Vendredi 12 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Christian Parisot (Président, Altaïr Economics) , Nourane Charraire (Directeur de la gestion, Mansartis) et Nicolas Goetzmann (Responsable de la stratégie Macroéconomique, Financière de la Cité)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Nouran Charrer est avec nous, directeur de la gestion de Mansartis.
00:16Bonsoir Nouran.
00:17Bonsoir Grégoire.
00:18Christian Parizeau nous accompagne également, économiste et président d'Altaïr Economics.
00:21Bonsoir Christian.
00:22Bonsoir.
00:23Et Nicolas Gottesman également autour de cette table.
00:25Bonsoir Nicolas.
00:26Bonsoir.
00:27Vous êtes responsable de la stratégie macro à la financière de la Cité, le game changer
00:32du moment, c'est ce qui s'est passé hier sur le marché américain, dans le sillage
00:37de la publication du dernier rapport sur l'inflation aux Etats-Unis pour le mois de juin sur la
00:42partie macro Nicolas, est-ce que tous les obstacles sont levés ou est-ce qu'il y a
00:47encore d'ici le 18 septembre prochain, date de la réunion décisive attendue par le marché
00:54en tant que tel de la réserve fédérale américaine, est-ce qu'il peut y avoir encore
00:57des obstacles pour une baisse de taux ?
01:01Non je ne pense pas trop, je pense par contre que c'est vraiment les chiffres de l'emploi
01:05de vendredi dernier qui ont modifié la trajectoire de ce qui se passe parce que quand on regarde
01:10le FMC, la réunion de la Fed du mois de juin, en fait il avait été indiqué par Jérôme
01:16Powell que s'il se passait quelque chose du côté de l'emploi, ils auraient une réaction
01:20qui serait différente de celle qui était annoncée.
01:22Et quand on voit les attentes du FOMC sur le niveau de chômage d'ici la fin de l'année
01:28aux États-Unis, la prévision c'était 4%.
01:30Or le chiffre qui a été publié vendredi c'était 4,1% donc on est déjà à 4,1%
01:35donc il est peu probable qu'on arrive à 4% à la fin de l'année.
01:38Donc là on a une modification assez substantielle de la dynamique et en fait quand on regarde
01:42justement à l'intérieur des chiffres qui ont été publiés, même si le chiffre facialement
01:46est plutôt pas mauvais, quand on regarde les chiffres de l'emploi privé, en fait ce
01:51qui est intéressant c'est quand on regarde un mois avant, le rythme de création de l'emploi
01:55privé en moyenne trois mois, il était à 206.000, c'est-à-dire quasiment 30% au-dessus
02:00de sa moyenne qu'on avait sur une bonne période, c'est-à-dire 2018-2019 qui est la période
02:03de plein emploi.
02:04Donc on était 30% au-dessus donc c'était parfait et donc il n'y avait pas d'inquiétude
02:07particulière à avoir.
02:08Sauf qu'on a eu des révisions des chiffres sur les mois précédents et le chiffre là
02:12maintenant qu'on a pour le mois de juin c'est 146.000 donc on est 15% en dessous.
02:17Donc là on a une dynamique de destruction potentielle, enfin de hausse du taux de chômage
02:22qui est vraiment avéré et donc on a le risque de faire déraper le soft lending et ce qui
02:28enclenche effectivement une réaction assez différente de la part de la Fed, d'où le
02:32ton un peu différent de Jérôme Powell cette semaine.
02:34L'inflation n'est plus le problème unique de l'économie américaine.
02:37Alors ça c'est clairement ce qu'il a dit et on voit qu'il y a une inflexion du discours.
02:44Je pense que ces chiffres là en fait à mon sens devraient même les pousser à agir
02:50dès le mois de juillet.
02:51Malheureusement il est très probable qu'ils ont besoin de communiquer en avance et que
02:55si on n'a pas de discours vraiment d'inflexion là maintenant dans les prochains jours qui
02:59permettraient de communiquer avant au marché qu'on doit agir avant parce qu'on va avoir
03:02suffisamment de publications des chiffres de l'emploi pour faire déraper les choses
03:06d'ici le mois de septembre aussi, je pense qu'ils ont vraiment très envie d'éviter
03:09ce genre de scénario.
03:10Le problème c'est que quand ça dérape ça peut déraper assez vite et donc il faut
03:14agir rapidement dans ces conditions là.
03:16Je pense malgré tout qu'il y a plus de chances qui commencent à l'annoncer, donc la réunion
03:20du mois de juillet sert à annoncer effectivement qu'on va avoir une baisse à partir du mois
03:24de septembre.
03:25Par contre ce qui est aussi intéressant c'est que puisque le 4% qui était anticipé préalablement
03:31pour la fin de l'année en taux de chômage va être modifié, il est aussi probable qu'on
03:34aura une modification des attentes de baisse de taux pour la fin de l'année aussi.
03:36La dernière fois qu'ils avaient attendu…
03:38Donc on peut en remettre une troisième ?
03:41Je pense que oui, si on regarde la prévision décembre 2023 c'était 4,1% de taux de chômage
03:48qui était anticipé et on avait 3 baisses de taux qui étaient anticipées donc il est
03:51probable qu'on ait aussi encore un retour à 3 baisses de taux, 2 ou 3, me paraîtrait
03:55plus logique.
03:56C'est dommage, pour une question un peu technique de calendrier, vous dites alors
04:00que le timing plaide plutôt pour y aller maintenant, la réunion du 30-31 juillet semble
04:05trop proche pour pouvoir s'y préparer.
04:09C'est dommage, ils vont être « behind the curve » alors qu'ils ont quand même
04:13une occasion dans 15 jours de peut-être…
04:15D'y aller ensuite, il faut voir ce qu'ils font maintenant, est-ce qu'ils arrivent
04:17à se convaincre aussi les uns les autres parce qu'ils doivent discuter là maintenant,
04:19est-ce qu'on peut y aller ou pas ?
04:20Ils ne sont pas tous d'accord.
04:21Ils ne sont pas tous d'accord, c'est clair.
04:22Il y a une des grosses tensions.
04:23Powell par contre, je pense qu'il est vraiment dans sa logique et lui il ne veut pas être
04:31volkeur, il ne veut pas être celui qui va coller un niveau de chômage élevé, il veut
04:34absolument arriver au soft landing et là en fait on est au point de rupture.
04:37Et s'ils ne le font pas en juillet, est-ce qu'entamé en septembre, si jamais effectivement
04:41la Fed est un peu « behind the curve », c'est rattrapable, à deux mois près on
04:46peut rattraper, s'il s'avère, et l'histoire nous le dira effectivement ultérieurement,
04:53mais s'il s'avère que la Fed est un peu en retard aujourd'hui, ça peut quand même
04:57encore se rattraper en septembre ?
04:59C'est tout le problème, c'est qu'à partir du moment où ça commence à déraper,
05:02ça peut déraper rapidement et donc ça peut donner un profil de base de taux qui
05:05soit très différent, ça voudrait dire que le soft landing est raté et donc le tout
05:09c'est d'agir avant.
