SMART BOURSE - Marchés : coup de chaud estival, et ensuite ?

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Lundi 26 août 2024, SMART BOURSE reçoit Anthony Morlet-Lavidalie (Économiste, pôle Macroéconomie-Conjoncture, Rexecode) , Kevin Thozet (Membre du comité d'investissement, Carmignac) et Wilfrid Galand (Directeur stratégiste, Montpensier Finance)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Anthony Morley, l'avid allié, est avec nous, il est économiste au pôle macro-conjoncture
00:17de Rex&Code.
00:18Bonsoir Anthony.
00:19Bonsoir Grégoire.
00:20Ravi de vous retrouver pour cette saison 5, ravi d'accueillir également Wilfried Galland
00:23pour ce démarrage de cette saison 5, directeur stratégiste de Mon Pensier Finance.
00:27Bonsoir Wilfried.
00:28Bonsoir Grégoire.
00:29Je voulais qu'il nous accompagne également autour de cette table, membre du comité d'investissement
00:32de Carmignac.
00:33Bonsoir Kevin.
00:34Bonsoir.
00:35On va reprendre un peu la séquence de l'été, c'est l'émission un peu mise à jour pour
00:39ceux qui ont eu la chance de prendre un peu de distance au cours des dernières semaines
00:43avant d'en venir à Jackson Hall et au discours important de Jérôme Poel qui complète le
00:49pivot de la Fed.
00:50Je voulais qu'on revienne un peu en arrière, ce qui s'est passé effectivement sur les
00:53marchés, ce coup de speed, dans la mesure effectivement on a vu de la vitesse dans
00:57la baisse de marché, une accélération, je disais, fin juillet, début août jusqu'à
01:04la séance du 5 août qui a marqué le point bas de cette correction, qui a été suivie
01:08d'un rebond en V assez rapide, très violent Kevin.
01:13Déjà beaucoup de choses ont été écrites dessus, quels ont été les déterminants
01:17pour vous de cette séquence de correction ? Quelle analyse est-ce que vous en faites
01:20chez Carmignac entre à la fois des facteurs techniques visiblement très importants et
01:25également peut-être des questionnements macro à l'époque qui peuvent trouver une
01:30résonance d'ailleurs dans le discours d'un Jérôme Poel en fin de semaine dernière ?
01:33Oui, je crois qu'il y en a plusieurs.
01:35Le point de départ c'est quand même un positionnement de marché, un consensus de
01:38marché très fort, c'est-à-dire l'économie américaine va forcément atterrir en douceur
01:43si elle atterrit un jour, la banque centrale japonaise ne va jamais remonter ses taux d'intérêt
01:49et donc la devise que les investisseurs préféraient vendre s'était liène, d'ailleurs on a vu
01:53le niveau de vente sur les contrats futurs aux Etats-Unis qu'on n'avait pas vu depuis
01:57la grande crise financière, pour vous dire l'ampleur du positionnement de marché et
02:01puis le consensus, en tout cas l'actif à avoir dans un portefeuille c'était des actions
02:06américaines et la tech américaine.
02:08Une fois qu'on a dit ça, on a une séquence de données, d'abord des données économiques
02:11un peu décevantes aux Etats-Unis, notamment sur des indicateurs avancés liés à des
02:16enquêtes auprès des chefs d'entreprise et on a cette crainte devant un ralentissement
02:20aux Etats-Unis et une boucle qui commence à se mettre en place avec un dollar qui
02:23baisse, des marchés d'actions américains qui baissent aussi un peu, il y a un pétrole
02:26qui baisse et des taux américains qui baissent aussi et ça, ça amène, on va dire, ça
02:31commence à mettre quelques doutes sur, on va dire, un des longs, en tout cas une des
02:35pâtes acheteuses de ces positions-là et de l'autre on a une banque centrale japonaise
02:39qui commence à signaler qu'elle va bien faire ce qu'elle dit depuis un moment.
02:47J'y vais, j'y vais !
02:49Et donc sur ces deux positions, une vendeuse sur le yen et une acheteuse sur le dollar,
02:53on a un fameux effet ciseau et là on a une forme d'effet d'entraînement alors quand
02:57on rajoute à ça, comme vous le disiez, ça arrivait au cœur de l'été, comme
03:00vous le disiez pour ceux qui étaient là, pas beaucoup d'opérateurs de marché qui
03:03étaient là quand on voit les volumes échanger, on rajoute, on va dire, ce stress-là, en
03:07tout cas cette faible liquidité dans le marché et donc on a des mouvements inédits, des
03:11marchés en Japonaises qui font autour de moins 15, c'est ça, moins 15 dans une séance,
03:17des indices de volatilité, alors si on regarde...
03:20La taille du mouvement, la taille des mouvements qu'on a pu voir a été quand même assez
03:23impressionnante.
03:24Donc un indice de volatilité, si on regarde l'indice VIX, il est monté à 65, donc c'est
03:27pareil, je crois qu'il y a trois précédents, c'est le Covid et la grande crise financière,
03:31voilà, deux précédents.
03:32Si on regarde les instruments qu'on peut effectivement traiter quand on est en gérant
03:36actif d'actifs comme on l'est chez Carmignac, là on a des contrats futurs sur VIX, donc
03:40ce qu'on peut effectivement mettre en place dans un portefeuille, ça remonte, ça remonte
03:43assez fort, à 35, 40, mais c'est sur des niveaux qu'on a pu voir avant, sur du stress
03:46bancaire aux Etats-Unis, dans les phases de remontée des taux d'intérêt ou de chevauché
03:51en avant d'un taux d'intérêt comme on a eu en 2022, donc un mouvement de stress mais
03:54pas aussi important que ce que peuvent dire les écrans quand on regarde à posteriori.
03:58Il y a, il me semble, deux facteurs importants, le premier c'est le positionnement de marché,
04:04le consensus de marché, il faut y faire attention, et quand on a des positions...
04:08Nous sommes importants.
04:09Non mais je pense que c'est un élément qui est important, l'autre c'est que oui il y
04:14a sans du tout quelques pertes de P&L, il y a clairement des investisseurs, des sociétés
04:20gestion qui ont perdu un peu d'argent, mais a priori il n'y a pas eu d'accident de crédit
04:23dans cette séquence-là, et c'est quelque chose qui était possible, et là ça aurait
04:26pu faire bien plus mal que ce qu'on a pu voir, pour autant je crois que c'est une piqûre
04:29de rappel qui est importante, et puis l'autre point, c'est que quand on a ces périodes
04:34de stress de marché, ça veut dire quand même que la direction future a priori des
04:38performances des actifs sera peut-être un peu moins importante, ça a nettoyé un petit
04:42peu du positionnement, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de gérants systématiques, Wilfrid
04:47Trunil, l'importance d'avoir des gérants actifs et d'actifs, mais quand on a des gérants
04:50psychosynétiques qui utilisent des signaux comme les indices de volatilité pour se désexposer,
04:57ça peut amener on va dire un phénomène d'entraînement, de réflexivité, pareillement quand un investisseur
05:02particulier ouvre, je ne sais pas, le Financial Times, les Echos, la Tribune, ou regarde Bsmart,
05:09quand il voit l'indice de volatilité, l'indice de la peur qui est sur des plus hauts des
05:13trente dernières années ou des vingt dernières années, il ne va pas être enclin à remettre
05:16du risque dans un portefeuille, et ça, ça veut dire que là aussi je pense que les régulateurs,
05:20les banquiers centraux, certains s'en sont émus d'ailleurs, vont quand même faire un
05:24petit peu attention à ça.
05:25Mais quelques semaines après, alors on verra ce qu'il reste de ce 5 ou 6, il n'y a pas
05:31eu de crash.
