Thomas Aubineau (vétérinaire)
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00:00Bonjour et bienvenue sur le plateau de la Space Ternet Web TV.
00:11Aujourd'hui, on va parler des maladies métaboliques, notamment de l'acétose ou l'acétonémie.
00:16Pour cela, je suis avec Thomas Aubineau.
00:18Thomas Aubineau, bonjour.
00:19Bonjour.
00:20Vous êtes vétérinaire et responsable technique au GDS de Bretagne.
00:24Quels sont les différents types de maladies métaboliques qui existent ?
00:28On peut découper les maladies métaboliques en plusieurs familles.
00:32Il y a tout ce qui est le métabolisme énergétique.
00:34On parle là d'acétonémie, de subacétonémie comme vous avez dit.
00:38Et puis on parle d'acidose aussi, une maladie assez connue en élevage laitier notamment
00:42ou en élevage d'engraissement de bovins.
00:45Et puis après, il y a une famille de maladies autour du métabolisme minéral.
00:49Les problèmes liés autour du calcium, la fièvre de lait et les conséquences que ça peut avoir.
00:53Les maladies liées au métabolisme du potassium, du magnésium.
00:57Il y a toute cette famille-là.
00:58Comment on peut détecter ces maladies métaboliques ?
01:00Notamment, je pense plutôt à celles alimentaires, énergétiques.
01:04En tant qu'éleveur, si la maladie s'exprime cliniquement, c'est relativement simple.
01:11Le cas d'une fièvre de lait, une carence en calcium, une vache qui est couchée.
01:15Le cas d'une acétonémie en début de lactation.
01:18Une vache avec une baisse brutale de lait, une perte d'appétit brutale.
01:24Des fois, avec l'odeur d'acétone qui se dégage en salle de traite.
01:26Ça, c'est simple.
01:27Et puis, si on ne sait pas clairement l'identifier, on voit la vache malade,
01:29on appelle le vétérinaire qui, lui, pourra mettre le doigt sur une maladie.
01:32Par contre, ces maladies-là peuvent s'exprimer de manière plus insidieuse,
01:36de manière subclinique.
01:38C'est le cas notamment de l'acidose, avec les états de subacidose ou d'acidose chronique
01:43qui sont vraiment très difficiles à identifier en élevage.
01:46Et puis, la subacétonémie, qui est une maladie très fréquente en élevage
01:50et qui a des conséquences relativement importantes.
01:53Alors, pour la détecter, ce n'est pas l'œil nu, c'est des moyens autres.
01:58Donc, on a, par exemple, les résultats des organismes de contrôle laitier
02:01avec les rapports de taux, entre le taux prothéique et les taux butyreux.
02:04On peut utiliser ça.
02:05C'est un peu tardif comme moyen, à moins qu'on ait un robot.
02:08Et là, le robot peut l'analyser.
02:10Et puis, sinon, il y a des tests courants sur le sang ou sur le lait de la vache
02:13qui permettent d'identifier l'état de subacétonémie.
02:15Et ça touche quel type de vache laitière cette subacétonémie ?
02:19C'est souvent les hautes productrices ou pas forcément ?
02:22Alors, pas forcément.
02:23Effectivement, la question est bonne.
02:24C'est-à-dire qu'il y a deux catégories, en fait, d'acétonémie.
02:27Il y a la subacétonémie de la vache haute productrice
02:30qui intervient en général au pic de lactation.
02:32Alors, celle-ci, elle peut être rentable, entre guillemets.
02:35C'est-à-dire que la vache produit tellement que,
02:37même s'il y a un peu de baisse de lait à cause de cette subacétonémie,
02:40au final, cette vache, elle est très rentable.
02:41Par contre, celle qui n'est pas rentable, c'est l'acétonémie de la vache
02:44grasse, on va dire, entre guillemets,
02:46l'acétonémie de tout début de lactation, dans les 15 premiers jours.
02:48Et celle-ci, elle est très pénalisante pour l'élevage.
02:50D'accord. Vous dites la vache grasse parce que c'est quoi l'acétonémie, finalement ?
02:53En fait, l'acétonémie, c'est le fait que la vache maigrisse en début de lactation.
