• il y a 6 mois
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Nicolas Pouvreau-Monti, fondateur de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils se penchent sur le programme des trois grandes familles politiques en matière d'immigration pour les élections législatives.
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Transcription
00:00Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le directeur de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie.
00:05Bonjour Nicolas Pouvremonti, bienvenue sur Europe 1. Focus avec vous ce matin, Nicolas Pouvremonti,
00:11à neuf jours du premier tour des législatives sur un thème de campagne.
00:14On a beaucoup parlé cette semaine d'économie, quid de cet autre thème majeur pour les Français,
00:19l'immigration, que proposent les grandes familles politiques qui vont s'affronter dans les urnes.
00:23Alors un mot peut-être de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie que vous dirigez, qu'est-ce que c'est exactement ?
00:28Écoutez, l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie, c'est un laboratoire d'idées qui vise à éclairer le débat public sur ces questions migratoires et démographiques
00:34en ayant une approche à deux piliers, d'une part rigueur et stéréotechnique, et d'autre part indépendance, notamment caractère apartisan,
00:41ce qui est plutôt précieux sur ce thème-là en particulier.
00:43Effectivement, car c'est hyper polarisé politiquement ce thème de l'immigration sur lequel parfois on peine à distinguer l'idéologie des faits.
00:50Alors justement, avant de parler des programmes, les grandes masses de l'immigration en France, Nicolas Pouvremonti,
00:55les flux, les stocks, pour parler comme un économiste, les origines, immigration légale, immigration illégale...
01:01Est-ce que vous pouvez nous brosser un rapide tableau ?
01:03Bien sûr. En tout cas, le fait notable de ces dernières années sur l'ensemble des grandes masses de l'immigration que vous décrivez,
01:09c'est un ensemble de records tout à fait inédits sur les principales catégories de flux.
01:13Donc c'est vrai à la fois sur l'admission au séjour, sur l'asile, sur l'immigration clandestine,
01:17pour en rester à ce qui est aujourd'hui la masse principale des flux, c'est-à-dire l'admission au séjour,
01:22la délivrance de premiers titres de séjour à des étrangers extra-européens.
01:25Donc l'immigration légale.
01:26Immigration légale, tout à fait. On a eu l'an dernier une année record avec plus de 320 000 premiers titres de séjour qui ont été délivrés.
01:32En moyenne annuelle, sous la présidence d'Emmanuel Macron, on a délivré 26% de titres de séjour en plus que sous François Hollande
01:40et 45% de plus que sous Nicolas Sarkozy.
01:42Mais cette dynamique, elle a hausse, elle vaut aussi pour l'asile.
01:45Le nombre de premières demandes d'asile l'an dernier, 145 000, c'est 40% de plus que sur la dernière année du quinquennat Hollande.
01:51L'immigration clandestine, elle est plus difficile à appréhender par nature,
01:54mais on dispose d'indicateurs, notamment le nombre de bénéficiaires de l'aide médicale d'État.
01:57On sait que ce nombre de bénéficiaires a augmenté de moitié depuis 2017,
02:00donc on a vraiment une trajectoire haussière sur tous les champs de l'immigration.
02:03Et en stock, si je puis dire, combien d'immigrés en France,
02:06combien sont la nationalité française, combien ont conservé leur nationalité d'origine ?
02:10Alors, on a aujourd'hui un peu plus de 10% de la population française, selon l'INSEE,
02:14qui est immigrée au sens strict, c'est-à-dire des personnes nées étrangères à l'étranger.
02:19À côté de ça, on a un petit peu moins de 8% d'étrangers,
02:22étant entendu qu'on a en France une politique large d'acquisition de nationalité française.
02:26Depuis 2005, ce sont 2 millions de personnes qui ont acquis la nationalité française.
02:31Si on regarde les stocks de titres de séjour en cours de validité,
02:35qui ne concernent pas tous les immigrés, qui concernent notamment les immigrés extra-européens,
02:38on voit que ce stock, aujourd'hui, il est supérieur de 30% à ce qu'il était en 2017,
02:4250% à ce qu'il était en 2012 et 70% à ce qu'il était en 2007.
02:46Donc, c'est presque un doublement depuis 2016.
02:48Absolument, c'est le résultat de ces records sur les flux qui se consolident dans les stocks.
02:52Justement, dans le Figaro, cette semaine, Nicolas Pouvron-Monti,
02:55vous affirmez qu'il n'y a jamais eu autant d'immigration en France
02:57que durant la présidence d'Emmanuel Macron.
02:59Quelle est la cause de cette accélération migratoire ?
03:02Alors, ces records sur la présence d'Emmanuel Macron,
03:05ils relèvent finalement assez peu d'une volonté délibérée d'augmentation de l'immigration,
03:10à l'exception peut-être de l'immigration étudiante
03:12et de certains aspects de l'immigration professionnelle qui restent aujourd'hui très minoritaires.
