Quentin Durward - 1971 - Episode 01

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DB - 29-08-2024
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02:01Le Trône de France
02:11Depuis qu'il est monté sur le trône de France en 1461,
02:15Louis XI n'a cessé de voir son royaume menacé de toutes parts.
02:19Contre les Anglais, eux-mêmes déchirés par la guerre des Deux Roses,
02:23la lutte peut paraître terminée.
02:25Mais aucun traité n'a réglé la querelle toujours prête à renaître.
02:28Et Édouard IV, sacré publiquement à Westminster,
02:31se dit, comme ses prédécesseurs, roi de France et d'Angleterre.
02:35Là, pourtant, n'est pas le seul danger que Louis XI ait à craindre.
02:38Les princes qui possèdent les grands fiefs de la couronne,
02:41particulièrement les ducs de Bourgogne et de Bretagne,
02:43gouvernent leurs états en seigneurs absolus
02:46et ne se font aucun scrupule de lever l'étendard
02:48contre leur suzerain, le roi de France.
02:50Bretagne et Bourgogne tiennent le domaine royal
02:53entre les pinces d'une tenaille.
02:55Et si, quelques jours, la crainte se réalisait
02:57d'une offensive venue d'outre-Manche,
02:59le danger ne serait-il pas de voir cette offensive
03:01appuyée par toute la puissance de l'état bourguignon.
03:11La grande Bourgogne, telle qu'on la rêve à la cour du Cal,
03:14ne peut se réaliser qu'aux dépens de l'unité française.
03:17Que Charles le Téméraire parvienne à réunir
03:19les multiples provinces dont il est déjà le maître,
03:21la France ne sera plus qu'une petite puissance
03:24et il touchera enfin à son but suprême,
03:26changer sa couronne du Cal contre une couronne royale.
03:30Pour parvenir à ses fins et s'attaquer au roi de France,
03:32tous les prétextes lui sont bons
03:34et le moindre d'entre eux n'est certainement pas
03:36la possession de la riche province de Croix
03:38dont l'héritière est la jeune comtesse Isabelle.
03:42Le comté de Croix dépend directement du duc de Bourgogne
03:44et s'il est un point sur lequel la jurisprudence féodale
03:47est catégorique, c'est bien celui qui permet à un seigneur
03:50de disposer de la main d'une femme sa vassale,
03:52empêchant ainsi son héritage
03:54de tomber sous la dépendance d'un ennemi.
03:59Celle du roi de France, par exemple.
04:01Et Louis XI a l'esprit assez tortueux pour soutenir,
04:03non sans quelque raison, que le droit de disposer
04:05de la main d'Isabelle n'appartient qu'à lui-même
04:07puisqu'à l'origine le duc lui rendait hommage.
04:12Par sa situation entre les frontières de Bourgogne
04:14et de Flandre, le comté de Croix est un point stratégique
04:16de la plus grande importance.
04:18Sous la dépendance du duc, c'est le renforcement de sa puissance,
04:21sous la dépendance du roi, c'est un danger
04:23au coeur même de l'état bourguignon.
04:26C'est en 1468, alors que plus que jamais la haine
04:29divise les deux princes, que débute cette histoire.
04:33Pourtant, tout commence à plus de 200 lieux
04:35du royaume de France, sur cette terre d'Ecosse
04:38où des clans rivaux se livraient à des luttes sans merci.
04:52Un groupe de cavaliers s'approche du couventre à Révérend-Père.
04:55Ce sont les Aux-Gilles-Vie, n'est-ce pas?
04:57En effet, je reconnais leur tartan.
04:59Les Aux-Gilles-Vie n'ont jamais manqué de mémoire.
05:02Ils viennent chercher ce qu'il aurait dû.
05:04Que l'adresse à un très, très sacré volonté de Dieu soit faite.
05:07Amen.
05:22Quentin, je vous ai donné l'ordre de vous présenter
05:25à la chapelle à 8 h pour la cérémonie.
05:28Je regrette, Révérend-Père,
05:30mais je vous répète que je ne m'y rendrai pas.
05:33Vous refusez d'obéir. Je refuse de me faire tondre.
05:37Trop tard.
05:39Mais comprenez-moi, Révérend-Père,
05:42j'aime la chasse, les armes, les chevaux.
05:45Je n'ai pas la vocation d'être moine.
05:47Elle viendra, elle viendra. J'en suis sûr.
05:50Seulement, Révérend-Père,
05:52il faut à cet enfant le temps de se faire à cette idée.
05:55Impossible. C'est maintenant qu'a lieu la cérémonie.
05:58Et pourquoi tant de hâte, s'il vous plaît?
06:01Parce qu'aujourd'hui même, Quentin Duroir, vous avez 20 ans.
06:05Et qu'à 20 ans,
06:07nous nous sommes engagés à ce que vous soyez fait moine.
06:10Mais qui vous a autorisé à disposer de moi?
06:13Les circonstances, Quentin Duroir.
06:16Vous savez qu'il y a 16 ans,
06:19le clan des Ogilles-Vie a massacré tous les membres de votre famille.
06:24J'ai pu sauver votre vie en raison de l'innocence de votre âge.
06:29Mais le sang des Duroirs doit se tarer avec vous
06:33dans l'ombre et le secret de ce couvent.
06:35C'est un crime.
06:37Non, c'est un marché.
06:41Un marché que j'ai conclu dans votre intérêt.
06:44Mais je n'étais qu'un enfant, Très-Révérend-Père.
06:47Et moi, moi, je n'ai rien promis.
06:50Ma parole vous engage.
06:54Vous le faire un prêtre par la force, c'est insulter Dieu.
06:57Mon père, il ne sait pas ce qu'il dit.
07:00Dans 10 minutes ou plus, il sera dans la chapelle.
07:02Non, vous n'avez pas le choix, Quentin Duroir.
07:05Les Ogilles-Vie sont venus vérifier la bonne exécution du contrat.
07:08Et si je refuse d'être ordonné?
07:12Dieu est votre âme, Duroir.
