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00:00Alors Catherine Coron, je le rappelle, vous êtes maître de conférence en civilisation britannique à l'Université Paris Panthéon, ASSAS.
00:07Quand on voit ce sujet, on se demande un peu aussi pourquoi Régis Funak a pris cette décision ?
00:13Pourquoi ne pas avoir finalement attendu un peu avant d'enclencher la tenue de ces législatives ?
00:19Oui, je crois que c'est la question que tout le monde se pose.
00:22Et je pense qu'en fait, les indicateurs économiques sont nettement meilleurs qu'on ne l'attendait,
00:30puisque par exemple, le produit intérieur brut avait été pronostiqué comme étant, dans le meilleur des cas, à 0,4%.
00:37Or, en fait, en mai, on a appris qu'il était à 0,6%, ce qui est mieux que les États-Unis, qui sont à 0,4%,
00:44mieux que la France et l'Allemagne, qui sont à 0,2%, mieux que l'Italie, qui est à 0,3%.
00:49Alors 0,6%, ce n'est pas extraordinaire. C'est proche de zéro. Donc c'est très fragile et c'est très faible.
00:55Mais je pense que Régis Funak a voulu... Parce qu'il y a beaucoup d'incertitudes depuis la crise des subprimes.
01:02Il faut revenir longtemps en arrière sur l'économie britannique en particulier, qui dépend du secteur des services
01:08et qui a beaucoup souffert de différentes crises. Et donc, comme il y a énormément d'incertitudes,
01:13actuellement, on a une certitude, entre guillemets, qui est que ça va mieux et que le Royaume-Uni est en tête
01:19dans ce qui va mieux. C'est fragile. Mais il a dû probablement espérer que 3, 4 mois après le mois de mai,
01:27parce qu'il y a toujours un décalage entre la réalité telle qu'elle est donnée par les chiffres et puis, je dirais,
01:33la façon dont les gens, dans leur pouvoir d'achat, le ressentent.
01:37— Parce que c'est pas ce qu'on perçoit quand on entend notamment les témoignages des Britanniques.
01:40C'est pas ce que l'on perçoit et ce que l'on entend de leur part.
01:42— Non, mais c'est la réalité économique. Il y a toujours ce décalage en économie entre ce qui se passe maintenant
01:47et la façon dont les gens le perçoivent, qui est la crise sociale, qui – vous avez tout à fait raison –
01:52s'est exprimée en début 2023. Il y a eu un mouvement de grève consécutif. Les conducteurs de bus, les instituteurs, les médecins...
02:03— Ce qu'on voit rarement, d'ailleurs, au Royaume-Uni. — Ce qui est très rare. Mais tout ça pour expliquer qu'en fait,
02:07on est dans un pays où il n'y a pas toute l'aide sociale qu'on a par exemple en France et où les gens ont beaucoup souffert
02:15d'une inflation forte, de salaires qui n'étaient pas en hausse. Donc le deuxième élément positif de l'économie,
02:21c'est que les salaires ont remonté. Et donc je dirais pour une classe moyenne, il est possible qu'ils perçoivent maintenant
02:27mieux l'économie. Et je pense que c'est pour répondre à votre question ce qui a poussé Richie Sunak à demander
02:35des élections maintenant, parce qu'une des incertitudes, c'est le prix de l'énergie dans un contexte international
02:40qu'aucun gouvernement ne maîtrise. Et je pense qu'il a dû vouloir préférer maintenant, où il n'y a pas la question du prix de l'énergie
02:47qui est cruciale pour les ménages, alors qu'en janvier, elle serait sûrement d'actualité. En fait, il maîtrise pas nécessairement tout.
02:55Il n'est pas responsable de cette amélioration de l'inflation, puisque c'est la Banque centrale qui est responsable de cela.
03:04Mais voilà. Il espère probablement pouvoir enrayer une défaite probable. Je pense qu'il faut être prudent.
03:13— Ça semble loin quand même. On est loin du compte. Et j'ai l'impression que...
03:18— Personnellement, je suis plus prudente, probablement parce que je suis universitaire et que j'observe avec beaucoup d'intérêt
03:27l'économie britannique depuis 30 ans maintenant. Je dirais qu'il faut malgré tout prendre en compte le fait que l'économie britannique,
03:38la politique britannique est une politique qui... Il y a 10, 12 ans de labour...
