Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans les Belles Figures de l'Histoire.
00:03Le 14 septembre 1792, fête de la Croix Glorieuse, des religieux sont expulsés
00:09de leur couvent de Compiègne par les révolutionnaires.
00:13Deux ans plus tard, elles monteront à l'échafaud en chantant.
00:16Qu'avaient-elles donc fait pour mériter ce châtiment suprême ?
00:21Mais leur victoire, elle, est dans leur mémoire qui se perpétue aujourd'hui encore.
00:25Les carmélites de Compiègne ont été immortalisées à l'écran,
00:29chantées à l'opéra et le pape François a relancé leur canonisation récemment.
00:33Pour évoquer ces vies édifiantes et peut-être porter un autre regard sur la Révolution française,
00:39nous sommes en compagnie du père Jean-François Thomas.
00:42Bonjour mon père.
00:42Bonjour Emeric.
00:43Vous êtes jésuite et auteur de L'Erreur en chemin vers la lumière, publié chez DMM.
00:48Et puis Véronique Jacquier, bien sûr, est avec nous.
00:51Bonjour Véronique.
00:52Bonjour Emeric, bonjour à tous.
00:53Et cette émission, vous le savez, est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
00:58Alors tout de suite, avant d'entrer dans la vie et la biographie de ces carmélites de Compiègne,
01:03je vous propose de nous rendre sur leur trace, à côté de Compiègne, au Carmel de Jonquière,
01:08où s'est rendu Éloi Rochebrinz.
01:10C'est à 10 kilomètres de Compiègne et là, leur souvenir, vous allez le voir, est toujours vivant.
01:17Au sous-sol du Carmel de Jonquière, Blandine nous fait découvrir la salle des martyrs.
01:22L'exposition met en valeur la vie des carmélites de Compiègne avant et sous la période révolutionnaire.
01:27Dans cette vitrine, des habits de civils portés par les sœurs.
01:31À partir d'août 1791, les religieuses, que ce soient les carmélites ou les autres,
01:38n'avaient pas le droit de sortir de leur couvent en portant leurs habits de religieux.
01:45Si tous ces objets nous sont parvenus, c'est que les sœurs ont été expulsées de leur couvent en septembre 1792.
01:52C'est quand elles ont été expulsées de leur couvent qu'elles avaient trouvé des refuges dans trois maisons amies à Compiègne.
02:00Et c'est ce que les personnes ont gardé pieusement avant de les remettre au Carmel.
02:07Dans une salle à côté, le nom des martyrs sur des plaques de bois recouvre les murs.
02:11Au fond, une petite relique de la taille d'un pouce est conservée dans un coffre de bois.
02:17Au moment de monter sur l'échafaud, les 16 carmélites ont embrassé cette vierge à l'enfant.
02:21La prière a pu la confier à une personne de confiance.
02:25Et quand il y a eu un nouveau Carmel jusqu'en Empire à Compiègne,
02:32les descendants de cette personne l'ont rendue aux carmélites.
02:37Pour elle, après avoir embrassé cette statue, elle montait au ciel pour fonder une nouvelle communauté.
02:45Aujourd'hui, les carmélites de Jonquière conservent la mémoire de leurs sœurs martyrs.
02:49La crypte et l'exposition sont ouvertes au public sur demande.
02:54Alors Véronique, revenons au début de cette histoire.
02:57Qui sont ces religieuses, ces carmélites de Compiègne ?
02:59Et pourquoi ont-elles été la cible des révolutionnaires ?
03:02Alors tout d'abord, des carmélites, ce sont des religieuses qui appartiennent à l'ordre du Carmel,
03:07fondée par Saint-Thérèse d'Avila au XVIe siècle en Espagne.
03:10Et le Carmel de Compiègne, c'est donc environ 80 kilomètres au nord de Paris.
03:15Juste avant la Révolution, elles sont 21 religieuses, dont nos futurs 16 martyrs.
03:20Et leur destin est très particulier parce que 100 ans avant la Révolution française, en 1693,
03:25donc 100 ans même avant très précisément la terreur révolutionnaire,
03:29une carmélite de ce monastère, Sœur Élisabeth Baptiste, a un songe.
03:34Et elle voit des religieuses du couvent, dans la gloire du ciel,
03:38habillées tout de blanc, tenant une palme à la main.
03:41Et la palme, c'est le symbole du martyr.
