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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Je suis Marine Hilario, journaliste
00:17à l'étudiant et aujourd'hui, nous allons corriger ensemble l'épreuve de français
00:21du bac pour la voie technologique qui a eu lieu ce jeudi 15 juin. Et pour cela, j'accueille
00:27Valentin Grimaud. Bonjour. Vous êtes professeur au lycée Frédéric Joliot-Curie à Damary-l'Élyse.
00:32Voyons ensemble un petit peu les sujets qui étaient proposés. Il y avait au choix un
00:38commentaire sur un texte de Théophile Gautier « La morte amoureuse » et sinon une contraction
00:47à faire avec un essai, au choix, sur Gargantua de Rabelais, « Les caractères de la brouillère
00:55» ou encore « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » d'Olympe
00:58de Gouges. Alors, selon vous déjà, pour commencer, est-ce qu'il y avait un peu des
01:02pièges ou des choses, des difficultés à noter dans ces différents sujets ? Je ne
01:08trouve pas. Je trouve que les textes de contraction étaient plutôt aisés à comprendre et que
01:17la question de l'essai était facile également à comprendre et à contredire et qu'il y
01:25avait bien un lien avec ce qui avait été travaillé dans l'année autour des parcours.
01:29Pour le texte du commentaire, c'est un texte plutôt facile de compréhension, même s'il
01:35a pu étonner, peut-être. Oui, vous le disiez tout à l'heure. Alors, c'est tiré de
01:40la littérature fantastique, ce qui n'est pas commun, en fait. Alors, je ne sais pas
01:44si ça n'est pas commun parce qu'il y a beaucoup de textes fantastiques, mais c'est
01:47vrai qu'on ne s'y attend peut-être pas forcément. Et c'est peut-être un choix
01:51de texte pertinent pour des technologiques, ça les aura peut-être plus accrochés, d'avoir
01:57un texte sur la figure du vampire qu'on croit parfois très contemporaine, mais qui
02:02est développé depuis surtout le 18e siècle. Donc, dans ce texte, un extrait de « La
02:10porte amoureuse », on voit bien la fascination pour une créature séduisante, attirante
02:17et qui est un texte qui montre une vampire en train de mettre en place un stratagème
02:25pour se nourrir d'un homme qu'elle aime, pour se nourrir de sang. Cet homme met en
02:30place lui-même une ruse pour l'observer en train de lui prendre du sang.
02:35Sans qu'elle le sache, quoi. Sans qu'elle le sache. Donc, ça commence
02:38par l'observation par un miroir, puis ensuite le fait de ne pas absorber le somnifère
02:43qu'elle essaye de lui faire boire, et puis ensuite de regarder passivement la scène
02:48où elle va venir boire un peu de son sang avant de refermer la plaie. Donc, c'est
02:53un texte qui est quand même plutôt accrocheur, je pense, et pas trop long. Donc, j'imagine
02:59qu'il n'a peut-être pas posé de difficultés. Alors, en technologique, on propose des pistes
03:05aux élèves. Donc, les pistes étaient une scène de ruse et de révélation et un
03:10amour tragique. Donc, pour la première piste, en effet, je pense qu'on peut montrer que
03:15dans ce texte, il y a diverses ruses qui vont jusqu'à la révélation. Donc, le personnage
03:22principal se transforme en spectateur lucide et non pas en spectateur aveuglé ou endormi
03:30qui va pouvoir, en feignant la passivité, regarder la vampire se nourrir de lui. Donc,
03:36il y a bien des jeux de regards presque voyeuristes à des moments. Il y a bien un aspect de ruse.
03:43On voit les termes perfide, fainé, le dos tourné. Donc, il y a des cachotteries, il
03:49y a des plans mis en place et donc du suspense, ce qu'on pourrait montrer dans cette première
03:55partie, et la révélation qui pour nous est déjà faite puisque dans le paratexte, on
03:59nous apprend que c'est un personnage vampire. La révélation se fait pour le personnage
04:04à ce moment-là, c'est-à-dire que quand il voit la femme se nourrir de lui, il comprend
04:11que c'est bien une vampire. Donc, il y a bien des révélations aussi dans ce texte.
04:17Mais d'un autre côté, on pouvait montrer qu'il s'agit aussi d'un amour tragique.
04:21Alors, peut-être ce qu'oublient ces pistes, c'est que le texte est quand même très
04:26sensuel. En effet, c'est une scène nocturne dans une chambre. Le vampire est en robe de
04:34nuit. C'est une femme sensuelle qui parle à voix basse, qui est recouverte de voile.
