Claude Cances : une carrière de policier du bas de l’échelle à la direction du 36 quai des orfèvres. Il raconte dans un livre des enquêtes devenues mythiques
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-06-19##
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Vous avez consacré votre carrière à la police.
00:08Le quai des Orfèvres est devenu votre seconde maison.
00:11Vous le racontez dans un livre et vous racontez beaucoup plus de 36 histoires connues, mais pas toujours.
00:16Je ne vous garde pas en garde à vue aujourd'hui, mais au micro pendant une heure.
00:20Bonjour Claude Cancès.
00:21Bonjour.
00:21Bonjour monsieur le commissaire, parce que vous êtes commissaire finalement, c'est votre titre officiel.
00:26J'ai été directeur dans la boule judiciaire, en honoraire, m'a fait commissaire, ça me va très bien.
00:32Alors vous publiez aux Étions de Mareuille un livre avec Charles Diaz, flic du 36.
00:37Il y a également eu une réédition de Histoire du 36 quai des Orfèvres.
00:41Donc on va évoquer la police avec vous aujourd'hui, puis votre parcours, puisque c'est le principe des clés d'une vie,
00:46avec des dates précises.
00:48Et la première, c'est le 2 mai 1963, je crois que c'est le jour où vous entrez dans la police.
00:53Bonjour Franchy, pour la première fois, les portes de ce mythique 36 quai des Orfèvres,
00:59sans mesurer bien la, comment dirais-je, l'importance, ce jour est resté écravé dans ma mémoire,
01:08mais je ne réalise pas que je débute une aventure, j'ignore totalement ce que va être cette aventure,
01:13où elle va m'amener, mais avec le recul effectivement, cette date-là, je ne peux pas l'oublier.
01:19Vous êtes officier de police adjoint contractuel, ça veut dire quoi ?
01:22Si vous voulez, lieutenant. Lieutenant contractuel maintenant, ça n'existe plus.
01:28Je rappelle à celles et ceux qui ne le savent pas que la police judiciaire a été créée en 1907,
01:33selon la volonté de Georges Clemenceau.
01:36Tout à fait.
01:37C'est le premier qui voulait une police chargée de seconder l'autorité judiciaire dans la répression des crimes et délits.
01:42Qui a créé les Brigades du Tigre.
01:44Exactement. Alors, vous êtes encore au bas de l'échelle, c'est-à-dire que vous débutez,
01:48il y a des petites enquêtes et des machines à écrire, comme dans les films de jadis.
01:52Ah oui, les Olympiens, oui. Oui, oui, tout à fait.
01:55Je suis en bas de l'échelle, je suis au dernier échelon de cette grande boutique.
02:00Donc ça consiste en quoi comme travail ?
02:02Alors, je suis reçu par le DRH de l'époque, on a appelé le chef du bureau administratif,
02:10qui me dit, première question posée, très simple,
02:14vous voulez un service actif ou silentaire ?
02:18Actif, monsieur.
02:19Vous habitez où ?
02:19J'habitais Russie, pas loin de Pigalle.
02:21Ah, il me dit, Brigade territoriale, 4e Brigade territoriale, secteur de Pigalle.
02:26Je venais de quitter l'Algérie pour faire mon service militaire en Algérie.
02:32Je peux vous assurer que les odeurs, l'ambiance que j'ai connue en Algérie,
02:37rien à voir avec l'ambiance et les odeurs de Pigalle.
02:41Et ça a été mes... Là, j'ai été vraiment en bonne école,
02:45parce que le terrain était propice non seulement aux petites affaires,
02:49les roulottiers, les petits casseurs, les petites proxénètes, etc.,
02:52mais j'ai fréquenté en même temps les touristes, mais surtout la pègre parisienne.
02:59Pègre qui était encore des bandits d'honneur à l'époque.
03:01Oui, c'est vrai, c'est une autre époque, oui,
03:05une espèce de respect réciproque voyous et flics.
03:11Alors, il se trouve qu'il y a un logo de la PJ,
03:13et ce qu'on ne sait pas, c'est qu'il est né à peu près en même temps
03:16que votre arrivée à la police judiciaire,
03:18et c'est Michel Dupuis qui a sollicité Moretti,
03:20qui a créé ce logo PJ qui est partout.
03:23Exactement, Moretti que j'ai bien connu.
03:25Qui était un personnage extraordinaire, qui ne dormait jamais, sauf au cinéma.
03:29Et qui avait ses assises dans un petit restaurant des Halles,
03:33où il y a encore des procès chez Denise.
03:36La tour de Montlhéry, où en même temps, il fêtait Noël le 28 août
03:40à la stupéfaction des clients.
03:42Alors, la télévision, quand vous arrivez, vient de s'emparer de la police judiciaire
03:46avec le premier feuilleton où il y a un inspecteur.
03:49Je ne sais pas si vous vous en souvenez, votre concerse, l'inspecteur Leclerc.
03:56L'inspecteur Leclerc, qui était joué par Philippe Nico,
03:59a été le premier inspecteur de la télévision.
04:01Il y a eu Bourrel comme commissaire,
04:03mais c'est un feuilleton qui est passé le dimanche.
04:04Oui, oui, mais je n'avais pas la télévision à l'époque.
04:10Et vous êtes né loin de cet univers.
04:13Je crois que Laverune, c'est un petit village d'Occitanie.
04:16Oui, à quelques kilomètres de Montpellier.
04:19Je suis né le premier jour des vendanges, le 12 septembre 1938.
04:23Il y avait très peu d'habitants à l'époque.
04:25Il y avait 150-200 habitants, mais maintenant c'est beaucoup plus grand.
04:29Oui, et il y a quelqu'un de très célèbre en ce moment qui est né aussi à Laverune,
04:34c'est Artus, le metteur en scène de Un Petit Truc en Plus.
04:36Ah, vous m'apprenez quelque chose !
04:39Il est originaire de ce village.
04:41Alors, vous faites vos études secondaires.
04:44Je crois que c'est le lycée Alphonse Daudet à Nîmes,
04:46ensuite la fac de sciences de Montpellier,
04:48le service militaire en Algérie.
04:49Ce qui n'était pas facile, c'était la fin de la guerre d'Algérie.
04:52Oui, oui, oui.
04:54Je me trouvais en Algérie au début avril et j'ai quitté Algérie fin décembre 1962.
05:02Donc nous avons connu cette période difficile de l'après le cessez-le-feu.
05:06Ce n'était pas évident.
05:08Non, parce qu'il y avait ceux qui partaient.
05:10Vous étiez dans la marine en plus.
05:12Un régiment à artillerie de marine, oui.
05:14Donc ce n'était pas si facile que ça.
05:16C'était du moment dramatique.
05:18Vous revenez, vous êtes surveillant à Bocaire
05:20et là vous décidez d'entrer dans la police
05:22contre l'avis de votre famille, je crois.
05:24Ce n'est pas tout à fait contre l'avis,
05:26c'est quand je leur...
05:28En fait, sortant...
05:30J'étais surveillant dans un collège de Bocaire
05:32et un soir, en sortant du collège,
05:34je vais boire l'apéro avec un de mes camarades
05:36et sur la mairie de Bocaire,
05:38il y a une grande affiche,
05:40la préfecture de police recrute
05:42des bacheliers officiers de police à loin.
05:44Et dessous,
05:46en grosses lettres,
05:48la police, un métier d'homme.
05:50Je précise tout de suite
05:52que ce n'est pas cette phrase
05:54qui m'a déterminé
05:56à postuler
05:58parce que j'ai eu l'honneur
06:00de faire partie de ceux
06:02qui ont pu faire entrer
06:04au 36 à la brigade criminelle
06:06en 1982
06:09la première femme.
06:11Odile Fériz, si elle écoute,
06:13elle se reconnaîtra. Une femme formidable.
06:15Dans votre famille, on dit,
06:17ne va pas dans la police, c'est un métier de fédérant.
06:19Alors, effectivement, lorsque
06:21j'annonce autour de moi... Mon père était militaire,
06:23mon père a pris la chose.
06:25Mes oncles, mes tantes, mes amis...
