• il y a 4 mois
Dans cette vidéo, je reviens sur les similitudes et les différences entre le film "Scarface" d'Howard Hawks, datant de 1932, et son remake, réalisé par Brian De Palma en 1983.

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#Scarface #Cinema #Podcast #ReservoirVlog
Transcription
00:00Scarface de Brian de Palma, avec l'inimitable Al Pacino, est un film tellement
00:29culte qu'il a dépassé son statut de remake et même pris la place de l'original dans
00:34le cœur de beaucoup.
00:35Pourtant, 50 ans auparavant, un certain Howard Hawks posait déjà les bases de ce qui sera
00:39le film de gangster durant les décennies à venir.
00:41Je vais donc dans cette vidéo revenir sur ces deux films, sur ce qui les lie et sur
00:45ce qui les différencie, à travers trois thématiques.
00:48Du coup, c'est parti.
00:49Avec plus de cinq décennies d'écart, il va sans dire que le contexte historique des
01:02deux films, mais aussi leur conception et leur réception, ne pouvaient être que diamétralement
01:07opposés.
01:08Deux événements politiques propres serviront de socle aux deux films, la prohibition d'un
01:11côté et l'exode de Marielle de l'autre.
01:14En 1919, un amendement américain connu sous le nom de Prohibition voit le jour et interdit
01:19le commerce de boissons alcoolisées.
01:20Cette loi, bien qu'efficace sur le papier, sera également à l'origine du gangsterisme
01:25américain.
01:26C'est dans ce contexte qu'en 1932 sort Scarface d'Howard Hawks.
01:29Le film raconte l'ascension d'un petit gangster de Chicago, Antonio Camonte, dit
01:33Tony, qui va grimper les échelons de la criminalité de façon fulgurante grâce notamment à une
01:38mentalité de fer et une violence excessive.
01:40Le film se positionne comme une véritable dénonciation de ce qu'est l'Amérique dans
01:44les années 30, affaibli par le crash boursier de 1929 qui plongera le pays dans la pauvreté
01:49et qui, par effet de ricochet, entraînera une hausse de la criminalité.
01:52Le film d'Howard Hawks ne fait preuve d'aucune subtilité pour ce qui est de nous faire passer
01:56son message.
01:57Le film est en profond désaccord avec ce que l'Amérique est en train de devenir et
01:59le fossé social qu'elle creuse de plus en plus.
02:01Maintenant, ce manque de subtilité n'est pas à mettre au crédit du réalisateur mais
02:05au studio hollywoodien et à leur manière de concevoir des films à l'époque.
02:08La censure est prédominante dans le cinéma américain des années 30.
02:11Le code ACE n'est pas loin et Scarface en sera une des premières victimes en plus d'en
02:16être une des causes.
02:17Le code étant appliqué de manière plus drastique deux ans après la sortie du film,
02:20notamment à cause de certains éléments de ce dernier qui seront passés à la trappe
02:23de la censure.
02:24Un message d'introduction sera imposé pour éviter les confusions quant au parti pris
02:28du film.
02:29Des scènes seront modifiées sans l'accord du réalisateur, une fin alternative sera
02:32tournée mais ne sera pas utilisée.
02:34Malgré tout ça, le film s'offrira un fatalisme assez inédit pour l'époque.
02:38La grossièreté de son personnage principal, les courses poursuites, la violence graphique,
02:42tout ça constituera un choc pour le peu de spectateurs qui auront la chance de découvrir
02:46le film à sa sortie, ce dernier n'étant que peu diffusé dans les cinémas jusqu'à
02:50même devenir quasiment introuvable pendant plus de 40 ans.
02:53Durant tout ce temps, Scarface sera projeté de manière illégale, les bobines du film
02:57se passant sous le manteau.
02:58L'anecdote veut que Martin Scorsese lui-même possédait une copie privée, copie qu'il
03:02montrera au futur réalisateur du remake Brian De Palma dans les années 70.
03:06Cette rareté conférera à l'oeuvre une telle aura qu'Universal rachètera les
03:10droits au début des années 80 et lui offrira une seconde vie en salle.
03:14Ce sera également l'occasion pour le studio de mettre en chantier un remake et c'est
03:17comme ça qu'Oliver Stone se penchera sur le scénario qui passera des mains de Sidney
03:22Lumet à Brian De Palma pour une sortie prévue en décembre 1983.