05:10Et voilà, donc c'est compliqué.
05:12Est-ce que la Fed est « behind the curve » ou pas aujourd'hui ? Est-ce qu'elle
05:15est déjà en retard par rapport à ce que l'activité économique envoie comme signaux ?
05:20Alors je le redis, c'est la petite anecdote, et d'ailleurs je remercie les économistes
05:23que j'ai vus cette semaine qui m'ont rappelé que, alors c'était un des indicateurs privilégiés
05:28par Alan Greenspan à l'époque pour mesurer les sous-vêtements masculins, et donc le
05:33prix des sous-vêtements masculins baisse de plus de 1% sur un mois, c'est la première
05:37fois qu'on voit ça dans ce cycle.
05:38C'est anecdotique, mais ça montre bien quand même qu'il y a quand même une diffusion
05:43de la désinflation un peu partout, sur le marché du travail, dès qu'on creuse un
05:46peu, on voit bien qu'on n'est plus dans la situation de surchauffe ou de fortes tensions
05:51entre l'offre et la demande qu'on a pu observer ces dernières années.
05:56Et c'est vrai qu'on se dit, pourquoi maintenir un niveau de restriction monétaire tel qu'il
06:01est aujourd'hui, encore pendant deux mois ?
06:03Oui, alors on peut dire ça si c'est bon.
06:07Oui, mais je choisis mon camp.
06:09Attention quand même, parce que moi j'ai plutôt l'image d'un marché du travail
06:12figé en ce moment.
06:13Les entreprises ne licencient pas et on voit que les inscriptions au chômage restent très
06:16bas, mais n'en bougent plus, donc on est un peu dans un marché un peu figé.
06:20Alors c'est vrai qu'il y a la croissance de la population active qui fait que mécaniquement
06:24on a le taux de chômage qui monte, donc le statu quo n'est pas neutre sur le taux
06:28de chômage.
06:29Et deuxième chose, on voit quand même les salaires véritablement décélérés et donc
06:32on est très très loin des craintes qu'on avait il y a encore quelques mois de tensions
06:36salariales.
06:37Alors juste un petit mot quand même, attention parce que Powell est une colombe et beaucoup
06:42plus que l'ensemble du FOMC et d'ailleurs il n'y a qu'à s'en convaincre quand on
06:45lit le discours introductif qu'il a lu devant le congrès, c'était un discours beaucoup
06:50plus marqué, beaucoup plus fort.
06:52Je sais, il a été écrit lors du dernier FOMC, donc on n'a pas eu encore les statistiques
06:56de l'emploi, mais on voit que par exemple le FOMC, le consensus qui a écrit ce discours
07:01introductif disait le marché du travail est solide et Powell après durant l'audition
07:07il a dit le marché du travail donne des faiblesses, des signes de faiblesse, donc il y a un petit
07:11écart.
07:12Il y a Jérôme Powell qui parle au nom du FOMC, il y a Jérôme Powell en tant que président
07:19et membre du FOMC qui donne son avis et son orientation face à la représentation.
07:25Et juste pour montrer qu'ils ne sont pas d'accord, il y a Mme Daly qui a parlé hier
07:29et qui n'a pas du tout soutenu un signal favorable, elle a dit on n'y voit pas encore
07:32clair, il va falloir être prudent, donc elle n'a pas du tout donné un signal à court
07:35terme en disant on va baisser les taux, mais après sur le fond moi je suis convaincu qu'ils
07:39vont baisser en septembre, je ne dis pas le contraire, mais ce que je veux dire juste
07:42c'est que moi je trouve que les derniers comptes rendus qu'on a pu lire, les derniers
07:48paroles qu'on dit les différents membres du FOMC, il y a des écarts énormes, c'est-à-dire
07:52qu'on voit qu'il y a vraiment des dissensions, ils n'ont pas du tout la même analyse, certains
07:56sont vraiment ultra prudents, alors on dirait presque qu'ils sont presque allemands tellement
07:59ils sont prudents, on va dire qu'ils ont une tonalité vraiment à dire il faut attendre,
08:03il faut qu'on aille plus de signaux, il faut qu'on aille limite, ça serait peut-être
08:06bien qu'on voyait un peu une vraie dégradation du marché du travail avant qu'on bouge, et
08:09puis il y a d'autres qui sont beaucoup plus colombes et beaucoup prêts à réagir.
08:11Et ça c'est les présidents des banques régionales, Christian, chacun ? Alors je
08:15ne vais pas dire, c'est évidemment, de ce point de vue-là, c'est fédéral, mais…
08:18Il y a au niveau du board, il y a des dissensions au niveau du board, et justement ça c'est
08:22nouveau, parce qu'habituellement le board, enfin les membres permanents qui font partie
08:28de la FED, le directeur de la FED, parlait d'une seule et même voix par rapport notamment
08:32au président de la FED jusqu'à présent, et là il y a des divergences assez importantes,
08:36donc après, encore une fois, c'est deux membres, donc il n'y en a pas 36 000, mais
08:41ils ont des discours un peu plus durs.
08:42Donc moi je dirais, sur le fond, ça ne changera rien sur le timing, sur le fond, ça envoie
08:47un message quand même au marché qu'ils ont réussi à combattre l'inflation sans
08:52avoir une récession, donc c'est l'idée finalement, ça valide le scénario que joue
08:56le marché depuis le début de l'année, un peu le scénario boucle d'or, c'est-à-dire
08:59ralentissement sans récession, et le marché est cher, mais on va redonner du boost à
09:06la valorisation du marché grâce à la baisse des taux, donc ce message-là, il est pour
09:10l'instant validé implicitement par la Banque Centrale, alors après, qui baisse en juillet
09:13et qui baisse en septembre, entre-temps on a eu quelques statistiques d'emploi, si
09:17le marché de l'emploi se retourne, bon ben ça renforcera forcément septembre, mais
09:21ça ne se prédit pas.
09:22– Ça peut même ouvrir la porte à une baisse des taux de 50 points de base, si nécessaire,
09:28je n'en sais rien.
09:29– Si nécessaire, mais alors il faudrait vraiment faire un discours très très noir.
09:31– Comme disait Nicolas, dès que le taux de chômage commence à tiquer un peu à la
09:35hausse, on sait que ça peut aller vite et fort.
09:37– Je suis d'accord, mais d'une part il est historiquement bas encore, et d'autre
09:40part on ne voit pas les jomlesclèmes rebondir, si vous me trippelez de jomlesclèmes durant
09:45le mois d'août…
09:46– Si on a 300 000 d'inscriptions de revenus en chômage ?
09:47– Si on en a 300 000, je suis d'accord, là je suis d'accord, je signerais, mais
09:51il faut vraiment… parce que là pour l'instant c'est un marché du travail bloqué, c'est-à-dire
09:54que les gens ne perdent pas leur emploi, ils n'en trouvent plus, mais ils n'en perdent
09:58pas, et on voit que les gens, d'ailleurs les Américains ne démissionnent plus, c'est
10:01quand même un signal très fort.
