Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la hausse des violences antisémites et de l'inaction de certains responsables politiques.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline
Category
🗞
NewsTranscription
00:00On va rejoindre notre envoyée spéciale, Mathilde Libanès, qui se trouve à la Grande Motte.
00:05Vous le savez, il y a eu une tentative d'attentat, un attentat d'ailleurs, contre la synagogue.
00:10Il y a beaucoup d'émotions, ça a soulevé énormément d'émotions,
00:12parce qu'il y a déjà ce sentiment extrêmement présent de la communauté juive qu'elle n'est en sécurité nulle part.
00:17Et notamment dans les lieux de culte, qui sont évidemment des lieux sacrés entre tous.
00:22Il y a un individu qui a tenté de mettre le feu au bâtiment, qui avait aussi une hache, Mathilde Libanès.
00:28Il y a beaucoup d'émotions sur place, et il y aura un rassemblement tout à l'heure, c'est bien cela.
00:34Oui, exactement, Laurence, le rassemblement de soutien est prévu dans moins d'une heure,
00:39devant la synagogue, où l'émotion est très importante depuis samedi.
00:43Une émotion partagée entre la colère et la tristesse depuis l'attaque.
00:48Les soutiens affluent envers la communauté juive, présents sur place pour ce rassemblement.
00:53Le maire, le préfet, une partie des membres de la communauté juive,
00:57mais également des anonymes, des habitants de la Grande-Motte qui commencent à arriver ici.
01:02Ce rassemblement est sous haute sécurité.
01:06On a pu voir en tout cas les militaires de l'opération Sentinelle
01:09et des gendarmes déployés tout autour de la synagogue.
01:14Merci beaucoup Mathilde Libanès et Thibault Marcheteau.
01:16Michel Auboin, vous êtes un ancien préfet.
01:19Est-ce que vous faites un lien direct entre la situation politique et ce qui se passe ?
01:23Ce terrorisme d'atmosphère, ces attaques répétées contre nos compatriotes juives ?
01:28Est-ce que pour vous l'un est lié à l'autre ?
01:30Vous l'avez dit tout à l'heure fort bien.
01:32Je pense que c'est juste.
01:33C'est dire qu'on a effectivement un antisémitisme qui est quand même assez répandu.
01:39Je ne sais pas si vous avez vu l'enquête de la Fonds d'Apolle
01:44qui disait que 35% des 18-34 ans étaient considérés comme justifiés
01:52les attaques contre les juifs en France.
01:54Ça veut dire qu'on a un terreau qui est quand même extrêmement étendu.
01:57Je ne reviens pas dessus.
01:58Vous reconnaissez la sociologie, vous voyez d'où ça vient, etc.
02:01Mais ce qui est vrai, c'est qu'on a en plus une parole politique
02:04qui libère les instances meurtrières d'une certaine façon
02:07et qui est aussi responsable des événements qui se passent.
02:10Je ne veux pas dire que le criminel qui est à la Grande Motte
02:13avait entendu la veille à la radio, mais simplement...
02:18On voit qu'il était un bébé de discours très clair,
02:21puisqu'il porte un keffier, je le dis pour nos auditeurs,
02:23il était sain du drapeau palestinien.
02:24C'est complètement évident.
02:25Dans son imaginaire, et il n'est pas le seul à le penser,
02:29on a des dizaines de milliers de gens en France qui pensent la même chose
02:32et qui sont prêts à passer à l'acte aussi.
02:34Et le deuxième aspect, vous l'avez dit aussi très bien,
02:38c'est l'attaque d'un lieu de culte.
02:40Parce que rappelez-vous quand même aussi l'assassinat du père Hamel
02:43à Saint-Étienne-du-Rouvray.
02:44C'était la première fois qu'un crime se commettait dans une église
02:47qui, dans l'histoire de la France, n'était jamais arrivé,
02:50à part au Radio-Ursulan.
02:52Donc on a là des éléments très importants de notre civilisation
02:59qui sont en train de s'effondrer.
03:01C'est-à-dire les lieux de culte, les endroits...
03:03Nice avait été attaquée, la Basilique de Nice.
03:05Nice avait été attaquée.
03:06Tout ça est quand même gravissime.
03:08Et cette parole libérée...
03:13Et génératrice d'actes.
03:14Donc cette parole libérée, Rachel Gann,
03:16elle amène à des actes de terrorisme.
03:20Oui, mais tout commence par la parole, par cette banalisation.
03:24Et le problème, c'est que rien n'est fait.
03:27Ou les choses qui sont faites, en tout cas par rapport à ces paroles-là,
03:30de nos responsables politiques qui sont censés nous protéger,
03:33notamment au niveau européen,
03:35qui nous mettent des cibles dans le dos
03:37et qui restent impunies.
03:40Et le problème, c'est qu'ils jouent,
03:41et vous le disiez tout à l'heure, Louis de Ragnel,
03:43ils jouent avec le droit.
03:44Ils jouent avec l'état de droit.
03:46C'est-à-dire que les procédures sont forcément très longues.
03:49Là, on a une cinquantaine de députés
03:51qui vont agir au niveau du Parlement européen
03:55pour cette levée d'immunité de Rima Hassan.
03:58Elle a le temps de faire 46 vidéos de fake news,
04:02le temps que les choses soient mises en place.
