continue de se focaliser aussi sur le risque et les fragilités qui peuvent y avoir ou qui pourraient y avoir sur ce marché du travail américain ?
18:22 Oui, il faut le rappeler, un des derniers messages clés, ça a été de dire, en cas de dégradation accélérée non souhaitée du marché du travail américain,
18:29 la fonction de réaction de la réserve fédérale américaine accélère également.
18:33 - Oui, c'est logique. Jérôme Poel va exactement dire ça, mais je pense qu'il n'a aucun intérêt à s'engager dans un sens ou l'autre aujourd'hui.
18:41 Il va être dans une logique "on est data-dépendante, on va suivre les données".
18:46 Si l'économie américaine venait à se détériorer, à ce moment-là on baissera les taux et on les baissera.
18:51 Je n'ai plus confiance en la Fed, dans sa capacité à baisser fortement les taux rapidement quand la BCE,
18:56 mais à l'instant T, baisser les taux pour l'économie américaine, est-ce que ça a vraiment un intérêt ?
19:03 Clairement, en tout cas, la Fed nous dit non en juin et sur juillet, tant que l'économie américaine tient et que l'inflation,
19:09 c'est vrai qu'il est important qu'on n'ait pas finalement une inflation qui donne une tendance très claire dans un sens ou l'autre,
19:15 qui continue à se formaliser très progressivement, il n'y a pas d'urgence du côté de la Fed de baisser les taux ce mois-ci.
19:20 La BCE était dans une autre situation et je trouve que tout est assez cohérent pour le coup du côté des banques centrales.
19:25 - Du côté de la BCE, est-ce que la BCE est vraiment profondément, fondamentalement, comme elle veut le faire croire, data-dépendante ?
19:36 - Ce n'est pas vraiment ça, c'est un peu tout le problème de la cohérence, justement, je trouve, du côté BCE,
19:40 c'est qu'en voulant se donner de la laxité, en se disant "je suis data-dependant, donc mes décisions seront uniquement en fonction des données économiques",
19:47 la BCE n'a pas baissé ses taux en mars en se disant "j'attends d'avoir plus de signaux qui me permettent d'enclencher une première baisse",
19:54 ils ne se sont pas matérialisés et pourtant on a la baisse quand même.
19:56 Ça veut dire qu'en fait on aurait pu avoir la baisse au mois de mars, elle a été parfaitement justifiée dès le mois de mars,
20:01 mais elle avait un peu un calendrier implicite en quelque sorte, donc ça nous dit qu'il y a une espèce de, en tout cas en interne,
20:07 calendrier ou une "forewide guidance" qui s'applique uniquement à eux-mêmes pour l'instant, ils se disent toujours data-dependant,
20:12 mais finalement les dernières données qu'on a eues sur les trois derniers mois, ils n'ont pas été plus favorables que ça,
20:17 ou en tout cas plus encourageants pour une baisse, et elle est quand même arrivée, cette baisse de taux.
20:21 Donc je serais quand même un peu prudent quand on dit que les banques centrales sont data-dependant et cohérentes.
20:26 - C'est elles qui nous le disent !
20:27 - Bien sûr !
20:28 - C'est le discours de façade officiel qui n'a pas changé !
20:30 - Elle change de calendrier implicite, et je pense que pour la zone euro, c'est nécessaire d'avoir plus de baisse de taux,
20:34 parce qu'on a une économie, quand bien même aujourd'hui on parle de rebonds pour l'année 2024, je suis plus prudent,
20:40 parce que certes il y a plus de consommation qui vont arriver de la part des ménages, donc ça on est à peu près tous d'accord,
20:45 en revanche on a un investissement qui commence quand même à fléchir, on le voit en France,
20:49 on est à deux trimestres consécutifs de baisse de l'investissement productif, donc ça c'est frite parce que les trésoreries sont tendues,
20:54 on a des délais de paiement qui augmentent, des défaillances quand même à un niveau élevé, donc je serais prudent.
20:58 Les entreprises sont de plus en plus prudentes du côté de leurs dépenses, et on a une consommation publique,
21:02 on oublie de le dire, le premier poste, celui qui a driveé le pip de la zone euro depuis le T4 2019, c'est la consommation publique,
21:07 on est à +9% au-dessus du niveau de 2019, et on voit bien que du côté des politiques budgétaires, ça se tempère.
21:13 - Ça va plafonner un peu quand même. - En France, en Italie, ça va être de plus en plus compliqué,
21:16 donc il y aura peut-être un peu plus de consommation des ménages, mais probablement aussi moins de consommation publique,
21:21 donc à la fin s'attendre à une croissance très dynamique en 2024 me paraît optimiste,
21:25 donc il y a quand même de la place pour aller un peu plus loin.
21:29 - Oui, mais je veux dire, c'est ça, même si on prend un peu la borne haute des estimations de croissance pour la zone euro,
21:34 allez, j'ai vu Jean-Pierre Petit hier, il nous dit "moi je suis à 0,9", même 0,9, ça ne doit pas empêcher une banque centrale comme la BCE,
21:42 toute data-dependent qu'elle nous dit, de continuer de baisser ses taux encore un peu au fur et à mesure des prochains mois et des prochains trimestres.
21:50 - Il y a clairement la place, mais en revanche le problème c'est qu'il n'y a pas de gain de productivité,
21:53 on n'a pas de retour des gains de productivité en zone euro, on a eu un chiffre de croissance un peu supérieur,
21:57 mais on fait également 0,3 d'emploi, à la fin on est toujours flat en termes de productivité,
22:02 mais ça, ça pèse un peu sur les coûts salariaux unitaires, donc on serait très à l'aise si on avait enfin une croissance,
22:06 même peu dynamique, mais un peu moins d'emploi, et là ça redonne vraiment la pleine place à la banque centrale
22:11 pour agir et pour aller un peu plus fortement sur les baisses de taux, c'est vraiment ça qu'il faudrait que les planètes s'alignent de ce point de vue-là.
22:16 - Bon, cette dépendance en données, elle masque aussi sans doute la capacité, ou la difficulté plutôt,
22:23 d'amener un consensus dans ce conseil des gouverneurs piloté par Christine Lagarde,
22:28 comme le disait Anthony, mars aurait pu être une fenêtre de tir déjà pour baisser les taux,
22:32 certaines données pouvaient le suggérer, mais on sent bien qu'il fallait ménager le conseil,
22:40 qu'il fallait qu'on puisse envoyer ensuite un signal en avril dans un meeting intermédiaire, etc.
22:45 Et c'est un peu la même histoire pour Juin, quoi.
22:48 Personne n'est prêt, ou en tout cas ils ne sont pas suffisamment mûrs pour enchaîner avec une baisse de taux en juillet,
22:53 donc on se reverra en septembre.
22:55 - Oui, c'est clair. Moi ce qui m'a beaucoup marqué, c'est que j'ai l'impression que lorsqu'on n'a pas de plan stratégique,
23:03 on se recale sur les données tactiques. C'est un peu ce que ça donne.
23:08 Or à un moment donné, il faut quand même avoir un scénario.
