Haïti Pays dans les Caraïbes
Découvrez "Villes Dangereuses : Port-au-Prince", un documentaire français percutant qui plonge au cœur de la capitale haïtienne pour explorer les réalités brutes de cette ville en proie à des défis immenses. À travers des témoignages poignants et des images puissantes, ce film offre une perspective unique sur les enjeux de sécurité, de survie et de résilience dans un environnement urbain complexe. Ce documentaire est un éclairage essentiel sur les conditions de vie dans une ville souvent mal comprise.
Découvrez "Villes Dangereuses : Port-au-Prince", un documentaire français percutant qui plonge au cœur de la capitale haïtienne pour explorer les réalités brutes de cette ville en proie à des défis immenses. À travers des témoignages poignants et des images puissantes, ce film offre une perspective unique sur les enjeux de sécurité, de survie et de résilience dans un environnement urbain complexe. Ce documentaire est un éclairage essentiel sur les conditions de vie dans une ville souvent mal comprise.
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00:00Ils ont versé de la gasoline tout autour de la voiture et ils voulaient non brûler
00:09vie.
00:10Ils avaient menacé de tuer mon fils, si nous n'arrivions pas à donner l'argent dans
00:20les 24 heures.
00:21C'est la police.
00:22Les coups de feu se sont régulièrement tirés, de toute façon on le voit également.
00:30Au nombre de cadavres.
00:34Ouvrez, police !
00:37Ici, même quand on parle d'état des droits, c'est pas vrai ça.
00:40On respecte pas la loi et le droit des accusés.
00:43Mais c'est n'importe quoi.
00:45On part travailler et vous nous emprisonnez.
00:59Port-au-Prince, la capitale haïtienne au bord de la mer des Caraïbes.
01:143 millions et demi d'habitants, 20% de riches, 80% de pauvres avec moins de 2 dollars par
01:21jour.
01:23Ceux-là vivent dans les taudis à flanc de colline ou dans la cuvette du bas de la ville.
01:31Mais ce jour-là, en plein centre de Port-au-Prince, riche et laissée pour compte, saut côte
01:36à côte.
01:37Personne n'a été épargné par le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
01:4237 secondes de chaos que les Haïtiens commémorent chaque année place du champ de Mars.
01:53A la tribune, le président Martelly et les représentants de toutes les religions parlent
02:00de solidarité.
02:01Mais une seule voix va porter, celle de Mambo Evoni, la grande prêtresse vaudou.
02:07Pour elle, Port-au-Prince reste la ville de toutes les violences.
02:12Nous avons évoqué ces leçons chaque jour, évoqué les solutions à apporter.
02:20Mais nous nous sommes refusés à les réaliser.
02:23Les trahisons sont toujours là.
02:25Les violences sont toujours là.
02:27Les divisions dans les familles sont toujours là.
02:30Les riches des enfants de Pétion et les pauvres des enfants de Dessalines ne vivent pas ensemble.
02:37A tous, je vous remercie de votre attention.
02:41Merci aussi à toi, Seigneur.
02:45Mambo Evoni est la plus applaudie.
02:48En coulisses, dans les jardins de la présidence, tous les dignitaires viennent la féliciter.
02:54Quelqu'un a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, loin des convenances
02:59des cérémonies officielles.
03:01Elle le répétera sans cesse.
03:03On se sent trop déchiré et on se bat pour le pouvoir.
03:08On se bat pour Dieu, on se bat pour tout.
03:11Et aujourd'hui, Haïti a besoin de tous ses enfants pour sa survie.
03:17Tout est emprunt de violence.
03:20En Haïti, la violence est un peu partout.
03:23Violence physique, violence mentale, violence sociale, surtout sociale.
03:29Et nous devons nous battre contre cette violence continue.
03:33Se battre en mémoire des 220 000 hommes et femmes morts lors du séisme.
03:38Se battre pour les milliers d'autres tués depuis dans les violences de Port-au-Prince.
03:51Sur chaque versant des montagnes, les petites baraques des quartiers de Canapé Vert ou de Bourdon
03:57bordent la route vers le Chaudron.
04:00Car à Port-au-Prince, c'est dans le bas de la ville que la criminalité est la plus forte.
04:05700 meurtres en 2013.
04:08Tout près de la mer, s'étend le plus grand bidonville.
04:12Cité Soleil.
04:14Le nom fait rêver, mais les 700 000 personnes qui s'y entassent vivent une autre réalité.
04:20La guerre des gangs.
04:22Aujourd'hui, des tirs viennent de retentir à quelques mètres du commissariat de Cité Soleil.
04:27Le commandant Pierre Louis était aux premières loges.
04:31Le commandant Pierre Louis était aux premières loges.
04:34Comme chaque jour.
04:54Des batailles de rue pour le contrôle de la drogue et des kidnappings.
04:59Les mères de famille et les enfants y assistent, impuissants.
05:03La survie s'organise sous la loi du silence.
05:06Mais cette année, l'objectif est de déstabiliser ces gangs.
05:10Le commissaire met carte sur table.
05:29C'est le terrain des affrontements.
05:32Les bandits de Boston sont en face.
05:35Ce qu'on compte faire là, c'est mener des opérations trois fois par semaine dans ces zones précitées
05:44afin de pouvoir appréhender les bandits et faire aussi des saisies.
05:50Parce qu'il y a trop d'affrontements ces derniers jours.
05:55Pour pénétrer dans Cité Soleil,
05:57le commandant Pierre Louis va mobiliser tous ses effectifs du commissariat,
06:01mais aussi la force des Nations Unies
06:03et les gros bras des unités de maintien de l'ordre de la police nationale.