07:14Ils vous tueront.
07:17Sifflement.
07:18Chant.
07:46Chant.
07:58Qu'est-ce que cela signifie?
08:00Pourquoi Quentin Duroir n'est-il pas ici?
08:03On ne peut prononcer ses voeux qu'en se sentant l'âme tout à fait pure, monseigneur.
08:07Au dernier moment, Quentin Duroir a demandé à se confesser.
08:10J'exige, moi, de le voir tondu.
08:13Et tout de suite.
08:15Eh bien, père McLean, tu m'as élevé, nourri, éduqué.
08:21Tu m'as servi de père, de frère, d'ami.
08:24Eh bien, voilà que tu me trahis.
08:26Quand tu es un imbécile ou un homme de peu de foi,
08:30dans la grange, tu trouves un cheval tout scellé, fil au galop jusqu'à la mer.
08:34À la pointe de l'eau cornique, une barque de pêche t'attend.
08:38Ne te retourne pas avant d'avoir mis la manche entre les Ogilles-Vie et toi.
08:42Père McLean, comment te remercier?
08:45En m'assommant, mon garçon.
08:47Vise le menton et frappe de toutes tes forces.
08:49Je ne pourrai jamais.
08:51Tu veux donc me faire écorcher le vif par les Ogilles-Vie?
08:54Personne ne doit savoir que je suis ton complice.
08:57Pas même le frère qui me confessera.
08:59On vient.
09:01Dépêche-toi. Adieu, Quentin.
09:03Adieu, père McLean.
09:13Le lâche! Il a semé pour prendre la fuite.
09:17Occupez-vous de lui.
09:42Quentin!
10:12Il ne doit plus être loin maintenant.
10:40Séparons-nous et fouillons le secteur.
10:42J'offre 100 écus à celui d'entre vous qui me rapporte à sa tête.
10:46Regardez là-bas, Milord. Un cavalier.
10:48En avant!
11:09Quentin!
11:39Il nous a bien eu, Milord.
12:08Jamais personne ne doit connaître cette histoire.
12:11Si l'un d'entre eux parle, je lui coupe la langue.
12:33Au moment où Quentin touchait la terre de France,
12:36un groupe de cavaliers arrivaient à Péronne, devant le château de Charles le Téméraire.
12:40Aucun d'eux ne connaissait Quentin du Roi.
12:43Pourtant, sans le savoir, ils allaient décider de son destin.
12:48Imbalard!
12:50Dansons au groupe de Campobasso, ambassadeur extraordinaire de Monseigneur le Duc Charles.
12:54Laissez passer.
13:09Le printemps fait pleurir les coeurs des dames oiseaux
13:15L'amour est la plus jolie fleur des tourteros
13:21Savez-vous, mamie, savez-vous, mamie,
13:24Jouvent celle qui, de hasard,
13:27Guidera vers vous de son aile un peu plus tard
13:33Savez-vous, mamie, savez-vous, mamie,
13:35Jouvent celle qui, de hasard,
13:39Guidera vers vous de son aile un peu plus tard
13:45Un chevalier fier, brave et beau
13:49Qui déjà chante votre nom
13:53A tous échos
13:57Savez-vous, mamie, savez-vous, mamie,
13:59Jouvent celle qui...
14:01Aimez-vous les chansons d'amour, comtesse Isabelle?
14:03Elle les adore, Monseigneur.
14:05Elle a le coeur aussi sensible que moi.
14:07J'aimerais pour une fois que votre nièce réponde autrement que par votre bouche.
14:12Parlez sans crainte, mon enfant.
14:14Ma tante a raison, Monseigneur. J'aime la musique.
14:17Elle me porte à rêver.
14:19C'est bien. C'est bon, le rêve.
14:21Mais pour vous, le moment est venu de dire adieu aux chimères
14:24et de faire votre entrée dans la vie.
14:27Me comprenez-vous, madame?
14:29Je ne saurais dire, Monseigneur.
14:31Que vous disais-je, Monseigneur?
14:33Quand je ne réponds pas pour elle, cette petite est toute perdue.
14:37À la mort de votre père, le comte de Croix,
14:40je vous ai pris sous ma protection.
14:42Mais aujourd'hui, mon devoir de suzerain m'impose d'assurer votre avenir.
14:46Qu'il me soit permis, Monseigneur, de vous remercier
14:49de toutes les bontés que vous avez eues pour nous.
14:51Plus tard, mon enfant, plus tard.
14:53Nous allons d'abord recevoir le comte de Campobasso,
14:56que j'ai tout exprès fait revenir de son ambassade d'Allemagne.
14:59Connaissez-vous le comte?
15:01Non, Monseigneur.
15:02C'est un ami fidèle et un coeur généreux.
15:05Je vous l'ai choisi pour époux.
15:09Le comte de Campobasso.
15:29J'ai crevé cinq chevaux pour répondre plus vite à votre appel, Monseigneur.
15:33Je suis tout à vos ordres.
15:35Ils sont les plus doux et les plus agréables qu'on puisse recevoir, comte.
15:38Tout d'abord, je vous donne instruction de conquérir le coeur
15:41de celle qui, bientôt, sera votre femme.
15:44La comtesse Isabelle de Croix.
15:54Qu'est-ce à dire, Madame? Je vous prie de saluer votre fiancée.
15:57Quoi? Ma fiancée avec cet homme?
15:59Jamais! Jamais!
16:03Je vous ordonne de faire entendre raison à votre nièce et de la ramener ici.
16:06Il faut l'excuser, Monseigneur. C'est l'émotion.
16:09La surprise.
16:12La blessure de Campobasso est la plus belle parure que puisse souhaiter un soldat.
16:15C'est à mon service qu'il a reçu ce méchant coup de masse d'armes.
16:18Ne l'oubliez pas.
16:19Ma nièce se croit plus attirée par le couvent que par le mariage.
16:23Aussi doit-elle réfléchir avant de donner sa réponse.
16:25Depuis quand les filles se posent-elles des questions?