23:11 Un des éléments qui m'a paru assez frappant dans la conférence de presse de Christine Lagarde,
23:16 c'est quand elle a été interrogée sur les chiffres de prévision de croissance et de prévision d'inflation.
23:23 Et l'intervenant leur disait "donc je reprends vos chiffres, vos données de croissance et d'inflation",
23:29 et là elle a eu cette remarque que j'ai trouvée absolument hallucinante,
23:32 "ce ne sont pas nos chiffres, ce sont les chiffres du staff".
23:36 - En plus c'est les projections de l'eurosystème, c'est-à-dire c'est sur la base des données des banques centrales nationales
23:42 qui sont ensuite agrégées par le staff BCF. Ça ne vient pas uniquement du staff BCF.
23:48 - Et donc ça donnait l'idée que du point de vue des seules données comportant un élément de projection,
23:56 ces données-là, il n'y avait pas de confiance suffisante pour les revendiquer comme faisant partie de leur système de décision.
24:05 Ce n'est pas quelque chose qui inspire une confiance phénoménale quand même.
24:09 - Non, mais pourtant leurs projections sont plus réalistes là, visiblement.
24:14 Elle-même, elle le dit sur les modèles de prévision qui ont été beaucoup critiqués par elle-même d'ailleurs.
24:18 Depuis quelques mois, ils ont retrouvé un peu de confiance quand même sur l'inflation notamment.
24:22 - C'est-à-dire qu'à force de se tromper, on finit forcément par avoir raison.
24:26 Et évidemment, lorsqu'on a véritablement besoin de systèmes qui fonctionnent, c'est quand les éléments extérieurs sont totalement déréglés.
24:38 Quand vous avez une inflation qui est entre 2 et 3 %, dire qu'en fait l'inflation suivante sera entre 2 et 3 %,
24:43 pardonnez-moi, ce n'est pas extrêmement difficile. J'espère qu'ils n'ont pas non plus dépensé trop d'argent pour arriver à ces résultats-là.
24:49 Puisque globalement, elle nous dit d'ailleurs, regardez sur le dernier trimestre 2025,
24:53 nos dernières prévisions sont en fait avec un écart de +0,1 - 0,1.
24:58 - Ouais ! - Très bien, Christine, ça me rassure énormément.
25:01 Mais dans ce cas-là, si effectivement ils ont de la confiance dans le fait que l'inflation a horizon 2 ans,
25:06 je rappelle que 2 ans, on n'est pas très loin du délai d'action des politiques monétaires dans l'économie.
25:11 On peut dire que c'est 12 mois, on peut dire que c'est 18 mois, on peut dire que c'est 24 mois.
25:15 François Villers-Maitgalod avait dit que ça peut aller jusqu'à 24 mois.
25:17 Normalement, si on pense qu'effectivement d'ici 2 ans, on va être à 2% et que le maximum de taux d'inflation, il faut y aller très vite.
25:25 Et donc, moi, j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on a des banques centrales qui n'ont pas son "data dependence",
25:31 mais en tout cas, de la part de la BCE, pilote à vue.
25:35 Ce qui m'a rassuré rétrospectivement dans la réserve fédérale, je suis totalement d'accord sur la confiance supérieure qu'inspire la réserve fédérale,
25:42 parce que quand on regarde la source de l'inflation aux Etats-Unis, la réserve fédérale a laissé passer la phase où la source de l'inflation était essentiellement l'offre,
25:49 pour commencer à monter très fortement ces taux au moment où la demande a pris le relais.
25:54 Et ça, c'était particulièrement pertinent.
25:56 En Europe, on n'a pas nécessairement vu ça, on n'a pas vu ces phases-là.
25:59 - On n'a pas eu le relais de la demande, oui. - Voilà, on n'a pas eu ces phases-là.
26:01 Et donc, on a l'impression que la banque centrale est effectivement totalement autocentrée sur comment est-ce que je pilote mon conseil des gouverneurs,
26:07 comment surtout je ne me dédie jamais, sans prendre les bonnes décisions pour la zone euro,
26:11 qui seraient de baisser beaucoup plus vite et beaucoup plus fort ces taux,
26:14 compte tenu, effectivement, d'un manque d'investissement, d'un mur d'investissement qu'on a devant nous.
26:18 Et du fait aussi, il faut le reconnaître, que du point de vue de la coordination des politiques monétaires, c'est quand même très compliqué en Europe,
26:23 donc il ne reste plus que la politique monétaire.
26:25 Et puis le problème aussi de la profondeur des données en zone euro, cette data dépendance de la BCE est attachée à des données très très retardées.
26:33 Il faut attendre un trimestre pour avoir la série des salaires du trimestre précédent.
26:38 - Et en plus, quand on s'interroge sur ces données-là, vous dites "je vais regarder les salaires et les profits",
26:44 sachant que c'est quand même deux éléments extraordinairement retardés de l'économie.
26:47 C'est ahurissant de dire qu'on va définir une politique monétaire en regardant les salaires et les taux de marge.
26:52 - Ce n'est pas très "forward-looking". - C'est plutôt légèrement basé sur...
26:56 - Ça va peut-être changer.
26:58 - Peut-être qu'ils vont voir au fur et à mesure qu'ils pourront aller un peu plus loin dans la projection ou la guidance...
27:05 - Et j'y souscris clairement.
27:07 - Non, parce que les données, peut-être justement, justifieront d'accélérer un peu et de remettre un peu de "forward guidance" peut-être dans le schéma de la BCE.
27:15 - Que les diodes francophones vous entendent.
27:17 - Qu'est-ce que ça change pour vous en tant que gérant, cette histoire d'une première baisse de taux, d'un mouvement qui est quand même initié par la BCE ?
27:22 Il y a eu la Banque du Canada aussi, première banque centrale G7, avoir fait le mouvement juste au nord des Etats-Unis, bien sûr.
27:29 On attend la Banque d'Angleterre. Bref, il y a quand même une conjonction qui est en train de se mettre en place de ce point de vue-là.
27:35 - Alors dans le cas de la BCE, rien, j'ai envie de dire. C'était attendu à 95%. Donc concrètement, là, il y avait...
27:41 Pour le coup, je pense aussi que la BCE a un peu reculé parce qu'en mars, le marché n'était pas prêt.
27:46 Et qu'il y a une logique aussi de préparer le marché.
27:48 Et globalement, là, tout le monde l'attendait. Il y a eu la baisse de taux. La réaction du marché, elle est quasi inexistante.
27:55 - Une baisse de taux qui tombe de nulle part, ça peut aussi avoir un effet un peu effrayant parfois pour certains investisseurs.
28:01 - C'est 25 BP.
28:03 - Oui, mais 25 BP qui seraient sortis en mars, pour le coup, je pense que le marché aurait...
28:07 Alors je ne sais pas comment il aurait réagi, mais il n'aurait pas très bien réagi de l'un sens ou de l'autre.
28:10 En tout cas, il y aurait une réaction qu'il ne pourrait rien avoir.
28:12 - S'il a fait 25 BP la semaine prochaine, j'aimerais bien voir la réaction du marché.
28:15 - C'est exactement ça. Et donc, globalement, ce que je pense, c'est qu'on voit que les États-Unis sont un peu isolés.
