Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des évènements qui se sont déroulés cet après-midi au siège du parti des Républicains. Entre l'exclusion d'Éric Ciotti votée par les uns et refusée par le principal intéressé, Laurence Ferrari et ses chroniqueurs se demandent si nous sommes en train d'assister à la chute de la politique sur fond de théâtralité.
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00:00Il est 18h01, nous sommes en direct sur CNews et sur Europe 1 avec Catherine Ney.
00:04Bonsoir Catherine, avec Julien Drey, bonsoir mon cher Julien, nostalgique de François Zardy,
00:09j'en suis absolument persuadée.
00:11Tous les garçons et les filles, c'était mon truc.
00:12Oui, moi c'est plus sans aucun prétexte, comme vous l'avez entendu.
00:15Geoffroy Lejeune, bonsoir à vous, patron du JLD, Tatiana Renard-Barzac, bonsoir,
00:19et Jean-Sébastien Fergeult, directeur du site Atlantico.
00:22On va commencer hélas par le spectacle de la politique,
00:26parce qu'on voudrait parler de chansons,
00:27mais il y en a une autre qui est en train d'être entonnée,
00:30notamment du côté des Républicains, qui prend l'air d'une petite pièce de théâtre.
00:36On va rejoindre notre envoyée spéciale, Elodie Huchard,
00:38vous êtes avec Jean-Laurent Constantini, cette fois devant le siège des Républicains.
00:42Racontez-nous, cet après-midi, rocambolesque chez les LR. Elodie.
00:49Rocambolesque, Laurence, et je ne sais pas si elle est tout à fait terminée,
00:53puisqu'il y a eu d'abord ce matin ce siège des Républicains qui a été fermé.
00:57On a d'abord demandé aux salariés de quitter leur poste,
01:00de se mettre en télétravail cet après-midi,
01:01et puis la porte des Républicains s'est véritablement, symboliquement fermée.
01:06Il y a eu ce bureau politique à 15h, deux enseignements à en tirer.
01:10Le premier, Éric Ciotti, est exclu du parti.
01:12Le deuxième, c'est une direction désormais collégiale,
01:15Annie Gennevard jusque la secrétaire générale,
01:17François-Xavier Bellamy qui avait mené la liste LR,
01:19et puis Daniel Fasquel, le trésorier.
01:22Et donc, à l'issue du bureau politique,
01:24eh bien, ils ont tout simplement considéré
01:26qu'il était normal de prendre possession des lieux.
01:28Ils se sont donc rendus du musée social
01:29où avait lieu le bureau politique au siège des Républicains,
01:32qui était fermé.
01:33Peut-être avaient-ils oublié qu'Annie Gennevard disposait du double de clé,
01:36parce que c'est bien cela qui s'est passé.
01:38La nouvelle coprésidente a tout simplement ouvert le siège, aidée par ses collègues.
01:42Et puis, pour l'instant, ils sont encore certains à l'intérieur.
01:45En ce moment, la commission nationale d'investiture est en train de se terminer.
01:49Le président des députés, Olivier Marlex, vient de nous le dire à l'instant.
01:53Surtout, les députés sortant LR sont réinvestis par le parti,
01:56sans aucun accord avec le Rassemblement national, à deux exceptions.
01:59Une, vous l'aurez compris, c'est assez évident, Éric Ciotti,
02:01et deux, Sabine Aume au Conseil départemental, Christelle Bintorny,
02:04qui est également députée dans les Alpes-Maritimes.
02:07Alors, évidemment, du côté des Républicains, on n'en peut plus de cette journée.
02:11Tout à l'heure, Aurélien Pradié nous disait, les conneries, il faut arrêter,
02:13parce que cette commission nationale d'investiture et ce bureau politique,
02:16certes, ils se sont tenus.
02:17Je viens de vous parler des décisions qui ont été prises.
02:19Problème, Éric Ciotti ne les reconnaît pas.
02:21Il a dit, d'ores et déjà, qu'il restait président du parti,
02:23puisque le bureau politique n'a pas été convoqué, comme les statuts le prévoient.
02:28Et puis, il ne reconnaîtra sans doute pas, non plus,
02:30les résultats de la commission nationale d'investiture.
02:32Donc, une après-midi chargée, mais surtout pour rien, du côté des Républicains.
02:36Merci beaucoup, Élodie Huchard, avec Jean-Laurent Constantité.