06:09Tous les gens qu'on cherche se trouvent dans cette zone.
06:13Nous allons faire six points d'ancrage pour quadriller Belleco.
06:18Nous allons encercler à partir de ces six points et un groupe spécial ensuite va entrer.
06:25Les troupes restent dehors pour éviter qu'ils s'échappent.
06:29Le marché, c'est là qu'on a entendu les coups de feu.
06:32Les deux unités se retrouvent alors pour les prendre en tenaille.
06:37Si on monte, on va rencontrer les gangs.
06:40En montant, vous allez rencontrer le gang de Boston et la base de Brooklyn, Belleco.
06:46Il y a les numéros un des gangs de Brooklyn et de Belleco.
06:51L'intervention aura lieu le lendemain matin à l'eau.
06:59Cité soleil, une ville dans la ville.
07:02On y rentre et on y sort par ce grand axe, le boulevard des Américains.
07:08C'est ici que se dresse l'un des hôpitaux les plus importants de Port-au-Prince.
07:14Derrière cette lourde porte de métal, voici l'hôpital Drouillard,
07:18géré par l'ONG Médecins Sans Frontières.
07:23On y accède en tape tape, faisant office d'ambulance.
07:27À croire que c'est un havre de paix.
07:29Et pourtant, la violence est présente au quotidien.
07:34Il suffit de pousser la porte des soins intensifs pour s'en rendre compte.
07:41Le docteur Pierre Wagner y travaille depuis 9 ans.
07:44Ses patients ont souvent le même profil.
07:48Les cas qui rentrent ici, ce sont des cas qui sont venus du bloc opératoire
07:52suite à une intervention chirurgicale.
07:55Ces patients souffrent des traumatologies,
08:01de type d'agressions physiques,
08:05des blessures corporelles.
08:08Tous sont jeunes, comme cet homme arrivé il y a 3 jours.
08:12Le pronostic vital est engagé.
08:15Le traumatisme hépatique est très important.
08:18Là, il s'hétolyse.
08:20C'est un soin assissant, mais il va sortir.
08:26Lui non plus ne sait pas s'il pourra s'en sortir.
08:29Il s'accroche à la vie depuis 6 mois à Drouillard.
08:32Là aussi, j'ai eu plusieurs balles.
08:34Et il a eu multiples lesions au niveau de l'abdomen.
08:37Hier, il a subi une intervention chirurgicale majeure encore.
08:40C'est sa 7e intervention.
08:43À présent, l'évolution est satisfaisante.
08:47Si cela se confirme, il sera un miraculé, un de plus.
08:53Au même moment au bloc opératoire,
08:56l'équipe chirurgicale prend en charge une femme gravement brûlée.
09:02Avec les blessures par balles,
09:04le traitement des brûlures est l'activité principale
09:07pour les chirurgiens de MSF.
09:09Cette femme va subir une grève de peau.
09:13Drouillard est le seul hôpital à pouvoir réaliser
09:16de telles interventions sur Haïti.
09:25Bien sûr, la situation précaire amène beaucoup de brûlés.
09:28On n'aurait pas, s'il n'y avait pas ces situations
09:31de logements aussi précaires,
09:33des gens qui vivent rassemblés dans des camps
09:36avec des tentes les unes près des autres
09:40depuis quatre ans.
09:42J'ai vu personnellement le cas d'une fillette de six ans
09:46qui est arrivée brûlée à 94 %
09:52et qui est décédée dans les heures qui ont suivi.
09:58Sa maman nous expliquait qu'elle habitait
10:01dans une tente avec sa fille,
10:04qui était la seule survivante avec elle du tremblement de terre.
10:08Il avait perdu d'autres enfants dans le tremblement de terre
10:12et là, c'était son dernier enfant.
10:15Cette fois, le cas n'est pas aussi désespéré.
10:18L'opération n'a duré que 20 minutes.
10:21Retour aux urgences avec le docteur Wagner.
10:24Pour l'heure, nul besoin de faire appel au bloc.
10:27Il faut juste extraire une balle dans la jambe.
10:30La routine.
10:33Quand on est médecin,
10:35extraire une balle, ça doit être facile.
10:38Comme c'est une habitude ici, normalement chaque jour,
10:41ou bien par semaine, on extrait plusieurs balles.
10:44Donc c'est normal.
10:46La balle d'un petit calibre n'a pas fait trop de dommages à ce jeune homme.
10:50Il en est quitte pour une grosse frayeur.
10:53Pour pouvoir...
10:55Voilà.
10:57C'est ça.
10:59Je sortais de l'église vers 19 heures.
11:02J'allais reprendre ma moto.
11:06Et puis une moto s'est approchée avec 2 hommes.
11:10L'un des 2 est descendu.
11:13Et il m'a dit, donne-moi ta moto.
11:16J'ai dit non. Je me suis défendu.
11:19Et il a tiré.
11:22Des histoires comme celles-là, le docteur Wagner en entend tous les jours.
11:28Tous les jours, c'est aussi sur les ondes.
11:31La violence ordinaire est le fond de commerce des chansons d'Isoland,
11:35l'artiste le plus populaire rapport au prince.
11:45Arrestations, guerres des gangs, une source d'inspiration inépuisable.
11:58Des paroles radicales où l'apologie de la violence n'est jamais loin.
12:02C'est l'orientation prise par Isoland en solo.
12:05Une carrière lancée 12 ans plus tôt ici, rue Chavannes,
12:09avec le groupe Bissi, alias Barricade Crew.