28:22 Ce n'est pas toujours le cas. Et en général, c'est plutôt l'inverse. Les États-Unis sont les premiers et puis on suit derrière.
28:26 Là, on voit... Alors vous hésitez le Canada, c'est très intéressant, parce qu'en plus, il y a une économie qui est très connectée aux États-Unis.
28:30 On a eu la Suisse, on a eu la Suède, on aura peut-être les Anglais dans quelques semaines.
28:36 Donc globalement, tout le monde est en train de baisser. Je vais exclure les Japonais qui sont dans une autre histoire.
28:41 Mais globalement, tout le monde est en train de baisser progressivement ses taux en fonction de son rythme.
28:46 Et les États-Unis vont être un peu les derniers de la classe, si je puis dire, parce qu'ils ont une économie...
28:51 Et ça, il faut bien le rappeler quand même, ils ont une économie qui a été beaucoup plus robuste en 2023.
28:54 La surprise où la plupart, en tout cas, des économistes se sont plantés, c'est que l'économie américaine, tout le monde la voyait chuter.
29:01 Et finalement, elle nous sort un chiffre de croissance qui est quand même assez extraordinaire.
29:04 Donc l'économie américaine, elle a tenu, alors que dans les autres zones, ça n'a pas forcément été le cas.
29:09 Donc je trouve que les baisses de taux, elles ont du sens partout dans le monde.
29:12 Après, 25 BP, voilà, ça n'a pas changé.
29:16 Oui, mais on anticipe jamais 102, jamais 203. Le marché va quand même fonctionner comme ça.
29:22 Aujourd'hui, dans le marché, on anticipe deux baisses de taux en plus de la BCE, pour la BCE.
29:26 Donc ça nous fait 50.
29:27 Oui, puis ça continue en 25. Enfin, ça ne s'arrête pas en décembre.
29:30 Les prévisions de 2026 sur l'inflation de la part de la BCE ou du marché, je ne leur donne aucune confiance.
29:39 Tout simplement parce qu'il y a tellement de choses qui peuvent se passer.
29:42 Par contre, à horizon de fin d'année, j'ai plus confiance dans ça et je pense qu'on aura encore deux baisses de taux du côté de la BCE.
29:47 Et ça va changer quoi, ça ? Est-ce que ça change quelque chose pour les actifs européens à partir d'un certain point, quand même ?
29:53 Ça change deux choses.
29:54 Ça change, un, que vous avez plus de vocation à acheter de la sensibilité, parce que vous dites que finalement, du monétaire aujourd'hui,
30:00 tous ceux qui sont placés sur du monétaire en disant « j'achète des DAT parce qu'à un mois, je suis bien »,
30:04 mais sauf que sur 12 mois glissant, si vous le faites tous les mois, à la fin, vous aurez un rendement qui sera moins attractif que si vous achetez du long aujourd'hui.
30:11 Donc le repositionnement sur la sensibilité, de mon point de vue, il est quand même important dans les portefeuilles.
30:16 Et on commence à le voir parce que de l'OAT à 3% à 10 ans, c'est finalement peut-être pas si mal si on projette un peu quant au rapport à la croissance,
30:24 quant au rapport à la productivité, quant au rapport à la structure économique globale de la zone euro.
30:28 Ça, c'est le premier point.
30:29 Puis le deuxième point, c'est l'impact en fait sur les actions.
30:33 C'est-à-dire que globalement, ça veut quand même dire qu'on remet un peu, j'ai envie de dire, une pièce dans la machine.
30:38 Parce que pour moi, une baisse de taux, ça ne vous donne pas une tendance sur un marché financier.
30:42 Ce qu'il faut voir, c'est pourquoi il y a une baisse de taux.
30:43 Et s'il y a une baisse de taux parce que l'inflation se normalise et que l'activité est à peu près stable, voire en zone euro, elle s'améliore,
30:50 pour les marchés actions, ce n'est pas une mauvaise nouvelle.
30:52 C'est plutôt une bonne configuration.
30:53 Ça peut attirer des investisseurs globaux et essentiellement des investisseurs anglo-saxons en dollars vers l'Europe,
31:02 qui est souvent considérée avant tout comme un lieu de tourisme.
31:04 On l'espère tous puisque ça fait quand même des dizaines d'années.
31:08 Parce que les gens européens, ils sont forcément investis en Europe.
31:10 Ce qui nous manque, c'est peut-être ce du...
31:13 Ce qui est intéressant, c'est que ça fait un an où vous avez une performance relative de l'euro stock 50 ou du stock 600,
31:18 qui fait jeu égal avec le S&P, voire qui fait un peu mieux.
31:23 Donc on est quand même dans un changement de paradigme.
31:25 C'est quelque chose d'un peu nouveau qu'on n'a pas connu depuis quelques temps.
31:28 C'est un repositionnement des investisseurs.
31:31 On a l'impression d'avoir touché le fond de la piscine en zone euro.
31:34 Quand vous regardez même les dynamiques bénéficiaires des entreprises, là on est encore négatif.
31:38 Les Etats-Unis sont à +7, +8 sur le Q1.
31:44 En Europe, on est à -6.
31:46 Mais on projette quand même que ça va remonter.
31:48 Tout va changer et là on va revenir, l'Europe va rattraper les Etats-Unis.
31:51 Donc il y a quand même une sorte d'alignement des planètes plutôt favorable à la zone euro.
31:55 Et je rajouterai quand même un niveau de valorisation, les PE, qui sont quand même bien plus attractifs.
31:59 Le seul bémol, c'est qu'on n'a pas les 7 magnifiques, on n'a pas d'équivalent.
32:03 Et donc ça c'est quand même quelque chose à prendre en compte dans le raisonnement.
32:06 D'équivalent non, mais on a aussi des belles valeurs, de grandes qualités, avec de belles performances.
32:11 Je ne sais pas, ASML, Novo...
32:14 Ouais.
32:15 Ouais, bon d'accord. C'est à la hauteur de ce que l'Europe peut produire.
32:19 Enfin je veux dire, c'est pas...
32:20 On a aussi des belles histoires de croissance.
32:22 Oui, la composition de l'euro stocks, ça a changé.
32:25 Le monde de demain, malheureusement, pour moi ce n'est pas les entreprises européennes qui feront le monde de demain.
32:29 Les entreprises américaines ont cette capacité-là d'attirer pour cet élément, maintenant à court terme.
32:35 Alors disons 6-12 mois, je trouve que l'Europe, elle a un peu une pièce à...
32:39 Enfin, elle a un peu un moment...
32:40 Un coup à jouer quoi.
32:41 Voilà, un coup à jouer.
32:42 Les investisseurs ont peut-être un coup à jouer à s'intéresser un peu plus peut-être à l'Europe que d'habitude.
32:47 D'accord avec ce constat ?
32:49 Oui, la dureté du jugement de Cyriac.
32:51 Sur la partie valorisation et potentiel européen, je suis totalement d'accord.
32:57 D'ailleurs on voit effectivement...
32:59 Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'on voit sur le segment très très longtemps délaissé des petites et moyennes valeurs,
33:03 on commence à voir justement un retour à meilleure fortune,
33:06 un retour, vous l'avez mentionné, des introductions en bourse,
33:09 un retour également des opérations de fusion-acquisition.