06:27Oh, toi, un type aussi sympa,
06:29qu'est-ce que tu vas faire dans ce bout de flic voyou ?
06:31Vous savez,
06:33il y avait encore la connotation
06:35de la seconde guerre mondiale,
06:37la collaboration, les flics
06:39qui ont collaboré, ça existait,
06:41minorité, mais... Et voilà,
06:43donc, c'est pas de
06:45goûter de cœur que tous mes amis,
06:47toute ma famille ont appris cette nouvelle.
06:49Oui, surtout qu'il n'y avait pas beaucoup d'engagement
06:51dans la police judiciaire.
06:53Le service dans lequel je suis rentré,
06:55dans l'année... Trois !
06:57Trois flics dans l'année, vous vous rendez compte ?
06:59Alors on était littéralement couvés par
07:01les vieux flics.
07:03Et puis, une petite anecdote,
07:05on parle de la collaboration,
07:07lorsque le patron de ce service me reçoit,
07:09il me dit, je vais vous affecter,
07:11votre flèche,
07:13la flèche, c'était le vieux flic
07:15qui vous prenait en compte,
07:17est un solitaire, personne ne veut travailler avec lui,
07:19mais je vous dis tout de suite, c'est un excellent
07:21flic, mais il a un caractère un peu spécial.
07:23Alors j'ai appris,
07:25quelques temps après, qu'en fait de caractère,
07:27il avait été,
07:29comment dirais-je, soupçonné
07:31d'avoir fait partie des
07:34laborataires...
07:36Mais c'était un...
07:38Il ne m'a appris que de bonnes choses.
07:40Vraiment, un bon...
07:42Un bon... Un bon aîné.
07:44Alors il se trouve qu'à cette époque-là,
07:46dans vos premières affaires, il y a quelques fois,
07:48il y a les mâcles, les prostituées,
07:50et vous allez vous retrouver un jour face à un catcheur
07:52bien connu à la télévision, le bourreau de Béthune.
07:54Oh là là, vous avez vu
07:56tout ça, oui !
07:58Alors là,
08:00j'étais à la Brigade Mandène,
08:02je restais 3-4 mois à la Brigade Territoriale,
08:04et le patron de la Brigade Mandène
08:06voulait rajeunir
08:08un petit peu son agrandement et surtout
08:10prendre des jeunes de l'extérieur
08:12purs, si je puis dire,
08:14puisqu'il y avait quand même quelques
08:16figures à la Brigade Mandène
08:18qui n'étaient pas très très nettes,
08:20on n'en prononyait pas l'expression ripoux, mais
08:22des collègues qui en croquaient,
08:24comme on disait à l'époque.
08:26Et j'étais dans un groupe qu'on appelait
08:28la garanterie, qui avait en charge
08:30la chasse des réseaux de prostitution
08:32de haut luxe.
08:34Certaines de ces
08:36macquerelles étaient couvertes, dont
08:38Mme Claude, dont on peut parler tout à l'heure.
08:40Et
08:42un PDG d'un grand groupe
08:44de l'Est de la France
08:46va faire une passe avec
08:48une fille formidable,
08:50une très très jolie fille,
08:52et il lui
08:54signe un chèque de
08:56300 francs.
08:59Et entre le 100 et le franc, il y avait un espace
09:01et cette fille était
09:03maquée avec un bel escroc
09:05et un type qui avait
09:07du talent. Le chèque s'est transformé
09:09en 300 000 francs. À l'époque,
09:11on pouvait aller à la banque
09:13et se faire décaisser tout de suite l'argent.
09:15Le caissier,
09:17le M. X, très connu,
09:21donne la somme tout de suite
09:23à la fille, mais lorsqu'elle est partie
09:25il vérifie quand même
09:27que c'est une somme assez grosse. Il appelle
09:29le client,
09:31qui fait des bons,
09:33entre 300 et 300 000 francs, effectivement.
09:35Et il avait des relations, bien entendu,
09:37au ministère à l'intérieur,
09:39affaire confiée à la brigade mondaine.
09:41Nous avions, à cette époque, un fichier
09:43manuel. Toutes les filles galantes
09:45étaient quasiment... Il a passé
09:47peut-être 3-4 heures avant de tomber.
09:49C'est elle. Et alors,
09:51on s'est retrouvé à l'heure
09:53légale étant dépassée,
09:55parce qu'on ne peut pas intervenir
09:57chez les gens après 21h.
09:59On a sonné
10:01au domicile
10:03de la prostituée,
10:05à Boulogne-Biancourt,
10:07et on a compris
10:09qu'elle était là. Elle ne répondait pas.
10:11Donc il a fallu qu'on attende jusqu'à 6h du matin
10:13pour faire venir
10:15un serrurier pour pénétrer dans les lieux.
10:17Et en pleine nuit,
10:19vers 1h-2h du matin,
10:21l'ascenseur s'arrête à l'étage au-dessus.
10:24On a compris qu'il y avait quelqu'un qui descendait.
10:26Et en haut, un malabar
10:28énorme !
10:30On sort tous nos flingues et un des collègues
10:32dit « Arrêtez, c'est le bourreau de Béthune ! »
10:34« Qu'est-ce que tu veux ? »
10:36C'était un catcheur qui était très, très, très connu.
10:38La fille avait appelé, elle lui disait
10:40« Je sais pas, j'ai des gars qui sont dans ma porte,
10:42je suis inquiète. »
10:44Alors ce qui est extraordinaire, c'est que le bourreau de Béthune,
10:46son adversaire à la télévision, c'était l'Ange Blanc.
10:48L'Ange Blanc reconverti,
10:50il est devenu le chauffeur d'Alain Delon
10:52et le garde du corps de Delon pendant des années.
10:54C'est étonnant !
10:56C'est extraordinaire !
10:58C'est une histoire parmi d'autres.
11:00Il y en a beaucoup d'autres dans votre livre
11:02et dans ses deux livres.
11:04Et on va continuer à en parler à travers
11:06une autre date, le 14 janvier 1984.
11:08A tout de suite sur Sud Radio
11:10avec Claude Cancès.
11:12Sud Radio, les clés d'une vie.
11:14Jacques Pessis.
11:16Sud Radio, les clés d'une vie. Claude Cancès,
11:18mon invité, ancien patron de l'APJ,
11:20qui a écrit avec Charles Diaz
11:22« Flic du 36 » chez Mareuil Éditions.
11:2436, bien sûr, c'est le quai des Orfèvres.
11:26Vous y êtes entré dès vos débuts,
11:28on en a parlé. Et puis j'ai choisi la date
11:30du 14 janvier 1984
11:32car c'est votre première télévision.
11:34Vous racontez que François Mitterrand
11:36est venu vous voir
11:38à la Brigade Antigang dont vous êtes le chef
11:40à la suite de deux affaires.
11:42Vous vous souvenez de cette télé ?
11:44Oui, c'était une prise d'otage
11:46dans le 13e arrondissement
11:48chez une
11:50médecin
11:52qui retenait
11:54deux voyous qui interviennent
11:56pour
11:58comment dirais-je,
12:00rançonner la salle de doctoresse.
12:02Et puis un des patients
12:04réussit à sortir, à appeler
12:06la police et
12:08les gens de la sécurité publique interviennent.
12:10En tant que patron de l'Antigang
12:12on avait tout de suite prise d'otage.
12:14Et c'est là
12:16qu'après de
12:18nombreuses heures de tractation
12:20l'un des deux auteurs
12:22consente à sortir.
12:24Je lui avais promis
12:26qu'à l'extérieur il aurait une voiture, etc.
12:28Et évidemment au moment où il sort
12:30on l'épingle. Et ce jour-là
12:32nos gens de l'Antigang
12:34pour la première fois sont descendus du toit
12:36en vara au moment où
12:38le preneur d'otage
12:40était sorti pour
12:42arrêter le second.
12:44Effectivement c'est une affaire...
12:46Et puis la seconde c'est un bijoutier je crois.
12:48Un bijoutier, oui un bijoutier.
