Punchline - Un ado de 12 ans présenté à un juge pour apologie et provocation du terrorisme
Aujourd'hui dans "Punchline", Élodie Huchard et ses invités débattent du jugement d'un adolescent de 12 ans pour apologie et provocation du terrorisme.
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00:00Punchline, 18h-19h, Elodie Huchard sur CNews et Europe 1.
00:08De retour pour la dernière partie de Punchline sur CNews et sur Europe 1. Je suis toujours
00:15accompagnée de Vincent Roy, Jean-Christophe Couville, Régis Le Saunier, Jacques Morel et
00:19Sandra Buisson du service Police-Justice nous a rejoint. Bonjour Sandra. Je le disais avant la
00:23pause, c'est un jeune garçon de 12 ans, originaire de Sochaux, qui comparaissait
00:27aujourd'hui devant le tribunal pour enfants de Montbéliard. Sandra, est-ce que tu peux nous
00:31expliquer ce qu'on lui reprochait et ce qu'on sait maintenant un peu plus de l'affaire,
00:34s'il vous plaît ? Alors, il a reconnu les faits qui lui étaient reprochés, ce jeune garçon de 12
00:39ans. Il a expliqué qu'il a commencé à regarder des contenus djihadistes à la fin 2023 et ça a
00:46été en s'accentuant en 2024, des contenus extrêmement violents, des vidéos de massacres,
00:52de tueries. Le procureur a rappelé à l'audience cette quantité de vidéos qu'il a qualifiées
00:58d'abjectes, plus de 1700 vidéos et systématiquement des références à la propagande salafo-djihadiste.
01:06Il allait même jusqu'à demander à ses contacts sur les réseaux sociaux de lui envoyer du contenu
01:11de ce type. On sait qu'il était tellement perméable à cela qu'il s'était donné des
01:16images de profils ou des pseudos, par exemple en référence à un homme qui a perpétré un
01:21attentat aux Etats-Unis où il avait sur un réseau social le profil noir du cavalier noir,
01:26en référence effectivement au salafo-djihadisme. Alors, il a été déclaré coupable par le juge
01:33des enfants parce qu'il a estimé, ce juge, qu'il était capable de discernement. Vous savez qu'en
01:40dessous de 13 ans, il y a une présomption de non-discernement, conformément aux réquisitions
01:45du procureur. Donc, il a estimé qu'il était capable de comprendre la gravité de ses actes.
01:50Ils se sont appuyés, ces magistrats, sur les conclusions du psychiatre. Le médecin a noté
01:54une altération du discernement de ce jeune garçon, mais pas une abolition. Donc, il avait
01:59une conscience assez nette du caractère répréhensible des faits, a dit le spécialiste.
02:05Le médecin qui a aussi souligné qu'il était très vulnérable psychologiquement et que c'était un
02:09terreau pour radicaliser les plus jeunes. Il a des troubles du développement avec retard du langage
02:14depuis l'enfance. Il a eu une difficulté d'adaptation au collège et puis un vécu très
02:19négatif de solitude et d'hostilité en relation avec ces troubles qu'il a depuis sa jeunesse.
02:25Et maintenant, Sandra, quelle suite alors pour ce jeune garçon qui a 12 ans, on le rappelle ?
02:30Alors, le procureur a noté à l'audience qu'il avait commencé à évoluer, puisqu'il est placé
02:35depuis son interpellation fin juin. Donc, il est placé dans une structure de la protection
02:41judiciaire de la jeunesse. Le procureur a noté qu'il avait évolué par rapport aux faits,
02:45qu'il était moins détaché, qu'il avait fait un travail sur la gravité des contenus. Il a expliqué
02:50aujourd'hui dans une conférence de presse, le procureur, que ce jeune garçon avec des
02:54mots d'enfant a reconnu que c'était mal, que ce n'était pas ce qu'il souhaitait. Il a expliqué
02:58qu'il s'est d'abord interrogé sur l'islam, qu'il a fait des recherches, qu'il est tombé sur des
03:01contenus, qu'ils l'ont poussé à aller dans des groupes de discussion sur des messageries cryptées.
03:05Là, on a parlé radicalisation et puis il n'a pas perçu tout de suite le caractère répréhensible.