02:58Plus une vache est grasse ou vélage, plus elle maigrira en début de lactation
03:01parce qu'il faut savoir qu'une vache, en début de lactation,
03:04ce qu'elle ingère ne suffit pas pour produire ce qu'elle a à produire en lait.
03:07D'accord. Sa capacité d'ingestion n'est pas suffisante.
03:09Voilà. Exactement.
03:10Et donc, elle est obligée de pomper sur ses graisses, sur ses muscles
03:12pour aller chercher de l'énergie. Et ses voies intermédiaires,
03:15enfin, on va dire parallèles, pour aller chercher de l'énergie,
03:17elles produisent des déchets. Et ces déchets, c'est les corps cétoniques
03:20qui peuvent être toxiques pour l'animal, donc avoir des conséquences cliniques directes.
03:23Et puis aussi, qui sont le signe, le témoin d'un amaigrissement trop important.
03:27D'accord. Et quelles sont les conséquences, donc, pour un élevage de l'acétonémie subclinique ?
03:33Alors, pour l'acétonémie subclinique, donc, on a une baisse de l'immunité.
03:38C'est-à-dire que cette acétonémie, elle va entraîner une baisse d'immunité
03:41avec des globules blancs qui sont globalement moins actifs,
03:43qui vont aller moins phagocyter les bactéries, etc., beaucoup moins actifs.
03:46Et donc, la conséquence directe, c'est que ça impacte sur la survenue de maladies infectieuses.
03:51Et il y a un lien très fort qui est avéré avec l'incidence sur les mammites,
03:55ou les chances de guérison de mammites sur les vaches en début de lactation.
03:59Un lien très fort aussi avec les métrites, l'involution utérine
04:02et le fait que la métrite perdure dans le temps,
04:04et donc que la vache mette plus de temps à reproduire.
04:06Donc, de l'impact sur la reproduction.
04:08Sur la reproduction, en fait, il y a des chiffres qui sont très clairs.
04:10Une vache qui n'a pas du tout de problème de subacétonémie en début de lactation
04:14a quasiment 3 chances sur 4 de remplir à la première insémination.
04:17Une vache qui fait de la subacétonémie, c'est presque 1 chance sur 3 seulement.
04:21Donc, vous voyez la grosse différence.
04:23Et aujourd'hui, dans les élevages, on a beaucoup de vaches qui font de la subacétonémie, une forte proportion.
04:26C'est pour ça qu'on est à peu près à 1 sur 2.
04:28Voilà, on est en taux de réussite à l'insémination autour de 40%.
04:30D'accord. Et donc, ça pose aussi des problèmes de décalage de temps d'IA.
04:34Oui, bien sûr.
04:35Du coup, derrière, pour remplir les vaches, on perd du temps.
04:37Donc, on perd en moyenne 20 jours.
04:39Il y a des études qui montrent qu'on peut perdre jusqu'à 20 jours en global sur le troupeau
04:43quand on a de la subacétonémie qui est très présente.
04:45D'accord. Donc, il y a un impact économique sur la reproduction.
04:48Voilà. Et puis, c'est un impact direct aussi sur la production.
04:51C'est-à-dire qu'une vache qui est atteinte de subacétonémie en tout début de lactation,
04:55en moyenne, sur sa lactation, elle perd 1 kg par jour.
04:581 kg par jour. D'accord.
05:00Donc, c'est quand même pas mal.
05:01D'accord. Et donc, il y a des leviers d'action.
05:03Qu'est-ce que les éleveurs peuvent faire pour limiter un peu cet amégrissement en début de lactation ?
05:07Oui, bien sûr. Alors, il y a des leviers. Il y a de la prévention. On peut faire de la prévention.
05:11Principalement au tarissement, parce que c'est vraiment la préparation de la lactation
05:14qui va jouer sur cette capacité d'ingestion en début de lactation.
05:18Et alors, pour maximiser cette capacité d'ingestion,
05:20éviter que la vache ne pompe sur ses graisses en début de lactation,
05:23il faut au tarissement jouer sur plusieurs facteurs.
05:25Le premier, c'est éviter que la vache s'engraisse trop au tarissement.
