• il y a 3 mois
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Manon Aubry, eurodéputée LFI, répond aux questions de Florian Tardif au sujet des consultations d'Emmanuel Macron en vue de trouver le prochain Premier ministre, du nom de Bernard Cazeneuve qui circule beaucoup et de la possibilité d'amender leur programme.

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Transcription
00:00Bonjour, Manon Aubry, vous êtes députée européenne de la France insoumise.
00:04Emmanuel Macron a-t-il, en juin 2022, il y a deux ans,
00:07donc, gagné les élections législatives ?
00:09Oui, c'est une évidence.
00:11Vous le dites. A présent, alors, je vous cite Jean-Luc Mélenchon,
00:14il parlait de déroute du parti présidentiel, qui était total.
00:18Vous dites ce matin, oui, c'est une évidence, tout simplement,
00:20peut-être parce que les circonstances ont changé et que cela vous arrange.
00:23Je vous l'explique. La déroute, c'était par rapport
00:25au résultat qu'il avait fait en 2017.
00:26Si vous regardez le nombre de députés démacronistes,
00:29il n'a cessé de baisser de 2017 à 2022, puis de 2022 à 2024.
00:34Donc, j'ai envie de dire que cette déroute est allée à son paroxysme
00:38après ces élections législatives,
00:40et qu'on a un président de la République aujourd'hui
00:42qui, 50 jours plus tard, refuse toujours d'accepter sa défaite.
00:46Je me mets à la place des gens qui, j'espère,
00:48parce que c'est pas le cas de tout le monde,
00:49sont partis en vacances au début de l'été,
00:51ou au moins les enfants qui sont partis en vacances
00:53le 9 juillet dernier après les élections législatives.
00:56Ils reviennent à la fin de l'été.
00:57Il n'y a toujours pas de Premier ministre.
01:00Il y a un gouvernement démissionnaire
01:02qui gère beaucoup plus que les affaires courantes.
01:04Et à la fin des fins, on revient dans le monde d'avant,
01:07en consultant les anciens présidents de la République.
01:10On nous propose même Bernard Cazedon.
01:11J'ai l'impression d'un immense retour dans le passé.
01:14Un peu comme, oui, une faille spatio-temporelle
01:17dans laquelle on est, et c'est un peu singulier.
01:20Comment vous qualifiez, justement, cette attitude du chef de l'État
01:22qui pourrait, on pourrait le dire ainsi, procrastine, peut-être ?
01:26C'est plus que de la procrastination.
01:28Je pense que c'est un coup de force contre la démocratie.
01:31Un coup de force démocratique. Vous avez lu la Constitution.
01:33Oui, un coup de force.
01:35Oui, le président de la République doit nommer, pas choisir.
01:38Et donc, il doit tenir compte des élections législatives.
01:41Ces élections législatives ont donné au Nouveau Front populaire
01:44le plus grand groupe politique, certes avec une majorité relative,
01:47mais le plus grand groupe politique.
01:48Et j'ai le sentiment qu'on a un président de la République
01:50qui veut être président de la République,
01:52mais qui veut être aussi Premier ministre,
01:54qui veut être président de l'Assemblée nationale,
01:56qui veut être aussi chef de l'opposition.
01:58Au final, il veut une cohabitation avec lui-même.
02:00Mais, pardon, en fait, dans une démocratie,
02:02ce sont les urnes qui parlent, les urnes ont parlé.
02:04Elles ne veulent plus des macronistes, de sa politique de malheur,
02:07de sa politique de misère sociale.
02:09Une politique de malheur ?
02:11Oui, c'est une politique de malheur.
02:12Je pense que sa politique a créé du malheur dans notre pays,
02:15a augmenté les inégalités sociales,
02:17a créé du désespoir pour tout un tas de gens,
02:20a fait un recul en matière de lutte contre le changement climatique,
02:25a poussé des millions de gens à travailler deux ans de plus
02:28à cause de la réforme des retraites.
02:31Donc, toutes ces choses-là...
02:32On va en parler.
02:33Il est temps d'en tourner la page.
02:36Ce matin, je le dis de manière encore plus ferme,
02:40parce que, sans doute, parmi les gens qui nous écoutent,
02:44j'imagine qu'il y a des gens qui ne sont pas d'accord
02:45avec notre projet politique.