03:45— Non mais c'est ça, aussi, le souci. C'est que là, il y a 14 ans, 14 ans de conservateurs. Et on sent que les Britanniques,
03:50finalement, ils en ont assez. Ils veulent passer à autre chose. — Alors on va voir. On va voir exactement comment ils vont sentir.
03:57— Moi, c'est un peu mon approche. — On est d'accord. On attend les sondages. — On va voir. Ce qui est certain, c'est que Richy Sunak...
04:02Moi, je voudrais quand même dire... Il a quand même des choses qu'il a faites pendant le Covid qui sont assez extraordinaires pour les personnes
04:11qui travaillent. Il a mis en place des choses qui sont tout à fait positives. Donc faut pas l'oublier. Mais il a eu l'héritage de David Cameron,
04:18qui lui a provoqué, a demandé le référendum sur le Brexit. Et le Brexit a eu du poids sur l'économie.
04:24— Et on va d'ailleurs y revenir. On va d'abord prendre le pouls, justement, et savoir ce qui se passe un peu à Londres avec notre correspondant
04:31Hervé Amoric. Hervé, bonjour. Vous vous trouvez devant un bureau de vote. Alors comment se déroule le vote depuis ce matin ?
04:40— Nous sommes devant le bureau de vote de Covent Garden, l'église Saint-Paul, église du XVIIe siècle, avec, devant la porte,
04:47tout le voyait, devant le bureau de vote, une représentante du Parti conservateur et une représentante du Parti travailliste.
04:55La représentante du Parti travailliste est plutôt souriante, tandis que celle qui représente le parti d'Henri Chissounac, elle, est plutôt inquiète.
05:03En effet, cette circonscription de Westminster, depuis sa création dans les années 50, 1950, a toujours été un bastion conservateur.
05:14Et pour la première fois, selon les sondages, elle pourrait virer à gauche pour l'instant. La participation est assez terne.
05:23Bien sûr, on attend le grand moment de la mi-journée et du 13h, qui est l'heure du déjeuner ici, pour avoir un afflux.
05:31Pour l'instant, c'est à peu près normal, disent les assesseurs ici. En revanche, sur l'ensemble du pays, John Curtis,
05:41qui est un des responsables, un des experts universitaires, disait qu'il estimait une participation risquée d'être inférieure aux 67% de dernières élections.
05:53Et ça, ça pourrait être un problème pour les travaillistes, si ce n'est que les sondages prédisent, vous le savez, un raz-de-marée pour le Parti travailliste
06:02à travers le pays, avec une majorité écrasante, une majorité historique, du jamais-vu, supérieure à ce que Tony Blair lui-même a pu gagner en 1997.
06:12En revanche, cela dépend effectivement de la participation. Il faut que les gens aillent voter. C'est pour ça que le chef de file des travaillistes,
06:20Keir Starmer, rabâchait pendant toute l'élection. Si vous voulez un changement, il faut aller voter. Et donc nous verrons à 23h ce soir,
06:30si les gens se sont déplacés suffisamment. En tout cas, le soleil brise. C'est peut-être plutôt une situation, un contexte favorable.
06:38On sait que Richie Sounac a multiplié pendant sa campagne les problèmes, a multiplié les scandales depuis...
06:48Enfin les conservateurs ont multiplié les scandales depuis Boris Johnson et son Partygate, avec une surprise party au même moment
06:56où la reine a perdu son époux. On s'en souvient ensuite de ce qui s'est passé avec Lys Stross, le successeur de Boris Johnson,
07:08qui a sabordé l'économie, et puis Richie Sounac, qui, au sein de sa campagne, a été jugé à manquer d'efficacité pour régler un scandale
07:18au sein de son parti conservateur, lorsque des dirigeants de son parti ont fait des délits d'initiés en allant poser des paris
07:26sur la date des élections, alors qu'ils la connaissaient et que cette date n'était pas encore officielle. Donc tout ça fait qu'après 14 ans
07:32de pouvoir conservateur, la population en a ras-le-bol des conservateurs. C'est ce qu'on entend partout à travers ce pays.
07:40— Merci, Hervé. Vous étiez en direct de Londres. On va vous retrouver bien sûr tout au long de la journée pour suivre ces élections législatives
07:50au Royaume-Uni. Catherine Coron, quand on entend notamment ce que dit notre correspondant à Londres, on le sent bien que finalement,
08:02il y a un rejet assez grand des conservateurs. Est-ce qu'il y a quand même tout de même un enthousiasme ou pas pour le Labour ?
