DB - 29-08-2024
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00:00Votre guide vous attendra au-delà de Tours.
00:03Il connaît parfaitement la région et vous permettra d'éviter les patrouilles.
00:07Vous suivrez donc scrupuleusement son avis.
00:10Quant à l'itinéraire, c'est un ordre. Compris ?
00:14Parfaitement, Messire.
00:16Par prudence, j'ai cependant fait établir de faux-sauffrondus les vaisseaux.
00:21Ces dames passeront pour des nobles Anglaises
00:24venant du pèlerinage de Saint-Martin-en-Provence.
00:27Ces dames passeront pour des nobles Anglaises
00:29venant du pèlerinage de Saint-Martin-de-Tours.
00:31Elles se rendent à celui de Cologne, qui, l'espère-t-elle,
00:35leur donnera plus de satisfaction.
00:37Aller de Tours à Cologne en passant par Liège,
00:40c'est pas le chemin le plus court.
00:42Quand on fait pénitence,
00:44les hommes plus âgés peuvent comprendre le chemin le plus long.
00:48Maintenant, vos identités.
00:50Vous, Bertrand, vous serez leur attendant
00:52et vous, Dorvarde, un officier de leur maison. Pas de question ?
00:54Une seule.
00:55Peut-on savoir qui sont les dames que nous escortons ?
00:57Pour aller à Liège, vous devez savoir où se trouve le nord.
01:00Reconnaître votre droite de votre gauche, rien de plus.
01:03Cependant...
01:04Moins vous en saurez, mieux cela vaudra.
01:06Bonne chance, messieurs.
01:08Et que Saint-Julien vous protège.
01:26Mon Dieu, Bertrand, c'était...
01:28Qui ça ?
01:29La Comtesse et l'Auberge. Isabelle.
01:31Si ça continue comme ça a commencé,
01:34nos épées resteront pas longtemps dans leur four.
01:36Qu'avez-vous, Isabelle ? Vous êtes toute pâle.
01:39C'est rien, ma tante. Un peu de fatigue, sans doute.
01:41C'est vrai. Vous n'avez pas beaucoup dormi.
01:46Ouvrez la porte, au nom du roi.
01:48Le mot du guet.
01:49Artois et Touraine.
01:50Passez.
01:51En avant !
01:55Allez !
02:13Les dés sont jetés, Sire.
02:15La politique de M. le Cardinal est en marche.
02:20L'important est qu'il le croit.
02:23Et le monde, avec lui ?
02:26Je ne comprends pas, Sire.
02:31La politique est à l'ensemble, Olivier.
02:35Si j'évite de prendre certains risques de front,
02:39je ne me résine pas à laisser passer une chance comme celle-là.
02:43Les Comtesses de Croix ne se rendront pas liées ?
02:45Si fait.
02:48Mais Guillaume de Lamarque sera prévenu.
02:50Et le convoi intercepté.
02:53Un enlèvement, un mariage forcé, qui puis-je ?
02:56Mes intentions étaient pures.
03:00Personne ne pourra rien me reprocher.
03:05Tout de même, ce sanglier des Ardennes est un brillant.
03:08Certes, mais il est beaucoup moins laid que le Campo Basso.
03:12Et puis, qui sait, l'amour le changera, peut-être.
03:14Cette petite Comtesse, elle est charmante.
03:17Plus j'y pense, plus je suis sûr
03:19que Guillaume sera pour nous le meilleur des Comtes de Croix.
03:24La mission est délicate.
03:27Pourquoi l'avoir confiée au moins expérimenté de vos gardes ?
03:30Comté du Roi ?
03:32Parce que c'est une âme tendre, un cœur pur et naïf,
03:36qui connaît trop peu les grands pour soupçonner mes intentions.
03:41Il tombera droit dans le piège.
03:44En êtes-vous certain, Sire ?
03:46J'ai fait et dit ce qu'il fallait pour cela hier soir.
04:46Ça va ?
04:48Ça va.
04:52Je me nomme Bertrand.
04:55Ah oui ?
04:58Et vous ?
04:59Appelez-moi Marion, si vous voulez.
05:04Donnez-moi les rênes, je tiendrai le cheval.
05:06Ça ne vous ennuie pas ?
05:08Au contraire.
05:10Ça nous permettra de bavarder.
05:12Il sera ravi. C'est un cheval qui adore la conversation.
05:17Je vous assure, je les reconnais.
05:19Ce jeune homme et son compagnon sont ceux qui nous ont sauvés à l'auberge.
05:22Quoi ? Lorsque nous avons failli être enlevés ?
05:24Oui, ma tante, j'en suis certaine.
05:26Qu'il en soit, ce sont des soudards. Ils ne se sont même pas présentés.
05:29Par discrétion, ma tante. C'est à nous de les en prier.
05:31Le comtesse de Croix, Isabelle, ne fraternise pas avec la troupe.
05:34Vous êtes sûre ?
05:35Je suis sûre.
05:36Vous êtes sûre ?
05:37Je suis sûre.
05:38Vous êtes sûre ?
05:39Je suis sûre.
05:40Vous êtes sûre ?
05:41Je suis sûre.
05:42Vous êtes sûre ?
05:43Je suis sûre.
05:44Le comtesse de Croix, Isabelle, ne fraternise pas avec la troupe.
05:46Vous oubliez, ma tante, qu'ils se sont battus pour nous
05:48et qu'aujourd'hui encore, nos vies sont entre leurs mains.
05:50C'est Dieu qui décide de tout, Isabelle.
05:52Dieu seul. Ne l'oubliez pas.
05:54Alors, faisons leur bonne figure, car c'est Dieu qui nous a fait rencontrer cette écolerie.
06:01Alors, Bertrand, as-tu parlé à la suivante ?
06:03Oui, monsieur, nous avons échangé quelques propos galants.
06:06Elle t'a parlé d'Isabelle ?
06:07Oh non, monsieur, Marion s'est montrée fort discrète.