02:46Ils ont bien le droit, c'est la démocratie.
02:48Et ils ont voté, d'ailleurs.
02:49Ils ne vous ont pas donné une majorité.
02:50Et d'ailleurs, c'est peut-être tout le problème.
02:52Non, mais, par allure, au bout de ce que je disais,
02:55j'imagine qu'ils ont le droit de ne pas être d'accord
02:57avec la France insoumise, avec le Nouveau Front populaire,
02:59quoique la hausse du SMIC
03:00et l'abrogation de la réforme des retraites
03:02sont des mesures populaires.
03:03Mais à ces gens-là...
03:05Est-ce que vous êtes prêts à amender votre programme ?
03:06Vous n'avez pas de majorité absolue.
03:08Et c'est vrai que lorsque l'on écoute les membres du Nouveau Front populaire,
03:11on a l'impression que c'est tout le programme du Nouveau Front populaire
03:14et uniquement le programme du Nouveau Front populaire.
03:15L'Orient tardif, ce qu'on est en train de défendre,
03:17c'est ni plus ni moins que la démocratie.
03:19C'est pour ça que j'en appelle, y compris à toutes celles et tous ceux
03:21qui ne sont pas d'accord avec nous.
03:22Si demain, la droite gagnait les élections,
03:24est-ce que vous trouveriez ça normal que la gauche vienne dire
03:27que ce n'est pas à vous de gouverner ?
03:29Bien sûr que c'est à la gauche, au Nouveau Front populaire...
03:31Mais vous n'avez pas eu un blanc-seing de la part des électeurs.
03:33Vous avez raison, nous n'avons pas de majorité absolue.
03:35C'était le cas des macronistes aussi, qui n'avaient pas de majorité absolue.
03:37Est-ce que vous pouvez répondre à la question ?
03:38Est-ce que vous êtes prêts, ce matin, à dire à vos collègues
03:41qu'il faut peut-être amender notre programme,
03:43tout simplement pour tenter de créer une majorité ?
03:45C'est ce que vous souhaitez, j'ai l'impression.
03:46Il faut faire la distinction entre le gouvernement,
03:49d'un côté, qui est l'exécutif, qui doit être composé
03:51à partir du Nouveau Front populaire, qui a gagné les élections,
03:54et ensuite, le travail parlementaire.
03:56Et bien entendu, nous serons respectueux du travail parlementaire
03:59et donc, texte par texte, nous irons construire des majorités.
04:02Dit autrement, c'en est fini avec la brutalité de l'Assemblée nationale,
04:05la manière dont les macronistes ont gouverné.
04:08Pour être précis, pour les gens qui nous regardent et nous écoutent sur Europe 1,
04:10est-ce que, ce matin, vous estimez que le programme du Nouveau Front populaire
04:14doit être amendé pour obtenir une majorité, peut-être texte par texte ?
04:18C'est ce que je comprends, en vue du contenu.
04:20Le programme du Nouveau Front populaire
04:22est la base de travail du gouvernement,
04:24qui fera des propositions sur la base de ce programme.
04:27Ensuite, l'Assemblée nationale, le Parlement fera son travail
04:31et nous le respecterons.
04:33Donc, c'est le programme du Nouveau Front populaire,
04:35uniquement le programme du Nouveau Front populaire,
04:37qui pourra ensuite être amendé au Parlement.
04:38C'est la démocratie.
04:41L'exécutif propose, et ensuite, l'Assemblée nationale...
04:44Vous n'avez pas peur d'une motion de censure ?
04:46Mais je vais vous donner des exemples concrets.
04:47Sur l'abrogation des réformes des retraites,
04:49je pense qu'on peut avoir une majorité à l'Assemblée nationale.
04:51Sur la taxation des dividendes, par exemple, et des superprofits,
04:57je pense qu'on peut avoir une majorité à l'Assemblée nationale.
04:59Ça avait même été proposé par le MoDem.
05:01Donc oui, c'est possible de construire des majorités texte par texte.