33:12 Ça faisait très longtemps qu'on l'attendait, y compris d'ailleurs dans des secteurs qui ont été totalement massacrés.
33:17 Je pense évidemment à l'opération d'acquisition de Néon.
33:20 Donc il y a eu un certain nombre d'éléments comme ça qui montrent qu'il y a plus d'intérêt sur les valeurs européennes
33:27 qu'il y en avait jusqu'à...
33:30 Parce qu'elles restent pas chères.
33:31 Parce qu'elles restent pas chères et que leurs perspectives surtout de croissance bénéficiaire sont là.
33:35 C'est-à-dire que les valeurs européennes savent aussi aller chercher de la croissance en dehors de l'Europe.
33:39 Il ne faut jamais oublier, vous savez que c'est une de mes phrases favorites,
33:42 que les marchés ne sont pas le baromètre de l'économie.
33:44 Voilà, ils n'ont aucune vocation à être un baromètre.
33:46 Oui, mais ne sont pas non plus pas l'économie.
33:49 Non, je veux dire, on dit toujours que les marchés ne sont pas l'économie,
33:52 mais c'est quand même aussi une partie de l'économie.
33:55 C'est une partie de l'économie, mais en fait les marchés ont juste comme vocation de donner des prix,
34:00 aux actifs qui y sont cotés.
34:02 Et ces actifs ne reflètent pas la diversité et parfois la fragmentation des économies.
34:10 Et quand on voit effectivement à la fois en Europe le fait qu'on a potentiellement des perspectives de baisse de taux,
34:16 peut-être en tout cas, acceptons en logure,
34:18 et effectivement surtout de la croissance bénéficiaire dans un contexte de valorisation relativement faible,
34:23 ça me paraît effectivement une bonne idée d'être aujourd'hui intéressé par les actions européennes.
34:28 Dans la série des actifs européens, il y a eu beaucoup de discussions, de débats,
34:32 au moment où la BCE semblait tenter de partir la première.
34:37 Visiblement, le taux de change a été une question.
34:39 Est-ce que c'est quelque chose qui a pu les retenir, justement,
34:42 en attendant ou en espérant voir un peu plus clair dans le jeu de la réserve fédérale américaine
34:47 pour les prochains mois, les prochains trimestres ?
34:48 Qu'est-ce que vous pouvez dire de ce point de vue-là en tant qu'économiste, Anthony,
34:52 sachant que moi je vois depuis au moins deux mois, l'euro/dollar remonte gentiment.
34:57 On est à quasi 1,09, alors il y a les fluctuations du jour.
35:00 L'euro ne s'est pas effondré, on n'est pas retourné à la parité
35:05 parce que la BCE va peut-être faire quelques baisses de taux en solo en attendant la Fed.
35:10 Complètement, je crois que c'était la variable qui faisait peur, c'est-à-dire de voir l'euro décrocher
35:13 et alors là un peu de retour d'inflation à porter.
35:15 Là, c'est quand même le mauvais scénario de s'engager dans des baisses de taux
35:19 jugées trop précoces par le marché parce que c'est bien ça qu'il faut voir.
35:22 Honnêtement, pour l'instant, ça a été bien anticipé.
35:25 On voit que le marché price correctement les baisses que la BCE devrait faire dans le futur.
35:29 Il me semble que là, elle est assez à l'aise pour au moins qu'à les deux cette année.
35:32 On a du mal à voir comment ne pas y aller.
35:34 Les marchés price bien, il n'y a pas de raison que l'euro/dollar décroche,
35:38 en tout cas en défaveur de l'euro de ce point de vue-là.
35:40 Honnêtement, je pense que tout est dans les cours.
35:43 Désormais, il y a un peu faussu la ligne de crête.
35:45 Il faut évidemment que les autres données, elles, ne trahissent pas le plan stratégique de la BCE
35:49 si tant est qu'elle en est un.
35:51 Je pense qu'aujourd'hui, tous les feux sont un peu au vert pour redonner un peu d'air à la zone euro.
35:57 Je ne dirais pas pessimiste, mais prudent sur la croissance 2024 et 2025.
36:02 Attention, pas trop d'optimisme non plus.
36:04 Mais ça, c'est un facteur qui peut pousser la BCE à accélérer et en faire un peu plus.
36:09 Comme on le disait hier, la barre est quand même très élevée pour que la BCE ne poursuive pas son mouvement de baisse de taux
36:15 et peut-être à un rythme un peu supérieur à ce qu'elle semble vouloir nous dire aujourd'hui.
36:19 Elle a été extrêmement insensible à plusieurs trimestres consécutifs d'absence de croissance.
36:23 C'était quand même assez étonnant de la voir ne pas réagir à un tel écart, tel différentiel de taux,
36:28 se posait avec beaucoup de zones, en réalité, pas que les États-Unis.
36:30 Qui aurait dû lui donner confiance dans la vitesse de désinflation qu'on peut attendre en zone euro.
36:36 C'est ces trimestres, effectivement, de croissance flat en moyenne.
36:38 C'est hallucinant.
36:39 Aujourd'hui, je pense qu'on a de la place pour redonner un peu d'air.
36:42 Syriac, vas-y.
36:45 C'est important aussi de noter que la BCE a un mandat, c'est l'inflation.
36:49 Ce n'est pas l'activité, ce n'est pas le chômage comme la Fed.
36:53 Et donc, même si je suis d'accord avec vous dans l'analyse,
36:56 il y a une forme d'être droit dans ses bottes du côté de la BCE, même s'il y a eu quelques éléments...
37:01 On peut l'interpréter dans tous les sens, le mandat.
37:03 Mais tant que ce n'est pas explicite qu'il y a une partie croissance également, c'est difficile.
37:08 C'est difficile de baisser ses taux quand vous avez 7 ou 8 % d'inflation, même si la croissance est à zéro.
37:13 Pour la BCE, c'était très compliqué, c'était impossible, la preuve, elle ne l'a pas fait.
37:17 Maintenant, qu'elle a un peu plus de possibilités sur l'inflation,
37:20 et que l'activité n'est pas non plus, comme vous dites, hyper-booming,
37:23 elle a toute la justification de le faire.
37:25 Je reviens... Un mot rapide, parce que je veux qu'on aille sur...
37:28 Juste un mot rapide là-dessus.
37:30 Je pense que, d'une certaine façon, et je le regrette,
37:34 la BCE reflète l'état d'esprit général européen.
37:38 C'est-à-dire, la BCE joue en défense.
37:41 Joue en permanence en disant "je veux surtout ne pas faire d'erreur,
37:45 je veux surtout protéger ce qui existe, je veux surtout arriver à ce qu'on ne me dise pas,
37:50 finalement vous n'avez pas respecté ce qu'on vous a donné il y a de nombreuses années,
37:54 comme étant l'objectif."
37:55 Et n'arrive plus à faire, donc se recroquevillent de ce point de vue-là,
37:58 et n'arrivent plus à faire ce qu'elle arrivait à faire au temps de Mario Draghi,
38:01 c'est-à-dire, en fait, choisir l'euro plutôt que les traités.