03:44Donc en fait, dans cette communauté de religieuses,
03:46il y avait cette idée d'un sort collectif qui passerait par une grande épreuve, par la croix.
03:51Aussi, en septembre 1792, pendant la terreur,
03:55la mère prieur propose aux religieuses un acte de consécration
03:59par lequel la communauté s'offrirait en holocauste pour calmer, si j'ose dire, la colère de Dieu
04:06et pour que la paix divine apportée par le Christ sur la terre
04:10soit rendue à l'Église et à l'État.
04:13Je vous donne très précisément les mots de cet acte de consécration.
04:18Toutes les carmélites ont accepté de faire cette consécration
04:22avec enthousiasme, à commencer par les plus jeunes.
04:24Mais les deux plus anciennes, elles, ont émis des craintes
04:28parce qu'elles s'imaginaient bien ce qui les attendait, c'est-à-dire la guillotine.
04:31Finalement, elles ont accepté, après avoir longuement prié.
04:35Alors, Père Thomas, pourquoi les révolutionnaires ?
04:38Parce qu'elles ont senti qu'on allait s'en prendre à elles,
04:40que l'étau se resserrait autour de leur communauté de religieux à Compiègne.
04:44Pourquoi les révolutionnaires s'en sont-ils pris à ces femmes ?
04:48Alors, comme vous le savez, la révolution française n'est pas n'importe quelle révolution.
04:52Ce n'est pas une révolte pour quelques changements, quelques réformes.
04:56C'est une révolution qui a désiré déraciner Dieu
05:02et en s'attaquant notamment à la figure du roi,
05:05qui n'était pas simplement un leader politique,
05:09mais qui était le lieutenant du Christ sur la terre.
05:12Et ça, ça va également dans un mouvement qui est assez présent en Europe à l'époque.
05:17Il ne faut pas oublier, par exemple, que l'empereur Joseph II,
05:20avant la révolution française, a interdit dans son empire
05:25les ordres contemplatifs et il les a fermés.
05:29C'était dans l'ère du temps.
05:31Les ordres contemplatifs étaient vus comme contraires
05:36à la liberté des individus
05:38et donc il est tout à fait normal que la révolution française,
05:42désirant extirper toute forme de fanatisme,
05:47comme les révolutionnaires le disaient,
05:50s'en soit pris d'abord à ce qui était la fondation de l'Église
05:56dans le royaume de France, à savoir ses ordres contemplatifs.
06:00Alors, très concrètement, ça commence dès 1790.
06:03Les ordres religieux sont dissous par les révolutionnaires,
06:05leur vœu déclaré nul.
06:08Et puis 1792, effectivement, le décret d'expulsion
06:11des religieux de leur couvent.
06:13Pour autant, est-ce qu'on peut dire que ces religieuses
06:15étaient des agents contre-révolutionnaires ?
06:18Elles étaient vues ainsi, évidemment,
06:20par le nouveau pouvoir en place.
06:24Je pense que les révolutionnaires n'avaient pas totalement tort,
06:27mais pas dans le même sens, pas dans le sens dont ils l'entendaient.
06:30Oui, les religieuses étaient des contre-révolutionnaires
06:33dans le sens où elles croyaient, à juste titre,
06:37que la France était fondée sur Dieu
06:41et que leur vie avait un sens, bien évidemment,
06:45et que le royaume de France et les peuples de France
06:51ne pouvaient vivre qu'avec l'aide de cette prière des contemplatifs.
06:55Donc, elles étaient contre-révolutionnaires
06:57dans le sens où...
06:59Dans le sens spirituel.
07:00Dans le sens spirituel du terme,
07:02mais pas dans le sens politique du terme.
07:04Véronique, est-ce qu'elles ont eu un procès en bonne et due forme,
07:08un procès véritable,
07:09et qu'est-ce qui a justifié concrètement leur arrestation ?
07:12Elles sont arrêtées les 22 et 23 juin 1794
07:16parce que les révolutionnaires auraient trouvé des lettres
07:19critiquant la Révolution.
07:21Après leur expulsion, elles ont été chacune hébergées
07:24dans des familles de compiègnes
07:26et elles arrivaient à se réunir le plus secrètement possible,
07:29si j'ose dire, pour chanter ensemble leurs offices religieux.
07:33Donc, il y avait ces rumeurs
07:35d'eux, elles se retrouvent et elles n'ont pas le droit
07:37de pratiquer librement leur culte
07:39puisqu'on ne tient plus à ce qu'elles aient
07:41un comportement de religieuse.