05:04Encore faut-il que le roi,
05:05là, depuis son palace doré à l'Elysée, Emmanuel Macron,
05:09tienne compte des élections,
05:11parce que c'est quand même lui-même qui a provoqué ces élections,
05:13sur un coup de billard à 50 bandes en pensant fracturer la gauche.
05:19Manque de peau, on a réussi à la faire tenir ensemble.
05:21Et 50 jours après, il refuse toujours de nommer,
05:24parce que, soi-disant, il y a eu les Jeux olympiques...
05:25Il va recevoir, justement, plusieurs personnalités de poids
05:28dans notre pays ce matin, dont Bernard Cazeneuve.
05:31Vous l'avez évoqué, ce nom circule depuis plusieurs jours.
05:34Et ce que vous nous dites ce matin,
05:35j'ai l'impression que c'est la position de la France insoumise
05:37que tout gouvernement Cazeneuve sera censuré.
05:40Et si oui, pourquoi ?
05:41Au témoin d'un doute, il a gagné les élections, Bernard Cazeneuve ?
05:44Non, je ne crois pas. Mais il ne s'est pas présenté.
05:46Mais est-ce que vous, ce matin, avez gagné également ces élections ?
05:49En l'occurrence, Bernard Cazeneuve...
05:51Lucie Castex, je ne crois pas, a gagné les élections.
05:53Si, avec le Nouveau Front populaire.
05:54C'est la candidate du Nouveau Front populaire.
05:55C'est la candidate désignée par le Nouveau Front populaire.
05:57Oui, par les quatre partis politiques qui ont remporté les élections.
06:00Vous savez, Bernard Cazeneuve,
06:01il a un parti politique qui s'appelle la Convention.
06:04Et vous savez combien de députés il a à l'Assemblée nationale ?
06:07Un.
06:08Alors, je veux bien que notre majorité, nous, du Nouveau Front populaire,
06:13soit un peu étriquée,
06:14mais faire une majorité à partir d'un député, vous m'excuserez,
06:17on voit qu'Emmanuel Macron utilise tous les prétextes possibles
06:21pour refuser que le Nouveau Front populaire gouverne.
06:23Alors, d'abord, il y a une question de timing, les Jeux olympiques.
06:25Je pense qu'on va attendre aussi la Toussaint, Noël et la Saint-Glinglin
06:28pour nommer un Premier ministre.
06:30Et ensuite, il nous a dit que le problème,
06:32c'était des ministres de la France insoumise.
06:34Nous avons dit très clairement, dans ce cas-là,
06:36est-ce que vous allez censurer un gouvernement du Nouveau Front populaire
06:40sans ministre de la France insoumise ?
06:43Et la réponse a été très claire, les masques sont tombés.
06:45Leur problème, c'était le programme du Nouveau Front populaire.
06:50Et je vais plus loin, leur problème, à la fin des fins, c'est la démocratie.
06:54Et on voit bien qu'Emmanuel Macron fait tout ce qu'il peut
06:56pour contourner la démocratie.
06:58On a compris Bernard Cazeneuve, motion de censure à l'Assemblée nationale,
07:00mais si le président de la République décide de nommer
07:02un autre Premier ministre issu de la gauche,
07:04qui ne serait pas Lucie Castex,
07:06on a compris qu'il avait écarté cette possibilité,
07:08est-ce que vous maintiendrez votre appel à la mobilisation ce 7 septembre ?
07:12Oui. Je vais vous dire...
07:13Peu importe le nom du Premier ministre.
07:15Je vais vous dire, pour une chose très claire,
07:16mettez-vous à la place d'Emmanuel Macron,
07:18je sais que c'est pas facile, en ce matin de rentrée,
07:21mais si Emmanuel Macron refuse de nommer Lucie Castex à Matignon,
07:25au-delà du coup de force démocratique,
07:26c'est bien parce qu'il refuse ce qu'incarne,
07:29ce que représente Lucie Castex,
07:31c'est-à-dire le programme du nouveau Front populaire.
07:33Donc, s'il nomme quelqu'un d'autre,
07:35c'est bien pour que cette personne ne défende pas ce programme,
07:38ne l'applique pas.
