Avec Henri Proglio, ancien Directeur Général d’EDF
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NewsTranscription
00:00Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:0313h03, sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce Face à Face.
00:07Aujourd'hui, André Bercov reçoit Henri Proglio, ancien directeur général d'EDF
00:11et auteur de ce livre, « L'étrange débâcle, comment la France a perdu sa souveraineté énergétique ».
00:16C'est publié aux éditions Michel Laffont. Bonjour Henri Proglio.
00:20Bonjour Monsieur le Président.
00:22Bonjour Monsieur.
00:24Ce qui est très intéressant, c'est que vous savez, la campagne électorale a commencé
00:29et évidemment, les promesses aussi, parce que pas de campagne électorale sans promesses,
00:34c'est normal, ça fait partie du paysage.
00:36Et hier encore, Agnès Pannier-Runacher disait,
00:41« Mais vous allez voir, ça y est, dès septembre, le prix tristité va baisser de 15% ».
00:48Et Gabriel Attal, qui lui aussi se présente, l'ancien Premier ministre,
00:53aujourd'hui on peut dire ancien Premier ministre, dit,
00:55« Ah non, non, non, vous allez voir, ça va baisser de 40% ».
00:58Alors c'est très intéressant, voilà, il le dit,
01:01non pardon, mais c'est justement, Agnès Pannier-Runacher,
01:07il emploie les mêmes chiffres, il utilise « baisser les factures d'électricité de 15% dès l'hiver prochain ».
01:13Pour chaque Français, ce sera 200 euros d'au moins sur la facture d'électricité,
01:18c'est même son affiche de campagne « Ensemble pour la République ».
01:23Alors l'électricité, effectivement, et votre livre est passionnant, Henri Proglio,
01:28parce que c'est un horizon indépassable, effectivement, c'est l'oxygène,
01:34il faut dire quelque part, et comment vous expliquez que,
01:38première des choses qu'on fait, on annonce,
01:41est-ce que ça vous paraît probable, possible, déjà, comme ça, d'emblée,
01:45on dit « Voilà, 15%, les Français, vous ne risquez rien, on va baisser de 200 euros ».
01:51Vous en pensez quoi ?
01:54– Si vous le permettez, je commencerai par précaution de dire que je ne suis candidat à rien
02:01et que je ne participe pas à la campagne en cours.
02:06Au fond, ce que m'inspire ces déclarations, c'est d'abord, pour commencer,
02:12qu'on a enfin admis que le prix de l'électricité en France
02:17ne baissait qu'à une espèce de spéculation qui, au fond, avait amené une explosion des coûts
02:24et donc un appauvrissement de nos concitoyens.
02:27– On va en parler de ça, oui, bien sûr.
02:28– Donc c'est ça qui me préoccupe.
02:30Alors après, pourquoi 200 euros ? Est-ce que c'est indépendant de la consommation ?
02:39Est-ce que c'est lié à la consommation ? Est-ce que c'est 15% ?
02:42Je ne veux pas prendre position là-dessus.
02:44Non, ce qui me frappe, au fond, c'est que personne ne pose la question suivante
02:51ou ne fait la remarque suivante.
02:53Qu'est-ce qui justifie que le prix de l'électricité ait augmenté depuis 10 ans ?
02:59– Absolument.
03:00– Et au fond, personne n'est capable de répondre à la question,
03:03car rien ne justifie l'augmentation du prix de l'électricité.
03:06On a exactement les mêmes capacités de production,
03:10c'est-à-dire, au fond, le nucléaire et l'hydraulique représentent,
03:13au total, 90 à 92% des besoins français.
03:17Nous sommes globalement exportateurs.
03:19Si on fait abstraction de la petite parenthèse des incidents techniques
03:24qui se sont produits au cours de l'année 2022,
03:26et sur lesquels on pourrait revenir.
03:29Mais globalement, la France était et sera exportatrice d'électricité.
03:38Les coûts de production n'ont pas évolué,
03:42puisque dans le nucléaire, l'essentiel de l'investissement se fait au départ,
03:46et que l'hydraulique, c'est pareil.
03:48Donc on amortit sur une durée très longue des coûts de construction.
03:51Donc rien ne justifie, au fond, que le prix de l'électricité ait augmenté, sauf...
03:58– Sauf ce que vous racontez dans votre livre.
04:01– Sauf les règles européennes, la volonté d'eux, etc.
04:05Et le détricotage de ce qui a été un formidable outil pour la France, qui était EDF.
04:09– Alors vous racontez justement, dans votre livre,
04:12c'est très intéressant, parce que vous donnez des informations,
04:17et vous étiez bien placé pour cela.
04:20Vous étiez au cœur du réacteur, si je peux permettre cette expression.
04:24Et vous disiez, la France, quand vous êtes arrivé en 2009,
04:31et vous avez quitté en novembre 2014, c'est bien ça,
04:36donc un quinquennat.
04:38Et ce qui est intéressant, c'est que vous disiez,
04:42la France concurrentielle était presque au même étage que la Chine et les USA.
04:46C'est une très grande puissance, par le nucléaire, par l'hydraulique.
04:50– En tout cas, c'est un pays respecté,
04:52qui disposait, dans ce domaine particulier avec l'électricité,
04:56d'un atout formidable.
04:58Et par ailleurs, d'une réputation exceptionnelle.
05:01C'est-à-dire que partout dans le monde, EDF était reconnu
05:05comme étant la référence en matière d'électricité,
05:07c'est-à-dire aussi bien le nucléaire que l'hydraulique.
05:09– Et vous racontez que les Chinois eux-mêmes parlaient français,
05:12parce qu'ils venaient… – Absolument.
05:14Les Chinois, dans le domaine du nucléaire,
05:18avaient été formés sur nos sites, dans nos centrales.
05:21Et donc étaient assez naturellement, je dirais, convaincus
05:26de la pertinence du nucléaire français.
05:29– Alors justement, Henri Poglio, qu'est-ce qui a fait que ça a commencé ?
05:34Moi, ce que je vous racontais, on le savait un peu déjà,
05:36on avait des informations éparses.
05:38Mais cette espèce d'extraordinaire…
05:41En fait, quand l'Europe a décidé de libéralisation du marché,
05:45concurrence, etc.
05:48Et ça a été appliqué à l'EDF.
05:50Et comment ça se fait qu'on a laissé faire ?
05:54Est-ce que c'est inconscience, ignorance ou quoi ?
05:58Parce que vous le racontez très bien dans votre livre.
06:01Qu'est-ce qui s'est passé, vraiment ?
06:03– Je le raconte avec du retard, alors qu'en fait, je l'ai dénoncé en temps réel.
06:06Lorsque les événements se produisent,
06:10on assiste à un spectacle assez déroutant, au fond.
