• il y a 2 mois
Sous couvert d’un antiracisme transformé en religion d’État, la thématique de la race est de retour. Le moindre soupçon de "racisme", mais aussi de sexisme, transformé en armes de destruction massive, peut entacher ou détruire une réputation. L’État et les médias sont tétanisés par un phénomène qui s’inspire de la culture woke anglo-saxonne et de son principe de délation. Les "valeurs de la république" dont se réclame le président macron forment une ligne maginot qui n’est plus en mesure de barrer la route à une subversion qui prétend délégitimer notre histoire et ce qui reste de notre civilisation. Seule l’affirmation de nos héritages culturels pourra endiguer cette forme de chantage qui s’exerce sur un peuple français coupable d’être majoritairement blanc et européen. Le journaliste Paul-François Paoli présente son ouvrage "Race, sexe, identité : la France en procès" publié chez Jean-Cyrille Godefroy.

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Transcription
00:00Bonjour à tous. Bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui, en compagnie de Paul-François Paoli. Bonjour, monsieur.
00:11Bonjour.
00:12Paul-François Paoli, écrivain, journaliste et auteur de nombreux essais dont vous étiez déjà venu nous présenter plusieurs d'entre eux,
00:20notamment « L'imposture du vivre-ensemble » ou encore, aux sources du malaise identitaire français « Le Dernier »,
00:26publié chez Jean-Cyrille Godefroy. Le voici, « Race, sexe, identité, la France » en procès à retrouver, comme d'habitude, sur la boutique de TV Liberté.
00:35Alors, Paul-François Paoli, vous dites ceci, que les Français ont des droits sur la France. Mais qu'est-ce que ça veut dire, être français ?
00:42Écoutez, il me semble que je rappelle des évidences de sens commun. Tous les peuples ont des droits sur leur propre pays.
00:51C'est même la notion de base du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Mais il semble que ce soit plus difficile en France.
00:59C'est-à-dire que si vous dites simplement « Je suis français, donc j'ai des droits sur la France », c'est un point de vue qui sera complètement contesté
01:08par des gens qui affirment que le génie de la France, c'est le génie de l'universel et que donc la France est à tout le monde.
01:15Comme le disait d'ailleurs madame Danielle Mitterrand, vous vous rappelez, elle avait eu cette formule extraordinaire « La France est à tout le monde ».
01:21La France est un hôtel, disent certains.
01:24Alors, la France est à tout le monde, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas imaginer qu'un dirigeant chinois, un homme politique chinois puisse dire cela de la Chine,
01:32un chef africain dire cela de son pays, un chef algérien ou marocain dire cela de sa propre nation, ou un russe ou même un anglais.
01:42Donc nous avons cette idée en France que la France est le pays de l'universel.
01:47C'est une illusion et c'est d'autant plus une illusion qu'aujourd'hui, et c'est ce que je démontre dans mon livre, ce que je rappelle, je ne suis pas le seul à le dire,
01:56la question ce n'est pas d'un côté les universalistes, de l'autre les particularistes, c'est qu'il y a une guerre de représentation entre plusieurs conceptions de l'universel.
02:06Et ce que les gens, les universalistes républicains n'ont pas l'air toujours de comprendre, c'est que nous avons face à nous un universalisme radical,
02:14qui est celui de l'islam, qui est un universalisme concurrent.
02:18Par conséquent, quand on dit la France est le pays de l'universel, on s'exprime très mal, on ne comprend pas le fond de la question.
02:26Le fond de la question c'est est-ce que nous français, nous sommes aussi un peuple singulier, un peuple particulier ?
02:32Qu'est-ce qui nous constitue en tant que français et à quel titre avons-nous le droit de dire que nous avons des droits sur la France ?
02:38Vous résumez votre propos ainsi, la France a succombé à deux principes qui se contredisent, la passion de la parité des cultures et la passion universelle.
02:47Oui, alors je pense qu'il y a une sorte de névrose historique qui habite la France et qui habite les élites françaises.
02:53Cette névrose historique, que je qualifie d'universaliste, elle a été parfaitement incarnée par quelqu'un comme Jacques Chirac,
03:01qui était à la fois un grand admirateur du sumo, un grand admirateur des arts orientaux, extrême orientaux, un grand admirateur du bouddhisme.