03:09Il a dit, et je cite le terme employé, qu'il s'était senti embrigadé par des internautes
03:13qu'il ne connaissait pas et que, de fil en aiguille, il était arrivé sur ses visionnages
03:17de tuerie de masse. Alors, il y a un gros travail là qui va être fait sur son sentiment de solitude,
03:23d'hostilité. D'ailleurs, il est placé jusqu'à l'audience où sera fixée sa sanction éducative
03:28dans sept mois. Il est placé toujours dans cette structure de la PJJ et d'ici sept mois donc,
03:34le juge décidera de la sanction éducative à lui attribuer. Alors, il n'encourt pas de peine de
03:42prison puisqu'il a moins de 13 ans. Parmi les mesures éducatives, il peut y avoir des modules
03:46d'insertion, de réparation, des interdictions d'entrer en contact avec certaines personnes
03:50et ça peut aller jusqu'au placement, le placement qui est en place provisoirement.
03:54Merci beaucoup, Sandra Buisson, Jean-Christophe Crouvy. On parle malheureusement souvent du
03:58danger des réseaux sociaux. On a malheureusement là un exemple parfait. Effectivement, Sandra le
04:03disait avec des mots d'enfant quand il explique ce qui s'est passé parce qu'il a 12 ans, mais il
04:07tombe sur un certain nombre de comptes et on sait aussi comment c'est fait avec l'algorithme. Plus
04:11vous regardez ce genre de comptes, plus vous n'avez rapidement que ça et un embrigadement qui
04:14est facile dans un esprit qui n'est pas entièrement formé. Il n'a que 12 ans où l'esprit critique n'est
04:18pas encore extrêmement développé et qui, malheureusement, on voit déjà où il en est, il n'a
04:23que 12 ans. Oui, en fait, c'est la stratégie de la toile d'araignée, c'est-à-dire qu'il y a un
04:28engrenage. Systématiquement, ces personnes-là ont une faille, déjà une faille narcissique ou alors
04:37une faille affective. Et on voit bien que là, par exemple, c'est un enfant particulier qui est
04:42isolé, qui est seul, qui n'est pas vraiment comme les autres. Et donc, du coup, on arrive à le
04:46détourner, on arrive à lui dire mais non, au contraire, toi, t'as de l'importance. Quelque part,
04:49t'es l'élu et maintenant, on va t'expliquer tout ce que tu vas voir. Et on n'a pas le problème des
04:54réseaux sociaux, c'est que ces gamins, en fait, on vous picore le cerveau, c'est-à-dire qu'ils n'ont
05:00pas le temps de prendre la hauteur nécessaire. Ils n'ont pas cette maturité pour dire voilà ce
05:04qu'on montre là. C'est peut-être des bêtises, c'est peut-être des failles qui prennent tout
05:07pour la réalité. Et en fait, le réseau social vous met dans votre bulle. Vous êtes dans votre
05:10chambre avec votre téléphone portable, etc. Vous êtes dans cette bulle. Vous êtes en confiance. Vous
05:14êtes tout seul, isolé. Et là, on peut vous matraquer le cerveau. Et quand vous avez justement
05:18cette aptitude à prendre du recul sur les choses, à peser, à les chercher par vous-même, à réfléchir
05:25et à démontrer que ce qu'on vous montre, c'est faux, vous pouvez vous en sortir. Mais à chaque
05:29fois, ce sont des cibles parfaites. Et c'est cet embrigadement qui fait qu'à un moment donné,
05:33vous n'avez pas cette faculté. Ces gamins, moi, c'est 12 ans. Mais 12 ans, comment ? Alors après,
05:38on va blâmer les parents. On va dire comment ça se fait que les parents n'aient rien vu ? Comment
05:41ça se fait qu'eux ? Mais tous les gamins aujourd'hui, malheureusement, ou les trois quarts
05:45de 11-12 ans, je les vois, moi, avec des téléphones portables toute la journée se nourrir
05:49de TikTok et autre chose. Mais on le dit aux parents, nous, en tant que policiers, au secours,
05:54au secours, arrêtez ces téléphones portables et arrêtez de regarder ce que vos gamins consomment,
06:01regardent et visionnent. C'est important. Et surveillez. Je voudrais que l'on rejoigne tout de
06:05suite Alexandra Orilizin, vous êtes avocate pénaliste. Merci beaucoup d'être avec nous.
