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Gabriel Attal, Premier ministre, répond aux questions de Laurence Ferrari au sujet de la lettre d'Emmanuel Macron aux Français, de la fin du Macronisme, de la possibilité de voir Jordan Bardella ou Jean-luc Mélenchon à Matignon, du programme du Nouveau Front Populaire, de l'économie, de l'insécurité et des Jeux olympiques de Paris.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Gabriel Attal, Premier ministre, répond aux questions de Laurence Ferrari au sujet de la lettre d'Emmanuel Macron aux Français, de la fin du Macronisme, de la possibilité de voir Jordan Bardella ou Jean-luc Mélenchon à Matignon, du programme du Nouveau Front Populaire, de l'économie, de l'insécurité et des Jeux olympiques de Paris.
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NewsTranscription
00:00Et c'est votre grande interview sur CNews et Europe 1. Bonjour Gabriel Attal.
00:06Bonjour Laurence Ferrari.
00:07Merci d'être venu sur nos deux antennes.
00:08À six jours du premier tour, le Président se lance à nouveau au cœur de la mêlée électorale
00:12en écrivant une lettre aux Français dans la presse régionale avec ces mots
00:15« Ne vous résignez pas à quoi ? »
00:17Au fait que les Français lui disent leur colère, Gabriel Attal ?
00:20Ne vous résignez pas à devoir choisir entre le Rassemblement national et la France insoumise.
00:26Moi je rencontre beaucoup de Français, je me déplace sur le terrain,
00:29j'ai fait presque une quinzaine de départements ces deux dernières semaines,
00:33beaucoup de Français qui me disent « On n'a pas envie de choisir entre l'extrême-gauche et l'extrême-droite ».
00:36Oui, mais qui vous disent aussi beaucoup leur colère contre le Président.
00:39Vous en avez fait l'expérience à chaque déplacement sur le terrain.
00:42Bien sûr, mais qui sont bien conscients que c'est une élection législative,
00:45que quel que soit le résultat de cette élection législative,
00:47le Président de la République sera Président de la République jusqu'en 2027
00:51et que cette élection législative n'est pas un référendum pour ou contre le Président,
00:55mais le choix d'un projet, d'une majorité à l'Assemblée nationale
00:58et donc d'un Premier ministre et d'un gouvernement.
01:00Or, les projets qui sont présentés ou les lignes politiques présentées
01:03par la France Insoumise et ses alliés ou le Rassemblement national
01:06seraient une catastrophe pour notre économie et nos emplois.
01:09Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les chefs d'entreprise eux-mêmes,
01:11l'association des chefs d'entreprise, des grandes entreprises,
01:142 millions de salariés, le patron des PME, la CPME,
01:18qui disent que si l'ERN gagne, la France irait dans le mur,
01:21des centaines de milliers d'emplois...
01:23On va parler de tout cela dans un instant.
01:25Le Président a mentionné dans cette lettre française
01:27qu'il ne démissionnera pas, quoi qu'il arrive.
01:29Ça aurait été trop tentant pour les Français, Gabriel Attal ?
01:32Je pense que c'est important de, encore une fois,
01:34redire quel est l'enjeu de cette élection.
01:36Ce n'est pas de dire non à Emmanuel Macron ?
01:38C'est une élection législative.
01:39C'est la première fois depuis plus de 25 ans, Laurence Ferrari,
01:41que les Français se prononcent pour une élection législative
01:44au cours d'un mandat.
01:45Ils ont l'habitude, normalement, d'avoir une élection présidentielle
01:47et, un mois plus tard, l'élection législative
01:50qui vient, quelque part, confirmer le résultat de l'élection présidentielle.
01:54Là, au milieu d'un mandat,
01:56il y a la possibilité de choisir une majorité
01:58et donc un Premier ministre et un gouvernement,
02:00à un moment où la France est à un des carrefours de son histoire.
02:03On voit, les défis sont immenses en termes géopolitiques,
02:05en termes économiques, en termes technologiques,
02:07en termes environnementaux.
