Émeutes au Royaume-Uni : «Il y a eu des actes racistes contre des mosquées et des minorités», souligne Menna Rawlings

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Chaque matin de l'été, à 8h15, Anthony Favalli reçoit une personnalité au centre de l'actualité. Ce mardi, Menna Rawlings, ambassadrice du Royaume-Uni en France.

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00:00C'est ça.
00:04Bonjour, Ména Rawlings.
00:05Bonjour, Anthony.
00:06Vous êtes ambassadrice du Royaume-Uni en France.
00:08Merci d'être avec nous ce matin, d'avoir accepté notre invitation.
00:11C'est un plaisir.
00:12Nous allons bien sûr parler des émeutes qui ont secoué votre pays pendant une semaine.
00:15Des émeutes suivies de contre-manifestations, de militants antiracistes.
00:19Et je voudrais entendre votre analyse sur ce qui s'est passé.
00:22Tout d'abord, ces émeutiers, qui étaient-ils ?
00:25Est-ce qu'il n'y avait parmi eux que des casseurs racistes,
00:27comme c'est souvent présenté, ou leur profil est plus divers, plus nuancé ?
00:32Oui, d'accord. Merci beaucoup pour cette question.
00:35Donc, en fait, peut-être, je voudrais dire premièrement que c'était très triste
00:39qu'avant les émeutes, il y ait eu la mort de trois petites filles.
00:45Bien sûr.
00:46Donc, c'est aussi une question qui est très difficile pour mon pays.
00:51Et je suis reconnaissante que le Président, M. Macron,
00:54a téléphoné à notre Premier ministre pour s'exprimer sur cette question,
00:59pour partager les condoléances du peuple français pour cet événement tout à fait horrible.
01:05Et vous avez raison. Après ça, nous avons vu des émeutes autour du pays.
01:10L'ampleur était inquiétante.
01:14Mais en même temps, c'est très important de se souvenir que le nombre était assez petit.
01:20C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de grandes manifestations.
01:24C'était des petits groupes de personnes qui ont décidé de faire des émeutes.
01:30On fait avec tous les profils de ces personnes.
01:37Mais la chose la plus importante, c'est qu'il y a eu des actes qui étaient racistes
01:42contre les mosquées, contre les minorités,
01:46et les actions aussi contre la police, qui étaient complètement inacceptables.
01:52Et c'était la raison pour laquelle nous avons vu une réaction très, très forte
01:57de la part de notre police et de notre système judiciaire.
02:00Alors, on va reprendre les choses dans l'ordre.
02:02Effectivement, vous l'avez dit, le point de départ de ces émeutes, c'est cette histoire atroce.
02:06L'attaque au couteau perpétrée par un jeune homme de 17 ans.
02:10Il a tué trois fillettes.
02:12Et à cela s'ajoutent derrière des spéculations sur ses origines,
02:16sa religion, sur les réseaux sociaux.
02:19L'emballement commence. La machine est à ce moment-là inarrêtable.
02:22À ce moment-là, qui tire les ficelles selon vous ?
02:24Qui, derrière, ajoute de la colère à la colère selon vous ?
02:27Oui, d'accord.
02:29Donc, premièrement, c'était clair qu'il y a eu une colère après cet incident,
02:35cet événement horrible.
02:37Mais il y a aussi...
02:39On peut voir qu'il y a eu aussi des éléments de discours de haine,
02:44spécialement sur les réseaux sociaux.
02:48Donc, en fait, il y a une théorie du grand plan qui n'était pas correcte
02:53immédiatement après cette attaque.
02:55Et pour moi, ça a créé une situation où il y a beaucoup de colère
03:01de personnes qui ont décidé d'être dans les rues pour protester,
03:05pour manifester en faveur des petites filles,
03:10mais avec ces éléments aussi qui étaient plus violents.
03:13Et ça, ce n'est pas acceptable.
03:15On a beaucoup parlé aussi du rôle d'Elon Musk,
03:18le milliardaire détenteur du réseau social X,
03:21qui a déclaré que la guerre civile était devenue inévitable,
03:24qui a aussi le pouvoir de bloquer ou débloquer des personnalités controversées
03:28sur son réseau social.