03:15Ce n'est pas un projet politique d'Emmanuel Macron ?
03:16En tout cas, le résultat qu'on voit ici, c'est en partie le résultat de ses choix,
03:21mais c'est d'abord et avant tout le résultat d'une politique de laisser faire,
03:25de laisser filer envers une augmentation de l'immigration
03:28qui est engagée depuis bien avant Emmanuel Macron.
03:30L'immigration, fatalité, c'est le discours qu'on a.
03:32C'est ça, il y a une forme de résignation finalement
03:34devant une dynamique d'augmentation des flux qui est engagée depuis la fin des années 1990.
03:38Et cette fatalité, on l'a aussi retrouvée dans la loi immigration,
03:42c'est-à-dire qu'il y avait un ensemble de mesures ponctuelles, de bon sens,
03:45par exemple sur la facilitation de l'éloignement de certains profils
03:48représentant les menaces graves pour l'ordre public,
03:50mais il n'y avait rien, absolument rien, sur les grandes masses de l'immigration qu'on décrivait.
03:53Il y a cette impression que partagent beaucoup de Français
03:56que l'État n'a plus tellement de souveraineté dans la gestion de ses frontières,
03:59dans le traitement de l'asile également,
04:01qu'en gros, l'État est là pour financer un système dont la maîtrise lui échappe.
04:05Nicolas Pouvre-Montier, est-ce que cette impression est recoupée par l'EFA ?
04:08Ce qui est certain, c'est que l'immigration aujourd'hui
04:10échappe complètement au champ ordinaire de la délibération politique,
04:13de la délibération démocratique.
04:14C'est spécialement vrai dans le champ de l'asile,
04:17qui est le canal d'immigration qui connaît la croissance la plus forte ces dernières années.
04:20Plus de 245% de premières demandes d'asile enregistrées en France
04:23entre la fin des années 2000 et l'an dernier.
04:25C'est x3, x4.
04:26Absolument.
04:27Et cette trajectoire de l'asile,
04:30elle est tenue en amont par les traités,
04:33le droit européen, la convention de Genève de 51 sur le statut des réfugiés,
04:38et en aval par la jurisprudence,
04:39qui a une interprétation toujours plus large des critères d'accès à l'asile.
04:42Donc, il y a une forme de dépossession politique du sujet de l'immigration.
04:45Tout à fait.
04:45On n'a plus tellement de levier.
04:46C'est absolument le cas, et c'est le cas sur les grandes masses de l'immigration.
04:49J'évoquais l'asile, mais on pourrait aussi évoquer l'immigration familiale.
04:52En la matière, on est notamment contraint par la convention européenne des droits de l'homme,
04:55qui, en son article 8, garantit un droit à la vie privée et familiale,
04:59qui est aujourd'hui souvent opposée,
05:01notamment quand on veut éloigner des profils menaçants de l'ordre public.
05:03Alors, je voudrais qu'on regarde maintenant ensemble
05:04ce que coûte l'immigration à la société française,
05:07comment elle pèse, en fait, sur plein de...
05:10notamment budgétairement.
05:11Alors, on dit souvent que c'est une main d'oeuvre qui est la bienvenue.
05:14C'est l'aspect positif de l'immigration, si je puis dire, sur le plan économique.
05:17Je voudrais vous faire écouter un petit son.
05:19C'est Olivier Richefoux.
05:20Il est président du conseil départemental de la Mayenne.
05:23Alors, il s'exprime à propos de l'aide sociale à l'enfance.
05:26Et il constate que le budget de cette ASE
05:29progresse très vite d'année en année dans son département.
05:32Pourquoi ?
05:33Je vous propose d'écouter son explication.
05:35Nous avons environ 350 à 400 mineurs non accompagnés par an.
05:40Nous les hébergeons, nous les nourrissons,
05:42nous les faisons passer un examen médical.
05:44Et puis, lorsqu'ils sont déclarés mineurs,
05:46eh bien, nous faisons en sorte de les accompagner
05:49pour trouver une voie vertueuse d'insertion.
05:52L'ensemble de la charge représente une somme de 40 000 à 50 000 euros par an et par enfant.
05:57Voilà, donc ce président du conseil départemental qui nous dit
06:00« Mon aide sociale à l'enfance, le budget augmente très vite. »
06:02Pourquoi ? Parce qu'il y a de plus en plus de mineurs non accompagnés,
06:04des mineurs étrangers qui sont en France,
06:06et que la collectivité aide à s'installer en France.
06:10Et ça coûte très cher, 40 000 à 50 000 euros par personne.
06:12Tout à fait, et le coût consolidé de la prise en charge de ces mineurs non accompagnés,
06:15ça représente environ maintenant 2 milliards d'euros par an
06:17à la charge des départements,
06:19puisque l'État a fait le choix de se défausser de ce sujet
06:22en considérant qu'il s'agissait d'un enjeu de politique sociale,
06:24donc relevant de la compétence normale des départements,
06:27et non pas d'un enjeu de politique migratoire en dépit du bon sens.