12:50Et c'était... En tout cas François Mitterrand
12:52est venu avec Gaston de Fer et vous lui avez
12:54expliqué que les affaires de
12:56grand banditisme étaient en
12:58voie de diminution mais qu'il y avait des
13:00bandes plus organisées pour les hold-up.
13:02Oui, oui.
13:04Tout à fait, oui. On était axés
13:06sur cette délinquance
13:08qui prenait
13:10de l'expansion, oui.
13:12La brigade Antigang elle a été créée je crois
13:14en 1964 et c'est le commissaire
13:16François Lemoyel qui l'a créé
13:18parce qu'il y avait un grand nombre
13:20d'attaques à main armée.
13:22C'est très simple, il était patron d'une brigade
13:24territoriale, on en parlait tout à l'heure,
13:26et il s'est rendu compte que ces gens
13:28passaient plus de temps
13:30dans les bureaux devant les mains en chine à écrire
13:32à faire du papier que sur le terrain.
13:34On voyait peut-être venir
13:36mais rien n'a beaucoup changé.
13:38Et il a eu cette idée à la fois géniale et très simple
13:40créer un service
13:42qui, comment dirais-je,
13:44au lieu de partir du crime
13:46pour aller vers les criminels
13:48renverserait la démarche
13:50et partirait des criminels
13:52potentiels pour les plaindre
13:54à les prendre en flagrant délit et précisément
13:56les arrêter notamment au cours des braquages, etc.
13:58Et cette idée a séduit
14:00le directeur de la police judiciaire
14:02et il a été le créateur
14:04de ce service qui a fait des petits
14:06debuts.
14:08Et, alors,
14:10autre idée, seconde idée,
14:12c'est pas de papier.
14:14C'est-à-dire qu'on arrête les voyous
14:16on fait juste un petit procès verbal d'arrestation
14:18et c'est un autre service qui est en charge
14:20des interrogatoires, les confrontations,
14:22l'exécution des commissions
14:24regatoires, ce qui fait que
14:26l'antiga peut repartir aussitôt sur
14:28une autre affaire. Et elle a fait des petits
14:30et elle a grandi dans le domaine
14:32du droit commun comme dans le domaine du
14:34terrorisme.
14:36Vous êtes dans le service chef de la brigade
14:38antigangue, c'est que vous avez fait un parcours
14:40sans faute et un parcours rapide, parce que quand vous êtes
14:42arrivés, vous avez fait plusieurs examens
14:44avant d'arriver à la brigade antigangue,
14:46Claude Cancès.
14:48Vous avez fait
14:50le concours d'émissaire de police,
14:52vous avez été à la police judiciaire, il y a eu
14:54des tas de choses.
14:56Oui, si vous voulez,
14:58je suis entré dans la police par hasard
15:00et par nécessité et j'ai eu beaucoup de chance.
15:02C'est-à-dire que lorsque je sors de l'école
15:04de commissaire,
15:06mon ancien patron, Pierre Otavioli,
15:08qui était patron de la brigade mondiale,
15:10est nommé à la tête de la criminelle.
15:12Il m'avait connu jeune inspecteur,
15:14il voulait lui aussi mettre
15:16un petit peu de sang frais parmi ses jeunes
15:18commissaires, il m'avait apprécié
15:20et il m'appelle un jour, vous savez,
15:22lorsque le patron de la crime,
15:24on vous dit, le patron de la crime va vous voir
15:26cet après-midi à 15h,
15:28on monte les escaliers, le cœur battant, parce que
15:30il n'y a pas un flic d'innocent
15:32qui soit passé par le 36
15:34qui n'ait rêvé d'être un jour à la criminelle.
15:36Il rêvait en plus d'être le patron
15:38de la crime, ce que je n'ai jamais été.
15:40C'était votre rêve aussi.
15:42C'était mon rêve, effectivement.
15:44J'étais au-dessus, je suis au-dessus
15:46le patron qui les a faits, mais
15:48j'ai quand même exercé ces fonctions
15:50par intérim au mois d'août 82
15:52où mon patron et ami
15:54Jacques Gentiel étaient en congé,
15:56on en a pris plein la gueule.
15:58Tous les mois, ça sautait.
16:00Les directs, les Arméniens, les Corses,
16:02les Bretons, toutes les nuits,
16:04c'était quelque chose de... La rue des Rossiers,
16:069 août 82, 9 août 82.
16:08Et là, j'étais
16:10le patron par intérim.
16:12Ça a été une expérience fabuleuse.
16:14Ce travail qui est un travail
16:16de l'ombre, finalement, c'est 24h sur 24.
16:18Voilà, vous savez,
16:20je dis souvent que lorsqu'on
16:22parlait, ça n'a pas dû beaucoup changer,
16:24de la maison, entre nous, la maison c'était pas
16:26le domicile, c'était
16:28le bureau. On est en plan que je ne sais où
16:30à Aubervilliers ou un grand banlieue,
16:32on va à la maison, oui, le 36.
16:34Et là, je vais quand même
16:36dire un mot sur mon épouse, puisque vous avez
16:38vu dans mon premier livre, je lui consacre
16:40et c'est un livre, je lui dois une grande
16:42partie de ma carrière.
16:44Parce qu'elle a compris, lorsqu'elle
16:46m'a épousé, que
16:48mon job
16:50allait passer avant
16:52ma vie privée et que
16:54si elle voulait, pour notre équilibre, que ça marche
16:56bien, qu'elle accepte toutes les
16:58contraintes, et Dieu sait si elles sont nombreuses.
17:00Une anecdote. Lorsque j'étais patron
17:02de l'Antigua, on va en parler, de temps en temps,
17:04fusillade dans le Paris, les radios,
17:06Sud Radio et les autres annonçaient
17:08fusillade à la...
17:10le commissaire à conseil sur fusillade.
17:12J'arrivais à la maison, je m'attendais à avoir
17:14une épouse en larmes,
17:16souriante.
17:18« Tu as écouté la radio, chérie ? »
17:20« Non, non, pourquoi ? »
17:22Elle m'a menti toute sa vie,
17:24parce qu'elle a compris que si
17:26au stress du boulot,
17:28elle rajoutait le stress à la maison, c'était
17:30une catastrophe. Par contre, lorsqu'elle
17:32a... et elle
17:34n'a jamais posé de question, parce que je décompressais,
17:36si vous voulez, il faut aller chez soi,
17:38sur les affaires,
17:40elle savait plus par les radios ou les journaux,
17:42mais lorsqu'on avait des réunions avec
17:44les copains à la maison,
17:46des repas du week-end
17:48ou autre, elle apprenait beaucoup de choses,
17:50parce qu'on ne pouvait pas s'empêcher, effectivement, de parler boulot.
17:52Alors, il y a un film aussi qui résume
17:54vraiment
17:56cette brigade anti-gang, un film très célèbre.
18:02Peur sur la ville,
18:04avec Belmondo,
18:06qui s'est inspiré du commissaire Broussard, d'ailleurs.
18:08Oui, tout à fait,
18:10qui a été un sacré patron,
18:12Robert Broussard.
18:14Et qui était médiatique au maximum, lui.
18:16Ah oui, il a le physique, déjà,
18:18et puis, il a bien, bien,
18:20bien manœuvré,
18:22il a succédé, enfin, si vous voulez.
18:24Le mois, il a créé l'anti-gang,
18:26et Broussard l'a
18:28mis sur le pied des salles.
18:30Alors, il se trouve que Belmondo, dans ce film,
18:32fait des cascades sans arrêt, d'ailleurs, il a été blessé
18:34deux fois, il descend en hélicoptère,
18:36et vous aussi, un jour, vous avez dû descendre
18:38en hélicoptère, quand ça a été
18:40une obligation, et je crois que vos lombaires
18:42s'en souviennent.
18:44Oui, oui, oui, encore.
18:46Oui, oui, parce que, bon,
18:48c'est pas, c'est une,
18:50comment dirais-je, c'est une épreuve relativement
18:52facile, vous avez un mouvement
18:54à prendre pour descendre en hélicoptère,
18:56mais ce jour-là, il y a eu
18:58un coup de vent, et
19:00au moment où je lâche la corde,
19:02l'hélicoptère remonte, alors
19:04j'ai effectivement, j'ai encore quelques souvenirs, oui.