04:39Et c'est une scène aussi d'hypnose. C'est un texte aussi précieux. La vampire s'y
04:43prend avec précaution. Elle est plutôt lyrique dans ses paroles. Elle utilise une épingle
04:48d'or, une aiguille. Donc, il y a une préciosité, je trouve, dans le texte, dans cette scène
04:54très sensuelle.
04:55Mais est-ce que, du coup, cet aspect-là, justement, n'implique pas après la tragédie
04:59finalement ? Justement, ce côté très précieux, très... Pour finalement...
05:03Alors, la tragédie, je pense, vient du fait que le personnage est déjà mort, le vampire,
05:09et donc que c'est un amour qui ne pourra pas avoir lieu normalement. Donc, il y a une
05:14sorte d'issue tragique inévitable. Et ce que montre peut-être le sang dans le texte.
05:22En effet, il y a boire le sang, mais au début, il y a ce vin, cette coupe de vin qui est
05:26presque biblique, christique, où il y a l'idée peut-être dans le sang de la vie qui va s'écouler
05:32du personnage. Et donc, quand le vampire prend de la vie à celui qu'elle aime, elle le
05:37condamne aussi peut-être à la mort. C'est pour ça qu'elle s'y prend très lentement
05:41et qu'elle a la crainte de l'épuiser. Donc, elle a la crainte de le tuer. Voilà peut-être
05:46ce qu'on aurait pu dire pour un amour tragique.
05:49Merci beaucoup pour toutes ces explications. On peut passer peut-être maintenant à la
05:52contraction et l'essai. Et justement, est-ce que très rapidement, on peut rappeler en
05:56quoi consiste justement l'exercice de contraction ?
05:58Alors, la contraction a pour but de réduire un texte au quart. Donc, il faut prendre,
06:07imaginons le premier 800 mots, il faut produire un texte en 200 mots. Une fois qu'on a enlevé
06:11le superflu, que ce soit les énumérations, que ce soit les exemples, et qu'on a parfois
06:17fusionné certaines parties qui se répètent, il faut reformuler tous les mots. Donc, le
06:22texte produit doit être lexicalement différent et doit être une version réduite du texte
06:27d'origine. Voilà pour la contraction.
06:29Alors, qu'est-ce que, par exemple, pour le premier texte, qu'est-ce qu'il fallait
06:34comprendre pour justement en sortir vraiment la substance réduite, on va dire ?
06:39Alors, les textes à contracter sont souvent longs. Donc, il ne faut pas que les élèves
06:44se fatiguent à le comprendre ou perdent le fil. Donc, il fallait bien comprendre dans
06:49ce texte de Philippe Mérieux, qui est un texte presque pamphlétaire, qui interroge
06:55sur l'éducation des jeunes. Donc, comment est-ce qu'on les fait réfléchir ? Et face
07:01à une situation très concrète du quotidien, qui est ce que les algorithmes nous proposent
07:06sur Internet, comment est-ce que, face à cette perte de libre arbitre, cette perte
07:10de choix, comment est-ce qu'on peut encore éduquer nos jeunes à sortir de positions,
07:16sortir d'idées qu'ils auraient déjà ? En fait, ce texte pose la question de l'ouverture
07:21d'esprit. Donc, comment est-ce que l'ouverture d'esprit permet l'émancipation ? Donc, face
07:28au confort de démarches sur Internet qui sont automatiques, qui sont rapides, comment
07:32est-ce qu'il faudrait retrouver le goût de l'effort pour sortir de positions qu'on
07:38a déjà ? En effet, l'auteur pense qu'on serait, sans cette ouverture d'esprit, des
07:45victimes d'un système commercial qui veut nous vendre des choses. Donc, il faudrait,
07:50ce qui est parfois une posture difficile, accepter de douter, accepter de se mettre
07:55en danger intellectuellement et de sortir de ces certitudes, ce qui est parfois difficile
07:59et ce qui crée, comme le dit le texte, parfois un sentiment d'être agressé. On pourrait
08:03croire, quand on se raccroche à ce qu'on croit être vrai, peut-être qu'on devient
08:09agressif quand on essaie de nous faire sortir de nos certitudes. Donc, normalement, la posture
08:16idéale serait celle de, plus on sait, en fait, plus on devrait mettre en doute ce
08:21qu'on sait. Donc, ce qui nous amène au sujet de l'essai, la bonne éducation est-elle
08:28celle qui apprend à douter, à remettre en question ses certitudes ? Il est évident
08:32que oui. Donc, il faudrait développer ce oui et dire qu'en fait, ce qui garantit la
08:39bonne santé intellectuelle d'une éducation, c'est sa capacité à remettre en cause ses
08:45acquis. Mais, je pense qu'il faudrait tout de même commencer par l'idée qu'une éducation
08:50basée que sur la remise en cause serait donc vide et qu'on a quand même besoin de savoir
08:55solide et de certitude. Par exemple, dans Rabelais, on a besoin de certitude sur l'hygiène.
