Émission spéciale quatre jours après les résultats des élections législatives, animée par Dimitri Pavlenko. Il reçoit à son micro chroniqueurs et auditeurs pour commenter l'actualité politique. Aujourd'hui, Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris s'exprime sur l'une des mesures du programme du Nouveau Front Populaire : la hausse du SMIC.
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00:00J'ai tiens Sandrine Rousseau, il y a un auditeur qui est avec nous, qui a une question pour vous, il s'appelle Christophe.
00:04Il nous appelle de Gironde. Bonjour Christophe.
00:07Bonjour.
00:08Bienvenue sur l'antenne d'Europe 1. Alors, vous, vous êtes patron de PME, c'est ça ?
00:13Absolument, je suis patron de PME dans l'assignement.
00:15Allez-y, on vous écoute.
00:17Je voudrais poser... Bonjour, je suis patron depuis plus de 30 ans.
00:23Je voudrais vous poser une question simple.
00:25Le SMIC aujourd'hui se situe entre 1300 et 1350 € mètre.
00:29Le Front de Gauche et vous, je présume, vous voulez le faire passer à 1700 € mètre.
00:34Ça représente une hausse, si vous voulez, pour l'entreprise, pour les PME, et puis pour les groupes, pareil, de 7800 € par an.
00:42Donc imaginez-vous, si vous avez 10 salariés au SMIC, ça c'est 78 €.
00:46Dites-moi, s'il vous plaît, comment je fais pour le financer et le payer.
00:50Alors déjà, les chiffres que vous donnez ne sont pas bons puisque le SMIC aujourd'hui est à 1398 €
00:56et nous proposons de le monter à 1600.
00:58Donc ça n'est pas 1700, et voilà.
01:01Je n'ai pas dit 1700, madame, j'ai dit 1300, 1350, suivant les conventions collectives.
01:05Donc 1380, si vous voulez, madame, pas de problème.
01:08Vous le montez à 1600, donc la différence, si vous voulez, ça fait 650 ou 600 €.
01:13Ça va faire entre 7000 et 7800 €, madame Rousseau, de plus pour l'entreprise, par salarié.
01:18Donc vous multipliez par 10, ça fait 70 ou 78 000.
01:21Si vous voulez, à 100 € près, moi je vous pose une question simple, madame.
01:25Comment je le finance ?
01:27Si vous m'essayez de répondre, je veux bien vous répondre.
01:30Je vous en prie, madame.
01:31Donc je dis de 1398 € actuellement à 1600 €.
01:35Que ces 1600 €, de toute façon, seraient atteints par les calculs normaux d'augmentation du SMIC dans les deux années.
01:45Donc en fait, c'est une accélération de l'augmentation.
01:48Vous prévoyez qu'il y a 15 % de hausse du SMIC en deux ans ?
01:51Non mais sur les 3-4 ans, c'est une accélération, c'est pas non plus une révolution.
01:56Nous avons prévu un fonds d'aide au TPE et PME, parce qu'en effet, la charge est lourde pour les petites et moyennes entreprises.
02:05Ce qui fait qu'en fait, l'État prendrait en charge, pour les petites et moyennes entreprises, l'augmentation de ce SMIC.
02:11Je rappelle quand même deux choses.
02:13C'est qu'en Espagne, le salaire minimum a augmenté de 45 %.
02:17Nous, nous proposons de l'augmenter de 14 %.
02:19En Espagne, ça a augmenté de 45 %.
02:21L'effet de cela, c'est qu'il y a eu la création massive de CDI, donc d'emploi à durée indéterminée,
02:27mais aussi une augmentation de la croissance et un renforcement de la marge des TPE et PME.
02:34Et je voudrais ajouter un autre exemple, qui est que dans les années 70, il y a eu aussi une crise,
02:41et il a été décidé d'augmenter le salaire minimum, et que ça a été augmenté à peu près dans les mêmes proportions.
02:50De sorte qu'en fait, ce n'est pas exceptionnel ce qui se passe.
02:54Et là, il faut aussi entendre qu'il y a des personnes qui, avec ce salaire minimum,
02:57et particulièrement je pense à toutes celles qui sont soit en emploi précaire, soit à temps partiel,
03:03qui n'arrivent pas du tout, du tout à vivre avec, mais pas du tout.
03:06Et en fait, là, à un moment, c'est une question aussi un peu de dignité, de respect de ces personnes.
03:12Elles doivent pouvoir manger correctement et à leur faim.
03:15Christophe, allez-y.
03:17Excusez-moi de vous couper, parce que là, vous parlez bien, vous parlez très bien, vous parlez très vite, vous parlez politique.
03:22Moi, je suis un garçon pragmatique. Je gère mes sociétés depuis 30 ans.
03:26Je sais ce que je gagne, je sais ce que je paie comme charge, je fais mes bilans, j'annonce ça, j'ai un banquier, etc.
03:32Donc, moi, je vous pose des questions simples, pragmatiques.
03:35Je vous dis qu'aujourd'hui, les annonces que vous faites, c'est l'augmentation du SMIC.
03:39Parfait, pas de souci, c'est politique, pas de souci.
03:42Moi, je vous demande, aujourd'hui, mon coût est de 7800.
03:45Vous me dites que vous allez me donner des aides. Madame, des aides, l'État m'a donné.