19:06Et puis, il y a eu aussi
19:08un jour précis,
19:10le 2 novembre 1979.
19:12La voiture de
19:14Messrine s'est présentée au milieu de la place,
19:16elle a immédiatement été
19:18cernée par plusieurs voitures.
19:20Cernée, ça aussi,
19:22c'est historique.
19:24C'est historique, mais je ne veux pas vous en dire
19:26grand-chose, parce que c'est une question qu'on me pose
19:28dans tous les salons de livre,
19:30on me fait dire, eh Messrine, Messrine, je n'ai pas travaillé sur Messrine,
19:32puisque j'étais détaché à ce moment-là
19:34au cabinet du directeur général,
19:36et c'est bien sûr Broussard et ses équipes,
19:38ses collaborateurs, qui ont fait Messrine.
19:40Oui, mais il y a une chose étonnante, et ça, c'est,
19:42vous pouvez le raconter, c'est-à-dire que
19:44tout le monde était autour,
19:46on ne pourrait pas imaginer ça aujourd'hui.
19:48C'est-à-dire qu'il y avait la foule
19:50autour, il n'y avait pas de cordon de sécurité.
19:52Ah oui, oui, c'était, oui,
19:54c'était moche, moche, effectivement,
19:56de ne pas pouvoir, les mesures
19:58qui sont prises maintenant, tout de suite,
20:00cordon de sécurité, etc.
20:02Mais vous savez que pour Messrine, j'étais, je vous l'ai dit,
20:04au cabinet du directeur général, j'avais un de mes meilleurs
20:06amis, qui avait été un de mes collègues
20:08à la brigade mondaine, qui était
20:10un des gardes-du-corps de
20:12Giscard d'Essayn, très proche de Giscard d'Essayn.
20:14Et on se voyait,
20:16l'Elysée, le ministère de l'Intérieur,
20:18on prenait un café pratiquement tous les jours,
20:20il me disait que Giscard d'Essayn,
20:22tous les jours, il me dit, mais qu'est-ce qu'ils font,
20:24vos collègues, mais ils ne veulent pas l'arrêter, c'est pas possible.
20:26Et, mon ami Jacques,
20:28disant au président,
20:30vous savez, c'est pas si facile que ça, d'arrêter
20:32un voyou.
20:34Il se cachait partout,
20:36d'ailleurs, il avait commencé
20:38très jeune, puisqu'il était dans une école
20:40avec Jean-Jacques Debout,
20:42et dans cette école, il volait l'argent
20:44de la quête, pour le redistribuer
20:46à ses copains.
20:48Alors, ça je vais vous dire,
20:50sur tout ce qu'on peut dire sur Maizerine.
20:52J'ai eu la chance,
20:54il y a 3-4 ans,
20:56au cours du salon du livre
20:58Voyage à Molière, petit salon qui est à côté de Clermont-Ferrat,
21:00j'aime beaucoup ce salon,
21:02d'ailleurs, j'avais à ma gauche un juge d'instruction,
21:04et à ma droite, François Besse.
21:06Je peux vous dire que pendant 48 heures,
21:08on a pu s'échanger.
21:10Et bien, je peux vous dire
21:12qu'il n'avait pas une grande admiration
21:14pour Maizerine, comme d'ailleurs,
21:16nous a-t-il dit, et je le crois, la plupart de ses collègues.
21:18C'était un voyou à part.
21:20Alors, on en a fait
21:22chez certains,
21:24presque un héros du banditisme.
21:26Oui, alors que finalement,
21:28les films qui sont consacrés sont...
21:30C'est un sale mec.
21:32Et il a fini comme il aurait dû finir.
21:34Alors, on va continuer à parler de vous,
21:36sur une date que vous n'allez pas oublier non plus,
21:38le 13 septembre 1998.
21:40A tout de suite sur Sud Radio, avec Claude Cancès.
21:42Sud Radio,
21:44les clés d'une vie, Jacques Pessis.
21:46Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité
21:48Claude Cancès,
21:50commissaire, directeur, etc.,
21:52qui est un ancien patron de l'APJ.
21:54Deux livres, Flic du 36,
21:56chez Mareuil Éditions, et une édition
21:58revue actualisée de l'histoire du 36
22:00qui est des Orfèvres, toujours chez Mareuil.
22:02Alors, justement, dans les dates
22:04qui comptent pour vous, et c'est pas la plus joyeuse
22:06parce que vous allez perdre votre oxygène,
22:08c'est le 13 septembre 1998.
22:10Vous quittez le Quai des Orfèvres.
22:12Oui.
22:14Parce que c'est la retraite.
22:16Et vous êtes alors inspecteur général
22:18des services actifs de la police nationale.
22:20Oui, parce que
22:22j'ai
22:24quitté le Quai des Orfèvres, en fait,
22:26deux ans auparavant, puisque
22:28Jean-Louis Dobré, ministre de l'Intérieur,
22:30avait décidé de me donner
22:32de l'avancement, en fait c'est pas de l'avancement,
22:34il m'a vidé carrément,
22:36pour mettre en place un collègue
22:38qui était un charmant collègue,
22:40avec lequel je me suis toujours bien entendu,
22:42mais il s'en cachait pas, qui avait sa carte
22:44du RPR, je crois que c'est à l'époque,
22:46dans la poche, alors que
22:48moi je n'avais que ma carte,
22:50comme l'a dit souvent Boussard, de police dans ma poche.
22:52D'ailleurs, il y a une raison pour laquelle
22:54j'ai été nommé directeur, je crois que je le raconte
22:56dans le livre, c'est que
22:58vous savez qu'on est nommé par un décret
23:00du Président de la République, et que
23:02à l'Elysée, il y a un conseiller
23:04Mitterrand, j'ai été
23:06nommé en janvier 1993, et
23:08la gauche au pouvoir
23:10savait qu'au printemps, les élections allaient être perdues.
23:12Et il y a un conseiller
23:14qui a dit
23:16à Mitterrand qu'il ne faut pas nommer un
23:18gars de chez nous, un socialiste, il faudrait
23:20peut-être plutôt nommer un type honnête, parce que
23:22au printemps,
23:24la droite arrive et ils mettront un gars à eux.
23:26Et pire vers vous, je m'en profite,
23:28le jour où il m'annonce que j'allais être son candidat,
23:30je dis vous savez, je n'ai rien demandé, monsieur le préfet,
23:32mais je ne refuserai pas.
23:34Il m'a dit, il y en a d'autres qui demandent,
23:36moi je ne demandais pas. Mais, bien sûr,
23:38et la raison pour laquelle
23:40j'ai été nommé, parce qu'effectivement,
23:42j'étais considéré comme
23:44flic avant tout.
23:46Et, de vrai,
23:48penser que je ne
23:50je ne
23:52je n'avais pas bien
23:54comment dirais-je, il y avait des affaires
23:56délicates à la ville de Paris,
23:58où le juge avait
24:00Chirac dans le collimateur,
24:02et
24:04je devrais penser que
24:06mettant un gars de
24:08chez lui à la tête de l'APJ,
24:10les affaires, ça irait mieux.
24:12Lui, ancien juge d'instruction,
24:14il pourrait quand même bien
24:16comprendre que le directeur de l'APJ
24:18n'a pas d'influence, il ne peut pas influencer
24:20un juge d'instruction.
24:22Dans ce livre, Histoire du 36
24:24et des Orfèvres que vous avez signé
24:26chez Barreuil Éditions, vous racontez
24:28plein de choses. D'abord, vous évoquez
24:30la poularde qui, justement,
24:32est quelque chose de compliqué.
24:34Vous levez les os au ciel.
24:36Ah là là ! La poularde,
24:38c'est très simple. Dans les années
24:4077,
24:42on était quelques jeunes
24:44commissaires à être sortis de l'école
24:46de police. On se retrouve un jour
24:48à un pont
24:50à la préfecture de police,
24:52on se dit, on ne se voit plus,
24:54il faudrait quand même, on est chacun
24:56éparpillé, un enterre, l'autre...