06:11Elle est là, tout près de moi.
06:15Je l'aime depuis le premier jour et je ne sais pas comment lui dire.
06:17Oh, monsieur, faites comme moi, allez-y carrément, n'hésitez pas.
06:20C'est comme ça qu'on réussit auprès des femmes.
06:22Comme cela m'aurait été simple avec la jeune fille de l'auberge.
06:25Mais où est le problème, puisque c'est la même personne ?
06:27La même, sans doute.
06:30Le même sourire, la même grâce, le même regard limpide et clair.
06:35Alors ?
06:36Le mystère qui l'entoure nous sépare.
06:39Et l'intérêt que lui portant des hauts personnages ne peut que l'éloigner de moi.
06:42Le hasard a bien fait les choses.
06:44Il vous a singulièrement rapproché, c'est un signe.
06:47Un signe, peut-être.
06:50Mais comment l'interpréter ?
06:51Avec optimisme, monsieur.
06:53Montrez-vous telle que vous êtes, bon, jeune, brave.
06:56Et à la fin du voyage, je vous donne ma tête à couper
06:59que la jeune demoiselle n'aura plus qu'une seule chose en tête.
07:01Laquelle ?
07:02Mais l'amour.
07:03L'amour, toujours l'amour.
07:34Madame, le soleil est déjà haut dans le ciel et l'endroit est joli.
07:38Peut-être vous serait-il agréable de faire ici une courte asie ?
07:41Oui, volontiers, monsieur. Enfin, je veux dire, si ma tante le permet.
07:44Ah, certes, oui, je serais heureuse de me délancer.
07:47Mais avant tout, je dois vous interroger.
07:49Car depuis notre départ, je m'étonne.
07:51Je m'inquiète. Je me pose des questions.
07:54Vous pourrez être sûre de ma franchise, madame.
07:56Parlez, je vous écoute.
07:58Il est temps, monsieur, que nous sachions votre nom
08:02et votre qualité.
08:04Je m'appelle Quentin Diroirde, gentilhomme d'Ecosse.
08:07Tout à votre service.
08:09Vous me semblez bien jeune, monsieur, pour assurer notre défense.
08:14Madame, mon devoir est d'obéir aux ordres du roi.
08:17Il ne m'appartient pas de les discuter.
08:21Mais je suis prêt à donner ma vie pour vous défendre.
08:26Je vous mènerai à Liège ou je serai un homme mort.
08:29Fière réponse, monsieur.
08:31Nous sommes habitués aux belles paroles du roi Louis et de ses agents.
08:35Faites à l'oeuvre que nous vous jugerons.
08:37Veuillez excuser ma tante, monsieur.
08:39Elle a le propos vif, mais le cœur généreux.
08:42Elle saura vendre grâce à Liège.
08:44Mais sachez que déjà, vous avez toute ma confiance.
08:51Messieurs, deux cavaliers armés.
08:53Ils semblent venir de Plessis.
08:56Ce ne sont ni des gardes ni des prévots.
08:58Ce sont des chevaliers.
09:00S'ils ont de mauvais desseins,
09:02ils apprendront quel qu'il soit comment se battre un Ecossais.
09:04À cheval, Bertrand.
09:26La place, messieurs. Retirez-vous.
09:28Pas sans savoir qui vous êtes,
09:30ni sans connaître vos intentions.
09:32Nous venons vous relever d'un poste au-dessus de votre condition et de votre rang.
09:35Quel est le vôtre, monsieur, pour parler si haut?
09:38Que vous importe.
09:40Laissez ces dames à nos soins ou nous vous chargerons.
09:43Nous vous attendons, messieurs.
09:45Vous êtes braves, mais bien jeunes. Je voudrais vous épargner.
09:48Nous sommes ici au nom du roi.
09:50C'est donc moi qui vous demande de vous retirer.
09:52C'est un ordre.
09:54Un ordre? Le mot est maladroit, comtadier Ward.
09:57Tant pis pour vous.
10:03Je me demande bien qui sont ces deux gentils hommes.
11:22Je me demande bien qui sont ces deux gens.
11:53Isabelle! Isabelle!
11:56Eh bien, monsieur,
11:58vais-je enfin savoir à qui j'ai affaire?
12:00Je crois, monsieur, que vous avez gagné ce droit.
12:03Je suis le...
12:05Le duc d'Orléans.
12:12Je suis le duc d'Orléans.
12:14Je suis le duc d'Orléans.
12:16Je suis le duc d'Orléans.
12:18Je suis le duc d'Orléans.
12:20Je suis le duc d'Orléans.
12:31Aucun doute, monsieur le grand prévôt, c'est bien le duc d'Orléans.
12:35On était sûr.
12:37Dès que le duc a reçu notre message lui annonçant le départ d'Isabelle de Croix,
12:41il n'a pas résisté à l'attentation de la rejoindre.
12:44Votre idée est bonne, monsieur le grand prévôt.
12:46Pour l'instant, notre machination a parfaitement réussi.
12:48J'ai su trouver ton terrain, l'ami, mais on va se retrouver.
12:51J'ai joué ma peau, messire.
12:52Vous vous allez votre cuirasse, moi, je n'ai que ma chemise pour me défendre.
13:03Prenez mon épée, monsieur, je suis votre prisonnier.
13:06Votre parole me suffit, monseigneur.
13:10Mais, je cherche à comprendre.
13:13Vous, le futur gendre du roi,
13:17rebelle aux ordres de la couronne.
13:21Comment l'expliquer? Comment le justifier?
13:24Ne me cherchez pas d'excuses, monsieur.
13:29Vous ne sauriez les deviner.
13:31Et avant-hier, dans l'auberge,
13:35l'homme masqué avec qui j'ai croisé le fer, c'était vous, n'est-ce pas?
13:39Oui, monsieur, c'était moi.
13:41Par deux fois, je vous surprends à vouloir contraindre deux femmes sans défense.
