• il y a 3 mois
À 7h50, Daniel Baal, président du Crédit Mutuel Alliance Fédéral, 9ème groupe bancaire européen, est l'invité de Sonia Devillers. Il revient sur la situation économique et politique. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-10-juillet-2024-5423637

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00:00France Inter, le 6-9.
00:04Sonia Devillers, votre invitée et président du groupe Crédit Mutuel.
00:08Alors, le Crédit Mutuel et sa filiale, le CIC, Simon, c'est la banque d'un français
00:13sur cinq en France et c'est aussi la banque d'une entreprise sur cinq et bien même
00:18une entreprise sur deux qui est cliente du Crédit Mutuel.
00:21Bonjour Daniel Bal.
00:22Bonjour Sonia Devillers.
00:23Une longue carrière au Crédit Mutuel, vous y êtes entré le 1er juillet 1979, il y a
00:2945 ans.
00:30Voilà, vous en avez gravi tous les échelons.
00:33Vous êtes aussi un dingue de cyclisme, ancien président de la Fédération Française puis
00:38de l'Union Européenne de Cyclisme.
00:40Ma première question est donc très sérieuse, Emmanuel Macron aurait-il dû attendre la
00:44fin du Tour de France pour dissoudre l'Assemblée Nationale ?
00:47Je ne sais pas s'il a bien fait de dissoudre l'Assemblée Nationale et puis sur le timing
00:51je crois que tout le monde était à peu près à l'accord.
00:53C'est ça, mais quand même quand ça recommence c'est plus fort que vous, vous décalez
00:57un conseil d'administration pour regarder une étape.
00:59Je ne fais jamais, non, je crois qu'on peut être passionné et je suis vraiment toujours
01:03passionné de cyclisme mais c'est vrai que je n'ai pas vu beaucoup d'images de
01:06ce Tour de France pour l'instant parce qu'on a d'autres activités pour l'instant.
01:09Voilà, les effets économiques de la dissolution par exemple.
01:12La Confédération des petites et moyennes entreprises parle d'investissements suspendus,
01:19d'embauches gelées, de projets repoussés, d'événements annulés.
01:23La mise à l'arrêt est telle qu'on aurait déjà perdu un trimestre de croissance.
01:28Vous faites le même constat ?
01:29Non, on ne fait pas vraiment ce constat.
01:31C'est clair qu'on est aujourd'hui dans une situation d'incertitude.
01:34L'incertitude n'est jamais bonne pour l'économie, n'est pas bonne d'ailleurs
01:37même pour le bien-être des Français.
01:39Maintenant, ne dramatisons pas, c'est nous les entreprises qui avons les réponses.
01:44Et moi je regarde dans notre entreprise, au Crédit Mutuel, mais je vois également avec
01:49beaucoup de nos clients…
01:50C'est nous et pas qui ?
01:51C'est nous qui sommes les acteurs de l'économie, c'est nous qui créons la richesse, c'est
01:56nous qui créons les emplois.
01:57Donc c'est à nous vraiment de continuer à innover, à investir, à améliorer encore
02:04nos capacités à être performants.
02:07Pourquoi ? Parce qu'on voit bien aujourd'hui qu'il y a un vrai sujet, un sujet de pouvoir
02:11d'achat, un sujet de partage de la richesse.
02:13Je suis complètement persuadé que les entreprises ont les clés, nous devons être encore plus
02:20performants.
02:21Vous avez les clés, vous êtes quand même dans un environnement macroéconomique, dans
02:24un contexte où vous êtes quand même très indépendant.
02:26Nous avons les clés pour continuer à avancer, pour continuer à créer davantage de richesses
02:31pour justement mieux les partager.
02:32Alors effectivement, le contexte ne nous favorise pas.
02:35Par exemple, Dominique Seux parlait tout à l'heure du risque de crise financière.
02:41Vous pensez qu'il y a un risque de crise financière ?
02:42Je ne crois pas, on n'en est pas là.
02:45Par contre, ce qui est clair, c'est que si la note de la France se dégrade, les taux
02:51de refinancement vont augmenter.
02:53Alors on va se dire que c'est les banques qui sont concernées ? Non, dès lors que
02:55les taux de refinancement vont monter, ce sont les taux pour les entreprises, les taux
03:00pour les particuliers qui vont augmenter.