24:58On va se retrouver, tiens,
25:00jeudi prochain, à la poularde
25:02pour un déjeuner, tu appelles un tel,
25:04tu appelles un tel, et on s'est retrouvés.
25:06Le jeudi d'après, une dizaine
25:08de collègues,
25:10essentiellement de l'APJ,
25:12et puis on a dit, mais ce serait bien
25:14qu'on se rencontre tous les mois.
25:16La poularde, pourquoi ? Parce que le restaurant s'appelait
25:18La Poularde, à deux pas du
25:2027, il y avait les offices
25:22entre eux, etc. Et puis depuis,
25:24depuis, cette poularde
25:26existe toujours.
25:28On est maintenant, on a trouvé refuge
25:30à la Closerie Lilla,
25:32pas parce que c'est la Closerie Lilla, mais parce qu'ils ont un salon
25:34à l'étage, où on est,
25:36on peut se réunir, on en est une vingtaine,
25:38je crois que, je sais pas, on n'est même
25:40pas vingt-deux. Et à l'époque, et j'en aurais
25:42terminé, la poularde
25:44a une odeur de canard enchaîné,
25:46vos papiers, ou
25:48celui qui a écrit ces papiers n'était
25:50pas très, très bien renseigné, puisqu'il
25:52était indiqué que
25:54pas une nomination
25:56se faisait sans qu'on passe
25:58par la poularde, alors on était soit
26:00une secte, soit une franc-maçonnerie,
26:02etc. Enfin bref.
26:04Et dans cet article,
26:06était mentionné le nom
26:08du DRH de l'APG de l'époque,
26:10si vous voulez, Robert Magne,
26:12un type adorable, qui n'avait jamais foutu
26:14ses pieds à la poularde. Alors je lui ai dit,
26:16on va t'inviter, on l'a invité moi une fois
26:18à la poularde.
26:20On s'est fait des copains, et il se trouve
26:22aussi que cette
26:24poularde, par le fait du hasard,
26:26il y a eu beaucoup de
26:28collègues qui ont fait des
26:30parcours, Frédéric Péchenard,
26:32Bernard Scorsini, Ange Mancini,
26:34René-Georges O'Kerry,
26:36des gens
26:38qui sont connus, qui ont été connus à l'époque
26:40dans la police.
26:42Marquer les filles qu'on appelle les poulets, se retrouver à la poularde,
26:44c'est logique.
26:46Ce livre, 36 Quai des Orfèvres, que vous avez signé
26:48et qui est réédité, il fait plus de 500
26:50pages, et il y a vraiment toute l'histoire
26:52du 36 Quai des Orfèvres, et notamment
26:54l'une des premières affaires, qui est
26:56évoquée aussi par un chanteur.
27:06La bande à bono, c'est la bande à bono
27:08de Jonassin, et ça a été la première grande affaire
27:10que vous racontez au 36
27:12Quai des Orfèvres, Claude Cancès.
27:14Je n'y étais pas.
27:18C'était incroyable, c'est-à-dire que...
27:20Prefet de police sur place,
27:22c'était quelque chose...
27:24Un fort Chabrol !
27:26Et puis il y avait l'affaire Stavisky aussi,
27:28dont on a beaucoup parlé.
27:30Ah oui, ça c'est un sacré affaire.
27:32Mais tout le monde a cru que c'était
27:34vraiment un homme très riche, et il n'y a pas longtemps
27:36j'ai reçu le patron de la Brasserie Lippe qui me disait
27:38qu'il y avait la table ouverte à la Brasserie Lippe, et quand il
27:40s'est suicidé, tout le monde était stupéfait.
27:42Oui, oui, tout à fait.
27:44Il avait réussi. C'était un séducteur extraordinaire,
27:46comme tous ces gens-là.
27:48Intelligents, brillants,
27:50d'éducation,
27:52et puis,
27:54beaucoup se sont laissés avoir.
27:56Et il a essayé de séduire et d'escroquer
27:58quelqu'un de très connu, mais ça n'a pas marché, c'est Joséphine Becker.
28:00Oui, oui, exact.
28:02C'est exact.
28:04Et puis vous évoquez aussi d'autres affaires
28:06dans ce 36 Quai des Orfèvres qui ont marqué
28:08l'histoire, notamment l'affaire Ben Barca.
28:10Ah oui, oui.
28:12Ça, ça a été aussi un grand mystère qui n'a jamais été élucidé.
28:14Oui, alors si vous voulez, l'affaire Ben Barca,
28:16c'était en octobre
28:181965,
28:20et deux
28:22inspecteurs, des superfiliants,
28:26interpellent Ben Barca devant
28:28la Brasserie Lippe, l'avocat
28:30opposant au roi du Maroc,
28:32avec la complicité du chef d'escale
28:34d'Orly,
28:36j'ai oublié son nom, Lopez ?
28:38Lopez, oui.
28:40C'est ça, Lopez.
28:42Sous prétexte,
28:44dira l'un des deux au Souchon
28:46qu'il avait reçu en cabinet
28:48un coup de fil du directeur de cabinet
28:50du ministre intérieur, lui disant
28:52il faut interpeller un avocat.
28:54C'est totalement faux.
28:56C'est deux flics que je côtoyais tous les jours.
28:58Le groupe dans lequel je travaillais, LSTUP,
29:00on était dans le même bureau, donc je les voyais
29:02tous les jours.
29:04J'ai été interpellé par ce chef d'escale
29:06qui travaillait un petit peu pour le SDEG,
29:08pour interpeller Ben Barca devant
29:10la Brasserie Lippe et le conduire
29:12en banlieue dans la maison
29:14d'un voyou archi-connu,
29:16bouche sèche. On n'a jamais
29:18retrouvé Ben Barca.
29:20Alors il y a eu des condamnations,
29:22le général Woukir,
29:24son directeur de cabinet, etc.
29:26Mais,
29:28on n'a jamais retrouvé effectivement Ben Barca.
29:30Et figurez-vous que,
29:32je ne dois pas le raconter dans mon livre,
29:34puisque c'était,
29:36je ne sais pas, en 2015,
29:38j'étais dans ma maison de campagne
29:40et je reçois un coup de fil de la greffière
29:42d'un juge qui me dit
29:44« Monsieur Cancel, vous allez être étonné,
29:46mais mon patron voudrait vous entendre
29:48à l'affaire Ben Barca. »
29:50J'ai dit « Oui, écoutez, je suis désolé,
29:52mais j'espère que ce n'est pas urgent,
29:54parce que là je ne peux pas monter avant le mois d'octobre. »
29:56« Ça ira au mois d'octobre. »
29:58Et en fait, ce brave juge voulait m'entendre
30:00et vous savez que l'affaire est encore en cours.
30:02Le fils est parti civil.
30:06Le fils avait dit au juge
30:08« Quand Cancel parle
30:10dans ses livres de l'affaire
30:12Ben Barca, et il a côtoyé
30:14les deux
30:16principaux auteurs de l'enlèvement,
30:18il doit en savoir plus.
30:20C'est-à-dire que si
30:22j'en avais su plus, j'en aurais dit plus. »
30:24Alors il se trouve aussi qu'il y a une autre affaire
30:26qui a beaucoup marqué l'opinion,
30:28c'est la mort mystérieuse
30:30d'un prince député un peu naïf
30:32qui était Jean de Broglie, René Dardanelle.
30:36« Ah oui, 24 décembre
30:381975. »
30:40« Qu'est-ce que c'est ? Parce que ça aussi
30:42c'est un mystère total. »
30:44« Je revois, en titre tout à fait
30:46anecdotique, puisqu'on a le temps,
30:48j'étais dans le bureau
30:50qui joue sur celui du patron à la crime.
30:52Le fameux bureau dans lequel
30:54Louis Jouvet, dans le film culte
30:56« Que les orphèvres interrogent
30:58témoins et suspects. »
31:00Et je
31:02tape à la porte
31:04du patron pour lui dire
31:06« Patron, je vais chez mon dentiste, j'en ai pour
31:08une demi-heure, un dentiste qui était au pied
31:10à 50 mètres du Quai des Orphèvres.