13:46Par la violence et la force. Pourquoi persécuter ces malheureuses?
13:50Pardonnez-moi, monsieur, mais...
13:52si je passais pour un las,
13:55j'enterrais la raison.
13:56À moi, peut-être, mais pas au roi.
13:59C'est auprès de lui que vous vous expliquerez.
14:01Je vous en prie, monsieur. Je ne supporterais pas d'être la cause de ce malheur.
14:05Vous, madame?
14:07C'est dans le but de nous servir que le duc agit de la sorte, j'en suis sûre.
14:11Est-ce vrai, monseigneur?
14:12Oui, monsieur, je n'avais pas tellement confiance en la parole du roi.
14:15Que croyez-vous capable de traiterise?
14:17Monsieur, je vous connaissais à peine,
14:19mais maintenant je sais que vous êtes un brave et un gentil homme.
14:22Soyez sans crainte, monseigneur.
14:25Quoi qu'il arrive, je conduirai les comtesses chez l'évêque de Liège.
14:29Je vous en donne ma parole.
14:30Elle est plus que suffisante, monsieur.
14:33Je suis tout à fait rassuré.
14:34Maintenant, relevez-vous,
14:36appelez votre compagnie et rentrez au château.
14:39Chacun de nous doit oublier cet incident.
14:42Vous êtes le plus généreux des hommes, Quentin du Roird.
14:45Regardez les cavaliers, là-bas.
14:50En dépit de vos gracieuses manières, monsieur, on ne saura cacher la vérité au roi.
14:53Ne puge pas.
14:56Oui!
15:07Eh bien, mon neveu,
15:09on quitte son oncle sans un mot,
15:11on part sans un adieu.
15:13Que voulez-vous, mon oncle? Le devoir.
15:15Je sais, je sais, mais j'ai fait un tel tapage aux oreilles du capitaine
15:18qu'il a consenti à pousser la patrouille jusqu'ici.
15:21Je n'ai qu'un vœu, que diable.
15:23Je voulais t'embrasser.
15:26Au nom du roi, cessez le combat.
15:29Sire Chevalier, qui êtes-vous?
15:31Un fidèle ami, Cunningham.
15:33Du noir.
15:35Que fais-tu dans cette affaire?
15:37L'imbécile.
15:39Tiens, Cunningham, autant me rendre à toi qu'à ce drôle.
15:42Vous êtes injuste, messieurs.
15:44C'est vrai.
15:46Mes compliments, l'ami.
15:48Si je ne finis pas mes jours dans une cage de fer
15:51et que je commande encore une armée,
15:53viens t'engager chez moi, je te prendrai comme écuyer.
15:56Un instant, capitaine.
15:58Oui.
16:00Es-tu touché sérieusement?
16:02Non, pas mon cousin. La carcasse est solide.
16:04C'est mon espoir qui est mort.
16:06Cet amour était impossible.
16:08Il a toujours été une folie.
16:12Non, vous ici, monsieur le grand prévôt.
16:15Mais quelle surprise.
16:19Ce matin, deux hommes sont sortis du château
16:21avant la fin des couvre-feux.
16:23Mais comme ils ne connaissaient pas le mot de passe,
16:25ils ont assommé un soldat.
16:27Ils en ont jeté un second dans le fossé.
16:29Fâcheuse affaire.
16:31Je suis à la poursuite de ces deux hommes depuis l'aube.
16:34Mais je vois que la chance a voulu
16:36que vous les fassiez vous-mêmes prisonniers.
16:38Je les tiens, en effet.
16:40Je vais vous en décharger avec votre permission.
16:43Non, pourquoi vous donner ce mal?
16:46Je conduirai moi-même ces gentils hommes auprès du roi.
16:50En se jetant à ses pieds,
16:52ils obtiendront son pardon, je n'en doute pas.
16:54Vous raisonnez en militaire, capitaine.
16:56C'est-à-dire?
16:58Trop simplement.
17:00Laissez-moi ces hommes et ne vous mêlez pas de cette affaire.
17:03Ma foi, je ne dis pas non.
17:05A condition, bien sûr, d'être certain
17:07que mes prisonniers seront traités comme il convient.
17:11Flagrant délit, rébellion, attaque à main armée.
17:14Voici trois chefs d'accusation
17:16qui m'autorisent à les traiter comme des malfaiteurs.
17:18Et vous le feriez?
17:20L'armée a ses règlements, capitaine.
17:22Moi, je ne connais que la loi.
17:23Écoute-moi bien, Tristan.
17:25Je suis un soldat fidèle et je n'ai jamais boudé mon devoir.
17:28Mais jamais, jamais, je ne serai l'auxiliaire du bourreau.
17:33Si tu veux vraiment pendre du noix,
17:35si tu penses vraiment toucher un seul cheveu du duc d'Orléans,
17:39il faudra d'abord que tu nous tues tous, moi et mes hommes.
17:43Vous m'avez mal compris, capitaine.
17:47Je voulais seulement ramener ces personnes au château de Loche
17:50où le roi décidera de leur sort.
17:52J'aime mieux ce langage.
17:54Mais, pour plus de sûreté,
17:57nous vous escorterons jusqu'au château.
18:03Grand monsieur le grand prévôt, le coup est raté.
18:07Tu ne crois pas si bien dire.
18:09Si on avait réussi, on éliminait définitivement la branche d'Orléans.
18:12Qu'est-ce qu'on y gagnait? Une prime?
18:15Pour vous, oui. Mais pour moi, une chose rare et précieuse,
18:19la reconnaissance du roi.
18:20En avant!
18:41Vous êtes fort bien conduit, jeune homme.
18:43C'est presque dommage.
18:44Pourquoi cela, madame? M'auriez-vous préféré lâche?
18:47Lâche! Fidons le vilain mot!
18:49Ou mort, tuée sur place.
18:52Mon Dieu, mais vous êtes blessée?
18:54Non, je vous assure.
18:55Mais si ce sang sur votre front?
