Guy Carlier : "Je n’accable pas Éric Ciotti"

Sud Radio

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Transcript

00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.

00:04 Sud Radio, il est 7h54, le moment de retrouver Carli Libre, et j'imagine, Laurie, que Guy va consacrer sa chronique à François Zardy.

00:14 Alors presque, moi je parie plutôt sur un mélange entre hommage et dernière nouvelle incontournable de la vie politique. Bonjour Guy.

00:21 Bonjour Guy.

00:22 Oui bonjour Laurie, bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:26 Putain, François Zardy est mort, on me pardonnera la brutalité de cette phrase, mais c'est la mort qui est vulgaire et je suis en état de sidération.

00:33 C'est vrai, comme j'avais terminé d'écrire la chronique du jour lorsque j'ai appris le décès de François Zardy,

00:39 je me suis dit, je vais essayer de faire un lien entre les deux thèmes, et vous allez mesurer à quel point c'était difficile

00:46 lorsque je vous aurais dit que ma première chronique traitait du ralliement d'Éric Ciotti au Rassemblement National.

00:52 Déjà rien que l'association des deux noms Éric Ciotti-François Zardy constitue un manque de respect pour la chanteuse,

00:59 mais j'ai trouvé un lien entre l'actualité politique et la mort de François Zardy en me souvenant que la première fois où je l'ai vue à la télévision,

01:07 c'était le 28 octobre 1962.

01:11 Je me souviens parfaitement de la date, car c'était une soirée électorale, un peu comme dimanche dernier,

01:17 c'était un soir de référendum sur l'élection du président de la République au suffrage universel.

01:22 Alors à l'époque, les soirées électorales se limitaient à un simple duplex entre les studios au début de showman

01:29 et le ministère de l'Intérieur où un grand panneau mural indiquait les derniers chiffres entrecoupés d'intermèdes musicaux.

01:37 Évidemment, nous on était des enfants, on était déjà frustrés de ne pas avoir le film,

01:42 alors on attendait avec impatience les intermèdes musicaux, le reste nous ennuyait.

01:47 C'est là qu'on a vu arriver cette grande fille, triste, en imperméable,

01:51 une sorte de gabardine d'étudiante dans un décor minimaliste constitué de lampadaires représentant les rues d'une ville la nuit.

01:59 Elle chantait "Tous les garçons et les filles de mon âge" et on avait envie de la prendre dans ses bras, de la protéger,

02:05 de lui dire "mais non, t'es pas toute seule" et j'étais tellement bouleversé par cette solitude qu'elle dégageait

02:11 que je tombais immédiatement amoureux et que cet amour me valu les colibés de mes copains d'école

02:16 qui fantasmaient sur Sylvie Vartan, France Gall ou Mireille Mathieu avec son incroyable...

02:22 Mireille Dark, pardon !

02:23 Non, Mireille Mathieu, on n'a jamais fantasmé sur Mireille Mathieu.

02:26 Mireille Dark avec son incroyable robe décolletée dans le dos pour lesquels...

02:30 Mes copains d'école pour lesquels François Zardy n'était pas suffisamment sexy.

02:35 Autrement, autant vous dire que la première fois où je l'ai rencontré, François Zardy, à la radio,

02:40 j'étais bouleversé. C'était à France Inter.

02:43 Je lui ai offert un bouquet de fleurs avec une carte sur laquelle j'avais écrit

02:47 "Chère Françoise, pour vous remercier d'avoir été le fantasme de mon adolescence."

02:52 Elle a éclaté de rire, ce rire de timidité avec lequel elle se sortait de la gêne que lui procuraient les flatteries.

02:59 Enfin voilà, vous avez sans doute vu à la télé ces images du réchauffement climatique sur la banquise

03:06 où l'on voit des pans entiers, des murs, des immeubles de glace qui s'effondrent et s'enfoncent inexorablement

03:13 dans le néant des eaux glacées. Et bien ce matin, c'est un banc de banquise qui s'est enfoncé dans le néant de nos vies.

03:22 De la même façon, dans nos inconscients collectifs, Sylvie Vartan restera pour toujours la meuf de Johnny Birkin,

03:27 celle de Gainsbourg, Mireille Dark, celle d'Alain Delon.

03:30 François Zardy restera pour toujours la femme de Jacques Dutronc et peu importe que dans la réalité

03:35 ces couples se soient séparés, ils restent dans nos souvenirs, ils nous ont accompagnés tout au long de nos vies.

03:41 Et ce matin, François Zardy est juste parti en voyage et j'ai une pensée pour Jacques Dutronc.

03:47 Mais je vais vous dire finalement, je n'accable pas Ciotti car son attitude, si elle est misérable,

03:52 elle est misérablement humaine et vivante. Et cet homme qui trahit, même pas par idéologie juste,

03:59 pour sauver sa rente de situation, sa voiture de fonction, son officier de sécurité, ses tickets restaurants

04:04 et ses banquets de sous-préfectures, c'est lamentable, mais c'est la vie, la vie.

04:08 Savez-vous que nous nous séparons pour la première fois ?

04:11 Vraiment frère, c'est pas très...

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