38:04 C'était ça Mario Draghi.
38:06 En fait, j'ai un objectif, j'ai un esprit et la lettre,
38:09 je choisis l'esprit plutôt que la lettre, puisque comme disait le prophète,
38:11 "la lettre tue et l'esprit vivifie".
38:13 On était exactement là, on était exactement là,
38:15 - Ah boy, non mais on est... - Bien sûr, oui, oui, non mais...
38:17 - On a du niveau sur Miss Smart. - Draghi forever !
38:19 - Voilà, exactement, et là il faut qu'on arrive à retrouver cet esprit un peu plus conquérant,
38:23 européen, et donc de la BCE,
38:25 pour se décrocher de ces quipias et de ces performances,
38:29 de ces critères de court terme,
38:31 qui font qu'en fait, elle est empêchée d'agir en fait.
38:33 Je suis persuadé qu'au sein du Conseil des Gouverneurs,
38:35 le diagnostic qu'on fait, ils l'ont fait également.
38:38 - Ouh, non mais aucun doute là-dessus.
38:40 On ne va pas insulter non plus la compétence et l'intelligence des banquiers centraux en Europe.
38:45 Bon, Draghi il a la réponse,
38:47 un changement radical, voilà ce dont l'Europe a besoin aujourd'hui.
38:51 Le rapport sera sur toutes les tables des ministres des Finances,
38:55 Premier ministre et autres en zone euro très prochainement,
38:58 et servira peut-être de feuille de route pour une future commission européenne dans les prochains mois.
39:04 Non, je voulais juste revenir à ce que je veux qu'on parle de Etats-Unis-Chine,
39:07 dans le cadre notamment et la perspective du 5 novembre prochain.
39:10 Je reviens sur ce que vous disiez quand on parlait de l'enquête auprès des ménages sur le marché du travail,
39:14 qui crée un peu cette dissonance avec ce que les anglo-saxons appellent la "vibe session",
39:20 l'idée qu'il y a une perception quand même très négative de l'économie, des marchés financiers, etc.
39:25 Ça veut dire que cette élection ne se joue pas sur l'économie ?
39:27 Ça veut dire que Biden, même avec les résultats des Bidenomics,
39:32 est loin d'avoir toutes les cartes en main pour résister à l'assaut puissant de Trump ?
39:39 Ça veut dire que cette élection est plus que jamais une élection d'émotion, plus qu'une émotion de raison.
39:45 Et dans les émotions, il y a des émotions économiques.
39:48 Pas que, mais il y a des émotions économiques.
39:50 Mais effectivement, on n'a plus aujourd'hui de socle, de fait sur lequel tout le monde s'accorde,
39:55 pour ensuite développer des raisonnements qui peuvent être différents.
39:58 Donc on a effectivement une élection américaine qui se joue sur des perceptions, sur des émotions,
40:03 que ce soit des perceptions internationales, sur les dangers liés à l'immigration, sur la perception économique.
40:10 Et ça, effectivement, ça rend en particulier la lisibilité depuis l'extérieur extraordinairement difficile
40:17 parce qu'on n'est pas intégré dans le tissu émotionnel américain.
40:20 Anthony, on a eu les balances commerciales américaines et chinoises ces dernières heures.
40:25 Donc vous allez nous confirmer que la machine exportatrice chinoise ne s'est jamais aussi bien portée.
40:30 Et face aux exportations chinoises, il y a évidemment des gens qui achètent des produits chinois.
40:35 Et de ce point de vue-là, le consommateur américain semble toujours très intéressé
40:39 par l'idée d'acquérir des produits chinois au quotidien.
40:43 Complètement. Alors avant de revenir sur, effectivement, le découplage ou non US-Chine,
40:47 un point sur la Chine qui me semble très important et sa capacité à exporter,
40:50 c'est qu'en fait, les exportations en volume, des flats et des prix, se sont redressées déjà dès le courant de l'année 2023.
40:55 On regarde très souvent les chiffres du commerce en valeur,
40:59 mais en réalité, comme les prix d'exportation en Chine baissent très fortement,
41:02 les volumes exportés, eux, ont commencé déjà à se redresser très fortement dans l'année 2023.
41:07 Et aujourd'hui, effectivement...
41:08 Et en plus, le yuan avait baissé.
41:09 Et le yuan avait baissé, donc j'irais sur la capacité. C'est terrifiant.
41:13 Quand on regarde un peu l'histoire du découplage US-Chine,
41:15 ce que l'on observe, c'est qu'évidemment, facialement, on a un poids de la Chine dans les importations américaines.
41:19 Qui faisait 21% début 2018, aujourd'hui, c'est plus que 14%.
41:23 Donc on pourrait se dire, effectivement, il y a du découplage.
41:25 En tout cas, facialement, on peut vite en conclure cette histoire-là.
41:28 En réalité, ce que l'on voit, c'est que la dynamique des importations sur l'ensemble des produits,
41:34 lorsqu'on soulève le capot, c'est vraiment les produits uniquement taxés, soumis à des barrières douanières,
41:38 qui ont fortement baissé.
41:39 C'est -12% entre 2018 et 2022, alors que les autres produits importés ont continué de croître à la même vitesse.
41:45 Donc on se rend compte qu'il y a vraiment un contournement, en réalité, opéré par les entreprises,
41:49 que ce soit américaines ou chinoises, pour les vendeurs ou les acheteurs, de ces sanctions-là,
41:53 en passant, évidemment, par les deux plus grands pays qu'on conside tout le temps aujourd'hui,
41:56 que sont le Mexique et le Vietnam.
41:58 Mais c'est un peu vrai de l'ensemble du bassin de la Zélande, qui a servi quand même de pays de transit.
42:02 - De plateforme, quoi ! - Et bien sûr, avec juste des petits assemblages.
42:05 Et pourquoi est-ce que, malgré une volonté politique très forte, côté américain, de se découpler de la Chine,
42:10 ils n'y sont pas parvenus ? Il y a trois raisons à ça.
42:12 Le premier, c'est le manque de substituts, parce que la Chine, c'est quand même un tiers de la production manufacturière mondiale.
42:17 Donc ils sont en position dominante sur un grand nombre de produits.
42:20 Donc quand bien même vous voulez vous découpler, quand vous êtes les américains premiers consommateurs,
42:24 vous ne trouvez pas forcément de quoi répondre à une telle demande.
42:26 Donc c'est le premier point, c'est l'absence de substituts.
42:28 Le deuxième, c'est que les américains sont toujours extraordinairement friands de produits chinois.
42:32 Juste un chiffre, moi, que je trouve hallucinant, c'est que quand vous regardez sur Amazon la part des vendeurs chinois,
42:37 c'était 18% fin 2016, on est à 50% fin 2023.
42:41 Donc je veux dire une percée.
42:43 Mais on le voit également avec Shane, avec Temu, les américains veulent des produits chinois.
42:47 Ils veulent aussi des produits américains, mais les produits chinois, on le vend en poupe.
42:49 Donc ça diverge fortement entre la volonté politique et le désir du consommateur.
42:54 Et le dernier point, c'est la compétitivité prix des produits chinois.