03:29Vous pensez qu'Elon Musk, il a une responsabilité dans tout ça,
03:33que le fait d'être suivi par 193 millions de personnes
03:37lui confère un pouvoir presque étatique ?
03:39Oui, donc pour moi, tout le monde a une responsabilité
03:42d'éviter les choses qui ne sont pas vraies, qui ne sont pas correctes.
03:47Bien sûr, il n'y a pas de guerre civile chez nous, chez Royaume-Uni.
03:51Comme j'ai dit, c'était des personnes, des groupes qui étaient assez petits
03:56en termes de nombre de personnes.
03:59C'est la première chose.
04:01Deuxièmement, pour moi, c'est très important de trouver un équilibre
04:05entre la liberté d'expression, qui est très, très importante dans mon pays.
04:10Nous avons une bonne tradition de la liberté d'expression, de discours.
04:16Mais en même temps, il faut qu'il y ait aussi une responsabilité
04:21de la part de tous pour être responsable, pour être modéré,
04:27afin d'éviter la provocation des choses qui sont difficiles à gérer.
04:31Malgré les violences, les provocations, les groupuscules extrémistes
04:37qui ont pu générer ces émeutes,
04:41est-ce qu'il n'y a pas des mots plus profonds dans le pays
04:43pour qu'il y ait une réaction aussi radicale après la mort de ces trois fillettes ?
04:48Est-ce que le pays n'était quelque part pas une sorte de cocotte minute
04:53avec un modèle multiculturel en crise ?
04:56Oui. Donc, premièrement, je voudrais expliquer que le soutien pour les émeutiers
05:03était très, très petit, parce qu'il y a eu un sondage
05:08et en fait, 93 personnes britanniques ont dit que ce n'était pas acceptable.
05:16Donc, il n'y a pas beaucoup de soutien pour les émeutiers, c'est la première chose.
05:21Mais deuxièmement, bien sûr, il y a des défis dans nos deux pays, dans nos sociétés,
05:26après la Covid, après les chocs économiques dans les années récentes.
05:33C'est clair qu'il y a des groupes qui sont peut-être déconnectés du centre de pouvoir,
05:40la ruralité en France, il y a peut-être les mêmes questions.
05:44Donc, nous avons un nouveau gouvernement chez nous au Royaume-Uni
05:47qui a dit qu'on doit aborder ces questions,
05:51on doit améliorer la situation pour toutes les personnes,
05:55toutes les communautés différentes autour du Royaume-Uni
05:59afin d'élever le niveau...
06:03Et la question migratoire, on a 51% des Britanniques qui estiment
06:07qu'il s'agit là d'un enjeu majeur pour votre pays,
06:10c'est le résultat d'un sondage YouGov, et puis, aux dernières législatives,
06:13il y a aussi une partie anti-immigration de Nigel Farage,
06:16qui a eu 14%, qui a obtenu cinq sièges,
06:18il est entré au Parlement à l'issue de ces élections.
06:21Est-ce qu'il n'y a pas là aussi un problème, ou en tout cas,
06:24une question sur les flux migratoires qui sont encore insuffisamment contrôlés ?
06:29Oui, oui. Donc, pour moi, il y a deux éléments de cette question.
06:33Premièrement, l'immigration légale, où notre gouvernement a dit que oui,
06:38en ce moment, le niveau de cette immigration, c'est trop haut,
06:43et on doit essayer de diminuer le nombre de personnes
06:47qui arrivent au Royaume-Uni chaque année.
06:49Nous avons besoin d'immigration dans nos deux pays.
06:52C'est comme ça, je crois.
06:55Mais en même temps, il faut gérer le flux
06:57afin d'établir un flux qui est gérable jour par jour
07:03pour toutes les communautés britanniques.
07:06Mais deuxièmement, il y a aussi cette immigration clandestine,
07:10qui est un grand défi pour vous, pour la France,
07:13mais aussi pour le Royaume-Uni.
07:15Et nous avons un problème spécifique, comme vous le savez, dans la Manche.
07:19Par exemple, cette année, nous avons plus de 18 000 personnes
07:24qui ont traversé déjà la Manche cette année.
07:27Donc, nous avons décidé de coopérer très, très étroitement avec la France
07:31pour essayer de stopper le trafic de personnes
07:35et de briser les réseaux de passeurs qui sont responsables pour ce phénomène.