10:03– Ces ratios-là sont normalisés, sont revenus…
10:05– Les derniers chiffres de l'emploi n'étaient pas bons, je rejoins ce qui a été dit, parce
10:09que quand on regarde les créations d'emploi, c'était seulement dans le secteur gouvernemental,
10:12donc ce n'était pas de l'emploi privé, et donc il n'était pas bon, les derniers
10:15chiffres n'étaient vraiment pas bons.
10:16Donc on ne peut pas dire que tout va bien, je ne dis pas ça, mais pour qu'ils paniquent
10:19et pour qu'ils baissent beaucoup plus, il faudrait vraiment qu'on ait des signaux
10:22un peu plus forts.
10:23– Nourane, sur ces considérations de politique monétaire, la baisse de taux attendue de
10:28la Fed qui semble cette fois prendre forme pour septembre, est-ce que ça implique pour
10:32le marché ? À ce titre, la séance d'hier était quand même particulièrement éclairante,
10:37non mais avec une rotation du Nasdaq vers les small caps, qu'on n'a pas vue dans
10:43cette ampleur, comme je le disais, depuis l'annonce du vaccin en novembre 2020, sur
10:47une journée, je ne sais plus si c'était le 9 ou le 10 novembre, mais qui avait été
10:49une journée, pareil, de rotation historique.
10:51Il s'est passé quelque chose quand même.
10:53– Il s'est passé quelque chose.
10:54Bon, la première question, c'est effectivement par rapport à ces anticipations de politique
10:57monétaire, quelles sont les directions de marché qu'il faut prendre ? La première
11:02réponse est de dire effectivement, et là je rejoins ce qu'a dit Christian, c'est
11:05que finalement, quel que soit le timing, et j'allais dire peu importe presque la fréquence,
11:11on a quelques certitudes aujourd'hui, ou en tout cas, si t'es bien qu'on peut
11:15en avoir en finances et en économie, mais qu'on n'a pas eu d'erreur de politique
11:20monétaire, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, globalement, on voit bien que le ralentissement
11:25de croissance anticipée arrive enfin, donc c'était plutôt la situation presque de
11:29surchauffe un peu aux Etats-Unis qu'on avait eue au premier trimestre, qui était
11:32plutôt intrigante, dans un environnement où on était en restriction monétaire.
11:36Donc aujourd'hui, en fait, pas d'erreur de politique monétaire, le sens va dans
11:41une sens de baisse des taux, on se posait quand même la question au premier trimestre
11:44si on n'allait pas plutôt avoir une hausse des taux, aujourd'hui on connaît le mouvement,
11:51il n'y a pas d'erreur de politique monétaire, on est en ralentissement économique, mais
11:54on a quand même une dynamique d'activité qui reste excellente, aux Etats-Unis, on
11:59est quand même au-dessus de la croissance potentielle, on a effectivement des ralentissements,
12:03un marché du travail qui se tend, des indicateurs économiques qui commencent à ralentir,
12:07mais il ne faut pas oublier que c'est un ralentissement qui est piloté, souhaité,
12:10voulu et qui va engendrer effectivement une poursuite de la désinflation.
12:12Oui, la question est, est-ce qu'on est encore dans cette idée-là ou est-ce qu'on
12:15est déjà dans un risque de basculer dans une dégradation notamment du marché du travail
12:20qui serait moins souhaitée, moins souhaitable et plus inattendue du point de vue de la Fed ?
12:25Alors, on peut toujours anticiper le pire, mais aujourd'hui, ce n'est pas que l'indique
12:28et les indicateurs, globalement, on n'anticipe pas des récessions à la lecture des indicateurs
12:36économiques ou à la lecture du marché du travail.
12:38Donc ça, c'est la première chose et en général et historiquement, en dehors des
12:42crises financières, les marchés actions ont plutôt été très booming, très porteurs
12:48dans un environnement de baisse des taux et on l'a toujours dit, si la dynamique de
12:52croissance est forte, il ne faut pas aller contre la Fed qui règle en fait des mouvements
12:58relativement importants et c'est le sens du marché depuis un an, un an et demi, on
13:06voit bien qu'on a décalé le nombre de baisses, le timing de baisse, etc.
13:11La dynamique sous-jacente est restée bonne.
13:14Sur la rotation qu'on a eu hier, alors moi, j'ai du mal à analyser les impacts.
13:20Le Nasdaq perd 2%, les 7 magnifiques perdent 4 ou 4,5 et le Russell 2000 qui était à
13:250 depuis le début de l'année fait plus 3 quasiment ou 3,5 sur la science et ça continue,
13:32ce mouvement-là, ce trait-là continue aujourd'hui.
13:34Ok, ce que je peux répondre sur le… enfin, je peux tenter d'apporter une réponse qui
13:39n'est pas vraiment une réponse, c'est de dire, autant les marchés peuvent être
13:43rationnels à moyen-long terme, autant on peut avoir un peu d'irrationalité sur du
13:47très court terme.
13:48Et dans un marché normalement, effectivement, avec des niveaux d'inflation qui baissent
13:53plus fortement et une anticipation de baisse des taux, on n'aurait pas imaginé avoir
13:58effectivement un Nasdaq qui baisse fortement.
14:01Le marché bat toujours là où ça fait mal.
14:02Oui, alors après, donc moi je pense que c'est provisoire, temporaire en tout cas.
14:07Du côté des petites valeurs, ça répond peut-être plus à une logique rationnelle
14:11que je ne valide pas, c'est-à-dire effectivement on anticipe une baisse des taux, donc les
14:17petites capitalisations qu'il y avait, des niveaux de taux d'intérêt qui s'endettaient
14:22sur une période de...
14:23Il y a un soulagement financier.
14:24Honnêtement, il y a un soulagement financier, mais je ne valide pas cette rotation, ce retour
14:30sur les small cap parce que...
14:32L'activité est ralentie.
14:33Alors, il y a l'activité qui est ralentie et c'est surtout que les taux ne baissent
14:37pas fortement, c'est-à-dire les taux réels de toute façon aujourd'hui restent sur des
14:41niveaux élevés et même si on a une baisse de 25 points de base des taux américains,
14:46de toute façon en taux réels, globalement, on restera sur les mêmes niveaux.
14:49Vous n'avez pas envie de vous engouffrer dans ce trade-là aujourd'hui ?
14:54Non, parce qu'il faut regarder les fondamentaux, je veux dire, là aujourd'hui le marché réagit
14:58en termes de performance, on va rechercher ce qui n'a pas bien marché, etc.
15:01Mais ce n'est pas ça qui drape un marché à moyen-long terme et ce qu'il faut regarder,
15:05c'est les fondamentaux.
15:06En termes de croissance des résultats sur les small cap, que ce soit en chiffre d'affaires
15:10ou en résultats, c'est stable par rapport à l'année dernière, donc il n'y a pas d'amélioration
15:15par rapport aux choses qu'on peut voir plutôt dans les large cap, il n'y a pas d'amélioration
15:19sur des fondamentaux, il n'y a pas d'amélioration du bilan, puisqu'effectivement on n'a pas
15:23une baisse très très forte des taux et les bilans continuent à être fragilisés.
