• il y a 5 mois
Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00On va parler de Taïwan, un sujet d'actualité avec les rivalités en ce moment avec la Chine.
00:05François Wu et son représentant en France, il vient d'être nommé vice-ministre des Affaires étrangères.
00:11Merci d'être avec nous. Vous partez d'ailleurs bientôt pour Taipé.
00:14Donc c'est une chance de vous avoir ici.
00:16Je voulais parler de ce poids économique de Taïwan qui est considérable.
00:20On a longtemps dit que c'était l'usine du monde pour les semi-conducteurs.
00:23Et avec tout ce qui se passe actuellement, on se pose quand même des questions.
00:27Les valeurs boursières de l'entreprise très connue à Taïwan, TSMC, c'est un mouton de 600 milliards de dollars américains.
00:36Et ça, c'est équivalent au PMB de la Belgique.
00:38Donc c'est une force considérable.
00:40Oui. Alors pour le pays, quand ça concerne Taïwan, chaque année, c'est 800 milliards de dollars comme PMB.
00:47Et c'est équivalent à la Suisse. Donc c'est un peu un quart de la France.
00:50Et tout le monde a besoin de ces semi-conducteurs. C'est ça qu'il faut dire.
00:54Taïwan produit en général 60% des semi-conducteurs du monde.
01:00Mais quand ça concerne les semi-conducteurs les plus sophistiqués, c'est 92% qui sont fabriqués à Taïwan.
01:06Donc là, vous êtes ici pour défendre le poids économique et faire en sorte que Taïwan reste ce qu'elle est.
01:12Je suis là pour dire que nous avons un intérêt commun entre Taïwan, la France, les États-Unis et tout le monde.
01:18C'est-à-dire que Taïwan est totalement intégré dans ce monde économique que nous vivons aujourd'hui.
01:24C'est ça.
01:25Et donc si cette stabilité est détruite par la menace chinoise, c'est-à-dire que notre monde sera terminé,
01:32notre monde économique sera terminé.
01:34Et donc vous dites qu'il faut laisser en l'état les choses, attention aux menaces qui pèsent sur Taïwan.
01:39Qu'est-ce qui se passerait ?
01:41Oui, c'est-à-dire si nous laissons Taïwan vivre comme nous sommes aujourd'hui, un pays démocratique, un pays libre,
01:49un pays qui contribue pour notre vie économique moderne, nous continuons à être modernes.
01:56Mais si Taïwan est détruit par la menace chinoise, figurez-vous l'année dernière,
02:02les Chinois ont envoyé 2000 avions militaires pour faire des incursions dans notre espace aérien.
02:09Je crois qu'il y a une menace chinoise qui est vraiment présente et il faut faire très attention à cette menace chinoise.
02:13Donc vous dites, notre force, nous, c'est l'économie.
02:16C'est parce que vous êtes aussi un activateur d'économie en tant que représentant de Taïwan.
02:20Ce n'est pas nouveau parce qu'autrefois on appelait ça Formose.
02:23Oui.
02:24Les plus jeunes se souviennent, Formose était aussi déjà la première usine du monde, en fin de compte.
02:28Formose, c'était un nom qui avait été donné par les Européens au 16e siècle.
02:33Et d'ailleurs, je pense que pour la plupart des gens qui connaissent Taïwan,
02:37enfin je veux dire qui sont un peu plus âgés, ont commencé à connaître Taïwan par le nom de Formose.
02:44Et c'était aussi une grande démocratie, il faut le rappeler.
02:47Alors, c'est devenu une grande démocratie.
02:50Je ne peux pas dire, il y a 300 ans qu'on était une démocratie.
02:53Je crois que c'était simplement un territoire qui d'abord a été européenne,
02:58après bien sûr pendant le système chinois.
03:00Colonisée.
03:01Et puis japonaise.
03:02Et nous sommes héritage d'une certaine façon de ces trois périodes, Europe, Chine et Japon.
03:07Il faut rappeler que Chiang Kai-shek d'ailleurs s'est exilé à Formose.
03:10Oui.
03:11Pour d'ailleurs sauver un certain nombre d'objets du patrimoine de la Chine.
03:14Oui.
03:15Alors, j'aimerais quand même aujourd'hui reparler de cette rivalité qu'il y a aujourd'hui avec la Chine,
03:20parce qu'elle annonce 40 milliards d'investissements dans les semi-conducteurs.
03:23Est-ce que c'est une manière de reprendre la main et d'être un contrepoids ?
03:27La Chine, moi je pense, avait toujours voulu investir dans des domaines très avancés.
03:33D'ailleurs, comme vous regardez maintenant, la Chine produit aussi des avions civils.
03:37La Chine est aussi très avancée dans les TGV.
03:40Donc dans les semi-conducteurs, c'était aussi une ambition chinoise.