08:10Ou c'est vraiment plutôt un vote contre les conservateurs ? — Je pense qu'il faut faire attention de ne pas comprendre ce qui se passe
08:16au Royaume-Uni en tant que Français. Donc encore une fois, là, vous voyez, on ne connaît pas le taux de participation pour l'instant.
08:23Donc je crois que quand on l'aura, on pourra peut-être en dire davantage. J'aurais tendance à être un peu plus prudente.
08:30Il y avait autant de scandales sur les travaillistes quand les conservateurs ont été élus en 2010. Et pareil quand Tony Blair a été élu.
08:41Encore une fois, je crois que l'électorat britannique ne réagit pas nécessairement pareil qu'en France. On a deux parties qui sont assez similaires.
08:56C'est-à-dire que de toute façon, Kerstammer, il a promis qu'il serait dans un contexte de rigueur. Et il a aussi fait des promesses.
09:05La question... Moi, je me projette encore en plus loin que vous. Est-ce qu'il va tenir ses promesses s'il est élu ? Et est-ce qu'il va être élu
09:13effectivement aussi largement que les sondages le pensent ? Parce que les sondages, c'est une estimation. — On est d'accord, ça reste des sondages.
09:21Et on attend les résultats définitifs, parce que c'est sûr qu'il faut toujours rester prudent. Et c'est toujours ce qu'on dit, en effet.
09:26— Et donc en fait, en tant qu'économiste, je suis plus intéressée de voir comment les gens vont voter, parce que ça permettra de se rendre compte
09:35si les gens ont effectivement perçu une amélioration, même si elle est légère, de la situation qui est en fait reconnue par énormément
09:43d'économistes en France ou au Royaume-Uni. — Mais les travaillistes, et notamment donc Kerstammer, est-ce qu'ils sont capables,
09:52est-ce qu'ils sont en mesure de redresser la barre ? On sait notamment que les électeurs considèrent la santé et l'éducation comme un des enjeux
10:01majeurs de ces législatives. On reviendra sur l'économie juste après. Le système de santé britannique va très mal. Les services publics vont mal.
10:08Est-ce que les travaillistes sont capables de redresser la barre, puisque les certains, en tout cas, britanniques, beaucoup de Britanniques,
10:16attendent en tout cas que les choses se fassent dans ce sens ? — Vous avez raison, parce qu'en fait, ça faisait partie des 5 promesses
10:22que Richie Sunak avait données. C'était de diminuer la liste d'attente pour les soins. Il y a des gens qui attendent 1 an et demi
10:29pour avoir des soins au Royaume-Uni. C'est vraiment problématique. Il n'a pas tenu son pari. Ça a baissé, mais vraiment de façon tellement légère
10:36que c'est très limité. Et là, je vous renvoie... En fait, ils seraient capables, mais ils n'en ont pas les moyens. Le gros problème économique
10:45à l'heure actuelle... Enfin l'un des gros problèmes, parce que je dirais qu'il y a plusieurs enjeux, c'est la dette. Le niveau de la dette
10:52est beaucoup trop élevé pour qu'ils aient les moyens financiers, parce qu'on a besoin de moyens financiers pour aider à combler ces problèmes-là.
11:00— La dette publique frôle les 100% du PIB et du PIB. — Oui. Et cela depuis la crise des subprimes. L'économie britannique est énormément liée
11:11aux services. Et depuis la crise des subprimes et de l'effondrement du système financier, ils ont beaucoup souffert. Ils ont été obligés,
11:19chose qui est tout à fait contraire à leur principe économique, de soutenir tout le système financier. Et donc ils ont une dette qu'ils traînent.
11:27D'où la politique d'austérité de Cameroun. Cameroun avait été élue pour la politique d'austérité. Les Britanniques votent plutôt volontiers
11:34pour quelqu'un qui promet de se serrer la ceinture quand c'est nécessaire. Et c'est le cas de Kerstammer. Comment est-ce que Kerstammer peut-il
11:43à la fois dire « Je vais pratiquer une politique qui doit être très drastique » – et c'est la même chose en France et dans beaucoup d'autres pays européens –
11:51en matière d'austérité budgétaire, et puis arriver à résoudre ce problème de l'attente pour les soins, qui est absolument... Il est évident que les gens
12:02qui attendent un an et demi ou un an, ils vont pas voter pour les conservateurs. Mais je suis pas sûre qu'ils seront pour les travaillistes s'ils résolvent pas
12:10le problème non plus. – On parle beaucoup d'économie. En effet, l'économie et les finances publiques constituent un autre des enjeux majeurs.