02:08C'était le moment, justement, de la plonger dans le désordre,
02:10dans le chaos de l'élection législative, surprise,
02:12avec à peine trois semaines pour tout organiser,
02:14présenter les programmes.
02:15C'était vraiment le bon moment.
02:17D'abord, je crois que la démocratie...
02:18C'était pas mieux un peu plus tard ?
02:20C'est le choix du Président de la République.
02:22Je dirais que c'était le moment où il fallait le faire.
02:25Je crois que la démocratie, ça n'est jamais le chaos,
02:27quel que soit ce qu'on pense de la décision du Président de la République.
02:30Donner la parole aux Français, leur donner la possibilité de décider,
02:33ça n'est jamais le chaos.
02:35Et moi, je le dis, partout où je me déplace,
02:37je vois des Français qui sont prêts au sursaut,
02:40qui ne veulent pas de cette tenaille entre les extrêmes,
02:42qui, évidemment, ont des reproches à faire
02:44à l'action qui a été menée par le gouvernement,
02:47évidemment, considèrent qu'il y a plein de choses
02:49qui ne vont pas bien dans le pays.
02:50Je vais vous dire, je suis d'accord avec eux,
02:52tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes.
02:53Évidemment qu'il y a des Français qui souffrent,
02:55qu'il y a des Français qui doutent,
02:56qu'il y a des Français qui sont en difficulté.
02:58Moi, c'est pour ça que je me bats depuis un peu plus de 5 mois à Matignon,
03:01et c'est pour ça que je propose un programme
03:03qui nous permet d'aller plus loin sur un certain nombre de sujets clés.
03:06Je pense au pouvoir d'achat,
03:07je pense à la sécurité et à d'autres sujets.
03:09Mais pourquoi maintenant, sous la pression de ces élections législatives,
03:12Gabriel Attal, les Français ont l'impression
03:14que tout est fait dans la précipitation qu'on leur promet,
03:16mots et merveilles, vous y compris ?
03:18Non, vous savez, on a eu une défaite aux élections européennes.
03:21On a perdu les élections européennes.
03:23On échange avec les Français.
03:25Et le fait est que les Français attendent de nous
03:28qu'on aille plus loin, plus fort sur des enjeux clés
03:31comme le pouvoir d'achat et la sécurité.
03:32Je ne crois pas qu'ils attendent de nous,
03:33en tout cas, moi, ça n'a jamais été ma méthode,
03:35qu'on change radicalement de ligne
03:39et qu'on renonce à un certain nombre de priorités.
03:41Il faut que la manière de gouverner doit changer profondément.
03:44Oui, mais sur le front, par exemple,
03:45je ne vais pas me mettre, moi,
03:46à être pour des augmentations d'impôts
03:48comme ce que proposent les autres.
03:50J'assume de dire que je veux continuer une politique
03:53qui n'augmente pas les impôts.
03:54Et on est les seuls à être capables de le dire
03:56et de s'y engager.
03:57On a, ces dernières années, supprimé la taxe d'habitation,
04:00la redevance télé, baissé les premières tranches
04:02de l'impôt sur le revenu.
04:03Je veux continuer avec des mesures très claires
04:05sur les classes moyennes qui travaillent,
04:07qui veulent acheter leur premier logement
04:09avec la suppression des frais de notaire.
04:11Je veux continuer sur le pouvoir d'achat
04:13avec une baisse de 15 % de la facture d'électricité cet hiver.
04:16Je veux que, désormais, les retraites de nos retraités
04:19soient systématiquement revalorisées avec l'inflation,
04:22comme on l'a fait...
04:23Ce sont des dépenses, Gabriel.
04:24Oui, mais elles sont financées,
04:25à la différence de nos concurrents.
04:27C'est 10 milliards d'euros, c'est ça ?
04:29Non, il y a une mesure sur les frais de notaire
04:31pour les primo-accédants,
04:32c'est-à-dire des couples qui veulent, par exemple,
04:34acheter leur premier logement.