18:57Une simple égratignure.
18:59Il faut vous soigner.
19:00Excusez-moi, je ne supporte pas la vie du sang.
19:03Venez vous asseoir.
19:04Laissez, je vous en prie, madame.
19:06Mon compagnon va pouvoir s'en occuper.
19:09Je ne saurais oublier que ce sang a été versé pour moi.
19:13C'est donc à moi qu'il appartient de soigner cette blessure.
19:16Dans ce cas, madame, j'espère que les hasards de la route
19:19me vaudront de nombreux coups d'épée.
19:21Voulez-vous bien vous taire?
19:22Je ne suis qu'un pauvre gentilhomme d'Ecosse, madame.
19:25Quand j'ai appris qui vous étiez,
19:27j'ai pensé ne plus jamais revoir la jeune fille de l'auerge.
19:30Quelle idée! Vous voyez, je suis là.
19:32Ah, madame!
19:33Chut! Vous allez vous donner la fièvre.
19:35La fièvre, madame.
19:37La douce et tendre fièvre
19:41qui m'a pris lorsque je vous ai vu pour la première fois.
19:46Je peux vous assurer qu'elle ne me quittera plus jamais.
19:51Je n'ai ni boum ni ongo pour soigner ce genre de mal.
19:56Je n'ai que ce voile à vous donner.
20:00Qu'il fasse honneur à votre vaillance.
20:03Et que, plus tard, il vous aide à ne pas l'oublier.
20:11Eh bien, monsieur Galeotti,
20:13m'apportez-vous le résultat de vos travaux?
20:16Oui, seigneur.
20:20Eh bien, monsieur, parlez. Je n'ai ici de secret pour personne.
20:26La conjonction des astres est favorable à votre majesté.
20:29Ah?
20:30L'entrevue doit lui apporter tout ce qu'elle souhaite,
20:33à condition d'avoir lieu à une époque précise.
20:36Quand cela?
20:37Au plus tôt dans trois jours, sire.
20:40Au plus tard dans quinze.
20:42C'est bien. C'est très bien.
20:44Qu'en pensez-vous, monsieur le cardinal?
20:46Permettez à un homme d'église, sire,
20:48de ne pas avoir d'opinion sur l'astrologie.
20:50Pour ton imminence, le ciel est notre domaine commun.
20:54Ce ne sont pas les étoiles que j'y invoque, monsieur.
20:57La seule clarté qui, pour moi, brille au firmament
21:00est la lumière de Dieu.
21:02Alors, alors, alors, monsieur le cardinal, nous ne nous fâchons pas.
21:05Je suis aussi bon chrétien que vous,
21:07mais quand on marche à tâtons dans la nuit,
21:09deux lanternes valent mieux qu'une.
21:11Puis-je me retirer, sire?
21:13Vous le pouvez, mon bon ami. Préparez-vous au voyage.
21:16Je ne saurais me passer de vous.
21:24Je désapprouve votre décision, sire.
21:27En vous rendant chez le téméraire,
21:30vous choisissez de vous jeter dans la gueule du loup.
21:33Quand il vous tiendra entre ses griffes,
21:36il vous déchirera.
21:38Quelle triste fin pour un roi de France.
21:41Certes, Olivier, c'est le sort qui m'attendrait
21:43si le hasard de la guerre faisait de moi son prisonnier.
21:46Mais là, je serai l'hôte de bonne foi,
21:49le cousin raisonnable et pacifique,
21:52ayant pour toute arme que le drapeau blanc des parlementaires.
21:55C'est cela, mon piège,
21:58un piège contre lequel le duc de Bourgogne ne peut rien.
22:02Le duc de Bourgogne ne peut rien.
22:15Nous avons dépassé Tours, messire.
22:17C'est ici que nous devons retrouver notre guide.
22:19Comment le sais-tu?
22:21Il aurait pu vous arriver malheureux en route, messire.
22:23On m'a donné copie de vos instructions.
22:26Soit. Attendons.
22:32Tiens, il y a un homme là-bas.
22:34C'est sûrement le guide qui doit nous conduire jusqu'au piège.
22:36Qu'on casse donc un guide.
22:38Désormais, je n'ai plus confiance qu'en vous.
22:40À partir d'ici, les routes ne sont plus sûres, madame.
22:43Nous prendrons des chemins détournés pour éviter les patrouilles.
22:46Il nous faut donc quelqu'un qui connaisse le pays.
22:48Bizarre. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça du tout.
22:51Quoi donc?
22:53Cet homme, c'est un bohémien.
22:55Et alors? Qu'est-ce que vous avez contre les bohémiens?
22:58Un souvenir récent d'une corde de chambre autour de mon cou.
23:01Ces gens-là portent malheur.
23:03Tais-toi, Bertrand. Tu deviens stupide.
23:05On verra bien.
23:09Que nous veux-tu?
23:11Du bien.
23:12C'est très aimable à toi.
23:14Qui es-tu?
23:15Celui qu'on a chargé de vous mener vers Liège.
23:18Quelle preuve peux-tu nous en donner?
23:20Deux vers. Une très vieille chanson que vous connaissez bien.
23:23J'écoute.
23:25C'est l'Ecossais qui tua le sanglier,
23:28mais l'honneur en revint sa majesté.
23:30Pas un mot de plus.
23:32Montre-nous le chemin. Nous te suivons.
23:37Est-ce bien notre guide?
23:38Sans aucun doute.
23:40Il vient de me dire un mot de passe qui n'est connu que du roi de moi.
23:43Allons.
23:50Allez!
23:55Allez!
24:14C'est bien, Kunigam. Vous pouvez disposer.
24:26Voici, messieurs, ce que doit être l'obéissance.
24:29Le même ordre à chacun, la même exécution de tous.
24:33Il est vrai que Kunigam commande à des soldats venus d'Ecosse,
24:37tandis que moi, pour mon malheur, je règne sur des Français.