06:12C'est vrai qu'on s'interroge là sur le rôle des réseaux sociaux parce qu'on se dit comment est-ce
06:16possible qu'un enfant de 12 ans soit déjà à plus de 1700 vidéos consultées, qu'il demandait à ses
06:21contacts de lui envoyer du contenu. Donc on voit à quel point cette idéologie, via le biais des
06:26réseaux sociaux, finalement, a pris beaucoup de place dans sa vie et à quel point, finalement,
06:30il se retrouve aujourd'hui dans une situation déjà très compliquée pour un petit garçon,
06:33finalement, j'allais dire, qu'il est aujourd'hui. Oui, et malheureusement, c'est un phénomène qui
06:38prend beaucoup d'ampleur et il y a beaucoup, beaucoup de mineurs qui peuvent consulter
06:44librement du contenu qui est pourtant non approprié à des jeunes enfants, qui sont des
06:52personnes qui ne sont pas encore construites et sur qui, justement, cette propagande soit
07:00djihadiste ou, en tout cas, terroriste, peut avoir une influence très, très néfaste.
07:06Et effectivement, maintenant, on voit que l'enjeu pour ce jeune homme de 12 ans,
07:11c'est aussi les mesures éducatives parce qu'on se dit à 12 ans, c'est encore très jeune. Certes,
07:15il est allé loin dans cette idéologie, mais maintenant, le but, c'est de faire en sorte
07:19qu'il soit pris en charge, j'imagine, par des services compétents pour pouvoir justement le
07:24remettre entre guillemets dans le droit chemin, si j'ose dire. Oui, et heureusement, la justice des
07:29mineurs, son objectif essentiel, au-delà de la répression, elle a un objectif éducatif. Et
07:36heureusement qu'un jeune de 12 ans, on va pouvoir le prendre en charge, on va pouvoir l'encadrer.
07:43Et effectivement, je pense que ce jeune a des failles, indiscutablement, qu'elles soient
07:49psychologiques ou éducatives, auxquelles on va devoir pallier. L'État va devoir endosser un rôle
07:58qui, normalement, aurait dû être celui des parents pour empêcher ce jeune de continuer
08:05sa dérive terroriste. Merci beaucoup, en tout cas, d'avoir été avec nous, Maître Alexandra
08:11Aurelizine. Effectivement, Vincent Roy, ce qu'on voit maintenant, la complexité, c'est de se dire,
08:16puisqu'on se rend compte de ce problème, alors qu'il n'a que 12 ans, eh bien, l'idée, évidemment,
08:20c'est que l'État puisse mettre en place les choses suffisantes pour que ce jeune homme change
08:24d'idéologie, soit pris en place, et qu'il y ait la pédagogie, peut-être, qui a manqué jusque-là,
08:28pour qu'il s'éloigne un petit peu de cette idéologie. Non, mais écoutez, moi, je suis très
08:32surpris, j'ai écouté avec beaucoup d'attention ce que disait Sandra Buisson, le mot parent n'a
08:37jamais été prononcé. C'est-à-dire qu'on a l'impression que cet enfant, d'abord, qui a un
08:40certain nombre de difficultés, comme ça a été dit, il a des retards de langage. Ces retards de
08:45langage ont-ils été signalés déjà... Enfin, retards de langage, retards par conséquent de
08:49croissance, ont-ils été signalés par l'école ? Les parents sont-ils intervenus dans ce cadre-là,
08:56parce qu'on n'en sait rien ? C'est parce que, sans doute, on peut imaginer que, de surcroît,
09:02comme il a ses retards, etc., il est d'autant plus perméable à un certain nombre de saloperies qui
09:08courent sur Internet. On a l'impression que ce gamin, moi, j'ai écouté tout ce qui vient d'être
09:11dit, on a l'impression que ce gamin, il est tout seul. Il a 12 ans, il est seul.
09:16C'est vrai qu'il était extrêmement renfermé, c'est un garçon qui n'a jamais fait parler de lui,
09:22et ses parents ont été vraiment très surpris de découvrir sa radicalisation. Ils n'avaient pas vu
09:31qu'il consultait ça. On a appris aussi qu'il avait un usage un peu exclusif de son matériel
09:37informatique. Sa mère a dit « Oui, mais quand je m'approchais, je lui demandais de me montrer,
09:40il me montrait un truc tout à fait pédagogique qui n'avait rien à voir. » Il y avait le côté un
09:44peu malin de cacher ce qu'il consultait, visiblement. Ils ont dit qu'ils n'ont pas vu qu'il avait
09:48basculé. En même temps, il était très taiseux, il parlait peu, il était dans son coin. Au collège,
09:53visiblement, c'était la même chose. Et puis il y a ce vécu, ce qu'a dit le psychiatre,
09:57il était très seul et il l'a très mal vécu. Donc, effectivement, il est parti tout seul dans
10:01un univers numérique de propagande djihadiste. C'est très étonnant parce qu'on dit que cet
10:08enfant souffre de solitude. Et je vous avoue, ce n'est pas pour vous ennuyer, mais je ne comprends
10:14pas. Cet enfant avait des parents, il souffre de solitude. Solitude peut-être par rapport au fait
10:20de ne pas s'intégrer dans un groupe d'amis ou ce genre de choses, ou dans son établissement
10:24scolaire. Peut-être, mais les parents ou l'école avaient-ils compris cette souffrance ? J'ai vraiment
10:31l'impression d'un gamin seul, mais dans tous les sens du terme, au sens le plus large qu'il soit.