15:29Donc non, effectivement on ne valide pas du tout ce retour sur les small cap.
15:33Comment vous regardez Nicolas le calendrier, même le pricing des baisses de taux au-delà
15:38des 2-3 premières de 2024, à savoir celles qui sont dans le marché pour 2025 ?
15:45Sur la publication de l'inflation, les probabilités de baisse de taux en 2025 augmentent également.
15:51Tout le monde a en tête que quand même la probabilité politique la plus importante
15:55c'est d'avoir une vague Trump le 5 mars, malgré ça le marché continue de penser
15:59qu'il y aura des baisses régulières, 4 au moins en 2025, après les 2-2,5 peut-être de 2024.
16:07De toute façon ce sujet-là maintenant c'est la grande question, c'est que maintenant
16:10on va déclencher le cycle de baisse des taux, la question maintenant c'est de savoir pour
16:14aller où ? Et cette question-là je pense qu'ils vont commencer à essayer d'apporter
16:17une réponse lors de la réunion de Jackson Hole pour commencer à parler de ça.
16:21Je pense qu'ils vont également, enfin Powell a aussi annoncé que la revue de politique
16:24monétaire allait être lancée finalement en fin d'année et pas en milieu d'année,
16:28et que la question du R-STAR, le taux d'intérêt naturel, le taux terminal en gros, cette question-là
16:33sera évoquée je pense sérieusement lors de cette revue.
16:36Et c'est la question maintenant, c'est de savoir exactement où est ce niveau-là,
16:40je pense qu'il y a quelques gouverneurs qui ont commencé à...
16:42C'est marrant parce qu'il y a une différence de traitement de cette question-là entre
16:46l'Europe et les Etats-Unis, les Etats-Unis me semblent très prudents, c'est de savoir
16:49en gros peut-être que ça a monté un peu, mais en fait on n'est pas si sûrs que ça.
16:52En Europe ils ont l'air d'être persuadés que par contre le R-STAR est monté très
16:56fort et donc ça justifie d'avoir des taux d'intérêt très élevés, aux Etats-Unis
16:59ils sont beaucoup moins sûrs de cette question.
17:01Je pense que les arguments qui ont été développés notamment par Chris Waller, qui est maintenant
17:06la tête plus ou moins intellectuelle de la Fed aujourd'hui, sont intéressants, il remet
17:11pas mal en cause justement tous les éléments qui avaient été apportés sur les causes
17:15de baisse du R-STAR au cours de ces dernières décennies, c'est-à-dire les questions démographiques
17:19et ce genre de choses, en disant oui peut-être que les taux d'intérêt de l'aide des Etats
17:23ont baissé fortement, mais quand je regarde le rendement du capital en fait on ne constate
17:27pas de baisse.
17:28Et s'il n'y a pas de baisse, enfin s'il y a une baisse sur l'un et sur l'autre, c'est
17:31qu'il y a un facteur différent, mais normalement la démographie et la baisse de précauté
17:35auraient dû avoir un impact sur le retour du capital, ce n'est pas été le cas, et
17:38donc lui a plutôt une vision budgétaire, enfin une lecture budgétaire de la situation
17:43en disant que voilà, si le gouvernement américain émet de plus en plus de dettes, on pourrait
17:48avoir un risque d'avoir effectivement une rupture entre l'offre et la demande de dettes
17:52aux Etats-Unis qui ferait monter le R-STAR, mais si on a une accalmie de ce côté-là,
17:56je pense que c'est aussi un message de la Fed au gouvernement pour dire en gros ça
18:00serait peut-être bien de ne pas avoir 7% de déficit tous les ans, ça ne va pas nous
18:03arranger, et en tout cas si vous voulez des taux bas, ce n'est pas la bonne direction
18:06à prendre.
18:07C'est-à-dire que dans son esprit, Chris Waller, la conduite et l'orientation donnée
18:12à la politique budgétaire, fiscale, tarifaire, à partir du 5 novembre sera un élément
18:18clé effectivement de l'appréciation et de la fonction de réaction de la Fed pour
18:22la suite.
18:23C'est un message aux deux administrations potentielles et peut-être encore plus adressé
18:27pour Trump, parce que Waller a été nommé par Trump, Waller fait partie des gens qui
18:32pourraient être nommés pour prendre la tête de Powell en 2026 si jamais Trump ne
18:38le conduisait pas.
18:39Trump ne le conduisait pas, et donc oui il a un rôle important, il a été décisif
18:44sur les deux dernières années, et donc il est une figure qui est crédible pour pouvoir
18:49prendre le relais, et donc je pense qu'il a un message aux autorités budgétaires
18:52qui est assez clair.
18:54Ensuite, il ne s'agit pas de faire comme les Européens à vouloir baisser absolument
18:57le budget de façon dramatique, mais au moins de revenir à un niveau qui soit conforme
19:01au niveau de la croissance nominale, ce qui n'est pas un effort surhumain, vous étiez
19:04venu, la croissance nominale doit être à 5% encore aujourd'hui, 5% de déficit ça
19:08me semble pas être tout à fait inatteignable.
19:09Oui, il n'y a pas d'urgence, il faudra apporter un peu de gage, de crédibilité sur la trajectoire
19:14à un moment.
19:15Oui, si vous avez 5% de déficit et 5% de croissance nominale, vous arrivez à stabiliser
19:18votre dette.
19:19Et c'est plus évident que ce soit une administration ou une autre, enfin je veux dire une administration
19:25Trump avec une plateforme quand même qui a été beaucoup plus détaillée qu'en 2016,
19:30ça peut permettre d'apporter ces garanties là où on est hors des clous tout de suite
19:34et c'est ensuite le match marché Washington quoi.
19:39Il y a un enjeu pour la Fed qui a été assez décrit, enfin largement décrit la semaine
19:43dernière par Yann Atchous de Goldman Sachs à Sintra, en indiquant justement que la hausse
19:47des tarifs qui était prévue par l'administration Trump pourrait avoir un impact finalement
19:52assez réduit sur la croissance américaine, mais par contre un impact assez fort sur l'inflation
19:56aux Etats-Unis.
19:57Sur les prix ? Bien sûr.
19:58En gros c'est la situation inverse, c'est-à-dire que ça aura un impact assez faible sur le
20:00niveau d'inflation, par contre ça pourrait avoir un impact assez lourd sur la croissance
20:04européenne et en gros dégommer l'intégralité de la croissance européenne prévue pour
20:072025.
20:08D'accord.
20:09Oui donc c'est le schéma inverse quoi.
20:10Absolument.
20:11Et donc ça implique des réactions différentes de la part de l'État central et des différences
20:14assez intéressantes à voir.
20:15Après ça serait les étranges qui stabiliseraient les choses.
20:17À voir.
20:18À voir.
20:19Mais si on prend cette logique-là, normalement l'euro devrait permettre de stabiliser.
20:23Qu'est-ce qui se passe, Christian, si Biden est sorti et l'histoire n'est pas terminée
20:28visiblement quand je vois que George Clooney sort pour… Non mais sérieusement, on a
20:36regardé à chaque mot de Biden de savoir de qui il parle, etc.