06:16Je crois qu'au fond, tout cela résulte à la fois
06:19d'une complaisance à l'égard d'un parti écologique
06:22qui n'avait comme consistance que l'antinucléarisme,
06:26et d'autre part, d'une espèce de fantasme
06:34qui consistait à penser,
06:36et au fond, c'était presque sur le fronton des édifices,
06:39que la concurrence faisait le bonheur des peuples.
06:42– Oui, c'est ça.
06:44Concurrence partout, concurrence pour tout.
06:46– Oui, puisqu'on va créer de la concurrence,
06:49donc on va faire baisser les prix.
06:50Et au fond, on a adopté le fantasme d'application
06:54de ce qui s'était produit dans la téléphonie,
06:58on l'a appliqué à un secteur qui n'avait rien à voir.
07:01Au fond, dans la téléphonie, la concurrence a effectivement fait baisser les prix.
07:04Pourquoi ? Parce qu'il y avait beaucoup d'espace,
07:06beaucoup de capacités d'augmenter l'offre,
07:09et donc de faire baisser les coûts.
07:11D'électricité, pas du tout,
07:12puisque personne n'a rien fait pour augmenter la production.
07:15Et d'ailleurs, on n'en avait pas besoin.
07:17– Bien sûr.
07:18– Tout le monde peut s'imaginer, comprendre, admettre
07:21que dans un réseau, on ne fait pas passer plus d'électricité
07:24quand il y a plusieurs opérateurs qu'un seul.
07:26J'avais vécu ça dans l'eau aussi,
07:28parce que dans mon métier précédent d'opérateur,
07:32de distributeur d'eau,
07:34certains s'imaginaient que la concurrence locale
07:36allait faire baisser les prix,
07:37sans voir qu'il n'y avait qu'un seul producteur,
07:39et qu'un seul transporteur, distributeur.
07:42– Vous faites donc une très bonne métaphore avec le boulanger.
07:45– Bien sûr.
07:46– Un seul boulanger dans un village, il faut faire la concurrence, c'est ça.
07:49– Voilà, et donc vous allez créer par conséquent,
07:52sauf qu'il y a un seul producteur.
07:55Et donc, de ce fantasme est née une forme de,
08:00à travers probablement beaucoup d'incompétence,
08:04manque de réflexion, manque de rigueur intellectuelle, etc.,
08:07une forme de déroute économique,
08:11qui n'a pas été sans conséquence,
08:14à la fois par l'enrichissement de quelques opérateurs,
08:18qui n'étaient, qui ne sont encore, que des traders.
08:23– Oui, c'est ça.
08:24– Qui achetaient à prix cassé…
08:25– Qui ne produisaient rien.
08:26– Rien.
08:27– Enfin…
08:28– Qui achetaient à EDF la production d'EDF,
08:30qui la vendaient aux clients d'EDF,
08:32mais qui l'achetaient à un prix cassé,
08:3442 euros le mégawattheure,
08:35qui le vendait au prix du marché,
08:37en prétextant qu'elle était verte.
08:39C'était la même, d'ailleurs.
08:40Donc, à la fois mensonge et détournement.
08:43– Oui, fausse concurrence et escroquerie d'étiquette, quelque part.
08:46– Les deux, les deux.
08:47– Les deux.
08:48– Donc, on a vécu avec ça.
08:50Je vais y dénoncer à l'époque, je reconnais,
08:53avec le succès que vous constatez.
08:56Alors, il y avait beaucoup aussi d'enjeux,
08:58pour un certain nombre d'opérateurs,
09:01qui, au fond, ont fait fortune grâce à ça,
09:04– Oui, enfin, ils ont fait fortune sur quelque chose.
09:07– C'est une pure démarche spéculative.
09:09– Oui, c'est une démarche spéculative pure.
09:11– Alors, le fait d'enrichir des gens sans raison,
09:14au fond, ne serait pas tragique,
09:17si ça n'était pas au détriment du plus grand nombre, d'une part,
09:19et d'autre part, avec des conséquences qui sont,
09:22malheureusement, aujourd'hui, catastrophiques.
09:27– Oui, terrible, absolument.
09:28– Catastrophiques.
09:30– Et, justement, avec le recul,
09:33vous étiez là, vous cotailliez, évidemment,
09:35de par vos fonctions, les responsables politiques,
09:38quels qu'ils soient, de droite ou de gauche, etc.
09:41Peu importe.
09:42Mais, personne n'avait conscience de cela,
09:44de voir que c'était biaisé.
09:46Vous leur en parliez, j'imagine.
09:48– Non seulement, je leur en parlais,
09:49mais je m'en suis même expliqué auprès de la représentation nationale.
09:52J'ai été interrogé par l'Assemblée et le Sénat.
09:56J'ai même, je crois, été amené à répondre
09:59à une commission d'enquête, à l'époque,
10:01sur la loi NOM, sur la fameuse loi d'organisation,
10:05enfin, la nouvelle organisation du marché de l'électricité.
10:08La fameuse loi qui instituait l'obligation pour EDF
10:11de vendre 25% de son électro-nucléaire à des concurrents,
10:15non désignés, à un prix pour lequel je me suis battu
10:19pendant deux ans, qui était supposé de 36 euros.
10:24J'ai réussi, de manière invraisemblable,
10:28à le faire accepter à 42 euros,
10:30alors que le coût de revient était de l'ordre de 55, 56.
10:34– Et ça, vous étiez au-dessous du coût de revient vous-même ?
10:36– Honnêtement, en dessous du coût de revient marginal, très en dessous.
10:40D'où les conséquences d'ailleurs pour EDF.
10:43– Mais alors justement, ma question était,
10:45personne ne prenait conscience de cela ?
10:48Ah non, c'était le dogme de la concurrence,
10:50il fallait absolument...
10:51– Au départ, oui.
10:52Au départ, ça a été un mélange entre le dogme de la concurrence
10:55et le respect des institutions européennes.
10:58– Oui, c'est ça.
10:59Et on va voir lequel des deux a fait le plus penché le fléau de la balance.
11:03On se retrouve juste après une petite pause avec Henri Proglio.
11:07– Évidemment, avec Henri Proglio et vous,
11:09vous aurez la parole 0826-300-300 pour intervenir, poser toutes vos questions
11:14ou faire toutes vos remarques à l'antenne.
11:15A tout de suite sur ce drapeau.
11:17– Je n'aime pas la blanquette de veau.
11:20Je n'aime pas la blanquette de veau.
11:23– Sud Radio Bercov dans tous ses états.
11:27– Dans tous mes états, et il faut lire vraiment,
11:30il faut lire le livre d'Henri Proglio,
11:31L'étrange débâcle, comment la France a perdu sa souveraineté énergétique.
11:35C'est paru aux éditions Michel Laffont.
11:37Et je voudrais juste vous relire, Henri Proglio,
11:40sur quelque chose qui est vraiment assez hallucinant
11:43quand on voit ce qui se passe et où on en est.
11:46Vous dites ceci,
11:48« Rares sont nos concitoyens, et ça c'est vrai,
11:51qui ont entendu parler de la directive 2014-23 UE,
11:55Union Européenne du Parlement Européen et du Conseil Européen,
11:58datant du 26 février 2014.