12:17Les Britanniques, on le rappelle, n'ont jamais payé autant d'impôts depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je parlais et j'évoquais notamment
12:24le chiffre de la dette publique, 100% du PIB. On va faire un point avec David Gilbert. Et puis on en reparle tout de suite.
12:33En 2019, les conservateurs avaient remporté une victoire écrasante, promettant de redresser les régions en difficulté. Mais 5 ans plus tard,
12:40nombreux sont ceux qui estiment que cette promesse n'a pas été tenue, comme ici, dans la ville de Kisley, dans le nord de l'Angleterre,
12:46où certains habitants ont du mal à subvenir à leurs besoins de base. – Les factures ont explosé. Il ne vous reste plus rien à la fin du mois.
12:55C'est l'un des grands problèmes de ce pays. Il y a de plus en plus de personnes en situation de pauvreté. Cela ne devrait pas être le cas au Royaume-Uni.
13:04– L'état du système de santé public britannique, le NHS, est également au centre des préoccupations des électeurs.
13:10Avant 2010, quand les travaillistes étaient au pouvoir, son budget augmentait chaque année de 6%. Sous le règne des Tories,
13:16l'augmentation annuelle s'est réduite à 2%. Une baisse du financement qui a poussé les jeunes médecins et les infirmières à se mobiliser
13:23avec une série de grèves inédites et historiques. D'autres ont carrément choisi d'émigrer en Australie ou aux États-Unis.
13:28Du côté des patients, les listes d'attentes s'allongent. – J'ai vu le sous-financement et la mauvaise gestion du NHS causer de réels problèmes
13:39dans la façon dont j'ai été traité. – Selon un sondage réalisé en avril, 6,3 millions de patients britanniques étaient inscrits
13:48sur la liste d'attentes nationale pour obtenir un traitement, soit trois fois plus qu'en 2010.
13:54– Alors Catherine Courant, ça résume bien finalement tout ce qu'on a dit précédemment. Que compte faire le Labour ?
14:00Encore une fois, quand on voit le programme de Care Starmer, on se rend compte que les intentions ne sont pas vraiment très claires.
14:08– Non, encore une fois, il faut les moyens financiers pour pouvoir redresser le NHS et actuellement, ça n'est pas possible.
14:14Ce sera probablement possible dans deux ans, s'ils arrivent à redresser la barre. Et le gros problème, c'est que les personnes ont déjà
14:21un long historique depuis maintenant la crise du Covid-19, qui a été mal gérée par Boris Johnson. Et donc plus l'inflation,
14:31plus effectivement une hausse du coût de la vie. Je dirais aussi qu'il faut gouverner avec les personnes.
14:37Le niveau de confiance des ménages dans le gouvernement en général au Royaume-Uni actuellement est de 21%.
14:44Il est plus bas qu'en France. En France, il est de 31%. Est-ce que vous imaginez qu'un gouvernement peut gouverner
14:50avec plus de 70% de sa population qui ne lui fait pas confiance ?
14:54– Mais alors Care Starmer est vu quand même comme quelqu'un à qui on fait confiance, d'après…
14:58Alors on a entendu qu'on le trouvait plutôt boring, plutôt ennuyeux. Il n'a pas beaucoup de charisme.
15:05Mais certains disent qu'il aspire en tout cas plus confiance que notamment le côté Richie Sunak,
15:13une personne qui est née et qui a grandi avec beaucoup d'argent. Et lui finalement, Care Starmer,
15:18il a ce côté aussi plus proche des Britanniques, finalement.
15:22– Oui, je pense que là, on est à l'époque des promesses. Et on ne sait pas ce qu'il va faire.
15:27– Comme toujours quand on est politique.
15:29Et encore une fois, il va devoir faire avec un budget énorme, un déficit budgétaire énorme,
15:36qui va l'empêcher d'être aussi social. Parce que je pense que le problème, c'est plus la crise sociale
15:44qui a suivi la crise économique. Et je dirais qu'actuellement, la crise économique est plutôt
15:50en train de se résoudre. Sauf qu'il y a bien sûr un certain nombre de problèmes
15:54qui ne concernent pas les Britanniques qui votent parce qu'ils ne s'en rendent pas nécessairement compte
15:58à l'heure actuelle. Ce qui compte pour eux, c'est le pouvoir d'achat.