07:43Donc, évidemment, le coup des lettres,
07:45c'était un prétexte
07:47et parmi les éléments d'accusation au procès,
07:50on a donc trouvé le fait
07:52qu'elles possédaient un portrait de Louis XVI,
07:54qu'elles possédaient aussi des images
07:56du Sacré-Cœur de Jésus
07:58et le tribunal y a vu un caractère de ralliement
08:00aux rebelles de Vendée
08:02puisque les chouans dessinaient parfois ce symbole sur leur drapeau.
08:04On les accuse aussi de fanatisme
08:06parce qu'elles veulent rester fidèles
08:08à leurs voeux d'obéissance.
08:10Alors ça, pour les révolutionnaires,
08:12pour le coup, c'était révolutionnaire.
08:14Il n'est pas acceptable pour eux que des religieuses
08:16se soumettent à une règle communautaire.
08:18Ce serait un crime qui trouble la société.
08:20Pour eux, il y avait quelque chose de l'ordre de cela.
08:22Et puis, alors, bien entendu,
08:24le procès n'a absolument rien d'un procès.
08:26Un seul témoin est cité, mais il ne compare pas.
08:28L'acte de condamnation est imprimé
08:31avant même la tenue du procès.
08:33Et elles n'ont, bien sûr, pas le droit à un avocat.
08:35Et alors, en plus, l'acte d'accusation
08:37est rédigé par Fouquier-Tinville
08:39qui est surnommé le pourvoyeur de la guillotine.
08:41C'était vraiment le terroriste de la terreur, celui-là.
08:43Alors, toutes vont être condamnées à mort
08:45et elles vont être exécutées le jour même,
08:47donc le 17 juillet 1794,
08:49avant de monter à la guillotine.
08:51Elles auront été incarcérées
08:53environ trois semaines
08:55à la conciergerie ensemble.
08:57Et là, quelque part, c'est une grâce
08:59parce qu'elles ont pu se retrouver pour prier,
09:01pour chanter.
09:03Elles respectent ensemble leurs règles de vie.
09:05On les entend chanter
09:07leur office pendant la nuit
09:09à deux heures du matin.
09:11Et la veille de leur procès et de leur mort,
09:13elles célèbrent la fête de Notre-Dame du Carmel,
09:15c'est-à-dire le 16 juillet 1794,
09:17comme un grand jour de fête.
09:19Alors, Père Thomas, elles savent
09:21quand même ce qui les attend
09:23et elles se préparent dans la joie.
09:25Qu'est-ce qu'on doit comprendre ?
09:27C'est-à-dire qu'on doit se porter à toute l'histoire de l'Église,
09:29notamment à ceux qui pouvaient habiter
09:31les premiers chrétiens
09:33pendant les trois premiers siècles,
09:35mais aussi à d'autres moments
09:37de l'histoire de l'Église.
09:39Pensons aux franciscains
09:41à l'époque médiévale,
09:43pensons aussi aux jésuites,
09:45notamment au XVIIe siècle,
09:47qui tous avaient le désir du martyr,
09:49le désir de verser leur sang
09:51pour le Christ.
09:53Alors ça nous paraît peut-être
09:55un peu bizarre et un peu étranger
09:57parce que nous ne sommes pas dans le même mouvement,
09:59mais souvenons-nous
10:01que ces personnes
10:03vivaient dans des sociétés
10:05dont l'étoffe
10:07était chrétienne
10:09et donc qui était portée
10:11aussi par tout un souffle,
10:13par tout un zèle.
10:15Ce qui nous manque aujourd'hui,
10:17parce qu'on est généralement beaucoup plus isolés,
10:19donc on est moins enthousiastes à l'idée du martyr,
10:21mais qui peut toujours se présenter.
10:23Donc il est tout à fait
10:25dans la logique religieuse
10:27de l'époque
10:29d'avoir ce désir du martyr
10:31qui n'est pas un désir masochiste,
10:33mais c'est le désir d'être préparé
10:35à toute éventualité et donc
10:37à verser aussi son sang pour le maître.
10:39Alors Véronique disait tout à l'heure, en les citant,
10:41qu'elles se sont offertes
10:43en holocauste
10:45pour apaiser la colère de Dieu
10:47et chercher
10:49la paix de l'Église et de l'État.
10:51Comment faut-il l'entendre ?