05:32Il y a une correction de 10%, mais ça c'est la vie habituelle des marchés, alors quand
05:35ça arrive, il faut faire le bon diagnostic et la bonne analyse, mais il n'y a pas eu
05:40comme vous dites, d'effet boule de neige délétère qui nous aurait emmené beaucoup
05:43plus loin en fait dans ce krach de marché.
05:46C'est ça, on n'a pas vu d'accident, pour autant il y a quand même un élément qui
05:48est important, et on parlait de la banque centrale japonaise, c'est qu'il y a quand
05:50même un pourvoyeur de liquidités, un de plus ou un de moins, comme on le formule,
05:54mais qui est en train de sortir, et donc ça, ça veut bien dire, je crois que c'est une
05:59prudence, mais en tout cas, pas être pleinement exposé dans ce contexte-là, je crois que
06:04ça fait du sens, et puis on a quand même un narratif de marché qui a évolué, c'est-à-dire
06:08qu'on est passé de l'exceptionalisme américain à le poutre de la banque centrale, mais je
06:14ne veux pas trop en débrouiller sur la théorie contemporaine.
06:15Oui, mais on voit bien qu'il y avait dans ce mouvement de marché, déjà peut-être
06:19les prémices effectivement d'inquiétude, qui ont été adressées en partie, en tout
06:23cas par Jérôme Poel à Jackson Hole en fin de semaine dernière, qu'est-ce qu'il reste
06:26du 5 août dernier pour vous Wilfried ?
06:29Je pense que ce qui reste profondément, c'est d'abord le fait que les banques centrales
06:35ne peuvent pas s'écarter trop longtemps des réactions de marché, puisqu'on a vu assez
06:39vite que la Banque du Japon disait, non mais en fait, je compte bien changer ma politique
06:45monétaire, mais je ne ferai rien qu'ils remettent en cause la stabilité financière, et donc
06:49j'y serai très attentif.
06:50J'ai conscience, une fois que je pèse dans le jeu, de la stabilité financière mondiale.
06:52Exactement, et donc tout ce que disait Kevin jusqu'à présent, en fait, je pense que
06:54les banquiers centrales l'intègrent également dans leur discours en disant, nous ne sommes
06:57pas en fait des îles qui pouvons décider, en fait, sans regarder ce que d'autres acteurs
07:03de marché vont prendre de notre propre décision.
07:06Ça, je pense que c'est un premier point qui reste.
07:07Le deuxième point qui reste, c'est l'attention portée aux scénarios macroéconomiques et
07:17au fait qu'il n'y a pas de consensus sur ces scénarios macroéconomiques, en tout cas
07:21beaucoup moins fort que ce que pouvaient laisser penser un certain nombre de positionnements
07:24de marché.
07:25D'abord parce que le consommateur américain, cette espèce de locomotive inexorable sur
07:30lequel tout le monde compte en permanence, pourrait montrer des signes de faiblesse si
07:34on avait la confirmation que le marché du travail américain était moins flamboyant
07:38que prévu.
07:39Il s'est passé quand même quelque chose ensuite, c'est la fameuse revue à la baisse
07:43de la création d'emplois aux Etats-Unis entre mars 2023 et mars 2024.
07:46Alors, c'est vrai que pour les marchés, mars 2023 et mars 2024, c'est la préhistoire.
07:49Néanmoins, quand vous avez créé officiellement 2,9 millions d'emplois et qu'à la fin on
07:55vous dit non mais en fait c'est pas 2,9 millions, c'est un peu plus de 2 millions, ça change
07:58quand même un petit peu les choses, ça met aussi une espèce de voile d'incrédulité
08:02sur les futures publications du marché de l'emploi et on sait que le marché de la consommation
08:08aux Etats-Unis dépend du marché de l'emploi parce que c'est vrai que tout ce qui est
08:14travaux un peu spéculatifs sur les excès d'épargne post-Covid, moi à chaque fois
08:18je dis tout et n'importe quoi sur ce sujet, ce que je vois c'est qu'on n'a jamais eu
08:22de taux d'épargne négatif aux Etats-Unis.
08:24Donc en fait on n'a jamais tapé dans le stock d'épargne aux Etats-Unis.
08:27Donc je sais pas où est-ce qu'il en est, mais en tout cas ce qui est sûr c'est que
08:30visiblement c'est quand même les flux qui tirent la consommation, ça je pense que c'est
08:35le deuxième élément très important.
08:36Et le troisième élément très important c'est que comme tout gros consensus il faut
08:42se méfier des consensus de positionnement sectoriel et que l'intelligence artificielle
08:48même si on sait qu'il va y avoir énormément de revenus associés, il y a déjà des revenus
08:51associés et que ces revenus-là seront effectivement présents, la question c'est quand est-ce
08:57qu'ils seront présents par rapport aux masses d'investissements qui sont aujourd'hui nécessaires.
09:01Est-ce que c'est le moment de s'interroger, de s'inquiéter de cette question-là ou est-ce
09:07que le marché, les investisseurs sont prêts à donner encore un peu de temps, alors pas
09:11à Nvidia parce qu'il vend déjà aujourd'hui, mais à tous ceux qui vont être chargés entre
09:16guillemets de monétiser l'intelligence artificielle ?
09:18En fait, aujourd'hui il y a une espèce de...
09:20C'est juste dans la correction de cet été, effectivement, semi-conducteurs, chips, ça a été un secteur en première ligne parce qu'évidemment
09:27on regarde la progression qu'on a pu avoir, s'il y avait des instituts cycliques, c'est
09:31aussi un secteur qu'on a retrouvé en première ligne dans la baisse et des factos ensuite
09:36dans la hausse.
09:37Exactement.
09:38Donc en fait on n'a pas eu cette rotation sectorielle qu'on imaginait, en fait la hausse
09:44a été de nouveau tirée par l'intelligence artificielle, mais je trouve qu'il y a aujourd'hui
09:49une attention toute particulière au côté équilibre de business case entre les dépenses
09:55d'un côté et les investissements de l'autre.
09:56Ne pas recommencer l'erreur du métaverse, si je veux être un peu brutal, et donc tant
10:01qu'effectivement les revenus semblent s'équilibrer par rapport aux coûts, et c'est pour ça
10:05d'ailleurs que l'événement macro-économique de cette semaine ce sont les résultats d'Nvidia.
10:10Alors évidemment on va parler des chiffres d'inflation aux Etats-Unis, on va parler
10:13effectivement des chiffres du conférence board américain, mais tout le monde va regarder
10:16mercredi en disant où est-ce qu'on en est dans la construction des infrastructures
10:20d'intelligence artificielle ? Pour moi c'est effectivement la troisième leçon qu'il
10:23faut tirer de cette espèce d'épisode du 5 août pour lequel on se disait avant l'émission
10:27quelqu'un qui aurait effectivement déconnecté pendant quatre semaines arriverait aujourd'hui
10:31en disant finalement c'est la même chose que ce que j'ai vécu fin juillet.
10:34La correction de 10%, elle a été spectaculaire, disons qu'elle s'est faite avec de la vitesse
10:38donc elle a pris tout le monde un peu de cours, mais ce qui a été d'autant plus spectaculaire
10:41c'est la reprise en V qu'on a eue derrière le marché, l'indice mondial des actions
10:46mondiales est au plus haut historique à nouveau aujourd'hui.
10:49Et Nvidia n'est pas très loin de ces plus hauts historiques.
10:50Nvidia est un petit peu en dessous mais effectivement, là aussi rebond en V pour tous ces secteurs
10:55qui ont fortement baissé dans la correction de l'été.