07:39Et il l'a dit lui-même qu'il voulait pas
07:41qu'on défasse sa réforme des retraites,
07:43qu'on défasse sa réforme de l'assurance-chômage
07:45qui crée tant de malheurs dans notre pays.
07:47Donc, je veux dire, ça a peine voilé de la part du président de la République.
07:51Et nous, on est des démocrates, on a fait campagne sur un programme,
07:54c'est ça qu'on doit défendre.
07:56Et pour revenir à Bernard Cazeneuve,
07:58c'est celui qui a quitté le Parti socialiste
08:00au moment où a été créée la NUPES.
08:01Et d'ailleurs, c'était pas l'objet de ma question,
08:03c'est s'il y a un autre Premier ministre issu de la gauche.
08:06Je vous donne l'exemple de ce type de profils
08:08qui ont construit leur trajectoire politique
08:10contre l'unité de la gauche
08:13qu'on a construite avec la NUPES,
08:15puis ensuite avec le nouveau Front populaire.
08:17Donc, si on défend, c'est pas Lucie Castex,
08:20bêtes et ongles, parce que c'est elle,
08:22c'est parce qu'elle incarne ce que nous avons voulu construire
08:26politiquement.
08:27Certains de vos détracteurs estiment
08:28que c'est une forme de putsch parlementaire
08:30d'appeler à la rue,
08:31comme ça, une mobilisation importante
08:34pour tenter d'influer la décision du président de la République.
08:38On va s'arrêter sur ce mot-là.
08:39Qui est en train de procéder à un putsch à l'heure actuelle ?
08:42Qui est en train de nier le résultat des urnes
08:45comme une forme de trumpisation de la vie politique ?
08:48Qui est en train de s'asseoir...
08:50Emmanuel Macron, une forme de Donald Trump à la française ?
08:52C'est ce que vous dites, ce matin ?
08:53On assiste à une trumpisation de la vie politique française.
08:57Quand on a Donald Trump qui, à l'époque,
08:59avait demandé de recompter les voix
09:01parce qu'il n'en avait pas confiance,
09:03là, j'ai un peu le sentiment que le président de la République
09:06force un recompte des voix
09:07parce que le résultat des urnes qu'il a lui-même provoqué
09:10ne lui plaît pas.
09:11Et donc, oui, dans une démocratie,
09:12nous utilisons tous les outils démocratiques à notre disposition
09:16pour qu'elles soient respectées.
09:17Ca passe par une grande mobilisation ce samedi 7 septembre
09:20partout en France, qui, j'espère, sera la plus large possible
09:22pour que les Françaises et les Français,
09:24à la fois celles et ceux qui ont voté pour le nouveau Front populaire,
09:27mais celles et ceux aussi qui sont attachés à la démocratie,
09:29disent au président de la République
09:31qu'il ne peut pas décider seul en son royaume
09:33pour l'avenir de millions de Français
09:34qui se sont exprimés d'abord dans les urnes.
09:37Et puis, nous allons utiliser aussi l'outil constitutionnel
09:40de la destitution,
09:42puisque le président de la République manque à ses devoirs
09:46élémentaires et essentiels, en l'occurrence le respect des urnes,
09:49et nous avons initié également cette procédure.
09:51Et ces deux droits sont tous deux protégés par la Constitution.
09:55Nous avons appris ce week-end que Camilia,
09:56cette jeune fillette de 7 ans percutée jeudi dans les Alpes-Maritimes,
09:59est morte des suites de ses blessures.
10:01On a bien évidemment eu une pensée ce matin pour ses proches.
10:03L'un de vos collègues, Antoine Léaumont, a adressé ce week-end
10:05un message à la famille.
10:07Sur les réseaux sociaux, il parle de motard.
10:10Est-ce que cet homme qui doublait une file de voiture,
10:12je le précise en empruntant la voix opposée,
10:14le tout sur une roue, est un motard ?
10:17Manon Aubry.
10:18Écoutez, d'abord, je voudrais avoir une pensée
10:20pour la petite Camilia, sa famille.
10:23Le drame est horrible.
10:25Elle avait 7 ans et toute la vie devant elle et ses proches,
10:29mais aussi tout le village de Valory.
10:31Si ça se trouve, j'ai grandi pas très loin de là-bas.