24:41Les prisonniers, sire, ont exprimé leur repentir
24:44et sa majesté m'a promis leur pardon.
24:47C'est vrai, monsieur le cardinal,
24:49mais qu'est-ce que vous faites?
24:52C'est vrai, monsieur le cardinal,
24:54mais que les prisonniers ne s'y trompent pas.
24:57Pardonner pour moi, c'est comme pendre.
25:00C'est un acte politique.
25:03Et pour vous, messieurs, accepter une grâce,
25:06c'est prendre position.
25:09J'ai décidé de m'obéir désormais.
25:12De m'obéir aveuglément.
25:15Désormais, sire?
25:18Mais notre obéissance a toujours été acquise à votre majesté.
25:21Vraiment? Eh bien, j'attends vos explications.
25:24Dans cette fâcheuse affaire, il est exact, sire,
25:27que nous avons agi sans ordre.
25:30Mais notre action a toujours été guidée par le souci du service, sire,
25:34et l'intérêt de votre majesté.
25:36Continuez, je vous écoute.
25:41Il est vrai, sire, que nous avons été poussés par le dépit.
25:45Mais la cause de nobles dames dans le malheur
25:48ne peut laisser un gentilhomme indifférent.
25:51Nous aurions trouvé légitime d'être désignés pour leur protection.
25:54J'avais moi-même choisi leur escorte.
25:57Mais nous l'ignorions, sire.
25:59Et nous ne savions rien de ce jeune quartin du roi.
26:02Alors, nous avons décidé de l'éprouver.
26:06Eh bien?
26:08Eh bien, sire, nous nous sommes vite rendus compte de notre erreur.
26:11Le choix de votre majesté ne pouvait être meilleur.
26:14Cet écossais est un brave, un franc, un valeureux jeune homme.
26:18Je suis fier d'avoir gagné son amitié.
26:21Aussi sommes-nous repartis chargés de chênes, mais le cœur soulagé.
26:26Voilà, sire.
26:28Notre seul crime est d'avoir fait du zèle
26:31dans le souci de mieux servir votre majesté.
26:45Vous avez su présenter votre cause, messieurs.
26:48Et j'accepte vos explications.
26:51Mieux encore, je comprends vos grièves.
26:54Et je reçois vos plaintes.
26:57Mais bientôt, je dois entreprendre un voyage à Péronne.
27:00À Péronne, sire?
27:02Parfaitement, à Péronne, chez mon cousin Charles, le duc de Bourgogne.
27:07Mon escorte sera réduite.
27:10Vous la commanderez tous les deux.
27:13À vos ordres, sire.
27:15Merci, messieurs. Vous pouvez vous retirer.
27:25Que pensez-vous, sire?
27:27En votre absence, laissez le trône sans tête
27:30et le pays sans personne pour vous remplacer.
27:32J'y pense bien, Olivier.
27:34De la sorte, je serai beaucoup plus sûr
27:36de retrouver la couronne telle que je l'ai laissée.
27:43Merci.
28:05Nous avons fait une bonne étape.
28:08Quand serons-nous à Liège?
28:10Dans deux jours.
28:13Où habites-tu?
28:15De partout et de nulle part.
28:17Où habites-tu?
28:19Ici et là.
28:21Tu n'as aucune demeure?
28:24Pour quoi faire?
28:26Pour conserver ce que tu possèdes.
28:29Mon cheval, mon poignard, ma bourse.
28:32Voilà ce que je possède.
28:34De quoi vis-tu?
28:36Je mange quand j'ai faim, je bois quand j'ai soif.
28:40Je n'ai d'autres maîtres que moi.
28:43Et comment appelles-tu cette façon de vivre?
28:48Être libre.
28:50Tu es un homme bizarre, Radin.
28:53Que peut-on attendre de toi?
28:55Le pire le plus souvent.
28:58Le meilleur, parfois.
29:00Peux-tu être fidèle?
29:02À quoi bon cette question peut-on se fier à la parole d'un bohémien?
29:06Souviens-toi de ceci, Radin.
29:09Si tu cherchais à me tromper, je n'hésiterais pas à te tuer.
29:13Je ne me crains pas la mort.
29:16Quel est donc le moyen de s'assurer de toi?
29:19L'argent?
29:22Non.
29:24C'est moi qui ai une dette envers toi.
29:27Tu m'étonnes. Nous nous connaissons à peine.
29:30Souviens-toi d'un chêne près du château de Plessis.
29:36Un chêne au branche duquel pendait un horrible gland.
29:41Le cadavre d'un homme que tu as décroché au mépris de la loi.
29:46Continue.
29:47Et bien ce malheureux injustement condamné,
29:50lequel toi seul as voulu donner une sépulture.
29:53Et bien?
29:55C'était Zamet, le maugré bien.
29:59Un de mes frères.
30:01Ne juge pas trop vite, Radin.
30:04Cette affaire ne m'a causé que des ennuis.
30:07Et jamais plus je ne dépendrai personne.
30:10Mais si, si c'était à refaire, tu le referais?
30:13Non.
30:14Je te connais, Gantin.
30:16Je sais lire dans ton cœur.
30:18Le passé, le présent, le futur.
30:20Je connais la chanson.
30:23Les charlatans de ton espèce la chantent dans toutes les foires.
30:26Pour le quart d'année de cul.
30:28Une dame.
30:30Très riche.
30:33Très belle.
30:34Et bien?
30:36Une dame qui se trouve très près d'ici.
30:39Conquis ton cœur jamais.
30:42Qui te l'a dit?
30:43Lorsque je vois la fleur d'un arbre au printemps,
30:46je sais le fruit qu'elle donnera.
30:49Que peux-tu m'apprendre encore?
30:51Tu auras une fortune brillante.
30:53Un amour.
30:55Merveilleux.
30:58Tu prendras place parmi les grands,
31:00les puissants,
31:01les riches de ce monde.
31:03Je connais mon rang, ma fortune.
31:06Ce que tu me dis est impossible.