12:01Ce texte prévoit la mise en concurrence
12:03de toutes les concessions de services publics. »
12:05Tout !
12:06C'est ça qui est extraordinaire.
12:07Il n'y a plus de services publics, allez, concurrence.
12:10Vive le libéralisme.
12:11Et vous racontez justement,
12:13qu'en était la situation aujourd'hui,
12:15plus de 8 ans après mon départ de la présidence du groupe.
12:18En 2022, EDF a publié un déficit de 12,7 milliards d'euros.
12:23L'entêtement a bondi à 64,5 millions d'euros.
12:26Le plus étrange pour un observatoire extérieur,
12:29c'est que le chiffre d'affaires s'est envolé à 143,5 milliards,
12:34soit 70% de plus sous l'effet de la très forte hausse des prix d'énergie.
12:38Mais paradoxalement, cette hausse a coûté de l'argent à EDF,
12:41puisque ses marges se sont nettement dégradées.
12:43Pourquoi ?
12:44Parce qu'une large partie de ses 58 réacteurs nucléaires
12:47ont été mis à l'arrêt pendant cette année, donc 2022,
12:50pour mener de lourds travaux d'entretien.
12:53Il a fallu acheter l'électricité chez nos voisins.
12:56Et en même temps, et je termine,
12:57dans le même temps, EDF a été obligé de vendre davantage d'électricité
13:01à prix cassé à ses concurrents,
13:03suivant la règle unique de l'AREN,
13:05mise en place en 2010 par la loi NOM dont vous venez de parler.
13:09Mais dites-moi, si un entrepreneur privé faisait ça,
13:12on le virait immédiatement pour incompétence notoire, non ?
13:16Je crois qu'il ferait faillite déjà pour commencer, il se virait de lui.
13:19Oui.
13:21Non, mais c'est une longue et tragique histoire
13:24qui, au fond, m'a concerné.
13:32Faisons encore une abstraction de l'année 2022,
13:37où les fermetures de centrales liées à des problèmes de soudure
13:42et de malfaçons ont amené de manière probablement excessive
13:51les pouvoirs publics et l'autorité de sûreté
13:54à décider la fermeture de tiers à peu près du parc nucléaire français.
14:00Mais au-delà de ça...
14:04Mais, pardon Henri Proglio, Fessenheim,
14:08il fallait fermer Fessenheim ?
14:10Je vous pose la question.
14:11Surtout pas.
14:12Surtout pas ?
14:13Surtout pas.
14:14J'ai eu l'occasion de le dire à l'ancien président de la République.
14:21Au fond, Fessenheim,
14:23qu'est-ce qui a provoqué la fermeture de Fessenheim ?
14:25C'est d'abord l'accord entre les Verts et les Roses de la campagne de 2012
14:30au cours de laquelle le programme commun à l'époque
14:33entre les socialistes et les écologistes
14:36s'est fait de nuit par un accord tragique
14:40qui prévoyait la fermeture de 28 réacteurs nucléaires
14:42ou 26 réacteurs nucléaires,
14:44c'est-à-dire la moitié du parc français.
14:46Ce qui fait que le matin aux aurores,
14:49je me réveille avec cette annonce qui est officielle,
14:51qui est relayée dans tous les journaux,
14:53et je n'ai pas le droit de participer
14:57en tant que patron d'EDF et d'entreprise publique
15:00à la campagne électorale, je m'en abstiens,
15:03mais j'ai quand même 170 000 collaborateurs
15:05qui regardent en se disant
15:06mais il ne réagit pas, il ne fait rien, il ne dit rien.
15:11Je décide à ce moment-là, ce jour-là,
15:15de répondre aux questions du Parisien,
15:17les questions des lecteurs.
15:18Comme c'était l'actualité du jour,
15:20je dis, écoutez, c'est une tragédie
15:25parce que le nucléaire est une des grandes forces de la France,
15:27c'est un des atouts considérables de ce pays.
15:30À l'époque, on se préoccupait beaucoup d'emplois,
15:34je disais, le nucléaire en France aujourd'hui,
15:36c'est un million d'emplois,
15:37250 000 d'emplois directs,
15:39250 000 emplois chez les sous-traitants d'EDF,
15:41les 500 000 chez les électro-intensifs,
15:43qui sont sur le territoire français
15:45juste parce que l'énergie électrique est chez nous
15:4850 % moins chère,
15:50enfin un peu plus de 2 fois moins chère qu'en Allemagne.
15:52Donc, évidemment,
15:56grande réaction, mécontentement, fureur
16:00du candidat à l'élection présidentielle en question,
16:03qui dans le désemnomadaire de la semaine
16:09dit les deux premiers dont je couperais la tête si je suis élu,
16:13ce sera Patron d'alors de la DGSI,
16:17donc je tairai le nom, et Proglio.
16:19Bon, j'ai survécu quelques années encore.
16:21Mais il a en même temps pris conscience
16:25de l'absurdité du programme,
16:28et pour réagir, je crois, de manière rapide,
16:32parce qu'il fallait réagir rapidement,
16:34il pose la question à son entourage,
16:36quelle est la plus ancienne de nos centrales ?
16:38On lui répond, la vérité, la plus ancienne c'est FSA9.
16:41Mais comme personne ne savait de quoi il parlait vraiment,
16:46personne ne lui a mentionné
16:48qu'on venait d'investir 2,5 milliards d'euros
16:50pour rénover FSA9,
16:52qui était la plus moderne de nos centrales.
16:54Ah oui, on venait d'investir 2,5 milliards d'euros ?
16:56Oui.
16:58Et donc,
17:00quand enfin,
17:02juste avant mon départ,
17:04j'ai eu l'occasion
17:06de le voir longuement, tête à tête,
17:08et que je lui donne quelques éléments
17:10que je pensais devoir lui donner
17:12en envoyant une bouteille à la mer,
17:14puisqu'il m'avait
17:16invité à le rencontrer
17:18en me disant que j'avais été
17:20un formidable patron d'EDF, etc.
17:22Et je lui ai dit,
17:24FSA9 c'est comme un animal bosmanien,
17:28on n'a gardé que la coque,
17:30on a changé tout le reste, c'est la plus moderne.
17:32Et c'est la plus sûre.
17:34Et il me dit,
17:36et ça je ne l'ai pas inscrit,
17:38il dit dans mon bouquin,
17:40il me dit,
17:42vous avez raison, Henri, il ne faut pas fermer FSA9.
17:44Et il ne l'a pas fermé.
17:46Et il ne l'a pas fermé.
17:48Et il ne l'a pas fermé.
17:50Oui, c'est le successeur, effectivement.
17:52Voilà.
17:54Donc non, il ne fallait surtout pas
17:56fermer FSA9.
17:58Surtout pas.
18:00Et justement, qu'est-ce qui s'est appliqué,
18:02parce que vous en parlez aussi, mais honnêtement,
18:04on connaît ça moins, sur l'hydraulique.