10:34Et je pense affectée aujourd'hui par ce drame.
10:37Maintenant, c'est à la justice de faire son travail,
10:40à la justice de condamner.
10:42Vous ne répondez pas à la question.
10:44Est-ce que vous utiliseriez ce terme, excusez-moi,
10:47de motard ?
10:49Franchement, j'ai même pas envie d'avoir un débat
10:51sur les termes à utiliser, la polémique...
10:53Là, ce matin, c'est juste l'émotion qui domine.
10:56Et je pense qu'aujourd'hui, on doit tous être derrière
11:00et en soutien à la famille et laisser la justice faire son travail
11:05au lieu d'essayer de chercher une polémique sur la virgule,
11:07le mot, le machin, est-ce que j'ai utilisé le bon mot...
11:09Non, là, attendez, on a une famille qui pleure la mort
11:12d'une petite fille de 7 ans.
11:14C'est tout ce qui compte, ce matin.
11:16Et que la justice puisse faire son travail
11:18le plus rapidement et le plus sereinement possible.
11:20Est-ce que vous estimez, ce matin, sur ces news européens,
11:22qu'il y a une réponse néanmoins politique à apporter face à ce drame ?
11:25Car l'Olive estime qu'il faut, par exemple,
11:27appliquer, je le cite, la présomption de culpabilité
11:30et mettre en place un délit de criminalité.
11:32Est-ce que vous partagez cette proposition ?
11:35La remise en cause de la présomption d'innocence
11:39est une attaque fondamentale à ce qui constitue aujourd'hui
11:42un des principes de la justice et de l'État de droit.
11:45Et je voudrais poser la question, aujourd'hui, à Gabriel Attal,
11:48qui est le chef de groupe, le président de groupe macroniste
11:53dans lequel siège Karl Olive.
11:54Est-ce qu'il soutient, aujourd'hui, la remise en cause
11:56de l'État de droit dans notre pays ?
11:58Et cette question, je l'adresse assez solennellement,
12:00ce matin, à votre antenne.
12:01J'espère qu'il pourra répondre le plus rapidement possible,
12:04parce que l'émotion légitime, forte, ce matin,
12:08ne doit pas conduire à la remise en cause
12:10de nos principes fondamentaux,
12:12qui sont les principes qui ont régi la justice
12:13depuis maintenant des dizaines, voire des centaines d'années
12:16dans notre pays, et donc qui doivent permettre à la justice
12:18de travailler sereinement.
12:19Il y aura, je le souhaite, une condamnation
12:22la plus rapide possible,
12:23mais je laisse la justice faire son travail
12:25et je ne profite pas de ce drame
12:27pour remettre en question nos principes fondamentaux.
12:2912 millions d'élèves retrouvent les bancs de l'école, ce matin,
12:33s'ils nous écoutent ou nous regardent, on les salue.
12:35Est-ce que vous craignez que l'instabilité politique,
12:37on en a longuement parlé depuis le début de cet entretien,
12:39ait des conséquences néfastes pour ces derniers ?
12:42Evidemment, je pense ce matin aux 12 millions d'élèves,
12:45à leurs familles, qui doivent avoir un peu d'appréhension,
12:48parce que c'est la rentrée, on avait tous la boule au ventre
12:50quand on était petits, au moment de la rentrée,
12:51on s'en souvient tous dans quelle classe on va être.
12:54Mais j'ai envie de dire, cette année, il y a une double appréhension
12:56aussi pour la communauté éducative.
12:58Je voudrais penser à tous les enseignants
13:00qui font un travail formidable d'éduquer nos enfants,
13:03préparer l'avenir, et qui font cette rentrée dans un flou total.
13:07Est-ce que le choc des savoirs va s'appliquer ou pas ?
13:09Il manque plus de 3 000 postes d'enseignants.
13:12Dans la plupart des écoles et des collèges de France,
13:15vous avez au moins une classe qui sera sans professeur.
13:18Vous avez les élèves en situation de handicap
13:21qui n'ont pas suffisamment d'AESH,
13:22donc d'assistant pour les élèves en situation de handicap.
13:26Voilà la rentrée dans laquelle on est.