02:39Vous nous avez fait vivre ce feuilleton avec passion.
02:43Éric Ciotti sera l'invité exceptionnel de Christine Kelly, tout à l'heure,
02:46dans Face à l'info à 19h. On verra ce qu'il pense de tout ça.
02:48Catherine Ney, là, on insiste, je trouve, à la dégringolade de la politique.
02:53Et si, encore une fois, c'est ça qu'ont compris les états-majors
02:56du message qui a été envoyé dimanche par les électeurs,
02:59je pense qu'ils n'ont rien compris.
03:00Quel est votre avis à vous, Catherine Ney ?
03:02Que la décision unilatérale d'Éric Ciotti,
03:06qui s'explique aussi par sa situation personnelle dans son département,
03:11mais pose aussi un problème plus large pour les LR,
03:15quelle est la meilleure façon de survivre ?
03:18Parce que c'est un groupe très divisé.
03:21Il y a évidemment le clan des Chiraciens qui disent
03:24« pas d'alliance avec le LR ».
03:26D'autres qui disent « surtout pas d'alliance avec Macron, on ne le rejoint pas ».
03:29Et puis d'autres qui disent « il n'y a qu'une solution,
03:32c'est juste un accord électoral avec le Rassemblement national ».
03:36Et donc, là, Ciotti qui a pris les devants d'une chose
03:41qui fait que maintenant il est le bouc émissaire,
03:44celui que tout le monde vaut.
03:47Je veux dire, il reçoit énormément de coups de signe, de soutien de gens,
03:51mais vous avez raison.
03:52Et surtout, pourquoi ?
03:54Alors, bien sûr, la morale...
03:56On se souvient, vous savez, c'était du temps du Front national,
04:00quand le maire de Lyon, Michel Noir, avait dit
04:05« il vaut mieux perdre son âme, perdre une élection, que perdre son âme ».
04:09Alors là, il avait été adoré par la gauche,
04:11parce qu'un type de droite qui veut perdre une élection en profit de la gauche
04:13est sûrement toujours un héros, c'était formidable.
04:16Mais à l'époque, on pouvait comprendre aussi,
04:18parce que le père Le Pen était un antisémite,
04:21il avait fait des déclarations et plusieurs fois,
04:23donc il n'y avait aucun doute.
04:24Là, c'est autre chose, le Front national,
04:26on ne peut pas lui reprocher,
04:29tous les péchés qu'on reprochait au père, on ne peut pas.
04:32Le problème aujourd'hui pose plus de la capacité du Rassemblement national
04:38à diriger le pays et à voir les bonnes solutions.
04:41Voilà, c'est plus ça.
04:42Je vous passe la parole dans un instant, Julien Dray,
04:44mais j'aimerais qu'on écoute les Français,
04:45parce que moi, j'en reviens toujours au même point,
04:47c'est-à-dire qu'en pensent ceux qui ont voté dimanche,
04:49quel que soit le vote qui les a glissés dans l'urne ?
04:52On va écouter leur réaction.
04:53Ils ont été interrogés à Nantes par Jean-Michel Degas.
04:57Quelqu'un comme Éric Ciotti, pour moi, c'était prévisible.
05:00C'est quelqu'un qui tenait le même discours que le RN.
05:03Je trouve que c'est une grande trahison d'égoïste.
05:06On se retrouve dans des situations où tout le monde veut avoir sa bonne place,
05:10qu'il soit de droite ou de gauche.
05:12Ils ont quand même un programme qui est parfois similaire
05:14et des valeurs qui sont similaires.
05:15Bien sûr, la droite et l'extrême droite, c'est différent sur certains points,
05:18mais ça ressemble aussi sur beaucoup de points,
05:21donc ça ne m'étonne pas forcément, ça.
05:22Qu'ils se débrouillent, qu'ils arrangent leurs affaires entre eux et puis c'est tout.
05:26Il n'y a pas beaucoup de surprises et de stupéfactions du côté des électeurs, Julien Dray.
05:32Ils savaient déjà depuis longtemps ce qui pourrait se passer.
05:35Oui, enfin, ils sont forts, ils savaient déjà ce qui pouvait se passer.
05:38On les a entendus, là.
05:39Non, ils se posent plein de questions.
05:41Ils ont plutôt...