18:06Il s'est appliqué la même chose,
18:08c'est-à-dire au fond,
18:10vous le disiez tout à l'heure,
18:12le bonheur par la concurrence,
18:14il est impensable
18:16que
18:18les barrages hydrauliques
18:20qui appartiennent à l'Etat français,
18:22et qui sont opérés par EDF,
18:24ils ont été conçus, construits
18:26par EDF, mais
18:28ils appartiennent à l'Etat.
18:30Et la règle européenne
18:32dit,
18:34c'est inadmissible,
18:36c'est un quasi-monopole de la gestion
18:38par une entreprise
18:40des barrages hydrauliques, il faut mettre en concurrence
18:42la gestion des barrages.
18:44Au niveau de toute l'Europe, bien sûr.
18:46Oui.
18:48En Europe,
18:50le nombre de pays
18:52disposant d'un parc de barrages
18:54important est assez limité,
18:56en tout cas, ça ne gêne pas les Allemands,
18:58par définition, car
19:00le nombre de barrages en Allemagne est assez limité
19:02aux barrages qui sont sur le Rhin, c'est tout.
19:04Ils n'ont pas, malheureusement pour eux,
19:06de montagne.
19:08Donc,
19:10la grande
19:14inquiétude, pour ne pas dire
19:16le grand désarroi de mes collaborateurs
19:18d'EDF quand je rejoins
19:20cette saison, c'est ça.
19:22C'est l'hydraulique.
19:24On dit, mais non, mais président, c'est pas possible,
19:26on peut pas laisser faire ça.
19:28Pourquoi ?
19:30Pour deux raisons. D'abord, parce qu'un
19:32barrage, c'est avant tout une capacité de stockage,
19:34c'est pas une capacité de production.
19:36Donc, c'est une immense pile à combustible
19:38qui est, elle,
19:40à la fois compétitive...
19:42On peut pas stocker l'électricité, mais on peut stocker l'eau.
19:44C'est la seule manière de stocker de l'électricité
19:46de manière rationnelle et efficace.
19:48Et donc, aujourd'hui, le problème du renouvelable
19:50étant que, comme il est intermittent
19:52et qu'on ne sait pas stocker,
19:54il est totalement hors
19:56de la compétition, il ne peut pas être compétitif.
19:58Et donc, ces barrages étaient un élément
20:00clé de l'efficacité économique
20:02du système électrique français.
20:04C'est vrai que si on découpait
20:06l'un derrière l'autre
20:08les barrages pour les mettre à nappé
20:10de l'offre,
20:12quels que soient les opérateurs, ils étaient nombreux
20:14à visiter nos barrages. On voyait se balader sur des
20:16barrages des Allemands, des Russes,
20:18des Chinois, des
20:20Canadiens, enfin tout le monde.
20:22Le monde entier venait visiter
20:24nos barrages. Alors, c'était bien pour le tourisme,
20:26mais ça inquiétait un peu nos collaborateurs.
20:28Et donc, j'ai
20:30plaidé en disant
20:32on va casser, désoptimiser
20:34le système électrique français, surtout halte au feu.
20:38Et là, j'ai pris la décision
20:40de ne pas respecter la règle du jeu.
20:42C'est-à-dire, au fond, nous n'avons pas mis un apéritif
20:44aux barrages. Nous sommes donc en infraction.
20:46Depuis cette époque-là.
20:48La règle n'a pas changé. Nous sommes toujours
20:50en infraction. Donc susceptibles
20:52d'être condamnés.
20:54Pour le moment, on n'a pas touché
20:56aux barrages.
20:58Mais on est en infraction.
21:00C'est ça.
21:02Et donc, ce sujet
21:04était un sujet...
21:06Ça a été le premier sujet dont je me suis préoccupé
21:08en arrivant en même temps que l'Albanum,
21:10bien entendu.
21:12Et donc...
21:14Mais, de fait,
21:16il était précurseur de tout ce qui suivait.
21:18C'est-à-dire
21:20de l'immense détricotage
21:22de ce formidable outil qui était EDF
21:24par
21:26les règles européennes inspirées
21:28par nos voisins.
21:30Ce qui est extraordinaire, et vous le racontez très bien,
21:32c'est qu'on a déshabillé
21:34Pierre sans habiller Paul.
21:36Et on a vu le résultat.
21:38Enfin, sans habiller Paul. Certains petits
21:40Paul, quoi.
21:42Non, on a enrichi un certain nombre d'opérateurs
21:44marginaux, mais ça on l'a dit tout à l'heure. Enfin, marginaux ou pas.
21:46On a
21:48effectivement considérablement
21:50affaibli la puissance
21:52française en matière d'énergie.
21:54À la fois d'indépendance et en même temps
21:56de compétitivité dans son domaine de l'énergie,
21:58qui est un élément clé
22:00à la fois du pouvoir d'achat d'une part
22:02de nos concitoyens et de la compétitivité
22:04industrielle de l'autre.
22:06Et donc la France a évidemment
22:08des conséquences graves à subir.
22:10Et puis en même temps, effectivement,
22:12ça n'a pas amélioré
22:14la situation du monde.
22:16Mais pour eux, l'essentiel c'était
22:18d'affaiblir le
22:20le concurrent. C'était pas tellement,
22:22ils savaient très bien que ça ne leur apporterait
22:24pas grand chose. Au nom du sacré,
22:26comme vous dites, couple franco-allemand
22:28base de l'Europe, et qui
22:30est plutôt le je t'aime moi non plus, on va
22:32en parler après cette pause
22:34avec Henri Poglio.
22:36Et on va parler aussi, parce que ça m'intéresse tout
22:38à fait, ça nous intéresse tout à fait,
22:40de savoir ce que vous pensez de ces
22:42intermittents, de ces
22:44énergies alternatives
22:46qui nous ont déjà coûté, à l'Europe
22:48en tout cas plusieurs centaines de milliards.
22:501000 milliards.
22:52Vous aurez la parole évidemment sur Sud Radio
22:540 826 300 300 pour réagir
22:56et pour poser toutes vos questions.
22:58Nous sommes là jusqu'à 14h. A tout de suite sur Sud Radio.
23:02Ici Sud Radio.
23:06Les Français
23:08parlent au français.
23:10Les carottes sont cuites.
23:12Les carottes sont cuites.
23:14Sud Radio Bercov
23:16dans tous ses états.
23:18Est-elle vraiment étrange
23:20cette débâcle dont parle Henri
23:22Poglio dans son livre
23:24qui vient de paraître chez Michel Lefond et que je vous recommande
23:26où elle est explicable.