10:58Si on en vient à la macro, justement dans cette séquence estivale de marché, Anthony,
11:03est-ce que vous avez décelé une perception des investisseurs sur la macro qui aurait
11:08changé à tort ou à raison et quel est l'état des lieux, si on parle de l'économie américaine
11:13bien sûr, que Jérôme Poel nous a proposé justement vendredi dernier, qui semble marquer
11:20un changement, en tout cas compléter un virage que la Fed a pris il y a déjà peut-être
11:25quelques mois.
11:26Je pense qu'on a joué à se faire peur, je commence par la croissance mondiale, on
11:29a grosso modo quand même une croissance mondiale très résiliente.
11:31On est, nous, on la calcule au T2 autour de 3,1% sur un an, ce qui est en ligne avec ce
11:36qu'on avait au T1 et grosso modo c'est des rythmes de croissance en ligne avec la décennie
11:41précédente.
11:42Donc de ce point de vue-là, on a vite cru qu'on allait avoir un ralentissement très
11:45fort de la croissance, que l'on n'a pas, ça résiste plutôt bien dans les émergents,
11:48notamment Amérique latine, Asie, un peu moins vrai dans les pays d'Europe de l'Est, mais
11:51dans les émergents dans l'ensemble, ça tient.
11:52On a une zone euro qui est quand même un petit peu repartie, T1, T2, alors on sort
11:55de, on avait cinq trimestres de croissance nulle, mais un petit peu de mieux.
11:58Et l'économie américaine, c'est un peu le gros sujet, ralentie mais quand même très
12:03modestement.
12:04Je pense que beaucoup se sont inquiétés quand on a vu que le taux de chômage remontait
12:06avec la fameuse activation de la règle de Sam, quand on a 0,5 points d'augmentation
12:10par rapport au plus bas de l'année.
12:11Ça nous montre une fois de plus qu'une statistique ne permet pas du tout de faire un diagnostic
12:15complet de l'économie.
12:16Je pense que ça c'est quand même le point important, c'est de dire qu'il faut à chaque
12:19fois un panachage d'indicateurs et quand on fait ce travail-là, on se rend compte
12:22que l'économie américaine, oui probablement ralentie, c'est un peu l'objectif que cherche
12:26à atteindre la Fed, mais on ne peut pas du tout dire qu'on est dans une forme de pré-récession,
12:30pas du tout, on reste en territoire positif de croissance.
12:33Même après révision des chiffres de l'emploi, comme le signait Wilfrid.
12:37Je trouve presque que c'est une bonne nouvelle en quelque sorte.
12:39Oui parce que longtemps les économistes ont peigné à expliquer pourquoi on avait quand
12:43même un reflux de la dynamique salariale alors que les créations d'emploi restaient
12:46très dynamiques.
12:47On avait des tensions qui se réduisaient progressivement et on n'avait pas d'apaisement
12:52sur les créations nettes d'emploi.
12:53Finalement, on se rend compte que ce n'est pas le diagnostic qui était mauvais, c'était
12:55la mesure.
12:56En un sens, ça rassure un petit peu puisqu'on se dit qu'on avait la bonne histoire, c'est
13:00simplement que la mesure a été corrigée.
13:01Et puis l'autre point, c'est qu'on passe de 2,9 millions de créations nettes sur un
13:05an à 2 millions, ça veut dire que ça reste 2 millions, c'est des gains de productivité,
13:10ça augmente d'un tiers les gains de productivité.
13:11C'est-à-dire que quand on va corriger, on va être en croissance des gains horaires
13:16autour de plus 3% voire un peu plus au T2, c'est juste monumental.
13:20On est sur des rythmes qui sont même presque supérieurs à ce qu'on a connu entre 2010
13:23et 2019.
13:24Et ça, ces gains de productivité revus à la hausse, des factaux, c'est même hors
13:30effet.
13:31Il y a aujourd'hui...
13:32Oui, je pense que l'IA, c'est trop tôt pour que ça affecte l'ensemble de l'économie.
13:34Là, c'est plus la vague de digitalisation, parce qu'il y a quand même beaucoup d'investissements
13:38qui ont été opérés.
13:39On passait notre temps à dire qu'Internet, on le voit partout, sauf dans les chiffres
13:41de la productivité.
13:42Peut-être quand même que là, on voit des signaux que oui, quand on digitalise quand
13:46même un grand nombre de secteurs, à la fin, on fait des gains d'efficacité.
13:49Ça pose, à mon avis, un problème, c'est que c'est certains secteurs seulement qui
13:53tirent la productivité, alors que d'autres, pas du tout.
13:55Et donc, on a vraiment quand même une hétérogénéité qui est en train de se créer au sein de la
13:59société américaine, et ça renvoie à des problèmes politiques très forts.
14:01Il y a quelques secteurs, quelques entreprises qui tirent précisément...
14:05Les entreprises du numérique, les secteurs du numérique ?
14:06La tech, évidemment.
14:07Les secteurs plus traditionnels ne connaissent pas, et même dans les services traditionnels
14:12ne connaissent pas ce boom de productivité.
14:14Quand on regarde l'industrie manufacturière aux Etats-Unis, les gains de productivité,
14:17c'est zéro depuis 2008.
14:18Donc, on voit bien...
14:19Alors, là aussi, dans l'industrie manufacturière, certains secteurs s'en sortent mieux que
14:21d'autres.
14:22Donc, dans la globalité, on voit bien que c'est certains secteurs, dont la tech, les
14:25services aux entreprises, etc., qui tirent les gains de productivité.
14:28Mais là, il y avait un fameux papier de Nick Bloom qui expliquait très bien ça, qui montrait
14:31que les inégalités aux Etats-Unis, leur accroissement est dû à l'écart inter-entreprise
14:36et pas intra-entreprise.
14:37Ce n'est pas le patron qui gagne de plus en plus par rapport à ses employés.
14:40Ce sont des entreprises bien plus performantes, parce que je m'appelle Google, forcément
14:43tous mes salariés, je suis capable de les embarquer dans une dynamique salariale, alors
14:46que d'autres ne sont pas du tout à la frontière technologique et bâtissent d'un retard.
14:49Selon que vous appartenez à telle ou telle entreprise...
14:51Exactement, c'est un sujet...
14:52Vous n'aurez pas le même sort...
14:53Mais sauf que ces inégalités, elles sont légitimes, c'est les gains de productivité
14:56qui les expliquent.
14:57Mais sauf que ça cristallise quand même beaucoup de tensions au sein de la société américaine.
15:00Bon, une fois qu'on a dit ça, donc, Jérôme Poel fait le bon constat vendredi à Jackson
15:05Hall.
15:06Et est-ce que la Fed est encore dans le bon rythme, au bon endroit, au bon moment, en
15:10signalant de prochaines baisses de taux pour garantir cet atterrissage en douceur de l'économie
15:16américaine ?
15:17Qui, alors, peut-être a baissé en probabilité, j'en sais rien, mais qui reste quand même
15:20l'objectif explicite de Jérôme Poel ?
15:22Je pense qu'il est dans le bon timing.
15:2425 BP, ça paraît pas...
15:25Voilà, ça paraît assez normal à ce stade.
15:2750 peut-être un peu trop, puisque ça mentionnerait quand même que, finalement, le diagnostic
15:31est bien plus périlleux qu'on pouvait le faire il y a encore quelques mois, donc mes
15:3425 points de base de baisse de taux pour entamer ce cycle, à mon humble avis, puis oui, il
15:38est dans le bon timing à ce stade.
15:39Bon, le timing de la Fed, qu'est-ce que...
15:42L'expérience nous montre quand même, ma petite expérience nous montre qu'ils sont
15:45quand même toujours en retard.
15:47Encore plus en temps d'euro, quand même.
15:49Quel que soit le sens des mouvements, mais il y a toujours une réticence à y aller
15:52au moment où il faudrait y aller, parce que oui, on n'a pas forcément tous les éléments
15:56pour prendre une décision solide, confortable, quand on est banquier central, et que, de
16:01facto, ils sont toujours importants.