20:40Bon, quand un George Clooney rentre dans la bataille, j'imagine que ce n'est pas pour
20:43rien, il est quand même plus connu, j'imagine, qu'au moins la moitié des parlementaires
20:46américains.
20:47Je parle de l'ensemble de la population américaine.
20:50Après, c'est un vrai problème parce que derrière, qui mettre derrière Biden ? C'est
20:54ça le vrai problème aujourd'hui et on sait que…
20:57Les parieurs vous disent que c'est Kamala Harris.
20:59Oui, mais qui n'a pas non plus une notoriété exceptionnelle aux États-Unis et qui ne fera
21:05pas forcément beaucoup plus que M. Biden.
21:08Donc c'est compliqué aujourd'hui.
21:09La situation des démocrates est très compliquée parce que déjà leur…
21:12Enfin là, les donateurs ne vont plus mettre un dollar sur Biden.
21:16J'ai l'impression qu'ils sont au moment où ils n'ont plus le choix.
21:19Même s'il y a des arguments contre sortir Biden de la course aujourd'hui, il n'y
21:23aura pas l'argent pour aller faire la course jusqu'au bout.
21:27Il y a un problème.
21:28Il y a un problème.
21:29Les derniers lapsus qu'il a faits, je crois que ce que lui coûte clairement et je pense
21:32que la semaine prochaine, ça va bouger.
21:34Ça va bouger au niveau des démocrates et il faut qu'ils agissent vite et il faut
21:38convaincre Biden de ne pas se représenter.
21:39Après, ils mettront la vice-présidente qui, à mon avis, c'est difficile de ne pas la
21:45nommer.
21:46C'est difficile de ne pas l'évincer parce que c'est elle qui est logiquement et institutionnellement
21:52la mieux placée.
21:53Donc, globalement, ça ne changera pas forcément à 100% le résultat des élections parce
22:00que je ne crois pas qu'il y ait véritablement un effet véritablement fort de sa nomination
22:05sur l'électorat et ça change énormément les sondages.
22:07Ça renforcera M.
22:08Trump, à mon avis, et la victoire de M.
22:11Trump.
22:12Ce qu'il va falloir surtout regarder, c'est la réaction des marchés obligataires quand
22:14même parce que je trouve qu'il y a une petite musique qui tourne pas mal aux Etats-Unis
22:18en ce moment où on commence à réellement s'inquiéter sur le budget américain.
22:22Alors, je ne vous dis pas qu'il y a un krach obligataire, ce ne sera pas ça, mais on commence
22:26à réellement aujourd'hui se dire que…
22:28L'émission 30 ans hier, ça ne s'est pas très bien passé sur du 30 ans.
22:31C'est lourd.
22:32Il faut voir qu'aujourd'hui, on est quand même dans l'idée de se dire qu'on va
22:37avoir plus d'inflation si on mène, s'il mène en plus ou moins, même si on fait toujours
22:41attention avec M.
22:42Trump, on sait qu'il n'appliquera peut-être pas tout, mais globalement, c'est une politique
22:46de déficit public supplémentaire avec plus d'inflation, ce qui est quand même le pire
22:50des scénarios pour le marché obligataire.
22:52Et de plus en plus, il y a quand même pas mal de mes confrères américains qui recommandent
22:58aux investisseurs de jouer la pontification de la courbe des taux.
23:01Berthie Pning !
23:02Ce n'est pas de jouer un krach obligataire, ce n'est pas du tout de dire qu'on va avoir
23:07une défiance, mais ça veut dire qu'il va y avoir une prime de risque supplémentaire
23:10qui va réellement se mettre en place sur le marché obligataire et sur la courbe des
23:13taux, si la victoire de M.
23:15Trump commence à être véritablement très probable.
23:17Donc cette prime de risque va quand même…
23:19Pour revenir à l'histoire des quelques baisses qu'on peut espérer de la réserve
23:24fédérale américaine, pour des taux longs américains, il n'y a pas une translation
23:28parfaite du mouvement sur des taux longs américains.
23:30Quand je dis prime de risque, ça veut dire que les taux réels vont monter, je ne dirais
23:34pas forcément les taux nominaux, puisqu'on a quand même une baisse de l'inflation,
23:38mais globalement, ça veut dire qu'une grosse partie de la baisse de septembre, de la fête
23:42pourrait être complètement mangée par une pontification de la courbe des taux, ce qui
23:45n'est pas forcément choquant en soi, mais qui n'est pas du tout intégrée par les
23:48marchés d'action aujourd'hui.
23:49Il faut quand même le souligner, ce n'est pas un scénario, et ça pourrait être un
23:53vrai scénario baissier pour les marchés d'action.
23:55Nourane, comment on se gère ou comment on se couvre contre ce risque politique ? C'est
24:00vrai que souvent, le playbook habituel, c'est de se dire « je vais essayer de ne pas accorder
24:05trop d'importance au bruit politique », parce que généralement, ça ne mène à rien,
24:08et que les tendances de fond, les cycles sont plus importants, effectivement, que le bruit
24:12politique souvent passager.
24:14Là, on est quand même dans un monde un peu différent, le politique a repris une certaine
24:19primauté sur l'économique, etc., et on a des situations chaudes ici et là, certaines
24:25s'apaisent, au Royaume-Uni, mais bon, la France, les États-Unis, c'est aussi des
24:29gros morceaux.
24:30Comment on en tient compte dans la gestion de portefeuille d'investissement ?
24:34C'est vrai que c'est la question essentielle, et la question centrale, c'est de savoir,
24:38effectivement, est-ce que face à un risque politique accru en Europe, avéré, entre
24:43guillemets, aux États-Unis, ou en tout cas, à venir, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce
24:47qu'on réduit le niveau de risque d'exposition de l'action ?
24:49C'est une première manière de le faire, oui.
24:51Alors non, nous, on ne l'a pas fait, parce qu'en fait, sur l'analyse du risque politique,
24:55déjà, vous l'avez dit, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de bruit, beaucoup de
24:57volatilité à court terme, et finalement, les fondamentaux prennent très rapidement
25:01le dessus, et comme on le disait tout à l'heure, voilà, il y a une logique de flux
25:05et des transformations économiques...
25:06Il y a parfois des ruptures, il y a aussi parfois des ruptures, ça crée aussi parfois
25:11des ruptures.
25:12Alors, on n'a pas de ruptures.
25:13Brexit, c'était une rupture.
25:14Brexit, c'était une rupture, mais aujourd'hui, on n'a pas de ruptures.
25:16Quand on regarde, en fait, aux États-Unis, alors effectivement, on va dire, entre Trump
25:21et Biden, globalement, ils ont tous les deux des politiques pro-business, le même objectif
25:27de gagner la guerre commerciale avec la Chine en réindustrialisant le pays, alors ils le
25:31font avec des mesures qui sont effectivement différentes, des mesures industrielles,
25:35des mesures fiscales différentes, on voit effectivement, alors même si on a une probabilité
25:39de réélection de Biden qui est faible, le vrai risque, c'est effectivement de voir
25:43les taux remonter avec, sous Biden, de 21 à 28%, mais c'est ce qu'il avait promis aussi
25:49sur ce mandat-là, et ça ne s'est pas passé, il voulait financer un fort plan d'infrastructure
25:55avec la hausse d'impôts.
