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Space 2013

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00:00...
00:12Bonjour. Bienvenue sur le plateau de la Space Web TV.
00:16J'accueille Philippe Mangin.
00:18Bonjour. Vous êtes président de COP2 France.
00:21On va parler d'éco-tax.
00:23Au sein de la profession agricole,
00:25il y a eu une levée de bouclier contre l'éco-tax
00:28que souhaite mettre en place le gouvernement.
00:31Cet éco-tax a été reporté au 1er janvier 2014.
00:35C'est une bonne nouvelle ?
00:37En tout cas, c'est une demande de COP2 France
00:40que j'ai eu l'occasion de reformuler
00:43auprès du président de la République le 22 juillet
00:45en lui expliquant que nous allions vers une catastrophe annoncée,
00:50que les modalités de mise en oeuvre de cette taxe
00:53étaient irréalistes
00:55et que son montant était de plus en plus insupportable.
01:00Il faut se souvenir qu'on est en 2009,
01:03au moment du Grenelle 2,
01:04et que l'idéologie qui a guidé au principe de cette taxe
01:09est aujourd'hui, chaque jour, remise en cause.
01:13Remise en cause par le contexte économique mondial et européen
01:17et par les difficultés du secteur agroalimentaire,
01:21et notamment dans les domaines de l'élevage,
01:23qui sont tels qu'imaginer un nouveau prélèvement,
01:27c'est vraiment quelque chose d'insupportable.
01:30Dans les secteurs d'élevage, justement,
01:33la filière, la collecte laitière a été exemptée,
01:37mais c'est pas si simple.
01:40Il y a des critères aujourd'hui qui font que
01:42toute la collecte laitière ne sera pas exemptée.
01:44Oui, tout à fait. Les arguments de la filière laitière
01:49ont fini par être entendus
01:51et on a annoncé l'exemption du secteur.
01:55Dans les faits, les choses seront un peu plus compliquées.
01:59D'abord, il s'agit bien de la collecte et de la seule collecte.
02:03Ca veut dire qu'il faudra faire une différence
02:05entre les camions qui ramassent
02:06et ceux qui pourraient, entre usines, faire du transport.
02:11Il est question aussi de différencier le parc de camions
02:14entre les essieux.
02:16Enfin, bon, bref, il y a beaucoup de modalités
02:18qui sont en train d'exempter, en fait,
02:21une grande partie du parc
02:23et les choses vont être beaucoup plus complexes
02:25qu'elles n'apparaissaient au départ.
02:27Mais il y a une vraie légitimité
02:30pour que le secteur demande cette exemption
02:33comme d'autres secteurs de l'élevage.
02:35Justement, vous, à Côte de France,
02:38vous vous positionnez sur quel créneau aujourd'hui ?
02:42Maintenant qu'on a le report,
02:45vous voulez des exemptions dans les autres secteurs,
02:47notamment dans la collecte et le transport des céréales
02:51ou un abandon total de l'écotaxe
02:53tel qu'il est envisagé aujourd'hui ?
02:55Alors, nous, à Côte de France,
02:56on mène une bataille depuis le 1er jour.
02:59Et je dois vous dire qu'il n'y a pas très longtemps encore,
03:01on se sentait très seuls.
03:03La Fédération des Transports ne nous écoutait pas.
03:07Le mouvement du patronat, y compris dans l'agroalimentaire,
03:10était assez peu inquiet.
03:12Nous étions les seuls à insister auprès de nos membres coopératifs
03:17pour qu'elles nous envoient de l'expertise économique,
03:20des simulations,
03:21de façon à ce qu'on chiffre le coût
03:24et les difficultés d'application du dispositif,
03:27parce que nous sentions bien
03:28que nous allions vers de réelles difficultés.
03:31Bon, depuis, on est un peu plus entendu.
03:33On a demandé le report pour gagner du temps,
03:36pour consolider notre argumentaire
03:39et notre capacité à sensibiliser
03:42le gouvernement et les parlementaires
03:45sur les difficultés d'application de la mesure.
03:48Chaque jour qui passe nous permet de démontrer
03:51que les modalités ne conviennent pas
03:54et qu'alourdir les charges de secteurs économiques
03:58qui sont en crise,
04:00ce qui se passe dans le monde industriel,
04:03de l'élevage, porcins, avicolles, bovins,
04:07est du jamais vu.
04:09Jamais nous n'avons connu une situation aussi grave.
04:12Nous nous battons tous les jours
04:14pour rechercher des points de compétitivité.
04:17On ne peut pas se réunir le matin
04:20pour chercher des points d'amélioration de compétitivité
04:24et l'après-midi pour voir comment on va mettre en place
04:27une nouvelle taxe.
04:28Ceci dit, la filière de la nutrition animale
04:30a fait ses petits calculs.
04:32Sur une année, l'écotaxe
04:35coûterait environ 25 millions d'euros supplémentaires.
04:39Il y a 21 millions de tonnes
04:42d'aliments qui sont distribuées chez les agriculteurs.
04:46Ca nous fait environ 1,20 euro en plus la tonne,
04:49si mes calculs sont bons.
04:52Face, par rapport à la volatilité des prix,
04:557,20 euro, c'est très peu.
04:57Est-ce qu'on ne se trompe pas de combat ?
04:591,20 euro, ça peut paraître peu,
05:00c'est peu ramené à la tonne.
05:03Cela étant, la tonne d'aliments du bétail régional
05:08risque d'être taxée 5 ou 6 fois
05:11dans la logistique
05:14que l'on connaît
05:16par rapport à une tonne qui serait importée,
05:19qui, elle, le serait au plus une fois.
