Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Thomas Schnell pour débattre des actualités du jour.
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00:00Europe 1 soir, 19h20, Thomas Chenel.
00:0419h15 sur Europe 1, Joseph Macescaron et Nathan Devers nous ont rejoints.
00:08Bonsoir messieurs.
00:09Bonsoir.
00:10On poursuit le débat ensemble sur Europe 1.
00:12On a suivi la prise de parole de Kamala Harris, la vice-présidente américaine qui s'exprimait
00:17pour la première fois depuis le renoncement de Joe Biden à être candidat pour le camp
00:22démocrate à la présidentielle américaine à 107 jours du scrutin.
00:26Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour le camp démocrate de voir le président américain
00:32renoncer, Nathan Devers ?
00:34Oui, c'est une bonne nouvelle.
00:35C'est une action qui demande une certaine forme de grandeur politique dans la mesure
00:40où le président Biden a décidé de faire passer les intérêts du pays devant ses intérêts
00:47personnels.
00:48Ensuite, ce qu'il faut remarquer, c'est que cette nouvelle s'inscrit dans un calendrier
00:51et c'est vrai qu'elle survient un peu tard.
00:53Les problèmes de santé de Joe Biden, ça fait longtemps que les Américains et que
00:57les démocrates en particulier en sont parfaitement conscients.
01:00Et là où c'est un problème, c'est qu'en démissionnant, en retirant sa candidature
01:04à la dernière minute, Joe Biden n'a pas laissé le temps aux démocrates d'organiser
01:08une réflexion sur le ou la candidate qui doit prendre la campagne.
01:13Et Kamala Harris, dans les semaines qui précédaient, elle n'était pas du tout donnée en position
01:18favorable face à Donald Trump.
01:20Les sondages la placent dans une situation difficile.
01:22Il y a une cote de popularité qui montre qu'elle est aussi assez contestée.
01:26Une candidate, peut-être, je sais qu'elle ne veut pas, mais comme Michel Obama, qui
01:30n'était pas tenté par la perspective de faire de la politique, mais enfin qui incarne
01:33quelque chose d'extrêmement puissant chez les démocrates, ça aurait peut-être été
01:36intéressant parce que Donald Trump, lui, il a l'incarnation.
01:39Une incarnation qu'on peut contester, qu'on peut critiquer, qu'on peut trouver ridicule,
01:42mais c'est une incarnation.
01:43Je ne suis pas sûr qu'en face, Kamala Harris soit la meilleure incarnation démocrate possible.
01:48La pression était devenue trop forte sur Joe Biden, Joseph MacEscaron.
01:52Oui, c'est sûr qu'on se souvient que tout de suite après ces dernières interventions,
01:59il y avait les premières manchettes du Washington Post qui disaient, qui tout de suite l'attaquaient
02:04et qui disaient bon, maintenant, ça y est, il faut partir, il faut prendre la décision
02:08et il faut partir.
02:09Je pense qu'avant d'être une bonne nouvelle pour le camp démocrate, c'est peut-être
02:16une nouvelle mitigée pour Donald Trump parce qu'il avait tellement, lui et son équipe,
02:24axé sa stratégie sur Biden, ils étaient persuadés que Biden irait jusqu'au bout,
02:30qu'en fait, ce changement de dernière minute de Biden, c'est le dernier cadeau qu'il
02:34pouvait faire au camp démocrate, ce changement de dernière minute prend à contre-pied les
02:39équipes Trump.
02:40Donc, il va falloir qu'ils revoient complètement leur stratégie parce que ce n'est pas du
02:43tout le même type de stratégie, si bien sûr, en plus, Kamala Harris est élue.
02:49Et ça, c'est quelque chose qui peut bien sûr arriver, elle a reçu le soutien d'un
02:55certain nombre de pontes du parti démocrate, mais ce n'est pas évident, c'est-à-dire
02:59qu'il y a d'autres candidats, je pense notamment à la sénatrice de Michigan, Mme Gretchen
03:05Whitmer, qui elle, a un profil peut-être plus, comment dire, meilleur que celui de
03:11Kamala Harris, qui n'est pas, en effet, vous l'avez rappelé, qui n'est pas la chouchou
03:16des sondages.
03:17Elle a été extrêmement, extrêmement critiquée, parfois pour de mauvaises raisons, mais elle
03:22a été très souvent critiquée.
03:24Je suis un peu long, je vais ajouter juste une chose, je crois qu'en fait, aux Etats-Unis,
03:31contrairement à ce qu'on peut penser, il est plus facile, il est plus facile dans ce
03:36pays d'élire quelqu'un qui est issu d'une minorité hispanique, ou autre, ou un catholique,
03:46ou Barack Obama, que d'élire une femme.
03:49Je crois fondamentalement ça, et on l'avait vu avec quand même l'épisode Hillary Clinton.