03:26Dans cette nouvelle version, la prohibition laisse place à ce qu'on appelle l'exode
03:30de Marielle.
03:31Dans les années 80, Fidel Castro expulse ceux qui sont opposés à son régime politique
03:35et ces derniers seront accueillis en tant que réfugiés sur le sol américain.
03:39Mais ce que le pays de l'oncle Sam ne sait pas à l'époque c'est que Castro en profitera
03:42pour se débarrasser également de bon nombre de criminels cubains qu'il enverra discrètement
03:46en Amérique en même temps que les réfugiés.
03:48Et c'est dans ce contexte très réaliste que le film commence et qui nous introduit
03:52deux de ces criminels désireux de faire fortune en Amérique, Manny Ribeira et Antonio Montana.
03:57Ici le fléau de la société n'est plus la drogue mais la cocaïne et là où le film
04:01Howard Hawks dépeint la criminalité comme une plaie difficile à refermer, Brian De
04:05Palma va quant à lui porter son regard sur le capitalisme qui ouvrira ses portes à bon
04:09nombre d'excès et qui façonnera ce qu'on appelle encore aujourd'hui le rêve américain.
04:13Oliver Stone et Brian De Palma dépeignent l'image désastreuse de pseudo Eldorado que
04:17renvoie l'Amérique et les possibilités qu'elle offre à des gangsters pas très
04:21intelligents mais bougrement motivés comme Tony Montana de se créer un empire où sexe,
04:26drogue et meurtre sanglant font office d'uniques principes.
04:28Le film sera pourtant un échec critique à sa sortie, Martin Scorsese encore lui fera
04:33l'éloge de ce dernier durant l'avant-première mais préviendra tout le cast que celui-ci n'aura
04:39pas bonne réputation. Durant la même avant-première Dustin Hoffman s'endormira devant le film et les
04:44critiques qui seront présentes durant la projection ce soir-là décriront le film
04:49comme étant trop violent, trop outrancier et limite ridicule. Alors que justement tous
04:53ses points sont volontairement grossis dans le film pour que ce dernier puisse faire passer
04:58son message. Le manque de goût évident de Tony, son caractère bien trempé, ses injures à
05:02répétition, son manque d'intelligence, tout ça est mis en parallèle de sa fulgurante réussite
05:06pour bien nous faire comprendre qu'à l'époque l'Amérique ne fait preuve d'aucune nuance. Tu as
05:10de la volonté alors le rêve américain te tendra les bras et les décisions que tu prendras pour
05:14réussir, les dégâts que ça causera, ça ça n'est qu'une formalité. L'image que se font les deux
05:20films des institutions, la manière dont ils les mettent en scène font là aussi écho à deux époques
05:24et deux mentalités complètement différentes. Dans le film de 1932 il y a deux adversaires bien
05:29définis, les représentants de la loi contre les criminels. Les gangsters gangrènent la société,
05:34il n'y a que la loi et leurs représentants qui peuvent les arrêter. Et à la fin du film ce sont
05:39les policiers qui arrêtent Tony, c'est la justice qui l'emporte face à la criminalité. Dans le
05:43remake c'est une toute autre paire de manches, pour De Palma dans les années 80 tout le monde
05:47est pourri. Les flics sont corrompus et la justice aussi quand on sait que Sosa a assez
05:51de pouvoir pour éviter à Tony la prison. Ça n'est même pas la police qui triomphera de Tony,
05:55le seul moment où la police intervient ça n'est pas pour des meurtres ou pour la vente de drogue,
05:59mais quand Tony fait l'erreur de ne pas payer ses impôts. Car si l'Amérique t'offre le luxe de
06:03réussir, ça n'est pas gratuit. Pour De Palma l'Amérique c'est le gangster ultime, celui qui
06:07te donne un service mais qu'il ne vaut mieux pas tenter de voler, parce que c'est à partir de là
06:11qu'il interviendra. Et si vous ne me croyez pas, demandez à Al Capone, qui portait d'ailleurs
06:14comme surnom Scarface. Donc quoi la boucle est bouclée. Ce qui viendra à bout de Tony dans le
06:19film de 83 c'est son excès de confiance, celui d'un homme qui se croyait intouchable jusqu'à ne pas
06:24regarder derrière lui. Si le film original se termine en offrant au spectateur un sentiment
