La classe politique s'indigne après les faits à Courbevoie, près de Paris : trois garçons de 12 et 13 ans sont mis en examen, une jeune fille du même âge les accuse et explique avoir été violée, menacée de mort et traitée de sale juive. Emmanuel Macron demande "un temps d'échange" dans les écoles sur le racisme et l'antisémitisme. Est-il nécessaire ? Écoutez le débat entre Valérie Trierweiller, journaliste à "L'Hémicycle", Carl Meuss, rédacteur en chef au "Figaro Magazine", et Xavier Couture, consultant et ancien dirigeant de médias.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 19 juin 2024
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00:00Les grands débats maintenant de la deuxième heure à 19h17, J-11, avant les législatives.
00:11Le destin du pays se joue et on en discute avec le trio en studio ce soir.
00:15Valérie Trierweller, journaliste à l'hémicycle, bonsoir.
00:18Karl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine, bonsoir.
00:21Xavier Couture, consultant, ancien dirigeant de médias, bonsoir.
00:24Premier grand débat ce soir, Emmanuel Macron demande un temps d'échange dans les écoles
00:29sur le racisme et l'antisémitisme, on en a beaucoup parlé depuis 18h, est-ce que ce
00:33temps est nécessaire ? Comment le mettre en place ?
00:35La classe politique s'indigne après l'effet de courbe-voix près de Paris, trois garçons
00:40de 12 et 13 ans sont mis en examen, une jeune fille du même âge les accuse, elle explique
00:44avoir été violée, menacée de mort et traitée de salle juive.
00:47Jean-Luc Mélenchon se dit horrifié, dénonce le racisme antisémite, Marine Le Pen le cible
00:53et dénonce une stigmatisation des juifs depuis des mois par l'extrême gauche.
00:56Dans ce contexte, un temps d'échange doit être organisé dans les prochains jours,
01:00écoutez la réaction de Sophie Vénétité, elle est représentante du syndicat de profs
01:04SNES-FSU.
01:05Il faut quand même rappeler qu'on n'a pas attendu le 19 juin Emmanuel Macron pour
01:09commencer à travailler sur la lutte contre l'antisémitisme avec nos élèves, on s'aperçoit
01:13justement que ça demande du temps, ça demande plusieurs séances pour déconstruire les
01:17préjugés, pour transmettre des connaissances aux élèves, tout ça ne se fait pas d'un
01:22claquement de doigts.
01:23On ne peut pas improviser comme ça des séquences pédagogiques qui demandent quand même à
01:27être travaillées, préparées pour qu'elles soient vraiment efficaces.
01:30Autour de la table, votre regard sur cette annonce d'Emmanuel Macron qui surprend visiblement
01:35le corps enseignant, Valérie Trevelaer, ce temps d'échange, est-ce qu'il est nécessaire,
01:40est-ce que c'est le bon moment, le bon timing aussi alors qu'on est en pleine campagne
01:43et juste après qu'on est encore dans l'émotion du fait d'hiver ?
01:45Oui, je pense qu'il est totalement nécessaire, mais effectivement, ça n'est pas du tout
01:49le bon timing.
01:50On est dans une période d'hystérisation totale de la vie politique et de tout le pays
01:56même, puisqu'il y a tellement de haine dans tous les sens.
01:58C'est une campagne qui est extrêmement stressante pour tout le monde, pour les citoyens, pour
02:04nous journalistes, toutes ces invectives de chaque côté.
02:08Et je pense qu'il faut, là, ce fait d'hiver, il est terrible et moi toutes mes pensées
02:12vont à cette jeune fille qui a vécu le pire des traumatismes, un double traumatisme parce
02:17qu'il y a à la fois un viol terrible à 12 ans, plus ces insultes inacceptables.
02:23Mais je pense qu'il faut que les hommes politiques arrêtent de galvoter des mots qui sont graves,
02:29le mot d'antisémitisme et le mot de racisme.
02:32Ce sont des mots qui relèvent du délit d'après la loi du 13 juillet 1990.
02:36Donc, si des hommes politiques sont suspectés d'antisémitisme ou de racisme, qu'ils soient
02:41poursuivis par la loi, qu'on porte plainte contre eux et la justice tranchera, mais qu'on
02:46arrête de dire un tel est antisémite, s'il n'y a pas plus de preuves que ça, enfin pas
02:50plus d'éléments en tout cas.
02:51Je trouve que tout ça contribue à un débat extrêmement confus où tout le monde s'insulte
02:57de tous les côtés et des gamins, parce qu'à 12 ans on est un gamin, reprennent ce genre
03:02d'arguments et c'est vraiment affolant.
03:05Ce temps d'échange à l'école, Xavier Couture, qu'est-ce que vous en pensez ?
03:09C'est non pas un temps d'échange à l'école qu'il faut prévoir, c'est une éducation
03:16à la vie en société qu'il faut prévoir, et pas sur une réaction immédiate, mais
03:22sur une longue période.