03:01Et ça, ce n'est pas une bonne nouvelle ! Donc à nous de tout faire pour qu'au contraire,
03:06la machine économique continue à avancer, continue à créer de la richesse pour que
03:10nous puissions partager cette richesse.
03:12Alors partageons justement le nouveau Front Populaire, arrivant tête des élections législatives.
03:17Vous le savez, deux mesures phares justement, toute l'idée de redistribuer.
03:22Le SMIC à 1 600 euros net, le retour à la retraite à 60 ans, augmenter le SMIC de 15%
03:28pour doper le pouvoir d'achat, c'est envisageable Daniel Bal ?
03:31Ça ne sera pas possible pour toutes les entreprises.
03:33Je crois qu'il faut être très réaliste, on connaît beaucoup de petites entreprises
03:37où vraiment chaque fin de mois, c'est le chef d'entreprise qui regarde pour arriver
03:42à boucler.
03:43Par contre, il y a des entreprises qui ont la capacité à le faire et ces entreprises
03:47doivent évidemment le faire.
03:49Doivent le faire ?
03:50Oui, doivent le faire.
03:51Il y a très peu de patrons en France qui disent la même chose que nous.
03:56Mais je le dis clairement, aujourd'hui au Crédit Mutuel Alliance Fédérale, nous n'avons
04:00pas de salariés qui sont à moins de 2 600 euros.
04:04Mais c'est un choix, un choix que nous avons fait, le choix de la performance et le choix
04:08de la performance qui revient évidemment à l'ensemble des salariés.
04:12Sur ce point, je comprends la demande, il faut juste que ce soit cohérent et je constate
04:19que certaines entreprises ne pourront pas, mais beaucoup peuvent le faire et là, il
04:22ne faut pas hésiter à y aller.
04:23Et la progression de la réforme des retraites ?
04:25La progression de la réforme des retraites, je voudrais d'abord dire que finalement,
04:28on est arrivé dans cette situation parce qu'on a manqué de dialogue, on a manqué
04:33de trouver des compromis parce qu'il y a un problème des retraites en France, il fallait
04:38trouver des solutions.
04:39Je crois que là, c'est plus le chemin qui a été utilisé et qui arrive à un résultat
04:44qui n'est pas satisfaisant.
04:45Donc si aujourd'hui, il faut renégocier, renégocions, mais faisons-le intelligemment
04:50en prenant vraiment l'ensemble de la problématique et puis en regardant…
04:54Donc vous êtes d'accord sur le constat, il y avait un vrai problème de financement,
04:57vous n'êtes pas d'accord sur la méthode ?
04:58Exactement.
04:59Eh bien, on a compris.
05:00Le Nouveau Front Populaire entend quand même réglementer très précisément la banque
05:05et la finance à plusieurs niveaux.
05:07J'en prends juste quelques-uns parce que vous êtes vraiment directement visé.
05:10Peut-être qu'on se rappelle tous, mon ennemi c'est la finance dans la bouche de François
05:15Plafonnez les frais bancaires.
05:16Plafonner les frais bancaires, c'est toujours la même idée, on la connaît.
05:21Je voudrais juste rappeler que les frais, ce n'est pas des frais qui sont facturés
05:25comme ça.
05:26C'est juste une prestation de service qui est apportée à nos clients, une prestation
05:30de service qui est, je crois, en France de qualité.
05:32La France a le réseau de proximité, le réseau d'agences le plus important en Europe.
05:37Donc justement, pour être près des clients, au Crédit Mutuel, nous veillons à accompagner
05:42chacun de nos clients d'un conseiller dédié.
05:45Nous veillons à offrir une gamme de produits très larges.
05:48Évidemment, il y a un sujet, notamment la clientèle fragile.
05:52Pour la clientèle fragile, nous avons décidé, il y a déjà plusieurs mois, de mettre en
05:57place un compte à un euro par mois sans frais, même en cas d'incident.
06:04Il s'agit de régler les problèmes là où ils sont, en fonction de la situation du
06:09client.
06:10Nous voulons accompagner nos clients au mieux.
06:12C'est notre rôle.
06:13Toujours dans le programme du NFP, interdire le financement des énergies fossiles.
06:18Vous avez déjà pris des engagements ?
06:19Oui.
06:20Nous, on est sorti totalement du charbon dès 2020.