12:12Ce sont les membres de Bissi qui nous ouvrent les portes du studio d'enregistrement.
12:17Brita, les Bricks, prépare la nouvelle tournée du groupe.
12:21Ils se démarquent des paroles crues de leur ami Isoland.
12:25Dans sa carrière solo.
12:27Eux préfèrent dépeindre la misère sociale.
12:55Lui croit au changement avec des chansons martelées comme des appels au sursaut.
13:25Leur montrer une autre idée de la vie, leur dire de s'intégrer.
13:30Les jeunes, au lieu d'utiliser les armes ou vendre de la drogue, prenez le micro plutôt.
13:37Les répétitions vont durer jusque tard dans la nuit.
13:42La nouvelle chanson de Bissi résonnera bientôt dans les rues de Port-au-Prince.
13:56Il est 2h du matin, il n'y a plus grand monde dans les rues.
13:59Comme prévu, l'opération de police dans Cité Soleil va avoir lieu à l'aube.
14:04Nous avons l'ordre de rejoindre un poste sécurisé.
14:07C'est sous escorte de police que nous roulons vers le plus grand bidonville.
14:16Le point de départ de l'intervention, le plus grand bidonville de Port-au-Prince.
14:22Le point de départ de l'intervention est à Sea Base.
14:26Une base commune à la police haïtienne et aux Casques Bleus de l'ONU.
14:32130 hommes vont y participer.
14:45Le briefing se fait en français, mais aussi en anglais et en portugais.
14:49La majorité des Casques Bleus est en brésilien.
14:53Des checkpoints devront boucler les accès de Cité Soleil.
14:57Pendant que d'autres unités ratisseront ces 2 quartiers avec prudence.
15:15C'est le commandant Pierre-Louis qui dirige les opérations.
15:20Ce matin même, on voulait appréhender les chefs de gang.
15:24On a pas mal de noms.
15:28On va aller en recherche.
15:30Les objectifs sont clairs.
15:32Pourtant, tout ne se déroule pas comme prévu.
15:35Il manque les gros bras de la police haïtienne.
15:49Démarrer l'opération à l'aube, c'est pas risqué ?
16:00Le jour se lève lorsque toutes les unités sont enfin au complet.
16:05Il est 6 heures, l'opération est lancée.
16:08Mais à Cité Soleil, on est debout depuis longtemps.
16:12Apparemment, la police est attendue.
16:20Des barrages, des pneus en flamme et des bris de verre joncent le grand boulevard.
16:32Enlevez les pierres, je vous ai dit de les enlever.
16:37Il faut attendre 20 minutes avant que le 1er checkpoint soit en place.
16:50Tous doivent montrer pas de blanche pour entrer ou sortir de Cité Soleil.
16:56Le sac, mademoiselle. Faites voir.
17:09Toi, là, ta pièce d'identité.
17:11Non, j'en ai pas, j'en ai pas.
17:13Elle est chez moi.
17:15Adelma.
17:17Adelma ?
17:19Pourquoi tu es ici ? Dis-moi ce que tu fais là.
17:23Dis-moi ce que tu fais là.
17:25J'ai juste dormi, Adelma.
17:27Ouais, allez hop, mets-toi sur le côté.
17:41C'est par groupe de 20 que les casques bleus et les policiers pénètrent dans les allées de tôles ondulées.
17:49Les informateurs du commissaire ont déjà indiqué les maisons des membres présumés de Goranga.
17:55Ceux-là n'ont pas eu le temps de fuir.
17:58Mais les plus malins sont déjà loin.
18:02Écoute, les bandits traversent le ruisseau.
18:06Il y aurait 2 chefs avec tous leurs hommes.
18:10Dans l'autre quartier, à Beleko, les perquisitions continuent avec la même précaution.
18:15Le doigt sur la gâchette.
18:19Ouvrez ! Police !
18:21Ici, une femme est enfermée.
18:24Des hommes armés pourraient la séquestrer.
18:30Fausse alerte.
18:32Tout est retourné.
18:34Mais pas d'armes, pas de drogue.
18:37La dame avait juste perdu la clé.
18:40Une démonstration de force démesurée ce matin.
18:43Mais c'est la stratégie du nombre.
18:46C'est dangereux en fait de se promener dans cette zone.
18:50Parce qu'il y a quand même pas mal d'armes à feu de plusieurs calibres.
18:53Donc c'est pour ça que quand on vient, on y vient en force.
18:58Et les coups de feu sont régulièrement tirés.
19:02De toute façon, on voit également au nombre de cadavres qui sont trouvés dans les rues.
19:10Les fouilles et interrogatoires se déroulent sans résistance.
19:13Tu fais quoi pour vivre ?
19:15Mais je vis du fer.
19:17Je vends du fer récupéré dans la rue.
19:19Et vous, tu fais ?
19:21Mais rentrez chez moi, j'ai rien à me reprocher.
19:26Durant ces ratissages, les policiers font face à l'omerta, alimenté par la peur.
19:33Non mais commandant, je ne suis pas un homme.
19:36Alimenté par la peur.
19:39Non mais commandant, je ne peux rien vous dire sur les gangs.
19:42Moi, j'habite là. Je ne peux pas vivre ailleurs.
19:46Les soldats n'en sauront pas plus.
19:48Durant ces quatre heures d'opération, aucune saisie de drogue ni d'armes à feu.
19:53Visiblement, les gangs ont eu le temps de cacher les pièces à conviction.
19:57Sauf quand c'est un peu plus imposant.
20:00Une moto sans plaque, probablement volée, est découverte chez cet homme.