04:35Moi, je pense que ça fait partie du rêve français
04:37que d'être propriétaire de sa maison,
04:38si possible une maison individuelle.
04:40Cette mesure coûte 2 milliards d'euros.
04:42Il se trouve que j'avais annoncé,
04:43au moment de ma nomination, il y a quelques mois,
04:45qu'on aurait une mesure à 2 milliards d'euros
04:47pour le pouvoir d'achat des classes moyennes.
04:48On avait mis de côté quelque part pour ça.
04:50Cette mesure est financée.
04:51Pour le reste, le programme est intégralement financé.
04:54On a la prime de pouvoir d'achat
04:56versée par les entreprises, dont on relève le plafond.
04:58Il y a 6 millions de salariés
04:59qui en ont bénéficié l'année dernière.
05:01Ils pourront être davantage à le faire
05:02et beaucoup d'autres mesures.
05:03Il y a d'autres sujets.
05:04Évidemment, c'est important de parler d'économie.
05:06Il y a aussi les sujets régalés
05:07sur lesquels les Français jugent durement
05:09l'action de votre gouvernement
05:10et ceux qui vous en précédez.
05:12Insécurité, violence, immigration.
05:13Est-ce que vous n'avez pas sous-estimé
05:15le poids de ces sujets
05:16dans la vie quotidienne de nos concitoyens ?
05:19Les Français ont droit à une vie tranquille.
05:21Pouvoir rentrer chez soi en sécurité,
05:23sortir avec ses enfants en sécurité,
05:25sortir dans la rue quand on est une femme
05:26sans se sentir menacé,
05:28ça doit être toujours un droit pour les Français.
05:31Est-ce que ça l'est aujourd'hui ?
05:32Pour tous, la réponse est non.
05:33Ce sont des paroles.
05:34Je viens ensuite sur les actes.
05:36Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ?
05:37La réponse est non.
05:38Est-ce qu'on a fait des choses ces dernières années ?
05:40Oui.
05:41On a recruté 15 000 policiers et gendarmes supplémentaires.
05:44200 brigades de gendarmerie supplémentaires
05:46qui, aujourd'hui, sont en train d'être installées
05:48sur notre territoire.
05:49Est-ce que c'est suffisant ? Non.
05:50Après cette question du renforcement des moyens
05:52de la police et de la gendarmerie,
05:54c'est la question de l'impunité
05:55et de la réponse pénale.
05:56Et notamment pour les mineurs délinquants.
05:58Moi, j'en ai fait ma priorité.
05:59J'ai été nommé il y a quelques mois Premier ministre.
06:01J'ai lancé un chantier le 18 avril
06:03à Viry-Châtillon.
06:04Qu'est-ce que vous proposez sur les mineurs ?
06:06Alors, de manière très claire, je propose quoi ?
06:08Je propose, un, pour la responsabilisation des parents,
06:11qu'on puisse plus facilement retenir
06:13un manquement à l'obligation parentale.
06:15Aujourd'hui, c'est très compliqué.
06:16Un parent qui ne se préoccupe pas de savoir
06:18si ses enfants vont à l'école ou pas.
06:19Un parent qui laisse son gamin de 12 ans
06:21traîner dans la rue la nuit.
06:22Aujourd'hui, c'est difficile, au terme de la loi,
06:24de retenir un manquement à l'obligation parentale.
06:26Ce que je propose, c'est que ça soit plus simple.
06:28Deuxième chose, je propose une comparution immédiate
06:31pour les mineurs.
06:32Ça n'existe pas aujourd'hui.
06:33Il faut qu'on ait des sanctions beaucoup plus rapides.
06:35Qu'est-ce que ça changera, effectivement,
06:37dans l'accélération de la sanction ?
06:39Vous savez très bien qu'aujourd'hui,
06:40la sanction ne tombe pas, même en comparution immédiate.
06:42Ça tombe au moins, au minimum, six mois après.