03:08Et en France, dès qu'il revenait à Paris, il redevenait le chantre des valeurs républicaines évidemment universelles, sans s'apercevoir de la contradiction.
03:17Et la gauche et nos élites depuis les années 80 ont poursuivi en même temps deux discours, c'était déjà l'an même temps avant Macron.
03:26D'un côté nous sommes le pays de l'universel, d'un côté toutes les cultures se valent, nous sommes multiculturalistes, sans voir que c'est une énorme contradiction.
03:35Si nous sommes le pays de l'universel, c'est que ce qui fait la valeur de notre universalité a par définition une sorte de supériorité sur les autres cultures.
03:45Ce que jamais un Macron ne pourra dire, parce que si vous dites ça, vous mettez à dos l'Afrique, l'Asie et les trois quarts des pays du monde.
03:53Donc c'est une question de cohérence et de logique. Je suis étonné que dans les débats politiques et idéologiques, on sollicite si peu la logique.
04:02Vous dites, nous devons être suprémacistes chez nous.
04:05Alors suprématisme, c'est un peu de la provocation si vous voulez, parce que suprémacisme, qu'est-ce que ça veut dire ?
04:10Ça veut dire que chez nous, en France et en Europe, c'est à nous les Français et les Européens et les Occidentaux, puisque les Occidentaux,
04:17quand je parle des Occidentaux, je parle en particulier des Européens de l'Ouest, c'est à nous de dire ce que doivent devenir nos sociétés.
04:25C'est à nous de fixer le cadre.
04:27C'est à nous de fixer les normes, les normes culturelles. C'est ça que j'appelle suprématisme.
04:32Et donc ça rentre en contradiction avec le multiculturalisme, un multiculturalisme qui est là, emporté dans le monde anglo-saxon, qui l'a emporté en Angleterre.
04:40Et vous voyez aujourd'hui les résultats dans un pays comme l'Angleterre, ou même dans un pays comme l'Écosse, où demain, un musulman pourra tout à fait diriger des pays
04:47qui étaient hier dirigés par des chrétiens, des anglicans, des protestants, des catholiques.
04:53Votre préfetier, c'est le professeur Jean-Louis Harwell, que l'on a eu l'occasion de recevoir à de nombreuses reprises sur notre plateau.
05:01Il liste toutes ces forces qui menacent la France de disparition, le déni de son identité, le hawkisme, le droit de l'homisme, le féminisme ou encore l'anti-racisme.
05:10D'où proviennent les racines de cette déconstruction de la société ?
05:14Alors, ces racines proviennent d'une sorte de décomposition idéologique de la gauche qui a eu lieu dans les années 80.
05:21Jusque dans les années 70-80, la gauche était républicaine.
05:25Les communistes socialistes étaient des gens qui se situaient dans la filiation jacobine de la Révolution française.
05:33Georges Marchais était quelqu'un qui n'était pas du tout immigrationniste, il était anti-immigrationniste.
05:39Il avait fait des déclarations en 1980 sur le fait qu'il fallait arrêter l'immigration sous toutes ses formes.
05:44Il n'était pas féministe, c'est le moins qu'on puisse dire, il a été harcelé, attaqué par les féministes.
05:49Le grand dirigeant historique du Parti communiste français, qui s'appelait Jacques Duclos, qui était un chef historique du PCF,
05:55un jour a eu cette formule extraordinaire qui aujourd'hui le mènerait à la 17ème chambre.
06:01Un jour, il a dit avec son accent rocailleux, la classe ouvrière n'aime pas les PD.
06:06Il avait dit ça dans les années 70.
06:08Aujourd'hui, un homme politique qui dirait ça, il serait traîné par les LGBT devant la 17ème chambre.
06:14Donc en fait, la sociologie du monde de la gauche a changé.
06:17Jusque dans les années 70, la gauche, il y avait encore le mouvement ouvrier qui habitait la gauche.
06:22La gauche était encore enracinée dans le mouvement ouvrier.
06:25Dans les années 80, il y a un changement de paradigme, comme disent les sociologues, il y a un changement de sociologie.
06:30Vous dites que la nouvelle gauche s'est tournée vers ce que vous appelez le nouveau peuple élu, celui des minorités raciales,
06:36les femmes dominées et les homosexuels persécutés.