16:01Le pouvoir d'achat, ça s'est amélioré. Ce qui pourrait effectivement contribuer à limiter peut-être
16:07la défaite des conservateurs. Après, si on s'intéresse à ce qui va se passer après,
16:12le gros souci, ça va être d'une part ce problème de budget.
16:18Le deuxième problème, ça va être la productivité. Il y a un problème de productivité depuis longtemps
16:22au Royaume-Uni. Et s'ils arrivent à améliorer la productivité, ça va améliorer le PIB.
16:28Et ça va avoir un effet. L'autre problème qui est aussi très économique et très technique,
16:32c'est la banque centrale britannique. La banque centrale britannique est la cause de ce problème
16:39de pouvoir d'achat. Puisque à 14 reprises, ils ont augmenté les taux d'intérêt qui sont plus de 5 %
16:44à l'heure actuelle. Ils ne le baissent pas pour l'instant. Alors qu'ils pourraient le faire puisque
16:48l'inflation est à peu près à 2 %, ce qui est le maximum prévu. Ils ne le font pas pour l'instant.
16:54Ils auraient pu le faire il y a peu de temps. Et du coup, c'est vrai que ça retarde la consommation,
17:00la confiance. Et donc Kerr Summer, il va devoir faire avec cet élément-là qu'il ne maîtrise pas
17:06et que ne maîtrisait pas non plus Richie Sunak, en fait.
17:08– Est-ce qu'il ne va pas devoir faire également aussi avec les conséquences du Brexit ?
17:12Est-ce que l'économie britannique n'est pas encore en train d'absorber ce choc du Brexit ?
17:18Le Brexit qui, je le rappelle, a quand même été assez absent, voire quasi…
17:23C'était assez le néant dans les campagnes. D'ailleurs, on se demande pourquoi ça a été aussi tabou.
17:27– Parce qu'en fait, l'opinion publique britannique, d'après les sondages cette fois-ci,
17:32et cela depuis 2-3 ans, est passée de 47 %, je crois, des personnes qui sont en fait pour l'Europe,
17:38pour un retour à l'Europe, à 55 %. – Oui, tout à fait, en date du premier mais le dernier sondage,
17:4455 % estiment que c'était une erreur de sortir de l'Union Européenne.
17:48– Voilà, en fait, en mai, il y a eu un basculement d'un certain nombre d'indicateurs,
17:52et donc, qui sont plutôt positifs pour Richie Sunak,
17:55mais je ne suis pas persuadée que l'électorat britannique, qui est dans ses soucis, en a conscience.
17:59Et donc, pour revenir à cela, donc en fait, je pense qu'on ne l'a pas évoqué,
18:03parce que ce n'est pas tabou, c'est problématique.
18:06C'est-à-dire que l'électorat conservateur, il est plutôt anti-Europe.
18:10– Oui, mais on a l'impression que comme ça n'a pas été vraiment évoqué pendant la campagne,
18:14c'était quasi inexistant, le Brexit, on a l'impression que c'est devenu un peu un tabou,
18:18en fait, notamment pendant cette campagne, puisque, sachant que même Keir Starmer,
18:22lui, est censé être, à la base, anti-Brexit, il a lui-même…
18:29On se demande, d'ailleurs, est-ce qu'il va rejoindre, peut-être, l'union douanière,
18:32est-ce qu'il va décider de s'ouvrir sur le marché unique ?
18:35Pour l'instant, il a dit qu'il ne bougerait pas par rapport à ça,
18:37et pourtant, à la base, c'était un pro-Anti-Brexit, pardon.
18:41– Il ne veut pas perdre des électeurs, parce que dans les deux parties,
18:44vous en avez des pros et des anti, même si la majorité des britanniques serait plutôt pour.
18:49Je voudrais revenir, quand même, à la dimension technique économique du Brexit.
18:54En réalité, pour moi, ce taux de PIB plus important qu'on ne l'avait attendu
19:01peut montrer que l'économie britannique est en train d'enrayer,
19:09d'encaisser le choc du Brexit.