16:28J'ai décidé pour elle.
16:34Ce mariage se fera.
16:38Ma petite fille.
16:40Calme-toi, je t'en supplie.
16:42Ma tante, ce visage.
16:44Je sais.
16:45Mais le comte a sans doute d'autres qualités.
16:47Peu m'importe.
16:48C'est un homme très occupé.
16:49Tu le verrais sans doute fort peu.
16:51Voilà n'est pas la question.
16:52Jamais je ne pourrai aimer cet homme-là.
16:54Mais tu parles d'amour.
16:56Le duc te demande seulement de l'épouser.
16:58Je ne veux pas me marier, ma tante.
17:02Il faut fuir cette cour.
17:03Fuir, Isabelle?
17:05Mais où cela?
17:06Et comment?
17:09Ne criez pas, madame.
17:11Soyez sans frayeur.
17:14Je viens à vous en amie.
17:16Mais, monsieur, qui êtes-vous?
17:18Comment osez-vous?
17:20Ne vous laissez pas abuser par les apparences, madame.
17:23Je ne suis pas un homme.
17:25Ne vous laissez pas abuser par les apparences, madame.
17:28Je suis gentilhomme.
17:30Je suis ici pour vous aider à vous transmettre
17:32un message d'amitié.
17:34Un message de qui donc?
17:36D'un homme qui connaît vos malheurs.
17:38D'un noble cœur
17:40qui est prêt à organiser votre fuite
17:42et vous donner l'hospitalité.
17:44Mais qui est cet ami, monsieur?
17:46Parlez, je vous en conjure.
17:48Louis, madame.
17:50Onzième du nom.
17:53Le roi?
17:54Oui, madame.
17:56Le roi de France.
18:08Nous poursuivons deux femmes
18:09accompagnées d'un cavalier.
18:11Les as-tu croisées en chemin?
18:13Non, monsieur.
18:14Fais bien attention avant de répondre.
18:16Oui?
18:17Un seul mensonge.
18:19Un seul oubli.
18:21Et nous embranchons tous tes moutons.
18:22J'ai vu personne, monsieur.
18:23Ah, c'est bon, garde-toi.
18:41On offre cent écus
18:42à qui nous permettra d'arrêter deux fugitives
18:44accompagnées d'un cavalier.
18:46Elles sont passées il y a plus d'une heure, messire.
18:48Quelle direction ont-elles prise?
18:50La route de France.
18:52Venez, vous autres.
19:03Au terme de leur voyage,
19:05les comtesses,
19:06accueillies par Olivier-le-Dun au nom du roi,
19:09pouvaient se croire en sûreté au royaume de France.
19:14Sa majesté vous verra plus tard.
19:16Oh, les femmes, les femmes, les femmes!
19:19Jamais on ne devrait se fier aux femmes.
19:21Il suffit d'un sourire, d'un ruban, d'un bouquet
19:23pour qu'elles vous trahissent.
19:24Le sort de la Bourgogne risque d'être changé
19:26parce que, quand on va, ça n'a pas super à une donzelle.
19:28Vous vous abusez peut-être, monseigneur.
19:30C'est sans doute une escapade.
19:32A tout hasard, j'ai fait fouiller tous les couventes de la région.
19:35Quand on peut prendre le voile crève-cœur,
19:36on a besoin du secours d'un prêtre,
19:37mais de celui d'un troubadour, jamais!
19:39La disparition de ce baladin est peut-être une coïncidence.
19:42Y croyez-vous, franchement?
19:44Je m'interroge, monseigneur.
19:46Je peux croire à la légèreté, à l'étourderie, à l'inconséquence,
19:49mais pas à la trahison des comtesses de Croix.
19:52Peu m'importe leur sentiment ou les raisons de leur fuite.
19:55Ce qui compte, ce sont leurs biens,
19:57leurs terres, leurs forteresses.
19:59Nous vivons une époque dangereuse, crève-cœur.
20:02Tout ce qui m'échappe affaiblit mon autorité
20:04et fortifie celle de mes ennemis.
20:06Ramenez-moi ces femmes et je les punirai de façon exemplaire.
20:09Bien, monseigneur.
20:11J'ai subi ce matin un affront qui fait déjà de moi la risée de la cour.
20:16Mais c'est vrai, je ne suis pas le seul qui est à se plaindre des comtesses de Croix.
20:21Je supplie votre grâce de m'accorder une faveur.
20:23Laquelle?
20:25Celle de me venger.
20:28La justice, c'est le privilège des princes, Campobasso.
20:33Et s'il plaît à Dieu qu'elle soit rendue,
20:36elle ne le sera que par moi.
20:42Si la colère gronde à la cour de Bourgogne,
20:44la méfiance règne au royaume de France.
20:49Tristan l'Ermite, grand prévôt du roi,
20:51se livre à son jeu favori, la chasse à l'homme.
20:54Couillez partout.
20:56Visitez tous les buissons.
20:58Le gibier est un bohémien soupçonné d'espionnage.
21:01Regardez, monsieur le grand prévôt.
21:03Les chiens nous entraînent vers cette léalière.
21:05Allons voir, vite.
21:08Qu'est-ce qu'il y a dans cet homme?
21:10Il est ivre?
21:16Non, monsieur le grand prévôt.
21:18Il a été assommé, bel et bien.
21:20Sergent, continuez dans cette direction.
21:22Vous autres, suivez-moi.
21:24Nous allons le prendre à Harvey.
21:27Un proscrit se croit toujours traqué.
21:29Aussi quand Quentin de Rouarde,
21:31approchant de Plessis-les-Tours, résidence royale,
21:34croise la chasse au bohémien,
21:36s'imagine-t-il poursuivi par il ne sait quel ennemi.
22:04Quentin de Rouarde.
22:34Quentin de Rouarde.
23:05Les chiens vont nous le rabattre.
23:07Nous n'avons qu'à l'attendre ici, bien tranquillement.
23:23Tu manques pas d'idées, camarade.
23:25Fasse-moi un bout.
