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Lundi 1 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud)

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00:00Et c'est John Plassard qui est avec nous pour entamer ce rendez-vous de début de semaine
00:14sur Bsmart, spécialiste en investissement chez Mirabo avec nous en visioconférence.
00:18Bonjour et bienvenue John. Merci beaucoup d'être avec nous. C'est donc le feuilleton
00:21politique de l'été, la séquence politique française qui fait réagir évidemment les
00:27marchés d'actifs français mais plus généralement les marchés européens. Que retenir des premières
00:34réactions et du rationnel des premières réactions de marchés qu'on peut observer
00:37depuis ce matin à la suite des résultats du premier tour des élections législatives
00:40en France John ? Bonjour Grégoire. D'une certaine manière
00:44pour les marchés c'est un soulagement. Alors soulagement de courte durée parce qu'il
00:48faut rappeler quand même qu'il y a un deuxième tour dans une semaine et soulagement parce
00:52que ce n'est pas l'extrême droite ni la gauche unie ou certains l'appellent l'extrême
00:58gauche qui auraient apparemment la majorité à l'Assemblée nationale. On a vu ce matin
01:05que le spread, ce qu'on regardait, vous vous souvenez, le spread entre l'OAT français
01:09et le Bund allemand s'est rétréci mais on voit que le CAC 40 qui a ouvert en hausse
01:17de quasiment 3% actuellement est à plus 1,5% et qui est dû quasiment exclusivement
01:23à ce qu'on appelle du short squeeze c'est-à-dire un rachat de position vendeuse. Il faut quand
01:28même rappeler une chose qui est très très importante c'est que depuis le début de
01:32l'année le CAC 40 n'a rien fait, il est en très très très légère hausse alors
01:38que l'Eurostock 50 est à plus de 9%. Donc il y a un rattrapage théorique qui devrait
01:45se faire si tout se passe comme le semblent le dire les marchés financiers aujourd'hui
01:50c'est-à-dire qu'on ait un gouvernement qui soit ingouvernable mais potentiellement
01:57pas de cohabitation et donc pendant trois ans ce sera comme ça. Mais vous savez Grégoire
02:03on va se retrouver dans une situation et c'est Moudiz qui avertissait le lendemain, l'agence
02:09de notation de Moudiz qui avertissait le lendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale
02:14que bien évidemment elle surveillait de très très près ce qui était en train
02:20de se passer et que s'il n'y avait pas de nouvelle réforme pour que les prévisions
02:25budgétaires soient revues à la baisse et bien évidemment la note de la France serait
02:31abaissée. Donc on se retrouverait théoriquement toujours après le 7 juillet et bien dans
02:37une situation où vous avez les agences de notation qui vont bien évidemment baisser
02:41la note de la France et vous allez avoir l'écart entre l'OAT et le BOUN qui va s'agrandir
02:49et puis on va avoir de la pression bien évidemment sur l'euro qui remontait ce matin face
02:55au dollar et notamment au franc suisse.
02:58Il faut imaginer qu'il y a une pression de long terme qui s'installe sur les actifs
03:02français, sur les actifs européens comme la devise européenne, quel que soit l'issue
03:09du second tour des élections législatives et de ce qui se passera dans la séquence
03:13suivante ?