06:30Et là aussi, sur la question des mineurs non accompagnés,
06:32on est dans un champ de l'immigration qui est complètement hors du contrôle du politique,
06:35puisqu'il y a un ensemble de traités sur ces sujets.
06:37Mais au-delà de ce cumul de cas particuliers,
06:40comme celui des MNA qui aboutit à aujourd'hui une facture lourde
06:43de la politique actuelle d'immigration,
06:46ce qui conduit à un fardeau fiscal systémique de l'immigration aujourd'hui,
06:50c'est d'abord et avant tout le profil de l'immigration qu'on reçoit en France,
06:53qui est en moyenne moins qualifié que dans d'autres pays européens.
06:57On a un nombre d'immigrés qui n'ont aucun diplôme
07:00ou seulement un niveau brevet CEP qui est supérieur de 2,5%
07:03aux Français sans incendance migratoire.
07:05On a des taux de chômage et d'inactivité,
07:07notamment parmi les nationalités les plus représentées dans l'immigration en France,
07:10qui sont beaucoup plus forts que ceux des Français d'origine.
07:13Et tout ça, finalement, dessine des profils de population
07:16qui sont en moyenne sous-contributrices et sur-consommatrices
07:19des dispositifs de solidarité collective.
07:21C'est ce qui fait que, par exemple, le CEPI et le CDE,
07:23dans leurs études à ce sujet ces dernières années,
07:26qui emploient des scénarios parmi les plus exhaustifs,
07:28arrivent à un coût annuel net de l'immigration sur les finances publiques
07:30pour deux générations, immigrés et première génération des descendants,
07:34compris entre 35 et 40 milliards d'euros par an,
07:36ce qui est quasiment le budget du ministère de l'Intérieur.
07:3835 à 40 milliards par an.
07:40Dernière question, on ne va pas passer en vue toutes les propositions,
07:42mais les grandes masses des programmes,
07:44Nouveau Front Populaire, Ensemble, c'est-à-dire la majorité présidentielle,
07:47et Rassemblement National,
07:48quels sont les grands axes de leurs programmes sur l'immigration ?
07:51Pour ce qui est du Nouveau Front Populaire,
07:53la logique est clairement de pousser à son extrême limite
07:56la dépolitisation du sujet de l'immigration,
07:58sa sortie du champ de la délibération démocratique.
08:00Il y a de multiples mesures assez stupéfiantes qui sont proposées,
08:04pour ne citer qu'une d'entre elles,
08:05la création d'un statut de déplacé climatique.
08:07La Banque Mondiale estime que d'ici à 2050,
08:10on pourrait avoir 230 millions de réfugiés climatiques.
08:12Les hormones dans votre pays, venez en France, on vous accueillera.
08:15On créerait un droit principiel à l'installation en France
08:17pour 230 millions de personnes.
08:19Voilà cet esprit-là.
08:21Pour ce qui est du camp présidentiel,
08:23à ce stade, les propositions novatrices en la matière
08:25sont plutôt discrètes.
08:27On est sur une forme de continuité,
08:29avec une volonté de fermeté affichée
08:31mais qui contraste avec les bilans records
08:33de la présidence Macron en la matière.
08:35Et enfin, du côté du Rassemblement National,
08:36il y a évidemment une tension parce que
08:38demain, si le Rassemblement National a une majorité absolue,
08:41il sera dans un cadre de cohabitation.
08:43C'est difficile de desserrer un certain nombre de contraintes,
08:45notamment internationales, dans ce cadre-là,
08:47ou encore de réviser la Constitution,
08:49ce qui est impliqué par un certain nombre des mesures du RN.
08:51Il y a un corset juridique et constitutionnel très fort.
08:53C'est ça. Ce qui ne veut pas dire
08:55qu'il n'est pas possible d'agir, y compris dans le cadre d'un gouvernement de cohabitation.
08:57Je sais que, par exemple, le RN
08:59met en avant sa volonté de réforme
09:01du droit de la nationalité.
09:03Le droit de la nationalité, ça relève de la loi,
09:05du champ de la loi défini par la Constitution, c'est l'article 34.
09:07Il est tout à fait possible, demain par exemple,
09:09de supprimer l'automaticité de l'accès
09:11à la nationalité française pour un certain nombre de profils.
09:13Merci beaucoup de vos lumières, Nicolas Pouvreau-Monti,
09:15directeur de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie.
09:17Je renvoie vers le site internet de votre observatoire.
09:19Il y a plein de documents,
09:21il y a beaucoup d'études sur le sujet.
09:23Merci d'être venu au micro d'Europe.
09:25Bonne journée à vous.

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