François Deletraz, président de la FNAUT, fédération nationale des associations d’usagers des transports, est l'invité de Mathilde Munos, alors que la SNCF annonce ce matin une vente de billets de train à prix cassé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-mercredi-04-septembre-2024-6000065
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00:0022, la SNCF casse les prix, elle va mettre en vente ce matin 200 000 billets Wigo à moins de 20 euros.
00:06Et elle va faire une opération similaire dans les prochains jours pour les TGV.
00:09Qu'en pense-t-on du côté des clients de la compagnie ?
00:12Bonjour François Delétraze, vous êtes le président de la FNOT, la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports.
00:19Pour les Wigo, c'est une vente flash, très courte, ça va durer que deux jours, aujourd'hui et demain.
00:23Vous devez être content, c'est une bonne nouvelle ça pour les usagers ?
00:25C'est peu de choses.
00:27Comment ça c'est peu de choses ? 200 000 je ne me rends pas compte, c'est pas beaucoup ?
00:29C'est pas beaucoup. Wigo a transporté 110 millions de passagers depuis qu'il a été créé.
00:34Donc vous vous rendez bien compte que 200 000 billets ça représente 200 trains, il y a 1000 personnes par train.
00:39Et vous ne dites pas que c'est déjà ça ?
00:41Bah si c'est déjà ça, mais c'est un joli coup de com' pour montrer, essayer de montrer que Wigo est toujours un train pas cher.
00:48Ce qui n'est plus vraiment le cas.
00:49C'est-à-dire ?
00:50C'est-à-dire que le prix du Wigo est passé de 23 à 34 euros en moyenne en France entre 2018 et 2023.
00:58Donc ça veut dire que le prix moyen du Wigo a augmenté de 45%.
01:03En 5 ans ?
01:04En 5 ans, ce qui est énorme.
01:06Mais ils ont réussi, un coup de marketing incroyable, d'imprimer dans la tête des gens que Wigo était un train pas cher.
01:13Et donc des opérations de promotion comme ça c'est pour maintenir dans l'inconscient des gens que Wigo est un train pas cher.
01:22Alors que le gap entre le Wigo et le TGV normal se réduit de plus en plus.
01:27Et aujourd'hui, quelqu'un qui a une carte avantage n'a aucun intérêt à prendre un Wigo à service égal.
01:33Il a toujours intérêt à prendre un TGV puisqu'il a des conditions d'après-vente.
01:36Parce que pour le Wigo, en plus, si on veut une prise électrique, un bagage, il faut payer des suppléments.
01:40Et quand vous voulez changer de train, c'est plus compliqué.
01:42Alors que sur TGV, jusqu'à 7 jours avant le départ, vous pouvez annuler et changer votre train sans frais.
01:46Alors, autre nouveauté pour la rentrée à la SNCF, la compagnie a décidé de sévir contre les voyageurs qui ont trop de bagages.
01:52A partir du 15 septembre, ce sera deux grandes valises par personne et un bagage à main, pas plus.
01:58Sinon, ce sera une amende de 50 euros.
02:00Alors évidemment, il y a une tolérance pour les instruments de musique ou les poussettes.
02:03Est-ce que vous comprenez cette décision ?
02:05On est dans le... Comment vous dire ? On pénalise.
02:12Est-ce qu'il y avait autant de gens que ça qui avaient des tonnes de bagages ?
02:16Je ne suis pas sûr. Alors, il y a certains trains un peu compliqués vers la Hollande, vers l'Eurostar, vers Londres, le train pour Barcelone, etc.
02:28Où les gens ont énormément de bagages.
02:30Mais d'une manière générale, il n'y a pas tant de bagages que ça.
02:33Le problème que la SNCF a, c'est que les trains Alstom n'ont pas été prévus avec assez de local bagage.
02:41Donc, ce n'est pas qu'il y a trop de valises, mais qu'il n'y a pas assez de place pour les mettre.
02:44Et surtout dans les rames océanes, les nouvelles rames, il y a encore moins de place qu'avant.
02:48Donc, on se retrouve avec un problème où, si on veut que tout le monde ait une petite valise, il n'y a pas assez de place pour tout le monde.
02:54Si on fait de la place, ça veut dire des sièges en moins.
02:56Exactement. Mais bon, c'est de la recette en moins.
02:58Mais bon, est-ce qu'il est normal que les passagers voyagent avec des valises ?
03:02Oui, évidemment.