16:03Exactement.
16:04En fait, moi, ce qui m'a beaucoup marqué aussi dans le discours de Jérôme Poel, c'est
16:08la présence de deux termes et l'absence de deux autres.
16:11La présence de deux termes, c'était flexibilité et humilité.
16:14Ce sont les deux éléments avec lesquels nous devons travailler désormais.
16:18Il y a deux éléments qui ont été totalement absents et qui étaient extrêmement présents
16:20dans ces différents discours.
16:22C'était la prudence d'une part, et le côté graduel d'autre part.
16:25Prudence et graduel, on ne l'a pas du tout eu.
16:27Et en fait, j'ai l'impression qu'il y a de la part des banquiers centraux, en tout cas
16:30de la part de Jérôme Poel, j'espère que nous allons avoir effectivement une contamination
16:33transatlantique qui va arriver, tel l'esprit de Pentecôte, avec un peu de retard, sur
16:40Francfort, qui se rend compte que désormais, il faut passer à l'esprit de décision.
16:44C'est-à-dire qu'en fait, on n'a pas besoin de...
16:47C'est la BSE qui est allée en juin avant la Fed.
16:51Mais là aussi avec retard.
16:53Aujourd'hui, on n'a pas besoin de saint Thomas, on a besoin de saint Paul.
16:58On a besoin de celui qui tombe sur le chemin de Damas et d'un seul coup illuminer en disant
17:01« je fais un acte de foi ». On n'a pas besoin de celui qui nous dit « j'ai besoin
17:04de voir, de toucher, parce que sinon je ne vais pas croire ».
17:06En fait, aujourd'hui, la conjoncture américaine et la conjoncture européenne telle qu'elle
17:11est, on voit des signaux de fragilité qui nécessitent de la part des banquiers centraux
17:15d'avoir des convictions et de ne pas regarder uniquement dans le rétroviseur pour prendre
17:20un certain nombre de décisions.
17:22J'espère qu'on va sortir du fameux mantra qu'on a régulièrement dans les conférences
17:27des banques centrales, en disant « meeting by meeting, data dependent ».
17:30Ça suffit !
17:31Ça bouge ou pas ?
17:32J'ai l'impression qu'on pressent...
17:34Exactement, c'est pour ça que je soulignais l'absence d'ETH.
17:36Je pense qu'il y a effectivement une espèce de bascule aujourd'hui où les banques centrales
17:40se rendent compte qu'effectivement, ils vont devoir également rendre compte d'un
17:46manque peut-être de projections dans l'avenir par rapport à des choses qui, effectivement,
17:52étaient sous-jacentes mais déjà perceptibles.
17:55Il faut accepter ce saut dans le vide.
17:57Enfin, ce n'est pas un saut dans le vide, mais il faut accepter de ne pas avoir forcément
18:00tous les éléments devant les yeux pour quand même prendre des décisions et quand même
18:05signaler un trajectoire, un atterrissage...
18:08Exactement, l'exemple type pour les banquiers centraux, c'est Mario Draghi qui préfère
18:14l'esprit à la lettre des traités, qui a toujours préféré l'euro aux différents
18:18critères qui lui étaient imposés.
18:19Donc c'est ça qu'on doit retrouver.
18:21J'ai l'impression, il va falloir que ça se confirme, mais j'ai l'impression que dans
18:24les séminaires des banquiers centraux et dans les différentes communications, on sent
18:28un changement d'époque.
18:29Ça, j'aimerais bien qu'on le concrétise.
18:31Kevin, maintenant ils nous disent que la dépendance aux données ne veut pas dire
18:35qu'on est dépendant d'un point de données.
18:37C'est déjà presque une étape de dire qu'on regarde plusieurs choses.
18:41Est-ce qu'il y a cette volonté, selon vous, d'être moins dépendant aux données, d'être
18:45plus forward-looking, comme disent les anglo-saxons ?
18:47Il y avait trois questions.
18:49La première, on peut quand même saluer le travail qui a été fait par Monsieur Powell
18:53en réponse à cette vague inflationniste sans précédent.
18:57C'est-à-dire qu'à jouer les cassandres, on est nombreux à l'avoir fait, pas forcément
19:01ici dans cette pièce, mais on va dire collectivement.
19:05C'est le cri de la victoire ?
19:07Jusque-là, tout va bien.
19:09Mais quand même, je crois qu'il faut quand même le dire.
19:13On partait de notre temps d'un contexte exceptionnel.
19:15Les taux d'intérêt sont restés sur les plus hauts de 20 ans pendant plus de 12 mois.
19:18Il y a eu pour l'instant, on va dire, assez peu d'accidents.
19:21Ça fait peur quelques fois.
19:22Fayons d'être l'organisateur des choses qu'on ne sait pas dire.
19:24Mais quand même, il faut quand même, je crois, on peut quand même en parler.
19:28Deuxième point, on n'a pas parlé, en tout cas, Monsieur Powell n'a pas signalé le mot graduel.
19:34Graduel, ça voudrait dire ?
19:36Ça voudrait dire 25 centimes.
19:38D'accord.
19:39Il n'a pas dit s'il allait faire ce que certains participants de marché, opérateurs de marché,
19:45lui pressent, c'est-à-dire une baisse de 0,5% ou une baisse de 0,25%.
19:49S'il avait dit graduel, je crois que la réponse était extrêmement claire.
19:52Il n'y avait pas de symétrie par rapport à ce qu'on a connu dans la hausse
19:54quand on a été capable de passer de 25 à 50 puis de 50 à 75
19:57quand bien même, la semaine d'avant, on disait qu'on continuait en même temps.
20:00Mais comme il était souligné, l'économie américaine, elle ralentit mais elle ne le rompt pas.
20:04Donc voilà, pour l'instant, est-ce qu'il a besoin de se mouiller là-dessus ?
20:09Et sur la suite, là aussi, sur l'incertitude politique, l'incertitude budgétaire qui a sorti,
20:16induit qu'il ne pourra vraisemblablement pas se prononcer sur 0,25% ou 0,5%.
20:21Et ensuite, sur ce qui se passe au sein de l'ABC et au sein de la FED, c'est quand même très différent.
20:26C'est-à-dire que quand je regarde la réaction de marché de la dernière semaine,
20:29on a des marchés tôt américains, alors je vais utiliser du jargon,
20:32qui payent beaucoup plus que les marchés tôt européens.
20:34Et ça, je crois que c'est quand même que la fonction de réaction de M. Polley et de M. Malengarde,
20:39ce n'est pas tout à fait la même.
20:40C'est-à-dire qu'on dirait qu'il y a un miroir et c'est plutôt une image renversée.
20:43C'est-à-dire que d'un côté, outre-Atlantique, on a bien compris que la fonction de réaction,
20:47elle se déportait vers, on va dire, le chômage et donc la croissance.
20:51C'est donc une capacité à être, on va dire, plus proactif.
20:54Alors qu'en zone euro, on reste, j'espère me tromper...
20:59Même Philippe Perre, il nous dit que le travail n'est pas fini.
21:02Alors que Jérôme Poel, effectivement, c'est maintenant le marché du travail qui compte.
21:06Et nous n'accepterons pas de détérioration supplémentaire du marché du travail.
21:10Et ce qui est quand même, il me semble, assez antinomique, c'est que le point de départ,
21:14on va dire la croissance américaine et la croissance européenne,
21:16ce n'est pas tout à fait la même.
21:18Et donc, on se retrouve un peu dans ce cadre-là.
21:22Concrètement, là, quand vous réfléchissez, Jermignac en l'occurrence,
21:26qu'est-ce que ça donne au regard notamment du discours de Jérôme Poel vendredi ?