07:40Mais, pardon, très brièvement, je voudrais dire une autre chose.
07:44C'est que nous avons aussi au Royaume-Uni une tradition fière
07:47d'être très accueillants pour les migrants.
07:53Par exemple, si on regarde notre équipe dans Team GB,
07:58dans les JO, on peut voir les résultats d'une intégration et d'une immigration
08:04qui est aussi très, très positive pour mon pays.
08:07Je voudrais qu'on revienne sur la réponse policière et judiciaire à ces émeutes.
08:13Police et Justice ont d'ailleurs réagi avec une grande rapidité
08:16et aussi une grande sévérité.
08:18On a près de 500 personnes qui ont été arrêtées, 150 inculpées.
08:22La justice a commencé à délivrer des dizaines de condamnations.
08:25Contrairement à la France, au Royaume-Uni,
08:27l'importance du maintien de l'ordre ne fait pas de débat,
08:30finalement, entre les travaillistes et les conservateurs ?
08:32Pas vraiment.
08:33En fait, je crois qu'il y a beaucoup d'accords entre les deux parties sur cette question.
08:40Et en fait, vous avez vu exactement comme vous avez dit,
08:43une réponse très, très rapide et très, très forte.
08:46En fait, maintenant, je crois que c'est 700 personnes qui ont été arrêtées
08:52et 300 qui ont été inculpées déjà.
08:55Et je crois que cette réponse très, très forte de la police,
08:59de notre système judiciaire, a aidé beaucoup la situation
09:03afin de gérer la situation et d'établir plus de crèmes
09:10dans les rues de Londres et d'autres villes du Royaume-Uni.
09:14Autre mesure utilisée par le gouvernement britannique,
09:17c'est ce qu'on appelle le name and shame.
09:19On connaît assez peu ça en France, je dois vous le dire.
09:22Ça veut dire nommer et faire honte aux fauteurs de troubles.
09:25Cela consiste à rendre publiques les photos,
09:27les identités des personnes recherchées,
09:29et ce, avant leur jugement, avant même leur jugement.
09:31D'ailleurs, les médias ne se privent pas pour faire circuler
09:34les photos de ces personnes dans une de leurs médias.
09:36C'est quelque chose qui est donc, je le disais,
09:38quasiment impossible dans notre pays en vertu de la présomption d'innocence.
09:41Est-ce que cette méthode est efficace ?
09:43Est-ce qu'elle a fait ses preuves aussi par le passé ?
09:45Oui, c'est une question très intéressante
09:47parce que, bien sûr, il y a des différences
09:49entre nos deux systèmes judiciaires,
09:51donc c'est possible chez nous,
09:52mais comme vous avez dit, c'est plus difficile ici en France.
09:55Pour moi, ça a été très efficace.
09:58Et bien sûr, on peut publier des photos
10:01s'il y a des belles raisons pour penser que
10:04les personnes ont été impliquées dans les meutes.
10:08Mais la réponse est très importante parce que
10:11puis vous avez une communauté, une famille
10:14autour de cette personne ou ces personnes
10:17qui, du coup, peuvent mettre la pression
10:23sur la famille, sur la jeunesse, d'éviter les actions
10:26comme ceux des personnes qui sont « named and shamed ».
10:30Donc pour moi, c'est efficace.
10:32Je me souviens des « wanted » affiches aux États-Unis
10:36il y a plusieurs années.
10:41Et pour moi, c'était aussi efficace.
10:42Donc pour moi, c'était une bonne méthode
10:46pour stopper la violence, en fait.
10:49Est-ce que vous, qui connaissez bien la France,
10:51vous avez le sentiment qu'une crise
10:53telle que vous avez traversée au Royaume-Uni
10:57peut se produire ici aussi, à votre avis ?
11:01Donc je suis arrivée en France il y a trois ans maintenant.
11:04Donc bien sûr, j'ai vu les grandes manifestations
11:07avec des éléments de violence.
11:11Donc bien sûr, c'est possible dans tous nos pays
11:14avec les défis, la pression sur la population
11:17après la COVID et d'autres défis, comme j'ai dit.
11:21Mais pour moi, peut-être en ce moment, après les JO,
11:25on doit réfléchir aussi sur la possibilité
11:28d'unité dans nos deux pays.