42:58 Il est évident pour des problèmes très structurels que les prix baissent en Chine, notamment les surcapacités.
43:03 On pourrait y revenir, mais les prix baissent très fortement en Chine.
43:06 Donc les prix à la production, même eux, ont augmenté beaucoup moins fortement en Chine qu'aux Etats-Unis.
43:10 Vous couplez à ça un Yuen qui s'est considérablement dépressé, et à la fin vous avez une économie chinoise qui est extraordinairement compétitive.
43:17 Ça, ça aboutit à quoi sur le plan des décisions et de l'orientation de la politique économique américaine ?
43:23 Ça aboutit à se dire "bon, mettons en place des mesures cosmétiques, on sait de toute façon que le découplage ultime est impossible,
43:31 même les Yuen l'a dit, le but n'est pas de se découpler de la Chine, etc."
43:36 Ou est-ce que ça incite un dirigeant politique américain à taper deux, trois fois plus fortement sur les importations de produits chinois pour casser fondamentalement cette dynamique ?
43:50 Mais je suis très sceptique sur la réindustrialisation américaine pour une raison dont on parle assez peu,
43:54 c'est que les gains de productivité dans l'industrie américaine sont nuls depuis 2010.
43:59 La productivité a même un peu reculé depuis 2010.
44:02 Alors qu'en Europe ils ont continué à augmenter, ils baissent depuis 2019 maintenant,
44:06 mais sur toute la décennie 2010-2019, les Européens ont eu une industrie qui a continué de faire des gains de productivité,
44:12 ce n'est pas le cas des Américains.
44:13 Et ce qui se passe, c'est que les salaires par contre, dans l'industrie américaine, eux, ont continué de progresser
44:18 parce qu'ils sont tirés par les secteurs les plus porteurs.
44:20 Ça, c'est ce qu'on appelle souvent la loi de Baumol, la maladie des coûts.
44:22 C'est-à-dire que les salaires sont toujours tirés par les secteurs qui vont le plus vite.
44:25 Donc on a des coûts salariaux unitaires dans l'industrie américaine qui ont fait +50% entre fin 2010 et aujourd'hui,
44:32 alors que c'est +33% dans le reste de l'économie.
44:34 Donc c'est très difficile d'imaginer une réindustrialisation.
44:36 Ils ne seront jamais compétitifs.
44:38 Ils ne seront pas compétitifs.
44:39 Donc si c'est pour fournir le marché local, on peut éventuellement se dire
44:41 les consommateurs vont devoir payer plus cher, mais à l'international, l'industrie américaine n'est pas compétitive.
44:46 Bon, cette élection du 5 novembre, comment vous y réfléchissez déjà aujourd'hui, Cyril Hague ?
44:52 Est-ce que ça implique déjà des décisions de gestion ?
44:56 Ou est-ce qu'on est en train de réfléchir à quel type de décision on serait amené à prendre ?
45:00 Aujourd'hui, c'est plus des réflexions.
45:02 Le marché a une sorte de moment où il va commencer à regarder.
45:06 C'est durant l'été.
45:07 Les conventions arrivent, etc.
45:09 Voilà, qu'on va commencer.
45:10 On lit 2-3 sondages, des choses comme ça.
45:12 Mais pour l'instant, ce n'est pas très focalisé.
45:14 C'est vrai que d'extérieur, quand on regarde rationnellement,
45:16 on est quand même très étonné que Biden soit aussi peu avantagé par cette économie.
45:21 D'habitude, on dit que c'est l'économie, les actions américaines.
45:24 Ce n'est pas le cas.
45:25 Donc, ça, c'est un peu étonnant.
45:26 Mais pour l'instant, d'une certaine manière, les études qui sortent,
45:28 c'est quand même de dire qu'on aura un sujet de retour de l'inflation avec Trump s'il est élu.
45:32 Parce que des taxes, des droits de douane,
45:36 puis aussi une logique un peu de dépenser l'argent.
45:38 Enfin, on voit bien qu'il n'est pas dans une logique contracyclique.
45:41 Il est dans une autre logique.
45:43 Les républicains ne sont plus ce qu'ils étaient de ce point de vue-là.
45:45 On n'est plus du tout des républicains.
45:46 On n'est plus du tout dans cette logique-là.
45:48 Sur Joe Biden, le marché ne vote pas forcément non plus de Joe Biden.
45:53 Parce qu'il y a quand même une forme de rationalité qui est plus claire chez Joe Biden.
45:57 Vu les déficits américains, on n'en parle pas beaucoup,
45:59 mais il y a quand même des niveaux de déficit extraordinairement élevés,
46:01 il va falloir essayer de remonter les impôts.
46:03 Donc, finalement, le marché, si je dois être très schématique,
46:06 il vote plutôt Trump aujourd'hui que Biden pour l'impact, la réaction marché.
46:11 Maintenant, ce n'est pas le sujet du moment.
46:13 - Il y a un petit truc aussi, peut-être qu'on sous-estime,
46:15 mais l'âge de Biden commence à faire peur quand même.
46:18 - Oui, l'âge de Biden...
46:20 - Enfin, son âge, et en tout cas, l'âge qu'il renvoie, quoi, pour dire les choses.
46:24 - Mais d'une certaine manière, le drame américain,
46:27 c'est que l'âge qu'on renvoie à Trump commence également à être un sujet.
46:30 - Oui.
46:31 - C'est-à-dire que pour un certain nombre de...
46:32 - Mais côte à côte, sur une estrade, j'ai l'impression quand même que...
46:34 - En fait, quand vous avez un discours de Trump,
46:37 tel que celui qu'il a fait suite à sa condamnation devant le tribunal,
46:42 sans prompteur,
46:44 - C'est dur.
46:45 - Vous vous rendez compte qu'en fait, c'est plus le Trump d'il y a 10 ans.
46:48 Et donc, les Américains, c'est ça le sujet.
46:50 Les Américains ont un choix qui va être un choix par défaut,
46:53 et un choix émotionnel.
46:54 Et ça, effectivement, ça va être compliqué.
46:56 - On s'arrêtera là pour ce soir.
46:57 Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché.
46:59 Wilfried Galland, mon pensier finance,
47:01 Cyriak Daian, Sandso Yes,
47:03 et Anthony Morley-Lavidali, la Rex Ecode,
47:05 qui était avec nous en plateau ce soir.
47:07 [Générique]
47:18 C'est le dernier quart d'heure de Smart Bourse,
47:19 le quart d'heure thématique,
47:20 et chaque mois, nous avons rendez-vous avec les équipes de Clartemps Associés
47:24 pour un exercice d'analyse fondamentale.
47:26 C'est Marc Evgen qui est à mes côtés ce soir en plateau,
47:29 gérant chez Clartemps Associés.
47:30 Bonsoir Marc.
47:31 Ravi de vous retrouver.
47:32 Le cas d'investissement que vous nous proposez,
47:34 c'est un cas pratique qui tourne autour d'un produit,
47:38 alors j'ai appelé ça un produit du quotidien,
47:40 ou en tout cas un produit d'usage quotidien,
47:42 puisqu'on parle avec vous de la société Suisse.
47:44 Vous êtes localisé en Suisse, Marc.