06:38Alors, tout ce que je écris là, ce n'est pas spécialement...
06:41C'est les nouveaux damnés de la Terre.
06:42Les nouveaux damnés de la Terre.
06:43C'est-à-dire que ce qui se passe dans les années 68, c'est que les étudiants, les petits bourgeois qui ont fait 68,
06:49se rendent compte que la classe ouvrière française n'est plus révolutionnaire.
06:52Elle n'est plus digne de l'espérance révolutionnaire que ces petits jeunes bourgeois et petits bourgeois avaient projeté sur elle.
07:01La classe ouvrière dans les années 68...
07:02Elle n'est pas bling-bling.
07:03Elle n'est pas du tout bling-bling.
07:04Les ouvriers de l'époque, même quand ils sont à la CGT, ce qu'ils veulent, c'est pouvoir avoir une voiture,
07:09c'est pouvoir partir en vacances, c'est pouvoir avoir une vie, au fond, sans bourgeoiser, comme n'importe qui.
07:14Et ça, ça va être un traumatisme pour l'extrême-gauche révolutionnaire qui est en grande partie étudiante et bourgeoise.
07:19Et du coup, ces gens-là vont vieillir et ils vont projeter leur désir de rupture sur les minorités.
07:25Alors, les minorités dans les années 70-80, c'est l'immigration.
07:29Ce sont les jeunes issus de l'immigration.
07:31Ce sont les femmes qu'on va radicaliser à travers le féminisme.
07:34Et ce sont, évidemment, les minorités raciales.
07:38Et donc, il y a un véritable changement de paradigme qu'une officine comme Terra Nova va tout à fait théoriser.
07:46Quand on nous dit que le grand remplacement, c'est un mythe et une fiction,
07:49il suffit de se rapporter à Terra Nova, qui est une officine de gauche du Parti Socialiste,
07:54où ils disent clairement, les ouvriers, les paysans, les classes populaires françaises,
07:59ils sont has-been.
08:01Les nouvelles classes, ce sont les jeunes, plutôt de préférence les jeunes d'origine immigrée,
08:07les femmes, les femmes jeunes, et les minorités, et les homosexuels.
08:12Donc, c'est-à-dire les dominés, selon la phraseologie, la logomachie de Pierre Bourdieu.
08:18Tous les autres, ce sont des beaufs, ce sont des has-beens, ce sont des petits bourgeois en puissance.
08:22Alors, je simplifie un peu, je caricature un peu.
08:26Mais vous savez, je parle d'un film qui a beaucoup marqué en France,
08:31qui s'appelle L'Horloger de Saint-Paul,
08:33qui est un film de Bertrand Tavernier, avec Jean Rochefort, à l'époque, en 1974.
08:38C'est l'époque où la gauche est en train d'opérer une véritable mue sociologique.
08:43Dans ce film, on voit des ouvriers, et ces ouvriers, ils sont ringards.
08:46Ils votent communistes, ils sont ringards, c'est la CGT.
08:50Donc, il y a une évolution sociétale qui se met en branle,
08:54et qui va constituer la racine du wokisme.
08:58Parce que le wokisme a des racines anglo-saxonnes,
09:01des racines au niveau des universités américaines, mais elle a aussi des racines françaises.
09:05Et les racines françaises, c'est l'évolution sociétale, sociologique de la gauche.
09:09– Et aux yeux de cette nouvelle gauche, dites-vous, le méchant, c'est le père de famille.
09:13Sauf s'il est, dites-vous, maghrébin ou africain.
09:16– Alors, il y a toute cette logorée insupportable sur le patriarcat
09:20qui s'est développée depuis quelques années,
09:22qui est une logorée fantastique, qui est une logomachie inouïe.
09:25On voit des enfants de la bourgeoisie parisienne
09:28qui votent pour Raphaël Glucksmann ou qui votent pour Mélenchon,
09:31ou pour Macron, nous expliquer quelles sont les victimes du patriarcat.
09:35Alors qu'elles sont des petites bourgeoises plutôt choyées dans leur milieu,
09:40où très souvent le père a disparu.
09:42Par contre, le patriarcat, où est-ce qu'il existe encore en puissance ?
