Punchline - Décès d'Éric Comyn : la justice pointée du doigt ?

  • il y a 2 semaines

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la responsabilité de la justice française dans le décès d'Éric Comyn.
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Transcript
00:00Sur place, on va rejoindre Régine Delfour et Franck Triviau. Bonsoir à tous les deux.
00:03Vous avez rencontré de nombreux habitants de Val-aux-Rices et l'émotion est toujours palpable, Régine.
00:10Oui, absolument, Laurence. C'est une ville meurtrie ici à Val-aux-Rices.
00:14Les habitants viennent rendre hommage sur les lieux du drame,
00:18mais aussi devant l'immeuble où vivent les parents de Camilia.
00:22On peut voir des fleurs, des bougies, des peluches.
00:25Il y a aussi des stylos où, sur les marches, il y a des mots.
00:27Camilia, repose en paix. Camilia, on t'aime.
00:30Ces habitants nous ont dit, ce sont donc des jeunes, des parents, des grands-parents,
00:35ils nous ont dit à quel point il était important de venir se recueillir.
00:38Je vous propose de les écouter.
00:42J'ai envie d'être présent pour la famille, même si on ne les connaît pas.
00:46J'ai une petite fille de 7 ans et une petite fille de 13 ans.
00:50Je n'imagine même pas ce qu'ils vivent en ce moment.
00:53C'était important de venir, bien sûr, pour les parents,
00:56ne serait-ce que pour les parents, et puis pour la petite aussi, qui n'a rien demandé.
00:59On a appris la nouvelle avant la télé, j'ai envie de dire.
01:02Je ne vous cache pas qu'à 23h, quand je suis rentré à la maison,
01:06j'ai pris mes enfants, j'ai dû les prendre dans mes bras, les embrasser,
01:11parce que ça aurait pu m'arriver à moi.
01:14Et Laurence aussi, c'est la colère qui domine,
01:16puisqu'il y a cette dangerosité de l'avenue du tapis vert.
01:19Beaucoup de riverains nous ont dit qu'ils avaient déjà prévenu,
01:22appelé les pouvoirs publics à prendre des mesures.
01:25Une pétition a été lancée.
01:27Vendredi, elle récolte près de 3200 signatures.
01:30L'objectif est d'atteindre les 5000 signatures.
01:33Camilla sera inhumée en Tunisie, ça devrait être en fin de semaine.
01:37Régine Delfour, Franck Tribiaud, merci, vous étiez sur place.
01:40Ça valorise, il y a l'émotion, on vient de l'entendre.
01:42Il y a la colère aussi, Loé de Ragnel.
01:44En tout cas, l'incompréhension.
01:45Comment se fait-il que le jeune de 19 ans,
01:47qui a provoqué la mort de cette petite fille,
01:50ait été remis en liberté ?
01:52C'est le juge de la liberté d'être...
01:54Qui a pris cette décision alors que le parquet demandait l'incarcération.
01:58Il avait requis absolument l'incarcération,
02:00parce que je pense que la motivation principale,
02:03c'est que le mis en cause présentait des garanties de présentation.
02:07Et puis donc, il y a un contrôle judiciaire.
02:09Il doit pointer une fois tous les 15 jours au commissariat de police.
02:14Il n'a pas le droit de quitter le département.
02:16Mais après, je comprends très bien que ce soit insupportable
02:20à la fois pour la famille de cette petite fille,
02:22et puis pour beaucoup d'habitants.
02:24Il y a quelque chose de révoltant.
02:26C'est-à-dire qu'on se dit, cette personne,
02:28en faisant n'importe quoi, a pris la vie de cette petite fille.
02:31Cette personne n'est pas placée en détention provisoire.
02:33Et puis, il y a le deux poids, deux mesures.
02:35C'est-à-dire qu'il y a aussi tous ces gens qui se disent,
02:37pour moins que ça, nous, on nous met des bâtons dans les roues,
02:41on nous contraint.
02:42Et cette personne, aujourd'hui, dort chez elle,
02:45peut déjeuner chez elle en toute tranquillité.
02:47Et voilà.
02:48Donc, on attend quand même la véritable décision de la justice
02:52qui sera rendue dans les prochains jours.
02:54Et puis ensuite, le plus important quand même reste le procès.
02:57On va écouter juste l'avocat des parents de cette petite fille
03:00qui estime que cette décision de libération
03:02sous contrôle judiciaire du motard est incompréhensible.