13:28Et puis, vous avez Nicole Belloubet,
13:29la ministre démissionnaire de l'Éducation,
13:32qui vient faire des annonces, comme si elle était encore légitime,
13:34en disant qu'il va falloir serrer la ceinture.
13:36J'avais noté son expression, ce qui est quand même assez incroyable
13:38pour une ministre démissionnaire.
13:40Il faudra faire cette rentrée avec une particulière rigueur budgétaire.
13:45Pardon, vous ne pensez pas que l'Éducation nationale
13:47a déjà souffert d'une particulière rigueur budgétaire ?
13:50On a déjà les enseignants parmi les moins bien payés d'Europe.
13:52Vous voyez, cette rentrée exige de la sérénité,
13:56exige du soutien à nos enseignants, mais aussi à nos élèves,
14:00et exige surtout une réforme en profondeur de l'éducation
14:03pour qu'elle soit gratuite. Voilà ce qu'on aurait fait.
14:04Vous allez vous battre contre cette réforme du choc des savoirs ?
14:07Oui, on s'est battus depuis le début.
14:08C'est un tri social des élèves.
14:11Et l'éducation, elle a un principe universel.
14:13Vous, moi, nous tous, on doit avoir droit non seulement
14:15au même enseignement et à l'enseignement gratuit.
14:17Je vous le dis parce que là, les familles ont fait les courses,
14:21les cahiers à petits carreaux, à gros carreaux,
14:24l'effaceur, le stylo, etc.
14:26Tout ça, c'est un coût.
14:27C'est plus de 200 euros quand vous êtes en primaire,
14:29plus de 300 euros quand vous êtes au collège.
14:31Ce coût, il est assumé par des familles
14:33qui m'ont déjà beaucoup à payer le reste de l'année.
14:35Et l'école gratuite,
14:36vous voyez, on l'avait inscrite en lettre d'or dans notre programme.
14:39C'est pour ça qu'il aurait été urgent de nommer un gouvernement
14:41du Nouveau Front Populaire dès le début juillet.
14:43Pour préparer sereinement la rentrée, mais on n'y renoncera pas
14:46dès le moment où le président de la République reviendra à la réalité.
14:49Et s'il faut, on le poussera avec motion de censure,
14:52destitution, mobilisation samedi dans les urnes
14:55pour lui rappeler que le Nouveau Front Populaire
14:57a à cœur une éducation gratuite et pour tous.
14:59Dernière question. Aujourd'hui aura lieu l'hommage
15:00au gendarme Éric Comines.
15:03Est-ce que vous estimez, compte tenu du profil du chauffard,
15:07que cette personne multirécidiviste émigrée avait sa place en France ?
15:11Je le précise tout simplement parce que la loi immigration
15:13permet à présent d'expulser ce type de personnes
15:17qui ont pu commettre des délits dans le passé.
15:20Et est-ce qu'aujourd'hui, le Nouveau Front Populaire
15:23souhaite revenir toujours sur cette loi qui permet donc ces expulsions ?
15:26Écoutez, là aussi, je voudrais avoir une pensée pour la famille de ce gendarme
15:30qui a été tué dans des conditions absolument atroces.
15:35Et je comprends l'émotion, la colère aussi de ses proches.
15:41L'émotion est, ceci dit, assez mauvaise conseillère en termes de réformes.
15:44Donc d'abord, il faut que la justice puisse faire son travail.
15:48Quant à la loi immigration, je crois que c'est la fin de cette interview,
15:51on n'a pas forcément le temps de revenir dans les détails,
15:53mais là aussi, c'est une remise en cause de nos droits les plus fondamentaux
15:57et qui, aujourd'hui, doivent nous interpeller
16:00et nous faire réfléchir sur l'application de cette loi.
16:04Et je vois qu'on n'a pas le temps d'aller au bout.
16:06Malheureusement.
16:07Mais on aura le temps d'en rediscuter, y compris à l'aune de ce drame.
16:10Et moi, je souhaite d'abord que la justice puisse faire son travail
16:13vis-à-vis de son assassin.
16:14Merci beaucoup, Manon Aubry.
16:15C'était votre grande interview sur CNews Europe.
16:17Merci, Manon Aubry. Dans un instant, sur Europe...

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