05:42Si vous me permettez, qu'est-ce qui s'est passé dimanche ?
05:44Je ne suis pas sûr que ce soit une adhésion au programme politique des formations.
05:47Je ne suis pas sûr que les 40 % des électeurs qui ont voté pour le FN
05:51étaient capables de répondre aux questions sur l'identité du FN.
05:54Il y a un énorme cri de colère qui vient de loin,
05:56qui n'a pas été entendu, qui n'a pas été respecté.
05:59Il y a eu plein d'échéances où, y compris, on ne leur a pas permis de voter
06:02puisque c'était des votes pour ou contre,
06:03et à un moment donné, on sentait bien que ça allait monter.
06:05Il y a quelques minutes, ça a explosé.
06:07Et donc, effectivement, les appareils politiques sont, pour une part,
06:10perdus parce que, dans la phase précédente, ils n'ont rien entendu.
06:14Donc, maintenant, il y a des reconstitutions.
06:15C'est souvent, d'ailleurs, dans les crises que les reconstitutions se font.
06:18Vous savez, quand il y a les tournants, il y a ceux qui restent dans les tournants
06:20puis ceux qui sont capables de prendre les tournants.
06:22Donc, tout le monde est en l'honnêteté
06:24et de dire que tout le monde est dans une situation difficile.
06:26Difficile, oui, à gauche comme à droite.
06:28Geoffroy Lejeune, sur ce qui se passe sur les LR,
06:30donc Eric Chottier exclu, mais il reste à son poste.
06:33Il sera tout à l'heure sur notre antenne pour s'expliquer.
06:36Qu'est-ce qu'il faut y comprendre, en fait ?
06:38Je pense que la vraie nouvelle, en fait, de la soirée électorale de dimanche,
06:42c'était que, pour la première fois de son histoire,
06:45le Rassemblement national était en mesure de gouverner.
06:47Pour moi, c'est ça qui vraiment s'est produit.
06:49C'est-à-dire qu'au moment où Emmanuel Macron annonce la dissolution,
06:51on sait qu'il part presque favori
06:55et que s'il arrive à emporter l'adhésion chez certains alliés,
07:00des partis alliés ou des alliés politiques,
07:02il est peut-être en mesure, Jordan Bernalla est peut-être en mesure
07:04de se retrouver à Matignon et d'avoir les clés du pays pendant trois ans,
07:07même si on sait, le contexte de cohabitation, ça change un peu les choses.
07:10Ça ne m'était jamais arrivé, ça ne m'était jamais arrivé.
07:12Marine Le Pen, quand elle est au second tour de la présidentielle,
07:14personne n'imagine qu'elle va gagner.
07:15Là, en l'occurrence, c'est la nouveauté.
07:17Je pense que c'est ça qui conduit Eric Chottier à ce changement de cap,
07:21parce qu'il a toujours été très clair sur le fait qu'il ne ferait pas d'alliance.
07:23Et là, en l'occurrence, Eric Chottier a la possibilité de devenir ministre
07:26et de gouverner le pays.
07:27C'est ça à quoi moi, je ne m'attendais pas du tout.
07:29On ne s'attendait pas à voir Emmanuel Macron rendre les clés en disant
07:32« débrouillez-vous jusqu'à la fin de mon mandat ».
07:34Donc, je pense que l'explosion, la technologie des plats qu'on est en train de voir,
07:37elle s'organise autour de ça.
07:39Et ce que je trouve assez intéressant, c'est que déjà,
07:42il n'y a aucun problème moral à imaginer la gauche s'unir,
07:45malgré tout ce qui s'est passé ces derniers mois.
07:46Par contre, il n'y en a rien à voir la droite et le RN s'unir.
07:49Comme toujours.
07:50C'est quand même un peu de près de mesure auquel on s'est habitué,
07:52mais bon, il faut le souligner.
07:53Et la deuxième chose, c'est que sur le fond,
07:56les électeurs, en réalité, ne seraient pas choqués.
07:57Je crois que les Républicains et le RN
08:00soient capables de se mettre d'accord sur un programme de gouvernement
08:02pour les trois années qui viennent sur les grands sujets
08:04où ils sont d'accord.
08:05Il y a beaucoup de divergences, de différences importantes,
08:07même culturelles, etc. entre ces deux partis.
08:09En revanche, sur l'essentiel des mesures à mettre en œuvre assez rapidement,
08:12je pense qu'ils sont d'accord.