25:56Finalement, il a fait son plan d'infrastructure, et il l'a financé plutôt avec le secteur
26:00de la santé, en limitant les coûts des médicaments.
26:04Donc, ce que je veux dire, c'est qu'en fait, entre les deux, il n'y a pas de réelle rupture.
26:09Déjà, on a vu l'alternance entre Trump et Biden, on va avoir peut-être une nouvelle
26:13alternance entre Biden et Trump, donc là-dessus, je dirais que je ne suis pas sûre qu'on soit
26:20sur un risque sur les marchés actions majeurs.
26:26Après, il y a effectivement, et en Europe, juste rapidement, parce que globalement, en
26:31France, tout le monde a un érivé sur les prochaines nominations du Premier ministre.
26:41Il faut quand même rappeler que les élections européennes se sont extrêmement bien passées,
26:45et qu'elles sont dans la continuité, une stabilité, en fait, du Parlement européen,
26:50avec les partis mesurés au cœur de la structure.
26:54Il n'y a pas de remise en cause du cadre d'investissement européen, aujourd'hui ?
26:58Alors, il y a, en revanche, au niveau domestique, il y a bien évidemment une prime de risque
27:02supplémentaire sur la France.
27:04Mais la question, c'est de savoir, est-ce qu'effectivement, et là, on va avoir un
27:07peu de volatilité en septembre, et surtout en novembre, quand on va avoir un retour de
27:11copie de la Commission européenne sur le plan à moyen terme que va proposer la France
27:17pour réduire le déficit.
27:19Donc, ça, c'est vrai qu'on va avoir de la volatilité, mais est-ce que c'est de nature
27:23à déstabiliser la zone euro et l'euro ?
27:26Il ne nous semble pas.
27:28Et l'autre élément qui est important, qui est peut-être un risque, en fait, le risque
27:32politique en tant que tel n'est pas vraiment un risque politique, et là, je reviens sur
27:36les États-Unis, le risque d'élection de Trump, en fait, le risque sous-jacent, c'est
27:40bien évidemment la trajectoire du déficit.
27:42Et la trajectoire de l'endettement.
27:44Si on peut amener, peut-être, une petite touche positive, c'est que quand on regarde
27:49dans l'histoire américaine, à chaque crise, crise financière, crise du Covid, on a effectivement
27:57des taux d'endettement qui ont fortement augmenté.
28:01Le déficit public s'est fortement creusé.
28:05En 2009, au plus fort de la crise, on avait un déficit à 10%.
28:09On est remonté, on a mis six ans, en 2015, en fait, le gouvernement a réussi...
28:14Ils ont déjà prouvé leur capacité à corriger.
28:16À chaque fois, en fait, on est revenu sur des niveaux normés à 2,5%, grâce à une
28:22croissance.
28:23Alors, de 2009 à 2015, on avait une croissance moyenne globalement autour de 2% et on avait
28:28un plafonnement des dépenses.
28:29Mais globalement, souvent, à chaque crise, on a un creusement du déficit qui met globalement
28:37entre trois, cinq ans, six ans à se résoudre progressivement.
28:40Mais l'objectif de maîtriser les dépenses publiques a toujours été un objectif.
28:45Alors, on peut dire que c'est en rupture avec Trump, on le verra, mais ça a toujours
28:49été, en fait, l'objectif des différents gouvernements américains.
28:53Sur la France, comment vous regardez la situation, Nicolas ?
28:56Alors, c'est ce que je disais hier, on peut toujours faire le pari de l'intelligence collective
28:59et que la future Assemblée...
29:01Je suis persuadé.
29:02Non, mais on peut.
29:03Il y a aussi une manière de se protéger, de regarder les garde-fous disciplinaires qui
29:08peuvent encadrer ou maintenir la France sur un chemin compatible avec celui de nos partenaires
29:13européens, parce que c'est quand même ça le sujet à la fin de la journée.
29:17Les garde-fous, ça va de Bruxelles, de la procédure de déficit excessif aux agences
29:22de notation, en passant par, simplement, le marché et la prochaine émission d'OAT
29:27le 18 juillet prochain, par exemple.
29:30Ce cadre-là, il paraît solide, suffisamment solide et rassurant pour que, j'allais dire,
29:36quelle que soit la prochaine gouvernance, avec l'arithmétique qui nous permet quand
29:40même d'évacuer, peut-être, certains scénarios et de garder d'autres sur la table.
29:45Est-ce que ça permet quand même de se rassurer dans l'idée qu'une France immobile ou ingouvernable,
29:51ce n'est pas forcément une instabilité systémique pour la zone euro ? Ou est-ce
29:56que c'est un risque qu'il faut prendre en compte ? Et si oui, est-ce que 65 BP2 spread,
30:02est-ce que c'est une prise en compte de ce risque-là ?
30:05C'est compliqué de répondre parce que quand vous regardez un peu sur le long terme,
30:10vous voyez que la situation, toutes les règles qui ont été appliquées, on va dire,
30:15n'ont pas eu des résultats non plus absolument merveilleux, on va dire.
30:20De se retrouver aujourd'hui à la tête d'un gouvernement avec des taux européens
30:24qui sont à 3,75 avec la nécessité, a priori, de faire des économies de 15 milliards d'euros
30:29pour l'année prochaine, je pense que ça tente pas grand monde, effectivement, au niveau politique.
30:33Pour y aller, et que c'est quasiment, enfin, c'est suicidaire.
30:38Donc effectivement, politiquement, c'est compliqué, je pense que personne n'a vraiment
30:42très très envie d'y aller.
30:43D'assumer ça.
30:44D'assumer ça, mais je pense que la question à se poser aussi, c'est de savoir est-ce
30:48que c'est normal aussi d'avoir, dans le contexte actuel de l'économie européenne,
30:51d'avoir des taux à 3,75 et d'avoir le besoin de faire baisser les dépenses à ce niveau-là,
30:57est-ce que c'est vraiment légitime ?
30:59Ils seront à 3,50 en septembre, ils seront à 3,25 en décembre, les taux, Nicolas.
31:04Oui, le problème, si je regarde, par exemple, si je fais une comparaison entre les deux...
31:07J'ai l'impression que c'est quand même un peu aussi indépendant du seul sujet, je dis
31:10pas que ça aiderait pas, hein, mais j'ai l'impression...
31:12Je pense que ça aiderait pas mal, oui.
31:13Oui, mais ça enlèverait pas, quand même, le besoin de faire, j'imagine, un peu de consolidation
31:21de l'exécution budgétaire, en tout cas en France.
31:23Moi, je suis toujours un peu frappé de ça.
31:25Oui, oui, vraiment.
31:26Quand vous regardez, encore une fois, les règles européennes, c'est 2,92, c'est 3%
31:31de déficit, c'est 60% d'endettement.
31:33La réflexion qui est bonne au départ, c'est qu'il vous fallait 5% de croissance nominale.