03:49L'État est en détail à plus de 3 000 milliards d'euros de, je ne sais pas que, voilà, même plus que ça.
03:56Aujourd'hui, madame, ce n'est pas d'aide qu'on a besoin. Nous, on ne veut pas d'aide.
03:59Les aides, moi, madame, je n'en ai pas besoin.
04:01Je veux employer, je veux embaucher. On est 35 chez moi.
04:05Je veux embaucher librement, je veux leur donner des primes, je veux les rémunérer.
04:09Voilà ce que j'aime, moi. C'est des entreprises familiales dont je vous parle, madame.
04:13On n'est pas dans les groupes, etc.
04:15Moi, je vous pose une question simple.
04:17Ces 7800, ces 7000 euros, ces 6600 euros qui vont me coûter supplémentaires, comment j'ai les finances ?
04:23Vous me dites par des aides, madame.
04:24Les aides, aujourd'hui, vous les annoncez, on les aura peut-être dans 3 ans, comme d'habitude.
04:29Donc, si vous voulez, aujourd'hui, vous faites des trucs d'annonce.
04:32Moi, je suis un garçon mathématique.
04:34J'achète des camions tous les jours.
04:36Je suis sur la route tous les jours.
04:38Je paie mes salariés tous les mois.
04:40Je n'ai pas de crédit à la banque.
04:42La banque, si je dépasse mon découvert, il me coupe les cônes et je fais des chèques en bois.
04:46Excusez-moi du terme pour moi.
04:47Mais vous, aujourd'hui, vous avez la banque.
04:52Excusez-moi le terme, c'est open bar.
04:54Vous ouvrez tout et vous nous expliquez que par des beaux discours en Espagne.
04:57Moi, je ne suis pas en Espagne.
04:58Et d'ailleurs, vous remarquerez que les Espagnols, ils viennent travailler chez nous.
05:01Notamment dans le bâtiment.
05:02Donc, je pense qu'il y a une raison.
05:04Mais c'est pas ça, le débat.
05:06C'est ce que je voulais vous demander.
05:08Comment je finance ça ?
05:09On va poursuivre la conversation.
05:11Moi, je n'ai pas les mêmes chiffres que vous sur les 7800 euros.
05:14Et la deuxième chose...
05:15Non, mais après, si vous ne voulez pas être dans le débat, nous ne sommes pas dans le débat.
05:19Je peux vous le calculer, si vous voulez, madame, en direct.
05:21Donc, je vous dis...
05:23Je vous dis que...
05:251398, je pourrais faire quand même...
05:301398, madame, madame, ça coûte 2080 euros pour le salarié.
05:35C'est-à-dire, en brut, il y aura 2080 euros.
05:37Et pour moi, ça me coûte aujourd'hui...
05:39Je vous le dis, 1350, c'est 1766 euros bruts, d'accord, pour le salarié.
05:462050 euros avec les charges patronales, ce qui nous fait...
05:50Sur 35 heures, on paie 2050 euros pour cumuler.
05:54Mais ce n'est pas 7800 déjà.
05:56Mais voilà...
05:58Je vais vous dire des choses.
06:01Un, il y aura un fonds d'aide au TPE.
06:03Et j'entends que vous ne le voulez pas, mais il sera en place.
06:06Et donc, vous pourrez en bénéficier si vous le souhaitez.
06:08La deuxième chose, c'est que...
06:10Là, on a une fiscalité sur les petites et moyennes entreprises
06:14qui est absolument à l'inverse de la logique,
06:17puisque les petites et moyennes entreprises aujourd'hui
06:20ont une charge fiscale qui est bien supérieure à celle des grands groupes.
06:23Donc, plutôt que de faire des économies sur le travail,
06:25nous souhaitons faire des économies sur la charge fiscale
06:28des petites et moyennes entreprises
06:30pour aller chercher vers les groupes qui peuvent optimiser fiscalement,
06:33ce qui n'est pas le cas des petites et moyennes entreprises.
06:35Donc, en fait, il y aura un équilibre pour vous.
06:38Par contre, il y aura du dégagement de pouvoir d'achat
06:40pour les personnes qui sont au SMIC,
06:42ce qui est, je le rappelle, indispensable
06:44parce qu'il y a des gens qui, aujourd'hui,
06:46n'ont pas les moyens de remplir le frigo.
06:48Et qu'en fait, c'est une priorité nationale, cela.
06:50Cendrino, si vous restez avec nous,
06:52on va poursuivre la conversation, on va remercier Christophe.
06:54Mais, en fait, je trouve que ce qu'il dit par-delà la bataille des chiffres
06:57révèle une inquiétude.
06:59Absolument, je l'entends tout à fait, l'inquiétude.
07:01On va continuer d'en parler, parce que peut-être que là,
07:03en termes de communication politique,
07:05il y a un petit raté du Nouveau Front Populaire.
07:08On continue d'en parler tous ensemble.
07:10Georges Fenech est avec nous, on va lui donner la parole.
07:13Vous nous écoutez un peu, Georges, vous êtes avec nous ?
07:15Je suis très attentif.
07:17Comme Christophe, vous pouvez nous rejoindre 01 80 20 39 21,
07:21toutes vos questions.
07:22Émission spéciale législative avec Dimitri Pavlenko,
07:25jusqu'à 11h, sur Europe 1.