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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00La France est-elle foutue ? C'est en ces termes que parle Yves Thibault de Silghi, l'ancien commissaire européen, qui publie ce livre
00:07« Mémoire d'un corsaire ». Vous connaissez sûrement M. de Silghi, c'est l'homme de l'euro. Il a réussi ce passage à l'euro pour toute l'Europe.
00:14Merci d'être avec nous, M. de Silghi. Alors, « Mémoire d'un corsaire », pourquoi ce titre ? Ça veut dire qu'il va falloir se battre et ramener l'argent ?
00:22Oui, c'est ça. Les Anglais se battaient pour l'honneur, mais enfin chacun se bat pour ce qui lui manque, comme disait Sir Koof.
00:28Non, je pense pourquoi, parce que j'ai raconté ma vie, qui a été beaucoup une vie de négociation et de combat. Et puis je suis breton, j'aime la mer,
00:36et donc voilà, c'est le clin d'œil à la Bretagne aussi. Le terme « foutu », c'est fort quand même. Oui, c'est fort, c'est accrocheur.
00:43Oui, non, le problème de la France, c'est qu'il faut quand même... Je me rappelle, j'avais 20 ans en 68. Ceux qui ont 20 ans aujourd'hui
00:51ne voient pas probablement l'avenir de la même façon. Donc aujourd'hui, le problème, le problème majeur à l'heure actuelle, qui est un problème urgent,
00:59c'est le problème de la dette. Après, on peut discuter du reste, mais aujourd'hui, on a affaire à une situation d'une dette qui est considérable,
01:06qui a monté dans des taux absolument invraisemblables très rapidement. Et aujourd'hui, on est face à une situation où on paie une charge de la dette énorme,
01:15qu'il va falloir lever 300 milliards l'année prochaine. Certes, la signature de la France, elle est encore bonne, je dirais 18 sur 20.
01:21Mais enfin, les clignotants rouges s'allument. Même le Premier ministre dit qu'il y a une crise financière ou une crise de la dette devant nous.
01:28Ce n'est pas de nature à rassurer. – Mais comment pourrait-on la réduire, cette dette ? Comment va-t-on l'éponger ?
01:32– On ne va pas l'éponger du jour au lendemain. Je crois que la première chose, c'est de dédramatiser et de rendre la confiance.
01:38Aujourd'hui, il faut retrouver de la croissance. Pour retrouver de la croissance, c'est rendre la confiance aux gens qui produisent, à l'économie productive,
01:46à l'économie marchande productive, et c'est rendre la compétitivité. On a 10 points d'écart par rapport au reste de l'Europe ou des pays.
01:55Donc ça, c'est la première chose à faire. La deuxième chose à faire, ça devrait être le liet motif politique, si vous voulez, la doctrine de base, je dirais,
02:03d'éviter les fausses solutions qui détruiront la confiance, c'est d'augmenter les impôts. – C'est le cas aujourd'hui, donc c'est quand même un problème.
02:12– Oui, justement. Il faut arrêter ça tout de suite. Alors vous me direz « Mais comment faire ? » Il y a une solution.
02:17Vous savez, quand quelqu'un est face à une crise de la dette, quand quelqu'un a de la dette, qu'est-ce qu'il fait ? On le force à liquider ses actifs.
02:22– Ou il réduit ses dépenses. – Oui, on lui fait faire les deux. Mais d'abord, souvent, on leur demande pour rembourser de liquider les actifs.
02:29Or, si vous regardez aujourd'hui en France, on a des entreprises publiques qui sont tout à fait remarquables, mais qui, je trouve, ont été déviées de leur mission de service public.
02:37La mission de service public, c'est pour la France. Or, elles se sont énormément développées à l'étranger, elles ont investi des sommes considérables sur les marchés étrangers,
02:45que ce soit dans les aéroports, dans l'énergie ou ailleurs. Pourquoi faire ? Où est la mission de service public là-dedans ?
02:50– Alors vous dites que l'État devrait vendre ses participations ? – Pas les participations dans les entreprises publiques.
02:54Je dis qu'il faut que les entreprises publiques arrêtent, qu'on surveille, qu'on regarde et qu'on rapatrie l'argent qui est à l'étranger.
03:01Mais ça ne serait pas du tout la même chose que de vendre des participations, parce que là, vous touchez à un tabou.
03:06Vous êtes sur le problème de la privatisation ou pas privatisation, il ne faut pas ouvrir le dossier aujourd'hui, on a assez de problèmes comme ça.
03:12Par contre, tout le monde devrait être d'accord sur le fait que les services publics doivent être orientés, réorientés sur le service des Français.
03:20– Combien d'années faudra-t-il pour redresser la barre ? Parce qu'aujourd'hui, on ne prend pas la direction.