10:35C'est-à-dire qu'il souffre d'une solitude sans doute cruelle. Le tout ajouté à des problèmes
10:46de retard de croissance, des problèmes de langage, donc des difficultés de communication, ça fait
10:51beaucoup pour un môme de 12 ans, qui n'a pas été, par conséquent, détecté. Écoutez, il y a quand
10:57même l'école. L'école, on détecte quand même des gens. On détecte des gens en difficulté,
11:01on détecte des tas de choses. Il y a quelque chose qui s'est passé, il n'a pas été observé
11:07d'assez près. Je veux bien que les réseaux sociaux soient une lèpre, et là-dessus, il n'y a aucun
11:12problème. Mais enfin, tout de même, là, on est dans un cas très particulier. Détecté, on dit
11:17l'Éducation nationale détecte. OK, mais derrière, qu'est-ce qu'il y a ? Est-ce qu'on a les moyens
11:20effectivement d'arriver dans une famille ? C'est compliqué. En fait, ces gamins-là, c'est des
11:25cibles parfaites. Quand vous avez une défaillance... L'État n'est pas dans l'intimité de toutes les
11:30familles, par définition. Je ne juge encore une fois pas du tout la famille. Moi non plus, je ne
11:34juge pas. Je défie toutes les catégories sociales de savoir ce que vos enfants regardent sur leur
11:39téléphone portable dans leur chambre. C'est impossible de le savoir, sauf si vous faites de
11:43l'intrusion. Quand ils sont dans le bus ou quand ils sont sans vous. Bien sûr, vous ne savez pas
11:47ce qui se passe. Vous avez l'impression de tout maîtriser, mais c'est faux. Mais le problème,
11:51en fait, ce qui retient ces gamins, là, on peut les sauver, c'est quand la famille joue son rôle
11:55protectrice. C'est-à-dire, dès lors que vous avez de l'amour, dès lors que vous avez de l'entourage,
11:59que vous parlez avec vos enfants... Dans ces cas-là, ils ne manquent pas de ça. Ils se mettent
12:03à l'abri des djihadistes et autre chose. Dès lors qu'il y a des failles par rapport à des failles
12:07éducatives de famille, etc., ils trouvent une autre famille parce qu'on leur donne un cadre,
12:12on leur donne un but, on les valorise, etc. Et ils ont besoin de ça. Et donc, du coup, voilà,
12:16c'est là-dessus qu'il faut travailler, il faut faire attention. Mais encore une fois, on dit
12:19souvent que le premier policier de proximité, c'est les parents. C'est aux parents, effectivement,
12:24de gérer et de regarder un peu ce que font leurs parents. Régis le semet ensuite à Sandra Busson
12:28et on va rejoindre un vice-procureur qui nous attend. Je dirais que malheureusement, les cas,
12:32oui, il y a des enfants qui ont des problèmes et qui vont combler ces problèmes en essayant
12:38de s'inventer un univers ou de trouver une forme de vie héroïque par substitution. C'est arrivé
12:45plein de fois. Il y a eu une partie aussi de ce qu'on appelle ceux qui commettent des meurtres
12:50de masse aux États-Unis dans leurs écoles. Certains ont des problèmes psychologiques. Puis à côté,
12:54vous avez des djihadistes ou des gens qui ont versé dans cette propagande, qui n'ont aucun
12:59problème. Oui, bien sûr, l'explication n'est pas aussi simple. Non, mais attention, ce n'est pas
13:02des déclassés. Ce ne sont pas nécessairement... Et cette propagande, elle existe. Souvenez-vous
13:07les assassins du père Hamel, par exemple, Adel Kermiche et Abdelmalik Petitjean. C'étaient
13:14deux individus qui... Certains avaient des problèmes, mais si vous voulez, ce n'étaient
13:18pas des cas sociaux, des gens qui vivaient reclus. Et ils ont utilisé d'ailleurs les messageries
13:23Telegram à l'époque pour se connecter, pour préparer leur acte, qui d'ailleurs avait des
13:28repérages, etc. Donc, il y avait une volonté consciente d'assassiner ce prêtre, de faire
13:34un acte de djihad qui émanait d'individus qui n'étaient pas psychologiquement défasés. Donc,