31:37C'était la moyenne qu'on avait à l'époque.
31:393%, c'est 60% de 5, et donc si vous avez 5% de croissance nominale, 3% de déficit,
31:44vous avez une date qui se stabilise à 60%.
31:46C'est parfait.
31:47Sauf que si je regarde, par exemple, la période 2007-2019 pour la France, on avait pas 5%
31:53de croissance nominale, on avait 1,8 de croissance nominale.
31:55Ça vous rend totalement impossible de pouvoir régler ça.
31:57Et ça, c'est un problème qui est plutôt directement lié à ce qui est fait au niveau
32:00budgétaire et surtout au niveau monétaire.
32:02Quand vous regardez les dépenses publiques françaises, si je compare notamment l'Allemagne
32:06et la France, si je prends, encore une fois, 2007-2019, France plus 26% de dépenses publiques,
32:11en termes de dépenses publiques, Allemagne plus 46%.
32:14Vous voyez que vous avez un décalage qui est absolument fondamental, enfin énorme
32:17entre les deux, et vous voyez que c'est pas forcément que la France dépense comme
32:20une dingue par rapport à l'Allemagne, c'est pas le cas, c'est que les rentrées fiscales
32:23liées à la croissance sont beaucoup plus faibles en France qu'elles le sont en Allemagne.
32:26Donc vous avez vraiment un problème, et quand je regarde la France...
32:29Ça a été le sujet du déficit de 2023.
32:30Oui, absolument.
32:31Et quand je regarde ce qui se passe en France, c'est que je vois que la France, si je sors,
32:34si je compare chaque pays de la zone euro par rapport au pays de la zone euro, où j'enlève
32:38le pays en question pour savoir lequel ressemble le plus à la zone euro, c'est la France.
32:42C'est le France de loin, en fait.
32:44Donc l'économie française est quasiment le proxy parfait de ce qui se passe en Europe
32:48et le contact quasiment parfait de la macroéconomie européenne.
32:51Par rapport à ça, vous voyez que vous avez un problème au niveau de la Banque Centrale
32:54Européenne qui est vraiment trop réceptive dans le temps, je considère que c'est le cas.
32:58Et encore une fois, avec des niveaux de croissance numérales qui sont aussi faibles, vous ne
33:01pouvez pas appliquer des niveaux de déficit aussi stricts par rapport à ça.
33:06Ça vous...
33:07J'entends, sauf que ces règles-là, elles sont là aujourd'hui et qu'elles ne vont pas
33:10changer d'ici le 20 septembre ou le 20 novembre ou le...
33:13C'est ce qui me semblait le plus intéressant, c'est que toute cette réflexion-là existe
33:17au sein même de la BCE.
33:18On voit que Mario Draghi devait notamment dès la semaine prochaine présenter son rapport
33:22et je pense, pour évoquer directement ces questions, avec ce qui se passe en France
33:26et je pense qu'il y avait une espèce de conciliation qui pouvait exister entre Macron et Draghi
33:30justement pour pouvoir arriver à pousser, on va dire, une stratégie un peu différente
33:35au niveau européen.
33:36Le discours de Draghi a été repoussé, ça sera en septembre finalement, évidemment
33:40avec tout ce qui se passe notamment en France et Montpellier, le soutien principal à ça.
33:44Et on voit en même temps l'Allemagne qui se réjouit, mais qui voit avec sans doute
33:48une bonne partie de ses investisseurs en France parce que ses projets justement de
33:52modifier la stratégie économique européenne sont en train de tomber à l'eau sur le court
33:55terme.
33:56On espère qu'au mois de septembre ça sera un petit peu plus flexible, on pourra être
34:04un peu plus...
34:05Sur l'exécution budgétaire, j'entends bien ce que vous dites, j'ai bien compris que
34:08c'était un problème de recette effectivement sur l'année 2023, sur les 5 premiers mois
34:12de l'année on a l'exécution budgétaire en France, alors que Bruno Le Maire nous disait
34:16il y a quelques temps que les recettes fiscales étaient un peu meilleures, on voit malgré
34:20tout un déficit qui va encore plus vite que celui qu'on a observé sur les 5 premiers
34:24mois de 2024.
34:25Donc là il y a un problème de dépense très clair.
34:27Ce qui est parfaitement vrai, c'est que normalement vous avez un rapport de quasiment 1 sur 1
34:30entre la croissance et les recettes fiscales, ça n'a pas été le cas depuis 2 ans parce
34:34qu'on a eu effectivement des baisses d'impôts qui ont été assez importantes et donc on
34:36a effectivement perdu pas mal de recettes par rapport à ça, donc oui, ça c'est clair.
34:40Il faut qu'on parle des résultats, je sais enfin si vous voulez aller sur la France,
34:45mais on parle des résultats, je ne sais pas sur les premiers, il y avait Delta, PepsiCo,
34:50il y a eu quelques petits warnings quand même d'Asso System chez nous, Veralia, Nike aussi
34:55il y a 10-15 jours, bon il y a les 3 grandes banques américaines comme d'habitude, mais
35:01est-ce qu'on est encore dans l'idée que les résultats vont être un soutien pour
35:04le marché ou est-ce qu'avec un peu de ralentissement, avec un peu de baisse de l'inflation, il faut
35:09attendre à un moment que les marches se pincent un peu pour les reprises ?
35:13C'est un peu ce qu'on va voir, là on s'attend quand même à une saison des résultats
35:16qui s'annonce quand même assez médiocre, alors on peut dire ils vont battre le consensus
35:19x fois, ok, mais quand on regarde, moi j'ai trouvé très inquiétant les deux résultats
35:24de Delta et de Pepsi, parce que quand on regarde dans le détail, en gros c'est vraiment cette
35:29classe moyenne américaine qui n'accepte plus les hausses de prix, qui commence à
35:33caler, Delta c'est parce que ce n'est pas l'haut de gamme, ce n'est pas les sièges
35:39les plus chers qui ont posé problème, c'est vraiment le milieu bas de gamme, donc ils
35:44ont dû casser les prix sur les billets d'avion, d'ailleurs on l'a vu, un des éléments
35:48qui expliquent les bons chiffres d'inflation c'est quand même les moins 5% sur les prix
35:51des billets d'avion, donc derrière ça se retrouve dans les résultats des entreprises
35:54qu'on le veuille ou non, si vous baissez les prix c'est que derrière il y a un vrai
35:57problème, ils ont commencé à dire qu'ils allaient commencer à réduire les capacités
36:01des avions, on va avoir moins de sièges, donc on voit que ce n'est pas si brillant
36:04que ça, et ça montre qu'il n'y aura pas tant de tourisme américain qui vont venir
36:07à Paris durant cet été.
36:09Même Delta nous dit que les américains ne veulent pas passer par Paris pour ceux qui
36:12vont aller en Europe.