20:05C'est sur ce genre d'engin que des braquages sont commis.
20:11Il va rejoindre la trentaine de suspects interpellés.
20:36La tenaille imaginée par le commandant Pierre-Louis pourrait avoir porté ses fruits.
20:42Tous sont conduits au commissariat de Cité-Soleil.
20:48Avant midi, ils sont déjà 22 interpellés.
20:52Parmi eux, beaucoup de petites mains dans cette guerre des gangs.
20:56T'habites où ?
20:57A Soleil 19.
20:59Et toi, t'as quel âge ?
21:01Tous ont moins de 25 ans.
21:03C'est en moyenne l'espérance de vie d'un gangster de Port-au-Prince.
21:11Un nouveau groupe vient d'être conduit.
21:14Ils sont suspectés d'appartenir au gang de Beleko.
21:19C'est la meilleure nouvelle de la journée pour le commandant Pierre-Louis.
21:23Un chef est parmi eux.
21:25Tiga, que vous voyez là, c'est le deuxième chef du gang.
21:32Quel âge as-tu ?
21:3416 ans.
21:37C'est le deuxième chef. C'est lui qui est juste derrière l'escart.
21:41Ouais, c'est moi, Tiga.
21:43Ouais, c'est un criminel.
21:45Tu es un criminel ?
21:47Oui, je suis un criminel.
21:49Tu es un criminel ?
21:51Oui, je suis un criminel.
21:53Ouais, c'est un criminel.
21:56Il est très cruel.
22:03Tiga a déjà fait de la prison pour des kidnappings.
22:05Mais cette fois, il est soupçonné de meurtre ou de les avoir commandités à ses hommes.
22:22Je vais appeler à nos informateurs là, juste pour pouvoir identifier les auteurs qui sont ici présents.
22:30Tous les suspects vont être placés en garde à vue pour 48 heures.
22:35Même si parmi eux, il peut y avoir des arrestations arbitraires.
22:41Mais c'est n'importe quoi. Moi, je travaille pour l'Etat, dans les travaux publics.
22:46On part travailler, vous nous emprisonnez.
22:49Mais pour beaucoup, comme Tiga, cette garde à vue est la première étape avant la casse-prison.
22:57Le pénitencier national, 4136 détenus.
23:02Comme chaque matin, les familles apportent le déjeuner pour leurs proches incarcérés.
23:11Voici de rares images de l'intérieur que nous avons réussi à nous procurer.
23:16Ici, la violence est d'état.
23:20Chaque détenu accusé de crime passe au moins trois ans derrière les barreaux avant d'être jugé.
23:25C'est le cas pour les hommes. C'est aussi le cas de la prison pour femmes.
23:30Résultat, 400% de surpopulation carcérale.
23:34Il faut se relayer pour s'allonger.
23:37En moyenne, l'espace vital d'un détenu est de 60 cm².
23:46Seule sortie autorisée pour les détenus, cet ancien grand hôtel des années 70.
23:52Il fait office de palais de justice.
23:54L'ancien tribunal a été détruit par le séisme.
23:58Chaque jour, les prévenus arrivent sous les coups de midi pour être entendus dans les cabinets d'instruction.
24:04Le juge Wilner Morin occupe ce petit bureau éclairé au néon.
24:08Il est le spécialiste des affaires d'enlèvement.
24:11Au programme du jour, un kidnapping avec probabilité d'assassinat.
24:16Voici les noms des convoqués chez le juge Morin.
24:22Un cas classique à Port-au-Prince aujourd'hui.
24:41Ils ont été réclamés la rançon.
24:44Il paraît qu'ils se sont heurtés contre un mur et la voiture a été écrabouillée.
24:55L'accusé a été arrêté vite après les faits en septembre 2012.
24:59Il est assisté d'un avocat commis d'office.
25:02C'est son premier interrogatoire après déjà un an et demi de détention provisoire.
25:07A quelle heure êtes-vous rentré chez vous le jour du kidnapping ?
25:11Je ne sais pas magistrat.
25:17Êtes-vous rentré avant ou après le kidnapping ?
25:19Je ne sais pas.
25:20A quelle heure êtes-vous rentré ?
25:23Impossible de répondre à vos questions.
25:33Je ne peux pas répondre à cette question parce que je ne sais rien de tout ça.
25:41Vous savez, ne se rappeler de rien ne va pas jouer en votre faveur.
25:47Quelque chose à ajouter ?
25:49Refus de coopérer ou mauvaise compréhension des questions, à Port-au-Prince les prévenus sont souvent un alphabète comme cet homme.
25:58Avec son empreinte digitale comme toute signature.
26:02L'audition n'a duré que 20 minutes mais le juge a déjà sa petite idée sur l'affaire.
26:10C'est plus de 40 000 dollars mais ils n'ont jamais rendu la personne qui a été kidnappée.
26:19Une jeune femme, l'un d'entre eux était son petit ami.
26:28A Port-au-Prince, les femmes sont souvent les plus touchées.
26:3220% des crimes commis sont des viols.
26:35Loin du chaos, un centre accueille certaines de ces femmes meurtries.
26:40Le lieu reste secret par crainte de représailles.
26:47Mambo Lamerci le dirige, c'est une cheffe spirituelle de la religion vaudou mais elle veille sur ces femmes, toutes croyances confondues.
26:55Aujourd'hui nous allons commencer à travailler avec la broderie.
27:02Il faut faire cela avec sérieux et avec discipline.
27:12Et les enfants vous ferez des colliers, des bracelets.
27:17Quand les femmes sont en difficulté, elles sont accompagnées de leurs enfants.