31:12Je rentre, j'enfile cet élément,
31:14j'enfile mon manteau. » Le patron passe
31:16à la tête et il cassasse « Plus de dentiste.
31:18On va au Rue
31:20Dardanelle. » Et là,
31:22évidemment, cette affaire
31:24a été vraiment une affaire
31:26d'Etat. On pourrait
31:28passer des heures pour en parler.
31:30– Il se trouve qu'on a brusquement retrouvé
31:32François Marc-Anthony qui était dans le quartier.
31:34J'habitais juste à côté et je le voyais
31:36régulièrement dîner dans un restaurant
31:38avec Ferdinand Legros, autre escroc
31:40qui faisait des faux tableaux.
31:42Marc-Anthony était là
31:44tout le temps avec une
31:46bonhomie incroyable. – Vous vous rendez compte ?
31:48De Bruy a tué au pied
31:50du domicile de Vargas, un escroc notoire
31:52qui venait de sortir de chez lui.
31:54Et,
31:56un étage au-dessus ou deux ou trois étages au-dessus,
31:58on découvre la présence
32:00de Marc-Anthony.
32:02C'est quand même
32:04extraordinaire.
32:06– Mais cet homme avait une bonhomie
32:08un dédain complet
32:10en disant « Mais non, je ne suis pour rien dans
32:12toutes ces histoires. » – Ah oui, oui.
32:14Manifestement, dans l'affaire de Bruy, il était pour rien.
32:16Vous savez, Marc-Anthony, je l'avais connu dans l'affaire
32:18Le garde du cœur d'Alain Delon.
32:20– Oui. – Marcovic.
32:22Et oui, puisque j'avais été détaché
32:24après la PG de Versailles pour travailler
32:26pendant un an et demi sur cette affaire.
32:28– Et puis dans ce livre, « L'histoire du 36 », vous racontez
32:30l'enlèvement du baron Empin, et vous racontez
32:32qu'en fait, Marcel Dassault et le baron
32:34de Rothschild auraient dû, auraient pu être
32:36enlevés à la place du baron Empin, Claude Cancès.
32:38– Oui, oui, tout à fait. Tout à fait,
32:40parce que,
32:42vous savez, les voyous, c'est facile.
32:44Ils vont sur le bretel mandat,
32:46et puis ils font l'autrie.
32:48Ils vont retrouver
32:50traces, effectivement,
32:52de Delon dont vous parlez, qui étaient
32:54des éventuelles victimes.
32:56– Mais le baron Empin, c'est une affaire aussi
32:58qui a fait beaucoup de bruit.
33:00Il a été enlevé pendant un mois, je crois qu'il a dormi
33:02sur un matelas pneumatique, et je l'avais interviewé
33:04quelques années plus tard, il était toujours marqué
33:06par cet enlèvement. – Ah oui, vous savez,
33:08quand vous êtes enlevé,
33:10en plein jour, comme il a été,
33:12que vous arrivez sur le lieu
33:14de secrétariat, et quand vous coupez
33:16le petit doigt, vous vous demandez
33:18comment le reste va se passer.
33:20Alors, une anecdote
33:22à ce sujet, c'est que,
33:24il se trouve que le chef de gang,
33:26Alain Cayolle, qui est originaire
33:28de Montpellier, vous l'avez dit tout à l'heure, je suis né
33:30à côté de Montpellier,
33:32lorsqu'il est sorti de prison, 20 ans après,
33:34il a fait un bouquin, et il passe
33:36chez Pradel, qui était sur le peuple
33:38à l'heure du crime, je m'en souviens plus,
33:40et Pradel m'appelle pour me dire
33:42« Je reçois Cayolle pour son bouquin,
33:44j'aimerais t'interviewer
33:46au téléphone ». Il me dit
33:48« Mais Cayolle voudrait te voir avant ».
33:50Je lui dis « Pourquoi pas ? ».
33:52C'est intéressant.
33:54On prend rendez-vous
33:56pour un petit apéro avec Cayolle,
33:58et en fait,
34:00ce qu'il voulait me demander, d'éviter
34:02de citer le nom d'un de ses complices
34:04qui était retiré des voitures
34:06et dont on n'avait pas trop parlé, j'avais aucun intérêt
34:08de parler, mais j'en ai profité
34:10pour lui poser la question essentielle.
34:12Et là, j'aborde un sujet qui me tient
34:14à cœur. Lui dire
34:16« Comment toi, élevé
34:18dans une famille, on ne peut plus bourgeoise,
34:20ses parents tenaient les grandes bibliothèques
34:22Rue Froidevaux,
34:24ils étaient richissimes,
34:26tu as fait des études ». Il avait une licence.
34:28« Comment
34:30t'es-tu retrouvé
34:32fiché aux grands banditis ? »
34:34Et il me regarde dans les yeux, il me dit
34:36« Par manque d'affection ». Je lui dis
34:38« Mais tu te fous de ma gueule ! ».
34:40Il me dit « Non ». Et il ne se foutait pas de ma gueule.
34:42Il m'a expliqué qu'effectivement,
34:44lui et son frère, parce que son frère
34:46François était aussi dans le coup,
34:48étaient livrés eux-mêmes, ils avaient tout le
34:50pognon qu'ils voulaient, et comme beau jour,
34:52à l'âge de 15 à 16 ans,
34:54ils tombent sur un petit voleur de voitures
34:56qui les entraîne dans l'aventure
34:58et c'est parti. Voilà.
35:00Justement, des aventures, il y en a
35:02beaucoup d'autres, et on va les évoquer à travers
35:04la sortie de votre autre livre « Flics du 36 »
35:06le 25 avril 2024.
35:08A tout de suite sur Sud Radio avec
35:10Claude Cancès.
35:12Sud Radio, les clés d'une vie.
35:14Jacques Pessis. Sud Radio, les clés d'une vie.
35:16Mon invité Claude Cancès.
35:18Nous avons tout à l'heure évoqué l'histoire du 36
35:20qui est des orfèvres, mais le 25 avril
35:222024 est sorti « Flics du 36 ».
35:24Ce sont des enquêtes mythiques
35:26du 36 qui est des orfèvres,
35:28avec des personnages d'exception.
35:30Un livre que vous signez avec Charles Diaz
35:32qui est l'ancien chef d'état-major de la PJ.
35:34Pourquoi ce livre avec d'ailleurs
35:36le moment où vous discutez tous les deux ?
35:38Il fait partie
35:40des collègues qui
35:42m'ont marqué dans ma carrière, si vous voulez.
35:44Je l'ai connu, Charlie.
35:46J'étais jeune commissaire au mois d'août 82,
35:48dont on parlait tout à l'heure, et il était
35:50tout jeune inspecteur.
35:52Et...
35:54durant ce mois-là, il m'a beaucoup aidé parce que
35:56on a, comme je vous ai dit,
35:58on a pris plein la figure.
36:00Il m'a fait... On n'avait pas
36:02d'ordinateur, quoi que ce soit.
36:04J'avais demandé à mes chefs de groupe de trouver
36:06un gars dans la brigade qui était capable de faire une synthèse
36:08de quelque chose. 48 heures
36:10après, j'avais toute ma synthèse.
36:12On a sympathisé. Je me suis dit
36:14ce type-là, il va avoir une brillante
36:16carrière. Je ne me suis pas trouvé beaucoup.
36:18Alors sur ce livre, je dois lui rendre hommage parce que
36:20il a fait le plus gros du boulot. C'est un
36:22historien de grand, grand talent.
36:24C'est un flic excellent, mais c'est aussi
36:26un historien de grand talent.
36:28Effectivement, on a beaucoup échangé dans les verres bâtiments.
36:30Alors ce livre qui est passionnant,
36:32qui fait plus de 500 pages
36:34aussi, c'est vraiment l'histoire
36:36de personnages mythiques, de flics qui sont
36:38souvent réduits au silence et que vous mettez en valeur,
36:40Claude Campsès. Oui, vous avez
36:42tout à fait raison parce que, vous savez,
36:44on parle
36:46souvent des grands flics,
36:48mais pour moi, le grand flic, il est dans
36:50le quart police secours. C'est le flic
36:52qui part sur un appel au secours.