13:41attention aussi de tout excuser en disant, bah oui, il était solitaire. Non, mais là, il n'est
13:47pas question d'excuser cet enfant de 12 ans. L'idée, c'est d'expliquer comment il en est
13:51arrivé là. Enfin, ce qui explique le monde de la justice, c'est qu'effectivement, maintenant,
13:56il faut le sortir de là. Et comment, effectivement, il a pu se laisser enfermer dans ça. Il faut
14:02préciser qu'il n'a jamais eu de volonté d'un quelconque passage à l'acte. Il n'a pas cherché
14:06de moyens pour passer à l'acte. Heureusement, c'est une question qui s'est posée. Heureusement
14:12qu'il n'a pas eu cette idée. Et surtout, il faut expliquer que c'est la DGSI qui a détecté cette
14:24utilisation anormale d'Internet, le flux de consultations et qui a vu qu'il y avait un
14:28problème à cette adresse-là et qui a ensuite été voir ce qu'il en était. Parce qu'au début,
14:33les parents ont dû aussi rendre compte pour expliquer si ce n'était pas eux qui consultaient
14:37effectivement en masse. Je voudrais qu'on rejoigne tout de suite Aurélien Martini. Merci d'être avec
14:41nous sur CNews et sur Europe 1. Vous êtes vice-procureur et secrétaire général adjoint de
14:45l'USM. Effectivement, quand on entend cette affaire, on a du mal à comprendre comment un
14:50enfant si jeune de 12 ans a pu quand même en arriver là. Il y a effectivement, on entend
14:54après, toute cette mécanique de la solitude, de ce vide accomblé et du contenu des réseaux sociaux
14:59qui tombe peut-être par hasard un jour là-dessus et qui donc en fait finalement un petit peu son
15:03quotidien. Oui, c'est sûr que c'est ce que doit démontrer, doit mettre au jour l'enquête. Mais
15:10pour rebondir tout de suite sur ce qui a été dit sur votre plateau et notamment par Jean-Christophe
15:13Couilly, ce qui est absolument déterminant dans ce genre d'affaires, c'est le rôle des parents.
15:20C'est-à-dire que la justice est saisie, il y a une déclaration de culpabilité et puis il y aura
15:25une sanction éducative qui viendra un peu plus tard. Mais ce qu'il est important de rétablir,
15:31de reconstruire, c'est le lien avec les parents pour éviter que cette situation ne s'aggrave.
15:37Au fond, c'est ça que la justice tâche à faire, s'agissant de cas d'enfants très jeunes comme
15:41celui-là. Le but, c'est d'aller vers une re-socialisation, parce qu'apparemment avec
15:47les réseaux sociaux, avec des fréquentations peut-être mauvaises, on était sortis d'un
15:50cadre social habituel. Et le but, ça va être de remettre sur les rails d'un cadre social normal.
15:55Et donc dans ces cas-là, le but aussi de l'enquête et du travail de la justice,
16:00c'est de savoir si l'enfant finalement reste mieux, on imagine, dans son foyer ou si au contraire,
16:04on imagine que son foyer peut être défaillant, comme on dit maintenant, et qu'il vaut mieux dans
16:09ces cas-là l'éloigner. Il faut trouver en fait l'équilibre pour savoir ce qui est le mieux
16:11pour l'enfant et pour justement la suite pour lui. Oui, c'est la question qui se pose tout de suite,
16:18avec des mesures provisoires qui peuvent être l'éloignement du foyer familial. Ce sont des
16:21questions qui vont se poser ensuite à plus long terme, de savoir si la structure familiale est
16:26un support, peut-être un atout dans la voie de la re-socialisation de ce jeune garçon,
16:31ou au contraire, peut être quelque chose de néfaste et à ce moment-là, il faudra l'éloigner.
16:36Bien souvent, la vérité est un peu entre les deux, c'est-à-dire qu'il ne faut pas rompre le lien
16:41avec les parents et il faut arriver à le construire, parfois à distance, lorsque c'est
16:46nécessaire, parce que l'entourage peut être, comme vous l'avez dit, défaillant.