09:46Eh bien, il existe dans le monde turc, il existe dans le monde maghrébin,
09:49il existe dans le monde musulman.
09:51Et là, toutes ces petites bourgeoises…
09:53– En fait, partout en dehors de l'Occident, quoi.
09:55– En fait, toutes ces petites bourgeoises qui en ont contre le patriarcat,
10:00je pense à cette essayiste Mona Chollet,
10:02comment le patriarcat sabote nos relations amoureuses.
10:06Toutes ces petites bourgeoises en ont contre leur père,
10:10ou ceux qui auraient pu leur tenir lieu de père.
10:16Mais c'est un patriarcat fantasmagorique.
10:19Le vrai patriarcat, il existe dans certaines banlieues,
10:22il existe dans le monde turc, il existe dans le monde arabo-musulman,
10:26et c'est un patriarcat puissant et sévère.
10:30Je raconte cette anecdote parce que c'est incroyable que ça ait pas pu se frapper les gens.
10:35Les fémènes, quand elles font une démonstration, où vont-elles ?
10:38Elles vont dans une église.
10:40Il ne leur viendrait pas l'idée d'aller dans une mosquée,
10:43parce que là, elles seraient, à mon avis, très mal reçues.
10:45Donc, vous voyez, l'aberration du wokisme,
10:48c'est qu'il y a une sorte de juxtaposition des minorités prétendument racialisées de gauche
10:54qui s'en prennent à un patriarcat occidental totalement fantasmé,
10:57mais qui ne s'en prennent jamais à leurs propres alliés islamophiles
11:01qui considèrent que l'Occident blanc est le principal instigateur
11:06du malheur du monde et du mal sur la Terre.
11:09En fait, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est le mélenchonisme et la synthèse de tout ça.
11:12Mélenchon arrive à juxtaposer des ressentiments divers,
11:17donc des gens d'origine musulmane au Maghrebine
11:21qui considèrent qu'ils sont victimes du racisme en France
11:23et des jeunes qui sont plutôt féministes radicales,
11:26qui sont plutôt contre le monde blanc, hétérosexuel, etc.
11:33et qui se juxtaposent les uns les autres,
11:35alors que les normes morales, les mœurs du monde musulman sont à l'inverse
11:40et sont l'opposé de la vision libertaire d'une certaine gauche.
11:44Donc quand on voit Raphaël Glucksmann s'allier avec Mélenchon
11:47ou avec Olivier Faure et le chef du Parti communiste, Fabien Roussel,
11:51il y a un côté complètement surréel, on n'y croit pas.
11:54Vous englobez d'ailleurs Paul-François Paoli, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon,
11:59vous dites que c'est les deux faces d'une même pièce.
12:01C'est les deux faces d'une névrose française.
12:03D'un côté, pour Mélenchon, la France n'existe que d'avoir généré la Révolution française,
12:08sinon la France n'existe pas, il n'y a pas de continuité historique,
12:11l'anarchie n'a jamais existé, les 40 rois qui ont fait la France, ça n'existe pas.
12:16C'était l'obscurantisme en tout cas.
12:18C'est l'obscurantisme, les 40 rois qui ont fait la France, c'est pas de Charles Maurras,
12:21c'est d'Édouard Hériot qui était le chef du Parti radical.
12:24Pour Mélenchon, la France n'existe que depuis la Convention et le Comité de salut public.
12:29Donc c'est un idéologue absolument, à mes yeux, qui est non seulement toxique,
12:34mais qui est presque dérangé sur un plan intellectuel.
12:37Quant à Macron, sa vision du monde, c'est la post-France,
12:40c'est-à-dire c'est la post-nation.
12:41C'est un peu l'idée que la France, vous savez, c'est la formule de Victor Hugo
12:47que je cite en exergue de mon livre.
12:49La France a ceci d'admirable qu'elle est faite pour mourir,
12:54mais elle va mourir comme les dieux, elle va mourir par la transfiguration
12:59et la France deviendra l'Europe.
13:01C'est une formule de Victor Hugo en 1867,
13:03qui est au fond l'ADN de la pensée d'Emmanuel Macron sur l'Europe.
13:07Alors vous abordez évidemment la question de l'antiracisme,
13:10Paul-François Paoli, et à ce titre vous dites
13:13la question taboue de la race et de retour.