31:08Tu te moques de moi.
31:09Tout est possible.
31:14Si tu échappes à cette ligne brillante, couleur de sang,
31:18qui barre ta ligne de vie,
31:21c'est que tu surmontes le danger qui te guette.
31:23Quel danger?
31:53Comment s'est-il passé, mon père?
31:55Hélas, mon fils.
31:57Un de ces événements qui sont devenus fréquents dans le pays.
32:00Il y a beaucoup de maisons qui brûlent depuis que Guillaume de Lamarque sillonne la région.
32:03Pourquoi? Par quel but?
32:05Le sanglier propose sa protection à ceux qui habitent des demeures isolées.
32:09Il la fait payer cher.
32:11Et l'aubergiste qui réside ici l'a vu refuser.
32:14Il ne nous reste plus qu'à prier pour lui.
32:16Mon père, cette auberge devait être notre gîte pour la nuit.
32:19Où peut-on trouver un autre refuge?
32:21Demain, il se fait tard.
32:23Il serait périlleux de poursuivre notre route avec ces dames.
32:26Le plus sage serait d'accepter la modeste hospitalité de notre couvent.
32:31Je vous remercie de grand cœur, mon père.
32:33Voilà qui n'arrange pas nos affaires.
32:35Vous comptez faire le coup cette nuit?
32:37La route est longue jusqu'à Liège.
32:40Nous aurons tout le temps de monter une embuscade.
32:42Qu'est-ce que vous prenez à Guillaume?
32:44Mon charge.
32:52Mon père, je m'accuse d'un péché dont je ne sais rien.
32:56Un péché qui me trouble l'âme
32:59et fait ressentir à mon corps une sorte de douce langueur.
33:04Un péché qui me bouleverse et me comble de joie.
33:10Et bien, ma fille?
33:12Mon père, je m'accuse d'être amoureuse.
33:15Je ne suis pas amoureuse.
33:18Mon père, je m'accuse d'être amoureuse.
33:21Qui est l'objet de votre passion?
33:23Le plus noble, le plus beau, le plus généreux des chevaliers.
33:27Cet homme vous aime-t-il, ma fille?
33:29Il ne me l'a jamais dit, mon père.
33:31Et vous le croyez?
33:33Je l'espère. Je l'espère de toute mon âme.
33:37Quelqu'un ou quelque chose s'oppose-t-il à votre union?
33:41Hélas, le plus terrible, le plus féroce,
33:45le plus stupide des obstacles.
33:48Mais quel est-il, ma fille?
33:50La politique, mon père.
33:53Les affaires des hommes vont et viennent.
33:56Les intérêts des grands changent.
33:59Mais cet amour, mon père, pensez-vous qu'il soit un péché?
34:03La religion, la décence, les mœurs
34:06s'opposent-elles à ce que l'Église bénisse votre union?
34:10Non, mon père.
34:12Alors, allez en paix, ma fille.
34:15Pensez que Dieu est tout amour
34:17et laissez-le vous conduire par la main.
34:39Comment dansent les hôtes à votre région?
34:41Hélas, de jour comme de nuit,
34:43elles sont pavées des plus mauvaises intentions.
34:46Certaines, pourtant, sont moins mal fréquentées que d'autres.
34:50Celles qui conduisent à Liège, par exemple?
34:52C'est le moins recommandable.
34:54Et pourquoi à Liège? Vous allez à Cologne?
34:57Oui, mon père.
34:59Mais ces dames pensaient profiter du voyage
35:01pour solliciter la bénédiction du prince évêque.
35:03Hélas, pourraient-ils seulement les recevoir?
35:06Mon Seigneur a tant à faire, mon fils, pour ménager la paix.
35:10À Liège? Comment cela?
35:12Les bourgeois de Liège sont trop riches.
35:14Ils se sont engraissés et ils oublient la parole de Dieu.
35:18Ils parlent de franchise, de liberté.
35:21Et voilà six mois qu'ils refusent de payer l'impôt à leurs suzerains,
35:24le duc de Bourgogne.
35:26Et que fait donc le prince évêque?
35:28Il tremble. Non pour lui,
35:30mais pour les bourgeois dont il a charge d'âme.
35:33Dans sa colère, le duc est capable de réduire Liège en cendres.
35:38Cela n'effraie-t-il pas les Liégeois?
35:40Pas du tout, dit mon fils. Ils en sont réduits aux pires alliances.
35:44Ils parlent même d'appeler à leur secours Guillaume de Lamarck.
35:47Le sanglier des Ardennes?
35:49Pourquoi entrerait-il dans ce conflit?
35:51Par haine, mon fils.
35:54Car devant les crimes horribles commis par Guillaume,
35:58mon Seigneur le prince évêque a fait ordonner son excommunication.
36:02Les dames que j'escorte se moquent de la politique.
36:06Je crois que la paix, la sécurité et le repos...
36:10Alors évitez Liège, mon fils.
36:12Cette ville est une poudrière.
36:14D'un jour à l'autre, tout peut sauter.
36:28J'enlèverai le gras pour Osmaï, mon père.
36:30Où dois-je le mettre?
36:31Le temps est à l'orage. Il vaut mieux le rentrer.
36:34À ce point de refus?
36:36Voilà un bon sentiment, mon fils.
36:38Amène!
36:59Ne me dis pas que le sanglier a changé d'avis.
37:02Mon frère, il est très heureux à l'idée d'enlever la petite comtesse.
37:07Il a dépêché trois hommes à Bruges pour acheter la dentelle de la mariée.
37:11Je vois le sanglier ce soir pour préparer notre affaire.
37:14Je dirai au moine que je t'invite à souper en remerciement de tes services.
37:22Non, ça va, ça va.
38:02Je vous l'avais prédit qu'on aurait des ennuis avec ce bohémien.
38:16Oui, c'est vrai. Pauvre roi, tout le monde le trahit.
38:33Voilà comment l'homme de la marquée me confond être un prisonnier.