36:54Il ne sait pas ce qu'il va trouver.
36:56On a de nombreux exemples ces derniers mois
36:58d'intervention
37:00dans les collèges où ces terroristes
37:02poignardent.
37:04On les arrête tout de suite.
37:06On a aussi ce fou
37:08qui poignarde les
37:10bébés, le police secours.
37:12Vraiment, je suis
37:14content de pouvoir le rendre hommage
37:16parce que c'est ça les grands flics.
37:18Oui, et à ce propos, à la fin d'un de vos livres,
37:20vous racontez et vous
37:22expliquez combien, quelquefois, les parents
37:24sont responsables et combien
37:26la société devrait évoluer.
37:28Alors là, si j'avais deux minutes...
37:32Je cite un rapport
37:34des Renseignements Généraux
37:36dans un de mes livres.
37:38Je vais essayer
37:40d'être bref.
37:42Ce rapport
37:44décrit la situation dans le quartier de Mirail,
37:46de Toulouse, un de ces quartiers
37:48qu'on a connu à travers la France,
37:50qui dit en gros ceci.
37:52Le produit
37:54de cette économie illégale
37:56est investi dans les subventions,
37:58l'achat de commerce, l'entretien des familles.
38:00La dernière équipe de malfaiteurs interpellés
38:02au Mirail était détentrice de plusieurs millions de francs.
38:04Indépendants économiquement,
38:06ces groupes délinquants ont totalement
38:08renoncé à l'idée d'un emploi et rempli
38:10les valeurs de notre société. Côté la conclusion,
38:12ils sont autonomes et sans
38:14la moindre relation avec l'univers social.
38:16Institutionnels, ils ignorent
38:18le mépris et le contour. Le tissu associatif
38:20n'a plus aucune prise sur eux.
38:22Certains mineurs délinquants
38:24font vivre leurs familles et bénéficient
38:26de la complicité passive des parents.
38:28Face à ce nouveau type
38:30de délinquants, les outils
38:32traditionnels de réinsertion sont
38:34dépassés. Rapport
38:36Renseignements Généraux 1990.
38:38J'ai vu le chef de ce
38:40commissariat il y a 4-5 ans. Il m'a dit on peut faire
38:42du copier-coller.
38:44On est en pleine actualité.
38:46Pardon ? Tout à fait.
38:48On est vraiment en pleine actualité.
38:50Quand on a dit ça, je précise
38:52rapidement que dans ce quartier
38:54du Mirail,
38:56ont été élevés les frères Klein,
38:58la famille Klein, qui est une famille
39:00antillaise chrétienne
39:02convertie à l'islam
39:04qui sont parties avec armes et bagages
39:06au Moyen-Orient.
39:08L'un des frères, Fabien Klein, a revendiqué
39:10le Bataclan.
39:12Éducation, du droit commun,
39:14on passe au terrorisme.
39:16Cet exemple-là,
39:18on peut le multiplier à travers la France.
39:20Vous racontez un temps
39:22pas plus joyeux, mais un temps
39:24beaucoup plus simple à gérer
39:26pour les policiers.
39:28Vous évoquez en même temps l'histoire du 36,
39:30le quai des Orfèvres. Il y a un personnage très célèbre
39:32et souvent on ignore
39:34qu'il a eu un rapport avec le quai des Orfèvres.
39:40Vidoc,
39:42joué à la télévision par Claude Brasseur,
39:44par Bernard Noël et aussi par Jean-Marie Amato.
39:46L'idée
39:48de la série a été inspirée
39:50à Georges Neveu par son teinturier
39:52qui connaissait l'histoire de Vidoc.
39:54C'est vrai que c'est un personnage
39:56qui a marqué l'histoire de la police.
39:58C'est quand même un voyou,
40:00jusqu'au bout
40:02le sang du voyou dans les veines
40:04qui a été extrait
40:06de sa prison, il a fait le bagne
40:08pour quasiment
40:10diriger l'ancêtre
40:12de la police judiciaire.
40:14Les flics n'étaient pas contraints
40:16il avait recruté autour de lui
40:18des voyous,
40:20et il faisait de belles affaires.
40:22Il s'occupait aussi
40:24surtout des affaires dites recommandées.
40:26Ça existe ce genre de choses.
40:28Il n'a pas laissé
40:30un excellent souvenir.
40:32Il se trouve aussi
40:34que vous évoquez dans ce livre
40:36l'exposition universelle de 1889.
40:38On connaît la tour Eiffel, la naissance du Moulin Rouge
40:40mais on ne savait pas que
40:42la police avait un stand
40:44et qu'il y a quelque chose
40:46qui s'est passé pendant
40:48cette exposition universelle, avec Bertillon.
40:50Oui, Bertillon.
40:52Vous savez,
40:54là aussi c'est un personnage
40:56qui a vraiment
40:58marqué l'histoire du 36.
41:00On oublie
41:02souvent Locard, le Lyonnais
41:04qui a sorti
41:06un petit peu la police
41:08du Moyen-Âge.
41:10Bertillon a eu un parcours
41:12où il est parti
41:14de trois fois rien. Il avait la chance d'avoir un père
41:16qui était un docteur,
41:18un spécialiste
41:20de l'anthropologie, etc.
41:22et qui lui a permis
41:24de faire ce qu'il a fait.
41:26Ce fichier, au départ,
41:28a été critiqué. Bertillon était quelqu'un
41:30qui faisait des fausses orthographes et qui a inventé
41:32quelque chose qui a servi ensuite.
41:34L'anthropométrie, oui, bien sûr.
41:36Il y a aussi, dans différentes choses,
41:38vous évoquez quelqu'un de très important dans l'histoire,
41:40c'est le commissaire Maigret,
41:42et l'APJ l'a fêté comme il se devait,
41:44Georges Chimnon.
41:46Ah oui, vous savez que Simonon a vécu
41:48plusieurs semaines au 36, qu'est-ce qu'il a dû faire ?
41:50Il s'est inspiré de deux personnages,
41:52le commissaire Guillaume et le commissaire
41:54Massu, qui sont deux personnalités
41:56totalement différentes.
41:58Massu, c'est vraiment
42:00l'homme le poids lourd,
42:02les pieds sur terre, etc.
42:04Guillaume,
42:06c'était une intelligence extraordinaire,
42:08mais
42:10lorsqu'il terminait
42:12une interrogatorie à trois heures du matin,
42:14avant de rentrer chez sa petite femme,
42:16il allait voir ses petites copines.
42:18Mais, alors,
42:20Guillaume a,
42:22notamment dans l'affaire Violette Onosière,
42:24dont on parle dans nos livres,
42:26il a interrogé cette fille.
42:28Il voulait témoigner au procès.
42:30Il était persuadé
42:32que ce qu'elle avait dit,
42:34à savoir que son père l'avait
42:36violée à de nombreuses reprises
42:38quand elle était jeune, la raison pour laquelle
42:40elle avait voulu
42:42la tuer et empoisonner
42:44sa mère, qui n'était pas morte.
42:46Et lui, il était convaincu
42:48de ce que disait
42:50Violette Onosière. C'était la vérité.
42:52Et puis, il n'a pas
42:54été cité aux assises.
42:56J'en reviens à mes grèves, parce que finalement,
42:58c'est parce que l'APJ lui a ouvert
43:00la porte du Viquai des Enfers.
43:02Oui, bien sûr.
43:04Il s'est beaucoup
43:06renseigné. Il écrivait
43:08à mes grèves en huit jours, enfermé
43:10dans son bureau. On lui passait des
43:12fraises de sandwich sous la porte.
43:14Jean-Richard, qui était le plus célèbre des maigrets,
43:16il lui a offert une pipe
43:18pour la remercier.
43:20Et puis, il y a le film Quai des Orfèvres,
43:22que vous avez évoqué, et il y a des images
43:24qui ont été tournées
43:26sur l'escalier du Quai des Orfèvres,
43:28qui est très célèbre.
43:30Oui, vous savez, à l'époque où j'étais au Quai des Orfèvres,
43:32le réaliste avait un bureau à l'étage.