23:35Qu'est-ce que c'est que ça?
23:37Une vieille loque qui traînait dans les fourrés.
23:42Une vieille loque?
23:44Avec des taches de sang frais?
23:46Debout, imbécile!
23:48Il ne doit pas être loin.
23:50Fouillez les taillis!
23:53Attrapons-le!
23:55Attrapons-le!
24:23J'aurais bien aimé assister à la curée.
24:25Des tailles!
24:28J'ai donné des ordres pour que les chiens ne le déchirent pas trop.
24:31Vous pourrez reconnaître son corps.
24:33Ah, ça, c'est important.
24:35Parce qu'on prend le parti de se débarrasser d'un homme,
24:37faut pas faire les choses à moitié.
24:40Surtout que celui-ci est malin.
24:42Moi, je le pensais, sire.
24:44En fixant rendez-vous au bohémien dans le sous-bois,
24:46je n'avais qu'une crainte,
24:48c'est qu'il éventale piège.
24:51Il est tombé dans nos filets.
24:54Ça se donnait beaucoup de mal pour un gredin d'espion.
24:58La corde était plus rapide.
25:00Et moins discrète, tandis que là,
25:02brinconnage, flagrant délit,
25:04interpellation, fuite, submission.
25:08Fatalité.
25:10Nous ferons dire une messe pour lui demain matin.
25:13Il ne reste plus.
25:16Pas Dieu.
25:18Regardez, sire, c'est lui.
25:20Ces malades l'ont laissé s'échapper.
25:24Tu m'as promis sa tête, Olivier.
25:27Nous l'aurons, sire. Nous l'aurons.
25:30Ce maudit bohémien n'aura pas toujours le diable dans sa manche.
25:33La rivière est-elle guéamble?
25:35Un peu plus haut, en amont.
25:37On attend une corde entre les deux rives.
25:39Ainsi, accrochant bien un homme vigoureux,
25:41peut-être un peu plus loin.
25:43En s'y accrochant bien, un homme vigoureux
25:45peut résister au courant et passer.
25:47C'est ce qu'il va essayer de faire.
25:49Et si par malheur la corde casse?
25:54Alors là...
25:58Dieu est son âme.
26:00Amen.
26:13Amen.
26:43Amen.
27:14Regardez votre cheval. Il est tout mouillé.
27:17Le bohémien.
27:19On aura essayé de lui faire traverser la rivière.
27:21Et le courant les aura renversés.
27:23C'est bizarre. Les chiens nous tiraient vers l'amont.
27:26Parce qu'ils avaient flairé un lierre.
27:28Ou un sanglier.
27:30T'as déjà vu des noyers remonter le courant?
27:32Ils nous feraient tomber.
27:34C'est bizarre.
27:36C'est bizarre.
27:38C'est bizarre.
27:40C'est bizarre.
27:42Ils nous font trouver le corps.
27:44Et c'est en aval qu'on le trouvera.
27:46Allez, en avant.
27:55Tu as commis une nouvelle erreur, Olivier.
27:57Moi? Si.
27:59Ce jeune homme n'est pas le bohémien.
28:02C'est pas trop...
28:04Mais honnêtement, je l'ai cru.
28:12Va vite, sors-le de l'eau.
28:25Sortir?
28:26Pour quoi faire?
28:27Va te dis, j'ai mes raisons.
28:28Va te dis, j'ai mes raisons.
28:58Je vais vous renvoyer d'où je vous ai sorti.
29:00Après m'y avoir jeté.
29:29Arrêtez!
29:30Je suis témoin, j'ai tout vu.
29:32Vous n'allez pas tuer un homme pour la seule bonne action qu'il ait jamais commise de sa vie.
29:35Quelle bonne action?
29:37Il a tranché la corde qui me soutenait.
29:39Précisément, il vous a sauvé.
29:41Un énorme tronc d'arbre emporté par le courant arrivait juste derrière vous
29:44sans la présence d'esprit de mon compère.
29:46Il vous frappait de plein fouet. C'était votre fin.
29:49Je n'ai rien vu de tout cela.
29:51Les choses vont vite et vous n'avez pas d'œil dans le dos.
29:54Mais moi j'étais derrière.
29:56Je le répète, j'ai tout vu.
29:58Je m'excuse.
30:00Je le sens vif.
30:02Du sang écossais, je suppose.
30:04En effet, je viens d'Ecosse.
30:06Je m'appelle Quentin Duroir.
30:08J'appartiens au clan des Glanuléken.
30:12Gentilhomme, je pense.
30:14Depuis quinze générations.
30:16Et vous-même, messire?
30:19On m'appelle Maître Pierre.
30:21Je suis marchand.
30:23Voici mon commis.
30:25Les commis portent donc l'épée par ici?
30:27C'est vrai, par ces temps, les routes ne sont pas sûres.
30:30Elles sont remplies de voyageurs qui ont plus souvent l'envie de voler
30:33que la crainte de Dieu.
30:35Ma foi, je le crois.
30:37Le royaume de France me semble être un vrai coupe-corge.
30:40Auriez-vous fait de fâcheuses rencontres?
30:42Tout au long de ma route.
30:44Du moins, depuis que j'ai quitté les limites du duché de Bourgogne.
30:47Vraiment?
30:49Le duc s'est fait respecter, son autorité.
30:51On dit que c'est un homme de grand caractère.
30:53Alors, que venez-vous faire en France?
30:56Je voyage pour voir mon oncle maternel,
30:58archer du roi dans la garde écossaise.
31:00Comme je n'ai pas beaucoup d'argent, je me nourris de noix chasse.
31:03Mais tout à l'heure, au moment du déjeuner,
31:06un panda de forestier a percé mon faucon d'une flèche.
31:09Au nom du roi, disait-il.
31:11Alors, qu'avez-vous fait?
31:13Je l'ai battu, ce coquin.
31:15Fort!
31:17Ma foi, autant que le roi,
31:20autant qu'un chrétien peut en battre un autre sans le tuer.
31:23Attention, attention, un forestier du roi, ça vaut la corde.