09:02Il y a quand même une part de savoir qui est considérée peut-être comme difficilement à
09:08remettre en cause. Donc, il faudrait peut-être bâtir un édifice, une éducation solide, mais
09:16peut-être que la maturité de cette éducation, ce serait d'arriver à remettre en cause des savoirs
09:21pour peut-être les faire évoluer ou peut-être les changer. Voilà ce qui est le cas, par exemple,
09:26des sophistes dans l'œuvre de Rabelais. Ce sont des personnes qui sont incapables de remettre en
09:30cause leur savoir et donc des personnes qui s'enferment intellectuellement.
09:33Et alors, pour ce deuxième texte, les caractères de la brouillère, pareil,
09:41qu'est-ce qu'il fallait en extraire pour la contraction notamment ?
09:45Alors, le texte choisi pour la contraction en lien avec les caractères de la brouillère
09:49est un article d'une encyclopédie, donc un texte encyclopédique, didactique,
09:54qui veut vous apprendre des choses, qui donne donc des définitions de ce qu'est la physiognomonie
09:59et aussi un aperçu historique de la notion dans les pratiques artistiques.
10:03Alors, la physiognomonie est le fait de déchiffrer une apparence physique en en tirant des
10:10caractéristiques psychologiques, donc c'est l'idée qu'un visage pourrait refléter l'âme d'une personne.
10:16Alors, c'est très utile pour les romanciers, par exemple, quand Balzac nous décrit un visage,
10:22il veut peut-être derrière nous donner une certaine idée de la psychologie du personnage,
10:29mais dans la vie de tous les jours, c'est une idée qui est quand même dangereuse,
10:32et comme nous dit le texte, c'est ce qui a donné des dérives racistes, donc qui justifierait,
10:39par le physique, de croire certaines ethnies moins intelligentes, donc ça a justifié ce type de thèse.
10:47Donc, la physiognomonie est remise dans son contexte historique, dans son contexte
10:55intellectuel et dans son contexte artistique. Donc, Anne-Marie Lecoq nous développe beaucoup
11:00d'exemples de peintres, mais aussi de penseurs des 17e et 18e siècles.
11:07Donc, si on en vient au sujet de l'essai, qui est en lien avec la brouillère,
11:12pour connaître la nature humaine, peut-on se contenter de portraits physiques ?
11:17En effet, dans le livre de l'homme, des caractères de la brouillère, on s'attache à essayer de définir
11:25ce que serait l'anthropologie, qui passe parfois peut-être par des portraits physiques, mais aussi
11:29par des portraits d'autres types. Donc oui, peut-être, on peut commencer, même si, bien sûr,
11:34ce n'est pas évident, on peut commencer par dire que le portrait physique peut aider à connaître
11:38la nature humaine. Peut-être qu'en décrivant physiquement, on peut s'attacher au mode,
11:43et peut-être voir l'inconstance de l'homme qui changera toujours, qui est toujours relatif dans
11:48ses goûts. Peut-être qu'on peut s'interroger sur le cas du peintre. Est-ce que le peintre arrive à
11:55saisir l'âme d'une personne ? Parfois, on dit « ah, mais c'est tout lui » ou « c'est tout elle »
12:01dans ce tableau. Ici, ce serait une image physique qui peut-être aura donné un aperçu de la nature
12:08de cette personne, mais peut-être pas de la nature humaine tout entière. Mais il y aurait peut-être
12:13d'autres types de portraits qui peuvent aider à mieux connaître la nature humaine. Donc, en allant
12:18au-delà des apparences physiques, peut-être que le portrait moral, la description morale,
12:23psychologique d'une personne aiderait mieux à comprendre la nature humaine. Peut-être aussi
12:28qu'en donnant à entendre les personnes, donc en les montrant dans des situations, ce qui est le cas
12:33de certains portraits de la brouillère, qui montrent des personnages en action et qui ne sont pas des
12:38portraits moraux, peut-être qu'on comprend mieux la nature humaine. C'est aussi ce que fait Molière
12:43avec des personnages qu'il nous montre en action pour mieux comprendre la nature humaine tout entière.