08:13Patrina Rodard-Barzac, vous faites la même analyse ou pas ?
08:15Je pense quand même que le calcul d'Éric Ciotti, il est...
08:19C'est vrai qu'il y a une convergence de vues, si j'ose dire,
08:22depuis quelque temps entre Éric Ciotti et le programme du RN
08:24sur différents sujets, l'immigration, etc.
08:27Evidemment.
08:27Cela dit, je pense qu'il a quand même aussi en tête
08:29la façon dont il a fait cette démarche,
08:32qui est quand même assez extravagante aussi,
08:34dans le secret le plus absolu et dans la trahison totale
08:37par rapport à son parti,
08:38me semble quand même être un calcul tout à fait personnel.
08:41Je rappelle quand même qu'il veut sauver sa circonscription,
08:43il a des vues pour la mairie de Nice,
08:45et puis qu'à ce moment-là,
08:46il aura sûrement le poste de ministre de l'Intérieur.
08:48Mais il y a deux personnes qui ont fait des choses dans le secret
08:50depuis longtemps.
08:51Emmanuel Macron, on l'a dit, c'est plus sûr,
08:52et Éric Ciotti, le ralliement au RN.
08:54Mais si vous voulez, je pense qu'il y a quand même
08:55un calcul politique tout à fait clair.
08:57Mais dernière chose, il participe, malgré lui,
09:00ou il est assez content peut-être de le faire, je n'en sais rien,
09:03à la fracturation de la droite,
09:05qui est quand même à l'œuvre depuis longtemps.
09:06Emmanuel Macron a parié sur cette fracturation,
09:09a vidé de son contenu, déjà, de beaucoup de cadres,
09:12puisque beaucoup de ces cadres
09:13sont au sein même de ce gouvernement.
09:15Mais cela dit, on constate encore une fois,
09:17si on n'était déjà pas convaincus de ça,
09:19qu'il y a quand même 50 nuances de droite.
09:20C'est-à-dire qu'on remarque...
09:21Il y a 50 nuances de gauche.
09:22Oui, il y a plein de courants au PS,
09:24et c'est aussi du coup compliqué à gérer.
09:26Mais là, on voit quand même que c'est encore plus compliqué à gérer,
09:28parce que malheureusement, ça tourne souvent aussi au Vaudville.
09:30Regardez l'histoire des clés du parti, franchement...
09:32C'est quand même un double décret.
09:34Un tout petit mot, Jean-Sébastien, c'est la pause.
09:36Oui, ça ressemble un peu à fort à la mot.
09:37C'est pour ça que je ne comprends pas de la part d'Éric Ciotti
09:39pas tant le fait de vouloir négocier un accord
09:41avec le Rassemblement national.
09:43On n'est pas obligé de partager son avis,
09:44mais après tout, vous le soulignez,
09:46il y avait une convergence au sein de l'électorat de droite,
09:49comme sur un certain nombre de sujets,
09:51à commencer par l'immigration.
09:52En revanche, la manière dont il l'a fait, en quelque sorte,
09:54c'est planter l'accord en lui-même.
09:56C'est planter toute potentialité d'accord.
09:58On ne fait pas un accord contre son parti,
10:00contre les instances de son parti.
10:02On ne fait pas un accord sans avoir négocié son propre poids.
10:05C'est une cartouche à un coup.
10:07Vous voyez bien comment négocie la gauche.
10:08Il négocie jusqu'à la virgule pas des circonstances.
10:12Regardez, déjà, Jordan Bardena, il a dit entre 80 et 100.
10:15Déjà, si c'est entre 80 et 100, pourquoi pas 60 ?
10:17Éric Ciotti n'a rien obtenu.
10:19Quitte à faire une transgression aussi importante que celle-là,
10:23indépendamment même, une fois, de partager ou pas son choix,
10:26encore faut-il le faire en le maîtrisant.
10:28Quand on veut réussir une trahison,
10:31la condition pour que ce ne soit pas perçu comme une trahison,
10:33parce que ce sont les gagnants de l'histoire qui l'écrivent,
10:35c'est quand même de gagner, justement.
10:37Petite pause.
10:38On s'intéressera à ce qui se passe aussi à gauche
10:40dans le champ d'Einstein, sur CNews et Europe 1, tout de suite.