03:06Ce que je peux vous dire, moi, en tant qu'avocat des parents,
03:09c'est qu'il y a eu un véritable sentiment de consternation de leur part,
03:13de dégoût et de colère,
03:15puisque, eux, leur fille ne rentrera jamais à la maison.
03:19Donc, en fait, la libération de ce jeune conducteur
03:22a accentué leur détresse.
03:25Et cette détresse est naturellement transformée en colère.
03:28Nous, habitants de Valoris, on sait, depuis des décennies,
03:31que cette route est particulièrement dangereuse.
03:34Quand je me suis rendu chez les parents de la jeune Camilia,
03:36figurez-vous que j'ai croisé des voisins.
03:38Et dont les mêmes enfants ont été percutés eux-mêmes
03:41par d'autres conducteurs sur le même passage piéton,
03:44il y a de ça quelques mois.
03:45Ce qui signifie, d'un point de vue judiciaire et juridique,
03:48voilà, de ces éléments-là,
03:49c'est que la question qui sera posée au juge d'instruction,
03:53c'est est-ce que ce drame aurait pu être évité ?
03:55Joseph Massé-Scarron, on entend l'avocat de ces parents qui dit
03:59qu'ils sont consternés de la libération sous contrôle judiciaire,
04:02mais cette route est dangereuse.
04:04Moi, je connais cette route, je connais cette avenue.
04:07Je l'ai parcourue déjà dans le passé plusieurs fois.
04:12C'est pas ça, le problème.
04:14Pardonnez-moi, c'est l'incivilité, c'est ce qui a été commis.
04:18Cette incivilité, d'ailleurs, j'ai vu, j'étais quand même assez frappé
04:22de voir qu'il y avait des reportages qui étaient faits
04:25et que sur cet endroit, avec ce passage piéton,
04:29et qu'on continuait de voir des personnes qui passaient sans s'arrêter,
04:33alors qu'il y avait des piétons qui voulaient traverser.
04:35C'est-à-dire que le drame avait eu lieu et que cet élément-là continuait.
04:40Comment est-ce qu'on ne serait pas frappé ?
04:42Comment on ne serait pas frappé quand nous-mêmes,
04:44dans les villes, en permanence, on voit ça ?
04:46En permanence.
04:47C'est-à-dire que des personnes, évidemment, grilles,
04:49ce sont des vélos, le feu rouge n'existe pas,
04:51le passage piéton n'existe pas.
04:53Moi, je suis piéton, j'ai pas de...
04:55Sauf s'il y a deux dames, ça ralentit un peu.
04:57Mais attendez, Laurence, ça n'existe pas.
04:59Mais c'est pas le sujet.
05:00C'est pas savoir ce qu'il y a.
05:02Le sujet, c'est pas l'avenue, la dangerosité de l'avenue.
05:05C'est évidemment, c'est bien sûr, l'incivilité.
05:08Je voulais juste revenir, pardon, sur un point,
05:11sur l'incompréhension.
05:13L'incompréhension.
05:14L'incompréhension.
05:15Je comprends, moi, cette incompréhension.
05:17Je comprends cette incompréhension parce qu'il est difficile,
05:20pour un certain nombre de personnes,
05:23de ne pas associer ça au policier Florian,
05:26qui a été immédiatement mis après le décès de Naël,
05:30Naël qui aurait pu ensuite, par ses actes,
05:32provoquer d'autres camélias.
05:34Pardonnez-moi, je suis incorrect en le disant,
05:36mais c'est vrai, peut-être, virtuellement.
05:39Et donc, cette personne-là est restée pendant six mois en prison,
05:43six mois en détention.
05:44Donc, c'est difficile.
05:45D'autant que si, à mon sens,
05:48le meilleur moyen que les gens ne soient pas dans l'incompréhension,
05:53c'est que le juge des libertés dans ce domaine-là
05:55aurait dû publier, aurait dû expliquer,
05:58aurait dû rendre public son jugement.
06:00On aura tout à l'heure Beatrice Brugère qui est magistrate,
06:03on aura le loisir de lui poser des questions.
06:05Eric Revelle, vous, votre sentiment ?
06:06Je partage tout à fait ce point de vue,
06:08et ça, ce serait sans doute une réforme majeure.
06:11Un policier, quand il commet un acte qui est limite,
06:14il a sur le dos une enquête de l'IGPN ou...
06:18Et judiciaire, parfois.
06:19Et judiciaire, oui.