21:31Qu'est-ce qui paraît assez certain en matière de baisse de taux ?
21:34Qu'est-ce qu'il est moins à partir d'un certain stade ?
21:37Il peut se passer beaucoup de choses entre maintenant et la fin de l'année,
21:39mais on va dire dans le contexte actuel, une baisse de 0,25% par Réunion-Banque Centrale,
21:46donc septembre, novembre et décembre.
21:49Et la suite, je crois, sera très dépendante à ce que pourra faire,
21:53ce qu'a en mesure de faire le futur gouvernement américain.
21:55C'est-à-dire que si on a une forme de contraction budgétaire,
21:58moins de relance budgétaire que ce qu'on a eu par le passé,
22:00ça voudra dire que le gros du travail pour venir soutenir l'économie américaine,
22:03il devra venir de la politique monétaire,
22:05donc on aura peut-être des baisses de taux plus importantes.
22:07A l'inverse, si on a un déficit américain qui passe de 6, 7 à 8, 9%,
22:11alors on aura peut-être une politique monétaire qui sera même moins accommodante
22:15que ce que peut y penser M. Poel ou ce que pensent les marchés.
22:18Comment vous réfléchissez effectivement désormais à la stratégie des banques centrales,
22:21et en l'occurrence de la FED, sur le rythme, la vitesse de baisse de taux,
22:26l'objectif à atteindre en termes de taux terminal également ?
22:30Tout ça, ce sont des questions qu'on se pose quand on démarre un cycle,
22:33en l'occurrence de baisse de taux.
22:34C'est sûr, et puis je pense que la FED regarde le policy mix,
22:36et on parlait de politique budgétaire, je pense que la FED a clairement en tête
22:39que le déficit ne va pas se réduire.
22:41Que ce soit Donald Trump, ça sera par une réduction de la taille du secteur public,
22:45c'est qu'à Malahari, ça sera par une expansion de ce secteur,
22:47mais dans les deux cas, c'est plus de dépenses, plus ou moins de recettes,
22:50mais c'est 7 points de PIB de déficit public en 2024, et ça ne va pas s'améliorer.
22:54Le CBO en 2034 projette même toujours le même déficit,
22:57donc on est sur une trajectoire explosive de la dette publique.
23:00Donc ça forcément, c'est quand même très contraignant,
23:02d'une part, ça donne de l'impulsion à l'économie,
23:05mais avoir une politique monétaire restrictive amplifie le problème de la dette,
23:08parce que ça accroît les charges d'intérêt.
23:10Donc on a un vrai sujet, quand même, il me semble-t-il,
23:13sur la dette publique américaine, c'est que peu importe le candidat qui va l'emporter,
23:16pour l'instant, la contrainte budgétaire, elle va arriver.
23:19Il y a un travail très intéressant de Richard Baldwin, qui a été publié il y a deux jours,
23:22qui montrait que le privilège exorbitant du dollar, grosso modo,
23:25ça permettait d'avoir un endettement pour les Etats-Unis
23:27de 22 points de PIB supérieur à ce qu'on peut avoir dans un autre pays, sans discrimination.
23:31Mais c'est que 22 points de PIB, c'est à la fois beaucoup,
23:34mais il y a un moment où ce n'est pas non plus illimité.
23:37Donc en France, on voit bien qu'on a une équation budgétaire compliquée,
23:40mais les Américains, il y a quand même un sujet qui va se poser,
23:43et on ne voit pas bien comment ça se déboucle à ce stade.
23:45Donc ça, c'est quand même un gros sujet, me semble-t-il,
23:47et la Fed va y être vigilante, ça c'est à peu près certain,
23:50même dans son comportement de rachat d'actifs,
23:52il va falloir voir comment elle manage un petit peu son bilan.
23:54Mais est-ce que, jusqu'où ça met en danger une poursuite des baisses de taux de la Fed,
23:58au-delà des deux, trois premières,
24:00qui seraient loin de nous ramener à quelque chose de neutre,
24:03en termes de politique monétaire ?
24:04Bien sûr, c'est ce qu'il y a de risque inflationniste,
24:05mais honnêtement, pour l'instant, il paraît grosso modo écarté.
24:07Ce qu'il y a d'assez fabuleux, quand même, au niveau de l'économie mondiale aujourd'hui,
24:10c'est qu'on est à peu près certain de la tendance des inflationnistes.
24:12Il y a quand même peu de...
24:13Même les petits aléas qu'on peut avoir ici et là,
24:15on avait vu les indices de frais être remontés un petit peu,
24:18mais ça mord pour l'instant très peu.
24:20Donc c'est plutôt une bonne nouvelle,
24:22c'est que partout, on est sur une tendance des inflationnistes très marquée.
24:25On a la Chine qui aide beaucoup, parce qu'elle exporte la déflation.
24:27Donc quand on regarde un petit peu ce monde-là,
24:29on se dit qu'il y a quand même de la place pour des baisses de taux significatives aux Etats-Unis,
24:33mais surtout en zone euro.
24:34La zone euro, c'est anormal pour une politique monétaire qui reste restrective à ce stade.
24:37Sur ce point-là, c'est-à-dire que, là aussi, on parle de ce qui peut se passer,
24:41alors je dis trois mois, parce que...
24:43Oui, c'est un horizon de marche.
24:45C'est généreux, mais c'est important.
24:46C'est un horizon de marche.
24:47Ce que nous disent les marchés obligataires aujourd'hui,
24:49c'est que les taux de politique monétaire américains reviennent au taux neutre,
24:53on va dire autour de 3% à horizon 18 mois.
24:57Oui, d'accord.
24:58Ça semble, dans un contexte où on aurait soit une vague rouge, soit une vague bleue,
25:04voire même un gouvernement plus divisé,
25:07avec, eh bien, on fait bien de la recense, en tout cas, de l'Etat-providence d'un côté,
25:14et on échange ça avec quelques tarifs douaniers,
25:16vous voyez bien l'impact que ça peut avoir, et sur la croissance, et sur les prix.
25:19Et donc, dans ce contexte-là,
25:20eh bien, cette enveloppe de baisse d'autos à horizon 18 mois, elle est peut-être un petit peu optimiste.
25:24Oui, oui.
25:26Oui, ben, ça nous amène parmi les événements de l'été,
25:30parce que c'est quand même Kamala Harris...
25:32Oui, quand même, oui.
25:33Ben non, mais oui, il faut qu'on en parle.
25:34C'est quand même pas censuré.
25:35Non, mais ça y est, c'est le new normal.
25:36Maintenant, on s'est tous habitués à voir Kamala Harris sur une estrade,
25:39mais, enfin, voilà, ça va être jusqu'au 6 novembre prochain, comme ça, maintenant.
25:44Alors, nouveau souffle pour les démocrates ?
25:46Est-ce que ça change un peu la donne, des équilibres, d'opinions qu'on pouvait lire auparavant ?
25:52Enfin, Wilfried, et puis en termes de programme, donc, Kamala Harris, comme on dit.
25:56En fait, ce qui s'est passé, sur le plan de la campagne,
25:59c'est qu'on a un changement de narratif complet.
26:01C'est-à-dire que le précédent changement de narratif, c'était Donald Trump qui l'avait imposé.
26:05Je suis l'homme fort, face dans un monde incertain et dangereux,
26:09qui peut vous protéger, alors que vous avez, de l'autre côté,
26:11un homme faible qui sera incapable de vous protéger.
26:13Ça, c'était le narratif de la campagne, imposé par Trump, ça marchait très bien.
26:16Là, le changement de candidat fait qu'on a un changement total.
26:21Le narratif, c'est, est-ce que vous voulez quelqu'un qui vous emmène de l'avant
26:24dans quelque chose de totalement nouveau, avec l'anxiété que peut générer la nouveauté,
26:29ou est-ce que vous voulez, d'une certaine façon, revenir à une politique que vous connaissez déjà,
26:34avec des murs partout, qui vous protège ?
