Pendant deux semaines, Eliot Deval et la rédaction d'Europe 1 vous propose deux heures de décryptage d'analyse autour des élections législatives.
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00:00Justement, est-ce que vous êtes du même avis que Catherine Ney, si vous souhaitez réagir au 01, 80, 20, 39, 21 à la question du jour ?
00:08Est-ce que vous vivez un hold-up démocratique ? Je crois qu'on sera avec Maxime dans un instant. Est-il là, Maxime,
00:1426 ans, qui habite dans le Vaucluse ?
00:16Oui, il est là. Bonjour, Maxime.
00:18Bon, vous avez entendu Catherine Ney.
00:20Est-ce que vous partagez son constat ? Vous en avez ras-le-bol de ses alliances ?
00:26Exactement.
00:28Pour répondre à votre question, la question, c'était est-ce un hold-up ? Pour moi, c'est plus qu'un hold-up, c'est même une trahison pour
00:36une partie des électeurs d'Ensemble, dont je faisais partie.
00:40Ah, ça, c'est intéressant. Attendez, je vous coupe, Maxime. Donc, vous êtes
00:45sympathisant Renaissance et vous vous sentez trahi ?
00:49Exactement.
00:50Depuis les dernières élections, pour être honnête avec vous, moi, j'ai voté
00:56les listes soutenues par Emmanuel Macron,
00:59aux présidentielles, aux législatives, aux européennes,
01:03toutes les élections, aux régionales et aux départementales.
01:08Et donc, moi, dans ma circonscription du Vaucluse, on est arrivé une triangulaire
01:13au premier tour, et mon candidat
01:16Ensemble s'est retiré au profit d'un candidat
01:19de l'alliance de gauche, et pour moi, c'est une trahison
01:25parce que
01:26la base électorale
01:30du groupe d'Emmanuel Macron, c'était à la fois des gens de droite et des gens de gauche.
01:35Ça a donné un parti, et aujourd'hui, pour moi, il a trahi toute une partie de son électorat, celui de droite, et moi,
01:43ce n'est pas dans mes valeurs, en tout cas,
01:46d'aller voter cette alliance de gauche. Donc, pour moi,
01:52cette stratégie n'était pas du tout
01:55la bonne.
01:57En tout cas, c'est mon point de vue.
01:58Mais votre point de vue est très intéressant, Maxime, et sachez que dans ce studio, nous sommes avec Martin Garagnon, qui est le porte-parole du camp
02:07présidentiel pour ces législatives.
02:10Il n'a pas le sourire, Martin Garagnon, quand il vous écoute. Vous avez un sympathisant de votre camp qui vous dit
02:18« Aujourd'hui, j'ai la sensation d'être trahi ». Vous lui répondez quoi, Martin Garagnon ?
02:21Mais je n'ai pas le sourire, parce que ce que vient de dire Maxime, je l'entends tous les jours, et je le comprends, et ça
02:26me fait mal de l'entendre. Ça me fait mal parce que je sais que ce n'est pas une solution,
02:30ce n'est pas un choix qui est facile à faire, et nous, évidemment, qu'on n'a pas fait de gaieté de cœur,
02:34évidemment qu'on le déplore. Si on avait pu, on aurait voulu
02:37rassembler plus largement, au premier tour, sur nos candidats ensemble pour la République.
02:42Évidemment, on le déplore. On n'a pas été suffisamment bons, on n'a pas été suffisamment
02:45convaincants. On ne peut que le déplorer.
02:47Maintenant, je comprends la position de Maxime, parce qu'une fois de plus, je vous le dis, moi, je suis sur le terrain tous les jours,
02:52le matin, je démarre à 7h avec des tractages, etc.
02:54Donc, on est au contact tous les jours de ce type de remarques. Nos électeurs nous expriment pour certains leur désarroi,
03:00d'autres nous disent
03:01tout sauf le Rassemblement National, d'autres nous disent exactement ce que Maxime vient de nous dire.