10:53Alors holocauste a un sens très particulier
10:55aujourd'hui, évidemment, mais il faut se reporter
10:57à l'holocauste biblique
10:59dans le temple de Jérusalem.
11:01Donc holocauste, ça veut dire
11:03ce qui est totalement brûlé.
11:05Les sacrifices d'animaux
11:07se terminaient
11:09en effet par
11:11le fait que les animaux
11:13étaient consumés, c'était
11:15l'offrande qui était faite à Dieu
11:17pour le pardon des péchés du peuple
11:19et pour le pardon des péchés personnels
11:21donc de ceux qui offraient l'holocauste
11:23en particulier.
11:25Donc s'offrir en holocauste
11:27c'est vraiment
11:29aller au-devant d'un total
11:31anéantissement, mais
11:33pour une résurrection en fait.
11:35Pour être purifié,
11:37pour être délivré
11:39et pour que le péché soit effacé.
11:41Donc dans le cas des carmélites de Compiègne,
11:43elles ont beaucoup insisté sur ça.
11:45Elles se livrent en holocauste, pas d'abord
11:47pour leurs propres péchés,
11:49mais elles se livrent en holocauste pour
11:51le salut de la France.
11:53On va voir ce qu'il en sera justement. Véronique, racontez-nous
11:55leurs dernières heures, finalement,
11:57leurs martyrs proprement dits.
11:59Elles avaient l'air d'aller à Lannos
12:01à dire témoin et les 16 carmélites
12:03sont conduites par leurs
12:05supérieurs.
12:07Elles quittent la prison
12:09vers 18h en fait, donc le 17 juillet
12:111794.
12:13Elles étaient à la conciergerie,
12:15elles prennent le chemin de la guillotine
12:17qui était sur l'actuelle place de la nation
12:19à Paris. Elles chantent des
12:21cantiques tout au long du parcours.
12:23Elles sont dans des charrettes.
12:25Donc elles fendent la foule.
12:27Il faut imaginer les entendres
12:29chanter ces cantiques dans les charrettes
12:31en traversant ainsi Paris.
12:33On les met en garde d'ailleurs,
12:35par rapport à la vindicte de la foule
12:37et la haine qui pourrait se dégager, ce qui était quand même le lot
12:39de bien des futurs guillotinés.
12:41Et puis elles sont vêtues de
12:43leur manteau blanc. Elles descendent
12:45des charrettes, elles se mettent à genoux.
12:47Elles renouvellent ensemble leurs vœux.
12:49Elles chantent le Veni Creator,
12:51hymne de cérémonie du renouvellement
12:53des vœux dans les monastères.
12:55Et puis, à 20h,
12:57la première, qui est aussi la plus jeune,
12:59Circonstance de Jésus,
13:01une novice, est saisie par les bourreaux.
13:03Elle s'agenouille devant la mère supérieure
13:05pour être bénie avec la petite statuette de la
13:07Vierge Marie que nous avons vue dans le reportage
13:09au début de l'émission, qui est donc toute
13:11petite. C'était fait pour ne pas
13:13que les révolutionnaires la voient.
13:15Et elle monte
13:17les marches de l'échafaud. Vous
13:19imaginez quand même la scène. Elle monte
13:21à la guillotine, en entonnant
13:23le psaume chanté lors de la fondation
13:25d'un carmel qui marque aussi
13:27la joie d'entrer dans le ciel,
13:29laudate dominum, c'est-à-dire
13:31« loué soit Dieu ». Les 15 autres
13:33carmélites sont exécutées, chacune à leur tour
13:35donc par la suite. La supérieure
13:37mère Thérèse de Saint-Augustin passe en
13:39dernier, donc elle a vu toutes ses filles
13:41guillotiner et mourir. Les
13:43chants des religieuses durant leur parcours jusqu'à
13:45la guillotine puis sur les marches de l'échafaud
13:47impressionnent tellement
13:49la foule qu'il y a un grand
13:51silence, ce qui est
13:53très inhabituel lors des exécutions.
13:55Alors je vous propose d'écouter
13:57la réaction d'une carmélite
13:59actuelle du Carmel de Jonquière,
14:01on l'a vu tout à l'heure, son regard
14:03justement sur le
14:05martyr de ses prédécesseurs
14:07au Carmel, au Carmel de Compiègne.
14:09C'est extrait d'un documentaire
14:11de nos confrères de Cathéo
14:13réalisé par François Lespèce, regardez.