31:27Mais mon faucon était mort, monsieur.
31:29Oui, bon, soit.
31:31Alors, qu'est-ce devenu, le forestier?
31:33Ce coquin, il criait si fort qu'il a alerté la garde.
31:36Les soldats m'ont poursuivi et forcés comme un cerf.
31:39Vous connaissez la suite?
31:41Il faut avouer que c'est beaucoup d'histoire pour un déjeuner.
31:44Que vous n'avez pas fait.
31:46Hélas, dans un pays où l'on mange si bien, par été...
31:50Vous vous en doutez?
31:52Ma bourse est si plate que je n'ai pas encore pu me faire une opinion.
31:55Pince que Dieu, vous allez voir si c'est une légende.
31:58Olivier, nous dînons au village.
32:09Regardez, il est là-bas avec ses deux hommes.
32:13Ah, les chiens ne s'étaient pas trompés.
32:16Traversons la rivière.
32:18Impossible, monsieur le grand prévôt. La corde a été coupée.
32:22Où y a-t-il un autre guet?
32:24À une lieu d'ici. Le temps de faire le tour, il sera déjà loin.
32:29Peu importe. Tôt ou tard, on le retrouvera.
32:33Je suis sûr que l'endroit est bon.
32:35Ce soir, je vais revenir pour relever les collets.
32:38Quoi, pour un simple lapin?
32:40Venez, nous trouverons beaucoup mieux à l'auberge.
32:43Je n'aurai pas tous les jours la chance d'être l'hôte d'un voyageur aussi généreux que vous.
32:47Je dois prévoir l'avenir.
32:49En attendant, marchez près de moi.
32:51Pourquoi?
32:52Nous sommes près de la cour, jeune homme.
32:54Voici les tours du château de Plessis.
32:56On ne marche pas dans cette région comme dans votre pays de brouillère.
32:59Mais quelle différence?
33:00Chaque pousse de terrain est garnie de trappes et de pièges.
33:03Il y a un peu partout des fosses assez profondes pour vous ensevelir à jamais.
33:07Des fosses?
33:08Oui, avec au fond des pointes de fer longues comme la main.
33:12Mais pour quoi faire?
33:14Pour transpercer les pieds des indiscrets.
33:17Si j'étais roi de France, je ne me donnerais pas cette peine.
33:21Ah oui? Et que feriez-vous?
33:24Si j'étais roi?
33:25Oui.
33:26Tout d'abord, je gouvernerais si bien que tout le monde m'aimerait et me respecterait.
33:30Joli rêve.
33:32J'abattrai les enceintes et je ferai combler les fosses et les trappes.
33:36Mais pour faire quoi?
33:38Oh, des jardins.
33:40Des jardins? Et ensuite?
33:43Le jour, je donnerai des festins.
33:47Et la nuit, je danserai avec les dames.
33:50Mais vous ne danseriez pas longtemps.
33:52Vos ennemis auraient trop beau jeu.
33:54Mes ennemis? Mais pourquoi en aurais-je?
33:57Chacun a les ennemis qu'il mérite.
33:59Si les rois étaient plus gracieux et pendaient moins les gens, on aimerait davantage.
34:05Écossais. Véritables Écossais.
34:08De l'orgueil des rêves et pas un seul de jugeote.
34:12Je juge à ma façon.
34:14Et haute voix encore.
34:15Savez-vous, jeune homme, que les feuilles de ces arbres ont des oreilles
34:18et qu'elles rapportent au roi tout ce qu'elles entendent?
34:21Qu'importe. J'ai dans la bouche une langue écossaise.
34:25Elle est assez hardie pour dire ce que je pense.
34:27Même au roi de France.
34:29Que Dieu le protège.
34:33Buvez, jeune homme. C'est du vin de Beaune.
34:36Le pape lui-même ne boit rien de meilleur que ce qu'il dit la baisse.
34:41Mais je suis seul à boire et vous ne mangez rien.
34:44Il faut m'excuser, mais je fais pénitence.
34:47Le repas vous plaît-il?
34:49Amervé.
34:51Les archers d'un garde écossais en font trois semblables tous les jours.
34:55Vraiment?
34:56Oui. Ils font ripaille comme des abbés et sont vêtus comme des princes.
35:00Le roi les gâte.
35:02J'en suis bien aise pour mon oncle.
35:04Votre oncle est dans la garde. Comment s'appelle-t-il?
35:07Ludovic Leslie.
35:09Le balafré?
35:11Il porte une cicatrice.
35:13Je le connais. C'est un brave soldat.
35:16Buvez donc à sa santé.
35:19Au lac, on apporte du vin.
35:24Tout doux, madame. Quelle est cette mascarade?
35:26De grâce, lâchez-moi.
35:27Pas question. Je vous ramène dans votre chambre.
35:30Sire, je vous supplie de pardonner mon audace.
35:33Mais pour l'amour de Dieu, il faut que vous m'écoutiez.
35:36Vous allez gâter votre cause au lieu de la servir.
35:43Qui est cette jeune fille?
35:45Une pauvre folle, monsieur.
35:47Que ma femme a eu la faiblesse de garder par charité.
35:49Les exploits de Jeanne d'Arc l'ont tourné la tête.
35:51Elle s'imagine voir le roi partout.
35:53Veillez à ce qu'on nous laisse tranquille. J'avais demandé du vin.
35:55Tout de suite.
35:58Voilà.
36:02Buvez donc, jeune homme.
36:07Et revenons à votre oncle.
36:10Je ne l'ai pas vu depuis des années.
36:12Mais comme il est mon seul parent, j'attends de lui aide, conseil, soutien.
36:17Savez-vous où je peux le trouver?
36:19Il appartient à une compagnie où la discipline est sévère.
36:23Et ceux qui la composent sortent rarement du château.
36:26Dans ce cas, je n'ai qu'à m'y rendre. Je l'y trouverai bien.
36:30Pas que Dieu. Ne faites pas cela.
36:32On pourrait vous prendre pour un espion.