16:50Et on parle évidemment de mesures éducatives. Quand il s'agit d'une personne si jeune,
16:55quel est l'éventail des mesures ? Est-ce que justement vous avez moyen, en fonction de la
16:58gravité des actes, de l'âge, du caractère, de la personnalité de l'adolescent ou de l'enfant,
17:03un moyen de pouvoir graduer un petit peu votre réponse ?
17:06Oui, alors ce qui est certain, c'est qu'en dessous de 13 ans, il n'y a pas de peine qui puisse être
17:10prononcée, c'est la loi qui le dit. Et en deçà de 13 ans, nous avons des mesures éducatives avec
17:16des modules qui sont prévus par la loi, quatre types de modules, insertion, réparation, santé
17:22et placement. La vraie question qu'il faut se poser, ça a déjà été évoqué, c'est qu'est-ce
17:26qu'on met derrière ces termes ? Est-ce qu'on a les moyens vraiment de travailler ? Alors là,
17:30pour ce jeune homme, je pense que vu la situation, on va mettre effectivement les moyens pour travailler
17:35et pour essayer d'arriver à des résultats. La question qui se pose, c'est, devant la masse des
17:40mineurs qui sont confrontés à des situations difficiles, est-ce qu'on a les moyens, en matière
17:45de justice, en matière de protection judiciaire de la jeunesse, en matière d'aide sociale à la
17:48défense, de bien travailler ? C'est une vraie question qui est posée et la question est devant
17:52nous, parce que, vous l'avez dit aussi, la nouveauté quand même, maintenant, ce n'est pas
17:56une nouveauté très nouvelle, très neuve, c'est un peu ancien, mais c'est les réseaux sociaux. Les
18:01réseaux sociaux, effectivement, c'est assez souterrain, on ne voit pas toujours et on découvre
18:04parfois tard. Et donc, pour ça, il faut des structures qui puissent être capables de travailler,
18:08de travailler massivement, de prendre en charge beaucoup d'enfants et de faire du travail de
18:12qualité. Et ça, ça demande effectivement des moyens. Merci beaucoup Aurélien Martini,
18:15vice-procureur et secrétaire général adjoint de l'USM. Merci beaucoup d'avoir été avec nous
18:20sur Europe 1 et sur CNews. Jacques Morel, effectivement, on voit que là, ça va être le
18:24rôle, comme le disait tout à l'heure l'avocate pénaliste de l'État, de prendre en charge aussi
18:28cet enfant parce qu'on le dit, malheureusement aussi, quand il y a parfois défaillance des
18:32parents ou quand on estime que le parent n'est pas en mesure ou que ça n'est pas bon pour l'enfant
18:37de rester avec ses parents. Finalement, c'est l'État qui pallie la défaillance des parents.
18:41Tout à fait, mais néanmoins, je pense que l'enfant ne peut pas être tout seul devant la justice. Les
18:46parents doivent y être aussi parce que s'il voulait, il y a des défaillances. Même si ces
18:51gens-là sont de bonne foi, il y a des défaillances. Ils auraient dû signaler que cet enfant avait des
18:59difficultés. Il faudrait regarder combien d'heures par jour on le laissait consulter son ordinateur,
19:05son matériel informatique. Bon, après, dans l'analyse, il faudra voir aussi s'il y a d'autres
19:11enfants. S'il y a d'autres enfants et ils ne sont pas sur la même voie que celui-ci. Pour lui qui
19:18a 12 ans, il est en âge d'être scolarisé, peut-être avec un peu de retard. Il existe des collèges
19:26militaires. Ce ne sont pas des établissements d'exception. Il y a dans ces collèges des enfants,
19:32la majorité sont des enfants tout à fait normaux. Est-ce qu'il ne faudrait pas mettre cet enfant en
19:38immersion dans une structure un peu plus encadrée que les établissements traditionnels où là,
19:45il y a un internat, il y a des éducateurs et il y a d'autres activités à faire que de se foutre
19:52la tête dans l'ordinateur et aller consulter. Vous ne me direz pas que consulter plus de 1000 vidéos,
19:57il a fait ça sur un téléphone, il a un matériel informatique qui n'a pas été contrôlé. Et je
20:04pense qu'il faut vraiment l'en sortir, qu'il y ait une cassure. Un collège militaire me paraîtrait
20:08une bonne formule.