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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, ils s'intéressent aux "dénis oui-oui" qui font le jeu du Rassemblement national.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
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NewsTranscription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06Alors Vincent, la campagne s'achève ce soir à minuit, elle fut courte, elle fut confuse aussi, ces derniers jours on a vu
00:11refleurir une mise en accusation des médias qui par leur traitement de l'actualité auraient, selon la formule, fait le jeu du rassemblement national.
00:19Oui, ces médias ne sont pas soupçonnés de donner une trop grande place aux membres du RN, mais ils participeraient dans leurs choix éditoriaux
00:26à installer une réalité
00:28fantasmée qui servirait les intérêts des parties les plus à droite.
00:31En gros, ce ne sont pas les émeutes qui se sont déroulées il y a un an qui expliquent le succès de Jordane Bardella,
00:37mais l'importance donnée par certains médias à ces émeutes, c'est une vieille histoire,
00:41Dimitri, qui nous ramène à Pierre Bourdieu et à sa leçon au Collège de France intitulée « Sur la télévision,
00:48au cœur de la démonstration de Bourdieu, on retrouve ces mots « les faits divers sont des faits qui font
00:55diversion », c'est-à-dire qui nous détournent des vrais misères et des difficultés sociales.
00:59Bourdieu s'en prenait alors à France Info, ces news n'existaient pas, qui, selon lui, abusait des faits divers.
01:05C'est exactement ce même discours qui est resservi
01:09ces jours-ci par les enfants de Bourdieu, que l'on pourrait aussi appeler le parti du déni.
01:13Parti du déni, c'est-à-dire Vincent ?
01:15C'est-à-dire la corte des dénis oui-oui, ces politiques, ces intellectuels, ces relais d'opinion, ces journalistes, qui plutôt que de s'attaquer aux causes profondes
01:23du succès de Marine Le Pen, préfèrent nier tout simplement leur existence. Pour le parti du déni,
01:30l'insécurité est un sentiment,
01:33l'immigration est une illusion,
01:35l'impression d'être parfois en exil dans son propre pays est une panique morale, une névrose décliniste.
01:40Toujours dans la lignée de Pierre Bourdieu, le parti du déni traque les violences symboliques,
01:45les micro-agressions, qu'il impute le plus souvent à la bourgeoisie, mais il ne trouve aucune
01:51signification sociale ou politique aux violences réelles, aux macro-agressions, qui pourtant se multiplient dans le pays.
01:58Et si certaines de ces agressions sont trop épouvantables pour être ignorées, le parti du déni reprochera à certains médias de faire de la récupération.
02:06Finalement, ce refus de prendre la réalité par les cornes est pour beaucoup de français aussi révoltant que cette réalité elle-même.
02:13C'est parce que les représentants politiques ou médiatiques refusent de voir ce que vivent les représentés,
02:18que ces derniers crient de plus en plus fort.
02:21Mais ces dernières semaines, Vincent, l'insécurité a été au cœur de l'actualité médiatique.
02:25Pas chez tout le monde. Vous noterez que la radio publique, ou que Le Monde, que Libération,
02:30n'ont évoqué les drames signifiants des derniers mois. On peut penser par exemple à la mort du jeune Thomas Acrépole,
02:35qui avec un peu de retard est beaucoup d'embarras. Mais c'est vrai qu'ailleurs,
02:39la réalité était tellement criante qu'elle s'est imposée aux récits médiatiques.
02:43Et c'est ça que ne comprennent pas les contempteurs d'un certain nombre de médias privés.
02:47Ce ne sont pas ces médias qui façonnent l'opinion des français.
02:51C'est l'opinion des français qui permet le succès spectaculaire de ces médias.
02:55Pourquoi ? Parce que les français y retrouvent enfin ce qu'ils vivent, ce qu'ils craignent et ce qu'ils espèrent.
03:01Il est arrivé, qu'on le reproche au Figaro ou à Europe 1,
03:05de privilégier les faits divers qui illustreraient la faillite de l'intégration ou le fondrement de l'autorité.
03:10Mais c'est malheureusement le contraire. Ces agressions sont tellement nombreuses,
03:14répétitives et révélatrices, que les journalistes en écartent énormément
03:19pour se concentrer sur celles qu'il est impossible de taire.
03:22Si l'on prend l'exemple des attaques au couteau plusieurs par jour,
03:25des agressions commises par des étrangers sous au QTF plusieurs par mois,
03:28des récidivistes qui récidivent impunément,
03:31il y aurait de quoi alimenter une chronique permanente.
03:35C'est ce bruit de fond, comme dit Jérôme Fourquet, qui explique la progression du RN.
03:39Pas le bruit des médias, mais celui de la violence ordinaire,
03:42auquel n'a répondu que le silence de ceux qui nous gouvernent.
03:45Ce silence coupable, Dimitri, c'est lui qui fait le jeu de Marine Le Pen.
03:50Il y a un silence, en revanche, qui n'a pas été le cas sur France Info cette semaine.
03:53On s'est beaucoup intéressé, par exemple, à A Europe 1.
03:56On en parlera tout à l'heure après 8h30 avec Mathieu Bocoté qui viendra passer une tête avec vos signatures Europe 1.
04:01C'était l'édito politique avec Vincent Trémolet de Villers. Merci beaucoup Vincent.