06:23On s'est interdit, dès 2022, tous nouveaux financements qui permettent d'augmenter
06:28les capacités dans les autres énergies fossiles.
06:30Alors, tout nouveau financement, ça signifie qu'il y a quand même énormément d'entreprises
06:35qui ont des crédits en cours chez vous.
06:37Vous n'allez pas les lâcher du jour au lendemain.
06:38Juste parce que ce n'est pas possible.
06:42Lorsqu'un crédit est accordé, il faut qu'il soit remboursé.
06:44Nous avons pris des initiatives fortes dans ce domaine.
06:47Ensuite, sur ce sujet, c'est un vrai sujet de fond.
06:51Comment travailler ? Comment travailler à la décarbonation ?
06:54Est-ce que vous financez, par exemple, la transition énergétique, y compris dans des
06:59boîtes et des grandes boîtes qui sont des boîtes du gaz et du pétrole, type Total
07:04Energy ?
07:05Aujourd'hui, nous avons fortement réduit nos positions dans ces entreprises, mais nous
07:07veillons toujours à la trajectoire.
07:09Parce que nous ne pouvons pas ignorer que l'économie n'est pas décarbonée.
07:16Il faut juste être très réaliste de ce point de vue.
07:20Notre credo, c'est faisons tout pour arriver à la décarbonation.
07:24Et nous mettons en place pour l'ensemble de nos entreprises des crédits à taux privilégié
07:29pour leur permettre d'aller dans ce sens.
07:30Nous le faisons même pour les particuliers.
07:32Puisque pour les particuliers, pour les inciter justement à rénover leur logement, nous
07:37avons mis en place un prêt à 0% pour leur permettre de financer la rénovation avant
07:43de toucher la prime rénov'.
07:45Donc, c'est chez nous vraiment une démarche de fond que nous voulons mettre en avant.
07:49La transition environnementale, aujourd'hui, elle est en marche.
07:53C'est-à-dire que pour les familles, c'était très long d'attendre la prime rénov' ?
07:55Bien sûr.
07:56La prime rénov' c'est souvent un délai d'un an.
07:57Donc, c'était un frein à la rénovation de la maison, du logement ?
07:59Aujourd'hui, nous leur disons, vous avez obtenu la prime rénov', nous vous la payons
08:04dès maintenant, de telle sorte à ce que vous puissiez réaliser vos travaux.
08:07Ça, c'est vraiment des gestes très concrets et je crois très efficaces, qui ont une incidence
08:12sur la transition environnementale, mais également sur le budget des ménages.
08:15Alors, le Crédit Mutuel, le grand public le sait peu, est le propriétaire d'un très
08:20grand groupe de presse régional, même le premier groupe de presse régional en France.
08:24850 000 exemplaires par jour, vous éditez entre autres le Dauphinet Libéré, les dernières
08:27nouvelles d'Alsace, l'Est Républicain, le Progrès, le Républicain Lorrain, bref,
08:32tous les grands journaux régionaux de l'Est de la France.
08:35La carte électorale est assez frappante, ce sont des régions où le Rassemblement
08:40National, sauf en Alsace, a effectué des percées électorales très fortes.
08:47Quelle position ont pris vos journaux pendant cette période ?
08:50Ils ont pris la position que la rédaction a décidé de prendre.
08:53C'est-à-dire ? C'est-à-dire qu'ils ont eu, je crois,
08:56pour avoir lu pendant toute la période, à peu près tous les journaux, nous avons neuf
09:00titres, donc je passe un peu de temps à lire les journaux parce que je suis un passionné
09:04de l'actualité.
09:05C'est la rédaction qui, évidemment, a défini sa ligne éditoriale et je crois qu'ils
09:10ont trouvé une ligne tout à fait équilibrée dans ce domaine.
09:14Et d'ailleurs, j'en veux pour preuve que j'ai été assailli parfois de courriers
09:17de lecteurs dans un sens ou dans l'autre qui n'étaient pas contents, ou même d'interventions
09:21d'hommes politiques qui souhaitaient qu'on change un peu la ligne éditoriale, je disais
09:24que ce n'est pas moi qui le fais, ce sont les journalistes qui le font et je suis trop
09:27respectueux de ce métier pour changer cette position.
09:29Merci Daniel Bal.
09:30Président du groupe Crédit Mutuel, donc, et merci à vous Sonia Deviller, c'est l'heure 56.

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