14:15Pour moi
14:17le martyr, je ne sais pas
14:19si j'en aurais le courage,
14:21mais c'est le déroulement normal
14:23d'une vie d'amour
14:25donnée, quoi, d'une vie
14:27quand on
14:29aime, on donne tout, on va jusqu'au
14:31bout. Alors
14:33pour témoigner cet amour
14:35à Jésus qui nous a tant aimés,
14:37je ne voyais rien d'autre
14:39que le martyr, voilà.
14:41Voilà un documentaire que l'on peut
14:43retrouver sur le site de
14:45Cathéo. Alors ce qui est intéressant
14:47Père Thomas, c'est que d'un point de vue
14:49politique, dix jours après la mort
14:51de ces carmélites, le 27 juillet
14:531794, pardon,
14:55la terreur s'arrête
14:57par un coup d'État parlementaire. Est-ce qu'on peut dire
14:59finalement que, d'une certaine manière,
15:01Hérobès-Pierre meurt, on peut dire que leur prière,
15:03la prière de ces carmélites a été exaucée ?
15:05Eh bien, les noces de ces carmélites
15:07avec notre
15:09Seigneur, en effet,
15:11portent du fruit aussitôt.
15:13C'est en tout cas l'interprétation
15:15du côté de ceux
15:17qui ont la foi, libres
15:19ou révolutionnaires, de ne pas voir
15:21un signe, évidemment.
15:23Mais un tel sacrifice
15:25ne pouvait que porter du fruit.
15:27Et Véronique a insisté
15:29sur cet aspect des noces
15:31et ça c'est très important parce que
15:33dans la vie de la carmélite,
15:35déjà lorsqu'elle se consacre au Carmel,
15:37elle arrive comme une mariée,
15:39avant de revêtir l'habit
15:41qui est l'habit signe
15:43du dépouillement, du renoncement au monde.
15:45Donc là, ce sont des noces...
15:47On le voit dans le film d'ailleurs du père Bruckberger,
15:49on va en parler dans un instant.
15:51Donc ce n'est pas uniquement symbolique dans le cas
15:53des carmélites de Compiègne. Elles vont bien
15:55jusqu'à signer par leur sang
15:57ce dépouillement qui a été
15:59le leur, ce renoncement
16:01dès leur consécration au Carmel.
16:03Par la suite, leur corps
16:05reposera et repose toujours
16:07dans l'une des deux fosses communes du cimetière
16:09de Picpus, c'est dans le douzième arrondissement
16:11de Paris.
16:13Leur corps et leur tête ont été jetés
16:15là juste après l'exécution
16:17et ils y sont toujours.
16:19Et puis ensuite, il y a effectivement cette
16:21postérité dans l'art et la littérature
16:23et ça c'est très étonnant.
16:251931, Gertrude von Lefort
16:27écrit cette nouvelle, la dernière à l'échafaud
16:29inspirée des manuscrits de
16:31Sœur Marie de l'Incarnation, la rescapée.
16:33Et puis en 1948, plus connue,
16:35Georges Bernanos termine sa pièce
16:37Le dialogue des carmélites, inspirée
16:39de Gertrude von Lefort. C'est publié
16:41à titre posthume et ça entre au répertoire de la
16:43comédie française. C'est quand même exceptionnel, bien sûr.
16:45Ce sera donc après joué au théâtre,
16:47au cinéma, à la télévision.
16:491960, le père Bruckberger et
16:51Philippe Agostini réalisent un film, Le dialogue des carmélites
16:53avec Madeleine Renaud, Jeanne Moreau,
16:55Georges Wilson.
16:57Et puis 1957, Francis Poulenc
16:59en tire un opéra magnifique également.
17:01Comment expliquer finalement que ça ait tellement,
17:03que leur martyr ait tellement impressionné
17:05les artistes
17:07et au cours du XXe siècle notamment ?
17:09Comment être indifférent
17:11face à un tel témoignage ?
17:13Alors, on peut dire qu'il y a eu
17:15bien d'autres martyrs, même au
17:17moment de la Révolution. Mais dans le cas
17:19des carmélites de Compiègne, ce qui est
17:21impressionnant, c'est de voir que
17:23elles ont toujours continué à vivre
17:25en communauté, même lorsqu'elles étaient
17:27dispersées. Et on sait
17:29très bien que dans l'esprit
17:31de la spiritualité du Carmel,
17:33là où il y a une carmélite, il y a un Carmel.