06:45Aujourd'hui, quand vous êtes mineurs,
06:46vous êtes déférés très rapidement,
06:48mais la sanction arrive au bout de six, sept, huit mois
06:51parce qu'il y a cette idée de mise à l'épreuve.
06:53Or, je considère que dans un certain nombre de cas,
06:56notamment quand il y a récidive, mais pas seulement,
06:58il n'y a peut-être pas besoin de cette mise à l'épreuve
07:00et de cette évaluation.
07:01Donc, désormais, sanction immédiate.
07:04Excuses de minorité, c'est ça ?
07:05Excuses de minorité, c'est autre chose.
07:06C'est ce qui permet d'atténuer la peine
07:08quand vous êtes mineurs.
07:10Il y a la comparution immédiate pour aller plus vite
07:12et ensuite, il y a l'atténuation de l'excuse de minorité
07:15pour être plus ferme.
07:16Et ça aussi, je le propose dans cette campagne,
07:19ça veut dire que quand vous êtes mineurs
07:21et que vous commettez un acte grave
07:23ou que vous êtes en récidive,
07:25le principe doit être qu'il n'y a plus d'excuses de minorité
07:28pour pouvoir être plus ferme.
07:30L'objectif, évidemment, c'est d'être plus ferme,
07:33d'avoir des sanctions qui tombent plus vite...
07:35Et qui soient exécutées.
07:37Béatrice Brugère, qui est magistrate,
07:39nous expliquait que le problème, c'est l'exécution de la sanction.
07:41Pour la justice des mineurs,
07:42on en est à 76 % d'alternatives à l'incarcération,
07:4540 % d'alternatives aux poursuites.
07:47Est-ce que ce n'est pas là l'application de la sanction
07:49où est le cœur du problème ?
07:50Si, et moi, je crois, par ailleurs,
07:52qu'il faut même aller plus loin que ça
07:54et considérer que des très courtes peines d'isolement
07:57à la première incartade,
07:58même quand c'est quelque chose
07:59que certains pourraient qualifier de léger,
08:02je pense que c'est beaucoup plus efficace,
08:04y compris en termes éducatifs, pour les jeunes.
08:06Parce que si on a un système qui donne le sentiment
08:10que finalement on peut enchaîner un certain nombre d'actes
08:13et que c'est quand ça devient vraiment très grave
08:15au bout de la xième fois qu'on a une vraie sanction,
08:18finalement, on donne le sentiment à beaucoup de jeunes
08:21qu'il n'y a pas de réponse.
08:22Et ces sanctions courtes,
08:23où est-ce que vous les mettriez en place ?
08:25Dans des internats, dans des centres éducatifs fermés ?
08:27Des foyers, des centres éducatifs fermés.
08:29Vous savez, aux Pays-Bas, il y a eu une réforme
08:31il y a quelques années qui a mis en place un système
08:33comme celui-là.
08:34Je pense que c'est un modèle qui est intéressant.
08:35Évidemment, tous les pays sont différents,
08:37mais c'est comme ça que je souhaite avancer.
08:39Pour tout ça, il faut une loi.
08:41Pour une loi, il faut une majorité.
08:43Pour qu'on ait une majorité pour pouvoir adopter cette loi,
08:45il faut que les candidats, ensemble, pour la République,
08:47qui se présentent sous la bannière que je présente
08:49dans cette élection législative,
08:51soient élus le 31 et le 5 juillet.
08:53C'est tant que le président Macron est au pouvoir.
08:55Ça fait un peu plus de cinq mois que je suis Premier ministre.
08:57Ça fait un peu plus de cinq mois que je suis Premier ministre.
08:59J'ai montré dans toutes les fonctions qui ont été les miennes,
09:01je crois, notamment à l'Éducation nationale,
09:03mais aussi à Bercy,
09:05que j'étais capable de faire des constats lucides,
09:07de reconnaître ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas,
09:09et de prendre des décisions radicales.