38:36Et maintenant, que fait-on de lui, père?
38:38Détachez-le.
38:40Je l'ai dit à ceux de son village que j'exige mille écus.
38:43Si je n'ai pas la somme demain matin, on coupera cinq ans de fête.
38:46Qu'on m'apporte à boire!
39:03Approche, chien de païen.
39:05Apportes-tu des nouvelles de ma petite fiancée?
39:08Le voyage s'est déroulé sans incident.
39:11Je sais.
39:12Mais la comté s'imagine-t-elle le bonheur qui l'attend?
39:15Ça, non, elle ne s'attend pas du tout au bonheur qui l'attend.
39:18Et où est-elle en ce moment?
39:19Au couvent, nous avons trouvé refuge.
39:21Au couvent?
39:23J'adore les couvents.
39:25C'est plein de grosses portées de bonheur.
39:28J'adore les couvents.
39:30C'est plein de grosses portées de bonne poutre en chaîne.
39:33Ça brûle durant des semaines.
39:35Allez, viens, Eric, nous allons attaquer le couvent.
39:37Faites un prudent, père.
39:39Nous ne sommes pas en force.
39:40Les hommes sont dispersés.
39:41On ne doit se regrouper que demain.
39:44Soit.
39:45Moi, je me suis toujours bien trouvé de suivre tes conseils.
39:48Mais pourtant, ça me plaisait cette idée d'enlever la donzelle.
39:52Tu l'enlèveras demain.
39:54Et nous avons besoin d'un peu de temps pour préparer vos noces.
39:57Tu as raison.
39:59Héradine, le roi de France t'a-t-il remis de l'argent pour moi?
40:02Pas un écu.
40:04Maudit tabard.
40:06Il me fait prendre femme et ne m'envoie pas un liard comme cadeau de noces.
40:09Que ça dire, monsieur?
40:11Le roi est donc au courant du forfait qui se prépare?
40:13Tais-toi, écoutons.
40:15Finissons-en, Héradine.
40:17Quand la comtée sort-elle du couvent?
40:19Demain, l'aubre, elle prendra la route de Cologne.
40:22Elle s'arrêtera à la croix du carrefour des trois rois pour prier.
40:25Les chrétiens le font.
40:27Demain, quand elle sera à genoux devant la croix,
40:30je l'accueillerai comme une fleur et je l'emporterai.
40:35Ce ne sera peut-être pas si simple.
40:37Il y aura sans doute une escorte-père.
40:39C'est vrai. Combien d'hommes?
40:41Deux. En dehors de moi.
40:44Deux coups d'épée suffiront.
40:46Un seul suffira.
40:48J'entends qu'on ne touche pas un seul cheveu de la tête de l'Écossais qui l'accompagne.
40:52Un Écossais?
40:54Quelle drôle d'idée.
40:56Pourquoi un bohémien s'intéresse-t-il aux Écossais?
41:00C'est mon affaire.
41:02Je ne vous livre la comtesse qu'à cette condition.
41:05Ne me provoque pas, Hérabille.
41:07Ou tu vas le payer de ta vie.
41:09Laissez-les paix.
41:11Lui mort, tout serait perdu.
41:13Et le comté de Croix vaut bien la vie d'un étranger.
41:16Soit.
41:18Je prends la fille et tu gardes l'Écossais.
41:20Mais je veux une garantie.
41:22Pourquoi?
41:24Tu as la parole du sanglier.
41:26Ça doit te suffire.
41:28Non, Guillaume de Lamarque.
41:30Malgré le nom que tu portes, tu es un assassin.
41:33Un pillard et un menteur.
41:36Sans foi ni loi.
41:38Je sais que tu ne crains plus la justice de Dieu.
41:43Mais tu crains celle des trois rois de Cologne.
41:46Ou si tu as juré sur la foi que tu leur portes de respecter la vie de Quentin d'Urvar.
41:51Jure aussi que ton fils la respectera.
41:53Ainsi que tes hommes.
41:55Et si tu ne tiens pas ton serment,
41:57leurs spectres viendront te réveiller cette nuit de suite.
42:01Et la huitième, il t'étranglera.
42:06On en jure.
42:09C'est bon.
42:11Je le jure.
42:13Et vous aussi, soldats.
42:15Allez, jurez, vous autres.
42:17Nous jurons.
42:21En trois heures, la comté sera à toi.
42:41Allons, monsieur, remettez-vous.
42:43Être trahi par un bohémien, quoi de plus naturel, ces gens-là ne respectent rien.
42:47Va pour le bohémien, Bertrand.
42:50Lui, dans son genre, n'est pas si mauvais.
42:53Mais le roi de France...
42:56Le roi de France, Bertrand...
42:58Le roi de France n'a plus de soucis qu'un Romain Michel.
43:00Il est tiré à droite, tiré à gauche, il ne fait jamais ce qu'il veut.
43:03C'est la politique qui le mène par le bout du nez.
43:05Regarde-moi, Bertrand.
43:07Penses-tu vraiment ce que tu dis ?
43:12Tu penses que le roi m'a pris pour un niais ?
43:16Qu'il m'a cru assez sot pour être l'instrument aveugle d'une combinaison répugnante ?
43:22Eh bien, oui, Bertrand, tu es raison.
43:25Sans toi, je t'aurais tombé dans son piège.
43:28Car jamais je n'aurais pu penser que le premier gentilhomme de France
43:32n'a dans le cœur que traitrise et infamie.
43:34Ne jugez pas trop vite, monsieur.
43:36Les grands de ce monde ont des soucis et des charges que nous ignorons.
43:39Ils sont menés par une règle plus forte que l'honneur,
43:42plus exigeante que la charité.
43:44Quelle est donc cette règle infâme ?
43:46La raison d'état.
43:48Lorsqu'il monte sur son trône, un souverain doit tout lui sacrifier.
43:51L'amour, l'amitié.
43:53Et s'il le faut, son âme et sa part de paradis.