13:15Oui, la question taboue de la race et de retour.
13:17Le paradoxe, c'est que ce sont les racialisés qui remettent cette question sur le plateau.
13:21En réalité, cette question est taboue depuis un certain nombre d'années,
13:24depuis les années 70, depuis les lois Pléven de 1973,
13:28qui incriminent toute notion de race,
13:31alors que la race comme le sexe, ça habite l'inconscient des gens,
13:36ça nous occupe, ça nous préoccupe.
13:38Ce que je rappelle dans mon livre, et là c'est un travail de généalogie,
13:41c'est un travail d'historien que j'ai fait,
13:43je rappelle que le mot de race, le terme de race,
13:45c'était un terme banal en France dans les années 60, 70,
13:48et que c'est pas du tout la Shoah,
13:51c'est pas du tout au lendemain de la deuxième guerre mondiale
13:53que le terme de race a disparu.
13:55C'est dans les années 80, lorsque se met en place la machine idéologique de SES Racisme.
13:59Mais en 1965, quand le général de Gaulle fait une conférence de presse
14:03sur le rétablissement des relations entre la France et la Chine,
14:05il parle de la race chinoise, et ça passe comme une lettre à la poste.
14:09Je rappelle l'encyclique Brennender-Sorge de l'église catholique en 1937
14:14contre le nazisme, très violente, contre le racisme nazi et le paganisme nazi.
14:19L'église catholique dit, écrit noir sur blanc dans cette encyclique,
14:23que les notions de race, d'ethnie et de communauté, de nation et de peuple
14:27sont des notions honorables.
14:29Et il y a même question de la communauté ethnique allemande.
14:31Donc ces notions existaient dans le discours même de l'église catholique
14:36il n'y a encore pas si longtemps, jusque dans les années 60.
14:39En fait, ce terme de race est devenu angoissant, est devenu inquiétant,
14:44parce que c'est vrai, d'une part, ce n'est pas un terme scientifique.
14:47Vous dites que c'est une filiation spirituelle et civilisationnelle.
14:50Alors, chez certains, quand Peggy parle de la race française,
14:54il s'agit d'une filiation spirituelle.
14:57Quand le général de Gaulle, en 1940, parle dans ses discours de Londres
15:01du génie de notre race, ça n'a rien à voir avec la notion de race
15:05telle que l'on peut éclairer.
15:07C'est une notion d'affiliation spirituelle.
15:09La preuve que le nationalisme français, chez Barès et chez Maurras,
15:16mais surtout chez Peggy, n'est pas d'essence raciste,
15:19c'est qu'on peut devenir français par la culturation.
15:22Et ça a évidemment la grande différence avec le racisme
15:24et le nationalisme biologique allemand.
15:26Alors, les antiracistes, vous l'expliquez, ne sont pas ces maîtres dans l'art
15:30de créer des racistes imaginaires.
15:33Est-ce que, selon vous, pensez que la civilisation européenne
15:37est supérieure aux autres civilisations ? C'est du racisme.
15:40Non, ce n'est pas du racisme du tout.
15:41En fait, Claude Lévi-Strauss, le grand anthropologue, a expliqué
15:44que toute civilisation se croit ou se sent, à certains égards,
15:48supérieure aux autres.
15:50Ça fait partie de l'ADN, de la croyance collective
15:53de toutes les civilisations.
15:55Est-ce qu'il n'y a pas une sorte de mépris sous-jacent ?
15:57Non, pas forcément. Alors, ça peut, effectivement.
16:00Le mépris est une manifestation, effectivement,
16:03mais je crois que si on va au fond des choses,
16:08on peut considérer que ce qu'on peut appeler les cultures européennes
16:12ont eu une fécondité exceptionnelle, à la fois sur un plan
16:16technoscientifique, ça, personne ne le conteste,
16:19artistique, mais aussi artistique, philosophique.
16:22Nous sommes la seule culture, la culture européenne,
16:27en particulier la culture allemande, à avoir généré autant de
16:31grands hommes sur le plan de la métaphysique.
16:34Il faut bien comprendre que la philosophie, la pensée
16:38n'est pas le propre de l'Europe ou de l'Occident,
16:40mais ce que nous avons propre, ce que nous avons de plus singulier,
16:43c'est la philosophie, et c'est la métaphysique.