36:34Moi?
36:36Eh oui, vous.
36:38Mais n'ayez crainte, je ferai prévenir votre oncle.
36:41C'est bien le diable s'il ne parvient pas à vous faire engager.
36:44Pas si vite.
36:46J'ai eu l'idée de servir le roi de France.
36:49Oui. J'ai eu l'idée de servir le roi de France. Vrai.
36:53Mais la fantaisie m'en est passée.
36:56Comment cela?
36:58Malgré les beaux habits et la bonne paye,
37:01je préfère le chant de l'alouette aux cris des souris.
37:04Je suis trop jeune pour m'enfermer dans cette prison.
37:08Les 300 gentils hommes de votre pays montent la garde sur ces remparts
37:11et ne se plaignent jamais.
37:14La vue qu'ils ont des tours, l'heure en autre, peut-être on l'envive.
37:18Demain, j'ai pu voir quelle sorte de gland pendait aux chaînes de ce pays.
37:22Mais les pendus servent d'exemple et d'épouvantail pour effrayer les coquins.
37:26Devant chaque cadavre, l'homme sait que la France compte un brigand de moins.
37:30Une telle justice rassure.
37:34Moi, ça m'inquiète, figurez-vous.
37:39Prenez garde, jeune homme.
37:42Vous critiquez bien sévèrement le souverain d'un pays
37:45qui n'est pas juste d'arriver.
37:48Un bon conseil, quittez-le, ce pays.
37:52Avec vos folles idées, il ne pourrait que vous y arriver malheur.
37:56Ce n'est pas la vue d'une corde qui me ferait changer d'avis.
37:59Alors apprenez à vous taire.
38:05Prenez cette médaille.
38:08C'est celle de Saint-Julien.
38:11J'y vais tous les jours. Vous lui devez déjà beaucoup.
38:24Voilà la poularde, Minor, en attendant le cuisson de Marcassin.
38:30Un instant. Ce maître Pierre, le connais-tu?
38:33Ma voix, oui et non.
38:35Mais qui est-il, un marchand?
38:37Oui, on le dit.
38:39Mais que sais-tu d'autre?
38:41Rien du tout, sinon qu'il a laissé pour vous un cheval à l'écurie.
38:44Un cheval?
38:45Oui, un cheval.
38:46Et ceci, en souvenir.
38:51Bon appétit.
39:00As-tu pu avoir des nouvelles de ce bohémien?
39:03Lâche-nous, Sire, Tristan et ses hommes ont laissé s'envoler le oiseau.
39:07Ah, les imbéciles!
39:09Attends-nous, Sire. Votre absence risque d'être découverte au château.
39:13La présence de cet espion m'inquiète davantage que les bavardages de la cour.
39:18Si ce bohémien apprend la retraite des Dames de Croix, mon plan échouera, Olivier.
39:24Mais pourquoi celui-ci vous inquiète-t-il plus qu'un autre?
39:27Eradin n'est ni le premier, ni le dernier espion que nous envoie le Duc de Bourgogne.
39:31C'est vrai, mais celui-ci est marqué par la chance, Olivier. C'est un signe que je n'aime pas.
39:36Un espion démasqué finit toujours au bout d'une gorge.
39:39Soit, mais suppose que celui-ci possède un talisman qui le protège.
39:43Allons donc. N'avez-vous pas vos saintes médailles?
39:46Si fait.
39:48Que peut faire le diable contre vos médailles bénites?
39:50Tout de même, Olivier, j'aimerais mieux qu'il soit pris avant de repasser sur les terres de mon cousin de Bourgogne.
39:54N'ayez crainte, Sire.
39:59Il n'échappera pas à Tristan.
40:01Voir!
40:02Il y a une heure, il a fait pendre le frère du Bohémien.
40:06Il l'a accroché au plus haut chêne du pays.
40:08Pourquoi? Le frère d'Eradin était donc lui aussi un espion?
40:11Non. Non, c'était un vanier tout à fait inoffensif.
40:15Alors, pourquoi l'avoir pendu?
40:17Pour servir d'appât.
40:19Les Bohémiens ont le culte des morts.
40:22Eradin prendra tous les risques pour ensevelir son frère.
40:25Et quand il arrivera au Vieux de la Potence...
40:27Très bien, Olivier. Voir qui me rassure.
40:29Un instant, Sire. Votre médaille.
40:31La médaille de Saint-Julien, je ne la vois plus à votre cour.
40:33Bien sûr, je l'ai donnée.
40:35Mais à la cour, tout le monde connaît l'existence de cette médaille.
40:38À qui l'avez-vous donc offerte?
40:40À ce jeune fou d'Écossais.
40:42Quentin d'Urward?
40:43Oui.
40:44Pourquoi?
40:45Je ne me plais.
40:47La générosité est toujours une imprudence, Sire.
40:52Il n'est pas souhaitable que trop de gens...
40:55établissent un lien entre un marchand nommé Maître Pierre...
40:58et le roi de France.
41:00Laissez-moi reprendre cette médaille. C'est une question de sécurité.
41:02Écoutez-moi, Olivier. J'ai fait un sang cette nuit.
41:05Saint-Julien m'est apparu une fois encore.
41:07Tu sais qu'il m'est fidèle, qu'il ne me trompe jamais.
41:09Il m'a annoncé la venue de ce jeune homme.
41:11Il bravait tout. L'eau, le fer, le feu et même le roi.
41:15Et bien?
41:17Tant que Quentin d'Urward sera sur mes terres,
41:20son étoile sera la mienne.
41:22Si lui arrivait malheur, le même malheur me frapperait.
41:25Mais la médaille...
41:26Elle me protège, comprends-tu?
41:28Elle me protège en le protégeant.
41:39Voilà l'animal, Midor.
41:41Fichtre.
41:42Pour un marchand, ce Maître Pierre fait des cadeaux de seigneur.
41:45Il est tout bridé, tout scellé. La pence pleine d'avoine.
41:48Or, viens.
41:51Voilà.