03:14Oui clairement et vous savez qu'on avait beaucoup d'analystes alors vous me direz
03:18comme chaque année qui avaient dit il n'y a pas très longtemps qu'il fallait sortir
03:23c'est-à-dire vendre les actifs américains pour revenir sur les actifs européens parce
03:28que potentiellement et bien en baissant les taux la banque centrale européenne donnait
03:32un message qu'elle voulait entre autres relancer la croissance économique, qu'elle
03:36était déjà arrivée d'une certaine manière sur son objectif de 2% d'inflation et bien
03:41cette rhétorique de dire on vend les Etats-Unis pour revenir en Europe et bien évidemment
03:47elle va rapidement se dissiper, on sait que c'est une rhétorique qui a toujours lieu
03:52en début d'année et on voit qu'aujourd'hui ça ne fonctionne pas et on voit depuis quelques
03:57semaines que dès que les américains se réveillent et bien on a une pression vendeuse plus importante
04:02sur l'Europe et en l'occurrence sur le CAC 40, on va voir ce qui va se passer cet après-midi
04:07mais ici effectivement je pense que le rebond qu'on pourrait avoir sera de courte durée et
04:14l'écart de performance entre ce qu'on disait avant c'est-à-dire le CAC 40 qui n'a rien fait
04:19qui devrait évidemment rattraper un peu et l'euro stock 50 va rester toujours important
04:25parce que on sera comme je disais avant dans une situation où plus aucune réforme ne sera
04:33mise en place parce que personne ne sera d'accord avec quoi que ce soit. Si la France crée la
04:39surprise politique de l'été John, les Etats-Unis ne sont pas en reste, c'est-à-dire que là aussi
04:44on se dirige peut-être vers un scénario assez inédit pour une élection présidentielle américaine
04:51avec un candidat président sortant Joe Biden en l'occurrence qui soulève de plus en plus
04:58d'interrogations au sein de son propre camp après un débat avec Donald Trump la semaine dernière
05:03qui a été désastreux, catastrophique pour reprendre les termes qui ont été qui ont été employés
05:09John, comment on distingue ce qui est du bruit politique, de l'incertitude et ce qui pourrait
05:16être un peu plus fondamental autour de cette élection présidentielle américaine à ce stade ?
05:20C'est une très bonne question, c'est vrai qu'on se focale sur la France mais on a de nombreux pays
05:25dont les Etats-Unis où on est dans une situation je dirais presque plus chaotique, le mot est bien
05:31choisi parce que c'est le mot qui est choisi par les démocrates pas par les républicains pour
05:37décrire le débat, vous l'avez dit, de la semaine passée. Alors il faut rappeler qu'il y aura un deuxième débat
05:43en septembre et ce débat va laisser bien évidemment des traces et de plus en plus de journaux et
05:50d'économistes démocrates se posent la question si on peut et si on doit d'une certaine manière
05:57remplacer Joe Biden. Alors évidemment la première chose c'est qu'il faut qu'il soit d'accord, ça je
06:02pense c'est la chose la plus importante et la deuxième chose c'est bien évidemment de se
06:07replonger dans l'histoire et voir si c'est déjà arrivé qu'un président sortant se retire.
06:13Vous savez que c'est arrivé avec Lyndon Johnson en 1968, c'était un choc parce que personne ne
06:20s'y attendait mais il s'était retiré de la course à la présidence en 1972, on a aussi eu
06:31Thomas Eggleston qui était un candidat démocrate à la vice-présidence qui s'est retiré, vous savez
06:38pourquoi ? Parce qu'il était traité, et c'est lui-même qui l'avait dit, pour une maladie mentale et
06:43donc bien évidemment vous imaginez les liens trop courts qui sont faits par certains politologues
06:49américains. Alors il y a deux cas de figure, le premier cas de figure c'est que les démocrates
06:55décident avant la convention qui va officialiser le fait que ce soit Joe Biden qui sera le
07:03candidat démocrate et qui se déroulera du 19 au 22 août, la première chose, le premier cas précis
07:10c'est imaginons que demain Joe Biden dise je laisse la main et il faut que vous choisissiez
07:18quelqu'un d'autre, et bien tenez-vous bien il y aura une bataille politique dans chaque état pour
07:23savoir qui sera délégué et ensuite qui vont soutenir en fin de compte et ce qui est très
07:30intéressant de noter ici c'est que vous avez même les candidats qui n'ont pas mené campagne qui
07:38pourraient être pris en considération, donc on va dans une gabegie totale avant l'élection. Après on
07:46a l'autre point de vue qui est après la convention, imaginons qu'à la convention on dise que c'est
07:52Biden mais Biden après la convention décide cette fois-ci de dire je ne veux pas, et bien
07:59normalement c'est le colistier c'est-à-dire celui qui devrait être vice-président s'il sera élu,
08:06alors pour l'instant on ne sait pas qui c'est, qui lui devrait venir et venir à la place de Joe Biden
08:15mais c'est toujours pas aussi simple que ça parce que historiquement toujours et bien c'est le président
08:23du parti qui doit décider du poste vacant, donc on va dans une situation extrêmement compliquée, très
08:31courte parce qu'il faut quand même rappeler que c'est en novembre qu'il y a les élections présidentielles
08:35aux Etats-Unis et on arrive dans une situation où pour battre la personne en face, c'est-à-dire Trump
08:42qui est déjà largement en avance dans les sondages, et bien ça va être compliqué, et juste un tout
08:47dernier mot Grégoire, on parle de plus en plus dans le camp démocrate de Gavin Newsom qui est la star
08:56montante et qui est gouverneur de Californie, qui pourrait potentiellement être le prochain vice-président
09:03parce qu'il est plus aimé que Kamala Harris mais dans les derniers sondages qui étaient sortis il n'y a pas
09:08très longtemps, et bien on voyait que dans une hypothèse de Donald Trump contre Gavin Newsom, et bien
09:19Donald Trump était aussi largement en avance, même plus en avance que contre Joe Biden.
