Nicolas Pinchon (Agritel) : « Des baisses de prix de 30 à 40 € du blé dans les prochaines semaines »

  • il y a 3 mois
Marchés des céréales

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Transcription
00:00On est à trois semaines, un mois des premières récoltes en France, quels sont aujourd'hui
00:13le point, l'ambiance qui règne sur les marchés des céréales ?
00:16Alors c'est vrai qu'à trois semaines aujourd'hui des récoltes en France, on se rend compte
00:20que le potentiel a fortement été dégradé par les quatre mois de sécheresse que vient
00:24de vivre la France et l'Europe de manière générale.
00:27En France, la production, nous, on l'estime aux alentours de 31,5 millions de tonnes,
00:32ce qui est historiquement des rendements très très bas puisque plus faibles qu'en 2003
00:36et en 2007.
00:37Maintenant, depuis 15 jours, on a une nette amélioration des conditions des cultures.
00:42Alors pour certaines régions, c'est probablement trop tard pour attraper le potentiel des cultures,
00:47pour d'autres, notamment au nord de Paris, ça va peut-être jouer sur le remplissage
00:51des blés et donc sur le potentiel des récoltes qui pourraient peut-être être révisées
00:54un petit peu à la hausse par rapport aux craintes d'il y a trois semaines.
00:57Justement, en fonction de ces données, même si la France n'est pas le cœur du marché
01:04mondial des céréales, quel est un petit peu le ton au niveau mondial des autres prévisions
01:10de récolte, que ce soit dans la mer Noire, aux Etats-Unis ou en Australie ?
01:13Alors la France n'est pas toute seule et ce n'est pas parce qu'on a une sécheresse
01:16en France qu'on a forcément une tension des prix mondiaux.
01:19Quand on regarde un petit peu les perspectives de récolte dans les autres pays du monde
01:22et notamment chez nos principaux concurrents à l'export, on se rend compte que nos principaux
01:27concurrents c'est la Russie, c'est l'Ukraine, ils étaient absents des marchés l'an dernier,
01:31ça avait permis à la France d'exporter beaucoup puisqu'on remplaçait l'absence
01:34de la Russie sur les marchés mondiaux et donc ça avait nettement tendu les marchés
01:37sur les prix qu'on connaît aujourd'hui.
01:38L'année prochaine, il est probable, et c'est ce qu'on anticipe aujourd'hui à travers
01:43notre bureau à Kiev en Ukraine, que les récoltes en Russie et en Ukraine se dessinent sur des
01:48volumes relativement conséquents.
01:50On parle aujourd'hui de 53 millions de tonnes en Russie, on parle également de 18 millions
01:56de tonnes en Ukraine, donc c'est des volumes conséquents qui permettraient à la mer Noire
02:00de venir de manière très conséquente à l'export l'année prochaine.
02:03S'ils reviennent à l'export, ils peuvent clairement combler le déficit de production
02:08en France et ça serait plutôt un impact baissier à moyen terme sur les prix.
02:12Ça signifie qu'on serait sur une fourchette de prix de quel ordre, sur juillet par exemple ?
02:18Tout dépend du volume réellement produit sur la mer Noire, mais si on part sur ces
02:22perspectives de récolte, on peut imaginer des prix qui se détendent de l'ordre de 30
02:26à 40 euros dans les semaines qui viennent.
02:28Il est important de noter que dans la façon de travailler de la mer Noire à l'export,
02:33ils vendent très très rapidement dès l'arrivée de la récolte parce qu'ils n'ont pas la capacité
02:36de stocker tout chez eux dans leur pays.
02:38Donc le plus rapidement possible, ça doit sortir sur les marchés mondiaux et du coup,
02:43ça fait aussi pression sur les prix et c'est cette manière d'exporter qui peut aussi peser
02:47sur l'évolution des cours à moyen terme.
02:49On a des conditions particulières, on annonce de bons rendements du côté de la mer Noire.
02:53Qu'en est-il de la qualité, qu'elle soit en France ou justement dans les pays de la mer Noire ?
02:57C'est vrai que le doute plane toujours sur la qualité, ça en aura clairement le verdict
03:01à la récolte.
03:02Maintenant, si la récolte de blé en France est de mauvaise qualité, ça veut dire qu'on
03:07aura encore moins de place à jouer sur le marché mondial à l'export puisque les échanges
03:12mondiaux de blé, c'est 95% du blé meunier.
03:14Si on n'a pas notre place à jouer sur les exports mondiaux, ça veut dire que le blé
03:18français de mauvaise qualité pourrait rester en intra communautaire ou sur le marché français
03:23et ça, ça aurait un impact encore plus lourd sur les marchés et il y aurait une différenciation
03:27forte entre le blé meunier exportable au cours des marchés mondiaux et le blé fourragé
03:33qui trouverait preneur que sur le marché national.

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