17:35Une seule suffit. C'est aussi
17:37le propre un peu de l'ordre du Carmel.
17:39Ce ne sont pas d'immenses abéis,
17:41ce sont de toutes petites communautés.
17:43Donc ce sont des petits grains qui sont
17:45ainsi plantés, et ces petits grains
17:47continuent de donner du fruit.
17:49Alors Véronique, quelques livres pour mieux
17:51découvrir la vie édifiante de ces carmélites.
17:53Eh bien, tout d'abord, le livre écrit
17:55par la seule carmélite survivante
17:57du massacre, car elle n'était pas présente
17:59au moment des arrestations. Il s'agit de
18:01Sœur Marie de l'Incarnation.
18:03Et elle a écrit La relation du martyr
18:05des 16 carmélites de Compiègne. C'est aux éditions
18:07du Cerf. Il y a aussi l'ouvrage
18:09de William Bush qui a été autorisé
18:11à reconstituer, justement, le
18:13parcours historique des carmélites, à partir
18:15des manuscrits laissés par Sœur Marie
18:17de l'Incarnation. Et vous le voyez à l'écran,
18:19ça s'appelle Apaiser la terreur,
18:21la véritable histoire des carmélites de Compiègne.
18:23Ça, c'est chez Clovis. Alors, évidemment,
18:25il y a le dialogue des carmélites
18:27de Georges Bernanos, aux éditions
18:29du Seuil. Et puis,
18:31une BD toute récente, éditée par
18:33Plainvent, Les carmélites de Compiègne,
18:35Martyrs de la Révolution.
18:37C'est un scénario de Marie et Olivier
18:39Malkura, avec des illustrations de
18:41Fabrice Diorusso. Franchement, c'est vraiment,
18:43vraiment très, très, très bien à lire.
18:45Et on n'oublie pas France Catholique qui,
18:47chaque semaine, parle de la vie
18:49des saints, bien sûr, francecatholique-.fr.
18:51Voilà. Et puis, un dernier
18:53mot pour vous dire que ces carmélites ont été
18:55béatifiées en 1906 par le pape
18:57Saint Pidis. C'était en pleine période de
18:59séparation de l'Église et de l'État en France,
19:01alors qu'à nouveau, les biens de l'Église sont saisis,
19:03les congrégations expulsées. On imagine,
19:05bien sûr, Père Thomas, que ce n'est pas anodin,
19:07cette béatification à ce moment-là par
19:09Pidis. Oui, mais ce n'est pas
19:11uniquement un acte, disons,
19:13politique de la part du pape.
19:15C'est une façon aussi d'encourager
19:17les catholiques français qui,
19:19de nouveau, connaissent une période difficile
19:21de persécution. D'ailleurs, voilà ce que disait
19:23Pidis. Quelles que soient les persécutions, ayez
19:25confiance dans la protection de vos bienheureuses
19:27carmélites martyrs. Quand on combat pour
19:29et avec Dieu, finalement, on est sûr de vaincre.
19:31Donc, effectivement, ça rejoint à exactement
19:33ce que vous disiez. Et puis, en 2022, le pape
19:35François a relancé le procès
19:37en canonisation. Cette fois, c'est l'étape
19:39ultime. Et donc,
19:41cela devrait intervenir,
19:43peut-être, en tout cas, dans les
19:45années qui viennent. Pour terminer, une
19:47citation qui montre bien le courage
19:49de ces femmes dans l'épreuve de la guillotine. Elles
19:51ont recomposé à la conciergerie,
19:53à la prison de la conciergerie,
19:55un chant à partir de la Marseillaise. Voici un extrait
19:57qui apparaît sur vos écrans.
19:59« Préparons-nous à la victoire sous les drapeaux
20:01d'un Dieu mourant. Montons, montons
20:03à l'échafaud et Dieu sera vainqueur. »
20:05Merci beaucoup, Père Jean-François Thomas
20:07d'avoir été avec nous. Merci à Véronique Jacquet,
20:09à Jade Roger, au pied aux équipes techniques de
20:11La Croix-Glorieuse. Et à suivre demain, dans
20:13Enquête d'Esprit, à 13h, nous parlerons
20:15de la Croix-Glorieuse, la fête de la Croix-Glorieuse
20:17le 14 septembre.
20:19Comment la Croix peut-elle être glorieuse ?
20:21C'est la question que nous nous poserons
20:23et vous resterez bien sûr à notre écoute.