23:28Elle est effectivement explicable et d'ailleurs
23:30il l'explique. Au fond
23:32Henri Poglio, on va évidemment
23:34continuer à parler du nucléaire et de
23:36ce qui s'est passé là-dessus aussi, concurrence
23:38Mobus aussi,
23:40mais parlant de ces énergies
23:42intermittentes, ce que j'appelle les intermittents du
23:44spectacle, les éoliennes par exemple
23:46qui étaient
23:48à un moment donné l'horizon
23:50indépassable. Enfin l'alpha
23:52et l'oméga. Nous allons tout
23:54avoir. Électricité à plus total
23:56avec les éoliennes. Résultat des courses.
24:02Résultat des courses,
24:04vous le connaissez. Au fond
24:06cet
24:08engouement pour les énergies dites
24:10renouvelables, qui ne concerne
24:12pas l'hydraulique d'ailleurs. Quand on parle des énergies
24:14renouvelables aujourd'hui en Europe
24:16on parle d'éolien et de photovoltaïque
24:18on oublie que la plus belle des énergies
24:20renouvelables c'est quand même l'hydraulique.
24:22Et qui est là quand on en a besoin.
24:24Car il y a des énergies
24:26pilotables et d'autres qui ne le sont pas.
24:28Le nucléaire est pilotable,
24:30l'hydraulique est parfaitement pilotable, on produit
24:32quand on en a besoin et on sait qu'on peut
24:34compter sur cette énergie.
24:36Les nouvelles énergies
24:38dites renouvelables, c'est-à-dire
24:40l'éolien et le photovoltaïque, pour ne
24:42prendre que cela, sont des énergies
24:44intermittentes qui
24:46finalement, sur lesquelles
24:48on ne peut pas compter puisqu'on
24:50ne sait pas stocker l'énergie
24:52encore une fois en dehors des barrages
24:54et que
24:56évidemment quand il y a du vent ou quand il y a du soleil
24:58on produit.
25:00Mais les pays européens
25:02et la France en particulier, et notamment
25:04pas uniquement,
25:06est un pays dans lequel les pointes de consommation
25:08c'est l'hiver et la nuit.
25:10Bon.
25:12Le photovoltaïque à cet égard
25:14est assez peu pertinent et c'est comme
25:16si on posait la question aux Suédois
25:18ou aux Finlandais de savoir s'ils comptent
25:20sur le photovoltaïque. Ils ont six mois de nuit.
25:22Donc bon.
25:24C'est une caricature.
25:26Mais...
25:28Et quand il n'y a pas de vent, c'est pareil.
25:30Le problème c'est moins
25:32de savoir ce qu'on fait quand il n'y en a pas que de savoir ce qu'on
25:34fait quand il y en a. Parce que là,
25:36il faut donner, et on a accepté
25:38de donner la priorité d'accès au réseau
25:40à ces énergies-là, ce qui veut dire
25:42que le reste doit s'effacer.
25:44Le reste c'est le nucléaire,
25:46qui n'est pas fait pour ça.
25:48Le nucléaire est fait, comme un fourneau,
25:50pour produire de l'énergie de base
25:52et en permanence.
25:54Donc demander au nucléaire
25:56d'être flexible, c'est exactement
25:58l'inverse de sa caractéristique.
26:00Et donc il a fallu rendre le nucléaire
26:02effaçable, et ça a coûté très cher.
26:04Et ça a beaucoup vulnérabilisé nos centrales.
26:06On parle beaucoup de la sécurité,
26:08on l'oublie à ce moment-là, et puis ça a
26:10renchéri considérablement le prix du nucléaire
26:12de le rendre flexible.
26:14Ou en tout cas...
26:16C'est-à-dire que si j'ai bien compris,
26:18quand les éoliennes marchent, on arrête le nucléaire
26:20parce qu'on ne peut pas le stocker.
26:22Il faut baisser sa capacité de production.
26:24Et donc c'est ça qui est compliqué.
26:26On ne peut pas fermer une centrale et la rouvrir
26:28une heure après, ça ce n'est pas possible.
26:30Donc il faut baisser sa production,
26:32et ça, ça demande des investissements
26:34considérables, inutiles.
26:36Donc le coût complet
26:38du renouvelable est encore beaucoup plus important
26:40que le coût direct.
26:42Parce qu'il faut compter avec
26:44le baisse du nucléaire.
26:46Le coût indirect qui est lié à ça.
26:48Bon, sachant que par ailleurs, sans subvention,
26:50le renouvelable jusqu'ici n'était absolument pas compétitif.
26:52Et qu'aujourd'hui, il l'est encore difficilement.
26:54L'Europe a investi...
26:56En France, il fait 3%.
26:58L'Europe a investi 1000 milliards d'euros
27:00en subvention dans...
27:02Et 1 milliard d'euros pour les énergies alternatives.
27:04Oui. L'Allemagne elle-selle,
27:06600 milliards.
27:08Dont on a vu la conséquence, c'est
27:10le doublement des émissions de CO2 à cause du charbon.
27:12Oui, absolument, oui.
27:14Et vive les écolos et la dépollution.
27:16Voilà le...
27:18Donc, au fond, je ne condamne...
27:20Finalement, si on considère
27:22qu'en France,
27:24les besoins d'électricité sont connus.
27:26Ils ne s'accroissent plus.
27:28Contrairement à ce qu'on nous dit.
27:30C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
27:32je fais référence là aux études
27:34qui ont été faites, relayées d'ailleurs
27:36par Christian Girondeau dans ses écrits,
27:38les courbes
27:40montrent une décroissance
27:42de la consommation
27:44de l'ordre de 10%
27:46au cours des dix dernières années et qui continue.
27:48D'ailleurs, on l'a vu au cours de la période de grand froid.
27:50Pourquoi ? Pour deux raisons.
27:52D'abord, à cause de la baisse
27:54de l'industrie en France.
27:56Baisse d'un capital industriel.
27:58Les grands consommateurs
28:00ont, certains d'entre eux,
28:02en tout cas, disparu.
28:04Et d'autre part, à cause des optimisations
28:06de consommation, de la meilleure
28:08gestion de l'énergie.
28:10Et donc, au fond,
28:12on n'a aucune raison
28:14d'avoir besoin de capacité
28:16de production supplémentaire.
28:18Ce qui pose la question de savoir
28:20quelles ambitions avons-nous,
28:22quelles projections,
28:24quels dessins et quels investissements
28:26en matière d'énergie.
28:28En matière nucléaire d'une part,
28:30d'hydraulique d'autre part
28:32et de compléments à la fois par le renouvelable.
28:34C'est ça la question de fond
28:36qu'aujourd'hui il faut se poser.
28:38On va en parler tout de suite, mais j'ai une chose.
28:40Qu'est-ce que vous avez pensé
28:42de cette, justement,
28:44vous parlez de l'industriel, mais il y a eu
28:46depuis quelques temps, pas seulement
28:48depuis cette présidence,
28:50il y a eu quand même une sacrée vente
28:52industrielle des bijoux de famille.
28:54En France, on a eu
28:56un zèle tout à fait intéressant
28:58là-dessus et
29:00justement je voulais avoir
29:02votre opinion
29:04sur l'affaire Alstom, pour ne parler que d'elle.