41:53Et il est prêt à partir sur l'heure. Vous n'avez qu'à vous mettre en selle.
41:56Voilà, drôle. Aurais-tu l'intention de me chasser?
41:59Mais non, Midor, mais non.
42:01Ta cuisine me plaît, figure-toi.
42:03Et j'ai l'intention d'en régaler mon oncle.
42:05Fort bien. Cependant, les instructions de Maître Pierre...
42:07Quelles instructions?
42:09Ai-je l'air d'un homme qui reçoit des instructions d'un marchand?
42:12Non, assurément non, Midor.
42:14Voudrais-tu me voir coucher dans les bois quand je peux avoir un bon lit?
42:16Mais non, mais non.
42:18Je partirai quand bon me semblera.
42:20Ah bon?
42:21Pour l'instant, prépare-moi la meilleure chambre.
42:24Avec trois matelas et deux courtes pointes.
42:27Midor, autant vous le dire tout net, c'est impossible.
42:30Impossible?
42:31Oui.
42:32Tu as bien dit impossible?
42:33Eh ben, je...
42:34Apprends, coquin, que pour un écossais, rien n'est impossible.
42:37Oh, c'est bon, Midor, c'est bon.
42:39Alors, j'aurai ma chambre?
42:41Vous l'aurez, mon monsieur, dans les déserts tout de suite.
42:43Un instant.
42:44Quelle est cette voix?
42:46C'est... c'est une voix de femme.
42:48Quelle femme?
42:49Midor, tuez-moi tout de suite si vous voulez, mais cette fois-ci, je ne peux rien vous dire.
42:52Tant mieux.
42:54J'adore le mystère de cette voix.
42:55Ah, vous voilà enfin raisonnable.
42:57Tiens, attrape.
43:09Mais elles ne sont pas fausses.
43:11Je n'ai jamais vu un écossais comme ça.
43:22Pas de peine, je ne t'ai trop attendue.
43:29Je ne t'ai trop attendue.
43:45Mais monsieur, je ne vous connais pas.
43:46Ne dites pas ça, vous m'avez appelée.
43:47Moi?
43:48Vous chantez une chanson d'amour.
43:49Et alors?
43:50J'arrive d'Ecosse exprès pour que vous m'aimiez.
43:52Taisez-vous.
43:53Votre nom.
43:54Où vient Parthé?
43:55Votre nom d'abord.
43:56Vous ne le saurez pas.
43:57Isabelle, Isabelle, ouvrez.
44:00J'arrive, ma tante.
44:02Parthé, je vous en supplie, il ne faut pas que l'on vous trouve ici.
44:04Il y va de votre vie.
44:06Si ce n'est que cela, je reste.
44:08Mais il y va peut-être aussi de la mienne.
44:10Parthé, monsieur, je vous en prie.
44:12A bientôt, Isabelle.
44:20C'est curieux, j'ai cru entendre une voix d'homme.
44:22Vous croyez, ma tante?
44:24Peut-être que c'est un tourterelle.
44:26Votre tourterelle.
44:27Apprenez, chère petite, que lorsqu'une tourterelle a une voix d'homme, c'est un tourtereau.
44:51Oh!
44:54Oh!
44:56Oh!
45:19Hola, buenos dias.
45:22Lequel de vous est-il mon neveu?
45:25T'as un neveu, Leslie?
45:27Arrivé tout droit d'Ecosse depuis ce matin.
45:29Enfin, je comprends tant.
45:30Mais s'il n'est pas ici,
45:32il ne peut être nulle part.
45:34Ce serait une plaisanterie.
45:36Pourquoi ça?
45:37Ben, j'ai une réputation bien établie dans la famille.
45:40Où diable mon neveu aurait-il été chercher son oncle
45:43ailleurs qu'au cabaret?
45:44Ha! Ha! Ha!
45:46Et votre neveu, comment il est?
45:48Ben, attend un peu, attend un peu que je me souvienne.
45:50La dernière fois que je l'ai vu,
45:52ben, il avait pas encore toutes ses dents de lait.
45:55Ha! Ha! Ha!
45:56Ah! Il est bien venu en Ecosse ce matin,
45:59mais le poil lui poussait déjà au menton.
46:01Mais le temps passe vite, l'ami.
46:04Et comment était-il, ce jeune homme?
46:06Beau, l'air fou,
46:08la traille bien prise,
46:10l'oeil pétillant.
46:12Ben, à ma foi, disons.
46:14Eh ben, exactement, moi quand j'avais 20 ans.
46:17Ha! Ha! Ha!
46:18Et où est-il, ce garnement?
46:20Il est sorti faire galoper son cheval,
46:22mais je crois bien qu'il a pris la direction
46:25qu'il vaut mieux éviter.
46:27Tu veux dire?
46:29L'arbon.
46:31Hélas!
46:34À moi, les Ecossais!
46:36J'offre trois jours de solde
46:38à qui retrouvera mon neveu.
46:40Allez, allez! En avant!
46:52Sous-titrage Société Radio-Canada
47:23Mon Dieu!
47:25Je vous demande d'avoir pitié
47:27de cet homme qui vient de monter auprès de vous.
47:30Quel que soit le crime qu'a commis cet homme,
47:33je témoigne qu'il n'a pas pu trouver justice en ce pays
47:36et qu'il ne peut espérer qu'en votre miséricorde,
47:39qu'elle est infinie.
47:41Que Dieu le bénisse!
47:43Que Dieu le bénisse!
47:45Que Dieu le bénisse!
47:47Que Dieu le bénisse!
47:49Que Dieu le bénisse!
47:51Qu'elle est infinie.
47:53Amen.
47:55Voilà des paroles fort chrétiennes
47:58et qu'on entend guère par ici.
48:00Je vous en félicite, l'ami.
48:07Que faites-vous ici?
48:09Quelque chose d'extraordinaire, messieur.
48:12Je vous mange à ma faim.
48:14C'est un miracle?
48:16Non, un accident.
48:18Il s'est cogné par hasard contre une pierre à cause de l'en-dessus.