05:28Une vache maigre, on a tendance à vouloir la faire reprendre de l'état.
05:31On peut le faire un tout petit peu, mais il faut vraiment éviter.
05:33Le but, c'est qu'elle soit stable pendant le tarissement.
05:35D'accord. Donc, les deux mois qui suivent le vélage, avant le vélage, il faut que le poids reste stable.
05:42Et pour ça, séparer les tarides et les tiers, apporter une ration beaucoup plus pauvre en énergie.
05:46Bon, voilà, c'est quelque chose de relativement classique.
05:48Ensuite, il faut essayer aussi de maintenir la capacité d'ingestion pendant le tarissement.
05:52Parce que là, si on maintient un maximum de capacité d'ingestion,
05:55le coffre au moment du vélage est là.
05:57Et du coup, on peut après apporter beaucoup de fourrage en début de lactation.
06:00Il y aura une bonne ingestion en début de lactation.
06:02Donc, booster le rumen, ça veut dire des fourrages grossiers ?
06:05Des fourrages encombrants. Voilà, exactement.
06:07Des fourrages encombrants, mais quand même qui sont appétants.
06:09Il faut qu'ils soient accessibles.
06:11C'est ça qui est difficile à appliquer en élevage.
06:13C'est-à-dire qu'on apporte des fourrages, mais après, il faut les faire consommer.
06:16C'est pas évident.
06:17Et question logement, confort, il y a des préconisations ?
06:20Justement, le confort est très important.
06:23Le confort alimentaire, la place à loge est très importante.
06:26Notamment quand on a des génisses qui sont intégrées dans les lots de taris,
06:28parce que la compétition est forte pour elles.
06:30Elles ont des besoins qui sont identiques aux vaches taris.
06:33Et par contre, il y a une concurrence qui est terrible pour elles.
06:36Et donc, une difficulté à pouvoir maintenir ces besoins-là.
06:40Et puis, un besoin de confort aussi, de place, pour que les animaux fassent de l'exercice.
06:45Parce qu'on se rend compte que si les vaches font de l'exercice pendant le tarissement,
06:48elles stockent plutôt l'énergie dans le muscle.
06:51Et les voies métaboliques, après, pour aller chercher cette énergie dans le muscle en début de lactation,
06:56elles sont beaucoup moins pénalisantes que quand elles stockent sous forme de gras.
06:59Donc, il faut faire de l'exercice.
07:02Et puis, il y a autre chose, c'est après, en fin de tarissement,
07:04assurer la transition avec la ration des vaches laitières,
07:07en essayant d'apporter les mêmes rations de base, les mêmes fourrages de base,
07:10pour préparer un microbisme à la ration de la vache laitière.
07:14Et puis, éventuellement, pour les vaches fortes productrices,
07:17s'il y a des céréales ou des concentrés dans la ration des vaches laitières,
07:21il faut commencer à en apporter en fin de tarissement.
07:23En petite quantité, mais il faut en apporter.
07:24C'est-à-dire, quoi, une semaine avant, 15 jours, commencer à...
07:26Commencer tout doucement, 15 jours, 3 semaines avant,
07:29vraiment en toute petite quantité, pour préparer la flore amylolytique
07:32à bien travailler en début de lactation.
07:34Oui, pour ne pas avoir des transitions brutales alimentaires.
07:36Et c'est là qu'on a les problèmes.
07:38Il y a des différences entre l'acétonémie sur Génis, sur une première lactation,
07:41et sur des vaches qui ont déjà vélé plusieurs fois ?
07:44Sur une Génis, tout a plus de conséquences sur une Génis,
07:47parce qu'une Génis a des besoins de croissance en début de lactation,
07:49elle a un stress qui est plus important,
07:51parce que c'est la première fois qu'elle est introduite dans le troupeau.
07:53Donc il y a plein de paramètres qui font que c'est un animal
07:55beaucoup plus sensible, de toute façon, à tout.
07:57C'est pas spécifique à l'acétonémie.
07:58Mais effectivement, elle a des besoins de croissance,
08:00donc d'un point de vue métabolique,
08:01elle est beaucoup plus pénalisée que les autres.
08:03Merci Thomas Ovino.
08:04De rien, merci.