29:06Malheureuse affaire.
29:08Bon, non mais
29:10j'ai commis un bouquin il y a quelques
29:12ans qui s'appelait
29:14« Les joyaux de la couronne »
29:16et je suis donc totalement d'accord avec vous
29:18sur ce sujet-là. Sur Alstom, bon
29:20je...
29:22je...
29:24C'est une affaire qui a beaucoup
29:26provoqué des réactions
29:28et notamment de l'ancien ministre
29:30de l'Industrie qui
29:32à l'époque... Arnaud Montebourg.
29:34Arnaud Montebourg, auquel je rends hommage
29:36parce qu'il a osé
29:38dire les choses à l'époque.
29:40Bon,
29:42je crois que l'histoire
29:44lui a donné raison. C'est vrai.
29:46On va parler et puis on va parler
29:48de ce qu'il faut faire aujourd'hui parce que ça c'est important.
29:50On fait
29:52l'inventaire mais où va-t-on ?
29:54Peut-être que je crois que nous avons une
29:56auditrice. L'auditrice c'est Lila qui nous appelle
29:58depuis Lyon. Bonjour Lila. Bonjour.
30:00Bonjour Lila. Bonjour André
30:02Bercoff. Bonjour.
30:04J'entends ma voix
30:06en écho, c'est normal ?
30:08Est-ce que vous avez mis le haut-parleur ? Il faut enlever le haut-parleur.
30:10Ah attendez, c'est peut-être la radio, je vais voir.
30:12Ouais, alors oui.
30:14Faites...
30:16Le haut-parleur fait écho.
30:18On vous écoute Lila.
30:20Oui Lila, on vous écoute.
30:22Ecoutez monsieur Bercoff, j'écoutais votre invité
30:24et je suis choquée de ce que j'entends.
30:26Ah bon, pourquoi ?
30:28Parce que je me dis finalement
30:30on nous a parlé
30:32de l'Europe pendant des jours et des jours
30:34et je me dis finalement
30:36ça a servi depuis toutes ces
30:38décennies, ça n'a servi qu'à ruiner
30:40la France. Tout ce que
30:42le général De Gaulle avait mis en place
30:44pour nous rendre autonomes,
30:46pour nous rendre forts, pour qu'on puisse
30:48la France puisse dire, taper
30:50sur la table quand elle n'est pas d'accord.
30:52Tout a été fait
30:54pour appauvrir
30:56la France, en vantant tout
30:58et en plus c'est des choses qui ont
31:00appartenu, qui appartiennent
31:02même aux Français, qui ont aidé à toute
31:04cette construction d'autoroutes,
31:06de centrales, en fait bref.
31:08Et je me dis, et en plus
31:10bien souvent on n'était pas bien au courant
31:12parce que je me rends compte que
31:14ceux qui achetaient de l'électricité
31:16à EDF, il y avait sûrement
31:18des sociétés
31:20françaises qui étaient
31:22prêtes à acheter
31:24très peu à EDF pour vendre
31:26plus cher. Et là on culpabilise
31:28le petit français,
31:30le français moyen,
31:32en disant oui il faut aimer son pays, il faut aider son
31:34pays et quand vous pensez qu'il y a des
31:36responsables qui n'ont rien à battre,
31:38qui en fait pensent qu'à se faire de l'argent.
31:40Et ce que je regrette, c'est quand
31:42il y a des décisions aussi importantes,
31:44pourquoi est-ce que par exemple
31:46on ne demande pas au peuple ?
31:48Ça permettrait d'avoir l'avis du peuple,
31:50qu'on dit voilà ce que l'Union Européenne nous impose,
31:52qu'est-ce que vous en pensez ? Et ça aiderait
31:54les responsables comme ce monsieur,
31:56cet invité que vous avez, qui peut-être
31:58n'est pas d'accord, et il pourrait se dire
32:00j'ai le peuple avec moi,
32:02lui aussi ne le veut pas.
32:04Merci Lila.
32:06Comment réagissez-vous Henri Poglio ?
32:08La une.
32:12Parce que quelque part,
32:14elle entend ça, elle n'est pas au courant.
32:16Non mais je ne veux pas condamner l'ensemble
32:18de la construction européenne à cet égard,
32:20mais dans le domaine de l'énergie, ça a été
32:22une catastrophe.
32:24On peut dire ça ?
32:26Oui.
32:28On voit les conséquences en Allemagne.
32:30Encore une fois,
32:32l'Allemagne qui avait décidé de se reconvertir
32:34au gaz russe était totalement dépendante du gaz russe,
32:36elle a été obligée de remettre en route
32:38toutes ses centrales à charbon,
32:40ayant échoué
32:42dans le domaine du nucléaire, ou en tout cas
32:44n'étant pas en position de force dans le domaine du nucléaire,
32:46et
32:48on ne peut pas dire que
32:50le paysage européen en matière d'énergie
32:52soit particulièrement reluisant.
32:54On ne peut pas dire que le bilan est assez,
32:56comme vous l'avez dit, catastrophique, effectivement.
32:58C'est le moins que l'on puisse dire.
33:00Ce n'est pas l'ensemble des considérations européennes.
33:02Dans ce secteur-là...
33:04En tout cas, ce qui me frappe, Henri Proglio,
33:06et ça n'engage que moi, c'est que
33:08toutes les personnes compétentes que je reçois,
33:10en général, je ne dis pas à 80%,
33:12me disent, ah oui,
33:14écoutez, je ne condamne pas
33:16la construction européenne, mais dans la matière que je connais,
33:18ce n'est pas ça.
33:20En tout cas, c'est assez majoritaire.
33:22Mais c'est un autre problème.
33:24On va marquer une dernière petite pause dans Berkhoff, dans tous ses détails.
33:26Après, on aura Claude, qui nous appelle au 0826
33:28300 300, toujours avec Henri Proglio,
33:30qui est notre invité, jusqu'à 14h.
33:32Ensuite, sur Sud Radio.
33:34Ici Sud Radio.
33:38Les Français parlent au français.
33:42Je n'aime pas la blanquette de veau.
33:44Je n'aime pas la blanquette de veau.
33:48Sud Radio Berkhoff, dans tous ses états.
33:50Avec André Berkhoff et Henri Proglio,
33:52qui est notre invité aujourd'hui, jusqu'à 14h.
33:54Et puis nous avons Claude, qui nous appelle
33:56au 0826 300 300.
33:58Bonjour Claude.
34:00Bonjour André Berkhoff.
34:02Merci pour les sujets que vous choisissez.
34:04Merci à M. Proglio d'avoir pris la parole
34:06sur le sujet de son livre.
34:08Il vient d'expliquer
34:10en quoi finalement
34:12les énergies dites renouvelables
34:14aujourd'hui, qui sont aux mains du lobby
34:16du syndicat des énergies renouvelables,
34:18c'est-à-dire l'éolien et le solaire,
34:20en quoi finalement elles perturbent
34:22et dégradent même
34:24l'efficacité et la rentabilité
34:26du système électrique en France.