26:36Donc, en fait, ce narratif-là, d'une certaine manière, nous donne un nouvel équilibre politique américain,
26:43qui rebat totalement l'écarte, y compris dans les Etats-clés.
26:46Moi, là où je suis extrêmement méfiant, c'est quand même, quand on regarde les sondages,
26:51on voit, quand vous regardez tout en bas, le nombre d'électeurs interrogés par Etats-clés,
26:57on est de l'ordre de quelques centaines.
26:59On est sur des, parfois, 300, 400, 500 électeurs.
27:02Bon, c'est quand même très, très limite.
27:04Et là, ce qu'on voit, c'est qu'on a de nouveaux équilibres qui se sont mis en place,
27:09et une nouvelle incertitude.
27:11Et donc, aujourd'hui, on n'est plus du tout dans les Trumponomics,
27:14en disant, par exemple, effectivement, qu'il y avait un certain élan dans un certain nombre de secteurs,
27:19sur les énergies fossiles, sur les cryptos...
27:22Les Trump Trade ont été passablement abattus tout au long de l'été.
27:26Et donc, là, on s'intéresse, effectivement, à ce que pourrait donner un autre type de programme.
27:32On sera, bien sûr, avec ce que vient de dire Tony.
27:34C'est-à-dire que, de toute manière, on aura un creusement du déficit,
27:36soit par la réduction des recettes, soit par l'augmentation des dépenses.
27:40Ce qui se passe, néanmoins, c'est qu'on a quand même des approches qui sont,
27:45à la fois, relativement similaires, en termes de volonté de mettre en avant l'emploi américain
27:53et tout ce qui est American National, des deux côtés.
27:58Mais on a, du point de vue de Kamala Harris, par exemple,
28:01beaucoup plus de soutien direct à la consommation sur la classe moyenne inférieure
28:07que ce que pouvait avoir Donald Trump.
28:09Et donc, certains disaient que, par exemple, les entreprises de consommation
28:13qui étaient dédiées à cette classe moyenne inférieure
28:16auraient pu rebondir, et ont rebondi, parfois.
28:19Je pense à des actions comme McDonald's ou d'autres chaînes...
28:22Les Staples, comme on dit.
28:25Parce que, justement, le Kamala Trade a équilibré le Trump Trade.
28:29Et ça, effectivement, il faut savoir après, d'ailleurs,
28:32est-ce qu'on va avoir des débats ?
28:35Il y a encore un doute là-dessus.
28:37Je pense qu'on peut difficilement imaginer ne pas en avoir.
28:41Et, effectivement, avoir cette confrontation au moment des débats
28:45sur les véritables programmes économiques.
28:47Ce qui est certain, c'est qu'on a quand même deux visions qui sont très différentes.
28:51Une vision très protectrice de la part de Trump,
28:54toujours très protectrice, toujours très transactionnelle.
28:57Et une vision beaucoup plus classique, d'une certaine manière,
29:00qui se rattache à la tradition d'Obama.
29:02Je rappelle qu'il était également protectionniste, Obama.
29:05Et même, éventuellement, sur la partie sociale, plus d'Anda Clinton.
29:09Donc, quelque chose de plus rassurant, peut-être, pour les marchés,
29:12parce que très connu de la part de Kamala Harris.
29:15Mais quelque chose qui, finalement, ne sera pas très éloigné
29:18en termes d'impact macro-économique de ce qu'on peut avoir sur Trump.
29:21Comment on gère une situation politique telle que celle qu'on décrit ?
29:24Dans un portefeuille, dans un portefeuille équilibré, dans une stratégie...
29:28Enfin, je veux dire, on essaye de désensibiliser au maximum
29:31de ces histoires de Trump Trade, de Kamala Trade.
29:34C'est difficile, en même temps, de passer complètement à côté, j'imagine.
29:37Kevin, c'est quoi la politique que vous appliquez sur cette question ?
29:41Alors, si on essaie de trouver le secteur ou la valeur qui va bien...
29:45Impossible.
29:46En tout cas, ce ne sera pas assez pour construire un portefeuille.
29:49Oui, c'est ça.
29:50C'est-à-dire que si j'arrive à en penser à un secteur,
29:52peut-être le secteur immobilier,
29:54c'est-à-dire que 25 000 dollars pour aider les primos occédants,
29:57côté démocrate, des Républicains qui aiment bien l'idée,
30:02et donc qui l'intègrent au programme.
30:04On ne va pas acheter que des foncières américaines.
30:08Et des promoteurs.
30:09Et des promoteurs américains.
30:11Ce n'est pas possible, je crois que ça ne serait pas raisonnable.
30:13Mais c'est sans doute peut-être le seul secteur qui...
30:16Qui peut sortir du monde.
30:17Et quand je rajoute à ça les baisses de taux à venir,
30:19il faut garder cette lecture-là.
30:22Donc, une fois qu'on a dit ça,
30:24je crois qu'il y a quand même,
30:25ça fait lien avec ce qu'on disait en début d'émission sur le choc du mois d'août,
30:28c'est qu'on retrouve quand même des fonctionnements,
30:31des dynamiques de marché,
30:32des fonctionnements de portefeuilles,
30:33notamment de portefeuilles diversifiés qui fonctionnent.
30:35C'est-à-dire que le poudre des banques centrales, on a vu...
30:38Ce qui change beaucoup par rapport à 2022.
30:39Exactement.
30:40Dans le choc de l'été, on a vu des taux baisser.
30:42On a vu des obligations qui, on va dire, évoluaient...
30:46C'était bien d'avoir un 60-40...
30:48Exactement.
30:49Et donc, dans le contexte, là, sur les semaines, mois à venir,
30:53ce à quoi on peut se raccrocher,
30:55c'est cette baisse des taux de politique monétaire.
30:57D'accord ?
30:58Et donc, ça, ça veut dire quoi ?
31:00Et une économie qui ralentit.
31:02Alors, le point de départ n'est pas le même,
31:03mais en tout cas, somme toute, qui ralentit.
31:04Ça, ça veut dire quoi ?
31:05Qu'on a envie d'avoir ce qu'on appelle des bonnes proxys.
31:07Alors, désolé pour l'anglicisme,
31:08des secteurs un peu défensifs, un peu plus sensibles aux taux.
31:11Voilà.
31:12Santé, technologie, ça dépend laquelle.
31:14Voilà.
31:15Consommation plutôt de base que discrétionnaire.
31:18C'est peut-être ça qui fera qu'on arrivera à passer cette période-là
31:23sans se faire trop promener au gré des sondages.
31:27Ouais.
31:28Mais c'est le côté défensif, quand même, là, que vous...
31:30Ouais, pour nous, plutôt des valeurs un peu plus...
31:32Un peu plus sensibles aux taux d'intérêt.
31:35Et si on veut diversifier,
31:36on va peut-être aller chercher un peu d'immobilier, en plus, là-dedans.
31:40Après, voilà, en termes d'allocations pays géographiques,
31:43là aussi, cet été, on a eu un avant-goût de ce que c'est que du débouclement de Caritrade.
31:50Voilà.
31:51On n'a pas eu le grand débouclement.
31:52Alors, voilà, c'était ma question.
31:54Avant-goût, ça veut dire que c'est juste l'entrée, quoi.
31:57Voilà, encore une fois, je vais me redire...
31:59Il a mises boules.
32:00Exactement.
32:01Tout n'a pas été nettoyé.
32:03On peut théoriser sur quel est le jeu final.
32:07Je ne sais pas comment on dit ça en français.
32:09Oui, enfin, s'il y a un actif dont beaucoup de monde est long,
32:14c'est bien le secteur technologique américain,
32:17c'est bien le dollar,
32:19c'est bien...