27:22On ne peut pas laisser ces enfants là inactifs au niveau du centre.
27:27Aujourd'hui 17 femmes dont vous ne verrez pas leur visage par respect pour leur douleur vivent sous le toit d'Ofava.
27:34Le mois précédent, elles étaient plus de 40.
27:38Nous voulons qu'elles puissent vivre en paix.
27:42Le mois précédent, elles étaient plus de 40.
27:46Nous voulons faire comprendre à ces femmes victimes de viol qu'elles ne sont pas exclues de la société.
27:53C'est les accompagner pour les réintégrer dans la vie sociale.
27:59C'est donc leur apprendre un métier utile pour demain.
28:04Si elles sont victimes de viol, ça ne veut pas dire que la vie est finie.
28:09Au centre, tout le monde met la main à la pâte.
28:13En cuisine, on s'affaire déjà au menu du riz au lait de coco et quelques haricots.
28:20Cela fait 20 ans que Mambo Lamerci travaille dans le social.
28:24Jamais elle n'aurait imaginé que les viols allaient autant augmenter depuis le séisme.
28:29Conséquence de la promiscuité dans les camps ou dans les bidonvilles.
28:33Elle a ouvert le centre dans l'urgence il y a deux ans.
28:35Aujourd'hui, il est là pour durer.
28:40On a une capacité d'accueillir à peu près 22 femmes.
28:45On a pu héberger près de 52, 40, 42, 44.
28:50Ça varie à tout moment.
28:52Le centre compte aujourd'hui 14 chambres.
28:55Mais elle en est sûre, il va devoir s'agrandir en renforçant la sécurité.
28:59Nous, on est obligés de placer ce centre d'hébergement un petit peu éloigné de la capitale.
29:06Si les agresseurs sortent spécialement dans la même communauté que les victimes,
29:12il faut que nous, au Fava, lorsqu'on héberge ces victimes, qu'elles se sentent en sécurité.
29:18C'est la raison pour laquelle vous voyez là.
29:21C'est un guérite qu'on construit spécialement pour nous.
29:26Jusqu'au coude.
29:29Juste au coude.
29:32Mambo Lamercie sait qu'il faut les prendre en main, les accompagner pour les moindres détails du quotidien.
29:38Ces femmes et leurs enfants restent trois mois en moyenne pour se reconstruire.
29:44Ok, on s'assoit.
29:48Pour apprendre à vivre ensemble, à manger ensemble,
29:53c'est parce que là, ici, au niveau, dans ce centre d'hébergement, on est une famille.
29:59Chacun prie leur Dieu, selon sa foi.
30:05À Oufava, cela ressemble parfois à la méthode Koué.
30:12Avec cette chanson, qui est ligne du centre, écrite chaque jour au tableau.
30:24Quand les enfants chantent pour y croire,
30:29dans la pièce d'à côté, les femmes parlent pour se libérer.
30:34Mergela est arrivée cette semaine.
30:37C'est son premier entretien avec la psychologue.
30:41Avec moi, sois à l'aise, ne te gêne pas.
30:45Parle simplement avec franchise.
30:48Je vois que tu as une cicatrice. Pourquoi ? D'où ça vient ?
30:51Ils m'ont blessée avec des tessons de bouteille.
30:56Est-ce que je peux vous montrer d'autres choses ?
31:00Parce que j'ai été aussi frappée dans le dos.
31:11Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
31:14Ils m'ont violée.
31:16Quatre hommes chez moi.
31:19Je ne voulais pas. Ils m'ont blessée.
31:23Ils m'ont frappée pour que je me soumette et que je fasse tout ce qu'ils voulaient.
31:32Et aujourd'hui, est-ce que ça va ? Est-ce que tu as des troubles du comportement ?
31:40Des troubles de comportement ?
31:42Oui. Je ne suis plus comme avant.
31:46J'ai souvent des maux de tête.
31:50Je repense souvent au viol.
31:54Jamais ça n'aurait dû arriver.
31:59A l'issue de cette première rencontre, la psychologue perçoit un sentiment de culpabilité, comme souvent.
32:06C'est une femme qui est vraiment traumatisée.
32:08Parce que maintenant, elle souffre de l'insomnie.
32:14Son cœur bat beaucoup plus que d'habitude.
32:20Après le séisme, il y a une augmentation des cas de violences sexuelles, conjugales, physiques.
32:28Ce jour-là, Guerline va mener quatre entretiens avec des femmes d'à peine 20 ans.
32:34Et toujours les mêmes mots d'apaisement.
32:37On est là pour t'entendre. Dis tout ce qui te passe par la tête.
32:42Si tu veux crier, si tu veux pleurer, laisse les larmes venir.
32:46C'est ça qui va t'aider. Tu vas te sentir mieux. Laisse aller.
32:51Quelques larmes d'impuissance.
32:54À Ofava, on fait ce qu'on peut en ce moment.
32:59Au siège de la police aussi, on aimerait encore faire davantage.
33:03Il est 9h en ce mardi matin. C'est l'heure du bilan hebdomadaire.
33:07Pour annoncer la couleur, le porte-parole a fait aligner les dernières saisies.
33:12En ce qui concerne les arrestations, la liste est longue.
33:19Il y a 32 personnes arrêtées sous le chef d'inculpation de viol sur mineurs, stupéfiants.
33:25Raquettes, trafic, détention d'armes à feu, kidnapping et homicide.
33:33Par ailleurs, une personne était recherchée activement.
33:37Elle était impliquée dans des enlèvements.