06:28de justice, le remake lui laisse un goût amer car c'est la violence et le sang qui l'emportent,
06:33et ce quel que soit le vainqueur de cette guerre finale. Les deux films, bien que différents sur
06:37pas mal d'aspects, gardent en commun de ne pas avoir su se faire comprendre dès leur sortie au
06:41cinéma, mais aussi leur façon bien à eux de pointer du doigt une Amérique séparée par 50 ans
06:45d'histoire, mais toujours enclin à des démons difficiles à chasser. Howard Hawks et Brian De
06:59Palma sont des réalisateurs qu'on ne présente plus. Ils ont tous deux su laisser leur marque
07:03dans l'histoire du cinéma grâce à leur savoir-faire unique et à leur incroyable
07:07efficacité en termes de mise en scène. Et c'est bien ce dont il sera de question ici. On peut
07:12aisément dire que le Scarface de 1932 est un modèle du genre tant qu'il posera les bases du
07:16film de gangster et du film noir. Cette manière qu'a Howard Hawks de mettre en scène un succès
07:21tout aussi fulgurant que sa chute sera réutilisé à maintes reprises par les plus grands. Le rythme
07:26ultra soutenu, l'efficacité des scènes d'action, les transitions inspirées ne seront que quelques
07:30unes des preuves, s'il en fallait, que Scarface a laissé sa marque au panthéon des films du genre.
07:35Alors pour revenir à son rythme, c'est ce qui fait toute la force du film. On ne perd pas une
07:39seule seconde dans Scarface, Hawks va droit au but. Son rythme oscille entre violence et
07:44brutalité et ne nous laisse aucun temps mort. Le film est pensé pour être aussi excitant et
07:48réaliste que possible. Il dresse le portrait d'une époque où cette violence était bien présente mais
07:53jamais montrée de la sorte. Car à cette époque, le cinéma se doit de rester loin de cette frontière
07:57entre fiction et réalité. Le public américain ne doit pas prendre en exemple ses brutes et encore
08:02moins comprendre leur fonctionnement. Voilà pourquoi le film commencera par cet écriteau,
08:06voilà pourquoi il sera coupé par une scène de réunion totalement absurde, voilà pourquoi Tony
08:11sera stoppé et abattu par la police, voilà pourquoi l'affiche du film sera sous-titrée
08:15Shame of a Nation. Mais le réalisateur et son producteur tiendront bon et permettront la
08:20naissance de ce bijou du cinéma américain qui engendrera lui-même un autre bijou réalisé par
08:25Brian De Palma qui pour le coup prendra complètement le contre-pied de son prédécesseur en termes de
08:29rythme et de mise en scène. Le Scarface de 1983 dure quasiment trois heures et se découpe en deux
08:35parties. Les débuts de Tony dans le monde de la drogue en tant que simple employé où le film prend
08:39son temps pour poser ses bases et développer les différents personnages, puis son arrivée au sommet
08:43qui offrira à sa seconde partie un rythme ultra soutenu comme pour souligner l'ascension éphémère
08:48de Montana. Ces deux parties seront entrecoupées d'une séquence clipesque qui mettra en avant toute
08:52la décadence du nouveau roi de la drogue en Floride en pointant du doigt les problèmes de
08:56la société américaine des années 80 qui ne voit la réussite qu'à travers la possession de biens
09:00matériels. Une transition qui dans le film de Howard Hawks prendra la forme d'une mitraillette en
09:04pleine action entrecoupée d'un calendrier qui soulignera une banalisation de la violence qui
09:08prend racine au fur et à mesure que le temps passe. Le film va aussi avoir ce rapport très
09:12particulier à la bestialité. Tony nous est introduit comme une sorte d'animal que les agents
09:17américains vont tenter de dompter. Et la caméra de De Palma ne s'y trompe pas, elle fait le tour de
09:21la bête pour bien souligner l'enfermement. Elvira, sa femme, sera introduite de la même manière,
09:25enfermée dans cette prison transparente telle une bête en cage scrutée par Tony. La seconde
09:30partie du film qui met en image le succès du gangster continuera ce parallèle. La scène de