36:13Bon, ça ne redonne pas forcément le moral pour ça, mais je finis la petite parenthèse,
36:16Pepsi c'était un problème très clairement lié à des facteurs de demande et de premier
36:22prix, ils ont trop monté les prix et maintenant ils le payent en termes de volume de vente,
36:26et les effets volume l'emportent largement sur les effets hausses de prix, donc ça veut
36:31dire que, alors je veux bien le marché à jouer les cycliques, on s'est dit, baisse
36:34des taux, ça va redémarrer tout ça, mais là, c'est plutôt des signaux qui ne m'incitent
36:38pas à aller sur ces valeurs-là.
36:39Alors après, ce qu'on constate aussi, c'est que toutes les valeurs industrielles souffrent
36:43énormément.
36:44En Europe, on voit très clairement qu'on est très très loin d'une reprise industrielle,
36:48on a eu quelques indicateurs d'activité qui étaient plus positifs, mais c'était
36:52surtout les parties perspectives qui s'amélioraient, pas les situations présentes, et là on va
36:56voir véritablement que la situation présente est très très négative, avec des carrières
37:00de commandes qui sont souvent sous pression, des marges qui sont sous pression, et donc
37:04je pense qu'on va avoir pas mal de profit warning sur cette année, puisque là on aura
37:07un premier semestre qui sera peut-être en dessous des attentes.
37:10Donc la partie industrie, à mon avis, va être pas excellente, un marché automobile
37:15qui souffre, des industriels qui ont des problèmes de marge, et des carrières de commandes surtout
37:19qui commencent à véritablement refluer, donc moi je ne m'attends pas forcément à
37:23une saison d'earnings pour tout ce qui est cyclique très positif.
37:26Alors face à ça, est-ce qu'il faut encore aller acheter très cher la croissance des
37:29technologiques ? J'ai un peu peur que ce soit un peu la seule chose, parce que c'est
37:34la seule chose qui nous fera arriver dans ces earnings, à mon avis, qu'on va avoir
37:37au cours des prochaines semaines.
37:38Nourane, est-ce qu'il y a déjà des premières remarques sur les quelques publications qu'on
37:43a vues, effectivement, qui peuvent être aussi des indicateurs un peu de tendance de ce qu'on
37:48va avoir, et puis comment ça se traduit pour vous en matière d'investissement aujourd'hui,
37:53comment vous avez envie d'être positionnée pour la deuxième partie de cette année 2024 ?
37:57Alors après ce tableau très noir dressé par Christian sur la publication de résultats,
38:02je vais apporter un petit peu de douceur.
38:04Contrebalancé.
38:05Je vais un peu contrebalancer.
38:07C'est vrai que Delta Pepsi, oui, ce n'était pas glorieux.
38:09Non, ce n'était pas glorieux.
38:10En fait, ce qu'on peut noter de manière déjà un peu globale en synthèse, c'est qu'on commence
38:15à avoir des écarts très forts dans la dynamique de publication de résultats, que ce soit
38:19entre pays, que ce soit entre secteurs, ou que ce soit entre capilles.
38:22Donc entre pays, on continue à avoir quand même des croissances de résultats aux États-Unis,
38:26au global, sur l'année et aussi sur le trimestre, sur le T2, plutôt dynamique.
38:31On est à plus 12 attendus en croissance des BNR sur l'année et plus 9, je crois, sur le trimestre.
38:37En Europe, c'est un peu plus faiblard, mais la dynamique de croissance attendue sur le trimestre,
38:42elle est enfin positive.
38:43On est à plus 3 en Europe.
38:44Donc ça, c'est plutôt globalement une bonne nouvelle et on n'est que seulement à plus 4.
38:48Alors c'est une bonne nouvelle si ça se confirme ?
38:50Oui, oui, si ça se confirme.
38:51Alors après, effectivement, il y a des zones de risques et ça, je rejoins Christian.
38:55Les zones de risques, elles sont assez bien identifiées.
38:57Elles ont été d'ailleurs assez bien déjà identifiées au premier trimestre.
39:01On va avoir essentiellement, j'allais dire, presque deux secteurs qui tirent un petit peu à la baisse ces dynamiques de résultats.
39:08C'est la consommation discrétionnaire ou même la consommation globale et le secteur de la santé.
39:14Quand on regarde un petit peu plus en détail sur la consommation discrétionnaire et notamment sur le luxe,
39:19on voit un arrêt très net.
39:21On avait une croissance globale l'année dernière à 12%, aujourd'hui tirée essentiellement d'ailleurs par les volumes et par les prix.
39:27Aujourd'hui, en fait, on a un ralentissement des volumes et on a aussi un ralentissement des prix
39:31parce qu'il y a certaines maisons, notamment aux Etats-Unis, qui face à cet arrêt de consommation,
39:35cette normalisation de consommation aux Etats-Unis, commencent en fait à réviser des prix à la baisse.
39:41Donc pour les valeurs du luxe, c'est assez rare, mais en fait, on le voit.
39:44En Chine, en fait, ça ne repart pas.
39:46On a une déflation salariale, on a une crise immobilière qui, effectivement, bloque le consommateur chinois.
39:51Et puis en Europe, ça se stabilise plutôt, mais on n'échappe pas à cette normalisation de la consommation.
39:59Et on voit bien, effectivement, on a eu l'Oréal.
40:01On a eu une prudence sur l'Oréal qui a abaissé ses chiffres essentiellement sur les Etats-Unis et sur l'Asie.
40:07On a Nike, par exemple, qui a révisé à la baisse sur l'ensemble des zones géographiques, l'ensemble de ses résultats.
40:14Donc on voit bien, effectivement, que dans le secteur du luxe...
40:16Donc nous, par exemple, on a fortement réduit notre exposition au secteur du luxe de manière assez substantielle.
40:25Assez marquée, oui.
40:26Assez marquée.
40:27Alors il n'y a pas...
40:28Et d'ailleurs, quand on dit qu'on a des problématiques sur la Mettex, ça suit aussi cet arrêt de la consommation,
40:32cette normalisation de la consommation.
40:34Toutes les dépenses de style un plan dentaire, un plan oculaire, etc., qui aux Etats-Unis sont financées par endettement,
40:43on voit bien un arrêt des dépenses.
40:46Et donc, ça a amené, effectivement, une prudence chez Stromann ou un profit warning, par exemple, chez Carl Zeiss.
40:51Après, il y a des zones...
40:53C'est là où je trouve que sur les valeurs industrielles, attention, parce qu'on a de très fortes opportunités quand même.
40:59Les opportunités, on les a sur toutes les valeurs industrielles qui sont quand même exposées à cette tendance sur la transition.
41:05On partait par les thématiques.
41:06Oui, mais elle est réelle.
41:07Ah non, mais...
41:08On a des carnets de commandes qui sont au plus haut, on a des marges au plus haut.
41:12Et on voit bien, effectivement, que là, on a une dynamique qui est très forte.
41:16Mais, effectivement, il faut faire du stock picking spécifique sur le secteur industriel.
41:21Ce sera l'enjeu des prochaines semaines, pour ceux qui vont suivre la période de publication de résultats de cette mi-année 2024.
41:28Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
41:31Nourane Charère, Mansartis.
41:33Nicolas Gottesman, La Financière de la Cité.
41:35Christian Parizeau, Altair Economics.