33:40Il s'agit de cet homme impliqué dans 6 kidnappings et assassinats.
33:47Pour 2014, la DCPJ va doubler ses efforts pour empêcher les enlèvements
33:52et combattre la criminalité sous toutes ses formes.
33:56Des kidnappings, décidément un fléau bien installé.
34:00En moyenne, 6 personnes sont enlevées par mois pour des rançons
34:04qui se comptent en centaines de milliers de dollars.
34:26Parmi les cibles privilégiées, les membres des grandes familles.
34:32Comme celle de Robert Moscosso, l'un des banquiers les plus importants d'Haïti.
34:38Ces deux enfants ont été enlevés.
34:42Il y a quelques mois, ces images ont ému tout port au prince.
34:46Leur libération vécue comme en direct.
34:48Les brigades d'intervention investissent en pleine nuit cette maison en construction.
34:53C'est là que Coralie, 23 ans, et son frère Nicolas, 22, sont détenus depuis 8 jours.
34:59Les ravisseurs réclament un million de dollars de rançons.
35:19Et si nous n'arrivions pas à donner l'argent dans les 24 heures,
35:23le lendemain, ils nous ont appelés pour dire que c'était de notre faute qu'il était mort
35:28parce qu'on n'avait pas payé.
35:31Ça a été 48 heures terribles de traverser, d'aller à toutes les morgues,
35:37de voir s'il y avait un cadavre qu'on aurait reconnu.
35:40Ça a été les 48 heures les plus difficiles.
35:44Difficile aussi pour Coralie et Nicolas.
35:46Menottés, terrorisés, au point de redouter d'enlever leur bandeau.
35:51C'est la police. C'est la police.
35:54Vous êtes libérés.
35:58Leurs ravisseurs sont arrêtés sans un coup de feu.
36:01Le cerveau de l'enlèvement, le voici, Clifford Brandt,
36:05le fils de l'une des familles les plus riches de Port-au-Prince.
36:08Beau, jeune, bien éduqué.
36:11Et pourtant, il était à la tête d'un gang spécialisé dans les enlèvements.
36:16Toute la population a été surprise de découvrir qui il s'agissait.
36:21Personne ne penserait que quelqu'un comme ça serait impliqué dans une telle activité.
36:28Coralie et Nicolas, encore traumatisés, n'ont pas souhaité témoigner.
36:33L'enlèvement des Moscosso est la plus grosse affaire de ces derniers mois.
36:39Il a fait l'effet d'un électrochoc.
36:42Personne, même parmi les privilégiés de Port-au-Prince,
36:46ne se sent à l'abri.
36:51La sécurité, un business florissant en Haïti.
36:58Mario Viau possède l'une des plus grandes compagnies de sécurité privée de Port-au-Prince.
37:032000 agents sont sous ses ordres.
37:05De ce côté, ils prennent les informations, ils reçoivent aussi les appels.
37:10Et ils font un dispatching de personnes.
37:13S'il y a un problème en quelque part, c'est à partir d'ici qu'ils appellent aussi pour envoyer.
37:18Normalement, ce qu'on fait, on appelle la police, qui nous accompagne aussi sur ce dossier
37:24parce que les compagnies de sécurité n'ont pas le droit d'intervenir seules.
37:29Ce que nous nous appellons, c'est la police.
37:31Nous n'avons pas le droit d'intervenir seuls.
37:35Ce que nous ne devons pas faire, mais maintenant, nous le faisons un peu quand même,
37:39c'est une équipe d'intervention pour aller voir vraiment ce qui se passe.
37:43Il a 300 contrats à honorer.
37:46La moitié sont des particuliers, l'autre moitié des institutions comme l'ONU, des ONG ou des banques.
37:52Ce jour-là, sur les écrans, il y avait beaucoup de rouges, signalant différentes attaques.
37:56Nous avons une intrusion, une agression.
38:00Avant d'appeler le client, on envoie la boucle.
38:04Quand la boucle est enchumée à l'ordre, nous appelons le client.
38:09Il y a 20 ans, Mario Vieux a été le premier à sentir que la sécurité allait être un marché,
38:14quitte à changer de métier.
38:16Sa société s'appelle PAP, mais rien à voir avec l'abréviation de Port-au-Prince.
38:21J'étais un homme de radio dans le temps.
38:23En 1993, on cherchait une agence de sécurité pour sécuriser la radio.
38:30Il n'y en avait pas ou il n'y avait pas de contrat possible.
38:33Nous avons décidé de monter notre propre agence.
38:37C'est comme ça qu'on a commencé avec un agent de sécurité qui devait sécuriser la radio.
38:41L'avocat qui devait monter une société me dit « Mario, comment tu veux que je l'appelle ? »
38:46Je lui dis « Je ne sais pas, mais fais vite ».
38:47PAP, en français, ça veut dire vite, vite.
38:54Aujourd'hui, dans le quartier chic de Pétionville, sur les hauteurs de Port-au-Prince,
38:59des zones sont entièrement privatisées et gardées par des hommes en art.
39:0524 heures sur 24.
39:08Bienvenue au village du Vallon des Orchidées.
39:11Un joli nom comme pour des vacances au soleil des Caraïbes.
39:14Mais les Orchidées sont masquées par les murs des maisons, d'au moins 3 mètres de haut.
39:20Derrière les barrières, des mollusques et toujours des gardiens avec leur fusil à pompe.
39:27C'est dans l'une d'entre elles que vit Anne-Marie Issa, une femme d'affaires reconnue en Haïti.
39:35Nous allons nous déplacer pour aller à une réunion avec Viva Rio à Pétionville.