03:24– Non, alors c'est la raison pour laquelle j'ai eu une autre idée. Je pense qu'il faudrait développer à fond le rôle international de l'euro,
03:31un peu comme font les Américains avec le dollar, ce qui fait qu'on transférerait, plus l'euro est utilisé par le monde en général,
03:40plus on transfère sur le reste du monde le financement de notre dette. Ça laisse du temps pour...
03:45– Pour les partis.
03:46– Bien sûr, ce sont les autres qui paient l'euro, ce que font les Américains, qui ont des déficits bien pires que nous, colossaux.
03:51Mais c'est le reste du monde qui les paie.
03:52– Alors le problème, c'est qu'on entend que les BRICS, c'est-à-dire le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine,
03:57pays émergents, veulent aussi créer leur propre monnaie. Le jour où ça arrivera, qu'est-ce qui se passera ?
04:00– D'abord, il faut bien du courage, parce que ça ne se crée pas du jour au lendemain une monnaie.
04:04Quand on fait une monnaie, moi ça a été une de mes principales préoccupations quand on faisait l'euro,
04:08il fallait être sûr qu'elle serait acceptée par l'opinion publique. Il faut que ce soit une bonne monnaie, une monnaie crédible.
04:13Alors là, vous avez des pays quand même très différents. Ensuite, on a mis 30 ans pour faire l'euro.
04:17Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. Et puis, il a fallu quand même qu'il y ait une certaine convergence entre...
04:22Donc ce qui est intéressant dans l'affaire des BRICS, c'est que c'est en fait un refus et une contestation
04:27d'un système international qui date de l'après-guerre et qui est dirigé par les Occidentaux,
04:33que ce soit le FMI, la manière des droits de vote à l'ONU. Donc tout ça, c'est ça qu'ils contestent.
04:40Mais s'ils veulent une monnaie, d'abord, ils ne sont pas prêts de la faire. Par contre, c'est une opportunité aussi pour l'euro.
04:44Moi, j'ai entendu, quand on faisait l'euro, le gouverneur de la Banque de Chine me dire,
04:48« Monsieur de Silgay, nous, on veut basculer une bonne partie de nos réserves en euros,
04:53parce qu'on veut rééquilibrer par rapport au dollar. » Donc ça, c'est peut-être une opportunité pour l'euro.
04:57Mais tout de même, Yves-Thibault de Silgay, est-ce que la France n'a pas intérêt quand même à balayer devant sa porte ?
05:01Elle est très interventionniste, elle paye pour tout, pour le social, pour la construction des hôpitaux, pour les transports ferroviaires.
05:08Est-ce que l'État n'est pas trop présent ?
05:10– Si, mais vous ne le ferez pas du jour au lendemain. Je veux dire, bien entendu, il doit y avoir un désengagement.
05:15Par exemple, on a, j'ai vu ça, 400 agences. Ça sert à quoi ? Diverses et variées, qui coûtent 80 milliards.
05:21On peut nettoyer ça. Les normes. On va mettre en place un nouveau système de normes,
05:27qui s'appelle la CSRD, par Bruxelles, pour présenter les données extra-financières des entreprises.
05:35Or, pour les boîtes de plus de 250 salariés, c'est 1150 informations qu'il faudra donner par an.
05:42– C'est une contrainte de plus.
05:43Parlons de l'Europe, pour terminer, Yves-Thibault de Silgay.
05:45Les 3%, on pourra les retrouver, de déficit pour la France ?
05:49– Si on a plus de croissance, oui. C'est pour ça que la priorité est à donner à la croissance.
05:53Alors, dans quel délai ? Comment ?
05:55– Oui, parce que 2025, on parle de croissance presque zéro, d'après ce qu'on connaît.
05:58– C'est pour ça que c'est grave. C'est pour ça qu'il ne faut pas mettre des impôts supplémentaires,
06:01ni sur les particuliers, ni sur les entreprises, car c'est ça qui pénalise la confiance
06:06et qui, donc, va nous conduire au désastre.
06:09– Comme vous le dites dans votre livre, est-ce que nos princes sont aveugles ?
06:12– Je ne sais pas s'ils sont aveugles.
06:14Ils seraient avisés de lire mon livre et de voir les formules que je propose.
06:19– Et alors, vous pensez que Michel Barnier est sur la bonne voie, quand même ?
06:22– Michel Barnier est quelqu'un d'épatant. Je lui souhaite de tout cœur de réussir.
06:27Maintenant, il est dans une situation, quand même, qui est difficile.
06:30Et je pense qu'à mon avis, il a commis une erreur,
06:32c'était d'ouvrir le débat en parlant des impôts.
06:35Parce que là, on ouvre la boîte de Pandore au nom de l'égalité fiscale.
06:40– Yves-Thibaud Tsilgui, notre invité sur CNews, merci d'être venu.
06:43Restez avec nous, l'actualité continue.
06:46– Sous-titrage Société Radio-Canada

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