Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop était l’invité du Face-à-Face de ce vendredi 13 septembre sur BFMTV et RMC.
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00:00C'est tout l'enjeu. Regardez, le Front Républicain avait été pratiqué en 2017, au deuxième tour d'élection présidentielle,
00:07quand on était déjà, pour la première fois, dans un duel Emmanuel Macron-Marine Le Pen, et en 2022,
00:12le Front Républicain, dans la même configuration, a moins bien fonctionné.
00:16Il a fondu.
00:17Marine Le Pen est peut-être dépassée de 34% à 41% en 5 ans, parce que toute une partie de l'électorat de gauche
00:23avait dit « on nous y reprendra plus », et Emmanuel Macron, qui devait mener une politique de droite et de gauche,
00:29a mené en fait une politique de droite, et donc nous, nous ne voterons plus pour ce candidat.
00:33Sauf que, et c'est là que l'enseignement des législatives est intéressant,
00:37le Front Républicain se réactive quand la perspective d'une victoire du RN est avérée.
00:42Là, en 2022, même si des électeurs pouvaient se dire que Marine Le Pen avait ses chances,
00:47le consensus majoritaire était qu'elle ne pouvait pas gagner.
00:51Est-ce que, Jérôme Fourquet, vous avez regardé l'étude de Vincent Tiberges,
00:55il est sociologue et professeur à Sciences Po.
00:58Lui, il dit qu'au fond, il y a une forme de décalage entre la droitisation des élites françaises
01:03et la réalité d'un peuple qui, notamment sur la question des valeurs, a énormément progressé
01:08et en réalité est beaucoup plus progressiste que ses élites conservatrices.
01:12Alors, oui, j'ai commencé à regarder ces travaux.
01:16Je suis en partie d'accord avec le diagnostic qui est fait.
01:19Il faudrait néanmoins nuancer quand on dit « les élites ».
01:22Toutes les élites politiques ou médiatiques ou intellectuelles ne sont pas conservatrices.
01:26Et puis, pour ce qui est du phénomène général ou non de droitisation dont on parle dans le pays,
01:31je pense qu'il faut distinguer trois axes.
01:33Le premier, c'est l'axe sociétal.
01:35Les valeurs, la tolérance en matière de mœurs sur l'IVG, sur l'homosexualité.
01:41Et là, toutes les enquêtes montrent qu'aujourd'hui, la France est beaucoup plus progressiste,
01:46beaucoup plus tolérante qu'elle ne l'était il y a 40 ans.
01:49Sur l'homosexualité, sur l'IVG, encore une fois, la société française s'est très fortement décrispée.
01:55Et donc, on ne peut pas parler de droitisation sur ce plan-là.
01:58Sur le plan économique et social, la première revendication de toute une partie des candidats aux législatives
02:04était d'abroger cette fameuse réforme des retraites.
02:08Et vous voyez bien qu'il y a des attentes très fortes sur le pouvoir d'achat.
02:11Et en dépit du fait que le budget soit, pour la 50e année de l'État, la 50e année consécutive déficitaire,
02:18le consensus est qu'il faut encore augmenter les dépenses publiques.
02:21Donc, sur le champ économique, on ne voit pas non plus les symptômes d'une droitisation.
02:25En revanche, sur le troisième pan, qui est celui des questions régaliennes, sécurité, immigration,
02:30là, je pense qu'on a des indices objectifs d'une droitisation du pays.