16:47La philosophie gréco-latine, c'est une jambe,
16:51et la charité chrétienne, c'est la deuxième jambe.
16:53C'est autre chose, mais si vous voulez, il y a...
16:56C'est les deux jambes de la civilisation européenne.
16:58Paul Valéry dit, est européen, celui qui a été civilisé
17:06par la mesure grecque, la notion romaine du droit et l'évangile.
17:15Donc, si vous voulez, Benoît XVI reprend dans son grand discours
17:19dans les années 2012, il reprend cette idée qui est, au fond,
17:23commune à beaucoup d'esprits, même qui ne sont pas catholiques,
17:27comme Paul Valéry, c'est-à-dire que ce qui fait que nous sommes
17:29des Européens, et pas seulement des Français, des Italiens,
17:32des Allemands et des Espagnols, c'est que nous avons connu
17:37trois grandes influences, la Grèce, la Grèce platonicienne,
17:43la Grèce d'Aristote, Rome, la Romanité et l'Église catholique,
17:51disons, le judéo-christianisme.
17:53Alors, cette notion de judéo-christianisme est évidemment
17:55très contestée et très complexe, mais les trois prismes,
17:58les trois matrices de notre civilisation...
18:02C'est la philosophie grécolative et la charité chrétienne.
18:05C'est la philosophie grecque, c'est l'ordre romain,
18:07la conception juridique, l'humanisme romain, on va dire,
18:11et la catholicité.
18:14Ce sont les trois matrices de nos héritages.
18:17Après, il y a eu la Révolution française, il y a eu les Lumières,
18:20il y a eu tout ce que vous voulez.
18:21Et moi, je n'exclus aucune de ces tendances de notre héritage.
18:25– Même si la Révolution française a été, d'un point de vue religieux,
18:29anti-chrétienne, avec la décapitation de Louis XVI.
18:32– La Révolution française a eu une dimension anti-chrétienne
18:35qui est déplorable, que nous avons subie encore jusqu'à aujourd'hui,
18:38puisque les Mélenchons, les Bonpars, tous ces personnages
18:42sont effectivement des gens, on a l'impression,
18:44qui sortent tout droit du comité de salut public.
18:47– C'est Robespierre.
18:48– Mais il faut se rappeler que Robespierre n'était pas antidéiste.
18:51Et Robespierre était contre l'extrême gauche de l'époque,
18:54athée, de Hébert et de ces gens-là.
18:56Et que Robespierre était un disciple rousseau.
18:58Et donc, il faut voir aussi que la Révolution française,
19:01elle est plurielle.
19:02Il ne faut pas l'enfermer uniquement dans un cadre anti-religieux.
19:06– Anti-chrétien en tout cas.
19:07– Oui, elle a été anti-chrétienne, mais la Gironde, par exemple,
19:12n'était pas anti-chrétienne comme le comité de salut public.
19:15Donc il faut quand même avoir un peu de nuance sur la Révolution française.
19:18Malheureusement pour nous, il y a eu une veine anti-chrétienne
19:21violente dans la Révolution française,
19:23qu'il n'y a pas eu dans la Révolution américaine.
19:25– Alors vous allez sur la notion de nationalité.
19:28On constate depuis il y a des années que l'État français
19:31réduit cette nationalité à une simple procédure
19:34ou elle donne cette nationalité à certaines personnes
19:37qui ne la réclament même pas.
19:39À quoi tout cela aboutit ?
19:41– Alors ça aboutit à une dissociation flagrante aujourd'hui
19:44entre le sentiment d'identité et la nationalité.
19:46La nationalité, c'est une inscription administrative.
19:48Ça vous donne des droits et aussi éventuellement des devoirs.
19:51Mais l'identité, je la définis comme ce qui vient,
19:54ce qui est en nous vient de plus loin que nous.
19:56C'est-à-dire ce qui consciemment ou inconsciemment nous constitue
19:59sans que nous l'ayons décidé.
20:00Je suis corse, je n'ai pas décidé d'être corse.
20:02C'est mon identité. Je suis français de culture.
20:05Je suis un corse de culture française.
20:07Je n'ai pas décidé d'être français culturellement.