03:23Ce qui me frappe, je vais prolonger ce que vient de dire Valéry, il y a, dès lors qu'un
03:29fait divers occupe la Une, il y a une espèce de réaction, une réaction qui est une réaction
03:36de réseau social.
03:37C'est comme si on était dans le like-unlike, c'est-à-dire il faut cliquer quelque chose,
03:42et donc on est dans un drame.
03:44C'est intéressant ce que vous dites, parce que tous les dirigeants politiques dont on
03:47parle là, ont réagi sur effectivement Twitter.
03:50Oui bien sûr, on vit quoi ? On vit une situation qui est dramatique, tragique, horrible.
03:56Je ne sais pas quelle est la motivation, quel est le degré d'intoxication de ces gamins,
04:01qu'est-ce que ça veut dire pour eux l'antisémitisme, est-ce qu'ils mélangent ce qu'ils ont vu,
04:06les images de Gaza ou pas, ou simplement ont-ils envie de vieillir une fille et de trouver
04:11une raison qui n'a aucun sens, mais qui malgré tout, dans leur bouche, utilise un
04:18mot qui est un mot atroce, sale juive.
04:21Ce mot-là, on en fait dès lors qu'on est un adulte, responsable, politique, une réaction
04:26immédiate.
04:27Je pense qu'il y a une inconscience ou une folie de ces gamins, il y a une folie encore
04:32plus grande d'en faire une exploitation politique immédiate.
04:36L'instantanéité de la réaction sur des sujets aussi graves me paraît aussi grave
04:41que le fait lui-même.
04:42Et je pense que pour terminer, je répète, oui à l'école l'antiracisme, oui à l'école
04:48l'antisémitisme doivent être mis comme une matière à étudier, mais ça s'arrête là.
04:55Arrêtons l'exploitation immédiate.
04:57Pour rebondir sur vos propos, est-ce que cette matière est vraiment étudiée aujourd'hui ?
05:00On en a discuté il y a une heure avec notre invité Yanis Roder, prof d'histoire Géo,
05:05directeur de l'Observatoire de la laïcité à la Fondation Jean Jaurès, et quant à
05:08l'enseignement de la choix au collège, il nous disait ceci, écoutez-le.
05:12C'est deux heures, bien sûr.
05:14Deux heures pour quelles classes ?
05:15Pour les troisième.
05:16Sur une année ?
05:17Sur une année, bien sûr.
05:18Et les aires urbaines, c'est huit à dix heures.
05:21Donc, vous voyez, le problème c'est le sens des priorités.
05:2418% des jeunes de 18 à 24 ans ne savent pas aujourd'hui ce qu'est la choix.
05:29D'après une étude qui a été menée il y a quelques mois, Karl Meus, ça veut dire
05:31qu'il faut peut-être aussi revoir les programmes au-delà d'un temps d'échange peut-être
05:35nécessaire dans les écoles dans les prochains jours ?
05:37Bien sûr.
05:38Il faut, un, revoir les programmes, passer plus de temps, mais sur l'ensemble du territoire
05:43français.
05:44Parce qu'on le sait bien, il y a des professeurs qui le disent, ils ne peuvent pas faire étudier
05:48la choix dans des classes.
05:49Même le conflit israélo-paissinien…
05:50On en parlait avec Yanis Roder qui est prof en Seine-Saint-Denis depuis 25 ans.
05:54Voilà.
05:55Il y a des choses qu'on ne peut plus enseigner, c'est un vrai problème.
05:57Ça demande un bagage, en tout cas.
05:58C'est ce qu'il nous expliquait, ce n'est pas donné à tous les profs et notamment
06:01aux jeunes profs.
06:02Exactement.
06:03Et ça demande aussi un soutien de la hiérarchie, de l'ensemble de l'établissement.
06:08Parce que si vous commencez à le faire et qu'il y a un problème, il ne faut pas tout
06:11de suite reculer.
06:12Il faut insister.
06:13Après, pour répondre à Xavier Couture, malheureusement on est en campagne électorale et vous ne
06:18pouvez pas demander à un homme politique de ne pas réagir à une actualité sûre au
06:23moment où il est en campagne électorale.
06:24Si je lui demande.
06:25Oui.
06:26Vous pouvez lui demander.
06:27Et moi je voudrais.
06:29Bien sûr.
06:30Et moi je voudrais ajouter que s'il ne le fait pas, il va être taxé d'antisémitisme.
06:33S'il ne réagit pas à un crime, parce que le viol est un crime, et à cette attaque
06:39antisémite, s'il ne réagit pas, il va être lui-même taxé de.
06:42Moi je n'ai pas dit ça contre la réaction.
06:45C'est une horreur, c'est une épouvante.
06:47D'accord.
06:48Ce que moi je dénonce, c'est « et maintenant on va créer un temps d'échange à l'école
06:53». C'est-à-dire quelque chose qui est totalement conjoncturel sur un sujet qui est
06:57extrêmement grave.