06:20Et parfois les deux en même temps.
06:22Le problème aujourd'hui, je pense, de la justice,
06:25quand on ne comprend pas, ce qui est mon cas,
06:26parce que je ne suis pas assez technique pour analyser,
06:30dans le fond, la décision du juge des libertés
06:34qui a été prise,
06:36ça serait effectivement la possibilité
06:39de venir expliquer au grand public
06:41pourquoi une telle décision a été prise,
06:43pourquoi on laisse en liberté ce type.
06:46Et puis, pardon, même s'il y a 3000, je crois, véhicules
06:50par jour qui roulent sur cette fameuse avenue que connaît Joseph,
06:55ce n'est effectivement pas le platane qui tue,
06:57ce n'est pas le platane qui est sur la route qui tue,
06:59c'est la voiture avec le chauffard qui s'encastre sur le platane.
07:02Est-ce que c'est un faux débat pour vous, François Pivot ?
07:04Non.
07:05Une route dangereuse, tous les élus les connaissent,
07:07et effectivement, il y a des incivilités,
07:09c'est ce qui est responsable de ce drame,
07:11mais l'élu ne peut pas dire, c'est l'incivilité, je ne peux rien faire.
07:14On doit prendre des mesures.
07:16Il y avait des écoles...
07:17Qu'est-ce que vous pouvez prendre comme mesures
07:19quand un passage piéton n'est pas respecté ?
07:21C'est simple.
07:22J'avais le cas dans une école
07:23où le passage piéton n'était pas respecté,
07:25je mettais un policier tous les jours devant.
07:27Je suis bien.
07:28C'est ça où les gamins se faisaient renverser.
07:30Je suis d'accord.
07:31On vient en fait de mettre des policiers partout.
07:33Mais c'est la solution.
07:35On nous l'a laissé.
07:36Les passages piétons dangereux,
07:37la seule manière d'éviter les incivilités,
07:39c'est un policier devant.
07:40Mais j'ai bien conscience, François,
07:41qu'aujourd'hui, dans une ville,
07:43les piétons qui m'écoutent comprennent très très bien,
07:45aujourd'hui, dans une ville,
07:46tous les passages piétons par le droit sont dangereux.
07:49Tous, sans aucune exception.
07:50Mais il y en a qui sont plus ou moins dangereux.
07:52Et la seule solution, c'est les investissements.
07:54J'entends, mais je pense que le débat,
07:56c'est pas ça.
07:57C'est dramatique.
07:58C'est pas ça, le débat.
07:59Pardon, je vais passer la parole à Rachel Gann.
08:01Mais je crois que c'est pas ça, le débat.
08:04Vraiment, je salue le papa de cette petite
08:07qui prend la parole avec une dignité inouïe.
08:10Et ensuite, l'avocat, finalement,
08:12qui souligne que les parents sont condamnés
08:15à cette peine à perpétuité.
08:17Alors même qu'on sait très bien
08:19que dans notre système,
08:20et notamment dans le système pénal,
08:22les victimes ne sont pas prises en considération.
08:25Normalement, une peine,
08:27c'est aussi pour réparer un petit peu les victimes,
08:30même si c'est irréparable, ce qu'ils ont vécu.
08:33C'est aussi pour que ce soit utile à la société.
08:36Bien sûr que c'est de manière préventive,
08:39pour pas qu'il y ait des récidives,
08:40mais aussi pour que la société se reconnaisse
08:43dans les décisions.
08:44Toutes les décisions qui viennent d'un tribunal
08:46sont dites, sont livrées,
08:50au nom du peuple français.
08:52Et si on a ce débat aujourd'hui,
08:54c'est parce qu'on a le droit aussi
08:55de ne pas comprendre cette décision.
08:57Vos paroles empruntent de bon sens, Rachel Kahn.
09:00La justice doit être au service des citoyens.
09:03Et les Français ont le sentiment de plus en plus
09:05qu'elle ne l'est pas.
09:06On en débattra tout à l'heure avec Beatrice Brugère.
09:08Une petite pause.
09:09On se retrouve dans un instant dans Punchline.
09:11On écoutera les mots de Gérald Darmanin,
09:13qui rendait hommage à Éric Comines,
09:14ce gendarme qui a été tué
09:15lors d'un refus d'obtempérer.
09:16A tout de suite.
09:2818h16.
09:29On se retrouve en direct dans Punchline,
09:30sur CNews et sur Europe 1.