09:35la baignoire en est un bon exemple. L'entourage de Tony l'observe dans sa décadence, puis s'en
09:40vont et laissent ce dernier seul dans cette baignoire. Il n'est plus dans la cage qu'on
09:43lui a imposé, il s'est créé sa propre cage. Plus agréable en apparence, mais qu'il enferme
09:48dans cette illusion de réussite et de contrôle. Tony est quasi invisible, 90% du cadre met en
09:54avant la luxure de son environnement. Et pour reprendre les mots de ce cher Tyler Dordaun,
09:58c'est là que l'on prend conscience que ce qu'il possède a fini par le posséder. C'est là la force
10:03de ce remake, il parvient à rester fidèle à l'original tout en se créant sa propre identité,
10:07tout en racontant son histoire découlant d'une époque qui lui est propre. On peut aussi s'en
10:11rendre compte graphiquement puisque le film laisse le genre noir et l'expressionnisme au placard pour
10:16nous ancrer à 300% dans l'atmosphère des années 80. L'art ingardise et volontaire, à l'image de
10:22la période, à l'image de Tony. Tout est lumineux, extravagant, les maisons sont excessivement décorées,
10:28les tenues sont excessivement colorées, les voitures sont excessivement grandes, la musique
10:32est excessivement percutante. On est en plein dans l'ère Regan où c'est la première impression,
10:37l'impression visuelle qui prédomine. Montre-moi ce que tu possèdes et je saurais qui tu es. Tout
10:43le contraire du Scarface de Hawks qui se veut esthétiquement plus sinistre. La lumière y est
10:47plus angoissante, l'atmosphère est pesante, les signes extérieurs de richesse ne sont en aucun cas
10:51mis en avant. La montée en puissance de Tony Camonte, on la ressent à travers sa violence
10:55qui grandit en même temps que son pouvoir. Ça rend le film tout aussi marquant et ça permet de
11:00bien différencier deux époques qui se battent contre deux démons bien différents. Maintenant,
11:04les deux films gardent quand même certains points communs, notamment l'ironie du panneau
11:08« The world is yours » placé en face de l'appartement de Tony Camonte et qu'il distingue
11:12à travers sa fenêtre comme un rêve enfermé dans une vitrine d'illusion inaccessible. Ou encore la
11:17même phrase que Tony Montana aperçoit et interprète comme un signe après avoir abattu son patron mais
11:22qui se déplace à travers ce dirigeable et que tout le monde peut voir. Résumant la promesse
11:27d'une réussite accessible à tous que l'Amérique exhibe fièrement et qui ne s'avère être qu'un
11:31leurre. Tony prendra ce message pour lui, il se persuadera d'en être destiné et c'est ce qui
11:36causera sa perte. L'autre chose très importante à souligner c'est bien entendu le développement de
11:41Tony Camonte face à celui de Tony Montana. Car même si les deux personnages aspirent au même
11:46but et embrasseront le même destin, leur parcours, leur caractère et leur interprétation se voudront
11:51relativement différentes. Tony Camonte et Tony Montana ont eu la chance de prendre vie à travers
12:04deux acteurs ultra talentueux. Paul Muni avec son arrogance, son sourire malin, son sifflement offre
12:10au personnage des caractéristiques qui lui sont propres. Mais plus encore c'est à travers sa folie
12:14qu'il le fait briller. Il a en commun avec Al Pacino de frôler le surjeu mais sans jamais dépasser
12:18une certaine limite où ça pourrait devenir dérangeant. C'est même ce qui confère aux deux
12:22Tony cette intensité incroyable comme si rien ne pouvait les atteindre. Ces limites si on n'est pas
12:27dans le surnaturel à la fin du film de 83 quand les balles fusent mais que Tony reste fidèle à
12:31lui-même. Deux grands acteurs donc qui n'auront pas le même destin. Un sera adulé pendant que
12:36l'autre sera quasi oublié. Le plus gros point commun des deux personnages va résider dans ce
12:40désir de possession. Les deux veulent tout ce qu'il est possible d'avoir et ne parviennent
12:44jamais à être rassasiés. Ils iront jusqu'à prendre possession de leur femme respective comme
12:48si celle-ci n'était qu'un trophée. Un trophée que Tony Montana exhibera fièrement. Il libérera