34:28Alors, moi je voudrais dire,
34:30parce que je me bats contre l'éolien
34:32depuis 2007, depuis les zones
34:34de développement éolien,
34:36pour la France. Je ne dis pas qu'ailleurs
34:38en Allemagne ou n'importe où,
34:40peu importe, mais chez nous, compte tenu
34:42de la structure de la production
34:44et de l'immense quantité d'hydraulique
34:46d'ailleurs qui vient s'ajouter au nucléaire,
34:48c'est un gâchis,
34:50un gaspillage, et je pense
34:52que ce qu'il faut, c'est faire
34:54tout de suite un moratoire.
34:56Il faut arrêter le développement de l'éolien,
34:58c'est-à-dire que moi je regarde les textes
35:00des lois PPE,
35:02programmation pluriannuelle
35:04de l'énergie. Ils sont fondés
35:06sur des affirmations fausses
35:08que même la justice a du mal finalement
35:10à contrer, quand on dit par exemple
35:12qu'il faut développer
35:14tel parc éolien dans un secteur
35:16donné, parce que ça va
35:18contribuer à la réduction des gaz,
35:20de l'émission des gaz à effet de serre. C'est faux,
35:22puisque chaque fois qu'on met une éolienne,
35:24il faut mettre en plus la moitié de sa puissance
35:26en thermique, et que le jour où il n'y a pas de vent,
35:28c'est-à-dire le tiers du temps
35:30ou les trois quarts du temps,
35:32et la nuit quand il n'y a pas de solaire,
35:34tout ça c'est un gaspillage
35:36énorme. Il a donné le chiffre
35:38de 1000 milliards, c'est quand même
35:40nous qu'on paye, comme disait Coluche.
35:42C'est clair. Claude,
35:44merci. Harry Broglie au fond,
35:46est-ce qu'on peut faire aujourd'hui,
35:48c'est faisable d'après ce que vous savez,
35:50un moratoire si quelqu'un, s'il y a un pouvoir
35:52décider, un nouveau gouvernement,
35:54d'essayer de faire un moratoire sur les éoliennes.
35:56Est-ce que c'est possible pour la France, sans l'accord
35:58de l'Europe, de l'Union Européenne ?
36:00Ou pas ? A votre connaissance.
36:02Je ne sais pas répondre.
36:04La volonté politique
36:06n'a jamais existé.
36:08Au fond, on ne sait pas. Tous discutent.
36:10L'Europe,
36:12ce n'est pas une structure
36:14immatérielle.
36:16Pour le moment, elle dirige.
36:18Oui, mais
36:20regardez, l'Espagne et le Portugal sont sortis de l'Europe
36:22de l'énergie. Personne n'a jamais prétendu
36:24qu'elles étaient sorties de l'Europe.
36:26C'est vrai. On se demande pourquoi on n'a pas suivi.
36:28Ils ont pris leur destin en main.
36:30Et puis, quand on dit non, la France ne peut pas.
36:34Donc, je crois que c'est parfaitement possible.
36:36C'est parfaitement possible de dire, écoutez,
36:38on a respecté.
36:40Désormais, on reprend notre
36:42identité, parce que...
36:44Parce qu'huguer au bilan,
36:46on peut peut-être reprendre une marge de manœuvre.
36:48Justement, Henri Poglio,
36:50le PDG de Veolia que vous avez été,
36:52et le PDG d'EDF que vous avez été,
36:54au fond,
36:56aujourd'hui,
36:58laissons de côté,
37:00non pas de la politique fiction, mais
37:02parce que ce n'est pas de la fiction de ce dont on parle.
37:04Un gouvernement,
37:06aujourd'hui, qui arrive, mettons, après les élections,
37:08quels qu'ils soient, etc., encore une fois,
37:10vous dites, si on veut, on peut.
37:12Aujourd'hui, qu'est-ce qui est le plus urgent à faire
37:14à votre avis, compte tenu de la situation,
37:16les choses étant ce qu'elles sont, comme disait un général,
37:18qu'est-ce qui, pour vous, est le plus urgent
37:20à faire, aujourd'hui ?
37:22Pour moi, d'abord, la question de fond, c'est
37:24quelle est
37:26la politique énergétique voulue pour notre pays.
37:28Parce que l'énergie,
37:30c'est une industrie du temps long.
37:32Il faut investir sur des durées
37:34très très longues.
37:36Entre
37:3850 et 100 ans.
37:40100 ans pour un réseau,
37:42100 ans pour un barrage...
37:44Une prison de 50 et 100 ans.
37:46Donc, ça implique
37:48une vision à long terme,
37:50des investissements à long terme,
37:52et une structure de pensée
37:54qui ne soit pas
37:56fluctuante en fonction des évolutions,
37:58je dirais...
38:00Non.
38:02C'est ce qu'a fait la force de la France.
38:04Quand, en 1946,
38:06ce pari insensé a été lancé par le gouvernement
38:08de l'époque,
38:10qui était de dire, au fond, nous prenons le pari
38:12de donner à la France son indépendance énergétique,
38:14la compétitivité du territoire
38:16en matière d'énergie électrique,
38:18et on invente le service
38:20public de l'électricité, c'est-à-dire l'illégalité
38:22de tous de vendre l'électricité
38:24le même prix pour tout le monde, quel que soit le lieu
38:26sur le territoire, quelle que soit
38:28la condition sociale,
38:30c'était un pari
38:32rigoureusement insensé, auquel
38:34le pays a été
38:36capable de répondre.
38:38Puisqu'au début du XXIème siècle,
38:40on était exportateur,
38:42nous avions l'énergie la moins chère d'Europe,
38:44nous avions un contrat de service public qui faisait référence
38:46dans le monde entier, qui aujourd'hui est considéré
38:48comme, dès qu'on parle de service public,
38:50c'est un gros mot. Donc,
38:52on avait remporté un quatrième défi auquel nous n'étions
38:54pas confrontés, qui est celui
38:56des émissions de gaz à effet de serre, puisque personne n'en parlait
38:58en 1946, et que grâce
39:00à ce qui fait la force
39:02dans les comparaisons internationales de la France
39:04en matière de gaz à effet de serre, c'est
39:06l'électricité.
39:08Et nous sommes à moins 1%
39:10de l'émission de CO2.
39:121% des émissions mondiales.
39:14Voilà, des émissions mondiales.
39:16Et la transition énergétique, puisqu'on
39:18parle de transition énergétique tous les jours sans savoir
39:20de quoi on parle. Pour moi, parler de transition,
39:22ça voudrait dire savoir où est le point de départ
39:24ou le point d'arrivée. Le point de départ, on le savait,
39:26il était parfait, le point d'arrivée...
39:28Oui, ça...
39:30Et on consacre, d'après le Premier ministre
39:32sortant, 50 milliards par an
39:34à la transition énergétique.