09:26Ça veut dire que l'enjeu quand même de la composition, de la recomposition du Congrès va devenir l'enjeu clé de ces élections,
09:32il y a la présidentielle et il y a le renouvellement d'une partie du Congrès qui va avec John ?
09:37Oui tout à fait, et puis la question principale c'est de dire où, et on n'a pas de réponse, personne n'a de réponse
09:43aujourd'hui, c'est où c'est done deal pour Donald Trump, c'est-à-dire que les Américains estiment que ça va être
09:51le prochain président mais ils vont se focaliser pour élire plutôt des démocrates comme vous l'avez dit aux chambres,
09:57où on donne le plein pouvoir aux républicains et c'est Donald Trump qui est président et ils ont les pleins pouvoirs
10:06pour faire passer des nouvelles réformes et là on rentre dans une circonstance qui est totalement différente
10:12parce qu'il y aura une recomposition du parti démocrate qui historiquement prend beaucoup de temps,
10:19donc c'est la mainmise pour les républicains et là c'est un différent scénario, totalement différent scénario
10:28qui n'avait été envisagé par personne.
10:30Oui, bon, une séquence politique qui s'annonce encore mouvementée devant nous et c'est vrai qu'au milieu de tout ça,
10:36les élections générales au Royaume-Uni cette semaine le 4 juillet, paraissent presque être un fleuve tranquille,
10:42si j'ose dire, John, 8 ans après le Brexit, on a l'impression d'une histoire qui revient à quelque chose d'un peu plus normal
10:48entre le Labour de Keir Starmer aujourd'hui, donné largement gagnant, et les conservateurs défendus à ce stade par Richie Senac.
10:57Oui, c'est très intéressant ce que vous dites Grégoire, pourquoi ?
11:00Parce qu'on voit de plus en plus d'investisseurs qui disent qu'en fait il faudrait investir en Grande-Bretagne.
11:08Alors historiquement, si vous dites qu'il faut investir en Grande-Bretagne quand le parti travailliste, les Labour ont la majorité,
11:15eh bien ça pourrait faire sourire plus d'une personne, eh bien là ce serait potentiellement le coup du siècle
11:22avec potentiellement, et ça irait aussi à l'encontre de l'histoire, l'élection du Labour parti avec une libre sterling qui revient à la hausse,
11:31et je vous rappelle quand même que l'inflation officielle en Grande-Bretagne est arrivée à l'objectif de la Banque centrale de Grande-Bretagne,
11:41et donc la Grande-Bretagne pourrait sans aucun problème baisser ses taux lors de la prochaine réunion,
11:46et ce serait l'élève idéal, entre guillemets, qui serait la Grande-Bretagne après le Brexit,
11:53et donc c'est un clin d'œil à tous ceux qui disaient que la Grande-Bretagne allait s'effondrer théoriquement.
11:58Enfin bon, 8 ans se sont écoulés depuis le Brexit et ça n'a pas été une situation facile pendant la période pour le Royaume-Uni.
12:06Merci beaucoup John, merci pour ces commentaires sur le prisme politique,
12:10la dimension politique qui est bel et bien présente et sans doute pour quelque temps encore dans les marchés financiers.
12:16John Plassa qui est avec une spécialiste en investissement chez Mirabeau.

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