47:46 La société s'appelle Geberit,
47:48 et c'est donc un des grands spécialistes mondiaux
47:50 des systèmes de plomberie et de produits sanitaires.
47:54 C'est une entreprise qui a 150 ans d'histoire, Marc,
47:56 c'est vous qui me l'avez appris,
47:58 et qui en 150 ans d'histoire n'a eu que 5 CEOs,
48:01 5 directeurs généraux,
48:03 je crois que cette information nous dit déjà quelque chose
48:06 de la culture d'entreprise chez Geberit.
48:08 Vous avez déjà plus ou moins tout résumé le cas,
48:11 c'est vraiment une pépite helvétique.
48:14 Ils sont basés à Rapperswil, Jona,
48:18 qui est à peu près à 40 km de Zurich,
48:22 et c'est effectivement le leader européen
48:24 de tout ce qui est installation sanitaire,
48:27 technologie sanitaire.
48:29 Maintenant tout le monde connaît les toilettes,
48:33 ou la petite chasse d'eau.
48:35 C'est la partie visible.
48:37 C'est seulement 30% de leur revenu,
48:40 donc la partie de salle de bain finalement,
48:43 alors que 70% de leur revenu, ça vient de "behind the wall",
48:47 donc ce qu'on ne voit pas.
48:49 D'une partie, tout ce qui est chasse d'eau,
48:52 c'est environ 37% de leur revenu,
48:55 et ensuite tout ce qui est "piping",
48:57 donc les tubes qui relient les eaux usées
49:01 et également l'eau potable.
49:04 C'est une success story absolument incroyable,
49:09 parce qu'il y a 150 ans,
49:14 ils n'ont pas été les précurseurs dans tout ce qui est chasse d'eau,
49:17 vu que les chasses d'eau ont été inventées au 18e siècle
49:20 par un horloger anglais,
49:22 donc il y a quand même un petit côté helvétique à l'horlogerie.
49:25 C'est effectivement une valeur qui, petit à petit,
49:30 a fait son nid en venant aux bourses il y a 25 ans.
49:35 C'est une société à la base familiale,
49:38 la famille est sortie du capital en 1997,
49:44 rentrée en bourse en 1999,
49:47 et aujourd'hui c'est une société qui fait à peu près 18 milliards
49:51 de capitalisation boursière
49:53 pour des ventes d'environ 3 milliards,
49:55 avec une grosse exposition européenne,
49:58 quand même 90% des revenus sont en Europe,
50:01 et il y a une petite exposition US,
50:04 et une petite exposition ici émergente.
50:07 - Le gros du marché est européen,
50:09 mais je reviens sur cette histoire de culture d'entreprise,
50:11 parce que quand on fait de l'analyse fondamentale,
50:13 il y a effectivement la partie financière,
50:16 on donnera quelques indicateurs financiers,
50:18 de la santé, de la croissance, du développement de Geberit,
50:21 mais il y a aussi ce qui est difficile à mesurer,
50:24 cette culture d'entreprise,
50:26 5 CEOs en 150 ans d'histoire,
50:28 qu'est-ce que ça nous dit,
50:29 et comment vous caractérisez cette culture d'entreprise chez Geberit ?
50:32 - Typiquement leur devise opérationnelle,
50:35 c'est flexibilité opérationnelle et stabilité...
50:39 - Manageriale ?
50:41 - Manageriale, ou stratégique.
50:43 Ils ont prouvé cette devise,
50:47 notamment lors du Covid,
50:49 plutôt que d'utiliser les temps partiels,
50:52 le chômage partiel, etc.,
50:54 ils ont gardé tout le monde à bord,
50:56 ils ont renettoyé l'ensemble de leurs usines,
50:59 de leurs CRM,
51:01 pour pouvoir sortir du Covid encore plus fort.
51:03 Et ça, c'est un des exemples.
51:05 L'autre exemple, c'est lorsque vous regardez les valeurs
51:08 qu'ils mettent en avant,
51:10 les deux premières valeurs, c'est intégrité et modestie.
51:14 Et cette modestie, elle se reflète dans leur façon de gérer la société.
51:20 Il y a 12 000 employés aujourd'hui,
51:22 avec un département DRH qui est absolument monstrueux,
51:25 il y a 6 personnes.
51:27 A l'inverse, les managers, donc le CEO,
51:31 ils vivent ça de manière quotidienne,
51:34 lorsqu'ils viennent voir des investisseurs à Paris,
51:37 il n'y a pas de limousine, c'est le métro,
51:40 il vient tout seul, sans recharger d'investisseurs,
51:43 c'est vraiment une stratégie qui est vécue
51:46 de la tête de l'entreprise jusqu'au dernier déjà.
51:50 - Et c'est des signaux faibles qui comptent pour vous,
51:52 en tant qu'analyste, gérant, investisseur, Marc,
51:55 ça dit quelque chose d'une entreprise ?
51:57 Quand le patron vient tout seul rencontrer les investisseurs
52:00 et qu'il n'a pas une cohorte de 10 personnes autour de lui ?
52:02 - C'est toujours mieux,
52:04 mais c'est encore mieux quand ça se reflète dans les chiffres.
52:06 Et c'est une société.
52:08 Si on veut être très simpliste, ils font des toilettes,
52:10 mais ils font 30% de marge EBITDA
52:13 et 20% de marge de cash flow.
52:16 Et ça, ça ne ment pas.
52:18 Et comme je vous disais auparavant,
52:21 ils font tant les tubes que les toilettes,
52:24 c'est des marges de free cash flow de 20%.
52:30 Si vous prenez les compétiteurs, que ce soit dans le tube,
52:33 des Uponor ou dans la céramique, des Villereuil et Bosch,
52:38 on est plutôt à du 5-3%.
52:40 - Waouh ! Ah oui, c'est un écart.
52:42 Mais ça veut dire que là, on parle de produits à haute valeur ajoutée,
52:45 c'est ça, Marc ?
52:47 À la fois entre ce qui se voit, la cuvette de toilette,
52:50 pour parler trivialement,
52:52 et tout ce qui ne se voit pas, mais qui a une importance considérable.
52:55 - C'est ça qui est intéressant, en fait.
52:57 C'est que ce qui est derrière le mur,
52:59 ça ne représente que 10% du budget
53:02 lorsque vous rénovez une salle de bain.
53:04 Et la dernière chose que vous voulez
53:06 lorsque vous rénovez votre salle de bain,
53:08 c'est qu'il y ait un souci dans les tubes.
53:10 - Et être obligé de tout casser pour tout changer.
53:12 - Ça parle de quoi ? On veut de la qualité.
53:15 Ensuite, leurs clients, c'est les installateurs, les plombiers, etc.,
53:20 eux, qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils veulent de la simplicité.
53:22 Donc, Geberit a été très fort dans tout ce qui est innovation
53:26 pour simplifier les processus.
53:28 C'est des sortes de tubes un peu comme des mécanos.
53:30 Et du coup, ça simplifie leur travail.
53:34 Et ce qui est très très intelligent, finalement,
53:37 c'est que Geberit a créé des académies pour des plombiers.
53:42 Ils ont 30 centres de formation.