05:22Donc on ne cesse de créer des distorsions de concurrence
05:26entre des produits importés
05:28et ce que nous fabriquons
05:31et produisons sur nos propres territoires.
05:33Il faut arrêter.
05:35On envoie des missions parlementaires
05:37toutes les semaines en Allemagne et dans d'autres pays
05:40pour essayer de mesurer où sont les écarts
05:43entre leur performance et la nôtre.
05:45Et dans le même temps, on ne cesse
05:47de rajouter de nouveaux prélèvements.
05:49Le ministre des Finances, lui-même, ne cesse de dire
05:52tous les jours qu'en 2014,
05:54on doit s'arrêter,
05:56on doit recourir à une pause dans les prélèvements.
05:59Je crois qu'il pense notamment aux entreprises
06:02parce que nous sommes les seuls
06:05qui allons pouvoir relancer l'emploi
06:08et combattre le chômage.
06:09Alors vraiment, ce qui a été pensé au moment du Grenelle 2,
06:13si ça pouvait paraître légitime
06:16sur un plan politique, écologique et social,
06:19force est de constater que dans le contexte économique
06:22d'aujourd'hui, c'est irrecevable,
06:25c'est impossible à mettre en oeuvre
06:27parce que le coût de prélèvement de l'écotaxe,
06:31on est en train de s'en apercevoir,
06:33est tel qu'il n'y aura de vraie rentabilité
06:37que quand on aura augmenté l'écotaxe.
06:40Donc vous vous rendez compte ?
06:41Aujourd'hui, on imagine
06:44appliquer une écotaxe injuste et insupportable
06:47tout en sachant qu'il faudra l'augmenter
06:51pour qu'elle rapporte vraiment. C'est pas possible.
06:53L'écotaxe, vous l'avez dit, a été créée
06:56à partir du Grenelle 2 en 2009.
06:59Aujourd'hui, chez Copte de France, vous êtes contre toute écotaxe
07:02au sens large ?
07:03Non. D'ailleurs, on n'a pas mené cette bataille-là.
07:06On n'est pas partis billes en tête pour dire non à une écotaxe.
07:10On a essayé de démontrer que celles qui étaient imaginées
07:14et en cours de mise en oeuvre étaient mal pensées.
07:19D'abord, le principe était de taxer le réseau secondaire
07:24en imaginant qu'il puisse renforcer des alternatives
07:29comme le fret ferroviaire ou les voies navigables.
07:32Vous avez vu le fret ferroviaire s'améliorer depuis 2009 ?
07:35Vous avez vu ce qu'il devient du débat sur les voies navigables
07:39et leur modernisation ?
07:41Même les grands projets ont été abandonnés.
07:43Et c'est tout le contraire qui est en train de se passer
07:46du côté de la SNCF.
07:48Alors voilà.
07:49Les intentions politiques étaient sans doute généreuses.
07:52Elles n'ont pas été transformées.
07:55Elles n'ont pas été mises en oeuvre.
07:56Et s'il peut y avoir écotaxe,
07:59regardons ce qui se passe en Allemagne.
08:01Regardons ce qui existe depuis fort longtemps en Suisse.
08:05Tout transporteur qui est sur le territoire
08:10ou qui y entre paie une contribution forfaitaire.
08:14Bon, on peut être pour, on peut être contre,
08:15mais en tout cas, tout le monde est logé à la même enseigne.
08:18C'est simple, ça ne coûte pas cher à prélever.
08:21Et bon, on pourrait encore éventuellement imaginer
08:24qu'on appréhende la problématique des transports
08:27sur le territoire national de cette façon-là,
08:30mais pas dans une usine à gaz comme celle qu'on nous a inventée
08:33avec des injustices et des conséquences
08:36aussi dramatiques que celles que nous sommes capables
08:38aujourd'hui de mesurer.
08:40Ca veut dire que même en matière de fiscalité,
08:42on n'est pas capable de copier sur notre modèle allemand,
08:45entre guillemets, quand les idées sont bonnes ?
08:47De campagne électorale en campagne électorale,
08:50voilà des années en France
08:52que nous promettons le grand soir de la fiscalité.
08:56Et en fait, on sait inventer de nouvelles contributions,
09:00de nouveaux prélèvements, on ne sait pas en supprimer.
09:03Et c'est ce qui affaiblit de jour en jour l'économie française
09:07et l'économie agricole et agroalimentaire aussi,
09:11alors qu'il s'agit là d'un des champions
09:15de l'économie française qui mériterait d'être conforté,
09:19qui a des chances de participer à la croissance mondiale.
09:23Vraiment, la balance commerciale française,
09:25elle repose sur quoi ?
09:26Sur les transports, le tourisme
09:28et l'agriculture et l'agroalimentaire.
09:31Voilà des secteurs sur lesquels on devrait mettre le paquet.
09:34D'ailleurs, il y a cette volonté de mettre le paquet.
09:36Le ministre de l'Agroalimentaire le confirmera sans doute tout à l'heure.
09:39Mais il faut être cohérent.
09:41Pour mettre le paquet, il ne faut pas rajouter de nouveaux prélèvements.
09:44Vous allez passer le message à Jean-Marc Aroux ?
09:47Oui, bien sûr, on ne cesse de lui passer.
09:50Et puis encore une fois, en ayant gagné cette 1re bataille,
09:53c'est-à-dire d'un report au mois de janvier,
09:55on a plus de 3 mois devant nous
09:57pour expliquer ce que je viens de tenter d'exprimer
10:00et pour dire qu'il faut reconsidérer les choses.
10:03Affaire à suivre donc. Philippe Mangin, merci beaucoup.
10:05Merci.

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