20:10Il se trouve que je suis bien dans la langue française
20:12et que j'aime la France, les terroirs français, les pays de France.
20:15Je trouve que c'est un très beau pays.
20:17On ne peut qu'être heureux, d'une certaine manière, d'être français.
20:20– Heureux comme Dieu en France.
20:21– Voilà. La nationalité, c'est autre chose.
20:23La nationalité, c'est la citoyenneté.
20:25Et nous avons inversé les choses.
20:27Ce n'est pas la citoyenneté qui crée l'identité.
20:29C'est le sentiment d'identité qui aboutit à la citoyenneté.
20:32C'est pour ça que la notion du droit du sol, c'est une idéologie.
20:35C'est une fiction.
20:36Personne n'est jamais devenu français par le droit du sol.
20:39On devient français par l'acculturation.
20:41Et à mon avis, la notion d'acculturation est beaucoup plus forte,
20:44beaucoup plus pertinente que la notion d'assimilation.
20:47– Alors vous allez aussi sur la question israélienne.
20:51Paul-François Paoli vous dénonçait à ce titre.
20:53Les intellectuels qui dénoncent le nationalisme quand ils sont en Israël
20:58et qui le combattent, qui le dénoncent quand ils sont en France.
21:01Comment vous expliquez ce double jeu ?
21:03– Alors c'est une sorte de chiasme qui est totalement aberrant.
21:06C'est-à-dire qu'on a des gens qui considèrent,
21:09qui sont barréciens en Israël,
21:11qui considèrent qu'un juif américain qui n'a pas d'ascendant en Israël
21:15a le droit d'émigrer en Israël au nom du fait qu'il y a une patrie,
21:20une communauté juive ancestrale plurimillénaire dans ce pays.
21:25Et ce sont les mêmes qui récusent le droit des peuples autochtones
21:28à limiter l'immigration en Europe.
21:30Je ne citerai personne parce que je déteste les polémiques personnelles,
21:33mais on peut comprendre à qui je pense en particulier.
21:36Je ne comprends pas que des gens ne voient pas la contradiction énorme.
21:41Si on considère qu'Israël est fondé sur le droit des Juifs
21:47à avoir une patrie, une patrie plurimillénaire,
21:50comme le soutient Golda Meir dans son livre « Ma vie ».
21:52Elle ne dit pas du tout que c'est la Shoah qui a la légitimité d'existence d'Israël.
21:55Elle dit que c'est l'existence d'un foyer juif originel
21:58qui légitime le droit des Juifs du monde entier,
22:01qui leur donne le droit de venir en Israël.
22:03Comment nous, autochtones, Français, Russes, Italiens, Allemands,
22:09n'aurions-nous pas le droit, sur des pays qui s'appellent Allemagne, la France, la Russie,
22:14et parmi ces droits, de limiter des afflux migratoires ?
22:17Comment des gens qui sont contre le droit au retour des Palestiniens
22:21sont pour le droit des Africains, le droit illimité de l'immigration africaine en France ?
22:27Comment ne voit-il pas la contradiction ?
22:29C'est une contradiction totale, c'est une contradiction totale.
22:33Les gens qui se revendiquent de cette identité juive sont-ils au fond universalistes ?
22:37Alors, vous avez des Juifs qui sont totalement universalistes,
22:40mais ils vont au bout de leur universalisme.
22:43Ils récusent l'existence de l'état sioniste.
22:45C'est le cas de Georges Tenner, par exemple,
22:47qui est un très grand philosophe que j'ai rencontré en Angleterre il y a quelques années,
22:51un très grand penseur, qui, lui, n'est absolument pas sioniste
22:55et qui considère que le génie juif ne doit pas s'incarner dans un état.
22:58Et vous avez toujours eu des Juifs.
23:00– L'universitaire Shlomo Sand.
23:01– Oui, voilà, Shlomo Sand est d'extrême gauche, mais bon.
23:05– Il a le droit.
23:06– Il a le droit, on a tous les droits sur un plan intellectuel,
23:08mais bon, Shlomo Sand, lui, il considère qu'il n'y a jamais eu de peuple juif.
23:12Mais moi, je ne me mêle pas de ce débat-là.