43:56Et tu admets tout cela ?
43:57Moi, non.
43:58Mais je ne suis pas roi.
44:00Eh bien, moi non plus, Bertrand.
44:03Et je ne veux plus me souvenir que d'une chose.
44:06Que je suis soldat.
44:07Soldat, certes.
44:09Mais au service du roi.
44:10Tu es raison, Bertrand.
44:12Le roi m'a donné pour consigne de conduire les comtesses à Liège.
44:15Et nous allons à Liège.
44:17Dans ce cas, je n'ai pas un instant à perdre.
44:18Où vas-tu ?
44:19Trancher la gorge à notre coquin de guide.
44:21Ça me sera facile, je n'ai jamais aimé ce bohémien.
44:23Non, reste là.
44:24Mais c'est à la fois la justice et la sagesse, monsieur.
44:26Iradin bravait la colère du sanglier pour que me laisse la vie sauve.
44:30La justice est de lui en savoir gré.
44:33Mais je vous ferai remarquer que dans son plan, moi,
44:35il ne m'épargne pas.
44:37Allons, viens. Il faut sceller les chevaux.
44:43Quand arriverons-nous à Liège ?
44:45Avant ce soir, madame. Je l'espère.
44:47Ce soir, déjà ?
44:49Et vous l'espérez ?
44:50Pourriez-vous souhaiter autre chose ?
44:53Oui.
44:54Un long, un très long voyage.
44:56Une route qui jamais ne nous aurait séparé.
45:00C'est la meuse ?
45:01Oui, oui.
45:05Choisissons-nous.
45:07Descends dans le fleuve, le long de cette rive.
45:09Pourquoi ?
45:10C'est le chemin le plus court.
45:12Et c'est la seule raison ?
45:13La seule.
45:14Alors, nous traverserons là-bas.
45:17La rive droite n'est pas sûre.
45:19Les hommes de Guillaume de Lamarck guideraient ces embuscades.
45:22C'est une sottise.
45:24Enjurerais-tu, Iradin ?
45:26Enjurerais-tu sur les trois rois de Cologne ?
45:31C'est une sottise.
45:33Enjurerais-tu, Iradin ?
45:35Enjurerais-tu sur les trois rois de Cologne ?
46:00C'est une sottise.
46:31Viens, Bertrand.
46:34Vous êtes deux maintenant, c'est facile.
46:36Tuez-moi.
46:38Monte en scène.
46:39Prends ta corde.
46:43Attrape son chevalet et tiens-le à la longe.
46:45Mais il faut le prendre, monsieur.
46:46Sinon, même à pied, il ira prévenir le sanglier.
46:49Tant pis.
46:50Apprends, Iradin.
46:51Ce n'est pas le travail d'un gentil homme d'exécuter un traître.
46:54C'est celui du bourreau.
46:56Viens, Bertrand.
46:57Tuez-le.
47:28Je me sens très impatient.
47:30Que fait donc ma petite fiancée ?
47:32Sans doute se fait-elle belle pour les noces, père.
47:34Voilà bien les femmes.
47:36Je ne l'ai pas encore vue et déjà elle me fait attendre.
47:38Il faudra que je l'adresse.
47:41Écoutez, un signal du veilleur.
47:45Le chant du chardonnerie.
47:47Ce sont des chevaux qui approchent.
47:54Personne.
47:57Dis-moi, Peter King, tu es sûr que c'est ici ?
47:59Quand je suis venu, c'était la nuit.
48:01Mais le rendez-vous était au pied d'une croix.
48:03Dans ce cas, pas d'erreur.
48:05C'est la seule de la forêt.
48:10Qui sont ces deux-là ?
48:11Ce sont les envoyés des Liégeois.
48:13J'ai bien envie de les envoyer au paradis des marchands.
48:16Liège est riche, père. Nous avons besoin d'eux.
48:25Voilà.
48:27Guillaume de Lamarck.
48:30Nous sommes des amis.
48:32C'est moi.
48:34Pavillon.
48:36C'est moi, Peter King.
48:39Mais ne crains rien, sanglier.
48:41Nous voulons te parler.
48:56Quelle est donc cette façon de déranger les gens sans prendre rendez-vous ?
49:00Nous apportons une bonne nouvelle, Excellence.
49:02En deux jours, nos bourgeons ont réuni les 600 000 écus que vous leur demandiez.
49:08En deux jours ?
49:09Oui, Excellence.
49:11Nous aurions dû demander le double.
49:13La somme est en sûreté. Elle vous sera remise la ville prise.
49:16Où en est votre insurrection ?
49:18Nous avons déjà réuni 200 hommes, Excellence.
49:21Des merciers ou des soldats ?
49:23Des volontaires de toutes les corporations.
49:25Alors, quand attaquez-vous ?
49:27Dès que vous aurez commencé à donner l'assaut, Excellence.
49:30Méfiez-vous de ces bourgeois, père. En cas de coup dur, ils vous abandonneront.
49:34Mon rôle est de vous sécourir.
49:36Déclenchez l'insurrection et j'interviendrai.
49:39L'ennui, Excellence, c'est que nous manquons d'expérience militaire.
49:43On peut s'improviser soldat, mais pas général.
49:46Chacun son métier, Excellence.
49:48Le roi de France ne vous a-t-il pas dit que vous étiez un soldat ?
49:52Le roi de France ne vous a-t-il pas promis des conseillers ?
49:55Si fait, Excellence.
49:56Et bien ?
49:57Nous les attendons depuis des mois.
49:59Et moi, j'ai attendu votre bon vouloir depuis trop longtemps.
50:02Les 600 millicues porteront intérêt à 50%.
50:06Et maintenant, à cheval !
50:08Excellence, nous devrons nous dire à nos compagnons...
50:12Que les intérêts sont payables d'avance et que je les attends.
50:17Bien dit, mon père.
50:19Alors, peut-être que c'est pas le tronc à se battre.