12:53l'animal de sa cage, le domptera pour mieux le renfermer. Les deux Tony entretiendront également
12:59une relation assez spéciale avec leur sœur. Dans le film d'Howard Hawks la relation aurait dû être
13:03incestueuse mais le studio à l'époque mettra son veto et la relation de Tony et sa sœur ne fera
13:08qu'effleurer cette ambiguïté. Leur relation est tout aussi toxique que celle du remake à la
13:12différence que l'alchimie des deux est bien plus mise en avant ici. Tony veut contrôler sa sœur et
13:16lui fera vivre un enfer mais leur relation est tellement fusionnelle qu'elle n'en tiendra pas
13:20rigueur et se battra à ses côtés jusqu'au bout. Chez Tony et Gina Montana ce sera bien plus
13:25explosif. On ne ressent pas cette alchimie entre les deux. Tout ce que l'on voit c'est un grand
13:29frère rongé par des pulsions douteuses qui veut prendre le contrôle total de la vie de sa sœur
13:33et ira jusqu'à tuer son meilleur ami alors amoureux d'elle. Gina elle ne pardonnera pas à Tony et dans
13:38un geste désespéré essaiera d'en finir avec lui, de se libérer de lui. Aussi bizarre que ça puisse
13:44paraître et toute proportion gardée bien sûr, Tony Montana se veut bien plus nuancé et bien
13:49plus humain que Tony Cammond. Car dans le film original ce dernier n'a aucune limite et nous est
13:53présenté comme étant impitoyable, capable d'absolument tout pour réussir. Là où Montana
13:58se fixe malgré tout certaines règles. Alors attention il est tout aussi dérangé mais avec
14:02certaines limites, s'opposant notamment au meurtre d'enfants. Ironie du sort c'est ce peu d'humanité
14:07qui lui reste qui causera sa perte. Et c'est peut-être ce qui hisse encore aujourd'hui Tony
14:11Montana au rang d'icône de la pop culture. Tony Montana c'est celui qui part de tout en bas et qui
14:16réussit sans renier ses principes en étant lui-même du début à la fin. Et c'est ce que la plupart
14:21retiennent bien plus que ce qui est évident. Comme la capacité du personnage à être un véritable con,
14:26un peu bof, ultra violent, égocentrique, vulgaire, tout ça n'intéresse pas les fans les plus férus
14:31de Tony. C'est tout ce que De Palma a voulu dénoncer qui reste. Une success story moralement
14:36disputable, une grossièreté limite indigeste, des signes extérieurs de richesse, une autodestruction
14:41par la violence et la drogue. Malgré tout ce qui ne va pas chez Tony, son parcours fascinera les
14:46plus désireux de réussite. Et c'est peut-être parce que Tony lui-même a été victime d'un système
14:50qui lui promettait monts et merveilles mais qui n'a fait que l'enfermer dans sa condition dès son
14:55arrivée en Amérique. C'est le sang qui libèrera Tony, c'est le sang qui lui fera passer de l'illusion
14:59d'un rêve à la réalité. C'est le sang qui lui conférera le pouvoir et les richesses. Mais au final
15:05tous ces choix n'étaient pas dû à une soif de sang incontrôlée du personnage mais plus à un système
15:10qui ne lui a pas laissé d'autre choix que d'utiliser ses méthodes pour s'en sortir. De là à dire que
15:14Tony Montana est une victime, il n'y a qu'un pas. Quoi qu'il en soit aujourd'hui, Scarface est enfin
15:20considéré comme un des grands films de De Palma. Son influence est totale que ce soit dans le cinéma
15:25et sur les autres médiums. Les jeux vidéo, la musique, la mode, on l'a vu et on le voit encore
15:30aujourd'hui partout. Malgré le destin tragique d'un personnage qui n'a réussi qu'en apparence,
15:35c'est son slogan fétiche, sa ténacité et son sens bien particulier de l'honneur qui resteront
15:40dans la tête de beaucoup. A l'aube d'un nouveau remake qui devrait prendre place à Los Angeles
15:44avec Michael B. Jordan dans le rôle-titre et les frères Coen au scénario, il reste important de
15:49se souvenir également du film d'Howard Hawks qui aura su révolutionner un genre et qui reste encore
15:53aujourd'hui un exemple de maîtrise et un véritable bonheur à découvrir et à redécouvrir. Donc,
15:59merci Howard et merci Brian.