39:39Après, nous irons à Bourdon, dans mon bureau.
39:45Moi, je prends la noire et vous, vous me suivez avec la blanche.
39:53C'est vous qui conduisez ?
39:54Oui, j'adore.
39:58Le même rituel chaque matin.
40:01Faubert sécurise les environs, puis monte aux côtés d'Anne-Marie Issa.
40:05Une autre voiture suit la patronne de près.
40:11C'est la sécurité pour 2400 dollars par mois.
40:16Anne-Marie optimise le temps.
40:17Elle n'est pas arrivée au travail qu'elle est déjà en rendez-vous au volant de son deuxième bureau.
40:23Allo, oui, j'écoute.
40:25On a une sécurité à la barrière 24 heures sur 24.
40:3030 ans, elle est déjà en rendez-vous.
40:3330 ans qu'elle court dans le monde des affaires.
40:36Aujourd'hui, elle dirige une société de relations publiques.
40:44Mais cette vie menée tambour battant a bien failli s'arrêter du jour au lendemain, un dimanche.
40:50Anne-Marie revenait du supermarché en voiture avec une amie.
40:54Elle s'est retrouvée encerclée par un groupe d'hommes.
40:58Pour l'église ou quoi?
41:00Ils nous ont menacé, ils nous ont demandé de nous arrêter.
41:03Ils ont entouré la voiture.
41:07Ils ont versé de la gasoline tout autour de la voiture et ils voulaient nous brûler vif.
41:14Par chance, le chef de la bande l'a reconnu.
41:17Quelques mois auparavant, Anne-Marie avait par hasard rendu service à ce malfrat en conduisant sa fille gravement malade aux urgences.
41:25Il nous a accompagné jusqu'à chez moi.
41:27Moi, je pensais qu'il allait me demander une ransom.
41:29Il me dit non et vous ne vous rappelez pas de moi.
41:32Même moi, j'avais mon fils et bébé malade.
41:35Et c'est vous qui l'aviez accompagné avec moi chez votre belle-soeur qui est pédiatre.
41:39Et vous l'avez sauvé la vie.
41:40Donc, je vous ai reconnu.
41:42Et arrivé à la maison, il me dit, Madame Issa, il faut faire très attention.
41:47Ces jours-ci, il vaut mieux ne pas sortir.
41:49C'est un traumatisme qui perdure?
41:51On n'oublie pas.
41:52Ce sont des choses qu'on ne peut pas oublier.
41:58A observer le regard du garde du corps qui balaye la route et les trottoirs, la vigilance est permanente.
42:04N'importe où, à n'importe quel moment de la journée.
42:10Quand faut-il prendre le plus de précautions?
42:13Le plus souvent, on enregistre des cas de kidnapping.
42:17Surtout quand la personne monte dans sa voiture ou bien quand elle descend de la voiture.
42:23Alors, toutes les précautions sont prises, même dans ce quartier chic à 9h30 du matin.
42:29Ils sont là.
42:30Les déjeuners d'affaires se déroulent toujours sous bonne garde.
42:42D'après le décompte réalisé par l'ONU, les crimes violents ont baissé d'un tiers ces 12 derniers mois pour atteindre 700 homicides sur l'année 2013.
42:51Un nombre encore trop élevé.
42:55Le premier ministre Laurent Lamotte ne s'en cache pas.
42:58C'est son premier chantier.
43:00Dans le bureau feutré de sa résidence, ses collaborateurs l'informent mois après mois des chiffres.
43:06Le recrutement massif de policiers est sa priorité.
43:10Aujourd'hui, il y a certaines gangs qui existent.
43:14Il y a eu quand même une stratégie solide qui a pu réduire la prévalence de ces gangs dans notre société.
43:22Le gouvernement continue à mettre la pression aussi sur les gangs.
43:27On a encore beaucoup de travail devant nous.
43:29On a énormément de travail à faire pour continuer à arriver à atteindre l'objectif du plan de développement de la police nationale de 2012-2016
43:38qui est d'atteindre 15.000 policiers.
43:40Aujourd'hui, nous sommes à 11.000.
43:42Il nous faut mettre les bouchées doubles pour ajouter 4.000 policiers dans les deux prochaines années.
43:50Retour au pénitencier national.
43:54Dans l'antichambre de la cour de la prison, deux hommes attendent l'appel.
43:59Fritz Nergent.
44:03Harold Désir.
44:07Ils sont accusés de meurtre et vont être jugés cet après-midi après deux ans de détention préventive.
44:17Nous allons suivre leur procès.
44:20Les bouchées doubles n'ont pas été mises sur la justice.
44:23Les crimes de sang ne sont jugés que durant deux mois par an.
44:27Aujourd'hui marque l'ouverture de la saison des assises.
44:30Le juge Merlan Bélabre va découvrir le dossier comme à chaque fois.
44:35Normalement, le parquet devait acheminer le dossier 24 heures avant l'audience au tribunal, selon la loi.
44:46Mais jusqu'à présent, je n'ai pas encore les dossiers.
44:51Une petite entorse au code.
44:53Les deux accusés peuvent être inquiets.
44:55Leurs avocats n'ont garu le temps non plus de préparer leur défense.
45:15Le sort des deux accusés va être tranché par les douze membres du jury, désignés le même jour.
45:22Cinq femmes.
45:26Et sept hommes.
45:28Juste avant l'audience, les avocats parlent pour la première fois à leurs clients.
45:32Dix minutes, pas plus, pour entendre sa version.
45:38Ils ont tué, mais je ne sais pas qui a fait ça, moi.