23:14Je ne suis pas juif et ce n'est pas à moi de dire qu'est-ce que c'est qu'être juif.
23:17Je constate qu'il y a beaucoup de sensibilités dans le monde juif
23:20qui s'opposent et qui se contredisent.
23:21Mais il y a une question de logique et de cohérence.
23:24Un peuple a des droits sur une terre en fonction de son caractère autochtone.
23:28Tous les peuples autochtones ont des droits sur une terre.
23:31C'est le cas des Arméniens, c'est le cas des Kurdes,
23:33c'est le cas de tous les peuples du monde, c'est le cas des Juifs,
23:35c'est le cas des Palestiniens et c'est le cas aussi des Français.
23:38Sauf que nous, Français, nous ne sommes pas considérés comme un peuple autochtone
23:41parce que nous n'avons pas...
23:43Quand vous dites que les Français n'ont pas connu d'immigration,
23:47que la France n'a pas connu d'immigration de masse avant la fin du 19e siècle,
23:51on vous considère comme un émule du Marshal Pétain.
23:54Mais ça n'a rien à voir avec ça.
23:55Tous les historiens du 19e et du 20e siècle
23:59montrent que l'immigration économique commence en France au milieu du 19e siècle,
24:04c'est-à-dire au moment de la révolution industrielle.
24:07La France n'était absolument pas un pays d'immigration avant la révolution industrielle.
24:12Et ce qui s'est passé entre 1850 et 1950, pendant un siècle,
24:15c'est qu'il y a eu des vagues migratoires d'Européens, Italiens, Polonais, Espagnols, Portugais,
24:20qui se sont parfaitement assimilés à la population française.
24:23Et depuis 30-40 ans, ce processus d'assimilation est en panne.
24:28Alors, terminons avec cette question.
24:29Peut-être vous dites ceci, Paul-François Paoli,
24:31l'Occident post-moderne n'admet plus de définition objective
24:35de la vice et du vertu, du licite et de l'illicite.
24:38Comment remet-on l'Église au milieu du village ?
24:40Non, ce qu'il se passe, c'est que ce qu'on ne comprend pas,
24:43on ne comprend pas la dynamique de l'islam.
24:45La dynamique de l'islam, ce n'est pas seulement la haine d'Israël,
24:49ce n'est pas seulement du négatif.
24:50La dynamique de l'islam, c'est aussi du positif.
24:52C'est-à-dire que quand on voit une jeunesse qui est paumée,
24:55quand on vient de voir le drame, la tragédie qui vient d'éclater
24:58avec cette petite fille juive qui a été violée par des gamins de 12-13 ans,
25:01on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de processus,
25:05de procès de décivilisation dans ce pays.
25:07Qu'est-ce que ça veut dire, décivilisation ?
25:08Ça veut dire qu'il n'y a plus de normes.
25:10Ça veut dire que les interdits s'écroulent.
25:11Ça veut dire que les gens ne font plus la distinction
25:13entre le bien et le mal, le normal et le pathologique.
25:16Or, la force de l'islam, c'est que c'est un corpus,
25:22une vision du monde relativement cohérente
25:25sur toutes ces questions de mœurs.
25:27Il y a des hommes, il y a des femmes,
25:28il y a des pères, il y a des enfants,
25:30il y a des anciens, il y a des jeunes
25:32et il y a des séparations entre les genres.
25:35Dans le monde d'aujourd'hui occidental,
25:38en particulier dans des grandes villes comme Paris,
25:43il y a un flottement au niveau des normes.
25:45Il y a un flottement au niveau des normes.
25:47Il y a un flottement au niveau des normes sexuelles,
25:49il y a un flottement au niveau des interdits
25:51et l'idéologie dominante de notre époque,
25:54c'est l'idéologie du consentement.
25:56Tout est possible du moment que l'on consent.
25:59Or, ce n'est pas possible.
26:00Aucune civilisation n'est fondée sur un tel minimum.
26:03Pour qu'une civilisation existe,
26:04il faut qu'il y ait des normes,
26:05il faut qu'il y ait des interdits,
26:06il faut qu'il y ait des principes
26:08qui ne sont pas négociables.
26:09– Race, sexe, identité, la France en procès.
26:13Merci à vous monsieur et merci de nous avoir suivis.
26:16– Merci.

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