39:36Posons-nous une seconde
39:38pour savoir à quoi ça sert.
39:40Vous voulez dire, on ne sait pas où on va, mais on y va.
39:42On ne sait pas où on va, mais on y va en dépensant 50 milliards.
39:44C'est ça. Chaque année.
39:46Donc, au fond, la question que je pose, c'est
39:48y a-t-il ou pas une vision ?
39:50Y a-t-il ou pas une volonté ?
39:52Je pense qu'une France qui dirait,
39:54je crois au nucléaire, mais vraiment,
39:56aurait comme priorité absolue
39:58l'extension de la durée de vie
40:00des centrales actuelles. On peut
40:02gagner 30 ans, entre 20 et 30 ans.
40:04Ça coûtera
40:061 milliard par réacteur, pour
40:0857 réacteurs, vous voyez, ça fait...
40:10Alors qu'il y en a un qui est à peine connecteur réseau.
40:12On peut gagner 30 ans, pas de problème.
40:14Et donc, c'est un investissement ultra-rentable
40:16qui va faire baisser
40:18le prix de l'énergie encore en dessous de ce qu'il était
40:20il y a 10 ans. D'accord ?
40:22Deuxièmement,
40:24on peut augmenter un peu la part d'hydraulique.
40:26On a des capacités
40:28de passer de 12 à 15%
40:30la part de l'hydraulique en France.
40:32Et, on aura,
40:34encore une fois, la capacité énergétique
40:36et le reste, c'est-à-dire
40:38le marginal, les pointes,
40:40on peut les assumer, soit avec un peu
40:42de renouvelable, à condition de pouvoir le stocker,
40:44ce qui, aujourd'hui, est difficile,
40:46soit, on le faisait autrefois avec
40:48du thermique,
40:50mais c'est très marginal, du thermique
40:52à flammes, mais
40:54avec du charbon ultra-propre.
40:56C'est totalement marginal.
40:58C'est faisable. Mais ça implique
41:00quoi ? Qu'on ait une vraie volonté
41:02de garder notre expertise nucléaire.
41:04Ça veut dire de recommencer
41:06à investir dans
41:08la recherche et le développement.
41:10Ça ne se fait pas en ce moment.
41:12Ça n'a pas commencé, non.
41:14Aujourd'hui, à l'heure où on parle,
41:16on a beaucoup baissé nos recherches.
41:18Du jour où,
41:20sous,
41:22je dirais,
41:24le gouvernement,
41:26j'espère,
41:28a commencé par mettre un coup d'arrêt
41:30à Superphénix, donc,
41:32au nucléaire de demain.
41:34Merci Dominique Voynet.
41:36Merci Dominique Voynet.
41:38Un remerciement éternel.
41:40Qui, au fond,
41:42était la manière de transformer
41:44en combustible
41:46le combustible usagé.
41:48C'est-à-dire, au fond, de donner au nucléaire
41:50la capacité de régler
41:52le problème des déchets et d'avoir...
41:54Donc ça,
41:56ça a été arrêté.
41:58Donc il faut...
42:00Oui, ça a été arrêté.
42:02Donc il faut réinvestir
42:04le domaine du nucléaire avec
42:06un effort supplémentaire en matière de recherche
42:08et de développement, de technologie.
42:10Il faut évidemment
42:12concevoir un nouveau réacteur,
42:14beaucoup plus pertinent que les réacteurs existants aujourd'hui,
42:16pour redonner à la France
42:18à la fois sa capacité d'exportation
42:20et sa capacité de développement du nouveau nucléaire.
42:22Et puis,
42:24parce que nous nous héritons
42:26d'une situation
42:28qui est que l'industrie
42:30nucléaire, enfin en tout cas
42:32la filière industrielle française
42:34dans le domaine du nucléaire,
42:36ne peut pas se contenter de la rénovation, de la modernisation
42:38des réacteurs existants.
42:40Elle a été
42:42conçue pour être beaucoup plus puissante que ça,
42:44pour participer au développement du nouveau nucléaire.
42:46Eh bien, j'avais imaginé
42:48à l'époque, quand j'étais en fonction,
42:50une coopération avec les Chinois
42:52qui, eux, construisent 11 réacteurs
42:54chaque année, et avec les Russes
42:56qui en construisent pratiquement autant, mais à l'international,
42:58pour que
43:00l'industrie française participe
43:02au nouveau nucléaire à l'international.
43:04Bon,
43:06ça mérite probablement
43:08une analyse complémentaire. Je ne dis pas que
43:10j'avais raison,
43:12mais en tout cas, il faut une réflexion
43:14qui associe
43:16non seulement la problématique de l'énergie
43:18française, mais la problématique
43:20de l'industrie nucléaire française
43:22dans cette perspective volontaire.
43:24De l'améliorer, de la moderniser, d'innover...
43:26Est-ce qu'on a une vraie volonté ou pas ?
43:28Et ça, ça me paraît essentiel.
43:30Donc c'est la première étape. Première étape,
43:32prendre une décision forte sur le nucléaire
43:34et sur son avenir.
43:36Deuxième étape,
43:38statuer sur le sort
43:40de l'hydraulique, et pas uniquement
43:42sur la mise à nappé d'offres, là où il faut enterrer carrément
43:44le dossier, mais sur les perspectives
43:46de l'hydraulique.
43:48Et on peut participer au développement
43:50de l'hydraulique à l'international, dont on avait
43:52de mon temps inauguré un barrage à Namtoun
43:54au Laos qui a été une référence mondiale
43:56absolue. Et donc,
43:58voilà ce qu'était EDF. Repenser
44:02à la société
44:04intégrée qu'était notre entreprise
44:06électrique française à l'époque
44:08plutôt qu'à la désintégrée
44:10comme ça a été fait entre temps.
44:12Il y a beaucoup de choses à faire.
44:14En fait, Harry Poglio, vous me faites penser
44:16à cette phrase, je la paraphrase
44:18un peu, de Jacques Chirac
44:20à qui on demandait,
44:22il dit, vous savez, l'opération chirurgicale
44:24la plus urgente en France,
44:26c'est la greffe de moelle épinière.
44:28Et il disait, oui, mais où sont
44:30les donneurs ? Où est la volonté ?
44:32Merci, en tout cas.
44:34Merci. J'aurais un mot, tout simplement,
44:36avant de finir, pour Pierre Rabot, qui a été mon complice
44:38dans la rédaction de ce travail,
44:40et que je remercie beaucoup.
44:42Et puis, pour les collaborateurs d'EDF
44:44qui méritent le respect
44:46de leurs compatriotes,
44:48parce qu'ils ont défendu une formidable entreprise
44:50et ils continuent.
44:52Et lisez l'étrange débâcle.
44:54Aux éditions Michel Lafond, merci.
44:56Merci beaucoup. Harry Poglio d'avoir été avec nous.
44:58On se retrouve demain, entre midi et 14h.
45:00Tout de suite, c'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio. A demain.