48:21Vous l'en souviendez, Pierre?
48:23À chaque fois que j'ai faim.
48:25Il prouvait que cet exercice calme les crampes d'estomac.
48:29Et là-bas?
48:31Quelle sorte d'accident s'est-il produit?
48:34Un accident fort banal, Messire.
48:37Cet homme s'est heurté à la justice du roi.
48:40Qu'avait-il fait?
48:42Le Prévost cherchait pour le pendre un certain bohémien.
48:45Ne l'ayant pas trouvé, il en a fait pendre un autre, homme pour homme.
48:48Il avait son compte.
48:50Et ces femmes, ces vieillards, ces enfants?
48:53La famille du supplicier, à ce qu'il paraît.
48:56Qu'attendent-ils?
48:58Que le bourreau leur rende le corps du pendu.
49:01Certaines familles attendent pendant des semaines le bon vouloir du Grand Prévost.
49:05Quelle cruauté!
49:07Quelle barbarie!
49:09Un peu moins fort, Messieur.
49:12Estimez vos paroles.
49:14Prouve que vous venez de loin.
49:16En effet, j'arrive d'Écosse.
49:20Je ne me fais guère aux façons du continent.
49:24Et c'est ailleurs comme chez le roi de France?
49:27Hélas, je le crains.
49:29J'ai été soldat, Messieur.
49:31Ce que j'ai appris dans mes campagnes me permettait d'espérer une place de valet d'armes.
49:35Mais le sens de l'honneur et un reste de religion...
49:38font que je ne sais à qui louer mes services.
49:41Tout ce que je vois autour de moi me donne envie d'aller ailleurs.
49:44Et dès que je suis ailleurs, je fuis pour aller autre part.
49:49Si vous me dites où je peux m'engager, je vous en saurai gré.
49:52Et bien, chez le duc de Bourgogne?
49:54Il paraît que c'est un grand seigneur.
49:56Pour un rien, ces hommes risquent d'avoir les os brisés.
49:59C'est un tyran, coléreux et brutal.
50:02Alors, engagez-vous au service de Guillaume de Lamarck?
50:05Oui.
50:07Un pillard qui n'hésite pas à égorger les pèlerins.
50:09On le surnomme le sanglier des Ardennes.
50:11Quant au roi Louis...
50:13Un peu moins fort, monsieur.
50:15Nous sommes en France, n'oubliez pas.
50:18Un ladre qui ne règne que par la corde et l'intrigue.
50:21Fâcheux bilan, en vérité.
50:23Voilà pourquoi je suis sans solde et réduit à lancer des pierres contre les poules.
50:27Il est temps de prouver à Dieu que sur cette terre,
50:29tous les hommes n'ont pas encore oublié la parole du Christ.
50:32Qu'allez-vous faire?
50:33La charité.
50:34D'abord, détacher le corps de ce malheureux et le rendre à sa famille.
50:37Vous n'y pensez pas?
50:38Non.
50:39Mais la loi l'interdit.
50:40Le coeur l'ordonne.
50:42Si l'on vous prend, vous serez pendu à votre tour.
50:44Si c'est ici la seule façon de mourir avec honneur,
50:46ma foi tant pis, je prends le reste.
50:48Pour un pendu?
50:49Pour mon blason.
50:50Arrêtez! Attendez-moi!
51:09Oulah!
51:10Pas idée bon, le boy mien est tombé dans le piège.
51:13En route!
51:38Maintenant, c'est vous qui serez pendu.
52:09Qui d'entre vous a osé braver la justice du roi?
52:12Il me faut le coupable sur le champ.
52:14Sinon, je vais vous faire pendre tous, l'un après l'autre.
52:19Alors?
52:21Qui?
52:24Moi.
52:26Défendez-la, canaille.
52:28Je m'appelle Quentin Duroir et je suis gentil homme.
52:31Aucun doute, mon seigneur.
52:33Cet homme n'est pas le boy mien que nous cherchons.
52:35Nous avons raté notre affaire.
52:37C'est pas un homme à pardonner ça.
52:40Roland Duroir, nous sommes de descendre.
52:44Et pour quelle raison, s'il vous plaît?
52:46Pour que justice soit faite.
52:48Où sont les juges?
52:50Je ne vois ici que des bourreaux.
52:52Le délit est flagrant.
52:54La sentence doit être exécutée sur le champ.
52:56C'est votre affaire, messire, pas la mienne.
53:00Si vous me voulez, venez me chercher.
53:03Délogez-moi ce jeu, ce gentil homme.
53:06Ce gentil homme.
53:37Mais qu'est-ce que tu viens faire ici?
53:39Il n'y a que des coups à gagner.
53:40Hélas, je le sais, mon seigneur.
53:42Mais vous m'avez parlé d'honneur
53:43et c'est un mot auquel je ne résiste pas.
53:46Mais qu'est-ce que tu viens faire ici?
53:47Il n'y a que des coups à gagner.
53:48Hélas, je le sais, mon seigneur.
53:49Mais vous m'avez parlé d'honneur
53:50et c'est un mot auquel je ne résiste pas.
54:06Puisqu'ils se sont battus côte à côte,
54:08se balanceront ensemble à la même branche.
54:10Allez, qu'on en finisse.
54:15Allez, qu'on en finisse.
54:45Quoi qu'il arrive, merci pour tout ce que tu m'as fait.
54:49C'est un honneur pour moi que d'être pendu
54:52à côté d'un homme tel que vous.
54:54J'ai peu apprécié ton courage.
54:57Comment te nommes-tu?
54:59Bertrand, monsieur.
55:01Notre amitié aura été courte, Bertrand.
55:04C'est la seule chose que j'aurai à regretter dans ce monde.
55:08Wolt, tenez-vous prêt.
55:11Adieu, Bertrand.
55:13Adieu, monsieur.
55:15Foureau, faites votre devoir.
55:19C'est le balafré, monsieur le grand prévôt.
55:24Arrêtez! Arrêtez!
55:27C'est mon oncle, le balafré.

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