03:04C'est comme si vous arriviez à l'hôtel et qu'on vous dit qu'il faut payer pour avoir un lit.
03:08François Delétraze, le bilan du passerail a été dévoilé en début de semaine.
03:13Il a permis à un peu plus de 230.000 jeunes de voyager en illimité pour pas cher cet été.
03:17Un abonnement, c'était 49 euros par mois pour avoir accès à tous les trains régionaux, tous les TVR ou les intercités.
03:23Le gouvernement en espérait 700.000, donc 230.000 en réalité.
03:27C'est un raté ?
03:29Contrairement à ce que les gens pensent, nous on pense que c'est une réussite.
03:31Pourquoi ? Parce que le 700.000, on ne sait pas d'où ils l'ont sorti.
03:35Et si on fait un peu d'histoire, il y avait un produit qui était un peu similaire, qu'on avait surnommé l'Interrail TER.
03:42Qui existait avant le Covid.
03:44Et ce produit-là, on en vendait 80.000 exemplaires.
03:46Donc on est passé de 80.000 à 230.000.
03:48C'est un très joli succès.
03:50Et puis le deuxième succès, qui n'est pas le moindre, c'est que ça a obligé les régions françaises,
03:56qui chacune travaillent dans son coin, à se parler entre elles et à créer sous l'égide de la SNCF et du gouvernement
04:02un produit national, facile d'usage et pas cher.
04:06Parce que les TER, on le redit, c'est quand même les régions qui gèrent.
04:09Chaque région gère son TER.
04:11Et chacune a sa marque, chacune a ses réductions.
04:13Et quand vous voulez passer d'une région à l'autre, c'est très compliqué.
04:15Et il n'y a pas de produit national, puisque la plupart des régions refusent désormais les cartes avantages de la SNCF.
04:21Donc vous, vous aimeriez que ça existe toute l'année ?
04:23Exactement. Et que ça soit étendu à d'autres catégories.
04:25Et pourquoi ça coince alors ?
04:27Parce que les régions n'en veulent pas.
04:29Et pourquoi ?
04:31Les régions sont comme des adolescents.
04:33Elles ont découvert la liberté tarifaire que leur a donné le gouvernement il y a quelques années.
04:36Ils ne veulent pas entendre parler d'un parent, l'État en l'occurrence, qui leur dirait ce qu'ils ont à faire.
04:46Une dernière chose François Delétrase.
04:48La SNCF va bientôt changer de patron.
04:50Jean-Pierre Farando est en fin de mandat.
04:52Mais tout est suspendu à cause du blocage politique.
04:54C'est d'ailleurs pareil à la RATP et pour l'aéroport de Paris.
04:56Est-ce que cette attente est préjudiciable ?
04:58Elle est préjudiciable pour toutes les grandes entreprises.
05:00Parce que ça empêche les décisions stratégiques à long terme.
05:02Le temps du train est un temps long.
05:04Il y a des choses pour lesquelles vous ne pouvez pas attendre.
05:06Il faut décider pour les années à venir.
05:08Or là, depuis quelques mois, on gère les affaires courantes et on ne décide pas pour l'avenir.
05:10Et ça c'est un vrai problème.
05:12Et c'est quoi les priorités du prochain patron de la SNCF ?
05:14C'est d'obtenir de l'État qu'il remplisse son rôle.
05:16C'est-à-dire que l'État intervienne plus qu'il ne le doit dans le réseau.
05:18Vous savez qu'en France, sur un billet de TGV à 100 euros,
05:21il y a 40 euros qui vont pour le réseau.
05:23Il y a 10 euros de TVA plus le bénéfice du billet qui retourne à réseau.
05:25En Italie, vous avez 15 euros qui vont pour le réseau.
05:27Donc vous voyez le gap qu'il y a en France.
05:29On est le plus mauvais élève d'Europe.
05:31Et l'État fait supporter aux passagers la totalité du coût.
05:33C'est comme si vous payiez pour rouler sur une route de bourse.
05:35C'est-à-dire que vous avez un billet de TGV à 100 euros.
05:37Vous avez un billet de TGV à 100 euros.
05:39Vous avez un billet de TGV à 100 euros.
05:41Vous avez un billet de TGV à 100 euros.
05:43Vous avez un billet de TGV à 100 euros.
05:45Vous avez un billet de TGV à 100 euros.
05:47C'est comme si vous payiez pour rouler sur une route départementale.