09:31On va prendre tout de suite la direction de Valoris,
09:33où se trouvent nos envoyés spéciaux,
09:35Olivier Madineux et Olivier Gangloff.
09:37Bonsoir à tous les deux.
09:38Il y a une cérémonie extrêmement émouvante.
09:40J'en ai parlé dans mon sommaire
09:41qui s'est déroulée tout à l'heure.
09:43En hommage, évidemment, à Éric Comines,
09:45en présence du ministre de l'Intérieur,
09:47avec des mots extrêmement forts
09:49choisis par Gérald Darmanin.
09:53Oui, absolument.
09:54Une cérémonie d'à peine 45 minutes
09:57qui s'est tenue à la caserne Hosseur de Nice.
10:00Alors, vous le disiez,
10:01c'est Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
10:03qui a présidé cette cérémonie.
10:05C'est la veuve d'Éric Comines
10:07qui avait souhaité que ce soit
10:09le ministre de l'Intérieur
10:10qui préside cette cérémonie.
10:12Il s'est entretenu avant le début
10:14de la cérémonie une vingtaine de minutes
10:16avec les proches d'Éric Comines,
10:19sa veuve, bien sûr, et ses enfants, notamment.
10:22Ensuite, les proches ont pris place
10:24au centre de la place d'armes
10:26de la caserne Hosseur de Nice.
10:29Le ministre de l'Intérieur
10:31a promu au grade d'adjudant-chef
10:34Éric Comines.
10:36Il a aussi fait chevalier
10:38de la Légion d'honneur.
10:39Il y avait de nombreux élus locaux
10:41parmi lesquels Christian Estrosi,
10:43le maire de Nice, Éric Ciotti également.
10:46Le public n'était pas accepté
10:48dans l'enceinte de la caserne,
10:49mais de nombreux badauds étaient
10:51derrière les grilles de cette caserne.
10:54Et vous le disiez,
10:55Gérald Darmanin a pris la parole
10:57dénonçant les faits
10:59qui se sont produits lundi dernier.
11:01Ce n'est pas un refus d'obtempérer,
11:02c'est un crime, a-t-il martelé.
11:05Merci Olivier Madigny et Olivier Gangloff.
11:07Ce qui est intéressant, François Béponis,
11:08c'est que la présence du ministre de l'Intérieur
11:10a été souhaitée par la veuve
11:12qui, la semaine dernière,
11:13a secoué les consciences
11:15en disant « c'est la France qui a tué mon mari »
11:17en laxisme, par sa tolérance.
11:19Elle a expressément voulu
11:22que ce soit Gérald Darmanin.
11:23Oui, parce qu'elle a compris
11:25que Gérald Darmanin défendait
11:26les policiers et les gendarmes,
11:27que c'était un grand ministre de l'Intérieur.
11:29Et en demandant à ce ministre
11:31qu'il soit présent,
11:32c'était qu'elle disait à d'autres
11:33« je ne veux pas vous voir ».
11:34Notamment au président.
11:35En demandant à d'autres,
11:36peut-être au ministre de la Justice aussi,
11:38en disant « je ne veux pas vous voir ».
11:40Je veux bien que celui qui défend les policiers soit là,
11:42les autres, je ne veux pas les voir.
11:43Ce qui n'est pas neutre.
11:45Après, c'est les familles qui décident aussi
11:47lorsqu'il y a un hommage comme celui-là,
11:48qui doit être là ou pas.
11:49Et je pense que Gérald Darmanin,
11:51qui, je le répète,
11:52est un grand ministre de l'Intérieur,
11:53a vraiment pris le costume
11:55de ministre de l'Intérieur.
11:56Le passage Place Beauvau
11:57l'a marqué durablement.
11:59Et il en a lu aussi assez
12:01de vivre avec des policiers,
12:02des familles de policiers, de gendarmes,
12:03qu'il est obligé d'aller voir régulièrement
12:05parce qu'il y a eu des drames,
12:06parce qu'ils se sont fait tuer,
12:07parce qu'ils se sont fait blesser,
12:08et qu'il a tiré le signal d'alarme
12:10en disant « Stop, on ne peut plus continuer comme ça ».
12:12Sera-t-il entendu ?
12:14On y reviendra.
12:15Je vous passe la parole, Joseph,
12:16mais on écoute quand même Gérald Darmanin.
12:17Il dit que la société doit se reprendre.
12:20Écoutez-le.