12:49Donc ça, ce qui est plutôt l'esthétique du classicisme. Voilà, donc je pense qu'il fallait
12:54aller dans le sens du sujet. On peut se contenter de portraits physiques, mais dire que c'est quand
12:59même très difficile et que comprendre la nature humaine doit passer peut-être par une multiplicité
13:04de portraits. Et alors, un troisième sujet possible avec une contraction de textes, d'un texte d'Isabelle
13:14Gras et pourtant elle créée. Alors, qu'est-ce qu'on pouvait tirer de ce texte ? Or, cette fois-ci, un texte
13:22qui est en lien avec la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de l'homme de Gouges,
13:25c'est un débat un peu historique sur la femme et la femme qui crée, la femme artiste, la femme
13:33intellectuelle. En effet, le génie féminin n'existe-t-il pas ou alors n'a-t-il jamais eu,
13:40ou en tout cas que récemment, les circonstances pour se développer sa place dans la société et
13:46aussi la capacité matérielle de développer son génie, ce qui est le cas des hommes. Donc Isabelle
13:51Gras remet en perspective tous ces débats-là et questionne aussi peut-être le rôle des hommes
13:56dans ce musellement des femmes et des femmes génies. Donc elle parle d'un plafond de verre,
14:03elle parle d'une société patriarcale qui peut-être aurait empêché les femmes d'accéder au statut de
14:09génie. Donc l'homme est le créateur mais la femme n'est passivement peut-être que la muse. Donc elle
14:16détaille cette pensée-là avant de donner des exemples, dès le 19e siècle, de femmes artistes
14:23qui se sont émancipées de ce cadre, d'abord peut-être sous pseudonyme, justement en se faisant
14:29passer pour des hommes, mais aussi après des femmes qui, en tant que femmes, ont proposé des
14:35oeuvres importantes. Et en finissant donc sur le 20e siècle avec des romancières importantes,
14:39Colette, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, et en montrant qu'aujourd'hui peut-être il y a
14:46une meilleure reconnaissance des talents féminins. Ce qui enchaîne donc avec l'essai, selon vous,
14:53écrire suffit-il à rendre visible celles et ceux qui ne le sont pas ? Là encore, c'est un sujet où
14:59la réponse est plutôt évidente. Oui, écrire peut aider à donner de la reconnaissance, mais peut-être
15:06qu'écrire ne suffit pas. Quand ils disent celles et ceux qui ne le sont pas, du coup ça n'enferme
15:11plus simplement au genre féminin, on peut aller au-delà des femmes. Oui, plutôt que de rester
15:18donc sur le texte de l'homme de gauche, qui nous sera très utile dans cet essai, et sur ce texte
15:22qui est lui aussi en lien avec les femmes, on nous rappelle aussi implicitement par ce sujet que le
15:28parcours s'appelle écrire et combattre pour l'égalité en général, pas que l'égalité
15:33homme-femme. Donc on pourrait commencer par dire qu'écrire peut aider, et rappeler de grands
15:39auteurs, autrices comme Victor Hugo, Georges de Sand, Zola, qui ont donné la parole dans leurs
15:44œuvres à des personnes qui d'habitude ne sont pas visibles, et donc ont participé à une exposition,
15:50à faire connaître des personnes moins privilégiées. Mais il faudrait aussi peut-être nuancer en disant
15:57qu'écrire ne suffit peut-être pas, qu'il faut peut-être aussi s'engager, qu'il faut peut-être
16:02prendre la parole publiquement, qu'il faut peut-être participer à la vie politique, ce qui était le
16:06cas d'Olympe de Gouges, dont les écrits finalement n'ont eu qu'une reconnaissance tardive, mais qui,
16:11à son époque, a essayé de participer à la vie politique. Donc je pense qu'il faut une réponse
16:18nuancée en disant que l'écriture est un moyen pour donner la parole et pour faire accéder à
16:23une reconnaissance, mais que ce n'est pas le seul moyen et que peut-être il faut le combiner avec
16:27d'autres. Une petite dernière question, si vous aviez eu le choix, vous auriez choisi lequel de
16:33ces trois textes ? Alors moi j'aurais plutôt pris le commentaire je pense, mais sinon si j'avais
16:43le choix, si j'avais développé, peut-être le texte d'Attaché à Gargantua, parce qu'il met les
16:51élèves dans une situation concrète, qui est celle des algorithmes sur internet, et les questionne
16:57donc eux-mêmes sur leur propre marge de liberté. Le fait que ce soit un sujet presque d'actualité.
17:03Oui, alors que c'est le texte le plus ancien du corpus, qui est celui du XVIe siècle de
17:11Rabelais. Écoutez, merci beaucoup en tout cas Valentin pour tous ces éléments. Je vous rappelle
17:16que le corrigé écrit de l'épreuve de français est disponible sur le site de l'étudiant.fr.
17:21Merci à tous de nous avoir suivis et je vous dis à très bientôt dans une nouvelle vidéo.