11:31Pour moi, le sport, c'est quelque chose qui peut
11:34réunir le pays et c'était une raison
11:36pour laquelle j'étais ravie.
11:38Justement, on va en reparler, des choses que j'ai dit,
11:40vous aimez beaucoup le sport, je l'ai bien oublié.
11:43On va voir votre regard britannique sur ces JO 2024.
11:47Les Français, vous nous connaissez, sont très râleurs,
11:50parfois, peuvent être pessimistes aussi de nature.
11:54Et on a finalement presque tous basculé.
11:56Les jeux sont arrivés, ils ont séduit les plus ronchons.
11:59Et vous, Mena Rawlings, vous avez assisté à beaucoup d'épreuves.
12:02Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
12:03Vous avez senti cet engouement incroyable dans le pays ?
12:07Oui, absolument.
12:10Et en fait, peut-être que c'est vrai que les Français
12:13sont plus pessimistes, je ne sais pas.
12:15Mais c'était en fait exactement le même à Londres en 2012.
12:19Avant les JO, il y a eu beaucoup de pessimisme,
12:22beaucoup d'inquiétude pour la circulation, la sécurité.
12:26Et en fait, c'était aussi un bon succès pour notre pays.
12:29Donc, je suis ravie que ce soit une bonne réussite pour la France.
12:33Félicitations aux Français à Paris,
12:37parce que c'était vraiment excellent.
12:38C'était un temps de joie pour moi.
12:40J'ose la comparaison, permettez-moi.
12:43Mais est-ce que c'était mieux ou moins bien
12:45que les JO de Londres en 2012 ?
12:47Je suis diplomate, donc je ne peux pas le dire.
12:50Pour moi, les deux étaient vraiment excellents.
12:53Et en fait, les deux étaient différentes aussi.
12:56Les deux étaient authentiques, c'est-à-dire Londres était Londres
13:00et Paris était Paris.
13:01Et les deux étaient superbes.
13:03Alors, vous connaissez bien Paris.
13:05On n'a jamais vu une capitale aussi sûre, aussi propre,
13:08avec des transports aussi efficaces.
13:10Là aussi, vous l'avez relevé.
13:11On parlait tout à l'heure de la police britannique
13:13qui était plutôt efficace.
13:14Mais j'ai envie de dire que la police française,
13:15finalement, n'est pas en reste.
13:17Oui, c'est vrai.
13:18Pour moi, l'effort sécuritaire était extraordinaire.
13:22Et nous avons vu une très belle coopération
13:25entre la police britannique.
13:27En fait, nous avons déployé plus ou moins
13:30250 policiers britanniques dans les rues de Paris,
13:35avec aussi 50 chiens
13:39pour Snifferdogs, on dit en anglais.
13:42Oui, des cinéphiles, je pense.
13:44C'est ça, exactement.
13:45Donc, oui, je suis fière que nous ayons
13:49une partie de ce succès pour la France.
13:52Alors, je vais bien sûr jouer avec la rivalité séculaire
13:55entre la France et la Grande-Bretagne.
13:56Elle est aussi sportive, cette rivalité.
13:59On est arrivé devant vous pour ces Jeux olympiques
14:01en cinquième position.
14:02Je sais. Félicitations.
14:04C'est assez rare pour le souligner.
14:05C'est pour ça que je me permets de vous faire sur ce plateau.
14:08Ça ne s'est pas joué à grand chose.
14:09Vous êtes fière toutefois de vos athlètes ?
14:11Oui, bien sûr.
14:12Donc, en fait, nous avons gagné 65 médailles.
14:15En fait, c'est une médaille plus que la France,
14:19même si...
14:20On a eu plus de médailles d'or.
14:21Plus de médailles d'or, c'est ça.
14:23Donc, peut-être que c'est gagnant, gagnant.
14:25Non, je suis super fière de notre équipe Team GB.
14:29Nous avons fait une très bonne performance.
14:33Et comme j'ai dit aussi, pour moi,
14:35c'est une bonne représentation de mon pays.
14:38Donc, j'étais fière, bien sûr.
14:40Merci infiniment, Mena Rawlings.
14:41Vous êtes ambassadrice du Royaume-Uni en France.
14:44Merci d'avoir accepté notre invitation sur CNews Europe.

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