Bruno Halle (agriculteur) : « Je me suis découvert totalement pour gagner 5 à 10 € »
[Stratégie] Marchés à terme
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00:00C'est réalier dans l'Aisne, Bruno Hall utilise les marchés à terme depuis une dizaine d'années
00:09pour commercialiser sa production de blé.
00:11Avec un peu plus de 1000 tonnes à vendre, il couvre chaque année environ 75% de sa
00:16production.
00:17Pour 2012, son seuil de commercialisation est de 160 euros tonne.
00:22Il a commencé à se couvrir dès juillet 2011 sur les marchés de Chicago en vendant
00:2625% de sa production à un prix équivalent Euronext de 210 euros tonne, échéance novembre
00:322012.
00:33Toujours sur Chicago, il revend fin septembre 25% de sa récolte à 196 euros tonne.
00:40Puis fin octobre, il passe un nouvel ordre de vente sur Euronext à 192 euros tonne,
00:45échéance novembre 2012.
00:47En début de campagne, on est parti sur le marché de Chicago parce qu'en fait, en équivalent
00:52euro, le marché de Chicago cotait entre 15 et 20 euros de la tonne plus que le marché
00:58d'Euronext.
00:59Historiquement, le marché parisien d'Euronext est plus cher que le marché de Chicago et
01:05là, c'était l'inverse.
01:06On avait un marché américain qui était 20 euros plus cher que le marché parisien.
01:12Donc, on espérait, et c'est ce qu'on a réalisé, de profiter de la différence des
01:17marchés, c'est-à-dire d'un arbitrage pour optimiser les couvertures.
01:22Changement de cap durant l'hiver, aujourd'hui, Bruno Hall a relevé toutes ses couvertures
01:27et n'a de ce fait plus aucune position vendeuse sur les marchés.
01:30On s'est découvert, disons, on n'a pas tout découvert d'un seul coup, on s'est
01:36découvert progressivement par rapport à différentes informations de marché qui ont
01:41d'abord été les informations en Amérique du Sud avec les nouvelles moins bonnes sur
01:47les récoltes de soja et de maïs.
01:50La situation de maïs d'un point de vue mondial était déjà très tendue.
01:55L'Amérique du Sud a encore amené de l'attention sur les marchés et de ce fait-là, on pense
02:03qu'on peut avoir une hausse relativement modeste sur les marchés du blé.
02:09Est-ce que la situation qu'on a pu connaître avec la vague de froid fin février dernier
02:14vous a également incité à sortir de vos couvertures ?
02:19Oui, tout à fait, parce qu'en fait, on estime au niveau Europe, pour donner une
02:23fourchette assez large, entre 5 et 10 millions de tonnes de blé qui ont disparu avec la
02:28vague de froid.
02:29Donc forcément, c'est des éléments haussiers dans le marché.
02:32Et donc, vous vous êtes découvert pour pouvoir espérer, entre guillemets, vous repositionner
02:38à un niveau plus élevé ?
02:40Oui, exactement, on espérait, même si ce n'est pas forcément des dizaines d'euros,
02:45même si c'est 5 ou 10 euros de gagné, c'est toujours ça de prix.
02:50Aujourd'hui, on est à trois mois de la moisson, vous êtes dans quel état d'esprit par rapport
02:56à la commercialisation ? Aujourd'hui, vous n'êtes couvert sur rien.
02:59Non, mais je reste très prudent et très vigilant.
03:02Le moindre signal baissier m'engagerait certainement à me repositionner sur toute une petite ou
03:14une grande partie de la récolte.
03:15Dans les jours et les semaines qui viennent, si le marché devait repartir à la hausse,
03:20Bruno Hall reprendrait des positions sur les marchés autour de 215 voire 220 euros tonnes
03:25échéance novembre 2012.
03:27Dans le cas contraire, son seuil d'alerte serait 298 euros tonnes.