43:34Et je pense
43:36qu'à l'époque,
43:38le film doit
43:40dater de 1947.
43:421947, oui.
43:44Et on voit à un moment donné,
43:46Louis Jouvet,
43:48il sort de son bureau.
43:50Le bureau que j'ai occupé, d'en parler
43:52tout à l'heure,
43:54et une meute de flash, vous savez,
43:56ces appareils photo qui flashaient,
43:58tu vois.
44:00Il venait
44:02de recueillir les aveux
44:04du criminel.
44:06C'est étonnant.
44:08Alors, il y a aussi, vous avez parlé
44:10d'une femme flic, mais il y a aussi Martine Monteil,
44:12qui a été très importante à la police judiciaire,
44:14que vous avez connue.
44:16Ah oui, je l'ai bien connue. Je l'ai vue monter en culottes courtes
44:18parce que son papa était
44:20inspecteur à l'Antiguan, j'étais inspecteur à la Mondaine
44:22dans les années
44:2464,
44:2663-64.
44:28Et effectivement, ça a été une
44:30grande dame.
44:32Et elle réussissait à faire parler
44:34les tueurs parce qu'elle les confessait
44:36de façon autre.
44:38Ah oui, c'était sa première affaire. Elle était sagière, la
44:40troisième brigade territoriale.
44:42Les voyous
44:44n'étaient pas habitués à être interrogés par des femmes.
44:46Et je crois que ça a été un atout
44:48pour elle.
44:50Et vous dites dans ce livre aussi, Claude Clancesse, qu'on ne sait pas,
44:52c'est que l'expression tueur en série, qu'on connaît aujourd'hui,
44:54n'était pas d'actualité.
44:56C'était en Amérique,
44:58c'est réel qu'il y a, mais en France,
45:00non.
45:02Et puis il y a Mme Claude, dont on a parlé.
45:04Mme Claude, c'est aussi un personnage
45:06que j'ai connu, parce qu'elle est venue dans une émission de
45:08Philippe Bouvard, j'étais l'assistant.
45:10Je l'ai interviewée.
45:12Après, elle a fait l'émission avec
45:14un drap devant pour qu'on ne la reconnaisse pas.
45:16Mais moi, je l'ai vue vraiment.
45:18C'était le sosie de François Stagan.
45:20Vous savez, Mme Claude,
45:22il y a eu deux périodes dans sa vie. La période où elle avait le comté,
45:24c'est-à-dire qu'elle a travaillé,
45:26elle était couverte.
45:28Nous étions, nous, à La Mondaine,
45:30complices un petit peu de son activité
45:32de proxénète.
45:34Elle nous donnait un échange de renseignements concernant
45:36les personnalités qui fréquentaient les VIP
45:38françaises ou étrangères, qui fréquentaient ses filles.
45:40Et puis la seconde période,
45:42précisément Martine Montaigne, qui est patron
45:44de la brigade de répression et de proxénétisme,
45:46ancienne brigade Mondaine,
45:48c'est moi qui l'avais nommée à ce poste-là,
45:50qui un jour rentre dans mon bureau,
45:52vous savez, Martine Montaigne, si vous l'avez connue,
45:54quand elle vous parle, elle vous regarde droit dans les yeux.
45:56Elle rentre dans mon bureau, elle regarde ses chaussures.
45:58Oh, j'ai dit, Martine, il y a quelque chose qui ne va pas.
46:00Qui ne va pas être content.
46:02On serre à Mme Claude demain matin.
46:04Je fais des bancs au ciel, parce que serrer Mme Claude demain matin,
46:06ça veut dire que son service
46:08travaillait depuis des semaines, des mois,
46:10sur Mme Claude, qui était
46:12censée ne plus avoir d'activité.
46:14Et elle s'était dit,
46:16si j'en parle
46:18à mon patron, il va être obligé d'en parler
46:20à son patron, le préfet, le château
46:22va être courant, et puis Mme Claude,
46:24on ne pourra jamais l'arrêter. Qui plus est,
46:26le chef de groupe qui avait cette affaire en main
46:28était un, je l'avais vu arriver
46:30à la brigade Mondaine, un flic comme ça.
46:32Un ami,
46:34elle l'a persuadé de ne pas m'en parler,
46:36lui aussi, il était embêté.
46:38De tout quoi, là, Mme Claude,
46:40elle a finalement fini quand même
46:42en prison. La morale était sombre.
46:44Et puis moi, je me souviens des 50 ans
46:46de ricocher un personnage de bande dessinée,
46:48et j'ai participé à l'organisation
46:50d'une exposition et d'une fête
46:52au Quai des Orfèvres, où ce personnage
46:54qui était donc un journaliste qui réglait
46:56les affaires, personnage de Tibet et André
46:58du Château, les auteurs sont venus
47:00au Quai des Orfèvres découvrir en vrai
47:02l'univers de Ricochet.
47:04Je ne sais pas si vous étiez là, si vous étiez encore là.
47:06C'était un...
47:08Ça devait être en
47:101992-93,
47:12quelque chose comme ça.
47:14Ah oui, j'étais là.
47:16Et puis, alors, il y a aussi
47:18l'évolution de la
47:20APJ que vous racontez, parce que
47:22l'APJ a totalement changé aujourd'hui,
47:24et puis le monde a changé avec le terrorisme.
47:26Oui, il y a eu une évolution,
47:28si vous voulez, on parlait de Berthillon tout à l'heure.
47:30Première évolution dans l'histoire de la République judiciaire.
47:32Et la seconde, c'est les années
47:3490, avec Jacques Gential
47:36qui crée la police technique et scientifique.
47:38On sort vraiment du Moyen-Âge.
47:40Ensuite, la centralisation
47:42des fichiers.
47:44Les fichiers étaient
47:46territoriaux,
47:48pas centralisés. Les empreintes digitales,
47:50vous vous commettiez un casse à Toulouse, à Paris,
47:52on ne le savait pas. C'est pour ça que
47:54des tueurs en série comme Guy
47:56Georges et Thierry Paulin ont
47:58tenu la route pendant un certain temps.
48:00Il y a eu ça, Gential a créé
48:02la sous-direction de la police technique et scientifique,
48:04et puis il y a eu l'apport de l'ADN,
48:06bien entendu. Mais malgré tout,
48:08malgré ces progrès,
48:10je voudrais en dire encore
48:12une fois, je ne suis pas le seul
48:14à le dire, que l'informatique
48:16nous a fait faire des
48:18bons, fabuleux, etc.
48:20Mais on a complexifié les procédures
48:22et les gens, pour en revenir
48:24à notre propos tout à l'heure,
48:26qui passaient du temps sur l'Olympia,
48:28ils passent aussi beaucoup trop de temps
48:30devant leurs ordinateurs, c'est les plaintes.
48:32Tous les ministres qui se succèdent, on va
48:34simplifier. Mais ça, c'est
48:36un mot qui revient
48:38à tout bout de champ, dans tous les domaines.
48:40Les agriculteurs, qu'est-ce qu'ils réclament ?
48:42Simplification des procédures. Parlons pas
48:44du Code du Travail, on doit le simplifier.
48:46Et
48:48croyez-moi qu'on ferait beaucoup de preuves.
48:50Le terrain, les flics,
48:52sont faits pour être sur le terrain.
48:54Et on a assez de...
48:56Je me bagarre parfois
48:58envers certains syndicats, mais je pense qu'on a
49:00assez de flics en France.
49:02Il faut mieux les utiliser.
49:04Je crois que vous avez raison, et en tout cas,
49:06s'il y a quelque chose à lire, c'est pas des rapports,
49:08ce sont ces deux livres, Flics du 36
49:10et Histoires du 36, revues
49:12actualisées aux éditions Mareuil,
49:14parce que vraiment, ce sont deux livres passionnants
49:16d'un homme passionné que vous êtes, et continuent
49:18à ne changer surtout rien, tout le temps. Cesse.
49:20Je vais essayer, mon cher monsieur.
49:22Merci, les Clés d'une vie, c'est terminé.
49:24Pour aujourd'hui, on se retrouve bientôt. Restez fidèles.
49:26A l'écoute de Sud Radio.