03:43Mais il faut rappeler que les semi-conducteurs, c'est un écosystème.
03:46Si vous voulez, en gros, c'est partagé par le design, après la fonderie, la fabrication,
03:51et après il y a le rassemblement.
03:53Alors sur le design, terminé numéro 2, la fonderie, on parle aujourd'hui du TSMC, terminé numéro 1,
03:58et pour le rassemblage, c'est aussi numéro 1.
04:01Et donc la Chine veut être numéro 1 sur tout cet écosystème, mais ce n'est pas facile,
04:06parce que même à Taïwan, on a besoin de l'assistance.
04:09C'est-à-dire que c'est un travail qui amène le monde entier dans tout ce système.
04:13Et vous ne pouvez pas être les seuls fournisseurs du monde de semi-conducteurs.
04:16D'ailleurs, les Américains vont injecter 53 milliards de dollars.
04:19C'est le fameux plan, les chips US.
04:21Ils multiplient par 3, ça veut dire qu'ils ont peur un jour de perdre Taïwan ?
04:25Oui, je pense. Taïwan, c'est un intérêt de cendre, non simplement, les Chinois le disent,
04:32mais aussi pour les Américains, et je le dis aussi pour les Japonais.
04:36Donc, c'est-à-dire la sécurité, la stabilité de Taïwan est essentielle d'abord pour ces trois pays,
04:43mais également pour le monde, parce que je vous rappelle encore une fois,
04:46nous produisons, nous monopolisons la fabrication des semi-conducteurs du monde.
04:50Alors, vous êtes ministre des Affaires étrangères, vice-ministre,
04:54mais vous n'êtes pas reconnu officiellement, puisque Taïwan n'est pas un pays, si je puis me permettre.
04:59Alors, il y a une chose que je dois être clair, on n'est pas reconnu par la France.
05:03Mais la souveraineté de Taïwan ne se décide pas en France, ni aux États-Unis, ni en Chine.
05:08Ça se décide par les Taïwanais. Nous venons d'ailleurs d'avoir notre propre élection présidentielle,
05:12dont le président a été élu avec plus de 6 millions de voix.
05:15Si vous voulez, le président de Taïwan est même plus légitime que le président chinois,
05:20parce que lui, il a été élu par une seule voix.
05:22Donc, si nous sommes des démocrates, il faut regarder l'histoire.
05:26Donc, moi, je pense qu'on n'est pas reconnu par la France,
05:29mais on est reconnu quand même par certains nombres de pays.
05:31Et le nombre des pays qui reconnaissent un État ne détermine pas l'indépendance ou la souveraineté.
05:38Donc, moi, je pense que Taïwan est déjà un pays souverain.
05:40Il n'y a pas de question d'indépendance Taïwan. Il y a un problème de reconnaissance.
05:44Et pourtant, Emmanuel Macron vous a reçu à bras ouverts et ne vous a pas reconnu.
05:48J'ai été reçu par hasard par monsieur le président, mais ce n'est pas uniquement destiné à moi.
05:57Donc, on a eu quelques échanges.
05:59Vous, pour résumer votre point, votre poids le plus fort, c'est l'économie.
06:03Si ça bouge avec la Chine, ça serait vraiment dramatique sur le plan international ?
06:08Alors, l'économie, c'est essentiel. Mais moi, je dois aussi parler des valeurs de Taïwan.
06:15Taïwan représente une alternative du monde synophone.
06:19Donc, Taïwan présente aussi que le monde synophone, ou si vous voulez, même l'Asie,
06:24peut très bien fonctionner avec des valeurs démocratiques, c'est-à-dire des valeurs universelles.
06:28Donc, il y a l'économie, le poids de l'économie, on en a parlé,
06:32mais aussi le poids des valeurs, le poids politique que Taïwan représente.
06:36Vous savez quoi ? Ça me fait penser à la Suisse. Taïwan, c'est un peu pareil.
06:39Puissance économique, force, indépendance, et c'est ce que vous voulez défendre.
06:43Si vous voulez, c'est un peu comme ça, oui, parce que si nous regardons la taille,
06:47c'est aussi le poids économique de la Suisse.
06:49Simplement, on est un peu plus nombreux que les Suisses.
06:51François Wu, merci infiniment d'être venu sur CNews pour parler de Taïwan.
06:55Merci.
06:56C'est vraiment d'actualité. François, ce n'est pas très chinois comme nom.
06:59C'est un nom français parce que j'ai été aussi président de l'Alliance française à Taïwan.
07:04Et à l'époque, la directrice avait vu que moi, j'étais très francophile
07:10et donc avait pensé que je pouvais aussi avoir un prénom français.
07:13C'est vos deux doubles prénoms.
07:14Oui, voilà.
07:15Très bien. Merci beaucoup.
07:17Avec plaisir.
07:18Restez avec nous sur CNews.

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