09:10Quand j'étais ministre de l'Éducation nationale,
09:12ça faisait des années qu'on expliquait qu'on ne pouvait pas interdire
09:14la baïa dans nos établissements scolaires.
09:16En quelques semaines, j'ai pris cette décision d'interdiction.
09:19Je l'ai faite appliquer, elle est aujourd'hui appliquée
09:21dans nos établissements.
09:22On nous disait que le retour du redoublement
09:24à la main des équipes pédagogiques, c'était impossible.
09:26J'ai pris la décision et désormais les équipes pédagogiques
09:28ont à nouveau le dernier mot sur le redoublement.
09:31On nous expliquait que ce n'était pas possible
09:33de mettre en place des vraies mesures
09:34pour élever le niveau de nos élèves
09:36et pour chercher une forme d'exigence et d'excellence à l'école.
09:39J'ai fait le choc des savoirs.
09:40Les syndicats sont contre moi sur ces mesures,
09:43mais je les assume parce qu'elles sont bonnes
09:45pour l'exigence à l'école et pour le niveau de nos élèves.
09:47Elles se mettent en place et elles se mettront en place à la rentrée.
09:50Donc ma méthode, c'est d'identifier les problèmes,
09:53de chercher des solutions concrètes pour y répondre et fortes.
09:56Et évidemment, c'est ce que je souhaite continuer à faire.
09:58La lutte contre l'antisémitisme est absolument centrale.
10:00Aujourd'hui, dans notre pays, on a vécu l'agression abominable
10:03d'une petite fille de 12 ans à courbe voie.
10:05Le président répond par un temps d'échange d'une heure
10:07dans les classes, collèges et lycées.
10:09Est-ce que c'est suffisant ? Est-ce que c'est la hauteur des enjeux ?
10:12C'est une mesure et c'est un temps d'échange
10:15qui vient en plus de tout ce qui est fait par ailleurs
10:17déjà aujourd'hui à l'école, je veux le dire,
10:19notamment en enseignement moral et civique.
10:20Vous avez des enseignants qui abordent ces questions-là
10:22avec leurs élèves et je veux vraiment les saluer
10:24parce que dans un certain nombre de cas,
10:26ce n'est pas simple de parler de ces sujets-là.
10:28Effectivement...
10:29C'est-à-dire ?
10:30Il y a des contestations, il y a des professeurs...
10:32Il y a des endroits, des collèges, des lycées
10:34où on ne peut pas enseigner librement.
10:35Mais vous avez des enseignants, que ce soit des enseignants
10:37d'histoire-géographie sur les questions d'histoire ou de laïcité,
10:40des enseignants de sciences de la vie et de la terre,
10:42des enseignants de musique qui font l'objet,
10:44qui subissent des contestations de leur enseignement.
10:46Et c'est ça, pour moi, le cœur du combat
10:48qu'on doit mener dans les mois qui viennent.
10:50J'ai commencé à le mener à l'éducation nationale.
10:52On a pris un certain nombre de mesures, notamment,
10:54pour que les enseignants bénéficient toujours d'un soutien,
10:56y compris juridique, de la protection fonctionnelle.
10:58J'ai pris des mesures pour clarifier les règles à l'école,
11:00qu'elles soient toujours respectées.
11:01J'ai pris des sanctions inédites au moment des contestations
11:04de l'hommage à Dominique Bernard et à Samuel Paty,
11:06vous vous en souvenez,
11:07avec près d'un millier de signalements à la justice
11:09et de sanctions dans les établissements scolaires.
11:12Ensuite, sur la question de la lutte contre l'antisémitisme,
11:17j'avais annoncé, quelques mois après ma nomination à Matignon,
11:20que je souhaitais, là aussi, renforcer notre politique pénale
11:23pour que les atteintes à la laïcité soient toujours considérées
11:26comme une circonstance aggravante en cas d'agression.
11:28Je vous donne un exemple.
11:29Aujourd'hui, si quelqu'un est agressé en raison de sa religion,
11:34c'est une circonstance aggravante.