03:55Joe Biden était donc le meilleur ennemi de Donald Trump, désormais c'est une femme
03:59issue de la minorité, asiatique, latino également, cette femme est-elle la meilleure
04:06solution face à Donald Trump, pour les démocrates, la meilleure réponse ?
04:10Je pense qu'il ne faut pas voir les choses uniquement avec la question de savoir qu'elle
04:15appartient à telle ou telle minorité, parce qu'en soi, ce n'est pas gage, ni de compétence,
04:20ni d'incarnation, ni de projet politique.
04:21Il me semble qu'avant tout, ce cas Kamala Harris, c'est un bilan, et le bilan de Joe
04:27Biden, dont elle est co-responsable puisqu'elle était vice-présidente, est objectivement
04:32salué par les démocrates comme l'un des plus beaux bilans qui existent peut-être
04:36depuis la fin de la seconde guerre mondiale, qu'il s'agisse de justice sociale, qu'il
04:41s'agisse du redressement de l'économie, qu'il s'agisse surtout de géopolitique,
04:46c'est-à-dire de la manière dont les Etats-Unis, sortant de l'isolationnisme initié non seulement
04:50par Donald Trump, mais également avant par Barack Obama, qui avait refusé d'intervenir
04:54en Syrie alors qu'il avait lui-même fixé une ligne rouge à Vladimir Poutine et Bachar
04:57el-Assad.
04:58Joe Biden et Kamala Harris ont remis les Etats-Unis sur une scène où ils ne se laissent plus
05:04intimider, notamment par l'impérialisme de Vladimir Poutine.
05:08Donc pour toutes ces raisons, elle a un bilan à défendre.
05:10Maintenant, il me semble, je reviens à la question de l'incarnation, parce que la politique,
05:14surtout dans des élections présidentielles, ça se joue aussi à des choses superficielles
05:18et je pense qu'on le voit d'ailleurs, la campagne de Donald Trump, son succès vient
05:21avant tout de choses qui relèvent de la punchline, de l'incarnation, de l'humour,
05:24de sa présence physique, de son oreille après le meeting, de son point levé avec le fight.
05:29Il me semble que chez les démocrates, il y a incontestablement une personne qui appartient
05:33aussi à des minorités et qui est elle aussi une femme et qui a une incarnation, à mon
05:37avis, largement supérieure à celle de Kamala Harris, et c'est Michelle Obama.
05:41Michelle Obama, qui est réticente à l'idée de rentrer en politique, qui était réticente
05:45également quand Barack Obama voulait lui-même se lancer dans la course présidentielle, elle
05:49ne voulait pas trop qu'il le fasse, il l'a raconté dans ses mémoires réelles dans
05:51son livre, et voilà, je pense que s'il y avait eu plus de temps, cette réflexion-là
05:55aurait pu être possible, il me semble que là, évidemment, les choses seront différentes.
05:59Est-ce qu'elle peut gagner ? Est-ce que cette candidate-là ne transformerait pas l'élection
06:05présidentielle en référendum pro ou anti-Trump ?
06:07En tout cas, ces dernières interventions étaient des interventions qui n'allaient pas dans
06:16ce sens.
06:17C'est-à-dire qu'elle est, vous savez, après l'attentat contre Trump, on a tous vu et entendu
06:24Biden qui a eu un discours à une ligne, finalement, tout à fait simple, c'est-à-dire sur l'unité
06:31du pays, la nécessité, justement, d'éviter toute polarisation au sein des Etats-Unis
06:36et d'éviter que le pays, définitivement, se fracture.
06:39Elle n'est pas du tout sur cette ligne-là, pas du tout, Kamala Harris, parce qu'autant
06:44elle a, évidemment, bien sûr, les choses vont de soi, condamné l'attentat, autant
06:48elle a explicitement dit et souligné qu'il n'était pas question pour elle d'en appeler
06:53à une forme d'unité factice.
06:55Et ça, c'est quand même un problème, parce qu'on a dit, vous l'avez rappelé, qu'en
07:01effet, elle pouvait représenter l'électorat latino, latino d'ailleurs qui, majoritairement,
07:06les sondages le montrent, est quand même pro-Trump, donc je ne sais pas quel est son
07:12apport, en fait, à Kamala Harris.
07:14J'ai cité, par exemple, Mme Gretchen Whitmer, qui est, en effet, sur des thèmes démocrates
07:19classiques.
07:20Elle est gouverneure de Michigan.
07:21Michigan, c'est un État-clé, comme vous le savez, donc elle a un apport.
07:25Kamala Harris, très franchement, je ne vois pas exactement son apport, alors d'où peut-être
07:31la nécessité, comme Nathan Devere le rappelait, d'aller au-delà et d'en appeler à une
07:37figure transcendantale qui serait Mme Barack Obama.