32:20Alors, les taux américains, un petit peu moins, mais bon...
32:22Et même si les positions sont un peu effacées,
32:24ça reste quand même les trades qui sont les plus à la mode du moment.
32:27Heureusement qu'on n'a pas encore eu le grand rapatriement des investisseurs
32:30et des épargnants japonais,
32:32parce que là, ça durera plus qu'une journée.
32:35Là, pour le coup, ce serait bien que ce soit graduel, en l'occurrence.
32:38Exactement.
32:39Le terme graduel, on va voir son importance.
32:42Un mot quand même aussi de la conjoncture en zone euro.
32:45On faisait un peu le match Fed-BCE, mais...
32:48Sur l'Europe, il y a peut-être deux points sur lesquels on peut vous entendre, Anthony.
32:52Il y a, sur le plan commercial,
32:54l'idée qu'il y a quand même un début de quelque chose
32:56qui pourrait ressembler à une escalade entre l'Union européenne et la Chine, peut-être.
33:00Et puis, bien sûr, la situation franco-française spécifique,
33:04avec, bon, situation de blocage politique,
33:06on n'est pas forcément obligé de s'étendre là-dessus,
33:08mais en tout cas, une situation de blocage qui perdure,
33:10et une conjoncture qui a été plutôt supportée par l'EFGIO, en tout cas jusqu'à présent.
33:17Complètement. Alors, peut-être pour commencer sur les relations commerciales,
33:20le phénomène effectivement marquant, c'est que l'Europe cherche à se protéger de plus en plus.
33:24En tout cas, on voit monter ces mesures protectionnistes aujourd'hui sur l'automobile,
33:28parce que c'est un secteur dont on sait que le dumping est clair et on arrive à le quantifier.
33:31Donc là, il n'y a pas trop de sujets.
33:33Les autres secteurs, on peut aussi en débattre,
33:35mais il y a un grand nombre de secteurs qui devraient avoir les mêmes droits de douane,
33:38en tout cas si on appliquait les mêmes méthodes de quantification du dumping.
33:41C'est aussi parce que la zone euro exporte de moins en moins à destination de la Chine.
33:44Ça devient de moins en moins une terre de débouchés.
33:46Quand on regarde l'Allemagne, c'est quand même très frappant.
33:48C'est-à-dire que, grosso modo, l'entièreté de ce qu'elle n'exporte plus en Chine
33:53a été réexpédiée aux États-Unis.
33:55Enfin, il y a vraiment ce mouvement de ciseaux qui s'est opéré.
33:58Il ne faut pas oublier que la Chine, c'était le premier débouché
34:00en termes de rythme de croissance de l'Allemagne depuis 2010.
34:03C'était quand même le marché sur lequel elle pensait le plus s'implanter.
34:06– Vous nous redonnez l'ordre de grandeur des parts de marché perdues
34:08par les constructeurs automobiles européens sur le marché chinois
34:11par rapport à ce qu'elles étaient il y a encore 10 mois ?
34:14– Juste avant Covid, c'était grosso modo deux tiers des ventes de voitures en Chine
34:18qui étaient réalisées par des constructeurs de marques non chinoises,
34:22donc étrangères, essentiellement allemandes.
34:24Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un tiers.
34:26Le mouvement, l'espace quand même de 3-4 ans…
34:28– 4-5 ans, c'est spectaculaire.
34:29– Mais c'est vrai aussi dans d'autres secteurs.
34:31Si vous regardez assez récemment dans le secteur de la restauration par exemple,
34:33on a Starbucks qui déclare effectivement un recul de chiffre d'affaires de 15% en Chine,
34:37mais il y a son concurrent chinois, Lekin, qui fait plus 87% sur ses revenus
34:41et qui désormais a plus de magasins que Starbucks.
34:44– Une entreprise occidentale perd des parts de marché en Chine,
34:46oui, il y a une entreprise chinoise qui…
34:48– Exactement, mais il y a le America First, mais il y a aussi le China First.
34:50On voit que la Chine cherche à devenir indépendante sur un grand nombre de secteurs
34:54et donc par définition elle cherche à développer ses grands leaders.
34:57Et pour revenir rapidement sur la France,
34:59on a ponctuellement quand même plutôt des bonnes nouvelles conjoncturelles.
35:02On va avoir un T3 qui devrait, avec une croissance autour de 0,3%,
35:05donc aller autour de 1% de croissance sur l'année, voire un petit peu plus.
35:09– On y est ! La qui est de 1.
35:11– Clairement. Alors il faut faire attention un peu au contre-coût du T4,
35:14mais grosso modo on y est.
35:16Il ne faut pas quand même oublier après les défis structurels
35:19que rencontre l'économie française.
35:21On a parlé de la soutenabilité de la dette,
35:23on a quand même une équation budgétaire dont on ne voit pas bien comment on peut la déboucler.
35:27– Très difficile.
35:29– Voilà, exactement.
35:30Et puis on a des sujets de compétitivité à long terme qu'il va falloir aussi résoudre.
35:33Et ça c'est quand même un sujet sur lequel, pour l'instant, on n'avance pas beaucoup,
35:38en tout cas on prend du retard.
35:40Et donc voilà, à suivre de très près.
35:42– Le grand message que vous portez chez Rex & Co,
35:44que soit vous Anthony ou Denis Ferrand qu'on salue,
35:46c'est 5% de déficit en France, arrêtez d'imaginer que c'est conjoncturel.
35:50Ça n'est plus conjoncturel.
35:52– C'est structurel.
35:53Et puis là on ne parle plus de petits ajustements de Quanta
35:55pour arriver à retrouver un niveau de déficit primaire qui soit acceptable.
35:59Il faut des gros ajustements, notamment des baisses de dépenses.
36:02– Ce n'est pas bloquer les dépenses en volume, etc.
36:04– Ou alors il faut le faire vraiment de manière très sérieuse et sur la durée.
36:08Ce qu'on n'a jamais réussi à faire ou alors que très ponctuellement.
36:10Donc c'est compliqué.
36:11On a pour l'instant un taux d'endettement qui n'est pas stabilisé,
36:14qui va continuer de croître.
36:15Et puis les bonnes nouvelles…
36:16– Espérer de la croissance, ça ne suffit pas.
36:18– Ce n'est pas suffisant.
36:19Il ne faut pas 1%, il faudrait avoir 2-3%.
36:21Et là pour aller chercher c'est très compliqué.
36:23Je trouve que l'investissement des entreprises tend lui à stagner,
36:25voire même avec l'incertitude pourrait reculer un petit peu.
36:28Et ça, ça n'empiète pas que la croissance d'aujourd'hui,
36:30c'est aussi la croissance de demain.
36:31Donc il faut faire très attention.
36:32Vraiment l'investissement productif,
36:34on est sur un plateau là depuis plusieurs trimestres,
36:36attention à ce que ça ne décroche pas.
36:37Parce qu'en tout cas on voit qu'il n'y a plus de croissance
36:39du côté de la dépense des entreprises.
36:40C'est vrai aussi du côté des ménages,
36:42alors là ça devrait repartir un petit peu.
36:43Mais côté dépenses entreprises, prudence.
36:45– C'est la question que je posais sur Twitter l'autre jour,
36:48enfin il y a quelques jours.
36:51Sans gouvernement ou avec un gouvernement démissionnaire,
36:54le spread est à 70.
36:57Avec un gouvernement demain ?
36:59– C'est à peu près à 130.
37:00– Non mais c'est ma question.
37:01Est-ce que le spread risque d'être plus élevé ou moins élevé ?