04:04Si elles sont mises en place.
04:05Si elles sont mises en place.
04:06C'est pas du tout certain.
04:07Absolument.
04:08Mais ce qui est dramatique,
04:09c'est qu'on était la veille du 80e anniversaire
04:14de la libération de Paris.
04:16Et donc, on était dans ce symbole-là.
04:19Et là, on a une communauté juive qui a peur
04:23et qui est dans ce judaïsme clandestin terrorisé.
04:27Il est véritablement temps
04:29qu'on arrête les éléments de langage
04:32et qu'on passe à l'action.
04:33Juste, je passe la parole dans un instant.
04:34Joseph, on écoute un témoin
04:35qui était à l'intérieur de la synagogue
04:36au moment de l'attentat.
04:37Écoutez-le.
04:39Au début, on a vraiment appelé pour un départ de feu.
04:45Après, quand on a vu l'étendue des dégâts,
04:47et c'est surtout quand j'ai vu la devanture
04:48de la synagogue brûlée,
04:49que j'ai compris que là, c'était un symbole.
04:51Que c'était vraiment visé sur la synagogue
04:53parce que c'est un lieu de culte juif.
04:57Ça, c'est ce que j'avais compris.
04:58Après, le mot d'attentat
04:59et même le fait qu'on sache que c'était volontaire
05:03et que c'était quelqu'un qui avait fait ça,
05:04on l'a su qu'une fois qu'on a déposé notre plainte
05:07dans la gendarmerie.
05:08Voilà pour le témoignage.
05:09J'aimerais aussi qu'on écoute le témoignage d'un policier
05:11qui, lui, a été blessé.
05:13Ça, c'était un peu plus tard, 12 ou 13 heures après,
05:15au moment de l'interpellation du suspect.
05:17Écoutez ce qu'il a raconté.
05:20En fait, quand je passe devant la synagogue,
05:22je suis à l'extérieur.
05:23En longeant le mur, c'est là où il y a l'explosion.
05:25J'entends le bruit, mais c'est dans mon dos.
05:27Donc, ce que je vois, c'est au-dessus de ma tête
05:29passer des flammes, des fumées.
05:31Puis, j'entends un souffle.
05:33J'ai l'impression d'être dans un film.
05:35J'ai les pieds qui décollent du sol.
05:37J'ai été projeté. Pourtant, je ne suis pas léger.
05:39Donc, ça fait une drôle de sensation.
05:41Je ne réalise pas. Je me retrouve par terre.
05:43Je me dis que je tombe sur le ventre.
05:45J'ai des difficultés à respirer. Je sens que j'ai mal aux côtes.
05:47Je rampe au sol. Je me dis s'il y en a une deuxième.
05:49J'ai un collègue qui arrive rapidement.
05:51Il me soulève.
05:53Je sens qu'on me retire mon arme, mon gilet.
05:55Donc, je me laisse faire.
05:57Au final, je ne m'en tire qu'avec des lésions.
05:59J'ai eu chaud.
06:01J'ai vu les médias.
06:03J'ai vu que ce n'était pas qu'un incendie.
06:05Qu'il y avait une personne qui avait fait ça intentionnellement.
06:07Donc, ça, c'est des trucs auxquels on réfléchit après.
06:09Je pense que ça travaille.
06:11Ça travaille un peu l'air de rien.
06:13Même si on essaie de dire que non, ça trotte.
06:15– Voilà, pour le témoin d'un policier municipal,
06:17je suis une confrère d'Hertel.
06:19Pendant l'attentat de Michel Auboy,
06:21il y a un blessé.
06:23Il ne serait plus de grave.
06:25L'individu avait une hachette.
06:27Il aurait pu s'en prendre à des croyants.
06:29On a frôlé le drame.
06:31– Oui, on a frôlé le drame.
06:33Les mesures de protection des synagogues
06:35sont quand même assez importantes.
06:37Et elles fonctionnent.
06:39La preuve, c'est qu'on avait des policiers municipaux sur place.
06:41Donc l'intervention était rapide.
06:43Ça aurait pu être dramatique.
06:45C'est vrai.
06:47– On va écouter Fabien Roussel.
06:49C'est intéressant parce que Fabien Roussel a demandé
06:51à Jean-Luc Mélenchon d'éclaircir sa position.
06:53M. Mélenchon a fait un tweet pour condamner ce qui s'est passé,
06:55sans jamais dire le mot juif
06:57ni le mot antisémitisme.
06:59Écoutez ce que lui a demandé Fabien Roussel,
07:01qui est communiste français.
07:03– J'aimerais bien que Jean-Luc Mélenchon
07:05et d'autres de ses députés d'ailleurs,
07:07qui n'ont pas été clairs sur ce sujet,
07:09clarifient leur position et c'est à eux qu'il faut poser la question.
07:11Moi je réponds à Gérald Darmanin
07:13qui nous stigmatise
07:15et nous rend responsable.
07:17Je dis lui, lui qui est ministre depuis tant d'années.
07:19Qu'est-ce qu'il a fait ?
07:21Qu'est-ce qu'il a fait concrètement comme moyen,
07:23lui et son gouvernement, en matière de formation,
07:25d'éducation, de prévention ?