11:36Si quelqu'un est agressé en raison du fait
11:39qu'il ne suit pas des principes ou des préceptes d'une religion,
11:42ça n'est pas toujours considéré comme une circonstance aggravante.
11:45J'avais annoncé, et ça a été fait par le garde des Sceaux à ma demande,
11:48une circulaire pénale pour que ça soit toujours le cas.
11:50Donc on renforce aussi, évidemment, les sanctions de ce point de vue-là.
11:53Gabriel Attal, Jordan Bardella se projette désormais à Matignon.
11:56À votre place, l'histoire s'accélère.
11:58Je crois que nous pouvons gagner, disait-il hier
12:00dans les colonnes du journal du dimanche,
12:02tout en expliquant qu'il gouvernera uniquement
12:04en cas de majorité absolue à l'Assemblée après le 7 juillet.
12:07Que lui répondez-vous ?
12:08C'est votre principal adversaire dans ces élections législatives ?
12:11On le voit, il y a trois blocs.
12:12Il y a un bloc mené par le Rassemblement national,
12:14un bloc mené par la France insoumise et ses alliés,
12:16et puis il y a l'offre que je propose
12:18avec les candidats Ensemble pour la République
12:20et un programme clair, des mesures claires,
12:23des engagements, pas de hausse d'impôt.
12:25S'agissant du Rassemblement national,
12:27on a vu ces dernières semaines
12:29que la façade qu'ils avaient construite sur leur parti
12:32pour se présenter comme le parti du pouvoir d'achat des Français
12:36était en train de s'effondrer.
12:37Ça fait des années qu'ils nous disaient
12:39qu'ils étaient le parti du pouvoir d'achat,
12:40qu'il y avait des mesures essentielles qui seraient prises
12:43dès leur élection s'ils venaient à être élus.
12:45La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité,
12:48la baisse de l'impôt sur le revenu
12:50ou la suppression pour les moins de 30 ans.
12:52Ces mesures-là, tout d'un coup, elles ont disparu.
12:54Ces dernières semaines, ils nous ont dit
12:55que finalement, on ne va pas les faire si on gagne.
12:57Au motif que l'État est en faillite ?
12:59Je pense que c'est surtout au motif
13:01qu'ils ne sont pas prêts à gouverner.
13:03Évidemment, ça se prépare de gouverner le pays,
13:06d'être au gouvernement, d'être Premier ministre.
13:08Et donc, on a vu le programme s'écrouler quelque part,
13:11jour après jour, ces dernières semaines.
13:13Et pour le sujet de la majorité...
13:14Vous étiez prêt quand vous êtes arrivé à Matignon ?
13:16Il y avait un programme,
13:17il y avait une élection présidentielle en 2022
13:19avec une base, un programme et des mesures.
13:21J'ai été ministre quatre fois
13:24avant d'être nommé à Matignon,
13:25dans des portefeuilles importants,
13:26notamment à l'Éducation nationale.
13:28Mais ensuite, il y a ce sujet, effectivement, de dire
13:30que je n'y vais que si on a une majorité absolue.
13:33Moi, je ne comprends pas
13:34qu'on mette des conditions suspensives
13:36pour servir son pays.
13:37C'est précisément quand c'est difficile,
13:39c'est précisément quand notre pays fait face
13:41à des défis économiques, géopolitiques,
13:43technologiques et politiques qu'il faut y aller.
13:45Quand on m'a proposé,
13:46quand le président de la République m'a proposé
13:48d'être Premier ministre,
13:49on était en majorité relative.
13:50Pas une seconde, je me suis dit
13:51que ça va être dur parce qu'on est en majorité relative,
13:54c'est compliqué, je ne vais peut-être pas y aller,
13:56je vais peut-être rester au chaud chez moi.
13:57Non, c'est dans ces cas-là qu'il faut y aller.
13:59C'est dans ces cas-là qu'il faut se battre pour les Français.