12:23Tous les gendarmes de France,
12:24tous les policiers de France
12:26se reconnaissent dans Éric Comines.
12:29Ils sont frères d'armes.
12:32Cela aurait pu arriver à chacune,
12:34à chacun d'entre eux.
12:36Cela peut arriver à chaque minute
12:38sur toutes les routes de France.
12:42Ils se recueillent aujourd'hui,
12:44mais demandent justice demain.
12:46Pas simplement justice contre le criminel,
12:49mais justice pour la société,
12:51pour une société qui a besoin que cela s'arrête,
12:55qui a besoin des policiers, des gendarmes,
12:58pour une société qui demande la protection.
13:01La société doit se reprendre.
13:04La société doit se reprendre.
13:06On ne peut pas applaudir les forces de l'ordre
13:08lors des Jeux Olympiques
13:09et relativiser quand l'un d'entre eux
13:12se fait assassiner sur le bord de la route.
13:14Joseph Massé-Scaron,
13:15ça vous surprend ces mots ?
13:17Ils sont vraiment bien choisis.
13:19Je crois que le ministre a écrit lui-même le discours.
13:21Très fort.
13:22Mais ça ne m'étonne pas.
13:23C'est extrêmement fort.
13:24Je crois qu'en plus Gérald Darmanin,
13:27qui est au diapason,
13:28qui sent les choses,
13:30se rend compte qu'il y a un basculement
13:32qui est en train de s'opérer.
13:34Un basculement parce que, personnellement,
13:36je ne peux pas ne pas faire le lien,
13:38même si on me dit qu'il ne faut pas faire de lien,
13:40entre ce qu'a dit la veuve dans les communes
13:44et le papa de Camélia.
13:46L'un et l'autre, en fait,
13:49sont en train d'arrêter,
13:51de mettre à bas un tabou,
13:54c'est-à-dire une doxa
13:55qu'une partie de la gauche nous avait imposée
13:57sur le thème « Vous n'aurez pas ma colère ».
14:00Parce qu'on disait,
14:01voilà exactement, il y a un guide.
14:03Vous êtes père de victime,
14:05voilà ce qu'il faut dire.
14:06Et ce qu'il ne faut pas dire.
14:07Et ce qu'il ne faut pas dire.
14:08En miroir, évidemment.
14:09C'est-à-dire, vous êtes victime,
14:10mais il faut être inclusif,
14:12en même temps.
14:13Voilà.
14:14Et ça, je pense qu'il y a un basculement réel
14:17qui est en train de s'opérer,
14:18parce que ce n'est pas possible
14:20qu'en si peu de jours,
14:22il n'y ait pas eu ces deux paroles
14:25qui sont des paroles fortes.
14:26Et en effet, Rachel Kenney a raison,
14:28dans la dignité.
14:29Donc, Gerard Amann le sent, le sait,
14:32parce que c'est aussi un politique,
14:33mais un politique au sens meilleur du terme.
14:35D'où ce discours.
14:36Et il le verbalise bien.
14:37Il le verbalise bien.
14:38Il le verbalise très bien.
14:39Il le verbalise bien,
14:40et il a des mots qui, à mon avis,
14:42n'avaient jamais été prononcés.
14:44Bon, les circonstances sont dramatiques,
14:46mais qui n'avaient jamais été prononcées.
14:47Deux choses, ce qu'on vient d'entendre,
14:49la société demande justice.
14:51Demande justice, pardonnez-moi,
14:53Dupond-Moretti qui connaît bien Nice,
14:56qui est souvent le week-end à Nice,
14:58aurait pu être aussi là,
14:59même s'il n'était pas invité.
15:00La société demande justice,
15:01dit le ministre de l'Intérieur avec justesse.
15:03Et autre chose que je n'avais jamais entendue
15:05dans la bouche d'un politique,
15:06d'un ministre de l'Intérieur,
15:07ce ne sont pas des faits divers,
15:09mais des faits de société.
15:10Donc, si ce sont des faits de société,
15:12ça veut dire que la société doit se reprendre,
15:14il a raison,
15:15et la société demande justice.
15:17Rachel Kenney a aussi le moment
15:19où le ministre de l'Intérieur dit
15:20ce conducteur n'a pas d'excuses.
15:22C'est un crime.
15:24Et ça, ça pèse extrêmement lourd
15:26de la part d'un ministre de l'Intérieur,
15:27évidemment.
15:28Absolument, surtout qu'on est...