53:45 Et l'année dernière, ils ont eu 78 000 professionnels
53:48 qui sont venus se former chez Geberit.
53:50 - Mais la force du truc, c'est que de toute façon,
53:52 si vous faites venir un jour un plombier chez vous
53:54 pour changer vos toilettes, il y a peut-être 99 chances sur 100
53:59 qu'il ne vous laisse pas le choix et qu'il installe du Geberit.
54:02 - Oui, parce qu'il ne veut pas de problème.
54:03 - Oui, parce que le client et le plombier ne veulent pas de problème.
54:07 Oui, ça, c'est sûr.
54:08 - Et ensuite, il faut bien voir...
54:09 - Mais c'est la force de la prescription, quoi.
54:11 - La force de la prescription, d'une part, et d'autre part,
54:13 la force de la R&D.
54:15 - Et oui, de la qualité.
54:16 - 150 patentes sur 4 ans.
54:18 - Ah oui.
54:19 - Et on parle beaucoup ces temps...
54:22 La valeur de l'eau, il ne faut pas gaspiller de l'eau.
54:26 Il faut bien voir qu'entre 1950 et aujourd'hui,
54:30 on est passé de 14 litres à 4 litres.
54:32 - Pour une chasse d'eau ?
54:33 - Ah oui.
54:34 - 2,6 si vous prenez le petit.
54:35 - Oui, bien sûr.
54:36 - Si vous prenez le petit.
54:37 - Bien sûr.
54:38 - Et ça, c'est...
54:39 Dans un ménage, l'utilisation des toilettes,
54:43 ça représente le plus grand poste en termes d'utilisation d'eau par jour, 29 %.
54:48 - Ah oui.
54:49 Non, non, mais c'est un argument fort aujourd'hui, effectivement.
54:53 Qu'est-ce qui drive leur croissance aujourd'hui ?
54:57 Vous disiez, donc, c'est quand même une exposition très européenne.
55:01 C'est donc des marchés de construction, c'est du neuf, c'est de la rénovation.
55:06 - Alors, 65 % de leur business, c'est du résidentiel.
55:10 - Oui.
55:11 - Et 60 %, c'est de la rénovation.
55:12 - D'accord.
55:13 - Alors, parler de croissance, 2023, ça n'a pas été une année de croissance.
55:18 Ils ont vu leur revenu se réduire de 9 %.
55:23 Ils ont eu un...
55:26 Je dirais, il y a eu plusieurs phénomènes.
55:30 D'une part, tout ce qui est nouvelles constructions, c'est -20 % sur les nouvelles constructions.
55:39 - La Oseto a détruit la dynamique de construction partout à travers l'Europe.
55:43 - La hausse des matières premières a fait qu'ils ont annoncé des augmentations de prix.
55:48 Donc, les stockistes ont stocké, stocké, stocké.
55:51 On a eu cinq trimestres de déstockage.
55:54 - De déstockage, d'accord.
55:56 - Et au premier trimestre de cette année, c'est le premier trimestre où on a eu du restockage.
56:01 Donc, il y a un petit peu de lumière au bout du tunnel.
56:04 - J'entends.
56:05 - Mais il y a des drivers vraiment à long terme.
56:07 Quand vous voyez que l'Allemagne, qui représente 29 % de leurs ventes,
56:11 donc le plus gros marché l'année dernière,
56:14 ils auraient dû construire 450 000 logements.
56:17 Ils en ont construit 150 000.
56:19 Ce besoin, il reste, il grossit.
56:21 Et pendant très longtemps, finalement, la limitation de leur croissance, c'était d'avoir accès aux plombiers.
56:29 Parce qu'il n'y avait pas assez de plombiers.
56:32 Maintenant, avec la crise énergétique, les plombiers se sont en plus...
56:36 - Devenus chauvagistes, oui, c'est ça.
56:38 - Devenus chauvagistes.
56:39 Donc, les pompes à chaleur, c'était le sac Hermès du plombier.
56:46 Et là, on revient dans un environnement un petit peu plus, je dirais, plus neutre.
56:52 Alors, cette année, ça va être encore un peu plus difficile,
56:55 parce que ce n'est pas une petite baisse de taux de 25 bips qui va faire que vous allez changer votre salle de bain.
57:01 Mais néanmoins, ils arrivent, malgré cette baisse de 9 % des ventes,
57:07 à augmenter leur marge évidente de 3 %.
57:09 - Oui, oui.
57:10 Bon, j'ai vu, c'est vrai que le cours de bourse a connu l'envolée Covid.
57:13 C'est au moment où tout le monde a refait ses toilettes, j'imagine.
57:15 On refaisait sa cuisine, ses toilettes, etc.
57:17 Et puis, il y a eu un pic 2021, je crois, pour le titre en bourse.
57:21 Il y a eu une grande, grande descente, effectivement.
57:24 Et là, comment est-ce que vous gérez la position chez Clartent ?
57:27 Est-ce que là, justement, même tactiquement, il y a un moment intéressant pour se repositionner sur ce titre ?
57:33 - Typiquement, nous, on était investis pré-Covid.
57:37 Pendant le Covid, on a vendu, lorsqu'il y a eu cet envolée 780.
57:42 Ensuite, se sont accumulés, justement, tous ces phénomènes.
57:46 On a commencé à remettre une position dans différents fonds, fin de l'année dernière,
57:52 quand, finalement, on sentait que...
57:55 - La fin du déstockage, quoi, c'est ça.
57:57 - Alors, il y avait tellement de nouvelles négatives sur le marché allemand.
58:01 Et c'est un proxy, un petit peu, pour la construction allemande,
58:04 que tout a un prix.
58:06 Et la valorisation était intéressante.
58:10 Donc, je pense qu'à ces niveaux, c'est plutôt intéressant.
58:14 Ça reste très cher, mais c'est des qualités.
58:17 - Oui, c'est ça.
58:18 - Oui, mais c'est le problème de la qualité.
58:19 C'est que la qualité, c'est toujours un peu cher.
58:21 - Des retours à 30% ?
58:22 - Oui, c'est ce que vous disiez.
58:24 Oui, oui, retour sur capitaux employés, le free cash flow, etc.
58:28 Tout ça fait que c'est une entreprise de grande qualité
58:31 qui, effectivement, ne peut pas descendre tellement en tout de certains multiples aujourd'hui.
58:35 - Elle est quand même 40% en dessous de ses plus hauts, aujourd'hui.
58:38 - Ah oui, par rapport au sommet 2021.
58:40 Oui, oui, bien sûr.
58:41 Ça a été divisé par deux, oui, effectivement, de ce point de vue-là.
58:43 - Merci beaucoup, Marc, de nous avoir fait découvrir ou redécouvrir le cas Geberit.
58:47 150 ans d'histoire, alors moins en bourse, évidemment.
58:50 Ça fait un quart de siècle qu'ils sont cotés.
58:52 Mais oui, c'est une entreprise bien identifiée
58:54 par ceux qui cherchent de la qualité sur les marchés européens.
58:57 Marc Evgen, gérant chez Clartan Associés,
58:59 était avec nous l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse, ce soir.
59:01 ♪ ♪ ♪