14:01Et donc, ça confirme, selon moi,
14:03finalement, qu'ils ne sont pas un parti de gouvernement,
14:06mais un parti d'opposition
14:07qui ne sont pas prêts à gouverner.
14:08C'est probablement pour ça aussi
14:10que les chefs d'entreprise eux-mêmes,
14:11encore une fois, monsieur Asselin,
14:12le patron de la CPME,
14:13qui représente les petites et moyennes entreprises françaises,
14:15dit que si l'extrême-droite ou l'extrême-gauche
14:18gagnent ces élections, la France ira dans le mur.
14:20Il n'y a pas que Jordan Bardella qui veut votre poste,
14:22il y a aussi Jean-Luc Mélenchon
14:23qui ne l'a pas exclu.
14:24Que dites-vous à Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui,
14:25Gabrielle Attal ?
14:26Jean-Luc Mélenchon, c'est très clair,
14:28serait le Premier ministre de la France
14:31si la coalition NUPES qu'il dirige
14:34remportait les élections législatives.
14:37Et moi, je l'invite à venir débattre.
14:39Demain soir, sur une autre antenne,
14:41je débattrai avec Jordan Bardella
14:43et la France insoumise NUPES
14:46qui a envoyé quelque part
14:47un porte-parole de monsieur Mélenchon,
14:49monsieur Bompard.
14:50Monsieur Mélenchon a réaffirmé ce week-end
14:52qu'il souhaitait gouverner le pays
14:54si la coalition NUPES l'emportait.
14:56Il se planque ?
14:57Il se planque Jean-Luc Mélenchon ?
14:58Non, mais je l'invite à venir débattre.
15:00C'est un débat qui est important,
15:01parce qu'effectivement,
15:03une des conséquences directes ou indirectes,
15:05si on veut, de ces élections législatives,
15:07c'est le choix du Premier ministre de la France,
15:09pas du Président de la République.
15:10Monsieur Mélenchon l'a réaffirmé,
15:12c'est lui qui sera Premier ministre
15:13si la NUPES gagne,
15:14qu'il vienne débattre projet contre projet.
15:16Et vous, où serez-vous le 8 juillet ?
15:18Est-ce que vous continuez
15:20à vouloir faire de la politique,
15:22à changer de carrière, Gabrielle Attal,
15:23si les Français décidaient d'une autre majorité ?
15:25D'abord, c'est les Français qui décideront
15:27et indépendamment de ma personne,
15:29j'espère qu'ils feront confiance
15:31aux candidats Ensemble pour la République,
15:33encore une fois,
15:34en étant parfaitement conscients et lucides
15:36qu'il y a des difficultés dans le pays,
15:38que tout ce qu'on a fait n'est pas parfait,
15:40loin de là, qu'il y a eu des erreurs,
15:41qu'il y a des choses qui ne vont pas,
15:42qu'il y a des choses où on n'est pas allé assez loin.
15:44Mais en tout cas, que sur la question des valeurs
15:45et sur l'intérêt économique du pays,
15:47on est au rendez-vous.
15:48Ensuite, moi, je me suis engagé en politique
15:51parce que j'ai envie d'être utile à mon pays,
15:53et je chercherai toujours d'une manière ou d'une autre...
15:54Mais est-ce que vous vous émancipez
15:55du président de la République aujourd'hui ?
15:56Est-ce que vous dites, lui, c'est lui,
15:57moi, c'est moi, Gabriel Attal ?
15:58J'aime pas trop reprendre les phrases des autres.
16:01Mais bon, ça recouvre une réalité.
16:03Chacun son identité, chacun son ADN,
16:05chacun sa méthode.
16:07Voilà, on est tous différents.
16:10Vous êtes différente de M. Nézarbe.
16:13Et voilà, je pense que chacun
16:15se présente devant les Français
16:17avec une identité qui lui est propre,
16:18une méthode qui lui est propre.
16:19Et ensuite, les Français décident.
16:21Gabriel Attal, merci d'être venu ce matin
16:23sur CNews et sur Europe 1 pour la grande interview.