19:12Ça a été énorme, mais… Alors là, c'est une hypothèse,
19:16en tant que chercheur que je formule, mais j'ai tendance à penser qu'en fait,
19:21et ça, ce serait positif pour les travaillistes, l'économie pourrait être relancée,
19:27sous réserve que les incertitudes internationales, comme la guerre en Ukraine,
19:31et qui est très importante, et les prix de l'énergie ne viennent pas tout faire basculer en hiver,
19:37j'aurais tendance à penser que le Brexit a effectivement coûté très cher à l'économie britannique,
19:42mais qu'actuellement, ils sont en train de sortir du marasme et de ces problèmes,
19:47et ça, ce serait plutôt positif pour les travaillistes. Voilà.
19:50Un dernier mot sur l'immigration, qui est toujours une préoccupation des britanniques.
19:56On a vu que Nigel Farage, avec son parti ReformUK,
20:04cette formation d'extrême-droite, pro-Brexit, anti-immigration,
20:08ils sont en train de faire leur trou, si je puis dire, depuis quelques années.
20:15On voit qu'ils peuvent commencer à prendre une place, finalement,
20:19un petit peu de place dans la Chambre des communes ?
20:23Alors là encore, je pense qu'il faut attendre les résultats et être prudent.
20:27Je dirais qu'il y avait les cinq promesses, je reviens aux cinq promesses,
20:30parce que c'est très intéressant, de Richie Sunak, donc il y avait l'inflation,
20:33il y avait le PIB, la croissance, il y avait le NHS, on en a parlé,
20:38et il y avait effectivement la volonté qu'il n'y ait plus d'immigration illégale au Royaume-Uni,
20:46et ça, il ne l'a pas du tout enrayé, c'est toujours un problème.
20:49Ils ont fait passer des lois en 2023.
20:51Les chiffres sont même plus grands qu'avant le Brexit.
20:55Parce qu'en fait, il y a un gros problème, c'est que leur idée,
20:58c'était de renvoyer les personnes immigrées chez eux.
21:02Notamment au Rwanda.
21:03Notamment au Rwanda.
21:04Et en fait, ce n'est pas possible pour des raisons humaines, évidentes.
21:09Et donc, malgré, je dirais aussi, des lois qu'ils ont votées, qui sont très, très contraignantes,
21:14et bien effectivement, ce problème-là n'a pas été résolu.
21:17Et c'était une des raisons qui avaient fait voter bon nombre des Britanniques pour sortir de l'Europe.
21:24Et on s'aperçoit que, là aussi, ils sont sortis de l'Europe.
21:27Et finalement, le problème, il est encore plus important qu'avant.
21:30— Oui, parce que je rappelle ce chiffre selon l'Office indépendant des statistiques nationales.
21:34Le solde migratoire au Royaume-Uni a plus que doublé au cours des 3 dernières années
21:38par rapport aux 3 années précédant le référendum de 2016.
21:42Donc c'est ce qu'on évoquait. En fait, ils n'ont pas du tout réussi ce qu'ils voulaient.
21:46— Oui. Et puis là, en particulier, il y a ce point de l'immigration illégale des bateaux
21:51qui viennent en fait de France, avec des immigrés qui préfèrent venir au Royaume-Uni
21:56parce qu'ils maîtrisent la langue anglaise et pas la langue française,
22:00et qui est un réel problème et qui n'a pas été résolu ni par les conservateurs ni par les travaillistes.
22:05Là aussi, c'est comme le NHS. Arriveront-ils ? Est-ce que Kersthammer arrivera à redresser la barre,
22:11alors qu'après tout, les travaillistes étaient au pouvoir, ne l'ont pas fait,
22:17et qu'ils n'ont pas les moyens budgétaires ?
22:19Donc j'ai parlé également sur le plan économique de la question de la productivité.
22:24Il y a la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Il y a un problème d'inactifs.
22:29Alors il faut faire attention, parce que j'ai vu des médias qui mélangeaient le chômage et l'inactivité.
22:34Là, il y a en fait énormément de Britanniques qui se mettent en congé maladie,
22:39et ça a un impact sur la productivité qui est déjà problématique.
22:43Donc vous voyez, il y a un certain nombre d'éléments humains, la confiance,
22:48le fait de ne pas être motivé par son travail, qui sont importants.
22:53Merci beaucoup Catherine Coron, on va bien sûr attendre ce soir la fin.

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