03:05Je l'entends, je le respecte, et je suis navré, en fait, je suis navré pour nos électeurs de ne pas avoir été assez bons
03:12pour leur imposer un choix qui est difficile.
03:14Autre réaction, celle de Sarah. Bonjour, Sarah, vous avez 50 ans, vous avez été dans l'aube et vous dites, en somme,
03:22on n'a plus de sens à aller voter si notre candidat se désiste.
03:26Voilà, bonjour, exactement.
03:28Parce qu'il ne faut pas oublier que, dans certaines circonscriptions, on connaît nos candidats, on connaît nos élus, ils sont assez proches de nous,
03:36ils font un travail formidable au quotidien, ils viennent à notre rencontre,
03:41et s'ils se désistent, alors on vote pour qui ? On ne vote pas que pour un parti, on vote avant tout pour une personne en qui on a
03:47confiance. Et si on nous impose une personne qu'on ne connaît pas, en qui on ne peut pas avoir confiance parce qu'on ne la connaît pas,
03:53pour qui va-t-on voter ?
03:54Non, mais ce qui est terrible également, et on l'entend finalement avec votre témoignage et celui de Maxime juste avant,
04:02c'est que vous avez des millions de Français qui ne sont pas RN compatibles, qu'ils ne sont pas
04:09LFI compatibles, et qui souhaitaient au second tour poursuivre
04:14leur vote et leurs lignes politiques, à savoir voter pour Renaissance. Et aujourd'hui, ils vont être contraints, forcés,
04:20de choisir un camp parce que vous avez décidé de vous désister. Et,
04:25encore une fois, peut-être que ce n'est pas un déni de démocratie dans les faits, parce que
04:29les désistements ça existe, les alliances ça existe, mais Gauthier Lebrecht, journaliste politique à CNews, je le rappelle,
04:36on pense à ces Français qui
04:38sont allés voter, historiques, on n'avait jamais vu ça depuis 1997, et qui se disent qu'en fait ils nous prennent pour des fous,
04:45ils nous prennent pour des pentins.
04:47Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas forcément un déni de démocratie, les gouvernements de coalition
04:50existent en Italie, en Allemagne, en Belgique, et dans de très nombreux pays européens. Mais ce qu'on ne peut pas nier,
04:56c'est que si les électeurs qui ont mis en tête le rassemblement national aux européennes, au premier tour des législatives,
05:04et vraisemblablement au second, que ça soit une majorité relative ou absolue, ils vont se sentir comme
05:11voler l'élection, comme si on leur volait l'élection. Donc évidemment que ça peut déclencher une crise sociale
05:18derrière, comme ce qu'on a pu vivre au moment des gilets jaunes, quelque part, on leur dépossède, on leur enlève leur vote.
05:24Ce qui rend les désistements insupportables, c'est aussi la radicalisation de la vie politique. Quand vous avez des débauchages
05:31ou autre chose, ça s'est passé très souvent, bon,
05:34il n'y avait pas finalement autant d'espace. Là, pardonnez-moi, mais quand il faut faire le grand écart entre un
05:39NFI ou même un PS républicain, l'écart est considérable. C'est ça qui rend le désistement insupportable.
05:44Non mais ce qui est grotesque également, c'est que vous avez des électeurs de
05:51Renaissance, ensemble de votre parti, Martin Garagnon, sur les questions de sécurité, sur les questions d'immigration,
05:57ils sont bien plus de laïcité, ils sont bien plus proches du rassemblement national que de la France insoumise.
06:03Donc ils ne vont peut-être pas écouter votre consigne de vote.
06:08Petite pause, on revient dans un instant, si vous souhaitez réagir, 0 à 1, 80, 20, 39,
06:1421. Est-ce que vous avez la sensation de vivre une sorte de hold-up démocratique ?
06:19Est-ce que vous vous sentez floué ? On en parle juste après la pause et on va retrouver
06:24Raphaël Stainville, journaliste du JDD, parce qu'on a entendu, il y a eu une petite musique cette semaine, une sorte de
06:30parler de coup d'état administratif. Vous allez nous expliquer tout ça dans un instant. A tout de suite.