06:58Je vais vous lire une citation, ça va prendre dix secondes.
07:00C'est Émile Zola.
07:02« Des jeunes gens antisémites, ça existe donc cela ? Il y a donc des cerveaux neufs,
07:07des âmes neuves que cet imbécile poison a déjà déséquilibré ? » Quelle tristesse,
07:11quelle inquiétude pour le XXe siècle qui va s'ouvrir.
07:14C'est le XXIe qui s'est ouvert, on en est toujours là.
07:16Si on n'est pas capable, à l'école, de faire entrer cette éducation, c'est une
07:21éducation qui n'est pas…
07:22Évidemment si on dit la Shoah, si on dit l'antisémitisme au sens où aujourd'hui,
07:26il y a des âmes qui sont peut-être heurtées par le conflit palestinien, il y a une association
07:31entre « non, vous n'avez pas le droit » et « moi, je suis musulman », tout ça
07:34est vrai.
07:35Mais essayons, à l'école, contre tout rejet de l'autre, de créer un véritable
07:42enseignement.
07:43Toute forme de racisme, dont l'antisémitisme fait partie, et ne faisant pas de l'antisémitisme
07:47un enjeu politique, mais un vrai enjeu de société.
07:50C'est trop tard malheureusement.
07:51C'est peut-être trop tard, mais c'est aussi un enjeu politique parce qu'on a vu
07:54à quel point la campagne des européennes, et vous avez fait référence tout à l'heure,
07:58Valérie, a été marquée par des invectives, et notamment au sein de la gauche, entre
08:04socialistes et insoumis, avec des accusations d'antisémitisme, donc ce sujet ne fait
08:09que rebondir en quelque sorte, même si Jean-Luc Mélenchon a tweeté de manière claire et
08:14sans ambiguïté aujourd'hui.
08:15Oui, heureusement, parce qu'avec Luxman, il avait été moins clair.
08:17Mais voilà, c'est ça le problème, c'est qu'on le sait aussi, les jeunes regardent
08:21ce que font les adultes, ils les suivent, on le sait bien.
08:24Vous avez la coupe, le championnat d'Europe de foot, c'est bien que quand il y a un comportement,
08:28les jeunes font faire la même chose.
08:29Mais pour les politiques, c'est pareil, et ils ont entendu pendant toute cette campagne,
08:32depuis le 7 octobre, qu'est-ce que dit Jean-Luc Mélenchon, qu'est-ce qu'a dit Rima Hassan ?
08:36Alors le problème, c'est qu'ils sont suffisamment intelligents pour ne pas qu'on puisse les
08:41attaquer directement, ou les poursuivre pour antisémitisme.
08:44Mais quand Jean-Luc Mélenchon dit, contrairement à ce que dit la propagande de l'officialité,
08:49l'antisémitisme est résiduel en France, il instille quelque chose.
08:53Rima Hassan dit, Israël est une monstruosité sans nom.
08:56Ce n'est pas de l'antisémitisme, mais ils instillent quelque chose dans le pénitentiaire.
09:02C'est une interprétation, je ne suis pas là pour les défendre, mais c'est une interprétation,
09:05même que j'ai déjà eu l'occasion de le dire là, quand on s'émeut de la mort de 15 000
09:09enfants à Gaza, on est aussitôt taxés d'antisémitisme, que ce soit, quelles que soient les voix qui
09:14le disent, que ce soit l'ONU, que ce soit n'importe qui.
09:16Donc c'est vrai que, voilà, la justice est là pour dire s'il y a délit ou pas.
09:21Après, au-delà de la justice et tout, il faut écouter ce que disent les Français juifs.
09:27Oui.
09:28Et eux, ils le vivent au quotidien.
09:30Qu'est-ce qu'ils vivent au quotidien ? Ils disent, on a tous quatre témoignages, quatre
09:35fois plus d'actes antisémites.
09:36Et ils disent, si je commande un taxi, un Uber, je ne donne pas mon vrai nom.
09:40Je change le nom sur l'immeuble parce que je n'ai pas envie.
09:44Il y en a certains qui disent, si Elle et Fille gagnent ou peut-être le Rennes, je quitte la France.
09:49Voilà où on en est.
09:50Charles Meius, Xavier Couture, Valérie Triaveleur, vous restez avec nous, les grands débats
09:53de RTL Bonsoir continuent, Emmanuel Macron tape à gauche, en tout cas, il a tapé à
09:58gauche hier soir et notamment sur cette proposition qu'on n'avait pas forcément repérée dans
10:02le programme du Front Populaire d'un changement de sexe libre, simple et gratuit.
10:08Oui, c'est le page 19 du petit fascicule du Front Populaire.
10:10Pourquoi il tape sur cette proposition Emmanuel Macron ? Eh bien, on va se poser la question
10:14tous ensemble.