37:05– Aujourd'hui, ce qui est totalement paradoxal,
37:08c'est que si jamais on disait aux entreprises,
37:10en fait on va avoir un gouvernement démissionnaire
37:12qui va juste prolonger les choses pendant un an,
37:14les entreprises ça leur va bien, je pense.
37:16En tout cas, à part peut-être quelques secteurs
37:18qu'on va véritablement demander comme l'immobilier ou d'autres.
37:20Mais en général, si on prend l'intégralité des entreprises,
37:24on leur a dit on ne touche plus rien, ça leur va très bien.
37:27Notre constitution n'est pas totalement faite pour ça.
37:30Toute la question effectivement désormais,
37:32c'est comment est-ce qu'on ne revient pas en arrière ?
37:34Je pense que la grande crainte des chefs d'entreprise,
37:36on parlait de nos dépenses structurelles,
37:39les deux grandes craintes, le premier c'est d'une part
37:42que la réforme de l'assurance chômage a été repoussée,
37:46alors qu'ils disaient on va effectivement aller de nouveau vers,
37:49on va continuer le processus qu'on avait depuis François Hollande,
37:52d'assouplissement d'un certain nombre de choses,
37:55et puis surtout de revenir en arrière potentiellement
37:57sur la réforme des retraites,
37:58ce qui pourrait avoir des dépenses supplémentaires de 30 milliards par an.
38:01Donc là en fait ce serait...
38:03C'est un point de constitutionnalité d'ailleurs à évoquer.
38:06Non mais bien sûr, mais néant.
38:09Et donc on a effectivement des questions de structure de l'économie,
38:15comme le disait si justement Tony,
38:17et des questions également,
38:19et là il va falloir aborder le sujet de façon très frontale,
38:22de volume de travail de l'économie française.
38:25Non pas de travail individuel,
38:27mais globalement de volume de travail de l'économie française.
38:30On a aujourd'hui des dépenses publiques,
38:32un type de modèle de service public,
38:34je n'ose même pas dire modèle social,
38:36qui effectivement craque de partout,
38:37parce qu'on l'a longtemps financé par l'endettement,
38:40alors qu'on travaillait moins,
38:41là on voit que ce n'est plus possible.
38:43Donc il va falloir effectivement ajuster l'un ou l'autre.
38:45Et on sait qu'ajuster à la baisse le modèle social,
38:47c'est extraordinairement douloureux,
38:48mais ajuster à la hausse le volume de travail,
38:51on sent que ça coince aussi.
38:53Mais à un moment donné,
38:54comme le disait ce bon vieux Vladimir Ilich,
38:56un des aspirateurs d'une des forces majeures dans ce pays,
39:01les faits sont têtus.
39:02Donc les faits sont têtus,
39:03ça veut dire qu'à un moment donné,
39:04on se tape la tête contre le mur des réalités.
39:06Le mur des réalités, il est là.
39:08Et le marché reste patient là ?
39:09Pour l'instant le marché en fait,
39:11par rapport à la France,
39:13globalement à partir du moment où on ne remet pas en cause
39:15les structures européennes et l'euro,
39:17il est prêt à attendre très très longtemps.
39:19En revanche, il ne faut pas non plus qu'on aille...
39:22Il y a un capital patience qui est quand même...
39:24Il ne faut pas le sous-estimer non plus.
39:26En fait, tant qu'on reste dans les règles européennes,
39:28ce qui veut dire qu'on va essayer de rentrer dans des règles budgétaires,
39:31le marché sera extrêmement patient.
39:32Si jamais, et certaines forces politiques l'ont clairement dit,
39:35on s'exonère totalement du pacte de stabilité
39:37ou des règles européennes,
39:38alors là ce n'est plus le même jeu.
39:40Là effectivement, on change complètement les règles.
39:42Bon, c'était l'histoire de début d'été.
39:45Ça reste une histoire importante pour les investisseurs globaux.
39:48La France fait couler de l'encre un peu partout dans le monde
39:52sur le plan des marchés.
39:53La France, c'est pareil.
39:55J'aimerais bien qu'on rattrape cette rentrée avec le sourire.
39:57Pour rappel, dans moins d'une semaine,
40:00il y a des élections dans deux lendemains en Allemagne.
40:03C'est l'AFD qui est en tête, avec 30 %.
40:05Donc c'est des partis jugés ou dits populistes, non orthodoxes, etc.
40:10C'est pas que la France.
40:12Exactement. Cette séquence-là, elle peut s'exprimer ailleurs.
40:15Ça met la pointe, comme toujours.
40:172016...
40:18Oui, il y avait l'Italie, je crois, avant.
40:20Je crois qu'on a eu une séquence longue.
40:22Oui, il y a donc 72 points de base,
40:25des quarts de tour entre la France et l'Allemagne.
40:27Je parlais au gouvernement, en tout cas,
40:30de politiques dites populistes qui avancent.
40:32Quand on a des politiques dites populistes qui avancent,
40:34c'est pas une bonne nouvelle pour les primes de risque des actifs souverains.
40:38Et donc, un gouvernement qui serait plus actif, plus politique
40:42que le gouvernement actuel,
40:44ça pourrait être négatif à nouveau pour le spread ?
40:48Ce qui questionne, c'est la stabilité de ce gouvernement-là.
40:51Là aussi, je pense qu'on a vu des séquences précédentes
40:55dans d'autres pays européens,
40:57avec des gouvernements qui étaient prêts à chambouler un peu les choses,
41:00je pense notamment au sud d'Europe, à la Grèce.
41:03Oui, l'Italie, bien sûr.
41:05Il y a quand même eu un rappel à l'ordre, si je puis me permettre,
41:09en tout cas, un rappel à la réalité,
41:11pour faire avec ce que disait Wilfried,
41:13qui est des opérateurs de marché, les fameux bons de vigilantesse,
41:16qui disent que ça c'est possible aussi,
41:19mais à un prix quelque peu différent.
41:23C'est vrai que ça vient contraindre le gouvernement,
41:27le gouvernement futur.
41:28Encore une fois, la question c'est,
41:30quelle est la stabilité de ce gouvernement-là ?
41:32Aujourd'hui, oui, ça fait, en tout cas,
41:34ce gouvernement démissionnaire,
41:36il est stable,
41:38ça va faire devoir bientôt.
41:40La stabilité de la militue, c'est ça, non ?
41:43Un an, en gros.
41:45Mais qui est beaucoup plus décentralisée,
41:47donc c'est quand même pas le même mode de fonctionnement
41:49que ce que nous pensons à l'opération.
41:51Dans le cas français, vous dites quand même, Anthony,
41:53se baire ses divisions en se disant que
41:55c'est un rêve que certains aiment mettre en avant,
41:58mais l'idée qu'une France sans gouvernement,
42:01comme a pu être la Belgique, vous dites, pour la France,
42:03c'est pas exactement ce qu'on parle.
42:05Anthony, je parle sous votre contrôle,
42:07mais nous sommes convaincus qu'il y a un budget à déposer avant octobre,
42:09qu'on est sous processus de déficit excessif,
42:13et que le droit européen dit que
42:15si le budget n'est pas déposé,
42:17c'est celui de l'année précédente qui compte.
42:19Donc voilà, ça fait quand même quelques dates butoir.
42:21La séquence ne fait que commencer.
42:25Et bien oui, bien sûr, on peut rentrer à 12,
42:27on se termine sur une note positive.
42:29À Paris, avec un CAC 40, revenu à 7600 points,
42:32c'est le niveau qu'on avait fin juillet,
42:34avant le coup de tabac des marchés du mois d'août.
42:37Merci beaucoup, messieurs, d'avoir été les invités
42:39de cette émission de rentrée de Smart Bourse,
42:41saison 5.
42:42Kevin Tozet, Carmignac, Wilfried Galland,
42:44mon pensier finance,
42:45et Anthony Morley-Lavidali de Rex&Code.

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