45:41C'est moi qu'on accuse.
45:45Tu es certain d'avoir tout dit ?
45:48Je sais que je vais être condamné.
45:50Non, non, ne dis pas ça.
45:53Dis-nous, tu l'as tué ou non ?
45:57Aucune réponse, aucune stratégie possible avant l'entrée du tribunal.
46:05Et déjà le premier coup de théâtre.
46:07Dès les formalités d'identification des accusés.
46:11L'un des deux n'est pas la bonne personne.
46:13Un certain Fritznel, avec un L, devait comparaître.
46:16Mais dans le box, c'est Fritzner, avec un R.
46:22Jean Fritzner...
46:25Cher maître, dans le cas de Fritzner-Jean,
46:27je ne vois pas d'accusation ni d'ordonnance dans cette affaire.
46:31Hein ?
46:33Mais qu'est-ce qu'il fait là ?
46:35Étonnement de la défense, perplexité des procureurs.
46:39Cet homme, visiblement, n'a rien à voir avec cette affaire.
46:44Le tribunal constate la détention illégale d'un ami gréen.
46:50Fritzner, du nom de Fritzner-Jean,
46:55ordonne sa libération immédiate.
47:02Libéré en deux minutes.
47:04Jamais il ne l'aurait imaginé.
47:06Mais la joie est de courte durée.
47:09Le procureur fait appel.
47:11Fritzner doit retourner en prison
47:13pour voir s'il n'est pas retenu pour autre cause.
47:17Alors vous ne voulez plus le libérer ?
47:21Il doit être renvoyé devant un autre tribunal criminel
47:23pour être jugé conformément à la loi.
47:26Eh bien, arrêtez-le vous-même !
47:29Deuxième coup de théâtre d'un procès qui tourne à la farce.
47:33Le ministère public n'a même pas respecté le tribunal.
47:37Ébahis, les accusés découvrent un tribunal
47:39où règne la loi de la jungle.
47:42La loi de celui qui crie le plus fort.
47:51Nous sommes très sages, magistrats.
47:53Au tribunal, c'est vous qui êtes juge.
47:57Il n'y a pas de droit ici, il n'y a pas de droit.
48:02Le président du tribunal criminel
48:05demande à l'administration
48:08de faire un appel à l'administration.
48:11Il n'y a pas de droit ici.
48:14Il n'y a pas de droit ici.
48:17Il n'y a pas de droit ici.
48:20Excepté les agents qui accompagnent
48:24les accusés,
48:26à tous les porteurs d'armes,
48:28de laisser la salle.
48:31Pour Fritzner, retour casse-prison
48:33pour une nouvelle détention provisoire.
48:36Ce n'est pas cette saison qu'il sera jugé.
48:42C'est quoi, là, ici ?
48:44C'est vraiment malheureux, mais c'est très court.
48:46Même quand on parle de garde des doigts,
48:47c'est pas vrai, ça.
48:48On respecte pas la loi et le droit des accusés.
48:51Surtout des gens qui sont
48:53dans des conditions modestes.
48:55Ce sont des gens pauvres.
48:58Elles n'ont pas fait payer un avocat,
49:00ni non plus, elles n'ont pas de parents
49:02qui ont des pouvoirs,
49:04qui sont proches du pouvoir
49:06pour essayer de négocier leur libération.
49:10Le procès du seul accusé restant
49:12va être expédié en quelques heures.
49:14Aucun témoin appelé à la barre.
49:16Aucune partie civile non plus.
49:18C'est un face-à-face avec le juge.
49:21Qui a tendu ce piège ?
49:27C'est pas moi.
49:29Qui est-ce qui est venu le soir tendre le piège ?
49:35OK, pas de problème.
49:36Veuillez noter, l'accusé garde le silence.
49:38Il ne veut pas répondre.
49:41Dis-moi,
49:42combien vous étiez pour tuer Rodrigue ?
49:47Si vous ne répondez pas, ça ne va pas vous aider.
49:50Vous étiez combien ?
49:54Tu vois dans quelle situation tu es ?
49:56Tu vois, ça fait deux ans que tu es en prison
49:58et tu ne veux pas révéler ce qui était avec toi.
50:02Tu continues à les cacher ?
50:04Comment Rodrigue a-t-il pu se retrouver nu et ligoté ?
50:07Comment vous avez fait ça ?
50:11La loi du silence toujours à port au prince.
50:14Même pour les crimes les plus barbares.
50:24C'est l'heure des délibérations.
50:28Dix minutes ont suffi aux jurys pour statuer le juge.
50:32Dix minutes ont suffi aux jurys pour statuer.
50:36L'accusé Harold Désir est-il coupable d'avoir donné la mort à Rodrigue ainsi connu ?
50:43Oui, à la majorité absolue.
50:48Harold,
50:51le jury a statué.
50:56Le tribunal conclut que vous avez tué Rodrigue.
51:02Le décider...
51:04Nous avons décidé de vous condamner à huit ans de travaux forcés en prison.
51:09Travaux forcés dans la prison.
51:12Condamné à huit ans de travaux forcés,
51:14il a attendu deux ans un procès tenu en 4h30.
51:19Personne ne fait appel à l'image de l'état de droit défaillant en Haïti.
51:23Après le séisme, sur quelle base Poro Prince peut-elle sortir de l'abîme
51:27et redevenir celle qui était surnommée la Perle des Antilles ?
51:33En 2016, la mission de maintien de la paix de l'ONU s'achèvera.
51:38Face aux violences, la police haïtienne se retrouvera cette fois seule aux commandes.