15:29Alors, je suis entièrement d'accord
15:30avec vos deux interventions,
15:32mais il y a eu cet autre basculement
15:34dans le discours,
15:35où là, cette fois-ci,
15:36il n'y a plus le fameux oui-mais.
15:38Il n'y a pas d'excuses,
15:39il n'y a pas de mais après.
15:41C'est-à-dire que là, on est dans un drame,
15:43c'est notre République qui a été touchée,
15:45le représentant de l'État qui a été touché.
15:48Donc, nous sommes meurtris,
15:50et on doit se relever,
15:52et la société doit se relever.
15:53Notamment parce qu'on a basculé
15:56de l'État de droit,
15:57dont on a parlé tout à l'heure,
15:59à la société des droits,
16:01où tout est permis,
16:02où il faudrait une loi
16:03pour nos libertés individuelles à chacun,
16:05et presque des droits sur mesure,
16:07et une société où il n'y aurait pas de devoir.
16:09La société doit se reprendre
16:11pour que les devoirs puissent être appliqués,
16:15et normalement, nous sommes tous responsables
16:17de ces devoirs.
16:18Oui, de Ragnel, il y a les mots,
16:19ils ont été extrêmement bien dits,
16:21puis il y a l'action.
16:22Comment empêcher ces drames ?
16:24Comment empêcher ces récidives ?
16:25Comment empêcher ces drames absolus ?
16:28Je crois que le ministre de l'Intérieur,
16:30Gérald Darmanin, l'a un peu dit.
16:32Il se positionne sur deux champs.
16:34Il y a le champ de la morale,
16:35et c'est assez rare qu'un ministre,
16:37d'ailleurs, positionne sur le terrain de la morale
16:39et qu'il l'assume,
16:40et moi je trouve ça très très bien.
16:41Vous l'avez dit, quand il dit
16:43la société doit se reprendre,
16:44moi j'ai rarement entendu un ministre
16:48comme ça, un représentant de l'État,
16:49entre guillemets, sermonner à la société
16:51en disant ce qu'elle doit faire.
16:52Alors ça, c'est assez rare.
16:54Et puis il y a la dimension politique
16:55qui est quand même aussi très forte,
16:57parce qu'en filigrane derrière ce discours,
17:00ce sont aussi des flèches envoyées
17:02en direction de certains députés
17:04du Nouveau Front Populaire,
17:06ou même de représentants du Nouveau Front Populaire.
17:08Je pense à Lucie Castex qui avait justement dit
17:10que c'était un fait divers
17:11et qui n'avait pas qualifié
17:13ce crime de fait de société.
17:15Et puis c'est une réponse aussi
17:17à tout ce que véhicule la France insoumise
17:19matin, midi et soir,
17:20en expliquant que la police tue,
17:22que la police n'est pas là
17:23pour protéger les Français,
17:25qu'il faut désarmer la police.
17:26Et en ce sens,
17:28c'est un contre-modèle de société
17:30que Gérald Darmanin a posé.
17:32Je termine simplement d'un mot.
17:33Le grand absent, vous l'avez dit,
17:34c'est Éric Dupond-Moretti.
17:36Pas un message, pas de son, pas d'image.
17:38Comment dans ces circonstances-là,
17:41le mutisme est-il possible ?
17:43Comment est-ce que dans ces circonstances-là,
17:45la veuve est-elle en mesure
17:48d'inviter le garde des Sceaux ?
17:49Mais c'est insupportable.
17:50C'est impossible.
17:52Très très brièvement,
17:53le profil de la personne
17:54qui a assassiné son mari,
17:56c'est quelqu'un qui bénéficiait
17:57d'un titre de séjour provisoire
17:59et qui a été condamné 11 fois.
18:01Il y a eu à 11 reprises
18:03la possibilité de le retirer,
18:04de lui dégrader son titre de séjour
18:06pour l'expulser.
18:07C'est quelqu'un qui avait
18:08un CV judiciaire long comme le bras,
18:10qui n'avait rien à faire
18:11sur le territoire français,
18:12qui avait déjà commis des infractions
18:14aux codes de la route.
18:15Son permis de conduire
18:16devait être suspendu.
18:18La justice avait passé un an
18:19avant de lui notifier sa décision.
18:21Je trouve qu'il y a des loupés béants
18:24du côté de la justice.
18:25Et il est consternant,
18:27objectivement,
18:28que le garde des Sceaux reste silencieux.

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